Même si j’ai déjà avisé la quasi-totalité de leurs autres productions, c’est par le premier tome de cette série que j’avais découvert le travail de ce duo très complémentaire, qui codirige les éditions Flblb, chez qui ils ont produit quelques belles pépites.
D’emblée, j’ai été captivé par leur travail, et je relis encore avec un très grand plaisir cette série, même si la surprise ne joue plus. Ma seule surprise en l'avisant est de voir le peu d'avis postés sur cette série, plus de dix ans après ses débuts !
Le principe – repris dans la plupart de leurs autres séries – est de mettre en perspective, en appui, le texte très corrosif et ironique de Grégory Jarry, avec le dessin minimaliste d’Otto T. Et cela fonctionne !
Sous couvert de nous conter, de manière badine, avec force second degré et tirades ironiques la colonisation, Grégory Jarry (qui s’est visiblement documenté) réalise un implacable réquisitoire contre cette même colonisation (ses justifications, ses méthodes, ses suites actuelles…), bien sûr, mais aussi contre son image, la propagande qui l’a idéalisée ou aseptisée : il joue des images d’Epinal, avec un ton faussement bonhomme, un narrateur (aux traits successifs de de Gaulle, de Mitterrand [et épisodiquement de leurs successeurs], tous les deux franchement décontractés et très cyniques) semblant nous faire des clins d’œil au milieu de sa présentation.
Un texte engagé donc, mais absolument pas rébarbatif. D’abord parce que l’ironie domine, Jarry glissant pas mal d’anecdotes absurdes, du n’importe quoi assumé, au milieu de faits réels. Mais ensuite et surtout grâce aux dessins d’Otto T.
Des personnages minimalistes donc, très souvent agités, nerveux, qui jouent des scénettes rigolotes, qui prennent tout leur sens en les confrontant au texte de Jarry (l’inverse est aussi vrai). Un travail en symbiose donc, très réussi, qui offre un bon moment de détente sérieuse, ou de déconne instructive, comme on veut.
C’est en tout cas une série que je vous recommande très chaudement (allez voir ensuite les autres séries du duo !). Un travail déjà récompensé, qui a donné lieu à des expositions (à Angoulême je crois) et qui mérite vraiment le détour !
Une intégrale a plus récemment paru, mais je ne sais pas si ce format à l’italienne est adapté à un unique album d’une telle épaisseur.
Culte ! Ni plus ni moins. Et ce même si les derniers tomes n’offrent plus la même consistance.
Avec Blueberry, Jean-Michel Charlier signe peut-être ses meilleurs scénarios. La série, qui se divise en multiples cycles plus ou moins courts, offre des histoires mouvementées, riches en rebondissements et au suspense très classique. La série a fixé une série de règles qui pourraient la rendre stéréotypée pour un nouveau lecteur. Ce serait oublier la date à laquelle Blueberry est apparu.
Charlier parvient à trouver un style à mi-chemin entre le western américain et le western italien. Il parvient à conserver un souffle épique, un style empli de panache tout en offrant des personnages loin d’être parfaits, une vision du far-west plus proche de la réalité mais sans détruire le mythe.
Le dessin de Giraud est excellent et étonnamment précis pour l’époque. Les planches sont soignées, riches en détails et pourtant toujours lisibles.
Chaque tome offre sa dose de matière. Lire un Blueberry ne se fait pas en 15 secondes, mais cette lecture me passionne tellement que, et d’une je ne vois pas le temps passer, et de deux je ne peux m’arrêter avant d’avoir fini le cycle entier (quitte à récupérer en lieu et place de spaghetti al dente une masse informe au fond d’une casserole dont la moitié de l’eau s’est évaporée).
Le seul reproche que je fais à la série, c’est qu’elle est responsable de ma confusion entre Joseph Gillain et Jean Giraud. Longtemps, j’ai cru que ces deux auteurs n’étaient qu’une et même personne. En effet, Jijé signe la première couverture, ainsi que plusieurs planches dans les premiers tomes, le reste est souvent signé Gir. Hors, Jijé = JG, soit les initiales de … Jean Giraud. Les styles des deux auteurs étant proches l’un de l’autre, la confusion était totale dans mon esprit et il me faudra des années pour enfin parvenir à différencier ces deux géants de la bande dessinée.
Cela n’enlève cependant rien à la qualité de cet immense classique de la bande dessinée, dont plus d’une série s’inspirera par la suite (Comanche en tête).
Et comme la série bénéficie actuellement d'une nouvelle édition en intégrale, je vous invite chaleureusement à y jeter un oeil très attentif ! Cette intégrale est, en effet, extrêmement bien foutue et apporte un réel plus aux lecteurs. On y retrouve, pèle-mêle, des planches de présentation parues dans le journal Pilote à l'époque, des interviews des auteurs, des anecdotes sur l'élaboration de certains scénarios, des comparaisons de découpages entre les planches parues dans le journal et celles de l'édition en album. L'amateur que je suis se régale !
J'ai vraiment adoré cette bande dessinée. Tout d'abord le dessin est magnifique, il possède une élégance, un côté pictural extrêmement plaisant. Il donne dans un charme rétro un peu suranné qui pourrait évoquer l'univers des peintures d'Hopper.
Par ailleurs, l'intrigue est très romanesque, on est réellement plongé dans la psychologie du personne principal, on partage ses obsessions et ses interrogations. Je ne peux rien dire sur la chute de l'intrigue sans spoiler. Je peux juste vous dire qu'il s'agit d'une enquête passionnante et d'une expérience de lecture déroutante, moderne et délicieuse.
Le label 619 est souvent synonyme de qualité à mes yeux. Cette collection menée par Run, le créateur de Mutafukaz promet souvent des œuvres décalées et originales comme ce fut le cas avec "Rocakbilly Zombie Superstar" et surtout Freaks' Squeele sans oublier la série culte de Run.
Aussi quand Ankama laisse carte blanche aux créateurs des Lascars et que les avis positifs fusent comme des suppositoires ici même forcément ça titille ma curiosité alors que la référence des auteurs, à savoir la série télé Les Lascars me laisse de glace.
Et j’ai bien fait car ce Monkey Bizness sortant de nulle part pour atterrir sur ma bibliothèque y a tout à fait sa place tant le coté décalé, trash et second degré sont devenus des évidences à mes yeux !
Mais ça parle de quoi ? En fait imaginez un monde dévasté par la fameuse bombe nucléaire inversant les roles dans l’évolution de Darwin ! Les quelques êtres humains survivants sont revenus à l’état primitif et vivent comme des betes sauvages dans la nature alors que les animaux ont vu leur intelligence se développer et ont investi les lieux civilisés.
Ce postulat complètement foutraque peint juste le décor dont l’intérêt est ailleurs étant donné que tous les anciens habitants des zoos sont devenus aussi stupides que leurs modèles humains !!!
On va s’intéresser dans tout ça à un babouin alcoolique et un gorille aimant le cigare, hommes de main à leur compte et glandeurs reconnus vivant de menus larcins.. Ils vivent en parfaite harmonie avec eux-mêmes et n’ont aucun tabou : meurtres, magouille tout y passe dans un délicieux fumet trash sur des petites histoires courtes prêtant à rire et à sourire.
Il y a aussi cet astronaute humain qui atterrit sur terre pensant être sur une autre planète et dont les origines nous seront révélées dans un flash back hilarant ! Et l’histoire de la prison où nos deux macaques se jouent des différentes communautés dans une explosion de machoires….
Le hic c’est le dessin. A peine maîtrisé et à la main levée dans un style animalier lorgnant davantage sur les blogs que la ligne claire ou comics. Il sied finalement bien aux propos qu’il met en œuvre mais est difficile à déchiffrer au début. La colorisation est par contre magnifique avec de beaux effets bichromiques… Ce qui est incroyable c'est que dès le tome 2, le découpage est encore plus maitrisé et dynamique. On y gagne en fluidité pour se retrouver avec un film d'animation entre les mains !
Par contre et outre le dessin, la vulgarité et la violence des propos ne plairont clairement pas à tout le monde. Certaines situations vont parfois assez loin dans le scabreux mais à condition de prendre tout ceci au 3ème degré on risque davantage de passer un excellent moment de divertissement que d’en sorti horrifié ou choqué ! Après tout ce n’est pas Preacher :)
Une excellente friandise qui prouve à elle toute seule la bonne santé d’une certaine bd indépendante qui a compris et digéré les erreurs des œuvres style Echo des Savanes en y injectant une bonne dose de créativité et de sang neuf…
Tout à tour Buddy Movie, farce Trash plutôt osée, défouloir façon Tarantinesque, voyage dans le temps subtil et culotté, Eldiablo et Pozla viennent de créer sans le vouloir ce qui se fait de mieux en Franco-Belge.
Définitivement indispensable !
Miss Austin est de retour ! Yeeeeeees ! Merci Léo ! Cela n’a échappé à personne la jolie brune fait des infidélités à Namibia ! Nous la retrouvons donc dans Amazonie(a) en 1949 - quelle précision - au Brésil au cœur de la forêt vierge sur une pirogue pour rejoindre un dispensaire - loin de tout - afin de rencontrer un révérend qui a apporté au consulat anglais de Manaus un cliché sur lequel on aperçoit une créature qui n’a rien d’humain ! wahou le suspens ! nous voilà engagé pour 52 nouveaux épisodes ! je suis désolé - je pense que je vais avoir de nombreux détracteurs – mais j’aime bien les aventures de Léo. Ok ok ok ok ok ce n’est pas le graphisme le meilleur que je connaisse, certains décors sont nuls et peu travaillés mais oui j’aime bien. Ok ok ok ok ok je vais me faire flageller sur la place de l’église mais j’assume mon choix ! j’achète sans retenu ! j’adore !
Quel plaisir ce fut pour moi de retrouver cet album qui m'avait marqué durant ma jeunesse. Ce fut pour longtemps la seule histoire de Spider-Man en BD que j'ai lu avant que Panini Comics édite les intégrales.
Cette histoire est deux parties est selon moi la meilleure histoire du duo qui a créé Spider-Man: Steve Ditko et Stan Lee. On retrouve le Bouffon Vert à l'époque où son identité était encore secrète. D'ailleurs, il faudra encore une dizaine de numéros avant que Norman Osborn ne soit réellement introduit (avant il faisait quelques apparitions comme un ami riche sans nom de JJJ). Le bouffon Vert s'est allié avec un autre criminel masqué le Maître du crime, mais ce dernier a décidé de faire cavalier seul. En prime, le journaliste Frederick Foswell qui a déjà été un criminel masqué à la tête d'un gang agit de manière étrange et semble cacher quelque chose.
C'est donc une histoire de Spider-Man où le mystère domine. L'intrigue m'avait tenu en haleine lorsque j'étais petit et c'est encore le cas lorsque je suis adulte et que je connais toutes les solutions. J'ai dû relire cette histoire une bonne dizaine de fois (que ce soit dans cet album ou dans l'intégrale de Spider-Man) et je ressens toujours les mêmes émotions. C'est le genre d'histoire que je peux relire en gardant mon plaisir intact. Le récit est assez peu conventionnel pour l'époque. La seconde partie commence par une bagarre qui dure quelques pages et le reste est un peu plus un récit policer où on trouve la solution aux différentes énigmes. C'est différent du récit typique de super-héros où ça se termine dans une bataille où le héros vainc le méchant.
Le dessin de Ditko est excellent. Il sait créer une ambiance parfaite pour Spider-Man. Je regrette que la couverture reprenne un dessin de Romita Sr d'une autre histoire avec le bouffon Vert. C'est complètement hors sujet et donne une fausse idée de ce que l'on retrouve à l'intérieur. La traduction peut faire peu vieillot comparé à la qualité d'aujourd'hui (Spider-Man est appelé L'araignée par exemple).
Il est à noter qu'on retrouve aussi comme bonus l'histoire sur les origines de Docteur Strange et c'est sympathique.
Certains esprits étriqués pensent que si on lit un yaoi, on l’est forcément ce qui n’est pas réellement toujours le cas. On peut être ouvert et surtout avoir cet esprit d’ouverture, pas pour le fun ou la mode actuelle, mais le mettre en application vis-à-vis de ce qui nous est étranger. Alors, je tiens à le préciser d’emblée : ce titre n’est pas un yaoi. Il s’adresse justement à cette population de personnes qui a du mal à accepter la différence ou surtout qui fait semblant de l’accepter (ce qui est encore pire à mon avis).
Un homme qui élève seul sa petite fille au Japon voit débarquer chez lui un canadien genre gros nounours qui était l’époux de son frère jumeaux récemment décédé sur le continent américain où il vivait depuis une dizaine d’années. Cette irruption dans la vie de cette famille un peu monoparentale va tout chambouler. On va découvrir un homme éperdu d’amour pour un être disparu et qui souhaitait ainsi voir le pays natal du défunt.
J’ai rarement vu un titre aussi intelligent pour faire accepter la différence tout en nuances sans faire dans le scandaleux ou le provocateur. C’est à lire absolument pour faire évoluer les mentalités. Il pose également d’autres questions notamment au regard des réflexions de cette petite fille. Les enfants ont souvent plus de bon sens que les adultes.
Au final, voilà enfin un manga qui sort du lot, qui ne fait pas dans la pitrerie et dont le sujet est traité avec habileté et une certaine originalité. Il se dégage beaucoup d’émotions de la part des personnages très attachants dont notamment de notre héros qui pourtant n’a pas versé une larme à la mort de ses parents ou de son frère jumeau.
On est en effet assez loin des personnages clichés habituels (genre le jeune et beau imberbe) et c’est vrai que cela fait du bien. A noter également des leçons de culture gay dans les intermèdes entre chapitres où l’on apprend tout de même des choses assez intéressantes. D’un point de vue graphique, rien à redire avec une belle finesse du trait et des décors soignés.
En tout cas, ce premier tome de ce seinen social est très prometteur. La fin donne tout de suite envie de lire la suite grâce à un gros clifhanger. Homophobe s’abstenir ? Pas forcément, ils peuvent évoluer à la lecture de ce manga qui permet de décoincer leurs esprits étriqués et surtout leurs préjugés que la bonne société leur a inculqué. La famille est bien au centre du récit mais pas de celle qu’idéalise une frange bien à droite de notre échiquier politique qui s’apprête d’ailleurs à prendre le pouvoir. Bref, ce n’est pas un manga comme les autres car il dissipe le mal à l’aise de manière assez pédagogique tout en assurant le divertissement.
Que de mauvaises langues ! Vous avez perdu votre âme potache d'enfant.
Bien sûr il ne faut pas lire cette BD avec un regard adulte mais juste pour se relaxer et passer un bon moment de poilade.
Mes filles adorent !!!
Elles rentrent en douceur dans l'univers de TROY qu'elles liront dans quelques années.
Pour moi ...c'est juste FUN
Voilà une lecture qui détonne ! C'est impétueux à souhait ! J'adore les dialogues et l'humour fin qui s'en dégage. C'est tout à fait mon style ! Le dessin est véritablement somptueux et tout en nuance. Par moment, c'est même incroyablement divin de beauté. Cela apporte un incontestable Les Plus Grands Super-Heros du Monde à ce récit d'aventure.
Il est vrai que c'est un véritable monument de la bd largement plébiscité sur ce site que je n'avais pas encore avisé. J'avoue sans conteste avoir eu beaucoup de mal à me décider pour la lire. La raison ? Les 20 premières pages ne m'avaient pas tout à fait convaincu il y a deux ans et j'avais arrêté net ma lecture.
J'avais peur d'un verbiage façon comédia dell'arte tout le long qui m'aurait épuisé dans tous les sens du terme. Heureusement, il n'en est rien. Bien m'en a pris de reprendre la lecture. Comme quoi, je donne raison à tout ceux qui pensent qu'il faut juger une oeuvre après avoir tout lu.
Pour la petite histoire, mon cauchemar était de mettre une seule étoile à cette bd auquel cas, je me serais fais beaucoup d'ennemis tant l'objet est sacré. C'est dire que j'ai abordé ma lecture avec beaucoup de crainte. Ma note est donc très sincère car j'ai véritablement ressenti la grande aventure mêlée à de la poésie.
C'est un savant mélange qui fait la singularité de cette oeuvre unique en son genre, bien qu'on assiste actuellement à la montée en puissance d'autres bd qui tentent d'imiter le style avec plus ou moins de bonheur (Célestin Gobe-la-lune, Spoogue...).
Par ailleurs, je n'avais pas l'impression qu'il y a une baisse de régime dans les derniers tomes. Bien au contraire! Cependant, comme pratiquement toutes les séries cultes, ce sont bien les premiers volumes qui sont les meilleurs. Cela est indéniable ce qui n'empêche pas de trouver une suite de haut niveau. Comme la plupart des lecteurs, on attend la fin du cycle lunaire pour espérer le retour de la grande aventure sur Terre.
Le 10ème tome marque donc la fin des aventures de cette joyeuse bande. J'apprécie surtout qu'il y ait une fin même si elle reste ouverte. Voilà une série qui ne s'éternise pas et qui sait tirer sa révérence finale comme une vraie pièce de théâtre. Le dessin culmine par sa beauté. Les dialogues sont toujours aussi exquis. En conclusion, nous avons là une série tout à fait originale qui aura fini par nous séduire.
C’est un plaisir de retrouver un nouveau diptyque pour cette série mythique. Le récit est censé se passer 20 mois avant la série initiale et cela sera un diptyque. On se concentre sur l’aventure du mignon petit lapin Eusèbe dont le mystère de son passé a toujours été conservé. J’avoue avoir pris du plaisir à revoir ce sympathique personnage dont la gentillesse et la naïveté se confondent pour nous donner des scènes très décalées. Certes, les inconditionnels crieront au scandale surtout ceux qui ont acquis le coffret de l’intégral en 2012. Quand il n’y en a plus, il y en a encore ! On devrait tous le savoir. Le dessin frise encore une fois la perfection. C’est franchement sublime. La poésie est toujours présente. Bref, ce n’est que du bonheur !
En résumé: une richesse de texte et un dessin sublime pour constituer une pure merveille !
Note Dessin : 4.75/5 - Note Scénario : 4.25/5 - Note Globale : 4.5/5
Amis de la cohérence et de la logique, au revoir !
Car autant vous prévenir tout de suite que si vous n’êtes amateurs que de récits linéaires et carrés la déconvenue de cette nouvelle œuvre de Charles Burns va en décontenancer et en décourager plus d’un.
Bien assis dans sa réputation d’artiste underground au trait si particulier et un noir et blanc qui aura influencé Mezzo et Pirus, je connaissais aussi l’artiste pour sa pochette déjantée de Brick by Brick de l’iguane et ses couleurs barrées.
C’est donc avec intérêt et bien motivé que je me suis lancé dans la lecture de ce « Toxic » coloré et dont la couverture renvoie directement à l’ile mystérieuse de Tintin.
Outre l’hommage appuyé au reporter d’Hergé et les couleurs inédites, la source d’émerveillement ou le rejet sont constitués par le déroulement sauvage de cette histoire,
En effet, l’histoire ou plutôt les histoires partent dans tous les sens, présentant tour à tour un monde parallèle avec un tintin en robe de chambre à la recherche de son chat noir dans un univers complètement barré et loufoque pour revenir à une réalité non moins exigeante avec un jeune adulte solitaire et de son coup de foudre pour une jeune femme à la sensibilité à fleur de peau.
Pour ne rien faciliter, Burns nous transporte d’une dimension à une autre mélangeant paradoxes temporels et géographiques pour ne faire qu’une seule et même histoire avec des reflets ne cessant de renvoyer l’histoire d’un point à un autre, mélangeant personnages d’un monde vers un autre et abusant de dialogues qui peuvent vite devenir absurdes une fois sorti de leur contexte.
Mais quel contexte ? D’ailleurs cela ne vous rappelle rien ? Moi si avec ce fameux film Lost Highway de David Lynch dont je n’avais rien compris mais avais pris beaucoup de plaisir à essayer d’en extraire la substance…
D’ailleurs chacun sera libre d’aimer ou de détester les deux opus de cette trilogie annoncée qui se lit relativement rapidement mais laisse volontairement le lecteur un peu sur place à la marge des évènements qui s’y déroulent. Pourtant pour peu qu’on aime un peu les jeux de réflexion, il est amusant d’y relever les clins d’œil à Tintin, les lieux parallèles et un point d’ancrage dans cette histoire dont j’espère que le dernier tome y amènera certaines clés.
Ceux qui apprécient la narration pourtant si évidente des autres œuvres de Charles Burns vont se retrouver perdus car rien n’est classique et le ton froid et détaché des protagonistes du monde réel ne va rien faire pour arranger la compréhension. Pourtant cette histoire me parle davantage que les flottements poétiques de Wazem dans son Mars Aller-Retour récemment lu dont je peux en faire quelque peu le comparatif ici.
Nul doute que le prix et la globalité vont en rebuter plus d’un mais pour les initiés ou les plus curieux, le chemin a l’air d’en valoir la peine. Et puis quel style graphique ! Quelle belle mise en page (encore merci à Cornelius pour réaliser de si beaux bouquins).
Pour tout cela je n’en recommande pas nécessairement l’acquisition mais laissez-vous tenter par une lecture, aucun risque de s’ennuyer même si l’on s’y sent régulièrement perdu. Et il est parfois de bon augure que de fermer les yeux et se laisser porter par une ambiance inconnue mais pas désagréable….
Alors Charles Burns écrit-il un récit sans queue ni tête ou un diffuseur d’encens narcotiques ? C’est bien dans ce doute et cet esthétisme réussi qu’il réussit le pari de m’intéresser malgré le fait que cette série soit la moins passionnante de toutes celles qu’il a rédigées jusqu’ à présent mais cela sera peut-être révisé à hauteur lorsque l’intégralité de ce délire sera édité. A suivre donc…
Mise à jour du 16/01/2017 après lecture de la trilogie complète :
Prévue comme une histoire en 3 chapitres où chaque chapitre était publié en suscitant une attente certaine, les choses apparaissent comme beaucoup plus clair une fois l'intégralité relue à la suite.
Si Charles Burns ne répond pas nécessairement à toutes les questions, la plupart trouvent une réponse sur les regrets amoureux d'un adolescent devenu adulte et son repli vers un monde intérieur dans lequel son subconscient se cache (le masque en carton de Tintin qu'il porte lorsqu'il énonce sa prose n'est pas là pour rien).
Pire, les dernières pages laissent supposer d'une empathie complètement différente pour certains personnage tout en me rappelant un roman qui m'avait bien marqué il y a une vingtaine d'années "Une jeune fille" de Dan Franck.
Ce qui est passionnant c'est de voir que même en colorisant intégralement son oeuvre (une première pour Burns), ses dessins restent toujours aussi hypnotiques et fascinants. On comprend en quelques pages toute la symbolique de ces dessins mystérieux ainsi même que le titre des chapitres, finalement rien n'aura été laissé au hasard et la page finale donne furieusement envie de tout relire immédiatement, clés en mains.
Malgré la noirceur des propos, la superficialité du héros (qui n'en est pas un vraiment, ni dans la réalité ni dans ses rêves), on ne retient que la mélancolie d'un drame ordinaire, d'actes manqués et de choix capricieux mais Burns a réussi à sublimer l'ensemble pour en dresser une fois de plus un tableau onirique d'une rare beauté.
Edifiant.
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Petite histoire des colonies françaises
Même si j’ai déjà avisé la quasi-totalité de leurs autres productions, c’est par le premier tome de cette série que j’avais découvert le travail de ce duo très complémentaire, qui codirige les éditions Flblb, chez qui ils ont produit quelques belles pépites. D’emblée, j’ai été captivé par leur travail, et je relis encore avec un très grand plaisir cette série, même si la surprise ne joue plus. Ma seule surprise en l'avisant est de voir le peu d'avis postés sur cette série, plus de dix ans après ses débuts ! Le principe – repris dans la plupart de leurs autres séries – est de mettre en perspective, en appui, le texte très corrosif et ironique de Grégory Jarry, avec le dessin minimaliste d’Otto T. Et cela fonctionne ! Sous couvert de nous conter, de manière badine, avec force second degré et tirades ironiques la colonisation, Grégory Jarry (qui s’est visiblement documenté) réalise un implacable réquisitoire contre cette même colonisation (ses justifications, ses méthodes, ses suites actuelles…), bien sûr, mais aussi contre son image, la propagande qui l’a idéalisée ou aseptisée : il joue des images d’Epinal, avec un ton faussement bonhomme, un narrateur (aux traits successifs de de Gaulle, de Mitterrand [et épisodiquement de leurs successeurs], tous les deux franchement décontractés et très cyniques) semblant nous faire des clins d’œil au milieu de sa présentation. Un texte engagé donc, mais absolument pas rébarbatif. D’abord parce que l’ironie domine, Jarry glissant pas mal d’anecdotes absurdes, du n’importe quoi assumé, au milieu de faits réels. Mais ensuite et surtout grâce aux dessins d’Otto T. Des personnages minimalistes donc, très souvent agités, nerveux, qui jouent des scénettes rigolotes, qui prennent tout leur sens en les confrontant au texte de Jarry (l’inverse est aussi vrai). Un travail en symbiose donc, très réussi, qui offre un bon moment de détente sérieuse, ou de déconne instructive, comme on veut. C’est en tout cas une série que je vous recommande très chaudement (allez voir ensuite les autres séries du duo !). Un travail déjà récompensé, qui a donné lieu à des expositions (à Angoulême je crois) et qui mérite vraiment le détour ! Une intégrale a plus récemment paru, mais je ne sais pas si ce format à l’italienne est adapté à un unique album d’une telle épaisseur.
Blueberry
Culte ! Ni plus ni moins. Et ce même si les derniers tomes n’offrent plus la même consistance. Avec Blueberry, Jean-Michel Charlier signe peut-être ses meilleurs scénarios. La série, qui se divise en multiples cycles plus ou moins courts, offre des histoires mouvementées, riches en rebondissements et au suspense très classique. La série a fixé une série de règles qui pourraient la rendre stéréotypée pour un nouveau lecteur. Ce serait oublier la date à laquelle Blueberry est apparu. Charlier parvient à trouver un style à mi-chemin entre le western américain et le western italien. Il parvient à conserver un souffle épique, un style empli de panache tout en offrant des personnages loin d’être parfaits, une vision du far-west plus proche de la réalité mais sans détruire le mythe. Le dessin de Giraud est excellent et étonnamment précis pour l’époque. Les planches sont soignées, riches en détails et pourtant toujours lisibles. Chaque tome offre sa dose de matière. Lire un Blueberry ne se fait pas en 15 secondes, mais cette lecture me passionne tellement que, et d’une je ne vois pas le temps passer, et de deux je ne peux m’arrêter avant d’avoir fini le cycle entier (quitte à récupérer en lieu et place de spaghetti al dente une masse informe au fond d’une casserole dont la moitié de l’eau s’est évaporée). Le seul reproche que je fais à la série, c’est qu’elle est responsable de ma confusion entre Joseph Gillain et Jean Giraud. Longtemps, j’ai cru que ces deux auteurs n’étaient qu’une et même personne. En effet, Jijé signe la première couverture, ainsi que plusieurs planches dans les premiers tomes, le reste est souvent signé Gir. Hors, Jijé = JG, soit les initiales de … Jean Giraud. Les styles des deux auteurs étant proches l’un de l’autre, la confusion était totale dans mon esprit et il me faudra des années pour enfin parvenir à différencier ces deux géants de la bande dessinée. Cela n’enlève cependant rien à la qualité de cet immense classique de la bande dessinée, dont plus d’une série s’inspirera par la suite (Comanche en tête). Et comme la série bénéficie actuellement d'une nouvelle édition en intégrale, je vous invite chaleureusement à y jeter un oeil très attentif ! Cette intégrale est, en effet, extrêmement bien foutue et apporte un réel plus aux lecteurs. On y retrouve, pèle-mêle, des planches de présentation parues dans le journal Pilote à l'époque, des interviews des auteurs, des anecdotes sur l'élaboration de certains scénarios, des comparaisons de découpages entre les planches parues dans le journal et celles de l'édition en album. L'amateur que je suis se régale !
Watertown
J'ai vraiment adoré cette bande dessinée. Tout d'abord le dessin est magnifique, il possède une élégance, un côté pictural extrêmement plaisant. Il donne dans un charme rétro un peu suranné qui pourrait évoquer l'univers des peintures d'Hopper. Par ailleurs, l'intrigue est très romanesque, on est réellement plongé dans la psychologie du personne principal, on partage ses obsessions et ses interrogations. Je ne peux rien dire sur la chute de l'intrigue sans spoiler. Je peux juste vous dire qu'il s'agit d'une enquête passionnante et d'une expérience de lecture déroutante, moderne et délicieuse.
Monkey Bizness
Le label 619 est souvent synonyme de qualité à mes yeux. Cette collection menée par Run, le créateur de Mutafukaz promet souvent des œuvres décalées et originales comme ce fut le cas avec "Rocakbilly Zombie Superstar" et surtout Freaks' Squeele sans oublier la série culte de Run. Aussi quand Ankama laisse carte blanche aux créateurs des Lascars et que les avis positifs fusent comme des suppositoires ici même forcément ça titille ma curiosité alors que la référence des auteurs, à savoir la série télé Les Lascars me laisse de glace. Et j’ai bien fait car ce Monkey Bizness sortant de nulle part pour atterrir sur ma bibliothèque y a tout à fait sa place tant le coté décalé, trash et second degré sont devenus des évidences à mes yeux ! Mais ça parle de quoi ? En fait imaginez un monde dévasté par la fameuse bombe nucléaire inversant les roles dans l’évolution de Darwin ! Les quelques êtres humains survivants sont revenus à l’état primitif et vivent comme des betes sauvages dans la nature alors que les animaux ont vu leur intelligence se développer et ont investi les lieux civilisés. Ce postulat complètement foutraque peint juste le décor dont l’intérêt est ailleurs étant donné que tous les anciens habitants des zoos sont devenus aussi stupides que leurs modèles humains !!! On va s’intéresser dans tout ça à un babouin alcoolique et un gorille aimant le cigare, hommes de main à leur compte et glandeurs reconnus vivant de menus larcins.. Ils vivent en parfaite harmonie avec eux-mêmes et n’ont aucun tabou : meurtres, magouille tout y passe dans un délicieux fumet trash sur des petites histoires courtes prêtant à rire et à sourire. Il y a aussi cet astronaute humain qui atterrit sur terre pensant être sur une autre planète et dont les origines nous seront révélées dans un flash back hilarant ! Et l’histoire de la prison où nos deux macaques se jouent des différentes communautés dans une explosion de machoires…. Le hic c’est le dessin. A peine maîtrisé et à la main levée dans un style animalier lorgnant davantage sur les blogs que la ligne claire ou comics. Il sied finalement bien aux propos qu’il met en œuvre mais est difficile à déchiffrer au début. La colorisation est par contre magnifique avec de beaux effets bichromiques… Ce qui est incroyable c'est que dès le tome 2, le découpage est encore plus maitrisé et dynamique. On y gagne en fluidité pour se retrouver avec un film d'animation entre les mains ! Par contre et outre le dessin, la vulgarité et la violence des propos ne plairont clairement pas à tout le monde. Certaines situations vont parfois assez loin dans le scabreux mais à condition de prendre tout ceci au 3ème degré on risque davantage de passer un excellent moment de divertissement que d’en sorti horrifié ou choqué ! Après tout ce n’est pas Preacher :) Une excellente friandise qui prouve à elle toute seule la bonne santé d’une certaine bd indépendante qui a compris et digéré les erreurs des œuvres style Echo des Savanes en y injectant une bonne dose de créativité et de sang neuf… Tout à tour Buddy Movie, farce Trash plutôt osée, défouloir façon Tarantinesque, voyage dans le temps subtil et culotté, Eldiablo et Pozla viennent de créer sans le vouloir ce qui se fait de mieux en Franco-Belge. Définitivement indispensable !
Amazonie
Miss Austin est de retour ! Yeeeeeees ! Merci Léo ! Cela n’a échappé à personne la jolie brune fait des infidélités à Namibia ! Nous la retrouvons donc dans Amazonie(a) en 1949 - quelle précision - au Brésil au cœur de la forêt vierge sur une pirogue pour rejoindre un dispensaire - loin de tout - afin de rencontrer un révérend qui a apporté au consulat anglais de Manaus un cliché sur lequel on aperçoit une créature qui n’a rien d’humain ! wahou le suspens ! nous voilà engagé pour 52 nouveaux épisodes ! je suis désolé - je pense que je vais avoir de nombreux détracteurs – mais j’aime bien les aventures de Léo. Ok ok ok ok ok ce n’est pas le graphisme le meilleur que je connaisse, certains décors sont nuls et peu travaillés mais oui j’aime bien. Ok ok ok ok ok je vais me faire flageller sur la place de l’église mais j’assume mon choix ! j’achète sans retenu ! j’adore !
Spider-Man - Ramenez-moi le Bouffon Vert
Quel plaisir ce fut pour moi de retrouver cet album qui m'avait marqué durant ma jeunesse. Ce fut pour longtemps la seule histoire de Spider-Man en BD que j'ai lu avant que Panini Comics édite les intégrales. Cette histoire est deux parties est selon moi la meilleure histoire du duo qui a créé Spider-Man: Steve Ditko et Stan Lee. On retrouve le Bouffon Vert à l'époque où son identité était encore secrète. D'ailleurs, il faudra encore une dizaine de numéros avant que Norman Osborn ne soit réellement introduit (avant il faisait quelques apparitions comme un ami riche sans nom de JJJ). Le bouffon Vert s'est allié avec un autre criminel masqué le Maître du crime, mais ce dernier a décidé de faire cavalier seul. En prime, le journaliste Frederick Foswell qui a déjà été un criminel masqué à la tête d'un gang agit de manière étrange et semble cacher quelque chose. C'est donc une histoire de Spider-Man où le mystère domine. L'intrigue m'avait tenu en haleine lorsque j'étais petit et c'est encore le cas lorsque je suis adulte et que je connais toutes les solutions. J'ai dû relire cette histoire une bonne dizaine de fois (que ce soit dans cet album ou dans l'intégrale de Spider-Man) et je ressens toujours les mêmes émotions. C'est le genre d'histoire que je peux relire en gardant mon plaisir intact. Le récit est assez peu conventionnel pour l'époque. La seconde partie commence par une bagarre qui dure quelques pages et le reste est un peu plus un récit policer où on trouve la solution aux différentes énigmes. C'est différent du récit typique de super-héros où ça se termine dans une bataille où le héros vainc le méchant. Le dessin de Ditko est excellent. Il sait créer une ambiance parfaite pour Spider-Man. Je regrette que la couverture reprenne un dessin de Romita Sr d'une autre histoire avec le bouffon Vert. C'est complètement hors sujet et donne une fausse idée de ce que l'on retrouve à l'intérieur. La traduction peut faire peu vieillot comparé à la qualité d'aujourd'hui (Spider-Man est appelé L'araignée par exemple). Il est à noter qu'on retrouve aussi comme bonus l'histoire sur les origines de Docteur Strange et c'est sympathique.
Le Mari de mon frère
Certains esprits étriqués pensent que si on lit un yaoi, on l’est forcément ce qui n’est pas réellement toujours le cas. On peut être ouvert et surtout avoir cet esprit d’ouverture, pas pour le fun ou la mode actuelle, mais le mettre en application vis-à-vis de ce qui nous est étranger. Alors, je tiens à le préciser d’emblée : ce titre n’est pas un yaoi. Il s’adresse justement à cette population de personnes qui a du mal à accepter la différence ou surtout qui fait semblant de l’accepter (ce qui est encore pire à mon avis). Un homme qui élève seul sa petite fille au Japon voit débarquer chez lui un canadien genre gros nounours qui était l’époux de son frère jumeaux récemment décédé sur le continent américain où il vivait depuis une dizaine d’années. Cette irruption dans la vie de cette famille un peu monoparentale va tout chambouler. On va découvrir un homme éperdu d’amour pour un être disparu et qui souhaitait ainsi voir le pays natal du défunt. J’ai rarement vu un titre aussi intelligent pour faire accepter la différence tout en nuances sans faire dans le scandaleux ou le provocateur. C’est à lire absolument pour faire évoluer les mentalités. Il pose également d’autres questions notamment au regard des réflexions de cette petite fille. Les enfants ont souvent plus de bon sens que les adultes. Au final, voilà enfin un manga qui sort du lot, qui ne fait pas dans la pitrerie et dont le sujet est traité avec habileté et une certaine originalité. Il se dégage beaucoup d’émotions de la part des personnages très attachants dont notamment de notre héros qui pourtant n’a pas versé une larme à la mort de ses parents ou de son frère jumeau. On est en effet assez loin des personnages clichés habituels (genre le jeune et beau imberbe) et c’est vrai que cela fait du bien. A noter également des leçons de culture gay dans les intermèdes entre chapitres où l’on apprend tout de même des choses assez intéressantes. D’un point de vue graphique, rien à redire avec une belle finesse du trait et des décors soignés. En tout cas, ce premier tome de ce seinen social est très prometteur. La fin donne tout de suite envie de lire la suite grâce à un gros clifhanger. Homophobe s’abstenir ? Pas forcément, ils peuvent évoluer à la lecture de ce manga qui permet de décoincer leurs esprits étriqués et surtout leurs préjugés que la bonne société leur a inculqué. La famille est bien au centre du récit mais pas de celle qu’idéalise une frange bien à droite de notre échiquier politique qui s’apprête d’ailleurs à prendre le pouvoir. Bref, ce n’est pas un manga comme les autres car il dissipe le mal à l’aise de manière assez pédagogique tout en assurant le divertissement.
Gnomes de Troy
Que de mauvaises langues ! Vous avez perdu votre âme potache d'enfant. Bien sûr il ne faut pas lire cette BD avec un regard adulte mais juste pour se relaxer et passer un bon moment de poilade. Mes filles adorent !!! Elles rentrent en douceur dans l'univers de TROY qu'elles liront dans quelques années. Pour moi ...c'est juste FUN
De Cape et de Crocs
Voilà une lecture qui détonne ! C'est impétueux à souhait ! J'adore les dialogues et l'humour fin qui s'en dégage. C'est tout à fait mon style ! Le dessin est véritablement somptueux et tout en nuance. Par moment, c'est même incroyablement divin de beauté. Cela apporte un incontestable Les Plus Grands Super-Heros du Monde à ce récit d'aventure. Il est vrai que c'est un véritable monument de la bd largement plébiscité sur ce site que je n'avais pas encore avisé. J'avoue sans conteste avoir eu beaucoup de mal à me décider pour la lire. La raison ? Les 20 premières pages ne m'avaient pas tout à fait convaincu il y a deux ans et j'avais arrêté net ma lecture. J'avais peur d'un verbiage façon comédia dell'arte tout le long qui m'aurait épuisé dans tous les sens du terme. Heureusement, il n'en est rien. Bien m'en a pris de reprendre la lecture. Comme quoi, je donne raison à tout ceux qui pensent qu'il faut juger une oeuvre après avoir tout lu. Pour la petite histoire, mon cauchemar était de mettre une seule étoile à cette bd auquel cas, je me serais fais beaucoup d'ennemis tant l'objet est sacré. C'est dire que j'ai abordé ma lecture avec beaucoup de crainte. Ma note est donc très sincère car j'ai véritablement ressenti la grande aventure mêlée à de la poésie. C'est un savant mélange qui fait la singularité de cette oeuvre unique en son genre, bien qu'on assiste actuellement à la montée en puissance d'autres bd qui tentent d'imiter le style avec plus ou moins de bonheur (Célestin Gobe-la-lune, Spoogue...). Par ailleurs, je n'avais pas l'impression qu'il y a une baisse de régime dans les derniers tomes. Bien au contraire! Cependant, comme pratiquement toutes les séries cultes, ce sont bien les premiers volumes qui sont les meilleurs. Cela est indéniable ce qui n'empêche pas de trouver une suite de haut niveau. Comme la plupart des lecteurs, on attend la fin du cycle lunaire pour espérer le retour de la grande aventure sur Terre. Le 10ème tome marque donc la fin des aventures de cette joyeuse bande. J'apprécie surtout qu'il y ait une fin même si elle reste ouverte. Voilà une série qui ne s'éternise pas et qui sait tirer sa révérence finale comme une vraie pièce de théâtre. Le dessin culmine par sa beauté. Les dialogues sont toujours aussi exquis. En conclusion, nous avons là une série tout à fait originale qui aura fini par nous séduire. C’est un plaisir de retrouver un nouveau diptyque pour cette série mythique. Le récit est censé se passer 20 mois avant la série initiale et cela sera un diptyque. On se concentre sur l’aventure du mignon petit lapin Eusèbe dont le mystère de son passé a toujours été conservé. J’avoue avoir pris du plaisir à revoir ce sympathique personnage dont la gentillesse et la naïveté se confondent pour nous donner des scènes très décalées. Certes, les inconditionnels crieront au scandale surtout ceux qui ont acquis le coffret de l’intégral en 2012. Quand il n’y en a plus, il y en a encore ! On devrait tous le savoir. Le dessin frise encore une fois la perfection. C’est franchement sublime. La poésie est toujours présente. Bref, ce n’est que du bonheur ! En résumé: une richesse de texte et un dessin sublime pour constituer une pure merveille ! Note Dessin : 4.75/5 - Note Scénario : 4.25/5 - Note Globale : 4.5/5
Toxic / La Ruche / Calavera
Amis de la cohérence et de la logique, au revoir ! Car autant vous prévenir tout de suite que si vous n’êtes amateurs que de récits linéaires et carrés la déconvenue de cette nouvelle œuvre de Charles Burns va en décontenancer et en décourager plus d’un. Bien assis dans sa réputation d’artiste underground au trait si particulier et un noir et blanc qui aura influencé Mezzo et Pirus, je connaissais aussi l’artiste pour sa pochette déjantée de Brick by Brick de l’iguane et ses couleurs barrées. C’est donc avec intérêt et bien motivé que je me suis lancé dans la lecture de ce « Toxic » coloré et dont la couverture renvoie directement à l’ile mystérieuse de Tintin. Outre l’hommage appuyé au reporter d’Hergé et les couleurs inédites, la source d’émerveillement ou le rejet sont constitués par le déroulement sauvage de cette histoire, En effet, l’histoire ou plutôt les histoires partent dans tous les sens, présentant tour à tour un monde parallèle avec un tintin en robe de chambre à la recherche de son chat noir dans un univers complètement barré et loufoque pour revenir à une réalité non moins exigeante avec un jeune adulte solitaire et de son coup de foudre pour une jeune femme à la sensibilité à fleur de peau. Pour ne rien faciliter, Burns nous transporte d’une dimension à une autre mélangeant paradoxes temporels et géographiques pour ne faire qu’une seule et même histoire avec des reflets ne cessant de renvoyer l’histoire d’un point à un autre, mélangeant personnages d’un monde vers un autre et abusant de dialogues qui peuvent vite devenir absurdes une fois sorti de leur contexte. Mais quel contexte ? D’ailleurs cela ne vous rappelle rien ? Moi si avec ce fameux film Lost Highway de David Lynch dont je n’avais rien compris mais avais pris beaucoup de plaisir à essayer d’en extraire la substance… D’ailleurs chacun sera libre d’aimer ou de détester les deux opus de cette trilogie annoncée qui se lit relativement rapidement mais laisse volontairement le lecteur un peu sur place à la marge des évènements qui s’y déroulent. Pourtant pour peu qu’on aime un peu les jeux de réflexion, il est amusant d’y relever les clins d’œil à Tintin, les lieux parallèles et un point d’ancrage dans cette histoire dont j’espère que le dernier tome y amènera certaines clés. Ceux qui apprécient la narration pourtant si évidente des autres œuvres de Charles Burns vont se retrouver perdus car rien n’est classique et le ton froid et détaché des protagonistes du monde réel ne va rien faire pour arranger la compréhension. Pourtant cette histoire me parle davantage que les flottements poétiques de Wazem dans son Mars Aller-Retour récemment lu dont je peux en faire quelque peu le comparatif ici. Nul doute que le prix et la globalité vont en rebuter plus d’un mais pour les initiés ou les plus curieux, le chemin a l’air d’en valoir la peine. Et puis quel style graphique ! Quelle belle mise en page (encore merci à Cornelius pour réaliser de si beaux bouquins). Pour tout cela je n’en recommande pas nécessairement l’acquisition mais laissez-vous tenter par une lecture, aucun risque de s’ennuyer même si l’on s’y sent régulièrement perdu. Et il est parfois de bon augure que de fermer les yeux et se laisser porter par une ambiance inconnue mais pas désagréable…. Alors Charles Burns écrit-il un récit sans queue ni tête ou un diffuseur d’encens narcotiques ? C’est bien dans ce doute et cet esthétisme réussi qu’il réussit le pari de m’intéresser malgré le fait que cette série soit la moins passionnante de toutes celles qu’il a rédigées jusqu’ à présent mais cela sera peut-être révisé à hauteur lorsque l’intégralité de ce délire sera édité. A suivre donc… Mise à jour du 16/01/2017 après lecture de la trilogie complète : Prévue comme une histoire en 3 chapitres où chaque chapitre était publié en suscitant une attente certaine, les choses apparaissent comme beaucoup plus clair une fois l'intégralité relue à la suite. Si Charles Burns ne répond pas nécessairement à toutes les questions, la plupart trouvent une réponse sur les regrets amoureux d'un adolescent devenu adulte et son repli vers un monde intérieur dans lequel son subconscient se cache (le masque en carton de Tintin qu'il porte lorsqu'il énonce sa prose n'est pas là pour rien). Pire, les dernières pages laissent supposer d'une empathie complètement différente pour certains personnage tout en me rappelant un roman qui m'avait bien marqué il y a une vingtaine d'années "Une jeune fille" de Dan Franck. Ce qui est passionnant c'est de voir que même en colorisant intégralement son oeuvre (une première pour Burns), ses dessins restent toujours aussi hypnotiques et fascinants. On comprend en quelques pages toute la symbolique de ces dessins mystérieux ainsi même que le titre des chapitres, finalement rien n'aura été laissé au hasard et la page finale donne furieusement envie de tout relire immédiatement, clés en mains. Malgré la noirceur des propos, la superficialité du héros (qui n'en est pas un vraiment, ni dans la réalité ni dans ses rêves), on ne retient que la mélancolie d'un drame ordinaire, d'actes manqués et de choix capricieux mais Burns a réussi à sublimer l'ensemble pour en dresser une fois de plus un tableau onirique d'une rare beauté. Edifiant.