Les derniers avis (9564 avis)

Par pol
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Karma Salsa
Karma Salsa

Coup de coeur pour le premier tome de Karma Salsa, une histoire noire à mettre entre toutes les mains. Dès les premières pages on se laisse entraîner par ce héros pas comme les autres, un ancien malfrat qui sort de prison et qu'on découvre repenti grâce aux joies de la méditation. Si lui a profondément changé, ceux qu'il a côtoyés vingt ans plus tôt sont toujours aussi peu fréquentables. Et ils sont nombreux à l'attendre. Bref sa sortie ne manque pas de piment et de rebondissements. La manière dont il se retrouve trimbalé malgré lui de droite à gauche est un régal. Cette aventure est prenante, le rythme va crescendo et au fur et à mesure des pages on rentre de plus en plus dans un sac de noeuds dont va devoir se sortir notre héros. Au final on se retrouve avec une histoire d'ex taulards et de magot planqué, mais le scénario est remarquablement construit, et on plonge pleinement dedans. Le ton employé est excellent, les personnages bien trouvés, l'ensemble en devient original et tient vraiment la route. Les dialogues sonnent juste, parfois piquants et noirs, mais aussi parfois plus légers, les bonnes répliques sont légions et donnent régulièrement un petit sourire au coin des lèvres. Et enfin, le dessin lui aussi est un régal. Il colle à merveille à l'ambiance. Visages anguleux et saillants, trait nerveux, couleurs aux petits oignons. Tous les composants de cette BD sont une réussite. Une série à suivre de près.

25/06/2012 (modifier)
Par Miranda
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Melons de la colère
Les Melons de la colère

La seule chose qui ne m’a pas plu dans cette B.D. ce sont les images de début et fin d’album que je trouve inappropriées, qu’elles soient fades ou juste vulgaires, elles ne sont pas du tout en adéquation avec le récit que propose Vivès, et j’irai même jusqu’à dire que ça le gâche un peu, lui donnant des airs de porno crade qu’il n’est absolument pas. Le titre est foutrement bien trouvé et en totale adéquation avec le récit. Je suis tombée sous le charme presque instantanément du dessin de Vivès, réduit au minimum à tous les niveaux, c’est un style généralement que je n’apprécie guère habituellement, mais il donne vie à ses personnages de manière totalement déconcertante, allant même jusqu’à ne pas dessiner les yeux mais leur gardant leurs expressions faciales. Concernant le scénario je n’ai pas vraiment ressenti les choses comme les autres lecteurs, mis à part le fait qu’on est un peu dans l’exagération avec une pointe de burlesque. Cette histoire pointe du doigt avant tout l’ignorance et la souffrance qui en découle. Tout d’abord, Magalie peut se faire réduire gratuitement la poitrine mais malheureusement pour elle sa famille ne le sait pas ; ensuite le recours à la justice dont ils semblent ignorer la procédure s’engageant dans une vengeance saignante qui aurait pu mener le père en prison ; la confiance absolue accordée aux médecins et autre cravatés qui profitent de la situation ; et pour finir la bêtise et l’égoïsme du vendeur de Darty trop occupé à faire du chiffre pour accorder ne serait-ce qu’un instant d‘attention à ces personnes qui semblent désespérées. Tout ceci est certes traité de façon un peu désinvolte, ou en donne l'impression, mais ce sont des situations qui ne sont pas si éloignées de notre réalité. Pour ce qui est du côté pornographique, je ne suis pas choquée par les relations entre Magalie et son petit frère, ce ne sont que deux jeunes qui découvrent leur sexualité, dont personne d’ailleurs ne leur a parlé, de plus, ces relations fraternelles arrivent bien plus souvent qu’on ne le pense. Est-ce que c’est excitant ? Tout dépendra des a priori de chacun, mais ce n’est pas le but premier de la B.D., tout comme dans les scènes de viol, il faut aimer les gros seins et les toutes jeunes filles. Ce que je retiens avant tout de cette lecture c’est la grande sensibilité de cette famille si attachante et la touche finale humoristique offrant une fille qui ayant vécu le pire y fait face et se montre bien plus couillue que la majorité des hommes de l’histoire, lâches, profiteurs et pervers.

25/06/2012 (modifier)
Par Superjé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Gringos locos
Gringos locos

J'ai beaucoup aimé cet album, et je déplore un peu la polémique qui entache sa réputation, même si je le conçois, elle lui a fait pas mal de pub aussi. Donc cette série relate un épisode très intéressant, pour tout amateur de BDs (et pas forcément que pour les intégristes de la BD classique franco-belge). Franchement, le scénario est très agréable à lire, c'est rigolo, frais, ça ne se prend pas au sérieux et on y voit nos auteurs favoris sous une facette différente (que je ne trouve pas aussi déplaisante que ce que tout le monde s'accorde à le dire, ça les rend juste plus humains). Peu importe que le scénario s'éloigne de la vérité. Yann est scénariste de BD, et je trouve tout à fait normal et respectable qu'il arrange les évènements comme ça lui semble être mieux pour en faire un récit passionnant comme il nous propose ici. Néanmoins, les litiges entre les auteurs et la famille de Franquin/Jijé fut une bonne chose, ça nous a permis d'avoir l'interview et le droit de réponse de la famille en fin d'opus, ce qui comblera notre attente de "renseignement documentaire" (même si malheureusement, je trouve que ce droit de réponse ressemble à un règlement de compte, on y sent pleinement l'amertume des proches des auteurs). Enfin, le seul reproche que je fais au scénario, c'est que je m'attendais à quelque chose d'un peu plus drôle, mais il reste quand même excellent. Le dessin de Schwartz est juste magnifique, il mériterait à lui seul 5 étoiles. L'influence ligne claire/classique de la BD de Marcinelle est superbement digéré pour avoir un dessin moderne, à l'encrage sûr et aux couleurs chatoyantes... Un régal ! J'espère que la suite arrivera le plus vite possible dans nos rayons.

23/06/2012 (modifier)
Par Superjé
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Vie de Bouddha
La Vie de Bouddha

Ca c'est pas de la petite série. Outre mon admiration pour Osamu Tezuka, le "pape" du manga moderne, c'est aussi pour ma culture que j'ai lu cette BD. En effet, même si j'ai "pas mal" (même si assez relatif) de connaissance en mythologie et en religion chrétienne (et j'en apprends de plus en plus sur le judaïsme), je ne connaissais pratiquement rien de la doctrine bouddhiste, mais bon, je n'ai pas l'impression d'en avoir appris tant que ça, car les rares fois où Bouddha parle (enfin prêche), ce qu'il dit est assez simpl(ifié ?) Mais ça reste une bonne initiation ludique à cette religion, à laquelle je pense je vais m'intéresser un peu plus (mais je demande la part d’éléments romancés ajoutés par Tezuka dans cette biographie). En tout cas, pour l'histoire, on reconnait vraiment le style de Tezuka, même si c'est sûrement la saga la plus conséquente (surtout au niveau du nombre de pages) de la grande œuvre de Tezuka. En effet, l'histoire est longue et très dense. Ce n'est pas toujours passionnant, mais ce n'est jamais mauvais. Après, c'est un peu dûr de s'y retrouver car comme à son habitude, Tezuka introduit beaucoup de personnages (au moins une centaine de pages pour chacun d'entres eux) et ces personnages réapparaîtront tout au long de la série. C'est agréable à lire donc, mais il faut avoir du courage. Pour le dessin Tezuka utilise un trait semi-réaliste/sérieux à mi-chemin entre ses mangas enfantins et rigolos (Princesse Saphir, etc...) et ses mangas plus matures et plus sérieux (dont ses deux chef-d'œuvres : L'histoire des 3 Adolf et Ayako mais aussi Blackjack que j'ai apprécié). Donc, les décors sont dans un style réaliste (et assez époustouflants), les personnages ont des styles assez "sérieux", mais sont plus simples que dans Ayako. Et Tezuka joue pas mal avec les codes de la B.D. pour servir l'humour (pas mal de "Super-Deformed", des clins d'œil au lecteur avec des personnages de ses autres mangas apparaissant ou un petit cochon parsemant les pages -gag récurrent chez l'auteur-). J'aime son dessin ici, même si il vrai que je préfère le style plus "réaliste" de Tezuka. Une série que je conseille pour les fans de Tezuka... Comme moi !

23/06/2012 (modifier)
Par Superjé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Cadavre et le Sofa
Le Cadavre et le Sofa

Pour mes appréciations de BDs, ce qui a le plus le poids, c'est l'histoire. Lorsqu'une BD possède un bon scénario mais un dessin plutôt médiocre, je la noterais mieux qu'une BD au dessin exceptionnel mais à l'histoire vraiment naze. Cependant, lorsque le scénario est bon, mais que le dessin le surpasse largement, j'accorde un bonus dans ma note. Et c'est ce qui se passe lorsque je donne un 4/5 à "Le cadavre et le sofa", c'est pour remercier l'auteur de m'avoir fait passer un merveilleux moment en regardant les planches, disons-le, magnifiques de son album. Tony Sandoval, je connaissais son travail de réputation, mais après avoir lu cet album, je vais m’intéresser de près à ce qu'il fait, car son style est vraiment magnifique. Il y a deux styles graphiques bien distincts dans l'album ; des planches avec une magnifique colorisation informatique, avec des personnages aux traits ronds, aux expressions très caricaturées et un encrage pas très franc ; l'ambiance donnée par ces planches à l'album est une réussite. Et puis, aléatoirement, il y a des planches beaucoup plus lâchées, anguleuses, hachurées, fourmillant de mille traits, en bichromie, avec un encrage plus appuyé et des perspectives et proportions moins précises. Si vous aimez les dessins soignés, recherchés qui vont vous happer dans le récit, je vous conseille "Le cadavre et le sofa" qui en plus d'un dessin exceptionnel, n'a pas une histoire mauvaise. Elle m'a juste paru plus classique, l'album parle de mal de vivre, d'amour adolescente pendant l'été... La mort d'un camarade des héros et l’omniprésence de son cadavre rajoute une touche de glauque à cette jolie fable, mais ce n'est pas vraiment malsain. Bref, une réussite (essentiellement graphique, mais une réussite quand même) !!!

23/06/2012 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Walking Dead
Walking Dead

Longtemps assimilé à la sous-culture popcorn US, le genre zombie, cette branche du fantastique a proliféré dans les domaines du cinéma, du jeu vidéo et de la BD. Et pourtant, le cinéaste Georges Romero, héritier de la culture contestataire des années 60, depuis sa cultissime « Nuit des morts-vivants » et les suites qui en avaient découlé, avait justement utilisé les zombies pour dénoncer le système consumériste de nos sociétés capitalistes. Avec Walking Dead, Robert Kirkman et Charlie Adlard transcendent le genre avec un format qui s’apparenterait plus au roman graphique qu’au comics typique à la Marvel, conférant à ses personnages (les vivants bien entendu…) une profondeur psychologique assez surprenante, aucun ne possédant les caractéristiques du héros classique. Le personnage central, Rick Grimes, censé endosser cette position, a lui-même ses failles et ses zones d’ombre. Si le trait, nerveux, est assez classique, il est toutefois bien adapté à ce « survival horror comics », dont le scénario, très bien construit est si captivant qu’on oublie totalement que le dessin est en noir et blanc. Sur le plan de la mise en page et du cadrage, rien à dire, c’est parfait. Les personnages sont attachants et bien campés psychologiquement, ce qui, on pourrait le concevoir, est la moindre des choses face à des hordes de zombies hargneux et décervelés ! On se dit que décidément, les Ricains sont toujours très forts en la matière. Le récit est émaillé de multiples rebondissements mais le dosage entre scènes d’action et scènes plus calmes est équilibré, De façon générale, à peine a-t-on déposé le livre qu’on a déjà envie de le rouvrir pour découvrir la suite. Certaines scènes sont dignes de l’Enfer de Dante, et même si faire peur n’est pas le but premier des auteurs, certains risquent tout de même de faire quelques cauchemars… Mais cela serait oublier le vrai talent du dessinateur qui reproduit avec réalisme et sensibilité les différentes attitudes des personnages, sachant révéler avec justesse leurs états d’âme d’un simple coup de crayon… car la saga est aussi et surtout une aventure humaine, où les auteurs explorent les recoins de l’âme humaine, des plus nobles aux plus sombres. Avec cette question lancinante : jusqu’où peut-on aller pour assurer sa survie et celle de ses proches dans une situation difficile ? Pendant une bonne partie de la série, aucun indice n’est fourni sur les raisons d’une catastrophe qui semble avoir touché le monde entier. Inutile d’allumer le poste pour avoir des informations ou d’attendre d’hypothétiques secours, il n’y a plus rien, seulement la mort qui rôde et ses charognards sans sommeil. Depuis Romero, le genre zombie est un mythe qui correspond complètement au Zeitgeist de la fin du XXème siècle et est repris avec brio par les auteurs qui en font une espèce de télé-réalité sombre et post-apocalyptique, avec ses maillons faibles, où les valeurs de l’Occident, du tout confort, de l’hyperconsommation, du « fun of life », sont réduites en charpie… Un mythe qui ne peut que fasciner, lié aux grandes épidémies et à la terreur qu’elles suscitent, de la Peste noire au Sida, en passant par la grippe espagnole… mais également au cannibalisme qui nous renvoie avec effroi à nos origines les plus primitives… Toute américaine qu’elle soit, cette œuvre n’a rien d’une production typique US avec ses « happy ends » et ses héros invincibles sortant indemnes de toutes les chausse-trappes. Elle réussit à briser quelques conventions, notamment celle du manichéisme poisseux hérité d’Hollywood. Et à bien des égards, je peux vraiment dire que j’ai été scotché par cette série, qui, en recourant à des procédés parfois « bourrins » ou trash dans la forme, ne s’interdit rien pour mettre à jour les aspects les moins glorieux de l’âme humaine. C’est peut-être ce que permet la BD par rapport au cinéma, car quand on compare à la série TV qui en a été inspirée, on voit bien que cette dernière, malgré ses qualités, a été largement édulcorée par rapport à l’œuvre originale, sans doute dans le but de toucher un plus large public. En résumé, Walking Dead est une bédé puissante, qui prend… aux tripes. C’est facile, je sais, mais c’est la meilleure définition…. 1. Passé Décomposé 2. Cette Vie derrière nous... 3. Sains et saufs 4. Amour et mort – 5. Monstrueux 6. Vengeance – 7. Dans l’œil du cyclone - 8. Une vie de souffrance 9. Ceux qui restent 10. Vers quel avenir ? 11. Les Chasseurs 12. Un monde parfait 13. Point de non-retour 14. Piégés ! 15. Deuil et espoir 16. Un vaste monde 17. Terrifiant 18. Lucille... 19. Ezéchiel 20. Sur le sentier de la guerre

23/06/2012 (modifier)
Par Gruizzli
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Suzuka
Suzuka

Allez, petite réecriture de cet avis que j'avais laissé lorsque j'étais encore un jeune innocent, loin du monde la bande-dessinée et ignorant des références en la matière. Maintenant que le temps à passé, je dois reconnaitre que cette BD me plait tout de même moins que d'autres dans le même genre. Ici l'histoire est sympathique dans le genre (amour adolescent au Japon), avec des petites originalités bienvenues (le sport, la vitesse du récit de temps à autre, quelques thèmes abordés), mais dans l'ensemble on retrouve une trame assez "classique", et un humour potache assez commun à ce genre de récit. On peut noter cependant un dessin vraiment bien fait, je l'ai personnellement assez bien aimé, et de plus on peut remarquer une certaine recherche dans le caractère des personnages : ils ne sont pas "coincés" dans un genre particulier sans jamais en sortir. Cependant je noterais un défaut assez gros : une fin assez abrupte, et qui me semble peu crédible. Surtout qu'elle conclut rapidement un récit qui se trainait un tantinet dans les tomes précédent. Du coup c'est un peu frustrant. Il n'empêche, Suzuka reste un manga qui, sans renouveler le genre, offre une série avec de belles particularités, très fraiche et sympathique. On la réservera à un public adolescent, mais elle plaira sans doute. Un 3.5/5 pour une BD qui reste dans ma mémoire tout de même.

02/09/2008 (MAJ le 23/06/2012) (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Namibia
Namibia

Ma note paraît en retrait du concert de louanges qui s'est abattu jusque-là sur "Namibia", mais disons que pour l'heure je préfère rester prudent. On ne peut parler de cette série sans passer par Kenya, une belle réussite du duo Leo-Rodolphe. Ici le duo est devenu trio, Marchal s'occupant de peaufiner le storyboard réalisé par Leo. Leurs styles étant très proches depuis plusieurs années, l'amalgame se fait sans problème, et l'on se replonge sans problème dans l'ambiance de la première série. Il y a bien sûr quelques différences, le dessin de Marchal étant moins "rond", plus serré que celui de Léo. Mais il parvient, avec l'aide de Sébastien Bouët, à installer de belles ambiances sur les pages du désert namibien... C'est une réussite également sur le plan narratif, car on a du mal à lâcher l'album avant son terme, et l'ajout de plusieurs péripéties savamment placées permet de tenir le lecteur en haleine, même s'il y a aussi de longs moments de calme comme lors de l'arrivée de Katie. Ce personnage "humaniste" nous permet aussi de nous plonger dans l'ambiance de l'époque, très particulière... La suite continue sur le même mode, on vole de mystères en énigmes, et à l'issue du tome 3 cela reste aussi nébuleux que prenant.

30/06/2010 (MAJ le 22/06/2012) (modifier)
Par Pasukare
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Saison brune
Saison brune

Quelle claque ! Et quelle déprime en même temps… J'ai trouvé dans cette "Saison Brune" et dans son auteur Philippe Squarzoni le parfait écho de ma sensibilité, de mon optimisme et de mon pessimisme en matière d'environnement, de réchauffement climatique, de petites solutions individuelles indispensables mais quasi vaines et de grands bouleversements socio-économiques nécessaires mais utopiques. Le constat dressé ici est tiré de tout un tas d'ouvrages que l'auteur a lus afin de se cultiver en la matière lorsqu'il a dû écrire le chapitre "environnement" de Dol. Il entremêle habilement statistiques, interviews, réflexions personnelles et souvenirs d'enfance ce qui évite la lassitude par un rythme de lecture tout sauf monotone. Servie par un dessin en noir et blanc clair, sobre et efficace, cette "Saison brune" tente de nous ouvrir les yeux sur le côté quasi inéluctable de la catastrophe climatique qui nous attend si nous continuons à vivre comme nous le faisons, tout en faisant en même temps la triste démonstration que, vue la mentalité des individus qui dirigent le monde, on va droit dans le mur et que c'est uniquement quand on se sera encastré dedans qu'on (qu'ils) se décidera (se décideront) à faire quelque chose, contraints et forcés, donc trop tard. La notion de rétroaction évoquée dans un des chapitres du livre est assez effrayante, c'est à dire qu'à un moment donné, c'est la nature elle-même qui va contribuer à l'augmentation de la production des gaz à effet de serre, du fait de la fonte des glaciers ou de la calotte polaire, de la disparition de certains courants marins ou de l'augmentation de la température des océans par exemple. Dans un sens la nature a bien raison de se venger ainsi, mais peut-on laisser à nos enfants et aux générations futures un tel héritage ? Et que penser des conséquences sur les inégalités dans le monde ? L'écart va encore s'aggraver, les plus riches sauront sans doute s'adapter un minimum, mais leur mode de vie inconscient causera encore plus de souffrances chez les plus pauvres, cette partie de l'humanité déjà bien mal lotie. Comme le dit Philippe Squarzoni, il y a de quoi devenir schizophrène ! Qui, même l'écologiste le plus convaincu, accepterait de vivre dans les conditions qui seraient nécessaires au désemballement de la machine ? Au niveau individuel, et selon la personnalité de chacun, on est tiraillé entre l'envie/le besoin d'un minimum de confort et le sentiment que chaque écart de conduite est un grain de sable qui vient s'ajouter à ce tas sur le point de s'écrouler sous son propre poids. Et puis on finit invariablement par se dire "A quoi bon ? A quoi bon faire quelque chose dans mon coin ? Ca me donne bonne conscience et après ? Si ça reste individuel et ponctuel, ça ne suffit pas." Cette BD ne se lit pas, elle se dévore malgré soi et malgré sa noirceur et son pessimisme. Certaines notions sont abordées et ré-abordées comme pour mieux imprégner notre cerveau et lui faire bien prendre conscience de la gravité de la situation. Bien que certains passages d'interviews soient parfois un peu longuets, le contenu est tellement intéressant qu'on reste scotché aux propos malgré tout. Je me dis que le chapitre sur le nucléaire aurait trouvé un sacré complément si le livre avait été terminé 3 ou 4 mois plus tard, Philippe Squarzoni aurait certainement évoqué le désastre de Fukushima ! Si vous n'avez pas peur de voir la vérité en face et d'égratigner votre bonne conscience, lisez ce documentaire, il est édifiant autant qu'instructif ! Il faudrait également songer à le distribuer à tous les grands de ce monde, politiques ou grands patrons, mais je pense malheureusement que seul un état d'esprit déjà ouvert sur le sujet peut y être sensible avant l'impact et c'est bien ça le problème.

22/06/2012 (modifier)
Par Miranda
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Toby mon Ami
Toby mon Ami

« Toby mon ami » ou la vie heureuse d’un chien heureux, ça fait plaisir, un peu de douceur dans ce monde où la grande majorité des animaux domestiques ne vivent que pour remplir des ventres et faire plaisir à des bouches trop gourmandes, certes c‘est hors sujet, mais il faut bien le rappeler de temps en temps, c’est l’occasion. Donc, Toby est un chien qui vit sa vie de chien avec son maître qu’il adore et qui l’aime en retour. Les expressions et attitudes canines sont extrêmement bien rendues et la manière dont Gregory Panaccione fait « s’exprimer » le toutou est bien pensée et souvent drôle. L’histoire est d’une grande simplicité, une vie de chien n’est pas bien compliquée en soi, mais c‘est prenant et d’une grande douceur, pourvu qu’on aime les bêtes à poils. Toby comme son nom l’indique est un petit gars, je serais curieuse de voir le même genre d’histoire mais avec une petite femelle, une « Sally ma copine » par exemple, car les deux sexes n’ont pas les mêmes attitudes dans beaucoup de situations. Le dessin met bien en valeur les petites aventures de Toby, même si la planche de la galerie n’est pas des plus parlantes. Par contre, la couverture souple n’est pas très solide, mais bon, cela vaut bien cet instant de pure détente duquel on ressort joyeux et totalement détendus. J'ai oublié de dire que c'est une B.D. muette, certainement parce que les "discours" de Toby ont été largement suffisants.

21/06/2012 (modifier)