Le retour à la terre, c'est Le Combat ordinaire en plus allégé et plus humoristique. Ici, on est sur des gags d'une demi page, moins réalistes et plus axés sur l'humour.
Mais grosso modo, on a les mêmes personnages et les mêmes problématiques : le couple qui vient de la ville pour aller à la campagne (dans le combat ordinaire, seul le héros vient de la ville mais l'idée est la même), l'homme qui a du mal à s'adapter à la vie à la campagne, et la peur d'avoir un enfant. Manu Larcenet se livre sur sa vie et ses problématiques, peut-être de manière moins profonde que dans Le Combat ordinaire (c'était avant), mais plus sur le ton de l'humour. Si tous les gags ne sot pas drôles, il y a une cohérence entre tous, ce qui rend l'ensemble très agréable. Et puis certains sont vraiment marrants, comme quand "Manu Larssinet" doit dessiner la fameuse affiche de la fête du cochon du village, par exemple.
La balance entre humour et réflexions sur la vie me plait toujours autant, et je ne regrette pas mon achat de la série. En fait et définitivement, j'aime bien quand Manu Larcenet me parle de lui.
Oui, oui, oui !
Le Horlà fut une lecture un peu particulière pour moi, une première (ou de si peu) confrontation au fantastique, à l'angoisse, vie le récit de Maupassant. Celui-ci a été maintes fois adapté, mais toujours, ou presque, de manière académique. Serge Annequin a pris une trajectoire différente, à savoir inscrire son adaptation dans une sorte d'univers parallèle, où la folie du personnage principal l'amène à se retrouver dans une autre dimension...
Au-délà du raisonnement et de l'environnement fruste,e t daté, de Maupassant, il lie son histoire à la physique quantique, avec un petit passage par la théorie du chat de Schrödinger. C'est tellement évident ! Cette collision lui permet d'amener le Horlà sur d'autres rivages, troublants, angoissants, avec un album qui baigne dans une ambiance d'étrangeté permanente. Il faut dire qu'avec sa tête de lapin -métaphorique, je pense-, K. détonne dans le récit.
Le graphisme de l'auteur, très particulier, participe à cette ambiance. Un album fort réussit, qui réussit la prouesse de se baser sur le récit paranoïaque de Maupassant et l'enrichit par des éléments technologiques modernes.
Une belle réussite.
Voilà un album qui traite d’un sujet original et dramatique, de manière fluide, avec une lecture rendue agréable par un dessin simple et chouette, parfois à la limite du crayonné (pour les décors par exemple).
L’album s’inspire d’un documentaire, réalisé sur le même sujet. A savoir un entretien avec un tueur en série iranien (suivi d’une petite enquête). Le sujet est assez original, mais déjà traité ailleurs (voir par exemple récemment Mon ami Dahmer). Mais ce qui fait la particularité de ce cas-là, c’est que ça se passe en Iran, et que le tueur en question revendique très clairement ses actes, qu’il n’agit pas comme un malade mental – et qu’une partie non négligeable de la société comprend et soutient presque ses actes !
Car cet homme dit agir au nom de sa vision rigoriste de la religion. Il vit dans une ville qui est un grand centre religieux de l’islam shiite, et pense par son action – ses douze victimes sont toutes des prostituées – « nettoyer » la société de « pécheresses ». On le voit, c’est du déjà vu ailleurs, en d’autres temps (croyions nous), lors de chasses aux sorcières.
L’interview est menée en prison par une femme – dont on devine qu’elle prend sur elle pour rester calme devant les dires du tueur, alors même que cette femme fait partie de celles qui s’écartent pas mal de l’idéal féminin défendu par les idéologues du régime (la personne qui a inspiré ce personnage a depuis fui hors d’Iran, comme le réalisateur du documentaire d’origine, et l’auteur de cet album).
Et ce sont les propos froids de cet homme, ange exterminateur bien frêle (c’est un homme sans histoire, « ordinaire », mari aimant, selon sa femme, soldat modèle durant la guerre Iran-Irak, mais aussi empli de frustrations depuis l’enfance), qui tentent d’expliquer l’absence d’empathie ressenti pour les femmes qu’il tue. C’est un homme qui correspond en fait aux canons des plus extrémistes du régime, même si, en s’arrogeant le droit de faire justice lui-même sans passer par celle officielle des Ayatollahs, il va se voir condamner à mort – sans regret, et presque sans émotion !
La lecture est comme je l’ai dit rapide et fluide, et éclaire, en plus de la personnalité d’un tueur en série hors norme, une facette de la société iranienne (les témoignages du tueur et de sa femme sont étouffants, l’individu s’étant totalement effacé au profit d’une « collectivité » obscure, voire obscurantiste).
Oh que voilà un album assez inattendu de l'auteur.
Bien dans la veine du temps sur le climat ...
Un précurseur !
Un beau moment de lecture avec un côté anachronique propre à Servais, tout en étant parfaitement dans son temps.
Un album comme un OVNI dans ce qu'il crée habituellement ; on aime ou on n'aime pas, mais je crois que cela reste une lecture intéressante en questionnement, et je trouvais l'ensemble original fait par un auteur bien inspiré !
J'avais beaucoup aimé La Quête de l'Oiseau du Temps. J'ai tout autant apprécié, voire plus apprécié sa préquelle.
C'est l'histoire de Bragon qui nous est ici contée : sa jeunesse et sa quête de bravoure et de légende. Nous retrouvons plusieurs personnages de l'oeuvre principale dans leur jeunesse, et notamment Bragon, Mara et Bulrog. J'aime découvrir la jeunesse et le passé des héros des séries, mais seulement si c'est bien fait et intelligent. C'est le cas ici. Les personnages sont bien développés et, selon moi, un peu moins cliché que dans la première oeuvre. Le dessin est toujours aussi efficace et raconte l'histoire avec talent. Celle-ci est cohérente et bien ficelée, alors que j'avais trouvé les tous premiers tomes de "La Quête" un peu brouillons. Ici, pas d'irrégularité, tout est au même niveau et les cinq tomes sont tous de bonne qualité.
Au final, la préquelle est-elle mieux que l'originale? Selon mon avis, oui. Je l'ai dit, si j'ai beaucoup aimé la première série, j'avais mis du temps à me mettre dedans et c'était la fin qui m'avait le plus plu. Là, la fin n'est pas encore arrivée et reste un point à développer (le cas Bulrog). Mais si je préfère pour l'instant cette "deuxième partie", elle puise assurément toutes ses réussites dans le succès de la première.
Très jolie surprise. Après lecture des 3 premiers tomes : autant pour les dessins, la colorisation que le scénario, il y a du travail et ça fait plaisir. Les dessins, les couleurs et la mise en page sont très très beaux. Les personnages sont très bien écrits et s'étoffent intelligemment au fil des 3 premiers tomes. Les intrigues sont très bien construites, intelligentes, plutôt originales et bien menées.
Franchement bien quoi.
Edit : Après lecture du 4ième tome : oui toujours aussi bien.
A mon sens Brecht Evans n'est pas un dessinateur, c'est un artiste qui utilise le support de la bande dessinée pour s'exprimer. Il utilisera sûrement d'autres supports un jour je pense.
Je le vois comme un auteur qui a une place à part dans la bande dessinée. Chacun des ouvrages qu'il a réalisés sont pour moi une merveille. Seul bémol, un univers dur, presque pathologique, avec des personnages tirés vers le bas (souvent malgré tous leurs efforts), ce qui peut avoir tendance à vous sabrer le moral.
L’histoire se déroule en Bretagne, au printemps 1944, autour de la période du débarquement allié en Normandie. Le quotidien d’un petit village est bouleversé par l’arrivée d’un régiment allemand, qui traque les résistants, avec l’aide de miliciens aussi fanatiques que pervers.
Dans ces moments où l’occupant et les collaborateurs sentent venir la fin, tout se radicalise, et la violence de la répression nazie, celle des miliciens qui n’ont plus rien à perdre s’abat plus au moins au hasard sur les habitants, qui la pour la plupart n’attendaient que la fin de la guerre, vivotant tranquillement.
Au milieu de cela, le personnage principal – dont on découvre à la fin qu’il raconte en fait l’histoire dans un long flash-back – se lie d’amitié avec un jeune homme (enfant de Russes blancs et plutôt forte personnalité). Une amitié très rapidement solidifiée, mais soumise à l’épreuve de l’horreur nazie.
Une histoire simple, dans un cadre dramatique, qui se laisse lire facilement. Il faut dire que le dessin de Cuvillier, lui aussi plutôt agréable, aide à fluidifier la lecture.
A noter que j’ai lu l’histoire récemment republiée en un seul tome.
Note réelle 3,5/5.
Quel talent, mes amis, mais quel talent ! Il faut reconnaitre à Pascal Jousselin une inventivité remarquable et totale dans sa BD. Et qu'est-ce que c'est bien trouvé ! L'idée de base est plaisante et propre à tourner vite en rond, mais l'auteur arrive à nous pondre des idées merveilleuses qui rendent chaque gag presque plus drôle que le précédent. Et en deux tomes il donne assez à voir de talent pour qu'on pense possible un autre encore.
Imbattable joue sur les codes de la bande-dessinée avec son super héros qui peut traverser à volonté les cases et les strips, tout en se sachant vivre dans une bande-dessinée. Une merveille d'inventivité va alors sortir, notamment lorsque d'autres personnages apparaissent (et rien que Tioudi et son pouvoir sont extrêmement bien traités). Bref, c'est passionnant à lire et j'ai hâte de voir ce qu'il pourra nous en faire ressortir.
Niveau dessin, ça colle à merveille à l'ambiance franchouillarde de la BD, son super-héros boudiné et en permanence en costume, tout en sachant combiner les différentes possibilités de paginations. C'est drôle, inventif, frais et innovant ... Quelque chose d'autre à rajouter ? Lisez-là !
Voilà une BD que j'ai du mal à aviser, et que je noterais soit 3/5 soit 5/5. Et je ne parviens pas à totalement trancher entre les deux notes ...
En fait, la BD est une œuvre monumentale et dense, riche et complète. Mais aussi obscure et cryptique si l'on n'a pas les clés de compréhension, ce qui explique peut-être que cette BD semble être passée relativement inaperçue (contrairement à Neonomicon du même auteur). Après, c'est qu'il faut s'y attaquer, au bestiau ! Épais et long, dense, et beaucoup de textes ! Je dois confesser d'ailleurs ne pas avoir lu toutes les pages manuscrites glissées entre chaque chapitres, et qui ne sont pas nécessaires à la compréhension de l'histoire. Il me reste donc encore un peu de lecture à faire ...
Ce qui me gène avec cette BD, c'est qu'il s'agit d'une adaptation/extrapolation de l'univers de Lovecraft à la sauce Moore. Et si vous n'y connaissez rien à Lovecraft, je pense que la lecture de cette BD sera bien plus laborieuse qu'intéressante. C'est ce qui me fait hésiter sur ma note : la BD est excellente mais s'adresse assez clairement à un public d'initiés et de personnes déjà bien renseignées (ce qui rejoint les thèmes de Lovecraft, sur les initiés et les textes obscurs ... Il est fort ce Moore !).
En fait, j'ai apprécié ma lecture parce que j'ai pu recouper les histoires avec les écrits de Lovecraft que j'ai déjà lus, mais aussi parce que je joue à des jeux de rôle "lovecraftiens" qui développent justement cet univers et ajoutent les textes d'autres auteurs (ce que fait Moore en faisant référence à tous ces auteurs de fantastique qu'on rattache aujourd'hui à l'univers lovecraftien). C'est d'une richesse incroyable, chaque histoire étant à la fois une création nouvelle, une référence et un maillon d'une chaîne. Du travail d'orfèvre qui continue d'un bout à l'autre de la série.
Cela dit, j'ai quelques réserves tout de même : c'est dense et lourd à lire, pas très palpitant niveau action et très posé. En fait ça me rappelle beaucoup les textes de Lovecraft, souvent peu dynamiques et très posés. Le dessin renforce cet aspect, avec un aspect très froid et raide (clairement volontaire), et des personnages souvent caricaturaux de l'Américain moyen. Les passages fantastiques sont bien rendus, même si certains "monstres" font moins peur une fois représentés. L'ambiance est bien rendue aussi, avec de la tension et des incohérences visuelles qui rendent le tout inquiétant.
Il est assez difficile de juger et noter Providence au final, et j'ai beaucoup de mal à me prononcer. J'ai l'impression de devoir faire une dissertation sans quoi mon avis ne pourrait être clair et cohérent. Alors qu'en dire à ceux qui ne savent quoi en penser ? Premièrement, que si vous aimez l'univers de Lovecraft et tout ce qui en découle, c'est probablement fait pour vous. Ensuite, que c'est dur et long à lire (avec Moore faut s'y attendre), mais que c'est également riche et dense. Un achat est rentable, puisqu'on peut le relire plusieurs fois et que le temps de lecture est long. Enfin, que je ne sais trop quoi dire si vous n'êtes pas familier de cet univers et de ce genre : ça peut vous indifférer comme vous intéresser, et là je ne suis d'aucun secours.
C'est quand même pas évident de parler des séries de Moore ... Il est fort, le bougre.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Le Retour à la terre
Le retour à la terre, c'est Le Combat ordinaire en plus allégé et plus humoristique. Ici, on est sur des gags d'une demi page, moins réalistes et plus axés sur l'humour. Mais grosso modo, on a les mêmes personnages et les mêmes problématiques : le couple qui vient de la ville pour aller à la campagne (dans le combat ordinaire, seul le héros vient de la ville mais l'idée est la même), l'homme qui a du mal à s'adapter à la vie à la campagne, et la peur d'avoir un enfant. Manu Larcenet se livre sur sa vie et ses problématiques, peut-être de manière moins profonde que dans Le Combat ordinaire (c'était avant), mais plus sur le ton de l'humour. Si tous les gags ne sot pas drôles, il y a une cohérence entre tous, ce qui rend l'ensemble très agréable. Et puis certains sont vraiment marrants, comme quand "Manu Larssinet" doit dessiner la fameuse affiche de la fête du cochon du village, par exemple. La balance entre humour et réflexions sur la vie me plait toujours autant, et je ne regrette pas mon achat de la série. En fait et définitivement, j'aime bien quand Manu Larcenet me parle de lui.
Horlà 2.0
Oui, oui, oui ! Le Horlà fut une lecture un peu particulière pour moi, une première (ou de si peu) confrontation au fantastique, à l'angoisse, vie le récit de Maupassant. Celui-ci a été maintes fois adapté, mais toujours, ou presque, de manière académique. Serge Annequin a pris une trajectoire différente, à savoir inscrire son adaptation dans une sorte d'univers parallèle, où la folie du personnage principal l'amène à se retrouver dans une autre dimension... Au-délà du raisonnement et de l'environnement fruste,e t daté, de Maupassant, il lie son histoire à la physique quantique, avec un petit passage par la théorie du chat de Schrödinger. C'est tellement évident ! Cette collision lui permet d'amener le Horlà sur d'autres rivages, troublants, angoissants, avec un album qui baigne dans une ambiance d'étrangeté permanente. Il faut dire qu'avec sa tête de lapin -métaphorique, je pense-, K. détonne dans le récit. Le graphisme de l'auteur, très particulier, participe à cette ambiance. Un album fort réussit, qui réussit la prouesse de se baser sur le récit paranoïaque de Maupassant et l'enrichit par des éléments technologiques modernes. Une belle réussite.
L'Araignée de Mashhad
Voilà un album qui traite d’un sujet original et dramatique, de manière fluide, avec une lecture rendue agréable par un dessin simple et chouette, parfois à la limite du crayonné (pour les décors par exemple). L’album s’inspire d’un documentaire, réalisé sur le même sujet. A savoir un entretien avec un tueur en série iranien (suivi d’une petite enquête). Le sujet est assez original, mais déjà traité ailleurs (voir par exemple récemment Mon ami Dahmer). Mais ce qui fait la particularité de ce cas-là, c’est que ça se passe en Iran, et que le tueur en question revendique très clairement ses actes, qu’il n’agit pas comme un malade mental – et qu’une partie non négligeable de la société comprend et soutient presque ses actes ! Car cet homme dit agir au nom de sa vision rigoriste de la religion. Il vit dans une ville qui est un grand centre religieux de l’islam shiite, et pense par son action – ses douze victimes sont toutes des prostituées – « nettoyer » la société de « pécheresses ». On le voit, c’est du déjà vu ailleurs, en d’autres temps (croyions nous), lors de chasses aux sorcières. L’interview est menée en prison par une femme – dont on devine qu’elle prend sur elle pour rester calme devant les dires du tueur, alors même que cette femme fait partie de celles qui s’écartent pas mal de l’idéal féminin défendu par les idéologues du régime (la personne qui a inspiré ce personnage a depuis fui hors d’Iran, comme le réalisateur du documentaire d’origine, et l’auteur de cet album). Et ce sont les propos froids de cet homme, ange exterminateur bien frêle (c’est un homme sans histoire, « ordinaire », mari aimant, selon sa femme, soldat modèle durant la guerre Iran-Irak, mais aussi empli de frustrations depuis l’enfance), qui tentent d’expliquer l’absence d’empathie ressenti pour les femmes qu’il tue. C’est un homme qui correspond en fait aux canons des plus extrémistes du régime, même si, en s’arrogeant le droit de faire justice lui-même sans passer par celle officielle des Ayatollahs, il va se voir condamner à mort – sans regret, et presque sans émotion ! La lecture est comme je l’ai dit rapide et fluide, et éclaire, en plus de la personnalité d’un tueur en série hors norme, une facette de la société iranienne (les témoignages du tueur et de sa femme sont étouffants, l’individu s’étant totalement effacé au profit d’une « collectivité » obscure, voire obscurantiste).
Le Jardin des glaces
Oh que voilà un album assez inattendu de l'auteur. Bien dans la veine du temps sur le climat ... Un précurseur ! Un beau moment de lecture avec un côté anachronique propre à Servais, tout en étant parfaitement dans son temps. Un album comme un OVNI dans ce qu'il crée habituellement ; on aime ou on n'aime pas, mais je crois que cela reste une lecture intéressante en questionnement, et je trouvais l'ensemble original fait par un auteur bien inspiré !
La Quête de l'Oiseau du Temps - Avant la Quête
J'avais beaucoup aimé La Quête de l'Oiseau du Temps. J'ai tout autant apprécié, voire plus apprécié sa préquelle. C'est l'histoire de Bragon qui nous est ici contée : sa jeunesse et sa quête de bravoure et de légende. Nous retrouvons plusieurs personnages de l'oeuvre principale dans leur jeunesse, et notamment Bragon, Mara et Bulrog. J'aime découvrir la jeunesse et le passé des héros des séries, mais seulement si c'est bien fait et intelligent. C'est le cas ici. Les personnages sont bien développés et, selon moi, un peu moins cliché que dans la première oeuvre. Le dessin est toujours aussi efficace et raconte l'histoire avec talent. Celle-ci est cohérente et bien ficelée, alors que j'avais trouvé les tous premiers tomes de "La Quête" un peu brouillons. Ici, pas d'irrégularité, tout est au même niveau et les cinq tomes sont tous de bonne qualité. Au final, la préquelle est-elle mieux que l'originale? Selon mon avis, oui. Je l'ai dit, si j'ai beaucoup aimé la première série, j'avais mis du temps à me mettre dedans et c'était la fin qui m'avait le plus plu. Là, la fin n'est pas encore arrivée et reste un point à développer (le cas Bulrog). Mais si je préfère pour l'instant cette "deuxième partie", elle puise assurément toutes ses réussites dans le succès de la première.
Holly Ann
Très jolie surprise. Après lecture des 3 premiers tomes : autant pour les dessins, la colorisation que le scénario, il y a du travail et ça fait plaisir. Les dessins, les couleurs et la mise en page sont très très beaux. Les personnages sont très bien écrits et s'étoffent intelligemment au fil des 3 premiers tomes. Les intrigues sont très bien construites, intelligentes, plutôt originales et bien menées. Franchement bien quoi. Edit : Après lecture du 4ième tome : oui toujours aussi bien.
Les Rigoles
A mon sens Brecht Evans n'est pas un dessinateur, c'est un artiste qui utilise le support de la bande dessinée pour s'exprimer. Il utilisera sûrement d'autres supports un jour je pense. Je le vois comme un auteur qui a une place à part dans la bande dessinée. Chacun des ouvrages qu'il a réalisés sont pour moi une merveille. Seul bémol, un univers dur, presque pathologique, avec des personnages tirés vers le bas (souvent malgré tous leurs efforts), ce qui peut avoir tendance à vous sabrer le moral.
Les Souliers rouges
L’histoire se déroule en Bretagne, au printemps 1944, autour de la période du débarquement allié en Normandie. Le quotidien d’un petit village est bouleversé par l’arrivée d’un régiment allemand, qui traque les résistants, avec l’aide de miliciens aussi fanatiques que pervers. Dans ces moments où l’occupant et les collaborateurs sentent venir la fin, tout se radicalise, et la violence de la répression nazie, celle des miliciens qui n’ont plus rien à perdre s’abat plus au moins au hasard sur les habitants, qui la pour la plupart n’attendaient que la fin de la guerre, vivotant tranquillement. Au milieu de cela, le personnage principal – dont on découvre à la fin qu’il raconte en fait l’histoire dans un long flash-back – se lie d’amitié avec un jeune homme (enfant de Russes blancs et plutôt forte personnalité). Une amitié très rapidement solidifiée, mais soumise à l’épreuve de l’horreur nazie. Une histoire simple, dans un cadre dramatique, qui se laisse lire facilement. Il faut dire que le dessin de Cuvillier, lui aussi plutôt agréable, aide à fluidifier la lecture. A noter que j’ai lu l’histoire récemment republiée en un seul tome. Note réelle 3,5/5.
Imbattable
Quel talent, mes amis, mais quel talent ! Il faut reconnaitre à Pascal Jousselin une inventivité remarquable et totale dans sa BD. Et qu'est-ce que c'est bien trouvé ! L'idée de base est plaisante et propre à tourner vite en rond, mais l'auteur arrive à nous pondre des idées merveilleuses qui rendent chaque gag presque plus drôle que le précédent. Et en deux tomes il donne assez à voir de talent pour qu'on pense possible un autre encore. Imbattable joue sur les codes de la bande-dessinée avec son super héros qui peut traverser à volonté les cases et les strips, tout en se sachant vivre dans une bande-dessinée. Une merveille d'inventivité va alors sortir, notamment lorsque d'autres personnages apparaissent (et rien que Tioudi et son pouvoir sont extrêmement bien traités). Bref, c'est passionnant à lire et j'ai hâte de voir ce qu'il pourra nous en faire ressortir. Niveau dessin, ça colle à merveille à l'ambiance franchouillarde de la BD, son super-héros boudiné et en permanence en costume, tout en sachant combiner les différentes possibilités de paginations. C'est drôle, inventif, frais et innovant ... Quelque chose d'autre à rajouter ? Lisez-là !
Providence
Voilà une BD que j'ai du mal à aviser, et que je noterais soit 3/5 soit 5/5. Et je ne parviens pas à totalement trancher entre les deux notes ... En fait, la BD est une œuvre monumentale et dense, riche et complète. Mais aussi obscure et cryptique si l'on n'a pas les clés de compréhension, ce qui explique peut-être que cette BD semble être passée relativement inaperçue (contrairement à Neonomicon du même auteur). Après, c'est qu'il faut s'y attaquer, au bestiau ! Épais et long, dense, et beaucoup de textes ! Je dois confesser d'ailleurs ne pas avoir lu toutes les pages manuscrites glissées entre chaque chapitres, et qui ne sont pas nécessaires à la compréhension de l'histoire. Il me reste donc encore un peu de lecture à faire ... Ce qui me gène avec cette BD, c'est qu'il s'agit d'une adaptation/extrapolation de l'univers de Lovecraft à la sauce Moore. Et si vous n'y connaissez rien à Lovecraft, je pense que la lecture de cette BD sera bien plus laborieuse qu'intéressante. C'est ce qui me fait hésiter sur ma note : la BD est excellente mais s'adresse assez clairement à un public d'initiés et de personnes déjà bien renseignées (ce qui rejoint les thèmes de Lovecraft, sur les initiés et les textes obscurs ... Il est fort ce Moore !). En fait, j'ai apprécié ma lecture parce que j'ai pu recouper les histoires avec les écrits de Lovecraft que j'ai déjà lus, mais aussi parce que je joue à des jeux de rôle "lovecraftiens" qui développent justement cet univers et ajoutent les textes d'autres auteurs (ce que fait Moore en faisant référence à tous ces auteurs de fantastique qu'on rattache aujourd'hui à l'univers lovecraftien). C'est d'une richesse incroyable, chaque histoire étant à la fois une création nouvelle, une référence et un maillon d'une chaîne. Du travail d'orfèvre qui continue d'un bout à l'autre de la série. Cela dit, j'ai quelques réserves tout de même : c'est dense et lourd à lire, pas très palpitant niveau action et très posé. En fait ça me rappelle beaucoup les textes de Lovecraft, souvent peu dynamiques et très posés. Le dessin renforce cet aspect, avec un aspect très froid et raide (clairement volontaire), et des personnages souvent caricaturaux de l'Américain moyen. Les passages fantastiques sont bien rendus, même si certains "monstres" font moins peur une fois représentés. L'ambiance est bien rendue aussi, avec de la tension et des incohérences visuelles qui rendent le tout inquiétant. Il est assez difficile de juger et noter Providence au final, et j'ai beaucoup de mal à me prononcer. J'ai l'impression de devoir faire une dissertation sans quoi mon avis ne pourrait être clair et cohérent. Alors qu'en dire à ceux qui ne savent quoi en penser ? Premièrement, que si vous aimez l'univers de Lovecraft et tout ce qui en découle, c'est probablement fait pour vous. Ensuite, que c'est dur et long à lire (avec Moore faut s'y attendre), mais que c'est également riche et dense. Un achat est rentable, puisqu'on peut le relire plusieurs fois et que le temps de lecture est long. Enfin, que je ne sais trop quoi dire si vous n'êtes pas familier de cet univers et de ce genre : ça peut vous indifférer comme vous intéresser, et là je ne suis d'aucun secours. C'est quand même pas évident de parler des séries de Moore ... Il est fort, le bougre.