Les derniers avis (9564 avis)

Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Héraklès
Héraklès

Hercule, tout le monde connaît. Il s’agit d’une des plus belles épopées de la mythologie grecque à l’instar de l’odyssée d’Ulysse, de la guerre de Troie avec Achille ou de la Toison d’Or avec les Argonautes. Afin d’expier certaines de ses erreurs, Hercule ou Herakles dans sa langue d’origine, doit passer certaines épreuves irréalisables pour le commun des mortels. Mais cet Herakles là possède un statut de demi-dieu sous une apparente bonhomie et un humour latent. Car si ses aventures ont été moult fois déjà relatées, le nouveau et talentueux Edouard Cour n’hésite pas à porter cet ambitieux projet par un regard aussi malin que contemporain. Dès lors les chapitres s’enchaînent avec tout autant d’épreuves à réaliser. Le ton dynamique de l’ensemble confère un rythme soutenu et d’approche facile. On est tout de suite fasciné par sa traque du lion de Némée où le trait mi-rond mi-anguleux confère une impression de vitesse et de mouvement comme seul un Christophe Blain peut s’en vanter (tiens tiens, inspiration du demi-chien ? :) ). Les perspectives sont parfois impressionnantes me rappelant les effets déformants du petit monde de Terada mais Edouard Cour possède un style propre fort agréable dont la palette jaune et rougeâtre emporte l’adhésion. Son Herakles est aussi invulnérable et imposant qu’il est maladroit et attachant. La traque de la biche de Cérynie est un modèle hilarant du genre avec des trouvailles « montypytesques » hilarantes comme la méthode bien particulière pour notre héros de se nourrir. Ajoutez à cela une narration éclatée mais fluide et un ton de plus en plus sombre au fil des pages (les « ombres » offrent à ce titre une belle répartie verbale à notre héros). Le découpage s’apparente à autant de levels d’un jeu video mais les situations sont suffisamment variées pour qu’on ne suscite l’ennui à aucun moment. Le second tome qui conclura cette aventure apportera je l’espère des réponses à un passé que l’on devine trouble et j’aurais préféré une couverture rigide et un format un peu plus conséquent pour mettre en valeur les splendides planches. Néanmoins en l’état, l’auteur dont c'est la première œuvre rentre directement dans la Cour des grands en nous offrant une relecture d’une légende qui a tout sauf du traditionnel. Bravo et vivement la suite !

21/06/2012 (modifier)
Par Miranda
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Zorn & Dirna
Zorn & Dirna

Je pourrais faire bien des éloges sur cette série, les trois premiers tomes sont excellents et je leur accorde facilement la note de culte, tant au dessin qu'au scénario ; mais je ne vais pas m'éterniser sur tant de perfection, d'originalité, de beauté, d'humour fin et de noirceur, pour ne citer que les principales qualités, je vais aller droit au but et dire ce qui ne va pas. Les tomes 4 et 5 auraient pu facilement fusionner en un seul tome, on sent l'appât du gain et le rallongement artificiel de la série. Dans le tome 4 il y a moult batailles qui diluent un peu la densité du scénario, bon… passe encore… juste pour le plaisir de se retrouver dans cet univers. Le pire c'est le tome 5 qui comporte aussi pas mal de courses poursuites et de batailles, mais où les auteurs ont ajouté une scène de cul - de 5 planches tout de même ! - que je trouve totalement déplacée. Autant j'ai apprécié l'humour léger et extrêmement bien dosé des tomes précédents concernant le lamineur, homme herculéen dirigé par l'esprit d'une femme, Splata, et qui induit des situations bien cocasses ; autant dans la scène de cul présentée, les auteurs se prennent tout à coup au sérieux, ce qui tranche avec l'esprit de la série. Lorsque par exemple l'un des personnages dit à l'autre : "Tu as joui avec elle… avec cette salope…" Était-ce bien nécessaire ? ! D'un coup on a la sensation de lire une B.D. qui se déroule à l'époque actuelle, sortant totalement de son univers de fantasy. S'ils voulaient caser cette scène à tout prix, - bien que totalement dispensable - il fallait la faire plus discrète. Il est aussi dommage que la fin du 5ème tome n'ait pas été plus développée, le peuple des brumes est très intéressant et pourtant est trop éludé. Final Le dernier tome est en accord avec l'histoire et la clôt honorablement, il s'y passe pas mal de choses et l'action est bien présente, tout avance à cent à l'heure. Le graphisme est de même qualité que les tomes précédents, il n'y a dans ce tome aucune fausse note. Il ne me reste plus qu'à la relire dans son entier pour voir si mes impressions sont les mêmes, bien que les quelques désagréments du tome 5 ne m'en donne pas l'envie pour l'instant.

17/08/2009 (MAJ le 20/06/2012) (modifier)
Par Adam
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Tueur
Le Tueur

Série qui nous pousse à nous attacher à un personnage aux activités "à priori" immorales. L'interprétation de ses actes nous amène également à remettre en question certains de nos jugements, quant à différents thèmes de la société, au point de nous faire parfois honte. Contrairement aux apparences c'est une oeuvre de fond qui ne pousse pas à se torturer l'esprit en ce qui concerne le scénario, mais plutôt à prendre du recul et envisager un autre regard sur certaines réalités.

20/06/2012 (modifier)
Par Miranda
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Manioka
Manioka

Nkodem vient du milieu de la musique, du rap et des slameurs ; il se lance dans la bd avec ce petit bijou, une étonnante première production tout à fait réussie. Le graphisme est parfait, le découpage des cases original, les couleurs suaves sont belles ; des dégradés de gris, marron, jaune et vert, déclinés tout en douceur. Visuel en opposition totale avec ce monde où la violence et la pauvreté ont une place prépondérante, mais dont l'alliance est une pure merveille. La bd est chapitrée et le lettrage est fort joli. Concernant le scénario, on est immergé dans une société futuriste, bien que toute proche de la nôtre et essentiellement dans la tête du personnage principal, le dénommé Manioka. Celui-ci décortique cette société, sans aucun tabou et de son point de vue de dealer. J'ai beaucoup apprécié ce côté intimiste du récit et le ton désabusé des textes. Dans cette société un réseau organise des combats pour recruter des tueurs de dealers, ils sont considérés comme des super-héros. Manioka devient leur cible, mais lui n'a pas l'intention de laisser écraser comme un vulgaire puceron. Il y a une touche de fantastique savamment dosée et tout à fait surprenante. Quelques touches d'humour viennent se greffer par-ci, par-là, et font mouche à chaque fois. Une histoire relativement inclassable. Le seul reproche que je ferai concerne le tout début du récit, que j'ai trouvé un poil moralisateur, qui met trop en avant les magouilles politiciennes et la misère des gens, mais ce n'est finalement qu'une petite introduction qui nous introduit dans le monde de Manioka. J'ai aussi eu la chance d'avoir le CD offert lors d'une séance de dédicaces, et même si ce n'est pas spécialement mon genre de musique, j'ai su tout de même l'apprécier. Le monde de Nkodem est forcément à découvrir et à suivre… Tome 2 Ma grande joie a été de découvrir un second tome à cette série, car si le premier tome peut se lire tel quel, celui-ci répond à toutes nos questions et clôt l'histoire comme toute histoire devrait l'être. Par ailleurs, j'avais imputé certaines choses inexpliquées à du fantastique, mais c’est bel et bien de la S.-F. Cette suite est peut-être un poil plus légère que le premier opus car un peu moins bavarde, mais l'équilibre entre les deux est sauf. Les personnages sont toujours aussi attachants, et même si l’histoire est finie j'aurais aimé savoir ce que devient la gamine, avec un récit bien à elle dans ce monde décadent. Graphiquement le travail de l'auteur est exactement le même que précédemment, beau et foutrement immersif. Avec cette belle réussite je suis maintenant curieuse de voir de qu'il nous offrira à l'avenir.

09/07/2009 (MAJ le 20/06/2012) (modifier)
Couverture de la série Deuxième génération
Deuxième génération

Deuxième génération est mon gros coup de cœur du moment. Dans ce témoignage, Michel Kichka aborde les relations avec son père, rescapé du camp d’Auschwitz. On découvre alors à quel point la Shoah peut peser sur les enfants des déportés : comment en vouloir à son père quand on sait l’horreur qu’il a vécu ? Michel, ainsi que ses frères et sœurs, doivent grandir en supportant le poids des tabous et des espoirs qui reposent sur leurs épaules. L'auteur évoque tour à tour son enfance, dans des planches qui laissent transparaître une certaine nostalgie, et sa vie d'adulte, alors qu’il a quitté sa Belgique natale pour s’installer en Israël. Malgré la gravité du sujet, il opte pour un ton souvent drôle, renforcé par son dessin. Les planches regorgent de petits détails amusants et de clins d’œil à la bande dessinée. Traiter un tel sujet avec finesse, entre humour et émotion, était un véritable pari que Michel Kichka a su, à mon sens, parfaitement relever.

18/06/2012 (modifier)
Par Erwelyn
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Locke & Key
Locke & Key

Attention, chef-d'oeuvre ! Si vous pensez que les auteurs manquent d'imagination et déclinent à tour de cases des références toujours plus galvaudées les unes que les autres, si vous avez envie d'associer autre chose que des super-héros au terme de "comics", si vous aimez frissonner et surtout être totalement surpris, alors Locke & key est pour vous. C'est sans conteste la bande-dessinée fantastique la plus originale de ces dernières années ! Joe Hill et Gabriel Rodriguez ont créé un univers à la fois fascinant et étrange. Exploitant le thème de la maison hantée, ils le renouvellent complètement à un point que sans spoiler la BD, il est difficile de trop en dire. Néanmoins, il va bien falloir quand même vous mettre un peu l'eau à la bouche... Commençons par le commencement : les couvertures. Déjà rien qu'avec elles, surtout celles du tome 1 et 3 (dans la publication française), on a envie d'entrer dans les comics. Ce manoir sur fond de ciel enflammé (tome 1) et cette mystérieuse clé à tête de mort vous hypnotise. Inutile de lire la quatrième de couverture, déjà vous accédez à une préface signée Robert Crais qui vous parle de Joe Hill et vous convainc encore plus de l'utilité de passer la prochaine porte (page), celle devant laquelle un paillasson vous souhaite la bienvenue (à Lovecraft). Ensuite vous ne lâcherez plus l'ouvrage, enchaînerez sur le second puis le troisième et pesterez, parce que le quatrième n'est pas encore sorti... Une frustration assurée par la qualité exceptionnelle du scénario et du graphisme. Car Joe Hill, à qui l'on doit déjà le recueil de nouvelles Fantômes, histoires troubles et le roman La costume du mort, a de qui tenir. Elevé dans le culte du fantastique grâce à un père qui n'est autre que le grand maître de l'horreur Stephen King (et oui !), il a su malgré ça inventer son propre univers, complètement distinct. Le fils de... n'a rien à prouver, c'est déjà un maître en devenir dont d'autres auteurs se réclameront sans doute un jour. Gabriel Rodriguez, lui, illustre magnifiquement cette histoire avec un style clair et lumineux. D'entrée, on est capté par la couleur, les plans, le rythme. Présent, passé s'entrecroisent sans perturber la lecture. Immédiatement, les personnages mis en place vous parlent, vous interpellent. Qu'il s'agisse des membres de la famille Locke, de Sam Lesser, le psychopathe, ou du mystérieux Dodge, vous allez très vite les aimer ou les détester mais tout est fait pour que vous vous y attachiez. C'est sans doute une bonne part du succès de cette BD : l'empathie qui est générée pour les héros. Personnages d'âges différents (du petit enfant de 6 ans à l'adulte en passant par les ados) qui du coup sensibiliseront autant les plus jeunes lecteurs (attention quand même, c'est assez violent, donc disons à partir de 12/13 ans) que les adultes bien avisés. Première prouesse. Deuxième atout, et pas des moindres : la maison. Keyhouse, un personnage à elle seule, et un nom prédestiné, puisque l'intrigue principale tourne autour d'une quête : réunir un maximum de clés cachées dans ce manoir et dont les serrures, une fois ouvertes, débouchent sur d'autres univers ou déclenchent des pouvoirs inattendus sur ceux qui les utilisent. Hill et Rodriguez ont imaginé toute une mythologie autour de ces clés qui évidemment ne va se dévoiler qu'au fur et à mesure que ces dernières sont découvertes. Et c'est sans compter une entité, un être diabolique, manipulateur, qui cherchera à s'en emparer en premier, mais Dieu seul sait ce que la réunion de ce trousseau déclenchera... Le tome 3, plus sombre, puisqu'il joue avec les ''Ombres'', prend une dimension superbement gothique. Publiée aux USA en fascicules mensuels, la série touche bientôt à sa fin. Les auteurs ont même créé un opus spécial : Guide des clés connues. Les éditions Milady ont réuni en recueil chacun de ceux qui constituent un acte entier (1 recueil compte 6 opus). En fin de recueils, on retrouve des galeries d'illustrations somptueuses de Rodriguez et une partie du fameux guide des clés y est intégré en rapport avec celles déjà découvertes. A noter qu'outre les nombreux prix ou les nombreuses nominations qu'ont eu ce comics et ses auteurs, une série télévisée a été amorcée. Plusieurs grands noms de la production ont été évoqués, Dreamworks, Steven Spielberg... mais finalement, seul le pilote a été tourné (voir la bande-annonce ci-dessous). Parmi les actrices, on retrouve la très gothique Ksenia Solo (Kenzi dans la série TV Lost Girl) dans le rôle de Dodge. Il semble pour l'instant que le projet ait été avorté en raison des coûts de production trop élevés et que la plupart des grosses chaînes américaines se soient retirées. Néanmoins, il faut de toute façon commencer par le comics. Vous ne le regretterez pas. lien vers la bande annonce

15/06/2012 (modifier)
Par Chalybs
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Hector Umbra
Hector Umbra

Étrange ouvrage que cette bête là ! Un petit OVNI qui survole la planète BD. Cet album, cette intégrale est composée de 3 volumes. Bizarrerie éditoriale, seul le premier tome a été édité en France. Pour découvrir les 2 derniers albums, il est obligatoire de passer par l’intégrale. Ensuite, cet album est édité au format 18x25. Petit format compact donc, mais bien pratique à prendre en main. De plus, ce petit format ne nuit nullement au dessin et à sa visibilité. Le dessin déjà parlons-en. Personnel, les premières pages sont surprenantes, mais j’ai rapidement accroché à ce style. Les personnages sont typés, très bien identifiables, les décors sont corrects. Mais au-delà, du trait, ceux sont les couleurs qui font mouche. Avec des couleurs parfaitement choisies pour chaque environnement, des couleurs qui mettent parfaitement en relief les éléments importants. Le passage dans l’entre monde en est caractéristique. Visuellement, le trait de Uli Oesterle est donc trait agréable, dans sa tendance a tout légèrement déformer. Mais, le scénario tient aussi parfaitement la route. Attention hein, ce n’est pas une route toute droite, encore moins une autoroute ! Il s’agit plutôt de route de montagne, avec de jolis lacets nous menant parfois à droite parfois à gauche et passant souvent au dessus de précipices, et de multiples chemins en sous bois qui s’y l’on n’y prête gare, risquent fort de nous perdre en route ! Le scénario est donc bien déjanté. Notre monde serait en proie à une invasion silencieuse et invisible. Une sorte d’Extra terrestre (mais je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-même leur origines exactes) est en train de prendre le contrôle de nos esprits. L’effet visible est la folie. Notre héros, un jour se met à voir ces envahisseurs. Il n’aura alors de cesse de les combattre et de faire stopper l’invasion. Bien sûr, il est difficile de combattre des êtres que nous sommes seuls à voir. Il est d’autant plus difficile de ne pas passer pour fou quand on essaie de faire accepter à son entourage une telle situation. Il est difficile aussi de ne pas sombrer soi même dans la folie réconfortante. Le scénario est très bien construit. De multiples fenêtres sont ouvertes tout au long de l’album par lesquelles, certains évènements seront expliqués ou amenés logiquement par la suite à qui aura su regarder au bon endroit et comprendre les signes avec du recul. Les différents personnages évoluant autour d’Hector Umbra ont tous leur importance malgré le fait que certains sont introduits de manière pratiquement anodine voire insignifiante. L’introduction de cet album avec le passage dans le bar et le pote qui part en est un parfait exemple rapide à trouver dans la BD. Si je n’avais vraiment pas saisi la portée de ce passage à sa lecture, et que je m’étais même demander à quoi cela rimait, si ce n’était une introduction à la con vraiment ratée, ce n’est que de multiples pages plus loin que je faisais le lien avec le cours de l’histoire. Le scénario va crescendo, augmentant progressivement l’implication du héros et l’énormité de l’apparente vérité ! En allant dans l’excès, l’auteur montre qu’il ne se prend vraiment pas au sérieux et l’explosion final est menée de fort belle manière. Le scénario basé sur une analyse psychiatrique de notre cerveau (mais attention hein, rien de sérieux !!!) est au final pour moi un excellent moment de lecture qui demande au lecteur une bonne concentration et un certain effort pour rentrer dans le délire de l’auteur. Du moment que j’ai franchi ce pas, j’ai eu beaucoup de mal à ne pas lire cette BD d’une traite. Ce n’est que mon bus arrivant à son terminal (heureusement pour moi !) qui me permettait de décrocher et de revenir à la réalité.

14/06/2012 (modifier)
Couverture de la série L'Invention du Vide
L'Invention du Vide

Cet album a réussi à me donner le vertige ! Page 52 pour être précis. Une pleine page montrant nos valeureux alpinistes dressés sur un sommet. J’ai failli en tomber dans l’album… mais j’y étais déjà immergé jusqu’au cou, ce qui m’a probablement sauvé. Notez cependant que ce sentiment de vertige n’est pas venu d’une seule planche. Non, progressivement, insidieusement, il m’avait envahi, encore en latence, certes mais bien présent, grâce à ce trait singulier d’un artiste unique : Nicolas Debon. Artiste unique car son style ne ressemble à aucun autre mais aussi parce qu’il parvient grâce à celui-ci, pourtant caricatural voire épuré, à restituer une réalité tangible, à immerger le lecteur que je suis dans cette réalité… quitte à lui donner le vertige. Et tout cela avec un trait à plat… Ensuite vient la colorisation. L’auteur joue de la lumière, multipliant zones d’ombre et plages ensoleillées dans cet univers montagneux. Un coucher de soleil devient émerveillement devant le temps qui passe. Un lever de soleil devient promesse de nouvelles conquêtes. Versants ensoleillés ou obscures crevasses, Nicolas Debon pare ses montagnes de reflets merveilleux autant que dangereux. Puis vient la narration. S’inspirant de l’autobiographie d’un alpiniste anglais, l’auteur use d’un langage désuet des plus charmants. Non content de nous plonger au cœur des Alpes, il se complait encore à nous baigner dans un autre siècle… Et c’est un régal. Cette narration datée, désuète, pleine de fraicheur et non dénuée d’humour permet de restituer l’état d’esprit de ces alpinistes. Guides rudes à la tâche ou dandy alpiniste et intrépide, tous s’unissent devant un même objectif : poser le pied là ou aucun ne l’a encore fait. Par-delà le duo central, ce seront mille anecdotes sur les ascensions de l’époque qui nous sont contées. Avec rigueur mais non sans humour, comme cette mésaventure survenue à une équipe anglaise qui après moult difficultés parvient au sommet d’un pic… pour se rendre compte qu’ils se sont trompés de sommet. Et pourtant, la dangerosité de la montagne n’est jamais occultée. Tout le long de ma lecture, j’ai senti combien un pas mal assuré pouvait s’avérer mortel. Loin de tout dilettantisme, ces alpinistes se montrent avant tout humbles devant la montagne mais aussi heureux de la côtoyer, voire de la défier. J’aurais pu mettre « culte » si je n’avais senti une petite baisse de régime en milieu d’album et si le tracé de certaines ascensions m’avait été mieux présenté. Ce sont là des détails de moindre importance mais ils coutent la cinquième étoile à l’album… Les quatre autres sont quant à elles amplement méritées ! Cette invention du vide est tout simplement un des plus grands albums consacrés à l’alpinisme et à la montagne que j’ai pu lire.

13/06/2012 (modifier)
Par Miranda
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Sin City
Sin City

Ayant attrapé un genre d’allergie aggravée envers les polars dont les scénarios ont du mal dorénavant à me surprendre, la note maximale se justifie amplement pour « Sin City » car je n’ai pas pu lâcher la série avant la fin, et même si au détail je ne pourrai mettre la note culte à chacun, c’est un tout indissociable (ou presque). J’ai adoré cet univers à l’air épais et lourd, peuplé de gonzesses fabuleuses et de mâles couillus ou minables, quand ils ne sont pas mentalement défaillants. Frank Miller nous présente des nanas bouillonnantes, débordantes de classe, aux corps divins et au caractère bien trempé (gare aux cons et à leurs couilles), là où la plupart des B.D. dans le même exercice n’arrivent qu’à verser dans une vulgarité consternante. Les mecs ne sont pas en reste, Marv ! (putain Marv j’adore !), Dwight ou encore Le Chevelu, sont charmants, attachants et très agréables à regarder dans ce noir et blanc qui les met en valeur, malgré leurs cicatrices ou leurs gueules bosselées après une bonne bastonnade. Les histoires en elles-mêmes ne sont pas extraordinaires mais leur narration désabusée et acide, la façon dont-elles sont menées à grands coups poings, de mitraille ou de savants coups de sabre, l’originalité de cette ville décadente, le bagout des personnages et le graphisme tout simplement fabuleux, donnent à ce polar une ambiance glauque et paradoxalement apaisante, tout comme la violence qui s’y trouve telle une règle du jeu indispensable et un élément fort du récit. On est dans la surenchère à bien des niveaux, mais c'est foutrement bon. Tome 1 : « Sin City », un premier tome parfait à tous les niveaux, où l’on fait la connaissance de Marv, dommage qu’il ne soit pas plus présent dans les autres tomes. Tome 2 : « J’ai tué pour elle », un peu classique côté scénario mais les personnages font toute la différence. Tome 3 : « Le grand carnage », le tome où l’on côtoie le plus la vieille ville et ses habitantes, une pure délectation, comme sont titre l’indique c'est une véritable tuerie, un tome jouissif tout à fait dans mes goûts. Tome 4 : « Cet enfant de salaud » ne m’a pas du tout touchée, l’histoire tarde à se mettre en place, l’apparition d’une mioche qui risque de ce faire violer mais qui est sauvée in extremis, m’agace. L’ambiance est là, mais c’est le seul tome que personnellement j’exclue de la série. Et puis l’apport de ce jaune cocu, quelles horreur ! Tome 5 : « Valeurs familiale », un peu moins bon niveau scénario mais le personnage de Miho a fait mon bonheur. Tome 6 : « Des filles et des flingues » étant composé d’histoires courtes, on y trouve de tout du bon et du moins bon et n'est pas vraiment indispensable, par contre j’ai adoré les scènes enneigées, sublimes de beauté. Tome 7 : « L’enfer du retour », un très bon dernier tome, presque un peu à part au niveau de l’histoire, étant moins reliée aux autres, les personnages sont tout aussi intéressants à suivre que ceux des premiers tomes et l’ajout d’une touche de couleur est intéressante.

13/06/2012 (modifier)
Par Erwelyn
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Walking Dead
Walking Dead

Si vous voulez bien me pardonner cette expression populaire, Walking dead, c'est une tuerie ! Et je m'étonne encore de m'y être attachée moi qui ai toujours détesté les zombies. J'ai bien tenté de regarder quelques films cultes (dont quelques navets... quelques fois, mais qui ont marqué les grandes heures du cinéma d'horreur et dont je vous épargne la longue liste) comme La nuit des morts-vivants de Romero (un classique) ou plus récemment, 28 jours plus tard de Danny Boyle>. Mais il aura fallu un livre (War World Z de Max Brooks) et un comics, dont nous parlons ici, pour que je trouve en la figure du zombie quelque chose intellectuellement plus transcendant que les boucheries grand-guignolesques de nos amis cinéastes des années 70-80. L'intérêt, je le trouve dans l'approche psychologique faite des gens qui sont confrontés à un monde en mutation dans lequel ils ne sont que des victimes en sursis, des survivants mal-en-point, terrorisés, affaiblis, ou au contraire de nouveaux héros, leaders en puissance ou dictateurs à l'échelle des petits groupes qu'ils protègent, manipulent, asservissent. Toute la palette des horreurs et des épreuves que peuvent endurer certains hommes, tous les actes de bravoure, de courage, d'affection qui se révèlent là où on ne les attend pas, tout ça constitue l'univers terrifiant de Walking dead. Les zombies ? Ils sont une métaphore de tous les dangers qui peuvent anéantir l'humanité. Ils sont à la fois virus, pandémie, guerre nucléaire, tremblement de terre, ils sont les voyous qui vous agressent le soir en rentrant chez vous, ils sont la maladie qui décime vos proches, ils sont le conducteur ivre qui vous rend infirme, ils sont le danger, la peur, les risques absolus. Désormais, le zombie prend une dimension différente : l'humanité et sa survie déprendra de sa capacité à gérer le danger. Le scénario de Robert Kirkman tend complètement dans ce sens et tout en mixant violence, survie et psychologie, il traite avec parcimonie du deuil, du libre arbitre, du suicide, du passage de l'enfance à l'adolescence, de confiance, de racisme, d'identité sexuelle, d'amitié, de (re)construction psychologique ou matérielle, de folie, de la foi, des paradoxes intérieurs etc. etc. Rien n'est laissé au hasard. Pas un seul personnage n'est inutile. Certains, d'abord en second plan, finissent sous les feux de la rampe pour le meilleur, comme le pire. D'autres que l'on croyait partis pour "durer", sont rapidement éjectés du groupe ou victimes des "rôdeurs". Certains suivront leur propre voie, d'autres développeront des compétences inattendues. Hommes, femmes, enfants, blancs, noirs, asiatiques, riches ou pauvres (ce qui n'a plus de sens au moment du récit), vieux ou jeunes, tout le monde se retrouve à égalité devant le danger. Même le plus fort peut se retrouver surpris et mordus d'autres, plus faibles et couards, s'en sortiront toujours. Robert Kirkman force le respect en sachant jouer de la roulette du destin. On est donc constamment sous tension, ne sachant pas d'une page à l'autre qui va disparaître, tomber malade, voire se tuer bêtement. Les scènes de violence n'ont d'égales que la qualité du scénario qui les enrobe. Rien n'est jamais tout blanc ou tout noir. Certains actes ultra violents paraîtront encore plus insupportables s'ils sont promulgués par des "gentils". Les vrais méchants eux, n'auront que notre mépris et notre dégoût alors qu'on pourra ressentir de la pitié pour les premiers. Le lecteur est clairement la première victime de ces enchaînements de paradoxes psychologiques auxquels les héros sont confrontés d'autant qu'il apparaît ainsi que la violence bestiale des morts-vivants est presque bien moins dérangeante que celle engendrée par les humains entre eux ou contre les zombies. Le dessin de Charlie Adlard est bien évidemment la clé de voûte de l'ambiance si particulière de Walking dead. Entièrement en noir et blanc, il se décline en des cases les plus variées les unes que les autres : de la case traditionnelle on passe à des pleines pages incroyables ; certaines cases de bas ou de haut de page utilisent l'intégralité de la double page imposant une lecture des cases en-dessous également sur de la double page ; on a droit aussi souvent à des successions de trois cases identiques, symbolisant, l'immobilité, la prostration, que seul un infime détail de la troisième case la distingue des deux premières. Je ne développerai pas trop sur la série télévisée tirée du comics, toutefois, je préciserai que cette adaptation est très libre et que s'en contenter serait sacrilège. Certes, certains passages sont renforcés à l'écran (la scène de la grange dans la saison 02 par exemple) mais il se passe tellement plus de choses dans le comics que je ne peux que vous conseiller sa lecture avant même de vous aventurer à regarder la série. Voilà donc une série qui marquera sûrement un tournant dans ma vision de la BD américaine, loin des super-héros costumés de chez Marvel. Je ne sais pas si vous vous laisserez embarquer dans cette aventure terrifiante dont personne ne sait si le lecteur sera épargné. Une chose est sûre après 15 tomes déjà parus, la demande ne se relâche pas. Espérons juste que le scénariste saura aussi s'arrêter à temps avant de sombrer dans une routine éditoriale qui pourrait signer le désintérêt des passionnés de la première heure.

13/06/2012 (MAJ le 13/06/2012) (modifier)