Cette œuvre est de toute beauté, à la fin de chaque volume, j'ai eu les larmes au yeux.
Marco, le personnage principal, est attachant à en mourir, le scénario est découpé "juste comme il faut", les dialogues sont à s'en arracher le cœur tant ils sont bien ciselés, et l'histoire, ... le fond, ... d'une vérité hélas tragique qui nous affecte tous aujourd'hui. Un chantier qui ferme, des ouvrier dégoutés, un jeune qui n'arrive pas à changer le monde, un couple qui vit des hauts et des bas, un fils en deuil, une maladie, un psy, une gamine et des gros pétards. De quoi remuer tous vos neurones un bon coup, soyez en sûrs !
Attention, par contre : j'ai 20 ans. Je pense que c'est à cette âge là que l'on peut le plus apprécier certaines facettes de ce récit : entre frustration et appréhension, je suis en train de quitter le tremplin qui est censé me faire découvrir la vie, la vraie. Le monde, le vrai. Cette BD est le reflet de toutes mes angoisses.
Je ne sais pas si à 40 ans, en lisant cette série, on ne va pas se dire "oui ... bon ... il raconte juste notre vie à tous quoi ..."
Mais croyez moi, à moins d'être un "frustré de la vie", cette BD vous donnera envie de vous mettre tout nu, de sauter sur votre lit, et de partir en courant dans la rue !!
Les dessins sont géniaux (en plein dans "la nouvelle bande dessinée"), les couleurs sont nickels.
Une BD à lire, à acheter, à offrir, puis à relire, et à adorer !
Tiens, voilà une BD qui risque de passer inaperçue et qui pourtant ne le mérite pas...
Nous voilà sur les pas de rêveurs, qui vivent des histoires extraordinaires dans leurs rêves... L'ensemble est très sympathique, à la fois débridé et maîtrisé, on est dans un univers qui vaut vraiment le coup d'oeil, la lecture...
D'autant plus que le dessin de Randall.C est très "nouvelle BD", un style propre à mettre en images à peu près tout, sans s'embarrasser de réalisme. Bon choix de sujet donc.
Coup de coeur, note finale : 3,5/5.
Ah la la la la, quel plaisir pour moi de retrouver le trait de Derib après Buddy Longway ! D'autant plus que la fin de cette série culte m'avait quand même fait franchement mal au cœur, surtout le tome 18 "La balle perdue", mais passons… Avec "Celui qui est né deux fois", c'est une deuxième chance de rêver, de voyager, de s'attacher à des personnages forts, et à nouveau d'avoir un gros pincement au cœur :'(.
Derib est, à mon sens, LE dessinateur / scénariste des indiens d'Amérique du Nord. Cette manière de rendre hommage à la nature, aux grands espaces et à la culture "peau-rouge" toute en harmonie avec la terre mère est une vraie leçon de vie. Les couleurs, même plus de 20 ans plus tard, n'ont pas vieilli d'un poil, elles sont magnifiques, quelle que soit la saison. La composition des planches, recherchée, hyper moderne pour l'époque et encore aujourd'hui, est un régal pour les yeux. Les vieux indiens à la peau tannée et ridée sont beaux, tout simplement.
"Celui qui est né deux fois" c'est l'histoire, de sa naissance à sa mort, d'un peau-rouge au destin hors du commun, et qui aura, à son grand désarroi, la vision de l'extermination des siens par les visages pâles. Plus au cœur de la vie quotidienne des indiens que Buddy Longway, ce triptyque nous fait (re)découvrir les traditions et le mode de vie de ce peuple malheureusement décimé aujourd'hui.
Derib nous raconte à chaque fois une histoire simple et sans prétention mais qui nous fait rêver et voyager, qui nous interpelle sur notre relation aux autres et à la nature, qui pointe du doigt les injustices faites à ces femmes et ces hommes qui auraient mérité au contraire admiration et respect. L'émotion est également toujours au rendez-vous et même si l'on sait d'avance le sort fait aux indiens d'Amérique, on ne peut s'empêcher d'espérer que l'histoire prenne une autre tournure, Derib est cruel ! … Mais réaliste.
Si à l'époque, les fusils et l'appât du gain et de l'or n'avaient pas eu le dessus, le monde d'aujourd'hui ne serait peut-être pas en si piteux état. Entre Buddy Longway, Yakari , "Celui qui est né deux fois" et Red Road (qu'il faut que je lise aussi un de ces quatre puisque je viens de découvrir qu'il s'agit de la suite de la présente série), Derib a su toucher un large public pour faire passer son message. Moi je suis complètement et définitivement fan.
Alors que j’avais lu les tomes de « Monster » jadis au fur et à mesure de leur parution, je me suis adonnée récemment avec grand plaisir à la relecture d’une traite de la totalité de la série. Cela m’a permis d’en apprécier la grande cohérence, qui ne saute pas aux yeux quand plusieurs mois séparent la lecture de chaque tome. Et de constater avec plaisir que sous les artifices déployés avec maestria par Urasawa pour maintenir le suspense tout du long ne se cache pas du vent, mais bel et bien une bonne et solide histoire.
Urasawa excelle dans la caractérisation de personnage. Qu’ils soit au premier plan de l’histoire ou un obscur second rôle, chaque personnage a un physique, une posture, une démarche, un caractère, et un historique qui lui est propre et détaillé avec soin. Les deux protagonistes sont à ce titre particulièrement soignés : Tenma, le docteur « loyal bon » par excellence, pétri d’humanité et de bons sentiments, qui se rend compte un jour que l’enfer est pavé de bonnes intentions et qu’en sauvant la vie d’un enfant il a déclenché un engrenage terrifiant ; et Johann, le fascinant et ambigü Johann, le « monstre » du titre, qu’on ne peut jamais haïr tant il semble autant victime que coupable, et qui est finalement attachant malgré ses crimes. J’aime également beaucoup Eva, Grimmer, Martin, Rudy, Lotte, et j’en oublie… (moins Nina, plus banale)
Nul manichéisme dans ce thriller. Toute l’histoire tourne autour de jeunes adultes issus d’un conditionnement eugénique en ex Allemagne de l’est pendant leur enfance. Mais là où la facilité aurait été de n’en montrer qu’un, ou de tous les montrer semblables, Urasawa s’emploie à nous dévoiler toute une palette de possibles : la plupart sont morts ou se sont suicidés, mais les survivants ont chacun suivi leur chemin. Johann, Nina, Grimmer, Robert (le seul véritable « méchant » de l’histoire) sont autant de destinées possibles issues d’une même éducation.
Et, quand on lit toute la série, la fin prend tout son sens. C’est une véritable fin, certes un peu ouverte, mais totalement satisfaisante.
Bien dessiné, excellemment raconté, cohérent, haletant et thématiquement riche, « Monster » mérite certainement le statut de BD culte. Cette série n’est néanmoins pas exempte de défauts : il y a des longueurs, des passages où on sent qu’Urasawa rallonge la sauce (surtout vers le milieu de la série, juste avant la capture de Tenma qui relance bien le récit). Et je n’ai personnellement pas aimé les passages où Johann adulte se déguise en femme, je ne trouve pas que ça corresponde au personnage. Mais je chipote.
Ahah, je me suis bien marré.
Cet exercice de blog, où quatre (cinq ?) auteurs ont joué le jeu du cadavre exquis en BD, est par moments un pur moment de jouissance. C'est débridé, c'est sans filet, c'est très marrant. Très vite j'ai abandonné l'idée de me demander qui avait fait quoi, pour me laisse emporter par le délire incontrôlé de ces jeunes auteurs. Et encore une fois, je me suis bien marré. Les personnages d'Ella et Claude sont très bien utilisés, moins ceux de Juan et Frédé, c'est un peu dommage.
J'ai été surpris, plutôt agréablement. Un petit 3,5/5.
Mon avis est assez identique à celui de Ro un peu plus bas.
Je suis tombé aujourd'hui sur cette BD, la couverture m'ayant attiré l'oeil et voyant "Le 1er album des auteurs de Servitude" je l'ai donc feuilletée.
Puis je l'ai lue et je dois avouer avoir été très agréablement surpris.
Une histoire très actuelle, un univers cohérent et réaliste dans un proche avenir et des dessins/colorisations de très bonne facture.
Le scénario n'est quant à lui pas en reste et vous n'êtes pas au bout de vos surprises.
Bref un très bon one shot intelligent et bien dessiné, que demander de plus?
Tiens bizarre que ce one-shot soit passé inaperçu… Kara, auteur à la forte inspiration manga, comme en témoignent Gabrielle, Le Miroir des Alices et Le Bleu du Ciel, s’est attaché les services de Masa, auteur venu du Pays du Soleil levant pour nous livrer un récit en 48 pages à l’européenne, ce qui n’a pas dû être facile à gérer. Pourtant le résultat est là, et il est plus qu’honorable. Masa, même s’il n’a pas un trait original pour un auteur de shônen, a quand même une sacrée maîtrise du genre semi-réaliste. Comme souvent chez Kara, les personnages principaux sont des jeunes femmes (et même des enfants, dont un au sexe indéterminé) qui sans être surpoumonées, n’en sont pas moins jolies. Ajoutez à cela un petit vernis « mecha », avec un soupçon de faits scientifiques (mais ici plus discrets que dans ses autres séries) et vous aurez une idée de l’environnement que Kara affectionne.
Si je suis plutôt enthousiaste sur le dessin (et les couleurs, que les deux auteurs se sont partagées), qui a été réalisé de façon traditionnelle, sans l’aide de l’ordinateur, je suis un peu plus circonspect sur la mise en scène, sur la superposition des plans. Il y a un manque de « fondu » entre le premier plan et le fond de certaines images, ce qui est un peu étrange parfois… L’autre point un peu décevant c’est le scénario. Kara part d’une guerre civile (en… France ?) au 23ème siècle, mais en parle finalement très peu pour nous propulser quelques temps plus tard, lorsqu’une veuve éplorée s’embarque pour une mission d’exploration aux confins de l’espace. Atterrissage, rencontre avec… quelque(s) chose(s), et puis pouf, ça se termine. Je n’en dis pas plus sur le déroulement, car ce serait du méchant spoiler, mais je pense qu’il y aurait eu matière à faire une histoire plus longue, de montrer un peu plus longuement et individuellement les rapports des trois exploratrices avec cette étrange planète. Il y avait matière à faire 3 ou 4 albums à mon sens. Mais d’après les dires de Kara, ce fut assez contraignant des deux côtés de la planète, la réalisation d’albums supplémentaires aurait certainement traîné en longueur…
A noter des éléments discrets mais qui, si on y prend garde, éclairent un peu le propos de Kara : le nom que les jeunes femmes donnent à la créature qu'elles rencontrent sur la planète, ainsi que la texture du décor sur certaines cases.
En résumé, une lecture assez sympathique, qui offre une petite réflexion sur les rêves, les désirs, le fait de se replier sur le passé, bien ambiancé, mais malheureusement trop court, donc un peu frustrant.
Dans cet album, il y a une dimension temporelle et une dimension intemporelle, deux dimensions espace-temps d'histoires qui s'enchevêtrent dans la vie courante, ce qui n'est pas négligeable pour l'intellect.
L'histoire est émouvante, sans parler de la référence au mythe de Lucie, aveugle -ce qui a aussi son importance- , histoire de deux êtres qui ne devraient pas se rencontrer et qui se rencontrent, à un moment particulier et singulier de leur vie où ils ont, aussi, le temps de se raconter et d'échanger !
Beaucoup d'illustrations sont magnifiques, les planches reproduisant l'atmosphère de la Bretagne, ses ciels, ses sites, et les paysages chinois et la matière de Chine, là aussi la rencontre de mondes différents qui peuvent se rejoindre et nombre de rappels de culture très intéressants.
Pour cette ouverture à des mondes intérieurs et à des philosophies différentes de la vie, par rapport au monde urbain, pour ces illustrations superbes dessinées avec un soin extrême, pour les yeux de Pierre et les mimiques de Lucie, je conseille vivement la lecture de cet album, que je pense plus accessible aux sensibilités teintée d'intellectualisme de la gente féminine, mais ce sont les meilleures lectrices !
Après la lecture des 6 tomes.
Je vais faire court après tout ce qui a été dit.
J'ai adoré le scénario suivant sa logique de bout en bout. L'histoire est rythmé, dense, passionnante, etc...
Le dessin n'est pas en reste, il est très détaillé, les couleurs et fonds informatisés sont très réussis.
Cette série n'a pas vraiment de défaut, ne pas l'apprécier revient à ne pas apprécier la science fiction.
On voit clairement que le sujet est maitrisé et que Bajram savait où il allait.
Il y a ce qu'il faut mais pas trop.
Un excellent projet mené de mains de maitre.
Waouh, ça c'est de la claque visuelle comme j'en ai rarement reçue ! Le duo Prugne / Oger n'avait pas su me convaincre avec Canoë Bay mais ici je suis scotchée ! J'ai fait l'acquisition de l'intégrale haute densité de ce triptyque après que mon libraire me l'ait montrée en me disant que le petit format pour cette BD était une injure au talent du dessinateur… moi j'ai trouvé que la miniaturisation du dessin de Prugne était une aubaine, car c'est le grand format (entre autres) de Canoë Bay qui m'avait un peu rebutée avec ses grandes cases un peu vides (et très oranges). Je n'ai pas eu l'occasion de feuilleter cette histoire dans sa taille d'origine mais graphiquement, le format compacté m'a semblé parfaitement adapté et il ne nuit pas du tout à la lecture des dialogues dont la taille reste plus que correcte.
Graphiquement donc, rien à dire, c'est du grand art, le trait est précis et juste, les perspectives, les angles de vue, les cadrages sont parfaits, variés, bien choisis. La mise en couleur est à tomber par terre, je n'aime pas dire du mal, mais le rendu du mauvais temps Breton est une petite merveille ! Luminosité, mouvement, architectures, morphologies, expressions des visages, fureur des éléments, Patrick Prugne vient rejoindre sans hésiter Vink et Beatrice Tillier au top de mes dessinateurs BD "franco-belge" préférés.
Le scénario est un habile et crédible mélange de légende bretonne, de fable fantastique et de vengeance "divine", le tout raconté par un vieux bonhomme malade à un écrivain en mal d'inspiration, un peu comme un vieux souvenir à faire passer à la postérité pour qui voudra bien y croire. La construction du récit est très bonne, on passe régulièrement des échanges "actuels" entre l'écrivain et le vieux à la mise en scène des souvenirs eux-mêmes, le récit laisse régulièrement la place aux scènes et dialogues d'époque, créant ainsi un équilibre parfaitement dosé dans la mise en scène entre passé et "présent", action et narration. Même si l'identité du vieux bonhomme ne reste pas un mystère très longtemps, la chute nous replonge finalement dans l'expectative, j'avais un peu peur que la conclusion de la série me déçoive et brise l'élan créé par l'histoire et le dessin, il n'en fut rien, à mon grand soulagement.
A acheter, lire, relire ou simplement re-feuilleter juste pour la contemplation.
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Le Combat ordinaire
Cette œuvre est de toute beauté, à la fin de chaque volume, j'ai eu les larmes au yeux. Marco, le personnage principal, est attachant à en mourir, le scénario est découpé "juste comme il faut", les dialogues sont à s'en arracher le cœur tant ils sont bien ciselés, et l'histoire, ... le fond, ... d'une vérité hélas tragique qui nous affecte tous aujourd'hui. Un chantier qui ferme, des ouvrier dégoutés, un jeune qui n'arrive pas à changer le monde, un couple qui vit des hauts et des bas, un fils en deuil, une maladie, un psy, une gamine et des gros pétards. De quoi remuer tous vos neurones un bon coup, soyez en sûrs ! Attention, par contre : j'ai 20 ans. Je pense que c'est à cette âge là que l'on peut le plus apprécier certaines facettes de ce récit : entre frustration et appréhension, je suis en train de quitter le tremplin qui est censé me faire découvrir la vie, la vraie. Le monde, le vrai. Cette BD est le reflet de toutes mes angoisses. Je ne sais pas si à 40 ans, en lisant cette série, on ne va pas se dire "oui ... bon ... il raconte juste notre vie à tous quoi ..." Mais croyez moi, à moins d'être un "frustré de la vie", cette BD vous donnera envie de vous mettre tout nu, de sauter sur votre lit, et de partir en courant dans la rue !! Les dessins sont géniaux (en plein dans "la nouvelle bande dessinée"), les couleurs sont nickels. Une BD à lire, à acheter, à offrir, puis à relire, et à adorer !
Les Somnambules
Tiens, voilà une BD qui risque de passer inaperçue et qui pourtant ne le mérite pas... Nous voilà sur les pas de rêveurs, qui vivent des histoires extraordinaires dans leurs rêves... L'ensemble est très sympathique, à la fois débridé et maîtrisé, on est dans un univers qui vaut vraiment le coup d'oeil, la lecture... D'autant plus que le dessin de Randall.C est très "nouvelle BD", un style propre à mettre en images à peu près tout, sans s'embarrasser de réalisme. Bon choix de sujet donc. Coup de coeur, note finale : 3,5/5.
Celui qui est né deux fois
Ah la la la la, quel plaisir pour moi de retrouver le trait de Derib après Buddy Longway ! D'autant plus que la fin de cette série culte m'avait quand même fait franchement mal au cœur, surtout le tome 18 "La balle perdue", mais passons… Avec "Celui qui est né deux fois", c'est une deuxième chance de rêver, de voyager, de s'attacher à des personnages forts, et à nouveau d'avoir un gros pincement au cœur :'(. Derib est, à mon sens, LE dessinateur / scénariste des indiens d'Amérique du Nord. Cette manière de rendre hommage à la nature, aux grands espaces et à la culture "peau-rouge" toute en harmonie avec la terre mère est une vraie leçon de vie. Les couleurs, même plus de 20 ans plus tard, n'ont pas vieilli d'un poil, elles sont magnifiques, quelle que soit la saison. La composition des planches, recherchée, hyper moderne pour l'époque et encore aujourd'hui, est un régal pour les yeux. Les vieux indiens à la peau tannée et ridée sont beaux, tout simplement. "Celui qui est né deux fois" c'est l'histoire, de sa naissance à sa mort, d'un peau-rouge au destin hors du commun, et qui aura, à son grand désarroi, la vision de l'extermination des siens par les visages pâles. Plus au cœur de la vie quotidienne des indiens que Buddy Longway, ce triptyque nous fait (re)découvrir les traditions et le mode de vie de ce peuple malheureusement décimé aujourd'hui. Derib nous raconte à chaque fois une histoire simple et sans prétention mais qui nous fait rêver et voyager, qui nous interpelle sur notre relation aux autres et à la nature, qui pointe du doigt les injustices faites à ces femmes et ces hommes qui auraient mérité au contraire admiration et respect. L'émotion est également toujours au rendez-vous et même si l'on sait d'avance le sort fait aux indiens d'Amérique, on ne peut s'empêcher d'espérer que l'histoire prenne une autre tournure, Derib est cruel ! … Mais réaliste. Si à l'époque, les fusils et l'appât du gain et de l'or n'avaient pas eu le dessus, le monde d'aujourd'hui ne serait peut-être pas en si piteux état. Entre Buddy Longway, Yakari , "Celui qui est né deux fois" et Red Road (qu'il faut que je lise aussi un de ces quatre puisque je viens de découvrir qu'il s'agit de la suite de la présente série), Derib a su toucher un large public pour faire passer son message. Moi je suis complètement et définitivement fan.
Monster
Alors que j’avais lu les tomes de « Monster » jadis au fur et à mesure de leur parution, je me suis adonnée récemment avec grand plaisir à la relecture d’une traite de la totalité de la série. Cela m’a permis d’en apprécier la grande cohérence, qui ne saute pas aux yeux quand plusieurs mois séparent la lecture de chaque tome. Et de constater avec plaisir que sous les artifices déployés avec maestria par Urasawa pour maintenir le suspense tout du long ne se cache pas du vent, mais bel et bien une bonne et solide histoire. Urasawa excelle dans la caractérisation de personnage. Qu’ils soit au premier plan de l’histoire ou un obscur second rôle, chaque personnage a un physique, une posture, une démarche, un caractère, et un historique qui lui est propre et détaillé avec soin. Les deux protagonistes sont à ce titre particulièrement soignés : Tenma, le docteur « loyal bon » par excellence, pétri d’humanité et de bons sentiments, qui se rend compte un jour que l’enfer est pavé de bonnes intentions et qu’en sauvant la vie d’un enfant il a déclenché un engrenage terrifiant ; et Johann, le fascinant et ambigü Johann, le « monstre » du titre, qu’on ne peut jamais haïr tant il semble autant victime que coupable, et qui est finalement attachant malgré ses crimes. J’aime également beaucoup Eva, Grimmer, Martin, Rudy, Lotte, et j’en oublie… (moins Nina, plus banale) Nul manichéisme dans ce thriller. Toute l’histoire tourne autour de jeunes adultes issus d’un conditionnement eugénique en ex Allemagne de l’est pendant leur enfance. Mais là où la facilité aurait été de n’en montrer qu’un, ou de tous les montrer semblables, Urasawa s’emploie à nous dévoiler toute une palette de possibles : la plupart sont morts ou se sont suicidés, mais les survivants ont chacun suivi leur chemin. Johann, Nina, Grimmer, Robert (le seul véritable « méchant » de l’histoire) sont autant de destinées possibles issues d’une même éducation. Et, quand on lit toute la série, la fin prend tout son sens. C’est une véritable fin, certes un peu ouverte, mais totalement satisfaisante. Bien dessiné, excellemment raconté, cohérent, haletant et thématiquement riche, « Monster » mérite certainement le statut de BD culte. Cette série n’est néanmoins pas exempte de défauts : il y a des longueurs, des passages où on sent qu’Urasawa rallonge la sauce (surtout vers le milieu de la série, juste avant la capture de Tenma qui relance bien le récit). Et je n’ai personnellement pas aimé les passages où Johann adulte se déguise en femme, je ne trouve pas que ça corresponde au personnage. Mais je chipote.
Chicou Chicou
Ahah, je me suis bien marré. Cet exercice de blog, où quatre (cinq ?) auteurs ont joué le jeu du cadavre exquis en BD, est par moments un pur moment de jouissance. C'est débridé, c'est sans filet, c'est très marrant. Très vite j'ai abandonné l'idée de me demander qui avait fait quoi, pour me laisse emporter par le délire incontrôlé de ces jeunes auteurs. Et encore une fois, je me suis bien marré. Les personnages d'Ella et Claude sont très bien utilisés, moins ceux de Juan et Frédé, c'est un peu dommage. J'ai été surpris, plutôt agréablement. Un petit 3,5/5.
Live war heroes
Mon avis est assez identique à celui de Ro un peu plus bas. Je suis tombé aujourd'hui sur cette BD, la couverture m'ayant attiré l'oeil et voyant "Le 1er album des auteurs de Servitude" je l'ai donc feuilletée. Puis je l'ai lue et je dois avouer avoir été très agréablement surpris. Une histoire très actuelle, un univers cohérent et réaliste dans un proche avenir et des dessins/colorisations de très bonne facture. Le scénario n'est quant à lui pas en reste et vous n'êtes pas au bout de vos surprises. Bref un très bon one shot intelligent et bien dessiné, que demander de plus?
Réalités
Tiens bizarre que ce one-shot soit passé inaperçu… Kara, auteur à la forte inspiration manga, comme en témoignent Gabrielle, Le Miroir des Alices et Le Bleu du Ciel, s’est attaché les services de Masa, auteur venu du Pays du Soleil levant pour nous livrer un récit en 48 pages à l’européenne, ce qui n’a pas dû être facile à gérer. Pourtant le résultat est là, et il est plus qu’honorable. Masa, même s’il n’a pas un trait original pour un auteur de shônen, a quand même une sacrée maîtrise du genre semi-réaliste. Comme souvent chez Kara, les personnages principaux sont des jeunes femmes (et même des enfants, dont un au sexe indéterminé) qui sans être surpoumonées, n’en sont pas moins jolies. Ajoutez à cela un petit vernis « mecha », avec un soupçon de faits scientifiques (mais ici plus discrets que dans ses autres séries) et vous aurez une idée de l’environnement que Kara affectionne. Si je suis plutôt enthousiaste sur le dessin (et les couleurs, que les deux auteurs se sont partagées), qui a été réalisé de façon traditionnelle, sans l’aide de l’ordinateur, je suis un peu plus circonspect sur la mise en scène, sur la superposition des plans. Il y a un manque de « fondu » entre le premier plan et le fond de certaines images, ce qui est un peu étrange parfois… L’autre point un peu décevant c’est le scénario. Kara part d’une guerre civile (en… France ?) au 23ème siècle, mais en parle finalement très peu pour nous propulser quelques temps plus tard, lorsqu’une veuve éplorée s’embarque pour une mission d’exploration aux confins de l’espace. Atterrissage, rencontre avec… quelque(s) chose(s), et puis pouf, ça se termine. Je n’en dis pas plus sur le déroulement, car ce serait du méchant spoiler, mais je pense qu’il y aurait eu matière à faire une histoire plus longue, de montrer un peu plus longuement et individuellement les rapports des trois exploratrices avec cette étrange planète. Il y avait matière à faire 3 ou 4 albums à mon sens. Mais d’après les dires de Kara, ce fut assez contraignant des deux côtés de la planète, la réalisation d’albums supplémentaires aurait certainement traîné en longueur… A noter des éléments discrets mais qui, si on y prend garde, éclairent un peu le propos de Kara : le nom que les jeunes femmes donnent à la créature qu'elles rencontrent sur la planète, ainsi que la texture du décor sur certaines cases. En résumé, une lecture assez sympathique, qui offre une petite réflexion sur les rêves, les désirs, le fait de se replier sur le passé, bien ambiancé, mais malheureusement trop court, donc un peu frustrant.
Pas à pas
Dans cet album, il y a une dimension temporelle et une dimension intemporelle, deux dimensions espace-temps d'histoires qui s'enchevêtrent dans la vie courante, ce qui n'est pas négligeable pour l'intellect. L'histoire est émouvante, sans parler de la référence au mythe de Lucie, aveugle -ce qui a aussi son importance- , histoire de deux êtres qui ne devraient pas se rencontrer et qui se rencontrent, à un moment particulier et singulier de leur vie où ils ont, aussi, le temps de se raconter et d'échanger ! Beaucoup d'illustrations sont magnifiques, les planches reproduisant l'atmosphère de la Bretagne, ses ciels, ses sites, et les paysages chinois et la matière de Chine, là aussi la rencontre de mondes différents qui peuvent se rejoindre et nombre de rappels de culture très intéressants. Pour cette ouverture à des mondes intérieurs et à des philosophies différentes de la vie, par rapport au monde urbain, pour ces illustrations superbes dessinées avec un soin extrême, pour les yeux de Pierre et les mimiques de Lucie, je conseille vivement la lecture de cet album, que je pense plus accessible aux sensibilités teintée d'intellectualisme de la gente féminine, mais ce sont les meilleures lectrices !
Universal War One
Après la lecture des 6 tomes. Je vais faire court après tout ce qui a été dit. J'ai adoré le scénario suivant sa logique de bout en bout. L'histoire est rythmé, dense, passionnante, etc... Le dessin n'est pas en reste, il est très détaillé, les couleurs et fonds informatisés sont très réussis. Cette série n'a pas vraiment de défaut, ne pas l'apprécier revient à ne pas apprécier la science fiction. On voit clairement que le sujet est maitrisé et que Bajram savait où il allait. Il y a ce qu'il faut mais pas trop. Un excellent projet mené de mains de maitre.
L'Auberge du Bout du Monde
Waouh, ça c'est de la claque visuelle comme j'en ai rarement reçue ! Le duo Prugne / Oger n'avait pas su me convaincre avec Canoë Bay mais ici je suis scotchée ! J'ai fait l'acquisition de l'intégrale haute densité de ce triptyque après que mon libraire me l'ait montrée en me disant que le petit format pour cette BD était une injure au talent du dessinateur… moi j'ai trouvé que la miniaturisation du dessin de Prugne était une aubaine, car c'est le grand format (entre autres) de Canoë Bay qui m'avait un peu rebutée avec ses grandes cases un peu vides (et très oranges). Je n'ai pas eu l'occasion de feuilleter cette histoire dans sa taille d'origine mais graphiquement, le format compacté m'a semblé parfaitement adapté et il ne nuit pas du tout à la lecture des dialogues dont la taille reste plus que correcte. Graphiquement donc, rien à dire, c'est du grand art, le trait est précis et juste, les perspectives, les angles de vue, les cadrages sont parfaits, variés, bien choisis. La mise en couleur est à tomber par terre, je n'aime pas dire du mal, mais le rendu du mauvais temps Breton est une petite merveille ! Luminosité, mouvement, architectures, morphologies, expressions des visages, fureur des éléments, Patrick Prugne vient rejoindre sans hésiter Vink et Beatrice Tillier au top de mes dessinateurs BD "franco-belge" préférés. Le scénario est un habile et crédible mélange de légende bretonne, de fable fantastique et de vengeance "divine", le tout raconté par un vieux bonhomme malade à un écrivain en mal d'inspiration, un peu comme un vieux souvenir à faire passer à la postérité pour qui voudra bien y croire. La construction du récit est très bonne, on passe régulièrement des échanges "actuels" entre l'écrivain et le vieux à la mise en scène des souvenirs eux-mêmes, le récit laisse régulièrement la place aux scènes et dialogues d'époque, créant ainsi un équilibre parfaitement dosé dans la mise en scène entre passé et "présent", action et narration. Même si l'identité du vieux bonhomme ne reste pas un mystère très longtemps, la chute nous replonge finalement dans l'expectative, j'avais un peu peur que la conclusion de la série me déçoive et brise l'élan créé par l'histoire et le dessin, il n'en fut rien, à mon grand soulagement. A acheter, lire, relire ou simplement re-feuilleter juste pour la contemplation.