Marin, un quinquagénaire à l'apparence banale, revient dans son village natal où il n'a plus mis un pied depuis presque 30 ans.
C'est pour lui l'occasion idéale de retrouver ses parents, sa soeur ou la fille pour qui il en pinçait grave lorsqu'il n'était qu'un gamin.
C'est aussi surtout pour lui le moment idéal de leur expliquer en quoi il a réussi sa vie car Marin s'apprête à devenir Madumo, soit le MAître DU MOnde.
Malgré ses dessins rigolos, Fabrice Erre construit à l'instar de son collègue Fabcaro, une drôle de carrière avec un quasi sans fautes et développe un univers propre là où on ne l'attendait pas forcément.
Car si Madumo distille de pleines pages de fou rire surtout dans sa première partie, le récit n'oublie jamais de lever un voile sur la nostalgie, le temps qui passe, les regrets et la possibilité ou non de tirer un trait définitif sur le passé, qu'on le souhaite ou pas. C'est même en cela que le récit se pose sur une frontière aussi mince que fragile que l'auteur balayera d'une façon abrupte et surprenante dans une toute dernière partie qui donnera beaucoup à réfléchir à son lecteur.
Divertissement hors norme avec une bichromie rose et grise des plus agréables, ce petit bouquin à la couverture gaufrée et réussie permet donc de mélanger les genres et de surprendre constamment. Quels sont les différents espions poursuivant Marin comme son ombre et cette organisation cocasse préparant l'avènement du Maître pendant qu'un gugusse banal se promène dans les rues de son village et se souvient qu'avant de devenir l'être le plus redouté, il n'était qu'un gamin des plus ordinaires.
La suite est à découvrir dans ce conte inclassable, drôle et cruel et au final terriblement émouvant. Fabrice Erre se joue des conventions, se moque de lui-même (notamment sur les profs d'histoire, son job d'origine) et livre ni plus ni moins son oeuvre la plus personnelle et également la plus percutante.
Cette courte série a réussi à me toucher malgré l’aspect déjà vu de son synopsis.
En fait, plutôt que Momo, personnage central qui donne son nom à ce récit, ce sont bien les autres personnages qui gravitent autour d’elle qui ont fait en sorte que j’ai totalement adhéré à la série. Momo n’est qu’un simple catalyseur qui permet à ceux qui l’entourent de révéler le meilleur de ce qu’ils ont en eux. Du poissonnier bourru à la jeune citadine rebelle, chacun se dévoile au contact de Momo, avec peu de mots, toujours en retrait mais attentifs.
Cela donne une bande dessinée peu loquace et bourrée de bons sentiments, mais qui sonne étonnement juste, qui fait du bien au cœur, qui redonne envie de croire en l’homme dans ce qu’il a de plus simple, de plus accessible, de plus normal. Aimer et prendre soin de ceux qu’on aime donne tout son sens à nos existences, tel est le message véhiculé par cette bande dessinée. Cela peut paraître simpliste (et je suis le premier surpris à m’être laissé séduire par ce propos) mais lorsque c’est dit avec un tel talent, je succombe.
Tout cela n’aurait pas été possible s’il n’y a avait eu une totale complémentarité entre le travail du scénariste et celui du dessinateur. Peu de mots mais beaucoup d’émotions sont distillés grâce à un séquençage bien pensé, grâce un usage régulier de grandes cases, grâce à un trait expressif, grâce au fait que les auteurs prennent leur temps pour décortiquer l’évolution des sentiments.
Une série destinée aux jeunes lecteurs mais qui pourra séduire bien des tranches d’âge. Pas révolutionnaire (ni dans ses propos ni dans sa forme) mais très bien faite, avec cette économie de mots qui permet aux regards de s’exprimer.
Après avoir relu récemment le premier tome et ensuite le tome 2, je m’aperçois à quel point j'adore cette série.
John Ostrander a écrit une série intelligente autour d'un concept simple : une équipe de super-vilains formée par le gouvernement est envoyée pour des missions dangereuses. Le scénariste développe très bien son concept en utilisant des personnages hauts en couleurs dont Amanda Waller qui est vite devenue un de mes personnages de comics préférés tellement j'adore sa personnalité et son ambiguïté. J'adore aussi le fait que bien qu'elle soit intelligente et manipulatrice, elle a aussi des défauts qui font en sorte qu'elle n'a pas toujours raison ce qui l’empêche de devenir un personnage énervant qui est capable de faire tout ce qu'elle veut quand elle veut.
Car évidemment vu que les 'héros' de cette série sont pour la plupart des méchants, on est loin du manichéen de certains comics de super-héros. J'adore surtout lorsque les auteurs parlent de problèmes politiques et géopolitiques en montrant que la vie peut être très complexe. Le point fort de la série est qu'Ostrander met en avant la psychologie des personnages qui ont tous une personnalité bien distincte et définie. Leurs actions et réactions sont très crédibles et j'adore leurs relations entre-eux. Il y a un bon mélange de drame et d'humour aussi.
Les scénarios sont souvent complexes et j'ai du parfois relire certaines scènes pour être certain que j'avais compris, mais je prends tellement de plaisir à lire cette série que cela ne me dérange pas. On fait beaucoup référence à des événements qui se sont passés dans les DC Comics de la fin des années 80-début des années 90, mais cela ne nuit pas à la compréhension des histoires.
Le dessin peut faire vieillot pour les lecteurs modernes, mais moi j'aime bien ce style.
J'ai un peu suivi via le compte facebook de Steve Baker la progression de cet album, et j'attendais sa sortie avec une certaine impatience.
Il faut dire que lorsque le nom d'Aurélien Ducoudray apparaît, mes oreilles se dressent et je pars dans tous les sens en reniflant le sol. Jusqu'à présent peu de ses albums m'ont déçu, et celui-ci ne déroge pas. Dans un contexte inattendu -une terre du futur, dominée par les robots-, il place un récit où un élément inattendu, un bébé humain, va venir perturber l'ordre établi... Le deuxième tome, qui se concentre sur l'univers carcéral, est très intéressant n; outre les nombreux jeux de mots que se permet le scénariste, il dépeint un univers aux règles très perturbantes... Même si le sujet paraît un peu léger, il met quelques couches de social dans son histoire, et suffisamment de suspense pour qu'on ait envie de lire la suite et fin.
Côté dessin c'est donc Steve Baker qui fait feu de tout bois dans un style semi-réaliste aux bases solides, et une mise en scène assez dynamique.
Bon ben... la suite, c'est pour quand, Messieurs ?
Je ne savais pas à quoi m’attendre en lisant cette série, mais sans doute pas à la finir à trois heures du matin, sans avoir pu décrocher un seul instant, et des larmes pleins les yeux. Et la claque que ça met !
Je comprends maintenant pourquoi cette BD fait partie des immanquables, et je me sens bête de ne pas avoir tenté de le lire plus tôt. Vraiment, cette série est … exceptionnelle. Rien que le dessin qui est celui de Bourgeon, précis et travaillé, documenté. Je lui reprocherais des cases parfois un peu trop chargée et de petites tailles, ou des planches très remplies (surtout en texte), mais une fois dans le bain, on lit l’ensemble sans jamais lâcher. C’est saisissant de remarquer qu’on a dévoré les tomes les un après les autres sans jamais le remarquer.
Et que dire de ce scénario … Une maîtrise de l’aventure, le souffle romanesque et l’épopée maritime, digne des plus grands auteurs du genre. On est pris dans la tourmente des navires et des esclaves, dans cette période complexe de la fin du XVIII ème siècle, entre commerce triangulaire, révolutions et considération raciales. Dans cette tourmente, les personnages sont tout le pivot sur lequel l’histoire va s’articuler. Des personnages hauts en couleur, à commencer par le femmes (et je note que Bourgeon est un auteur qui sait s’y prendre pour représenter des femmes fortes) et surtout Isa. Si Mary et Hoel ne sont pas en reste, c’est bel et bien Isa qui porte toute cette histoire et qui marque. Sa fougue, son impétuosité, sa hargne et sa verve en font un de ces personnages qu’on aimerai rencontrer en vrai. Ne serait-ce que pour parler quelques minutes, tant elle semble réel à travers les pages que Bourgeon nous dévoile. Et je dois être le seul à penser ça, mais en lisant la série d’une traite, je n’ai pas été particulièrement choqué par la coupure entre les premiers volumes et le tome 6. On bascule d’un univers maritime au bayou et le dessin a évolué, mais j’ai trouvé une continuité de narration et de récit qui m’ont ravi. J’étais tout autant transporté dans ces marais de Louisiane que dans ces bateaux bravant les océans.
Et il y aurait encore tant à dire : sur la place des femmes dans un monde d’homme, sur les considérations racistes, sur la violence ou sur la paix, sur le regard des blancs sur les noirs, des noirs sur les noirs, du faible sur le fort … Cette BD, c’est plein de sujets qui sont traités avec un regard rapide, une petite observation dans une grande et belle histoire. C’est magnifique, c’est superbe. J’ai déjà hâte de pouvoir le relire.
Cette série, c’est une claque dans la gueule en même temps qu’une plongée dans une histoire. J’en suis ressorti hagard et émerveillé, les larmes aux yeux d’avoir vécu une telle aventure. Et la compagnie de Isa va me manquer dans les prochains jours. C’est vraiment là une belle BD, une BD à lire et que je ne peux que vous conseiller chaudement. Bon dieu, j’en lis des trucs bien en ce moment, mais quand ça sort du lot comme ça, il faut vraiment le signaler. Si vous avez le moindre doute, ruez-vous dessus.
Mael a vraiment un très chouette coup de crayon ! Et ce sur des styles très différents, si j’en crois les albums de lui précédemment lus (Dans la colonie pénitentiaire, de Franz Kafka ou L'Encre du Passé). Et cela se confirme ici, dans un album publié chez le galeriste-éditeur Daniel Maghen, qui met toujours en avant le dessin – logique puisque les planches sont exposées et vendues dans sa galerie.
C’est un album à la limite de la Bande Dessinée, puisque Mael part de documents (carnets essentiellement) ayant appartenu à l’arrière-grand-père d’un ami, dont il reprend des extraits – en les modifiant parfois, au milieu desquels il développe quelques courtes histoires en Bande Dessinée, pour donner du liant à l’ensemble.
C’est très beau, les dessins à l’aquarelle rendent bien le maelström et l’horreur de cette guerre. Mais le parti pris de l’auteur rend le tout assez décousu, et, pour tout dire, pas forcément intéressant pour un lecteur de BD (d’où les 4 étoiles non assorties d’un conseil d’achat).
A emprunter, à regarder…
Voila une BD qui m'a semblé passer inaperçue, et qui a pourtant d'indéniables qualités forçant le respect ! Au point que j'aurais envie de partager cette BD au plus grand nombre, ne serait-ce que pour découvrir le travail de l'auteure.
Cette BD est une histoire faite autour des femmes, et plus exactement de trois d'entre elles. C'est une histoire sur les rapports complexes entre les mères et les filles, mais vu sous toutes les coutures. On aura le droit à différent aspects de cette relation, entre la difficulté à supporter ses parents, mais aussi de la difficulté à l'être. Et c'est ce que j'aime dans cette BD : elle ne tombe pas dans le manichéisme et se contente de montrer que ce n'est jamais simple une relation familiale. En fait, une relation sociale tout court (quand on voit que d'autres relations sont aussi très compliquées ...).
La BD est servie par un dessin qui fait mouche, à la fois épurée dans le trait, colorée mais avec une identité de couleur forte, et une expression graphique qui rajoute à toute l'atmosphère de la BD. On est dans ces relations conflictuelles, ces relations fortes et douloureuses que vivent ces jeunes filles. Le découpage en chapitre permet de vraiment se prendre d'intérêt pour chacune d'entre elle avant que toutes ne soient réunies dans ce petit road-movie initiatique. Et la conclusion n'est pas en reste : rien de facile ou d'heureux, juste une réalité parfois très dure. La vie n'est toujours pas simple.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette BD, qui a des belles réflexions et un message vraiment fort. C'est le genre de BD qu'on peut relire plusieurs fois pour retrouver autre chose à en tirer, et vu l'effet qu'elle a fait à des amies à qui j'ai prêté la BD, c'est une BD qui parle aux gens. Si vous n'avez pas encore découvert, je vous la recommande !
C'est souvent une bonne idée de se laisser guider par des avis élogieux sur une BD. On se retrouve ainsi avec des petits chef-d’œuvre dans ce genre sur sa liste de lecture, et ça fait beaucoup de bien !
Le duo d'auteur à réussi un tour de force en faisant cette BD, qui mélange les inspirations mystiques et folkloriques avec des personnalités bien campées. Les femmes de ce récit (qui en sont les personnages principaux) sont excellemment bien traités, avec un réalisme et une sensibilité perceptible. J'ai adoré les suivre tout au long de cette enquête/aventure, qui connait bon nombre de rebondissements.
D'ailleurs toutes ces découvertes successives nous entrainent bien vite dans le cœur de la BD. On est happé par le récit qui ne nous relâche que lorsqu'on a fini le livre, avec une fin qui tient de tout le reste et conclut d'une belle façon son propos.
Le dessin n'est pas en reste, l'auteur n'étant plus à son coup d'essai, mais il faut lui reconnaitre un sacré travail sur les nuances et les gris. C'est très beau, et particulièrement prenant comme atmosphère. Il faut ajouter que la tension est parfaitement bien retranscrite dans les cases ou apparait Max, qui devient une menace presque palpable.
Bref, un duo qui a vraiment tout cassé avec cette BD, sans doute un incontournable de ce début d'année. Si je devais être un tantinet chatouilleux, je dirais que la fin aurait presque méritée quelques pages supplémentaires, mais c'est être un poil râleur. Dans l'ensemble, cette BD a tout d'un futur immanquable !
L'aventure spatiale de Thomas Pesquet a tenu en haleine des millions de personnes, d'autant plus que, bénéficiant des nouvelles technologies, l'astronaute a pu en faire bénéficier le reste de l'humanité presque en temps réel. Au cours de son année dans l'espace, il est simplement devenu l'une des personnalités préférées des français.
Le voir associé à Marion Montaigne sonne comme une évidence. Passionnée de science, excellente dans la vulgarisation de celle-ci en bandes dessinées, j'imagine qu'avec quelqu'un comme Pesquet cela a vite fonctionné. Je pense que seul Boulet, hormis Montaigne, aurait pu faire cette BD. Sauf qu'il l'aurait faite tout seul.
Ici on sent bien que la collaboration entre les deux personnalités a été fructueuse, et a priori plutôt harmonieuse. Montaigne a ce don de rendre passionnant le truc le plus trivial (comme de savoir comment on fait caca dans l'espace, LA question que tout le monde se pose sans parfois l'avouer), et à nous montrer que malgré leurs aptitudes supérieures à la moyenne, les astronautes sont des hommes comme vous et moi. Enfin comme vous, moi j'ai la crève, là. C'est pas à Thomas Pesquet qu'un truc aussi con arriverait dans l'espace, hein !
Plus sérieusement (hihi !), c'est drôle, c'est passionnant, c'est indispensable, bref, c'est un must !
Une excellente BD, qui doit être dans les 3 meilleures de 2017.
Comme l'indique le résumé de l'éditeur (repris ici), le récit est parti de la demande d'une adolescente souffrant de leucémie.
Mais, loin de considérer cela comme un "exercice", la romancière et scénariste québécoise India Desjardins a su s'en emparer, pour y mettre une énorme sensibilité, et tenter de nous livrer un récit intimiste, poignant, mais aussi sachant éviter les écueils du pathos et du pitoyable (au sens premier du terme). Tout n'est pas rose dans la vie de la jeune héroïne, bien sûr, mais elle arrive, avec l'aide de la science et l'amour de sa famille et bientôt d'un jeune homme, à surmonter ses difficultés, puis sa maladie, pour être heureuse. Pas de spoiler là-dedans, puisque le titre de la BDle revendique.
Côté graphique, c'est Marianne Ferrer, illustratrice pour la jeunesse au style délicat, qui s'y colle, et glisse de la retenue, de la grâce et de la finesse dans ce monde dur, très dur.
Vraiment sympa.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Madumo - Premier, seul & unique
Marin, un quinquagénaire à l'apparence banale, revient dans son village natal où il n'a plus mis un pied depuis presque 30 ans. C'est pour lui l'occasion idéale de retrouver ses parents, sa soeur ou la fille pour qui il en pinçait grave lorsqu'il n'était qu'un gamin. C'est aussi surtout pour lui le moment idéal de leur expliquer en quoi il a réussi sa vie car Marin s'apprête à devenir Madumo, soit le MAître DU MOnde. Malgré ses dessins rigolos, Fabrice Erre construit à l'instar de son collègue Fabcaro, une drôle de carrière avec un quasi sans fautes et développe un univers propre là où on ne l'attendait pas forcément. Car si Madumo distille de pleines pages de fou rire surtout dans sa première partie, le récit n'oublie jamais de lever un voile sur la nostalgie, le temps qui passe, les regrets et la possibilité ou non de tirer un trait définitif sur le passé, qu'on le souhaite ou pas. C'est même en cela que le récit se pose sur une frontière aussi mince que fragile que l'auteur balayera d'une façon abrupte et surprenante dans une toute dernière partie qui donnera beaucoup à réfléchir à son lecteur. Divertissement hors norme avec une bichromie rose et grise des plus agréables, ce petit bouquin à la couverture gaufrée et réussie permet donc de mélanger les genres et de surprendre constamment. Quels sont les différents espions poursuivant Marin comme son ombre et cette organisation cocasse préparant l'avènement du Maître pendant qu'un gugusse banal se promène dans les rues de son village et se souvient qu'avant de devenir l'être le plus redouté, il n'était qu'un gamin des plus ordinaires. La suite est à découvrir dans ce conte inclassable, drôle et cruel et au final terriblement émouvant. Fabrice Erre se joue des conventions, se moque de lui-même (notamment sur les profs d'histoire, son job d'origine) et livre ni plus ni moins son oeuvre la plus personnelle et également la plus percutante.
Momo
Cette courte série a réussi à me toucher malgré l’aspect déjà vu de son synopsis. En fait, plutôt que Momo, personnage central qui donne son nom à ce récit, ce sont bien les autres personnages qui gravitent autour d’elle qui ont fait en sorte que j’ai totalement adhéré à la série. Momo n’est qu’un simple catalyseur qui permet à ceux qui l’entourent de révéler le meilleur de ce qu’ils ont en eux. Du poissonnier bourru à la jeune citadine rebelle, chacun se dévoile au contact de Momo, avec peu de mots, toujours en retrait mais attentifs. Cela donne une bande dessinée peu loquace et bourrée de bons sentiments, mais qui sonne étonnement juste, qui fait du bien au cœur, qui redonne envie de croire en l’homme dans ce qu’il a de plus simple, de plus accessible, de plus normal. Aimer et prendre soin de ceux qu’on aime donne tout son sens à nos existences, tel est le message véhiculé par cette bande dessinée. Cela peut paraître simpliste (et je suis le premier surpris à m’être laissé séduire par ce propos) mais lorsque c’est dit avec un tel talent, je succombe. Tout cela n’aurait pas été possible s’il n’y a avait eu une totale complémentarité entre le travail du scénariste et celui du dessinateur. Peu de mots mais beaucoup d’émotions sont distillés grâce à un séquençage bien pensé, grâce un usage régulier de grandes cases, grâce à un trait expressif, grâce au fait que les auteurs prennent leur temps pour décortiquer l’évolution des sentiments. Une série destinée aux jeunes lecteurs mais qui pourra séduire bien des tranches d’âge. Pas révolutionnaire (ni dans ses propos ni dans sa forme) mais très bien faite, avec cette économie de mots qui permet aux regards de s’exprimer.
Les Archives de la Suicide Squad
Après avoir relu récemment le premier tome et ensuite le tome 2, je m’aperçois à quel point j'adore cette série. John Ostrander a écrit une série intelligente autour d'un concept simple : une équipe de super-vilains formée par le gouvernement est envoyée pour des missions dangereuses. Le scénariste développe très bien son concept en utilisant des personnages hauts en couleurs dont Amanda Waller qui est vite devenue un de mes personnages de comics préférés tellement j'adore sa personnalité et son ambiguïté. J'adore aussi le fait que bien qu'elle soit intelligente et manipulatrice, elle a aussi des défauts qui font en sorte qu'elle n'a pas toujours raison ce qui l’empêche de devenir un personnage énervant qui est capable de faire tout ce qu'elle veut quand elle veut. Car évidemment vu que les 'héros' de cette série sont pour la plupart des méchants, on est loin du manichéen de certains comics de super-héros. J'adore surtout lorsque les auteurs parlent de problèmes politiques et géopolitiques en montrant que la vie peut être très complexe. Le point fort de la série est qu'Ostrander met en avant la psychologie des personnages qui ont tous une personnalité bien distincte et définie. Leurs actions et réactions sont très crédibles et j'adore leurs relations entre-eux. Il y a un bon mélange de drame et d'humour aussi. Les scénarios sont souvent complexes et j'ai du parfois relire certaines scènes pour être certain que j'avais compris, mais je prends tellement de plaisir à lire cette série que cela ne me dérange pas. On fait beaucoup référence à des événements qui se sont passés dans les DC Comics de la fin des années 80-début des années 90, mais cela ne nuit pas à la compréhension des histoires. Le dessin peut faire vieillot pour les lecteurs modernes, mais moi j'aime bien ce style.
Bots
J'ai un peu suivi via le compte facebook de Steve Baker la progression de cet album, et j'attendais sa sortie avec une certaine impatience. Il faut dire que lorsque le nom d'Aurélien Ducoudray apparaît, mes oreilles se dressent et je pars dans tous les sens en reniflant le sol. Jusqu'à présent peu de ses albums m'ont déçu, et celui-ci ne déroge pas. Dans un contexte inattendu -une terre du futur, dominée par les robots-, il place un récit où un élément inattendu, un bébé humain, va venir perturber l'ordre établi... Le deuxième tome, qui se concentre sur l'univers carcéral, est très intéressant n; outre les nombreux jeux de mots que se permet le scénariste, il dépeint un univers aux règles très perturbantes... Même si le sujet paraît un peu léger, il met quelques couches de social dans son histoire, et suffisamment de suspense pour qu'on ait envie de lire la suite et fin. Côté dessin c'est donc Steve Baker qui fait feu de tout bois dans un style semi-réaliste aux bases solides, et une mise en scène assez dynamique. Bon ben... la suite, c'est pour quand, Messieurs ?
Les Passagers du vent
Je ne savais pas à quoi m’attendre en lisant cette série, mais sans doute pas à la finir à trois heures du matin, sans avoir pu décrocher un seul instant, et des larmes pleins les yeux. Et la claque que ça met ! Je comprends maintenant pourquoi cette BD fait partie des immanquables, et je me sens bête de ne pas avoir tenté de le lire plus tôt. Vraiment, cette série est … exceptionnelle. Rien que le dessin qui est celui de Bourgeon, précis et travaillé, documenté. Je lui reprocherais des cases parfois un peu trop chargée et de petites tailles, ou des planches très remplies (surtout en texte), mais une fois dans le bain, on lit l’ensemble sans jamais lâcher. C’est saisissant de remarquer qu’on a dévoré les tomes les un après les autres sans jamais le remarquer. Et que dire de ce scénario … Une maîtrise de l’aventure, le souffle romanesque et l’épopée maritime, digne des plus grands auteurs du genre. On est pris dans la tourmente des navires et des esclaves, dans cette période complexe de la fin du XVIII ème siècle, entre commerce triangulaire, révolutions et considération raciales. Dans cette tourmente, les personnages sont tout le pivot sur lequel l’histoire va s’articuler. Des personnages hauts en couleur, à commencer par le femmes (et je note que Bourgeon est un auteur qui sait s’y prendre pour représenter des femmes fortes) et surtout Isa. Si Mary et Hoel ne sont pas en reste, c’est bel et bien Isa qui porte toute cette histoire et qui marque. Sa fougue, son impétuosité, sa hargne et sa verve en font un de ces personnages qu’on aimerai rencontrer en vrai. Ne serait-ce que pour parler quelques minutes, tant elle semble réel à travers les pages que Bourgeon nous dévoile. Et je dois être le seul à penser ça, mais en lisant la série d’une traite, je n’ai pas été particulièrement choqué par la coupure entre les premiers volumes et le tome 6. On bascule d’un univers maritime au bayou et le dessin a évolué, mais j’ai trouvé une continuité de narration et de récit qui m’ont ravi. J’étais tout autant transporté dans ces marais de Louisiane que dans ces bateaux bravant les océans. Et il y aurait encore tant à dire : sur la place des femmes dans un monde d’homme, sur les considérations racistes, sur la violence ou sur la paix, sur le regard des blancs sur les noirs, des noirs sur les noirs, du faible sur le fort … Cette BD, c’est plein de sujets qui sont traités avec un regard rapide, une petite observation dans une grande et belle histoire. C’est magnifique, c’est superbe. J’ai déjà hâte de pouvoir le relire. Cette série, c’est une claque dans la gueule en même temps qu’une plongée dans une histoire. J’en suis ressorti hagard et émerveillé, les larmes aux yeux d’avoir vécu une telle aventure. Et la compagnie de Isa va me manquer dans les prochains jours. C’est vraiment là une belle BD, une BD à lire et que je ne peux que vous conseiller chaudement. Bon dieu, j’en lis des trucs bien en ce moment, mais quand ça sort du lot comme ça, il faut vraiment le signaler. Si vous avez le moindre doute, ruez-vous dessus.
Entre les lignes
Mael a vraiment un très chouette coup de crayon ! Et ce sur des styles très différents, si j’en crois les albums de lui précédemment lus (Dans la colonie pénitentiaire, de Franz Kafka ou L'Encre du Passé). Et cela se confirme ici, dans un album publié chez le galeriste-éditeur Daniel Maghen, qui met toujours en avant le dessin – logique puisque les planches sont exposées et vendues dans sa galerie. C’est un album à la limite de la Bande Dessinée, puisque Mael part de documents (carnets essentiellement) ayant appartenu à l’arrière-grand-père d’un ami, dont il reprend des extraits – en les modifiant parfois, au milieu desquels il développe quelques courtes histoires en Bande Dessinée, pour donner du liant à l’ensemble. C’est très beau, les dessins à l’aquarelle rendent bien le maelström et l’horreur de cette guerre. Mais le parti pris de l’auteur rend le tout assez décousu, et, pour tout dire, pas forcément intéressant pour un lecteur de BD (d’où les 4 étoiles non assorties d’un conseil d’achat). A emprunter, à regarder…
Comment naissent les araignées
Voila une BD qui m'a semblé passer inaperçue, et qui a pourtant d'indéniables qualités forçant le respect ! Au point que j'aurais envie de partager cette BD au plus grand nombre, ne serait-ce que pour découvrir le travail de l'auteure. Cette BD est une histoire faite autour des femmes, et plus exactement de trois d'entre elles. C'est une histoire sur les rapports complexes entre les mères et les filles, mais vu sous toutes les coutures. On aura le droit à différent aspects de cette relation, entre la difficulté à supporter ses parents, mais aussi de la difficulté à l'être. Et c'est ce que j'aime dans cette BD : elle ne tombe pas dans le manichéisme et se contente de montrer que ce n'est jamais simple une relation familiale. En fait, une relation sociale tout court (quand on voit que d'autres relations sont aussi très compliquées ...). La BD est servie par un dessin qui fait mouche, à la fois épurée dans le trait, colorée mais avec une identité de couleur forte, et une expression graphique qui rajoute à toute l'atmosphère de la BD. On est dans ces relations conflictuelles, ces relations fortes et douloureuses que vivent ces jeunes filles. Le découpage en chapitre permet de vraiment se prendre d'intérêt pour chacune d'entre elle avant que toutes ne soient réunies dans ce petit road-movie initiatique. Et la conclusion n'est pas en reste : rien de facile ou d'heureux, juste une réalité parfois très dure. La vie n'est toujours pas simple. J'ai vraiment beaucoup aimé cette BD, qui a des belles réflexions et un message vraiment fort. C'est le genre de BD qu'on peut relire plusieurs fois pour retrouver autre chose à en tirer, et vu l'effet qu'elle a fait à des amies à qui j'ai prêté la BD, c'est une BD qui parle aux gens. Si vous n'avez pas encore découvert, je vous la recommande !
L'Homme gribouillé
C'est souvent une bonne idée de se laisser guider par des avis élogieux sur une BD. On se retrouve ainsi avec des petits chef-d’œuvre dans ce genre sur sa liste de lecture, et ça fait beaucoup de bien ! Le duo d'auteur à réussi un tour de force en faisant cette BD, qui mélange les inspirations mystiques et folkloriques avec des personnalités bien campées. Les femmes de ce récit (qui en sont les personnages principaux) sont excellemment bien traités, avec un réalisme et une sensibilité perceptible. J'ai adoré les suivre tout au long de cette enquête/aventure, qui connait bon nombre de rebondissements. D'ailleurs toutes ces découvertes successives nous entrainent bien vite dans le cœur de la BD. On est happé par le récit qui ne nous relâche que lorsqu'on a fini le livre, avec une fin qui tient de tout le reste et conclut d'une belle façon son propos. Le dessin n'est pas en reste, l'auteur n'étant plus à son coup d'essai, mais il faut lui reconnaitre un sacré travail sur les nuances et les gris. C'est très beau, et particulièrement prenant comme atmosphère. Il faut ajouter que la tension est parfaitement bien retranscrite dans les cases ou apparait Max, qui devient une menace presque palpable. Bref, un duo qui a vraiment tout cassé avec cette BD, sans doute un incontournable de ce début d'année. Si je devais être un tantinet chatouilleux, je dirais que la fin aurait presque méritée quelques pages supplémentaires, mais c'est être un poil râleur. Dans l'ensemble, cette BD a tout d'un futur immanquable !
Dans la combi de Thomas Pesquet
L'aventure spatiale de Thomas Pesquet a tenu en haleine des millions de personnes, d'autant plus que, bénéficiant des nouvelles technologies, l'astronaute a pu en faire bénéficier le reste de l'humanité presque en temps réel. Au cours de son année dans l'espace, il est simplement devenu l'une des personnalités préférées des français. Le voir associé à Marion Montaigne sonne comme une évidence. Passionnée de science, excellente dans la vulgarisation de celle-ci en bandes dessinées, j'imagine qu'avec quelqu'un comme Pesquet cela a vite fonctionné. Je pense que seul Boulet, hormis Montaigne, aurait pu faire cette BD. Sauf qu'il l'aurait faite tout seul. Ici on sent bien que la collaboration entre les deux personnalités a été fructueuse, et a priori plutôt harmonieuse. Montaigne a ce don de rendre passionnant le truc le plus trivial (comme de savoir comment on fait caca dans l'espace, LA question que tout le monde se pose sans parfois l'avouer), et à nous montrer que malgré leurs aptitudes supérieures à la moyenne, les astronautes sont des hommes comme vous et moi. Enfin comme vous, moi j'ai la crève, là. C'est pas à Thomas Pesquet qu'un truc aussi con arriverait dans l'espace, hein ! Plus sérieusement (hihi !), c'est drôle, c'est passionnant, c'est indispensable, bref, c'est un must ! Une excellente BD, qui doit être dans les 3 meilleures de 2017.
Une histoire de cancer qui finit bien
Comme l'indique le résumé de l'éditeur (repris ici), le récit est parti de la demande d'une adolescente souffrant de leucémie. Mais, loin de considérer cela comme un "exercice", la romancière et scénariste québécoise India Desjardins a su s'en emparer, pour y mettre une énorme sensibilité, et tenter de nous livrer un récit intimiste, poignant, mais aussi sachant éviter les écueils du pathos et du pitoyable (au sens premier du terme). Tout n'est pas rose dans la vie de la jeune héroïne, bien sûr, mais elle arrive, avec l'aide de la science et l'amour de sa famille et bientôt d'un jeune homme, à surmonter ses difficultés, puis sa maladie, pour être heureuse. Pas de spoiler là-dedans, puisque le titre de la BDle revendique. Côté graphique, c'est Marianne Ferrer, illustratrice pour la jeunesse au style délicat, qui s'y colle, et glisse de la retenue, de la grâce et de la finesse dans ce monde dur, très dur. Vraiment sympa.