Lorsqu'on entre dans ce récit on pense immédiatement à la lutte menée par le Capitaine Achab contre la baleine dans Moby Dick de Melville, ou au film de Jean-Jacques Annaud, "L'Ours".
Car cette histoire est bien celle d'une lutte entre l'homme et l'animal, une histoire de vengeance, de combat sans merci.
Et pourtant, il est également question de respect pour son adversaire, pour sa résilience, pour son endurance.
Cette histoire de Rochette est absolument remarquable et fait échos à l'actualité du moment, où des éleveurs s'élèvent contre la présence du loup dans les Pyrénées faisant valoir que la cohabitation entre l'homme et l'animal est impossible.
Dans un style réaliste qui le caractérise, Rochette nous raconte la vengeance d'un homme retiré du monde contre un loup dont il tua la mère, et qui a lui même contribué à décimer une partie de son troupeau. Qui de l'homme ou de l'animal l'emportera?
A vous de le découvrir en lisant cette histoire palpitante dont les critiques élogieuses ne furent pas usurpées.
Je suis absolument fan de cette BD. Je me suis beaucoup attachée aux personnages, l'histoire est originale bien qu'elle soit assez répétitive dans les 6 premiers tomes. Cette BD regroupe tous les ingrédients que j'aime, bataille, magie, amitié... Et peut être amour par la suite qui sait! Elle nous emmène également dans des pays différents à chaque fois pour nous faire découvrir différentes cultures et différentes mythologies qui ressortent dans chaque tome. Je vous conseille cette série si vous aimez "Les légendaires " et les univers de ce type (Jeunesse , Fantastique...). Pour ma part, hâte de lire la suite et j'accrocherai le poster fourni avec les tomes 6,7 et 8 dans ma chambre!
Il existe certaines BD qui se trouvent d'emblée pénalisées par leur sujet. Et par conséquent crée un fossé entre ce que le lecteur croit a priori trouver et ce que la série veut raconter.
Comme beaucoup, j'ai mis des années à m'intéresser à la Geste, cette série d'héroïc-fantasy made in Soleil avec "des guerrières vierges peu vêtues qui trucident des dragons" qui, on s'en doute, me laissait présager un pur produit cornichonnesque, superficiel et racoleur.
Aujourd'hui, j'ai lu 24 albums et la Geste reste à mes yeux, avec quelques rares exceptions comme une certaine Quête de l'Oiseau du Temps, l'une de mes BD de fantasy préférée (alors que, de surcroît, je n'ai jamais été amateur du genre).
Il y a donc un problème quelque part. Voyons un peu lequel.
Pour aborder la Geste - et prendre la peine d'aller plus loin que le premier tome - le lecteur de BD doit paradoxalement aller au-delà de deux aspects pourtant essentiels de la bande dessinée : son postulat et sa représentation. Dans le second cas, il s'agit d'un singulier paradoxe dans le sens où, en BD, l'image joue forcément un rôle primordial.
Et pourtant, il faut bien dépasser à la fois le "pistch" dépréciateur car porteur de préjugés qui se font naturellement dans l'esprit du lecteur potentiel ("des guerrières peu vêtues, etc... etc...") qui y verra a priori au mieux une série frôlant le ridicule et au pire une BD putassière propre uniquement à satisfaire les instincts du lecteur mâle. A son époque déjà, La Quête de l'Oiseau du Temps et particulièrement son héroïne iconique à la poitrine généreuse ne faisait pas autre chose, au point de faire de l'ombre à une histoire qui pourtant infirmait cette impression de départ par sa dimension tragique et crépusculaire. Deux termes qui, justement, reflètent parfaitement les scénarios et l'ambiance générale de la Geste. Tragique, elle l'est (presque) dans chaque tome, par le destin peu enviable de ses chevaliers dragons. Crépusculaire aussi tant l'ambiance générale est grave et mortifère (malgré quelques touches d'humour discrètes)
La Geste est ainsi empreinte d'un fatalisme omniprésent puisque les belles guerrières exposées sur les couvertures et les planches sont généralement considérées par leur ordre comme des éléments sacrifiables et remplaçables (pour ceux qui connaissent le manga Claymore, La Geste a de nombreux points communs avec la série de Yagi, la répétitivité décourageante en moins).
Dans un tel contexte et contre toute attente, le lecteur (mâle) n'a pas vraiment l'esprit à reluquer le tendron (à moins d'être un cas désespéré).
Mais les qualités de la Geste ne s'arrêtent pas à son ambiance sombre et cruelle qui infirment déjà, comme je l'ai dit, les préjugés que l'on pourrait avoir.
C'est aussi une série qui marque sa différence (et sa profondeur) par rapport aux habituelles productions fantasy "à la Wollödrin" (même si je n'ai rien contre ce type de fantasy "tolkienniste") par des scénarios aux enjeux davantage tournés vers les rapports humains, la politique, le devoir en opposition aux sentiments, les sujets de société, etc...
Petite anecdote révélatrice : c'est à une phrase lue sur le Net que je dois de m'être finalement penché sur la Geste ("rappelons qu’en dépit de sa définition guerrière et chevaleresque, la série est plus volontiers tournée vers la diplomatie, les rapports humains et psychologiques, que vers l’action"). Bref, le lecteur qui s'attendrait à du Lanfeust avec des avatars de Cixi en tueuses de dragons girondes et coquines peut passer son chemin.
Cela dit, il y a bien (aussi) de l'action dans la Geste, des affrontements violents et épiques (voir par exemple le tome 4, Brisken, ou le dyptique sur la guerre des Sardes). Et des dragons, certainement (encore que pas systématiquement).
Mais, une fois encore, ce n'est pas là que le(s) scénariste(s) ANGE ont voulu fondé leur propos et leur mythologie.
Enfin, au niveau de la qualité des albums (tant niveau scénario que dessin), vu le nombre de tomes, c'est forcément inégal. Mais je dois dire que sur les 24 tomes lus jusqu'à présent (et en toute bonne foi), je n'en ai trouvé que 2 que je pourrais qualifier de médiocres et vraiment dispensables (le 21, La Faucheuse d'Ishtar et le 24, Les Nuits d'Axinandrie).
Le reste se partage entre le moyen (5, 7, 10, 14, 15) et le plutôt bon pour le reste.
Les tomes 3, 4, 8, 9, 16, 17-18 et 23 m'ont semblé au-dessus du lot.
Enfin, pour ceux qui voudraient avoir un aperçu rapide en un seul tome (rappelons que chaque tome peut être lu indépendamment) de l'intelligence, la richesse et la densité dont peut faire preuve la Geste, je leur conseillerais chaudement le tome 9, "Aveugles", où il n'y a pas de dragon (mais ce n'est pas le seul de la série dans ce cas) mais qui représente pour moi un "cas d'école" de ce qu'un scénariste de BD peut proposer comme densité sur seulement 48 planches sans abuser de textes kilométriques (façon Blake & Mortimer) ou d'ellipses radicales.
Quant aux dessins... plusieurs dessinateurs officiant sur la série, c'est aussi très inégal.
Disons que, dans l'ensemble, ça reste souvent correct dans un style plus ou moins réaliste (exception faites de certains tomes, comme le 10, qui d'ailleurs dénotent trop par rapport au reste) même si ce n''est tout de même pas le point fort de la série, il faut l'avouer.
PS : si je n'ai pas conseillé l'achat, c'est surtout parce que vu le nombre de tomes, je dirais qu'il faut vraiment accrocher pour en acquérir tous les tomes, le lecteur occasionnel pouvant se contenter de quelques-uns (les meilleurs de préférence).
Cela dit, je précise qu'il existe des intégrales (de 4 tomes chaque) qui ne reviennent qu'à la moitié du prix des albums. A bon entendeur...
Dans la forêt des lilas commence comme un conte pour petite fille sage et se termine en véritable drame dans l’Angleterre victorienne. On peut être dérouté par un changement de ton mais j’avoue que cela m’a fait l’effet d’une bombe mais dans le bon sens du terme. Enfin un conte qui n’est pas niaiserie et qui apporte quelque chose de neuf. Il y a de la maturité et de l’originalité. C’est à souligner.
Il s’agit de l’histoire d’une fille malade qui s’évade chaque nuit dans un monde de rêves afin d’échapper à la triste réalité. Cela peut rappeler par certains égards le chef d’œuvre qu’est le film Le labyrinthe de Pan. On oscille entre rêve et réalité.
Jamais je n’aurais pensé donner un 4 étoiles mais ce titre le vaut bien. Il y a un côté onirique mais également métaphorique. Même le graphisme possède un côté enchanteur avec le souci de petits détails dans une forêt bien dense.
A noter qu’il s’agit en dépit de tout d’un conte pour adultes. Laissez-vous envouter par le doux parfum des lilas de cette forêt. Vous n’en reviendrez peut-être pas.
Unica Zürn est une poétesse et dessinatrice surréaliste d'origine allemande ayant côtoyé André Breton, Dubuffet et autres artistes célèbres du Paris des années 1950. Au-delà de ses compétences artistiques, elle est également connue pour souffrir de schizophrénie et de bouffées délirantes. C'est d'ailleurs en grande partie sa psychose qui forge la structure de son art. Cette BD nous invite à la suivre en 1957, époque où elle vit avec le plasticien Hans Bellmer mais où sa folie va atteindre un point culminant qui la mènera à séjourner en hôpital psychiatrique.
Je ne connaissais rien de cette artiste. Et à vrai dire, en entamant cet album, les premières pages ont failli me rebuter au point de me donner envie de le refermer. Car l'auteure nous plonge directement en pleine crise délirante d'Unica, un univers surréaliste et paranoïaque où le lecteur est perdu d'emblée. Ce n'est que quelques pages plus tard que la réalité reprend sa place et que le puzzle se recompose pour permettre au lecteur de mieux appréhender ce dont il est le témoin.
Céline Wagner a su retranscrire la psychose et la schizophrénie avec brio. Tout son travail graphique tend vers cette retranscription. En couleurs directes et intenses par leur contraste, il plonge le lecteur dans un univers où s'opposent le bleu froid, le jaune sinistre et le rouge violent tandis qu'alternent moments de folie, de réalisme et de crainte paranoïaque. La couleur n'est pas tout car la dessinatrice joue aussi sur le réalité de ce qu'elle expose, représentant ça et là vues et décors dissolus comme pour mieux faire ressentir aux lecteurs la vision du monde de l'artiste malade et sujettes à différentes hallucinations légères. Le résultat est percutant et a réussi à me toucher et à me faire ressentir les bouffées délirantes autant que les angoisses de l'artiste dont la raison perd pied.
Plusieurs planches nous offrent en outre des images des œuvres de l'artiste elle-même que je trouve très belles. J'ai notamment beaucoup apprécié ces planches où Céline Wagner nous montre la réalisation d'un dessin de ses premières courbes vides jusqu'à son résultat final : instructif et beau.
Si la vie elle-même de l'artiste qui nous est racontée ici ne m'enthousiasme pas plus que ça, je suis heureux d'avoir pu découvrir son art par le biais de cet album et d'avoir pu aussi ressentir à quel point il a été forgé par une folie et une maladie qui ont fini par emporter la vie d'Unica Zürn et de son amant.
Ailefroide est un très bon récit autobiographique au travers duquel l’auteur nous dévoile toute sa fascination, tout son respect pour la montagne et nous montre combien celle-ci a formé l’homme qu’il est devenu.
La force du livre tient dans l’art de la narration de son auteur car il n’y a pas de prime abord de quoi s’extasier devant ces planches dans lesquels s’’enchainent les plans d’escalade et les anecdotes passe-partout. Seulement, voilà, c’est raconté avec tellement de talent que ce récit en devient captivant. De plus, Rochette parvient à nous faire ressentir le danger sans chercher à faire de l’effet. Il nous montre avec naturel, jusqu’à l’absurde (pour certains événements dramatiques), combien la montagne peut être sans pitié, combien ce milieu demeure hostile.
Et puis, l’air de rien, il nous parle de son parcours intérieur, de la naissance de sa vocation d’artiste… qui finira par s’imposer comme une évidence alors que lui-même ne semblait pas y prêter plus attention que cela durant une bonne part de sa jeunesse.
Il s’agit donc d’un livre étonnant car il aurait pu n’être qu’anecdotique mais se révèle finalement passionnant… du simple fait des talents de narrateur et de dessinateur de son auteur.
Le Grand Mort est un récit au concept de départ assez classique. Il existerait un univers fantastique lié au nôtre, un monde à la fois enchanteur et effrayant habité par un petit peuple aux coutumes étranges et qui aurait besoin d’une ‘clé’, d’un humain seul capable d’assurer la survie et la bonne entente de ce peuple.
Le premier tome nous permet de faire connaissance avec les principaux personnages du récit. Il rappelle par certains côtés le premier tome de « Sasmira » (le look de Pauline y est pour beaucoup, comme le coup du passage surprise dans un autre monde) tout en nous rappelant combien Loisel aime les mondes fantastiques. On se croit alors partis pour un récit assez classique, enchanteur, qui se déroulerait prioritairement dans ce monde étrange à nos yeux, avec un peu de suspense mais surtout des bons sentiments.
En fait, pas du tout ! Car rapidement, la série va virer vers le récit apocalyptique et se déroulera plus souvent à Paris ou en Bretagne que dans le monde du petit peuple. Les éléments vont se déchainer sur terre tandis que deux mystérieuses naissances qui unissent le petit peuple et les humains créent le cœur même de l’intrigue. On suit les personnages ballottés dans le chaos et rien ne nous est épargné. Les morts s’empilent et certains personnages dégagent une noirceur inattendue. J’ai alors repensé au « Peter Pan » de Loisel et plus particulièrement au rôle que l’auteur attribuait à Clochette. Un rôle presque malsain, dérangeant. Et bien ici, j’ai retrouvé le même genre de personnage… et ce personnage est pour beaucoup dans mon appréciation de la série.
Les tomes sont volumineux (64 pages au minimum) et pourtant la série se lit rapidement. Le dessin de Mallié est vraiment agréable à l’œil. Il apporte la fantaisie et le mystère lors des passages fantastiques (ahhh, la découverte du Grand Mort au bord du lac !) et se révèle extrêmement précis et riche dès qu’il s’agit d’illustrer l’humanité confrontée à l’apocalypse… tout en restant toujours parfaitement lisible et aéré. Et la colorisation de Lapierre est à la hauteur du dessin de Mallié. Visuellement, c’est vraiment agréable à lire.
Au final, ce récit qui part sur des bases classiques a donc réussi à me surprendre par sa noirceur… et ce n’est pas le happy end final qui parviendra à effacer les aspects les plus pessimistes de l'histoire imaginé par Loisel et Djian. On peut y voir une fable écologiste ou seulement un récit fantastique, mais c’est clair que ce Grand Mort a été une des meilleures longues séries de ce début de siècle (11 ans, 8 tomes et 520 planches tout de même… )
Très beau récit que celui-ci, qui a réussi à me toucher alors que le pari n’était pas gagné d’avance.
Ce qui marque tout d’abord, avec ce ‘In Waves’, c’est bien sûr (et il suffit de jeter un œil sur la couverture) son aspect graphique. AJ Dungo fait montre d’un talent énorme. Ses dessins combinent élégance, pureté et esthétisme. Chaque case me semble réalisée avec le même souci de recherche, d’épure, le même soin, la même cohérence pour qu’à chaque fois je reste stupéfait par l’harmonie et la douceur qui se dégagent de ce trait, de ce style démodé et moderne à la fois… intemporel en somme.
Bon, c’est clair, côté visuel, je suis sous le charme. Mais bien souvent, avec ce type de livre qui s’admire pour chaque case, l’histoire a tendance à passer au second plan et l’émotion du récit n’atteint jamais l’émotion suscitée par le trait. Du coup, d’ordinaire avec ce genre d’objet j’admire… mais je ne suis pas ‘dedans’.
Et bien ici, l’émotion du récit est bien réelle. Ce livre est un magnifique hommage d’un auteur pour sa compagne défunte, une œuvre emplie de respect, de pudeur… et, on y revient, d’élégance. Roman graphique par son sujet autobiographique, cette œuvre m’a marqué par sa sincérité et par la capacité de l’auteur à nous faire partager son amour pour Kristen au travers d’un portrait simple et d’une grande finesse. Finesse qui se dégage aussi dans la pertinence de l’alternance entre les pages consacrées à l’histoire du surf et celles dédiées à l’aspect autobiographique. Car en racontant les vies de Duke Kahanamoku et de Tom Blake, AJ Dungo ne se contente pas de retracer une page d’histoire. Il lie cette histoire à sa propre expérience, Duke le flamboyant et Tom le solitaire… Kristen et AJ… Elle, belle intelligente et pleine de vie et lui solitaire, renfermé, maladroit.
Enfin, derrière ce drame d’une existence rongée par la maladie se love une leçon de vie, celle que nous donne Kristen qui cherchera aussi longtemps possible à ‘rester sur la vague’… et celle que nous offre AJ Dungo pour qui ce deuil est comme une vague qui parfois le submerge et parfois le laisse dans le creux. Et finalement, ce livre nous parle de résilience dans le sens le plus noble du terme, dans cette capacité qu’a l’être humain de se construire au travers de ses expériences, quand bien même celles-ci sont terriblement douloureuses.
Le bateau de Thésée qui est le titre de ce manga est un paradoxe. En effet, pour entretenir la mémoire de ce héros légendaire, ses compagnons ont maintenu en état son bateau. Cependant, au fil des années, il a fallu remplacer des pièces si bien qu’après un certain nombre d’années, il n’y avait plus rien d’origine. Peut-on alors encore parler du bateau de Thésée si tout a été remplacé ? Il s’agit maintenant de se poser la même question s’il s’agissait d’un humain régénéré chaque jour par des milliards de cellules. Voilà pour le concept.
Le pitch est très intéressant puisqu’il s’agit de suivre la vie du fils d’un assassin qui aurait massacré toute une école en empoisonnant le jus d’orange lors du déjeuner à la cantine. Il y a eu beaucoup de victimes. Bien que les faits remontent à une trentaine d’années en arrière, la famille de l’assassin a subi l’opprobre. Son fils est en passe d’avoir un enfant et d'être père à son tour. Malheureusement, il perd sa bien-aimé durant l’accouchement. Par ailleurs, ses beaux-parents veulent lui prendre la garde de son bébé. On ne peut pas dire qu’on fait dans le joyeux.
Pour autant, sa femme avant de mourir avait mené une enquête pour s'apercevoir de certaines incohérences qui innocenterait le père de son mari. Notre héros endeuillé retourne sur les lieux du drame et se retrouve projeté dans le passé 6 mois avant les faits sanglants. Pourra t-il changer le passé ? Il se retrouve que ce dernier croît que son père est réellement le coupable. Cependant, il va se passer des choses assez surprenantes.
Je mets 4 étoiles car c’est bien réalisé aussi bien sur la forme que dans le fond. Au contraire de ma dernière lecture de thriller à savoir My Home Hero qui bénéficie de la bienveillance de la critique presse, ce titre est moins connu et pourtant, il me semble bien meilleur car il ne commet pas les mêmes erreurs. Je suis persuadé que le savoir-faire de la réalisation d’un mangaka peut faire toute la différence et c’est bien le cas en l’occurrence. Ce dernier dont c’est la première œuvre paru en France réalise un très bon thriller aux accents fantastiques.
Mon habitude n'est absolument pas de commenter les autres avis. Cependant, je dois bien avouer que je souscrit totalement à celui de mon prédecesseur.
Dans ce manga, il s'agit de la relation entre une jeune fille et une vieille mamie passionnée de manga. Cela fait voler en éclat tout ce qu'on pouvait penser sur les préjugés. On peut être unie par une même passion. Il n'y a pas d'âge pour dire ce que l'on aime par exemple.
Cela renvoie également à ma propre histoire où j'adorais véritablement ma grand-mère qui aimait tout comme moi par les clips musicaux du top 50. Elle connaissait tout les artistes qu'aimaient normalement les jeunes. Aujourd'hui, je suis un peu comme elle vis à vis des plus jeunes sur de nombreuses passions entre la musique, le cinéma ou la bande dessinée. Il faut être ouvert pour rester jeune d'esprit. Cependant, ce n'est pas donné à tout le monde, j'en conviens.
Tout cela pour dire que c'est le fond qui importe. L'auteur a voulu nous montrer que les échanges intergénérationnelles sont possibles si on est uni par une même passion. Le yaoi n'est alors qu'un prétexte. Je vois également qu'être lecteur de yaoi ne signifie pas pour autant qu'on est gay. On peut se prendre parfois des remarques assez blessantes qui sont toujours guidées par des a priori. Or, la nature est parfois plus complexe.
En ce qui me concerne, c'est une excellente découverte. Ce manga est une vraie pépite. J'ai bien aimé le style de cette mangaka pour amener les choses. Nous avons un duo de personnages que tout oppose et qui est véritablement attachant. C'est doux, bienveillant et sympathique. Bref, une lecture qui fait du bien dans ce qu'elle a de plus attendrissant.
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Le Loup
Lorsqu'on entre dans ce récit on pense immédiatement à la lutte menée par le Capitaine Achab contre la baleine dans Moby Dick de Melville, ou au film de Jean-Jacques Annaud, "L'Ours". Car cette histoire est bien celle d'une lutte entre l'homme et l'animal, une histoire de vengeance, de combat sans merci. Et pourtant, il est également question de respect pour son adversaire, pour sa résilience, pour son endurance. Cette histoire de Rochette est absolument remarquable et fait échos à l'actualité du moment, où des éleveurs s'élèvent contre la présence du loup dans les Pyrénées faisant valoir que la cohabitation entre l'homme et l'animal est impossible. Dans un style réaliste qui le caractérise, Rochette nous raconte la vengeance d'un homme retiré du monde contre un loup dont il tua la mère, et qui a lui même contribué à décimer une partie de son troupeau. Qui de l'homme ou de l'animal l'emportera? A vous de le découvrir en lisant cette histoire palpitante dont les critiques élogieuses ne furent pas usurpées.
Les Mythics
Je suis absolument fan de cette BD. Je me suis beaucoup attachée aux personnages, l'histoire est originale bien qu'elle soit assez répétitive dans les 6 premiers tomes. Cette BD regroupe tous les ingrédients que j'aime, bataille, magie, amitié... Et peut être amour par la suite qui sait! Elle nous emmène également dans des pays différents à chaque fois pour nous faire découvrir différentes cultures et différentes mythologies qui ressortent dans chaque tome. Je vous conseille cette série si vous aimez "Les légendaires " et les univers de ce type (Jeunesse , Fantastique...). Pour ma part, hâte de lire la suite et j'accrocherai le poster fourni avec les tomes 6,7 et 8 dans ma chambre!
La Geste des Chevaliers Dragons
Il existe certaines BD qui se trouvent d'emblée pénalisées par leur sujet. Et par conséquent crée un fossé entre ce que le lecteur croit a priori trouver et ce que la série veut raconter. Comme beaucoup, j'ai mis des années à m'intéresser à la Geste, cette série d'héroïc-fantasy made in Soleil avec "des guerrières vierges peu vêtues qui trucident des dragons" qui, on s'en doute, me laissait présager un pur produit cornichonnesque, superficiel et racoleur. Aujourd'hui, j'ai lu 24 albums et la Geste reste à mes yeux, avec quelques rares exceptions comme une certaine Quête de l'Oiseau du Temps, l'une de mes BD de fantasy préférée (alors que, de surcroît, je n'ai jamais été amateur du genre). Il y a donc un problème quelque part. Voyons un peu lequel. Pour aborder la Geste - et prendre la peine d'aller plus loin que le premier tome - le lecteur de BD doit paradoxalement aller au-delà de deux aspects pourtant essentiels de la bande dessinée : son postulat et sa représentation. Dans le second cas, il s'agit d'un singulier paradoxe dans le sens où, en BD, l'image joue forcément un rôle primordial. Et pourtant, il faut bien dépasser à la fois le "pistch" dépréciateur car porteur de préjugés qui se font naturellement dans l'esprit du lecteur potentiel ("des guerrières peu vêtues, etc... etc...") qui y verra a priori au mieux une série frôlant le ridicule et au pire une BD putassière propre uniquement à satisfaire les instincts du lecteur mâle. A son époque déjà, La Quête de l'Oiseau du Temps et particulièrement son héroïne iconique à la poitrine généreuse ne faisait pas autre chose, au point de faire de l'ombre à une histoire qui pourtant infirmait cette impression de départ par sa dimension tragique et crépusculaire. Deux termes qui, justement, reflètent parfaitement les scénarios et l'ambiance générale de la Geste. Tragique, elle l'est (presque) dans chaque tome, par le destin peu enviable de ses chevaliers dragons. Crépusculaire aussi tant l'ambiance générale est grave et mortifère (malgré quelques touches d'humour discrètes) La Geste est ainsi empreinte d'un fatalisme omniprésent puisque les belles guerrières exposées sur les couvertures et les planches sont généralement considérées par leur ordre comme des éléments sacrifiables et remplaçables (pour ceux qui connaissent le manga Claymore, La Geste a de nombreux points communs avec la série de Yagi, la répétitivité décourageante en moins). Dans un tel contexte et contre toute attente, le lecteur (mâle) n'a pas vraiment l'esprit à reluquer le tendron (à moins d'être un cas désespéré). Mais les qualités de la Geste ne s'arrêtent pas à son ambiance sombre et cruelle qui infirment déjà, comme je l'ai dit, les préjugés que l'on pourrait avoir. C'est aussi une série qui marque sa différence (et sa profondeur) par rapport aux habituelles productions fantasy "à la Wollödrin" (même si je n'ai rien contre ce type de fantasy "tolkienniste") par des scénarios aux enjeux davantage tournés vers les rapports humains, la politique, le devoir en opposition aux sentiments, les sujets de société, etc... Petite anecdote révélatrice : c'est à une phrase lue sur le Net que je dois de m'être finalement penché sur la Geste ("rappelons qu’en dépit de sa définition guerrière et chevaleresque, la série est plus volontiers tournée vers la diplomatie, les rapports humains et psychologiques, que vers l’action"). Bref, le lecteur qui s'attendrait à du Lanfeust avec des avatars de Cixi en tueuses de dragons girondes et coquines peut passer son chemin. Cela dit, il y a bien (aussi) de l'action dans la Geste, des affrontements violents et épiques (voir par exemple le tome 4, Brisken, ou le dyptique sur la guerre des Sardes). Et des dragons, certainement (encore que pas systématiquement). Mais, une fois encore, ce n'est pas là que le(s) scénariste(s) ANGE ont voulu fondé leur propos et leur mythologie. Enfin, au niveau de la qualité des albums (tant niveau scénario que dessin), vu le nombre de tomes, c'est forcément inégal. Mais je dois dire que sur les 24 tomes lus jusqu'à présent (et en toute bonne foi), je n'en ai trouvé que 2 que je pourrais qualifier de médiocres et vraiment dispensables (le 21, La Faucheuse d'Ishtar et le 24, Les Nuits d'Axinandrie). Le reste se partage entre le moyen (5, 7, 10, 14, 15) et le plutôt bon pour le reste. Les tomes 3, 4, 8, 9, 16, 17-18 et 23 m'ont semblé au-dessus du lot. Enfin, pour ceux qui voudraient avoir un aperçu rapide en un seul tome (rappelons que chaque tome peut être lu indépendamment) de l'intelligence, la richesse et la densité dont peut faire preuve la Geste, je leur conseillerais chaudement le tome 9, "Aveugles", où il n'y a pas de dragon (mais ce n'est pas le seul de la série dans ce cas) mais qui représente pour moi un "cas d'école" de ce qu'un scénariste de BD peut proposer comme densité sur seulement 48 planches sans abuser de textes kilométriques (façon Blake & Mortimer) ou d'ellipses radicales. Quant aux dessins... plusieurs dessinateurs officiant sur la série, c'est aussi très inégal. Disons que, dans l'ensemble, ça reste souvent correct dans un style plus ou moins réaliste (exception faites de certains tomes, comme le 10, qui d'ailleurs dénotent trop par rapport au reste) même si ce n''est tout de même pas le point fort de la série, il faut l'avouer. PS : si je n'ai pas conseillé l'achat, c'est surtout parce que vu le nombre de tomes, je dirais qu'il faut vraiment accrocher pour en acquérir tous les tomes, le lecteur occasionnel pouvant se contenter de quelques-uns (les meilleurs de préférence). Cela dit, je précise qu'il existe des intégrales (de 4 tomes chaque) qui ne reviennent qu'à la moitié du prix des albums. A bon entendeur...
Dans la forêt des lilas
Dans la forêt des lilas commence comme un conte pour petite fille sage et se termine en véritable drame dans l’Angleterre victorienne. On peut être dérouté par un changement de ton mais j’avoue que cela m’a fait l’effet d’une bombe mais dans le bon sens du terme. Enfin un conte qui n’est pas niaiserie et qui apporte quelque chose de neuf. Il y a de la maturité et de l’originalité. C’est à souligner. Il s’agit de l’histoire d’une fille malade qui s’évade chaque nuit dans un monde de rêves afin d’échapper à la triste réalité. Cela peut rappeler par certains égards le chef d’œuvre qu’est le film Le labyrinthe de Pan. On oscille entre rêve et réalité. Jamais je n’aurais pensé donner un 4 étoiles mais ce titre le vaut bien. Il y a un côté onirique mais également métaphorique. Même le graphisme possède un côté enchanteur avec le souci de petits détails dans une forêt bien dense. A noter qu’il s’agit en dépit de tout d’un conte pour adultes. Laissez-vous envouter par le doux parfum des lilas de cette forêt. Vous n’en reviendrez peut-être pas.
La Trahison du Réel
Unica Zürn est une poétesse et dessinatrice surréaliste d'origine allemande ayant côtoyé André Breton, Dubuffet et autres artistes célèbres du Paris des années 1950. Au-delà de ses compétences artistiques, elle est également connue pour souffrir de schizophrénie et de bouffées délirantes. C'est d'ailleurs en grande partie sa psychose qui forge la structure de son art. Cette BD nous invite à la suivre en 1957, époque où elle vit avec le plasticien Hans Bellmer mais où sa folie va atteindre un point culminant qui la mènera à séjourner en hôpital psychiatrique. Je ne connaissais rien de cette artiste. Et à vrai dire, en entamant cet album, les premières pages ont failli me rebuter au point de me donner envie de le refermer. Car l'auteure nous plonge directement en pleine crise délirante d'Unica, un univers surréaliste et paranoïaque où le lecteur est perdu d'emblée. Ce n'est que quelques pages plus tard que la réalité reprend sa place et que le puzzle se recompose pour permettre au lecteur de mieux appréhender ce dont il est le témoin. Céline Wagner a su retranscrire la psychose et la schizophrénie avec brio. Tout son travail graphique tend vers cette retranscription. En couleurs directes et intenses par leur contraste, il plonge le lecteur dans un univers où s'opposent le bleu froid, le jaune sinistre et le rouge violent tandis qu'alternent moments de folie, de réalisme et de crainte paranoïaque. La couleur n'est pas tout car la dessinatrice joue aussi sur le réalité de ce qu'elle expose, représentant ça et là vues et décors dissolus comme pour mieux faire ressentir aux lecteurs la vision du monde de l'artiste malade et sujettes à différentes hallucinations légères. Le résultat est percutant et a réussi à me toucher et à me faire ressentir les bouffées délirantes autant que les angoisses de l'artiste dont la raison perd pied. Plusieurs planches nous offrent en outre des images des œuvres de l'artiste elle-même que je trouve très belles. J'ai notamment beaucoup apprécié ces planches où Céline Wagner nous montre la réalisation d'un dessin de ses premières courbes vides jusqu'à son résultat final : instructif et beau. Si la vie elle-même de l'artiste qui nous est racontée ici ne m'enthousiasme pas plus que ça, je suis heureux d'avoir pu découvrir son art par le biais de cet album et d'avoir pu aussi ressentir à quel point il a été forgé par une folie et une maladie qui ont fini par emporter la vie d'Unica Zürn et de son amant.
Ailefroide - Altitude 3954
Ailefroide est un très bon récit autobiographique au travers duquel l’auteur nous dévoile toute sa fascination, tout son respect pour la montagne et nous montre combien celle-ci a formé l’homme qu’il est devenu. La force du livre tient dans l’art de la narration de son auteur car il n’y a pas de prime abord de quoi s’extasier devant ces planches dans lesquels s’’enchainent les plans d’escalade et les anecdotes passe-partout. Seulement, voilà, c’est raconté avec tellement de talent que ce récit en devient captivant. De plus, Rochette parvient à nous faire ressentir le danger sans chercher à faire de l’effet. Il nous montre avec naturel, jusqu’à l’absurde (pour certains événements dramatiques), combien la montagne peut être sans pitié, combien ce milieu demeure hostile. Et puis, l’air de rien, il nous parle de son parcours intérieur, de la naissance de sa vocation d’artiste… qui finira par s’imposer comme une évidence alors que lui-même ne semblait pas y prêter plus attention que cela durant une bonne part de sa jeunesse. Il s’agit donc d’un livre étonnant car il aurait pu n’être qu’anecdotique mais se révèle finalement passionnant… du simple fait des talents de narrateur et de dessinateur de son auteur.
Le Grand Mort
Le Grand Mort est un récit au concept de départ assez classique. Il existerait un univers fantastique lié au nôtre, un monde à la fois enchanteur et effrayant habité par un petit peuple aux coutumes étranges et qui aurait besoin d’une ‘clé’, d’un humain seul capable d’assurer la survie et la bonne entente de ce peuple. Le premier tome nous permet de faire connaissance avec les principaux personnages du récit. Il rappelle par certains côtés le premier tome de « Sasmira » (le look de Pauline y est pour beaucoup, comme le coup du passage surprise dans un autre monde) tout en nous rappelant combien Loisel aime les mondes fantastiques. On se croit alors partis pour un récit assez classique, enchanteur, qui se déroulerait prioritairement dans ce monde étrange à nos yeux, avec un peu de suspense mais surtout des bons sentiments. En fait, pas du tout ! Car rapidement, la série va virer vers le récit apocalyptique et se déroulera plus souvent à Paris ou en Bretagne que dans le monde du petit peuple. Les éléments vont se déchainer sur terre tandis que deux mystérieuses naissances qui unissent le petit peuple et les humains créent le cœur même de l’intrigue. On suit les personnages ballottés dans le chaos et rien ne nous est épargné. Les morts s’empilent et certains personnages dégagent une noirceur inattendue. J’ai alors repensé au « Peter Pan » de Loisel et plus particulièrement au rôle que l’auteur attribuait à Clochette. Un rôle presque malsain, dérangeant. Et bien ici, j’ai retrouvé le même genre de personnage… et ce personnage est pour beaucoup dans mon appréciation de la série. Les tomes sont volumineux (64 pages au minimum) et pourtant la série se lit rapidement. Le dessin de Mallié est vraiment agréable à l’œil. Il apporte la fantaisie et le mystère lors des passages fantastiques (ahhh, la découverte du Grand Mort au bord du lac !) et se révèle extrêmement précis et riche dès qu’il s’agit d’illustrer l’humanité confrontée à l’apocalypse… tout en restant toujours parfaitement lisible et aéré. Et la colorisation de Lapierre est à la hauteur du dessin de Mallié. Visuellement, c’est vraiment agréable à lire. Au final, ce récit qui part sur des bases classiques a donc réussi à me surprendre par sa noirceur… et ce n’est pas le happy end final qui parviendra à effacer les aspects les plus pessimistes de l'histoire imaginé par Loisel et Djian. On peut y voir une fable écologiste ou seulement un récit fantastique, mais c’est clair que ce Grand Mort a été une des meilleures longues séries de ce début de siècle (11 ans, 8 tomes et 520 planches tout de même… )
In Waves
Très beau récit que celui-ci, qui a réussi à me toucher alors que le pari n’était pas gagné d’avance. Ce qui marque tout d’abord, avec ce ‘In Waves’, c’est bien sûr (et il suffit de jeter un œil sur la couverture) son aspect graphique. AJ Dungo fait montre d’un talent énorme. Ses dessins combinent élégance, pureté et esthétisme. Chaque case me semble réalisée avec le même souci de recherche, d’épure, le même soin, la même cohérence pour qu’à chaque fois je reste stupéfait par l’harmonie et la douceur qui se dégagent de ce trait, de ce style démodé et moderne à la fois… intemporel en somme. Bon, c’est clair, côté visuel, je suis sous le charme. Mais bien souvent, avec ce type de livre qui s’admire pour chaque case, l’histoire a tendance à passer au second plan et l’émotion du récit n’atteint jamais l’émotion suscitée par le trait. Du coup, d’ordinaire avec ce genre d’objet j’admire… mais je ne suis pas ‘dedans’. Et bien ici, l’émotion du récit est bien réelle. Ce livre est un magnifique hommage d’un auteur pour sa compagne défunte, une œuvre emplie de respect, de pudeur… et, on y revient, d’élégance. Roman graphique par son sujet autobiographique, cette œuvre m’a marqué par sa sincérité et par la capacité de l’auteur à nous faire partager son amour pour Kristen au travers d’un portrait simple et d’une grande finesse. Finesse qui se dégage aussi dans la pertinence de l’alternance entre les pages consacrées à l’histoire du surf et celles dédiées à l’aspect autobiographique. Car en racontant les vies de Duke Kahanamoku et de Tom Blake, AJ Dungo ne se contente pas de retracer une page d’histoire. Il lie cette histoire à sa propre expérience, Duke le flamboyant et Tom le solitaire… Kristen et AJ… Elle, belle intelligente et pleine de vie et lui solitaire, renfermé, maladroit. Enfin, derrière ce drame d’une existence rongée par la maladie se love une leçon de vie, celle que nous donne Kristen qui cherchera aussi longtemps possible à ‘rester sur la vague’… et celle que nous offre AJ Dungo pour qui ce deuil est comme une vague qui parfois le submerge et parfois le laisse dans le creux. Et finalement, ce livre nous parle de résilience dans le sens le plus noble du terme, dans cette capacité qu’a l’être humain de se construire au travers de ses expériences, quand bien même celles-ci sont terriblement douloureuses.
Le Bateau de Thésée
Le bateau de Thésée qui est le titre de ce manga est un paradoxe. En effet, pour entretenir la mémoire de ce héros légendaire, ses compagnons ont maintenu en état son bateau. Cependant, au fil des années, il a fallu remplacer des pièces si bien qu’après un certain nombre d’années, il n’y avait plus rien d’origine. Peut-on alors encore parler du bateau de Thésée si tout a été remplacé ? Il s’agit maintenant de se poser la même question s’il s’agissait d’un humain régénéré chaque jour par des milliards de cellules. Voilà pour le concept. Le pitch est très intéressant puisqu’il s’agit de suivre la vie du fils d’un assassin qui aurait massacré toute une école en empoisonnant le jus d’orange lors du déjeuner à la cantine. Il y a eu beaucoup de victimes. Bien que les faits remontent à une trentaine d’années en arrière, la famille de l’assassin a subi l’opprobre. Son fils est en passe d’avoir un enfant et d'être père à son tour. Malheureusement, il perd sa bien-aimé durant l’accouchement. Par ailleurs, ses beaux-parents veulent lui prendre la garde de son bébé. On ne peut pas dire qu’on fait dans le joyeux. Pour autant, sa femme avant de mourir avait mené une enquête pour s'apercevoir de certaines incohérences qui innocenterait le père de son mari. Notre héros endeuillé retourne sur les lieux du drame et se retrouve projeté dans le passé 6 mois avant les faits sanglants. Pourra t-il changer le passé ? Il se retrouve que ce dernier croît que son père est réellement le coupable. Cependant, il va se passer des choses assez surprenantes. Je mets 4 étoiles car c’est bien réalisé aussi bien sur la forme que dans le fond. Au contraire de ma dernière lecture de thriller à savoir My Home Hero qui bénéficie de la bienveillance de la critique presse, ce titre est moins connu et pourtant, il me semble bien meilleur car il ne commet pas les mêmes erreurs. Je suis persuadé que le savoir-faire de la réalisation d’un mangaka peut faire toute la différence et c’est bien le cas en l’occurrence. Ce dernier dont c’est la première œuvre paru en France réalise un très bon thriller aux accents fantastiques.
BL Métamorphose
Mon habitude n'est absolument pas de commenter les autres avis. Cependant, je dois bien avouer que je souscrit totalement à celui de mon prédecesseur. Dans ce manga, il s'agit de la relation entre une jeune fille et une vieille mamie passionnée de manga. Cela fait voler en éclat tout ce qu'on pouvait penser sur les préjugés. On peut être unie par une même passion. Il n'y a pas d'âge pour dire ce que l'on aime par exemple. Cela renvoie également à ma propre histoire où j'adorais véritablement ma grand-mère qui aimait tout comme moi par les clips musicaux du top 50. Elle connaissait tout les artistes qu'aimaient normalement les jeunes. Aujourd'hui, je suis un peu comme elle vis à vis des plus jeunes sur de nombreuses passions entre la musique, le cinéma ou la bande dessinée. Il faut être ouvert pour rester jeune d'esprit. Cependant, ce n'est pas donné à tout le monde, j'en conviens. Tout cela pour dire que c'est le fond qui importe. L'auteur a voulu nous montrer que les échanges intergénérationnelles sont possibles si on est uni par une même passion. Le yaoi n'est alors qu'un prétexte. Je vois également qu'être lecteur de yaoi ne signifie pas pour autant qu'on est gay. On peut se prendre parfois des remarques assez blessantes qui sont toujours guidées par des a priori. Or, la nature est parfois plus complexe. En ce qui me concerne, c'est une excellente découverte. Ce manga est une vraie pépite. J'ai bien aimé le style de cette mangaka pour amener les choses. Nous avons un duo de personnages que tout oppose et qui est véritablement attachant. C'est doux, bienveillant et sympathique. Bref, une lecture qui fait du bien dans ce qu'elle a de plus attendrissant.