Je ne suis pas grand consommateur de comics, encore moins spécialiste. Même si je ne peux trahir les bons vieux souvenirs épars des Strange, Nova ou Titan de ma prime adolescence, mes seules autres piètres références se noient dans un salmigondis de productions cinématographiques nées de la fièvre d’adaptation qui s’est emparée des studios depuis une petite dizaine d’années. Ces distractions souvent académiques, déballant avec diverse inspiration leur dose spectaculaire syndicale et leurs codes moralisateurs à la psychologie sirupeuse ou carrément au ras de la moquette, ne m’ont jamais mis en appétit pour rouvrir un Marvel, un DC ou autre.
Mais là, la curiosité titillée, affriolée des sympathiques avis de l’étage du dessous, j’ai retrouvé assez d’enthousiasme pour risquer le bout de mon nez dans ce fameux Kick-Ass. Et je me suis fait botter les fesses ! Dès la planche d’ouverture, j’ai dégringolé dans ses filets. Attrapé par la trame narrative accrocheuse, énergique, et sous l’efficacité redoutable d’une voix off à la première personne qui m’a scotché en moins de deux à la psyché de son héros. Chahuté par un dessin dynamique et bariolé (pas avare en globules rouges) convoquant des bouilles engageantes aux émotions justes et sobres. Terrassé par un scénario immersif, inattendu, qui dégomme les stéréotypes et se vautre avec jubilation dans une outrance dopée au cabotinage d’acteurs borderline.
Comment ont-ils pu oser mettre en scène Hit-Girl ? Cette gamine se transformant sans le moindre état d’âme en une « trancheuse à jambons » dont la propension joviale et inventive à faire dans le massacre ou la réduction des corps traduit un degré de violence, de trouble d’autant plus pervers et jouissif qu’il s’accomplit sous le regard approbateur de Big-Daddy, son acolyte, et accessoirement son papa. Ou encore se hasarder, dans une délectation à peine dissimulée, à faire systématiquement déchirer la tronche de leur personnage principal ? Un adolescent en manque de reconnaissance et enfiévré de lectures, qui n’a pas d’idée plus saugrenue que de mimer ses modèles de papier : ça doit être cool de faire le super héros ! Bâti comme un glaviot, sans aucun pouvoir ni la moindre once de culture martiale, dérisoirement séparé de la réalité par les quelques misérables millimètres d’un néoprène moule-ce-qu’il-peut d’occasion, il lui faudra une dose de courage et d’abnégation (de connerie aussi forcément) inaccessible au commun des mortels pour oser franchir le pas et défier toute une faune de zonards et autres truands excellant dans l’art douloureux du comment bien vous endormir. Mais, bonjour monde réel ! Ici, rien n’a changé. Les beignes font toujours gonfler le visage et les coups de lame pisser l’hémoglobine. N’est pas surhomme qui veut ! La fragilité, l’inconscience et l’incompétence se dévoilent d’autant plus « frappantes » que notre héros, néo-pugilomètre certifié, accumule séjours à l’hosto et passages à l’infirmerie. Et contre toute attente, parmi d’irrésistibles envies de rire vachardes, on se découvre un vrai attachement pour cet imbécile heureux, un embryon de respect devant son obsession futile, voire une lueur d’espoir quand elle se verra enfin couronnée.
À force de jouer le jeu, on se surprend à y croire. Et, l’espace d’un instant, on se fantasmerait presque en Don Quichotte de quartier : ah ! Oser remettre les poings sur les i (et pourquoi pas les yeux) de cet âne qui s’obstine à gaver ma boite aux lettres déjà dégobillant de pubs ou cicatriser à coups de 42 le sphincter du caniche de ce con (il est vraiment trop balèze…) de mon inconvenant voisin, qui expulse depuis trop longtemps ses matinaux et gluants colis devant l’entrée de l’immeuble. Mais je m’égare… Tous ces personnages, je les ai kiffés à mort ! Ça me démange d’en connaître tellement plus sur eux. Et d’espérer pour le futur des supers méchants impitoyables ou peau de banane, à la mesure de nos nouveaux héros. En attendant, Millar et Romita ont déjà mis dans le mille. Leur mise en abîme parodique est respectueuse et s’éclaire d’une incorrection de bon goût. Que ce soit dans les escapades justicières ou l’évocation du quotidien pubère, éraflant gentiment au passage le côté geek des ados, elle se teinte d’une analyse assez subtile des notions d’identification, de justice ou de rapport à la violence. Elle atteindra à coup sûr sa cible boutonneuse tant elle parle si bien son langage, mais ne manquera pas non plus d’entraîner dans son sillage les amateurs de divertissement joliment troussé comme moi, les régalant d’une récréation rythmée, choquante et jubilatoire dont on ressent la motivation première : le plaisir du lecteur.
En voilà une série qui commence franchement bien !
Meteors c’est l’histoire de Noria, une adolescente tourmentée, avec une mère qui la laisse régulièrement pour partir en missions spatiales de plusieurs années. C’est une histoire qui nous parle de la découverte d’un cosmonaute russe retrouvé dérivant dans l’espace alors qu’il devrait être mort depuis 1973 si l’on se fie aux archives officielles. C’est une histoire qui parle d’un projet spatial russe qui aurait été mené en secret dans la période où les américains ont posé le pied sur la Lune. C’est une histoire où une partie des terriens s’est transportée sur une base martienne ... C’est une histoire où l’héroïne a une mémoire « comparable à celle du Pan Troglodytes »…
...Oh mais dites-moi, ça ne vous rappellerait pas Le Complexe du Chimpanzé tout ça ? Alors que j'ai aimé l’œuvre de Ponzio et Marazzano, ce parallèle m’a fait très peur quand j’ai commencé à le déceler. Mais le parallèle s’arrête là et la trame de l’histoire, entre gouvernance politique par des IA, zones franches dites "analogiques", nano-pollution, domotique et cohabitations homme / machines-en-tous-genres est complètement différente de l'œuvre sus-citée.
On débarque dans Meteors en 2134 à une époque où les rênes du pouvoir ont été cédées par l'Homme à des IA qui usent de toutes les bassesses et trahisons pour maintenir la population dans une saine ignorance, et où des groupuscules humains contestataires cherchent à développer des technologies nouvelles pour trouver de quoi contrer ce nouveau règne numérique totalitaire. La toute puissance des IA est en danger !
Le scénario est riche et fort bien construit, il est servi par un dessin très efficace : flashs backs parfaitement identifiables ou styles graphiques des bulles bien distincts entre les IA et les humains, tout est là pour ne pas perdre le lecteur dans cet univers complexe et futuriste.
Le dessin m’a beaucoup plu malgré son trait un peu approximatif et anguleux, je pense que c’est surtout grâce aux couleurs que j’ai trouvées très réussies, dans certaines planches on voit notamment la lumière naturelle et l’éclat artificiel des néons cohabiter et le rendu est superbe, superbe aussi le Sahara de nuit du tout début de l’histoire ou encore certaines vues de l’espace. Les visages sont parfois moyens mais la seule case où Noria pleure l’absence de sa mère rattrape toutes les autres. C'est dynamique, c'est détaillé, c'est riche : que demander de plus !
Le tome 2 est toujours aussi joliment dessiné et colorisé, rien à dire, par contre je trouve que ça "zappe" beaucoup entre les différentes petits intrigues qui se trament à droite et à gauche, ça donne du rythme, mais c'est un peu fatiguant à la longue.
Le tome 3 qui conclut la série est un poil décevant graphiquement, les couleurs sont toujours aussi réussies mais le trait est souvent approximatif. Au niveau de l'histoire, la fin est moins spectaculaire que ce à quoi je m'attendais, ça manque d'explications, peut-être aurai-il fallu prévoir un quatrième tome... pas si mal quand même, mais pas à la hauteur de mes espérances sur les 2 premiers opus.
Voila une de mes bandes dessinées préférées du moment, et je pense en toute objectivité une des plus prometteuses....
Les histoires sont en deux tomes, chacun consacré à un élément (10 tomes prévus, avec le néant en dernier cycle). On suit les aventures de Okko un ronin (samurai sans honneur), noburo le guerrier démon, le moine Noshin et son apprenti Tikku. Tout d'abord, je tiens à signaler que les personnages sont parfaitement complémentaires, certains apportant de l'humour, d'autres de la profondeur au récit, de plus leurs capacités respectives leur donnent une grande force d'action. Chaque cycle nous présente aussi de nouveaux personnages, très intéressants, et comblant l'onomastique définitivement réussie de ces aventures.
L'histoire débute fort, on est tout de suite plongés dans ces aventures, bien que les premiers tomes soient inférieurs aux seconds pour les deux premiers cycles.
Le premier cycle est agréable, met très bien en place les principaux protagonistes et le monde (qui est le Japon des Samurai, avec quelques ingrédients fantasy), et offre des aventures très plaisantes.
Le second commence moins bien, le premier tome du cycle traine un peu en longueur selon moi, mais le tir est parfaitement corrigé avec le quatrième tome, le meilleur de la série, une référence en matière de scénario et d'aventures !
Enfin, le troisième cycle commence très fort et le prochain tome à paraitre promet d'être passionnant. Ce cycle nous explique un peu plus du passé de Okko, et donne beaucoup de profondeur à la série, nous fait encore plus accrocher !
Le dessin est très réussi, quoique conventionnel, et le découpage est très lisible et dynamique.
Bref, si vous ne connaissez pas encore, courrez l'acheter, vous ne serez pas déçus !
Jazz Maynard s’est mon gros coup de cœur du moment.
Je dois dire que j’ai été bluffé, tout d’abord le scénario est béton. Tout est relativement bien pensé, riche en rebondissement, en flash back, en humour et en péripéties. Ensuite l’ensemble est incroyablement fluide, il faut dire que certains scénaristes auraient pu faire traîner la même histoire sur dix tomes, ici il n’en est pas question. L’histoire avance à toute allure sans nous perdre en chemin.
De plus le cadrage est vraiment audacieux. La mise en scène est vraiment appréciable. Nous passons d’un endroit à un autre, d’un personnage à un second, d’une époque à deuxieme différente, le tout d’une façon déconcertante. Il n’y a aucune difficulté à suivre le fil des pensées de notre auteur, cela est terriblement bien fait.
D’autre part le dessin auquel j'avais tant de reproches à faire au premier abord sert vraiment de bonne façon cette histoire. Il est différent, il a son propre caractère et fluidifie la lecture. Lecture qui peut s’emballer et se faire à toute vitesse dans les périodes de forte activité de nos protagonistes.
Bien sûr on pourra reprocher le coté déjà vu mais pour ma part je trouve qu’il s’en passe des choses dans cette série ! Alors déjà vu, effectivement, mais réunis ensemble pas forcement. En général nous n'avons qu’une des « péripéties annoncées » comme par exemple : le sauveur qui vient délivrer sa sœur qui a été enlevé et prostitué de force . Ce qui pourrait chez un autre scénariste faire une série entière, pour le nôtre, de scénariste, en l’occurrence, Raule, cette même péripétie sert de point de départ auquel vient se greffer : des diamants, des amis truands, une sorte de triade, un maire pourri, un policier qui en veut, un casse, des anciens amours, et la liste n’est pas finie !
Apres cette série espagnole (si je ne me trompe pas…) je me suis immédiatement tourné vers l’autre série hispanique au dessin particulier du moment. J’ai nommé Ken Games et bien tout comme pour Jazz Maynard, j’ai été enchanté ! Pas mal ses espagnoles !
Je me suis procuré le tome 4 de Jazz Maynard. Il présenté comme une histoire à tome unique, or, il me semble, ou du moins j’espère, qu’il s’agit plutôt du premier tome d’un nouveau cycle. Trop de pistes sont commencé, trop d’ébauches de nouvelle péripétie sont engagées, il y a là bon nombre d’interrogations…
Ce tome pose encore plus de questions qu’il n’apporte de réponses, ce qui n'est pas mal en soi, bien sûr, mais il va nous falloir nous apporter les réponses. S’il s’agit d’un tome d’introduction pour un nouveau cycle celui ci commence vraiment bien.
A contrario s’il s’agit réellement d’un one shot, je trouve ce tome parfaitement inutile…
L’achat de ce quatrième tome est donc dispensable en attendant l’année prochaine et la sortie éventuelle d’une suite…
(17/20)
C'est quand même assez énorme. Moore débarque sur la série pour reprendre la suite de Martin Pasko. A l'époque, la série avait été relancée pour la sortie du film, et l'auteur avait enchainé 19 numéros avant de passer le relais.
C'est alors que Moore débarque. Il clôt une partie de subplot laissé en jachère par Pasko, et pose déjà les jalons vers sa propre histoire, qui commence véritablement au #21. Et là, c'est un peu la folie. En effet, Moore va complètement redéfinir le personnage et même la nature même du personnage rien que dans cet épisode. Fini le Alec Hallond transformé en plante. Exit l'être humain. D'ailleurs, c'est exactement de que l'auteur fait, il dépouille son personnage de toute humanité.
S'en suit un premier arc où le Swamp Thing va venir affronter Jason Woodrue, un autre être lié aux plantes.
Et là, Moore va faire encore très fort. Il va utiliser la dualité entre les deux personnages pour continuer à redéfinir ce qui est désormais son perso. Il va jouer sur le lien entre les deux personnages, ce qui les lie, la nature, leur inhumanité et pousser cela jusqu'à l'extrême pour Woodrue. C'est juste de la folie. C'est d'ailleurs grâce à cette folie qu'il va rendre un peu d'humanité au Swamp Thing.
Lors de l'arc qui clôt ce tome, le Swamp Thing affrontera un démon qui se nourri de la peur. Il y fera équipe avec Etrigan.
Ici l'arc est bien plus posé que le précédent, même s'il comporte des scènes de folie, comme celle ou l'on comprend pourquoi l'enfant à moitié fou veut toujours tout épeler.
Dans le même temps, il utilise aussi le cast de la série pour poser d'autres intrigues ou montrer différentes facettes de son héros. Il y a Abby, dont la relation avec le Swamp Thing est de plus en plus ambigüe. Ou son mari, Matt, qui sombre et sombre jusqu'à l'irréparable.
A travers la galerie de personnages de ce premier volume, on se rend compte d'une chose assez frappante. Après en avoir fait un pur monstre et l'avoir dépouillé de toute humanité, Moore fait de son personnage celui qui a l'air le plus humain de tous. Que ce soit Woodrue qui finira par fondre un fusible et rejeter violemment son humanité, la JLA qui lors de sa courte apparition semble jauger les humains de très haut dans leur satellite tels des Dieux, ou même Matt, ses visions et son alcoolisme, Swamp Thing apparait clairement comme le plus humain de tous.
Au dessin, Stephen Bissette et John Totleben, c'est beau. Évidemment, c'est très spécial, j'en convient (presque). Mais qu'est-ce-que c'est beau et plein de cadrages, de pages, assez expérimentales, de splash ou tout est fondu en un dessin pour une séquence. D'ailleurs, les pages avec le titre intégré au dessin sont très souvent excellentes.
Le Swamp Thing est fort, massif et plein d'humanité dans le regard (juste la couv' bordel, regardez ses yeux !).
Et Abby est belle.
Et encore une fois, ce dessin très particulier colle parfaitement au scénario de Moore et à la folie qui s'en dégage.
Un petit mot vite fait sur l'édition. Donc comme dit plus haut, c'est apparemment la première édition à intégrer cette épisode 20 où Moore finit le taf de Pasko. Même si le livre s'ouvre donc en pleine bataille, ça reste hyper compréhensible.
Il y a deux introductions, l'une de Len Wein qui raconte un peu l'histoire de la série et du perso (l'anecdote sur sa création est très sympa, l'autre est de Ramsey Campbell.)
L'édition est vraiment très belle, papier de bonne qualité, traduction soignée.
Pour finir, que dire, sinon lisez ce truc. Moore qui s'est un peu fait spécialiste de la reprise de perso nous livre ici un récit fort sur tous les points, et qui ne comporte pas encore cette manie qu'a l'auteur a de vouloir en faire le plus possible et des fois trop. Ça reste simple, posé et très accessible. Et pourtant, très fort, dense et magnifique.
Ajoutez à cela les dessins absolument magnifiques de Bissette et Totleben et vous aurez un ouvrage incontournable à mon goût.
Voilà une série que j’ai commencée grâce aux avis ci dessous, comme beaucoup je n’etais pas particulièrement attiré par le dessin.
Finalement après m’être lancé, je ne suis absolument pas déçu. On se laisse très facilement transporter par le récit de ces différents personnages qui se croisent et se recroisent avec comme toile de fond, pour le début de la saga, les années 30 et la monté du nazisme.
J’affectionne tout particulièrement les récits historiques parsemés de romances, et, il faut le dire avec cette série j’ai été plus que servi.
La trame de fond est très instructive, relativement différente des histoires traitant du nazisme et de la seconde guerre mondiale ; tout simplement parce que ce récit commence en aval. Nous assistons donc à la monté du fanatisme, des explications nous sont même proposées pour essayer de comprendre comment les gens ont pu se laisser embarquer là dedans.
De plus suivre cette frénésie remplie de fureur, de différents points de vue est vraiment une bonne chose, allemand, français, juif, tous sont réunis, les amours se font et se défont.
Les amours car oui, finalement comme le titre l’indique, sont nombreux, et pas cucul pour un sou. Nous suivons donc plusieurs histoires sur plusieurs années ce qui évite quelque peu les clichés et permet de relativiser les passades amoureuses, moins intéressantes, voire légèrement fades…
(16/20)
Unique et si grandiose.
Je n'ai pas souvenir de m'être à ce point immergé dans une BD.
L'univers et l'ambiance du récit sont extrêmement riches. Les dialogues sont d'une finesse et leur contenu d'une rare intelligence. Beaucoup de sujets sont abordés de façon imagée.
Le personnage principal est un policier philosophe a qui l'on charge de résoudre une enquête très complexe. Le résultat peut empêcher un conflit entre deux races vivant sur une même planète. Dans les faits, c'est bien plus complexe, pourtant la lecture coule de source.
Le dessin est épuré mais créé un environnement si personnel.
Il est au service du scénario mais lui apporte un plus indéniable. C'est purement subjectif car au premier abord le ressenti visuel n'est pas exceptionnel.
Il y a une osmose dans le travail des auteurs dans ce récit. Le résultat est bluffant, le lecteur est entrainé dans une autre dimension le temps de cette lecture.
J'en redemande car une suite serait à envisager tant l'univers mis en place et le personnage d'Elijah sont intéressants. Mais malheureusement dans le final il y a un élément qui ne laisse pas cette opportunité possible.
Du très très grand, merci aux auteurs et à Futuropolis.
Julius Corentin Acquefacques est un anti-héros qui évolue dans un univers imaginaire qui permet d'aborder pas mal de thèmes philosophiques sur notre position (en terme de dimension), sur le temps (le futur est-il déjà écrit ?)... et bien d'autres sujets. Après la lecture du premier tome, je me suis dit « cet auteur est génial ». Il a en effet une façon très particulière et très simple d'aborder des sujets compliqués, et après chaque lecture d'un tome, je me suis posé pour réfléchir à la façon de voir de l'auteur.
Chaque tome peut être lu indépendamment des autres (car les histoires ne sont pas liées) et aborde un thème principal (le temps, la 3D, la couleur, etc) mais toujours dans l'univers imaginaire de Julius et avec une originalité particulière dans la conception de la bd.
De plus, l'univers dans lequel vit Julius est une satyre de notre monde sur bien des points intéressants où le vice est poussé jusqu'à son extrême : la crise du logement qui atteint un summum ou l'administration qui développe des principes absurdes. J'aime beaucoup cette façon de faire.
Quant au dessin, le noir et blanc, les jeux d'ombre et le trait épais renforcent le côté mystérieux et bizarre de ce monde.
Pour moi, c'est vraiment un incontournable. Il est vrai que c'est très particulier, donc on aime ou on n'aime pas, mais il faut l'avoir lu. Une vrai découverte !
Amateur de western classique, passez votre chemin !
Le moins qu’on puisse dire, c’est que celui ci sort de l’ordinaire. Son côté décalé et underground se ressent tant dans le graphisme que dans l’histoire. C’est une bd sans concession ni compromis : on aime ou on déteste. Le scénario est inhabituel pour un western mais il se révèle d’une grande cohérence. La trame est réfléchie de bout en bout. Pas évident pourtant d’arriver à un tel résultat avec autant de protagonistes atypiques. Ils ont des tronches pas possibles et le seul langage qu’ils semblent connaître est celui de la corde ou de la poudre. Cette bd est donc un bon délire qui ne cède pas à la facilité du grand n’importe quoi. Moi, j’adhère totalement !
Bref, une bd que j’ai lue et relue tant elle m’a plu et captivé (et avec la pile de bd que j’ai en souffrance, c’est rare !)
Ah ouais ! Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu de séries comme ça. Si je devais donner un mot pour décrire ces deux albums : poétiques.
Oui, c'est une série qui prend son temps. Elle pose les bases d'une histoire. Très peu d'action, et franchement, il faut bien le dire, il ne se passe pas grand chose en 2 albums. Mais des séries comme ça, ça me repose (au même titre que le premier tome de Où le regard ne porte pas... ou même que Quartier lointain), et je trouve qu'il se dégage d'albums comme ceux-ci une sensation de fraîcheur, de légèreté et de 'bonheur'.
Le scénario ? Avec des personnages assez attachants on se retrouve embarqué dans monde étrange et enchanteur. À mi chemin entre Nävis et Lanfeust De Troy...
J'ai aimé !
Le dessin est quant à lui très beau.
Mallié maîtrise son trait fin et sophistiqué à la perfection, mais il est aussi assez simple ce qui rend la BD très esthétique à regarder.
Pour l'instant un coup de cœur, j'attends la suite avec impatience ! Je pense grâce à ces tomes suivre l'œuvre de Loisel de plus près. Et ça c’est une bonne chose.
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Je ne suis pas grand consommateur de comics, encore moins spécialiste. Même si je ne peux trahir les bons vieux souvenirs épars des Strange, Nova ou Titan de ma prime adolescence, mes seules autres piètres références se noient dans un salmigondis de productions cinématographiques nées de la fièvre d’adaptation qui s’est emparée des studios depuis une petite dizaine d’années. Ces distractions souvent académiques, déballant avec diverse inspiration leur dose spectaculaire syndicale et leurs codes moralisateurs à la psychologie sirupeuse ou carrément au ras de la moquette, ne m’ont jamais mis en appétit pour rouvrir un Marvel, un DC ou autre. Mais là, la curiosité titillée, affriolée des sympathiques avis de l’étage du dessous, j’ai retrouvé assez d’enthousiasme pour risquer le bout de mon nez dans ce fameux Kick-Ass. Et je me suis fait botter les fesses ! Dès la planche d’ouverture, j’ai dégringolé dans ses filets. Attrapé par la trame narrative accrocheuse, énergique, et sous l’efficacité redoutable d’une voix off à la première personne qui m’a scotché en moins de deux à la psyché de son héros. Chahuté par un dessin dynamique et bariolé (pas avare en globules rouges) convoquant des bouilles engageantes aux émotions justes et sobres. Terrassé par un scénario immersif, inattendu, qui dégomme les stéréotypes et se vautre avec jubilation dans une outrance dopée au cabotinage d’acteurs borderline. Comment ont-ils pu oser mettre en scène Hit-Girl ? Cette gamine se transformant sans le moindre état d’âme en une « trancheuse à jambons » dont la propension joviale et inventive à faire dans le massacre ou la réduction des corps traduit un degré de violence, de trouble d’autant plus pervers et jouissif qu’il s’accomplit sous le regard approbateur de Big-Daddy, son acolyte, et accessoirement son papa. Ou encore se hasarder, dans une délectation à peine dissimulée, à faire systématiquement déchirer la tronche de leur personnage principal ? Un adolescent en manque de reconnaissance et enfiévré de lectures, qui n’a pas d’idée plus saugrenue que de mimer ses modèles de papier : ça doit être cool de faire le super héros ! Bâti comme un glaviot, sans aucun pouvoir ni la moindre once de culture martiale, dérisoirement séparé de la réalité par les quelques misérables millimètres d’un néoprène moule-ce-qu’il-peut d’occasion, il lui faudra une dose de courage et d’abnégation (de connerie aussi forcément) inaccessible au commun des mortels pour oser franchir le pas et défier toute une faune de zonards et autres truands excellant dans l’art douloureux du comment bien vous endormir. Mais, bonjour monde réel ! Ici, rien n’a changé. Les beignes font toujours gonfler le visage et les coups de lame pisser l’hémoglobine. N’est pas surhomme qui veut ! La fragilité, l’inconscience et l’incompétence se dévoilent d’autant plus « frappantes » que notre héros, néo-pugilomètre certifié, accumule séjours à l’hosto et passages à l’infirmerie. Et contre toute attente, parmi d’irrésistibles envies de rire vachardes, on se découvre un vrai attachement pour cet imbécile heureux, un embryon de respect devant son obsession futile, voire une lueur d’espoir quand elle se verra enfin couronnée. À force de jouer le jeu, on se surprend à y croire. Et, l’espace d’un instant, on se fantasmerait presque en Don Quichotte de quartier : ah ! Oser remettre les poings sur les i (et pourquoi pas les yeux) de cet âne qui s’obstine à gaver ma boite aux lettres déjà dégobillant de pubs ou cicatriser à coups de 42 le sphincter du caniche
de ce con(il est vraiment trop balèze…) de mon inconvenant voisin, qui expulse depuis trop longtemps ses matinaux et gluants colis devant l’entrée de l’immeuble. Mais je m’égare… Tous ces personnages, je les ai kiffés à mort ! Ça me démange d’en connaître tellement plus sur eux. Et d’espérer pour le futur des supers méchants impitoyables ou peau de banane, à la mesure de nos nouveaux héros. En attendant, Millar et Romita ont déjà mis dans le mille. Leur mise en abîme parodique est respectueuse et s’éclaire d’une incorrection de bon goût. Que ce soit dans les escapades justicières ou l’évocation du quotidien pubère, éraflant gentiment au passage le côté geek des ados, elle se teinte d’une analyse assez subtile des notions d’identification, de justice ou de rapport à la violence. Elle atteindra à coup sûr sa cible boutonneuse tant elle parle si bien son langage, mais ne manquera pas non plus d’entraîner dans son sillage les amateurs de divertissement joliment troussé comme moi, les régalant d’une récréation rythmée, choquante et jubilatoire dont on ressent la motivation première : le plaisir du lecteur.Meteors
En voilà une série qui commence franchement bien ! Meteors c’est l’histoire de Noria, une adolescente tourmentée, avec une mère qui la laisse régulièrement pour partir en missions spatiales de plusieurs années. C’est une histoire qui nous parle de la découverte d’un cosmonaute russe retrouvé dérivant dans l’espace alors qu’il devrait être mort depuis 1973 si l’on se fie aux archives officielles. C’est une histoire qui parle d’un projet spatial russe qui aurait été mené en secret dans la période où les américains ont posé le pied sur la Lune. C’est une histoire où une partie des terriens s’est transportée sur une base martienne ... C’est une histoire où l’héroïne a une mémoire « comparable à celle du Pan Troglodytes »… ...Oh mais dites-moi, ça ne vous rappellerait pas Le Complexe du Chimpanzé tout ça ? Alors que j'ai aimé l’œuvre de Ponzio et Marazzano, ce parallèle m’a fait très peur quand j’ai commencé à le déceler. Mais le parallèle s’arrête là et la trame de l’histoire, entre gouvernance politique par des IA, zones franches dites "analogiques", nano-pollution, domotique et cohabitations homme / machines-en-tous-genres est complètement différente de l'œuvre sus-citée. On débarque dans Meteors en 2134 à une époque où les rênes du pouvoir ont été cédées par l'Homme à des IA qui usent de toutes les bassesses et trahisons pour maintenir la population dans une saine ignorance, et où des groupuscules humains contestataires cherchent à développer des technologies nouvelles pour trouver de quoi contrer ce nouveau règne numérique totalitaire. La toute puissance des IA est en danger ! Le scénario est riche et fort bien construit, il est servi par un dessin très efficace : flashs backs parfaitement identifiables ou styles graphiques des bulles bien distincts entre les IA et les humains, tout est là pour ne pas perdre le lecteur dans cet univers complexe et futuriste. Le dessin m’a beaucoup plu malgré son trait un peu approximatif et anguleux, je pense que c’est surtout grâce aux couleurs que j’ai trouvées très réussies, dans certaines planches on voit notamment la lumière naturelle et l’éclat artificiel des néons cohabiter et le rendu est superbe, superbe aussi le Sahara de nuit du tout début de l’histoire ou encore certaines vues de l’espace. Les visages sont parfois moyens mais la seule case où Noria pleure l’absence de sa mère rattrape toutes les autres. C'est dynamique, c'est détaillé, c'est riche : que demander de plus ! Le tome 2 est toujours aussi joliment dessiné et colorisé, rien à dire, par contre je trouve que ça "zappe" beaucoup entre les différentes petits intrigues qui se trament à droite et à gauche, ça donne du rythme, mais c'est un peu fatiguant à la longue. Le tome 3 qui conclut la série est un poil décevant graphiquement, les couleurs sont toujours aussi réussies mais le trait est souvent approximatif. Au niveau de l'histoire, la fin est moins spectaculaire que ce à quoi je m'attendais, ça manque d'explications, peut-être aurai-il fallu prévoir un quatrième tome... pas si mal quand même, mais pas à la hauteur de mes espérances sur les 2 premiers opus.
Okko
Voila une de mes bandes dessinées préférées du moment, et je pense en toute objectivité une des plus prometteuses.... Les histoires sont en deux tomes, chacun consacré à un élément (10 tomes prévus, avec le néant en dernier cycle). On suit les aventures de Okko un ronin (samurai sans honneur), noburo le guerrier démon, le moine Noshin et son apprenti Tikku. Tout d'abord, je tiens à signaler que les personnages sont parfaitement complémentaires, certains apportant de l'humour, d'autres de la profondeur au récit, de plus leurs capacités respectives leur donnent une grande force d'action. Chaque cycle nous présente aussi de nouveaux personnages, très intéressants, et comblant l'onomastique définitivement réussie de ces aventures. L'histoire débute fort, on est tout de suite plongés dans ces aventures, bien que les premiers tomes soient inférieurs aux seconds pour les deux premiers cycles. Le premier cycle est agréable, met très bien en place les principaux protagonistes et le monde (qui est le Japon des Samurai, avec quelques ingrédients fantasy), et offre des aventures très plaisantes. Le second commence moins bien, le premier tome du cycle traine un peu en longueur selon moi, mais le tir est parfaitement corrigé avec le quatrième tome, le meilleur de la série, une référence en matière de scénario et d'aventures ! Enfin, le troisième cycle commence très fort et le prochain tome à paraitre promet d'être passionnant. Ce cycle nous explique un peu plus du passé de Okko, et donne beaucoup de profondeur à la série, nous fait encore plus accrocher ! Le dessin est très réussi, quoique conventionnel, et le découpage est très lisible et dynamique. Bref, si vous ne connaissez pas encore, courrez l'acheter, vous ne serez pas déçus !
Jazz Maynard
Jazz Maynard s’est mon gros coup de cœur du moment. Je dois dire que j’ai été bluffé, tout d’abord le scénario est béton. Tout est relativement bien pensé, riche en rebondissement, en flash back, en humour et en péripéties. Ensuite l’ensemble est incroyablement fluide, il faut dire que certains scénaristes auraient pu faire traîner la même histoire sur dix tomes, ici il n’en est pas question. L’histoire avance à toute allure sans nous perdre en chemin. De plus le cadrage est vraiment audacieux. La mise en scène est vraiment appréciable. Nous passons d’un endroit à un autre, d’un personnage à un second, d’une époque à deuxieme différente, le tout d’une façon déconcertante. Il n’y a aucune difficulté à suivre le fil des pensées de notre auteur, cela est terriblement bien fait. D’autre part le dessin auquel j'avais tant de reproches à faire au premier abord sert vraiment de bonne façon cette histoire. Il est différent, il a son propre caractère et fluidifie la lecture. Lecture qui peut s’emballer et se faire à toute vitesse dans les périodes de forte activité de nos protagonistes. Bien sûr on pourra reprocher le coté déjà vu mais pour ma part je trouve qu’il s’en passe des choses dans cette série ! Alors déjà vu, effectivement, mais réunis ensemble pas forcement. En général nous n'avons qu’une des « péripéties annoncées » comme par exemple : le sauveur qui vient délivrer sa sœur qui a été enlevé et prostitué de force . Ce qui pourrait chez un autre scénariste faire une série entière, pour le nôtre, de scénariste, en l’occurrence, Raule, cette même péripétie sert de point de départ auquel vient se greffer : des diamants, des amis truands, une sorte de triade, un maire pourri, un policier qui en veut, un casse, des anciens amours, et la liste n’est pas finie ! Apres cette série espagnole (si je ne me trompe pas…) je me suis immédiatement tourné vers l’autre série hispanique au dessin particulier du moment. J’ai nommé Ken Games et bien tout comme pour Jazz Maynard, j’ai été enchanté ! Pas mal ses espagnoles ! Je me suis procuré le tome 4 de Jazz Maynard. Il présenté comme une histoire à tome unique, or, il me semble, ou du moins j’espère, qu’il s’agit plutôt du premier tome d’un nouveau cycle. Trop de pistes sont commencé, trop d’ébauches de nouvelle péripétie sont engagées, il y a là bon nombre d’interrogations… Ce tome pose encore plus de questions qu’il n’apporte de réponses, ce qui n'est pas mal en soi, bien sûr, mais il va nous falloir nous apporter les réponses. S’il s’agit d’un tome d’introduction pour un nouveau cycle celui ci commence vraiment bien. A contrario s’il s’agit réellement d’un one shot, je trouve ce tome parfaitement inutile… L’achat de ce quatrième tome est donc dispensable en attendant l’année prochaine et la sortie éventuelle d’une suite… (17/20)
Swamp Thing
C'est quand même assez énorme. Moore débarque sur la série pour reprendre la suite de Martin Pasko. A l'époque, la série avait été relancée pour la sortie du film, et l'auteur avait enchainé 19 numéros avant de passer le relais. C'est alors que Moore débarque. Il clôt une partie de subplot laissé en jachère par Pasko, et pose déjà les jalons vers sa propre histoire, qui commence véritablement au #21. Et là, c'est un peu la folie. En effet, Moore va complètement redéfinir le personnage et même la nature même du personnage rien que dans cet épisode. Fini le Alec Hallond transformé en plante. Exit l'être humain. D'ailleurs, c'est exactement de que l'auteur fait, il dépouille son personnage de toute humanité. S'en suit un premier arc où le Swamp Thing va venir affronter Jason Woodrue, un autre être lié aux plantes. Et là, Moore va faire encore très fort. Il va utiliser la dualité entre les deux personnages pour continuer à redéfinir ce qui est désormais son perso. Il va jouer sur le lien entre les deux personnages, ce qui les lie, la nature, leur inhumanité et pousser cela jusqu'à l'extrême pour Woodrue. C'est juste de la folie. C'est d'ailleurs grâce à cette folie qu'il va rendre un peu d'humanité au Swamp Thing. Lors de l'arc qui clôt ce tome, le Swamp Thing affrontera un démon qui se nourri de la peur. Il y fera équipe avec Etrigan. Ici l'arc est bien plus posé que le précédent, même s'il comporte des scènes de folie, comme celle ou l'on comprend pourquoi l'enfant à moitié fou veut toujours tout épeler. Dans le même temps, il utilise aussi le cast de la série pour poser d'autres intrigues ou montrer différentes facettes de son héros. Il y a Abby, dont la relation avec le Swamp Thing est de plus en plus ambigüe. Ou son mari, Matt, qui sombre et sombre jusqu'à l'irréparable. A travers la galerie de personnages de ce premier volume, on se rend compte d'une chose assez frappante. Après en avoir fait un pur monstre et l'avoir dépouillé de toute humanité, Moore fait de son personnage celui qui a l'air le plus humain de tous. Que ce soit Woodrue qui finira par fondre un fusible et rejeter violemment son humanité, la JLA qui lors de sa courte apparition semble jauger les humains de très haut dans leur satellite tels des Dieux, ou même Matt, ses visions et son alcoolisme, Swamp Thing apparait clairement comme le plus humain de tous. Au dessin, Stephen Bissette et John Totleben, c'est beau. Évidemment, c'est très spécial, j'en convient (presque). Mais qu'est-ce-que c'est beau et plein de cadrages, de pages, assez expérimentales, de splash ou tout est fondu en un dessin pour une séquence. D'ailleurs, les pages avec le titre intégré au dessin sont très souvent excellentes. Le Swamp Thing est fort, massif et plein d'humanité dans le regard (juste la couv' bordel, regardez ses yeux !). Et Abby est belle. Et encore une fois, ce dessin très particulier colle parfaitement au scénario de Moore et à la folie qui s'en dégage. Un petit mot vite fait sur l'édition. Donc comme dit plus haut, c'est apparemment la première édition à intégrer cette épisode 20 où Moore finit le taf de Pasko. Même si le livre s'ouvre donc en pleine bataille, ça reste hyper compréhensible. Il y a deux introductions, l'une de Len Wein qui raconte un peu l'histoire de la série et du perso (l'anecdote sur sa création est très sympa, l'autre est de Ramsey Campbell.) L'édition est vraiment très belle, papier de bonne qualité, traduction soignée. Pour finir, que dire, sinon lisez ce truc. Moore qui s'est un peu fait spécialiste de la reprise de perso nous livre ici un récit fort sur tous les points, et qui ne comporte pas encore cette manie qu'a l'auteur a de vouloir en faire le plus possible et des fois trop. Ça reste simple, posé et très accessible. Et pourtant, très fort, dense et magnifique. Ajoutez à cela les dessins absolument magnifiques de Bissette et Totleben et vous aurez un ouvrage incontournable à mon goût.
Amours fragiles
Voilà une série que j’ai commencée grâce aux avis ci dessous, comme beaucoup je n’etais pas particulièrement attiré par le dessin. Finalement après m’être lancé, je ne suis absolument pas déçu. On se laisse très facilement transporter par le récit de ces différents personnages qui se croisent et se recroisent avec comme toile de fond, pour le début de la saga, les années 30 et la monté du nazisme. J’affectionne tout particulièrement les récits historiques parsemés de romances, et, il faut le dire avec cette série j’ai été plus que servi. La trame de fond est très instructive, relativement différente des histoires traitant du nazisme et de la seconde guerre mondiale ; tout simplement parce que ce récit commence en aval. Nous assistons donc à la monté du fanatisme, des explications nous sont même proposées pour essayer de comprendre comment les gens ont pu se laisser embarquer là dedans. De plus suivre cette frénésie remplie de fureur, de différents points de vue est vraiment une bonne chose, allemand, français, juif, tous sont réunis, les amours se font et se défont. Les amours car oui, finalement comme le titre l’indique, sont nombreux, et pas cucul pour un sou. Nous suivons donc plusieurs histoires sur plusieurs années ce qui évite quelque peu les clichés et permet de relativiser les passades amoureuses, moins intéressantes, voire légèrement fades… (16/20)
Les Derniers jours d'un immortel
Unique et si grandiose. Je n'ai pas souvenir de m'être à ce point immergé dans une BD. L'univers et l'ambiance du récit sont extrêmement riches. Les dialogues sont d'une finesse et leur contenu d'une rare intelligence. Beaucoup de sujets sont abordés de façon imagée. Le personnage principal est un policier philosophe a qui l'on charge de résoudre une enquête très complexe. Le résultat peut empêcher un conflit entre deux races vivant sur une même planète. Dans les faits, c'est bien plus complexe, pourtant la lecture coule de source. Le dessin est épuré mais créé un environnement si personnel. Il est au service du scénario mais lui apporte un plus indéniable. C'est purement subjectif car au premier abord le ressenti visuel n'est pas exceptionnel. Il y a une osmose dans le travail des auteurs dans ce récit. Le résultat est bluffant, le lecteur est entrainé dans une autre dimension le temps de cette lecture. J'en redemande car une suite serait à envisager tant l'univers mis en place et le personnage d'Elijah sont intéressants. Mais malheureusement dans le final il y a un élément qui ne laisse pas cette opportunité possible. Du très très grand, merci aux auteurs et à Futuropolis.
Julius Corentin Acquefacques
Julius Corentin Acquefacques est un anti-héros qui évolue dans un univers imaginaire qui permet d'aborder pas mal de thèmes philosophiques sur notre position (en terme de dimension), sur le temps (le futur est-il déjà écrit ?)... et bien d'autres sujets. Après la lecture du premier tome, je me suis dit « cet auteur est génial ». Il a en effet une façon très particulière et très simple d'aborder des sujets compliqués, et après chaque lecture d'un tome, je me suis posé pour réfléchir à la façon de voir de l'auteur. Chaque tome peut être lu indépendamment des autres (car les histoires ne sont pas liées) et aborde un thème principal (le temps, la 3D, la couleur, etc) mais toujours dans l'univers imaginaire de Julius et avec une originalité particulière dans la conception de la bd. De plus, l'univers dans lequel vit Julius est une satyre de notre monde sur bien des points intéressants où le vice est poussé jusqu'à son extrême : la crise du logement qui atteint un summum ou l'administration qui développe des principes absurdes. J'aime beaucoup cette façon de faire. Quant au dessin, le noir et blanc, les jeux d'ombre et le trait épais renforcent le côté mystérieux et bizarre de ce monde. Pour moi, c'est vraiment un incontournable. Il est vrai que c'est très particulier, donc on aime ou on n'aime pas, mais il faut l'avoir lu. Une vrai découverte !
Goudron Plumé
Amateur de western classique, passez votre chemin ! Le moins qu’on puisse dire, c’est que celui ci sort de l’ordinaire. Son côté décalé et underground se ressent tant dans le graphisme que dans l’histoire. C’est une bd sans concession ni compromis : on aime ou on déteste. Le scénario est inhabituel pour un western mais il se révèle d’une grande cohérence. La trame est réfléchie de bout en bout. Pas évident pourtant d’arriver à un tel résultat avec autant de protagonistes atypiques. Ils ont des tronches pas possibles et le seul langage qu’ils semblent connaître est celui de la corde ou de la poudre. Cette bd est donc un bon délire qui ne cède pas à la facilité du grand n’importe quoi. Moi, j’adhère totalement ! Bref, une bd que j’ai lue et relue tant elle m’a plu et captivé (et avec la pile de bd que j’ai en souffrance, c’est rare !)
Le Grand Mort
Ah ouais ! Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu de séries comme ça. Si je devais donner un mot pour décrire ces deux albums : poétiques. Oui, c'est une série qui prend son temps. Elle pose les bases d'une histoire. Très peu d'action, et franchement, il faut bien le dire, il ne se passe pas grand chose en 2 albums. Mais des séries comme ça, ça me repose (au même titre que le premier tome de Où le regard ne porte pas... ou même que Quartier lointain), et je trouve qu'il se dégage d'albums comme ceux-ci une sensation de fraîcheur, de légèreté et de 'bonheur'. Le scénario ? Avec des personnages assez attachants on se retrouve embarqué dans monde étrange et enchanteur. À mi chemin entre Nävis et Lanfeust De Troy... J'ai aimé ! Le dessin est quant à lui très beau. Mallié maîtrise son trait fin et sophistiqué à la perfection, mais il est aussi assez simple ce qui rend la BD très esthétique à regarder. Pour l'instant un coup de cœur, j'attends la suite avec impatience ! Je pense grâce à ces tomes suivre l'œuvre de Loisel de plus près. Et ça c’est une bonne chose.