Je ne suis pas un gros fan de DC, mais je n'ai pas eu besoin de grand chose pour comprendre (même si certains détails n'ont trouvé leurs réponses que lorsque j'ai compris quels étaient les super-heros en action). Emprunté à la médiathèque locale, j'ai laissé trainé... Erreur !
Le dessin est fantastique, chaque case est travaillée.
Le scénario est bien ficelé et comment dire.... fin. Voilà, fin c'est le mot. La narration 3eme personne "mais pas trop" permet de se place en observateur d'une histoire qui mèle comme souvent le paradoxe entre "ce qu'il faudrait faire, ce que je fais".
J'ai personnellement plus pris mon pied sur cette histoire que sur Watchmen - un commentaire en parle - ce qui en fait une oeuvre majeure pour DC; et pour ma bibliothèque, très bientot.
Maintenant que cette série est finie et que les cinq tomes sont relus, je peux le dire : c'est probablement la meilleure BD que j'ai lue cette année. Et c'est pas peu de le dire.
Nom de nom, ça fait longtemps que j'avais pas lu une BD comme celle-là ! Et c'est pas rien de le dire. Je m'attendais à une série vaguement érotique/pornographique dans un univers BDSM, j'en ai pris plein les mirettes. Dans le genre couverture racoleuse pour intérieur encore meilleur, on fait pas mieux !
Déjà, c'est un récit érotique, certes, mais largement plus versé dans l'histoire que dans des scènes de nu (qui sont quand même bien fréquentes, rassurez-vous petit(e)s libidineu(se)s). D'ailleurs on est bel et bien sur de l'érotisme, tout le reste n'est que suggéré, mais avec de l'imagination, on va sans doute plus loin que ce que l'auteur aurait voulu en faire.
L'auteur m'aura surpris sur à peu près tout : le dessin, qui varie pas mal selon les scènes et donne de très belles planches ou des strips efficaces, le tout très coloré, agréable à l’œil; mais également des explications très intéressantes sur le BDSM, pratique que je connaissais à peine et mal. Le tout est cadré dans un scénario aux relations humaines très bien développées, aux retournements bienvenus, et aux personnages extrêmement bien campés. Et, en prime, un humour qui m'aura fait couler plusieurs larmes, tant je me suis étranglé de rire sur certaines situations.
Bref, tout est là pour notre plaisir, et j'en suis ravi. J'ai adoré les incartades de l'auteur dans l'ensemble de la BD, qui utilise plusieurs fois tout le potentiel d'une BD en pagination, en utilisation (parfois géniale) des bulles, des encarts de textes et des strips au milieu du reste. Les albums sont enrichis également de petites notes sur la genèse de la BD, aussi intéressantes que le reste. On en ressort avec un sentiment de chaleur humaine très bienvenu, et ça ne laisse pas indifférent. Pas que sur le plan érotique, s'entend.
Ce qui me fait tellement apprécier cette BD, outre que c'est exactement le genre de romance que j'affectionne tout particulièrement, c'est que l'auteur arrive à nous développer quelques chose de pointu et de très intéressant sur le BDSM. Le développement est très fin sur les relations humaines, ce qui fait un être humain, nos envies et nos fantasmes, tout en exposant une vision de la vie parfois à l'encontre de la morale bienpensante. Le BDSM est une pratique un peu marginale et pas très bien considérée, mais cela peut concerner n'importe quel genre d'activités que vous affectionnez. Du jeu de rôle à la collection de BD, n'importe quelle personne peut se retrouver dans cette idée de plaisir qui ne colle pas aux normes. Et c'est là la force de ce propos, qui dépasse la simple idée d'une sexualité pour déborder sur une réflexion humaine.
Bien sûr, je suis conscient de certains défauts de la BD : abondance de personnages féminins aux proportions généreuses (c'est le genre qui veut ça, on va dire ...), tendance à un "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", des rencontres qui se transforment en amitiés en deux jours ... Oui, le scénario se laisse aller plusieurs fois à des facilités qui auraient pu être évitables, mais je ne boude pas mon plaisir pour autant. L'auteur se paye même le luxe de détourner certaines de ces facilités dans le récit, en les transformant en gags.
Les quatre premiers tomes m'avaient pris aux tripes, mais le cinquième m'a laissé rêveur. Déjà par l'idée d'une suite, mais aussi par l'approfondissement qu'il confère aux personnages. C'est finalement une romance, une simple romance, traitée sous un jour pas très courant. Et ça fait plaisir à voir.
Alors pourquoi cinq étoiles ? Parce que finalement... tout me plait : le dessin, les personnages, l'histoire, l'humour, le propos, la morale, même l'histoire de la création de cette BD est une belle histoire ! J'ai versé des larmes (de rire et parce que je reste un grand sensible) et j'ai gardé pendant un long moment un grand sourire sur ma face après cette lecture. J'en fais peut-être trop, sans doute d'ailleurs, mais en terme de coup de cœur, je crois qu'on est sur celui de l'année.
Je ne peux que recommander la lecture, que j'ai appréciée et que j'espère que vous apprécierez tout autant. C'est toujours pareil : quand je trouve une histoire d'amour bien faite ... je tombe amoureux !
Cela fait des années que je voulais lire ce manga qui mérite d'être mieux connu. Je suis très déçu de voir qu'il n'y a pas eu de nouveau avis depuis 2009 par exemple...
On suit donc Ke-ri qui est un grand stratège et qui va tout faire pour défendre une cité contre une armée. Ce sont les bases des 4 premiers tomes de ce manga qui forme un cycle et je fais parti de ceux qui trouvent que ce sont les meilleurs albums de la série. C'est simple, cela faisait longtemps qu'une oeuvre de fiction m'avait autant emballé.
J'ai adoré l'ambiance un peu huis clos qui se dégageait de la cité. Il y a une galerie de personnages intéressant et attachants. J'ai adoré le fait que les ennemis aient de vrais personnalités et qui soient plus que des gros méchants qui font des trucs de méchants parce qu'ils sont méchants. Il y a du vrai suspense et tout le long de ses quatre albums j'ai senti la tension monté de plus en plus. J'étais tellement passionné par ma lecture que j'ai lu ses 4 tomes d'un trait sans problème.
Pour moi, cela vaut clairement 5/5, mais malheureusement la suite est moins bonne. En faite, cela reste un très bon manga au-dessus du lot même si c'est les premiers chapitres sont moyens (quoique la raison pourquoi ils m'ont parus moyens vient peut-être du fait que j'ai du apprends à m'habituer à un changement d'atmosphère et au fait que j'ai du quitter des personnages formidable). C'est juste que les 4 premiers tomes sont tellement excellent que la suite est décevante si elle est 'juste' très bonnes. Le dernier tome peut paraître un peu bâclé, mais cela ne m'a pas dérangé que les auteurs fassent des éclipses parce que je pense qu'ils avaient tout dit sur le sujet de la guerre.
Un manga intelligent avec un très bon dessin réaliste. Et en réfléchissant bien je mets la note maximal même si la grande partie du manga vaut 4/5. Ses premiers tomes sont trop excellent pour que je ne mettes pas la note maximal !
Je réécris mon avis suite à la lecture de l’intégralité de la série…
Je l’ai attendu, ce tome 3… tellement que j’avais peur d’être déçu… et bon sang, quel album. Cela faisait longtemps qu’une BD ne m’avait pas fait un tel effet.
La série débute en fable sociale sympathique, avec cette famille de banlieue difficile qui aide de leur mieux les plus démunis (notamment au travers l’apprentissage du français). Puis l’intrigue prend des allures d’enquête dans un deuxième tome où le fils se lance à la recherche de son père disparu… un voyage qui le mènera en Algérie. Un deuxième opus sympathique, mais qui surprend un peu par son ton très diffèrent.
Et puis… plus rien pendant 8 ans ! Luc s’est clairement expliqué sur divers forums (dont celui de bdtheque), les personnages de ce tome 3 sont fortement inspirés par ses propres parents, et les évènements tragiques racontés ici ont déclenché chez lui un épisode dépressif… rien que ça ! C’est donc fébrilement que j’ai entamé ce tome, me demandant ce que j’allais y trouver… et bien la réponse est simple : de l’émotion. Beaucoup d’émotion… l’histoire de Sidoine et Rosalie se mêle à l’Histoire avec un grand « H », et on découvre avec effroi des secrets de familles terribles, et les évènements tragiques qui ont fortement marqué Sidoine lors de l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale. Cet album est magistralement écrit, et transporte habillement le lecteur d’une époque à une autre pour dévoiler les subtilités de l’intrigue, sans jamais perdre le lecteur.
Le dessin de Etienne Le Roux est sublime, et ses couleurs un peu délavées donnent vraiment du cachet aux planches… mention spéciale pour les couvertures, toutes aussi sublimes les unes que les autres.
Je me laisse emporter par les émotions, et attribue la note maximale à cette série, ma préférée de cet auteur avec Holmes. Ce tome 3 me rappelle pourquoi j’aime tant la bande dessinée… Merci Luc, merci Etienne.
Réécriture complète de mon avis suite à la sortie (un peu inattendue en ce qui me concerne) du 8eme tome, et à une relecture de l’ensemble de la série.
Je suis ravi de constater que tant d’années après la parution du tome 1, et tant d’années après ma première lecture, la magie fonctionne toujours. J’adore le monde mystérieux mis en place, les personnages loufoques, les dialogues truculents, l’humour fin, le dessin détaillé et coloré, et de manière générale, la créativité dont fait preuve l’auteur. Certains passages sont mis en scène avec brio, j’allais citer le passage du grille-pain, mais ça a déjà été fait plus bas !
Le dénouement de l’histoire en fin de tome 7 est satisfaisant et bien amené, même si l’ensemble aurait finalement pu être bouclé en 4 ou 5 tomes (il y a quand même quelques longueurs).
Quant au 8eme opus, il relance un deuxième cycle pour le moment « juste bien ». L’écriture est toujours aussi bonne, le dessin toujours aussi magistral, et on retrouve avec plaisir les personnages auxquels on s’était tant attachés (même si le grand coordinateur semble sonner « faux » dans ce volume). Mais il ne s’agit que d’un tome d’introduction qui pose les bases d’une nouvelle intrigue… reste à voir comment Turf va maintenir notre intérêt, maintenant que le mystère de la Nef est révélé… A suivre !
Bravo !
Bravo et chapeau.
Parce que ce n’est pas du tout évident de réussir un album pareil. De le réussir en faisant montre de sincérité, d’honnêteté, en développant des propos intelligents, en se débarrassant des freins subconscients nés d’années d’éducation religieuse. Se livrer aux yeux de tous sur un sujet aussi tabou que la sexualité demeure à notre époque un véritable exploit, une sorte de coming-out de la normalité. Parce que, merde ! Avoir des rapports sexuels est quelque chose de normal. Eprouver du plaisir pendant ces rapports l’est tout autant. Et à partir du moment où les partenaires sont des adultes consentant (désirant, comme il le dit peut-être encore plus justement), je ne vois pas ce qui devrait absolument être tu là-dedans sous peine de rejet par la société.
Ce livre est salvateur dans le sens où il remet le sexe à sa juste place. Car depuis que l’homme parvient à dissocier plaisir sexuel et procréation, des pressions sociales se sont faites jour (via principalement les religions monothéistes qui hurlent à tout va « croissez et multipliez » comme si la surpopulation mondiale pouvait rendre un quelconque être suprême heureux… Bon, à l’époque où l’être humain est apparu, je veux bien qu’en multipliant les enfants, on multipliait les chances de survie de l’espèce, mais là, maintenant, faudrait peut-être arrêter les conneries, non ?) pour nous dire que le sexe, c’est mal ou pire encore, c’est sale.
Alors que le sexe, c’est quoi ? C’est du plaisir, du fun, un instant de partage dans lequel les partenaires peuvent dévoiler des facettes de leur personnalité qu’ils préfèrent garder pour un cercle d’intimes. Bon, d’accord, pour le coup, Jean-Louis Tripp les dévoile à tout le monde. Mais il le fait avec tellement d’humour et de franchise que ce qui est exposé dans cet album n’a, à mes yeux, rien de choquant. Et pourtant, il aime expérimenter, le bougre !
Et puis, il y a son dessin. Ce style semi-réaliste qui se fait caricatural dès que le besoin se fait sentir convient parfaitement au propos. Il ne bêtifie pas les corps mais ne les glorifie pas non plus. Les plastiques sont simplement humaines dans les passages réalistes et se font sujet d’amusement lorsque l’auteur illustre un fantasme ou un complexe. Ces pages accueillent le noir et blanc avec bonheur tant l’étalage de chair aurait pu déboucher sur une orgie écœurante de teintes roses. Cette sobriété des couleurs fait donc office de contre-point à l’exubérance des propos et du trait.
J’ai vraiment beaucoup aimé. Je me suis retrouvé dans plusieurs passages, j’ai apprécié la franchise d’autres, j’ai ri par moments, ressenti une agréable excitation à d’autres instants, j’ai aimé l’intelligence de certains propos. Et comble de tout, je n’ai jamais trouvé que cet album faisait montre d’un exhibitionnisme malsain. Ce récit est situé à l’opposé de la pornographie banalisée actuelle car plutôt que de simplement montrer des corps, il parle avant tout de sentiments et de sensations, d'amour et de partage,... de respect surtout. Jean-Louis Tripp a beau y dessiner plus de sexes en érection dans un seul chapitre qu’il n’y en a dans l’ensemble des albums de Manara, c’est avant tout à notre cerveau qu’il s’adresse. Et ça, ça fait du bien.
Donc chapeau pour ces Extases (très beau titre, au passage) qui dédramatisent le désir et qui remet en avant cette évidence : entre adultes désirant, le sexe représente un vaste champ d’expérimentation.
Et les plus tordus d’entre nous ne manqueront pas de faire le lien entre Jean-Louis et la petite Marie du Magasin général : deux personnages qui vont s’affranchir des pressions sociales pour vivre leur sexualité comme ils l’entendent tout en respectant les autres (oui, je sais, c’est tordu mais plus j’y pense, plus je trouve que le personnage de Marie ressemble finalement beaucoup à son créateur, Jean-Louis Tripp).
Culte ? Oui, culte car dans ce registre, je pense que cet album va rapidement servir de référence et, qui sait (on peut toujours rêver), être le point de départ d’une nouvelle révolution sexuelle et sociétale. C’est la raison pour laquelle j’espère que beaucoup de jeunes lecteurs auront l’occasion de lire cette série tant il me semble évident que découvrir la sexualité via Extases est beaucoup plus sain, amusant et constructif qu’en surfant sur les sites pornos qui pullulent sur le web ou en allant servir d'enfant de cœur au curé du village.
Il s'agit d'un roman graphique dont la qualité d'illustration est entièrement assumée. Ce n'est pas joli, ce n'est pas délicat, c'est un peu brouillon et c'est définitivement pas artistique, mais j'y voyais là un parallèle intéressant avec le personnage principal. Elle aussi, elle est un peu brouillon, indélicate, elle ne va pas bien et souligne plus souvent qu'autrement ses défauts et échecs, non pas ses succès. Alors le graphisme suit la même ligne d'idée et s'harmonise, à mon humble avis, avec le propos dont traite ce roman graphique.
On parle avec justesse et beaucoup d'humour d'un sujet difficile, celui de la dépression. Je le recommande chaudement.
Après la lecture des 18 tomes.
Urasawa est bien l’un des plus grands mangakas actuels, capable de créer des séries toutes plus captivantes les unes que les autres. Je vais aller dans le sens de la grande majorité des posteurs : Monster est un thriller littéralement passionnant.
L’histoire est absolument captivante de bout en bout, d’autant que l’auteur multiplie les développements et les ramifications de son intrigue, tout en ménageant un suspense parfaitement dosé. Les personnages, particulièrement nombreux, sont intéressants et travaillés, notamment Tenma et Johan. Cette profusion de personnages, loin de casser le rythme, complexifie et enrichit le scénario. L’ambiance, sombre et mature épouse naturellement le récit.
Le trait, quant à lui est réaliste et soigné. La grande qualité du dessin se vérifie tout au long de la série et contribue grandement à la réussite de la série.
Certains défauts (une fin trop ouverte, un manque de flashbacks et de révélations sur le passé des jumeaux, quelques rares chapitres peut être superflus) m’ont longtemps fait hésiter sur la note que j’allais attribuer.
Finalement la qualité globale de la série et son scénario brillant me poussent à être généreux.
Monster est un immanquable, à découvrir absolument.
Un manga centré sur le sport, comme il y en a des dizaines au Japon. Certes, mais là, on est plutôt ancré dans le réalisme, avec moult explications sur les diverses techniques de boxe (de base, mais aussi des grands champions).
C'est certes moins spectaculaire que Captain Tsubasa, moins drôle que Slam Dunk, Ippo - la rage de vaincre est tout de même très bien fichu, plutôt bien documenté, très dynamique, et l'ascension de notre héros va crescendo.
On y retrouve toujours la notion de dépassement de soi, propre aux shonen, mais le tout est vraiment plus que sympathique. On ne souhaite qu'une chose : lire la suite.
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Avis après la fin de la première saison et lecture des 2 premiers tomes de la deuxième : Oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain !
Un tome 32 d'anthologie... sans Ippo ! Exceptionnel.
Rares sont les séries qui prennent aux tripes à ce point et dont on ne peut lâcher le tome en cours avant la fin. Et on en sort qui plus est épuisé nous aussi. Quel talent dans la narration, le rythme et le suspense.
Un série vraiment très forte dont je passe la note de 4/5 à 5/5 !
Mise à jour :
Et après 93 tomes j'attends toujours chaque nouveauté avec impatience. L'auteur maîtrise incroyablement bien son sujet, chaque combat est intéressant. J'apprécie qu'il s'attarde sur les personnages "secondaires", souvent un peu plus intéressants que le héros. C'est LE shonen de ces 10-15 dernières années, en ce qui me concerne : aucune baisse de régime, un dessin toujours au top, un peu d'humour et de scènes en dehors du milieu de la boxe ici et là afin de ne pas être toujours enfermé dans cet univers de la boxe (même si les amourettes des uns et des autres ne sont pas de plus passionnantes, ces brèves coupures font du bien)
Réécriture en un bloc de mes impressions sur les 4 tomes.
Pas facile de cerner les objectifs de cette série exigeante ni l’ambition affichée par son auteur. Sans aller jusqu’à dire que c’est le projet d’une vie, il témoigne beaucoup de son évolution artistique, à la fois en tant que dessinateur et scénariste. Entre la sortie du premier et du dernier tome, quatorze années les séparent. Certainement plus en vérité, car l’idée est née après que Mathieu Lauffray ait vu publier sa première bande-dessinée Le Serment de l'Ambre, en 1995. On pourrait presque dire que Prophet est un projet expérimental où l’auteur s’est cherché, a tâtonné dans différents genres et sous-genres en essayant de rendre cette combinaison équilibrée au possible, évitant le patchwork indigeste. Il n’y a qu’à regarder les pages du cahier graphique présent dans l’édition intégrale pour s’en rendre compte : au tout début, lorsque l’envie d’écrire du fantastique en était à ses balbutiements, Prophet était bien partie pour devenir une série heroic fantasy ! (l’idée ne m’aurait pas déplu au passage). Tour à tour inspiré par les romans et nouvelles de Robert E. Howard (pour l’univers heroic fantasy, les mondes barbares, ou ses héros nihilistes ? ) ; H.P. Lovecraft (l’ouverture sur le monument de 8000 ans, immense, invraisemblable, une passion partagée pour les bâtiments vertigineux, les personnages paranoïaques dépassés par les événements) ; W.P. Hodgson (démons issus de l’abîme, le cosmicisme) ; le film La Planète des Singes de 1968 (tome 2 après le crash de l’aéronef), et allez pourquoi pas, l’imaginaire de Clive Barker dont Hellraiser pour dessiner les mutants gothiques ? Le Sphère de Michael Crichton ou le Malhorne de Jérôme Camut ? Jack Stanton n’a-t-il pas un air de famille avec Bruce Campbell dans Evil Dead, fusil au poing ? ; les références littéraires et de culture populaire sont éparses. L’important comme le dit Lauffray était de trouver « son » fantastique.
L’achèvement du récit avait laissé comme une sensation de manque et d’amertume à plus d’un lecteur pourtant impatients d’en conclure après neuf ans d’attente. Moi-même je faisais partie des perplexes. Des questions restaient en suspens, la transition de l’histoire aventureuse au récit introspectif fut difficile à encaisser, d’autres choses demeuraient loin d’être claires. C’est finalement via l’édition intégrale que j’ai pu éclairer ma lanterne, grâce à un salutaire avant-propos de l’auteur expliquant sa démarche. Certes il y a du fantastique, de l’aventure, du survival horror puis de l’apocalyptique. Cependant Prophet n’est pas une histoire lambda de pur divertissement où le héros a un but bien déterminé, où chacun connaît son rôle et où chaque chose a son explication rationnelle. Prophet est aussi à lire comme une parabole dans lequel l’auteur y combat des thèmes qui lui sont chers. Jack Stanton a touché la sphère, le monde infernal qui s’en est suivi et dans lequel il n’y a aucun espoir de délivrance est à son image. Mais qui est Jack Stanton ? Un arriviste, égoïste et égocentrique, individualiste forcené, le type même de l’homme pressé opportuniste prêt à tous les coups bas pour parvenir à ses fins. Son « voyage » sur la Terre ravagée est à prendre comme un récit initiatique. Pendant longtemps sa ligne de conduite ne bouge pas. Il refuse son rôle de prophète, refusant d’être un guide, de mener, il veut la gloire mais sans les responsabilités. La seule chose qui l’intéresse est de rentrer dans son monde récolter les fruits d’une gloire usurpée. Car Jack est aussi un menteur, s’attribuant le travail de recherche d’autres plus talentueux que lui. C’est une critique de l’auteur contre les fausses « zélites » intellectuelles qui trop souvent ont pignon sur rue (une critique qu’on retrouve chez son pote Denis Bajram dans Universal War One). Le démon supérieur cornu qui pourchasse Stanton est une figure allégorique de sa mauvaise conscience qui le rappelle à ses fautes, une sorte de décompte qui fait « tic, tac ». Stanton a beau fuir, mais tôt ou tard il devra se confronter aux conséquences de ses actes. C’est aux côtés de Jahir et d’Athénaïs qu’il apprendra d’autres valeurs, que le « nous » est plus fort que le « je », en espérant qu’à la fin, au moment de faire un choix définitif il s’en souviendra. C’est sur ce dernier point que j’avais le plus tiqué. Ne sachant pas si Jack avait choisi la réalité ou une douce matrice où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
La version intégrale apporte un regard plus clair, preuve que l’œuvre est sans cesse retravaillée, car elle bénéficie de 2 pages supplémentaires dans la dernière partie (non présentes dans l’édition simple) qui en ce qui me concerne m’ont aidé à mieux saisir le choix définitif de Stanton et sur ce qu’est la sphère : un théâtre illusoire. Quant au pourquoi du comment sur d’autres aspects de l’intrigue, j’imagine qu’elles doivent demeurer un mystère. Certaines explications, si elles en ont, appartiennent à l’auteur. Il n’est pas toujours bon de tout révéler. Vous vouliez connaître l’histoire du space jockey dans Alien, Prometheus vous a-t-il satisfait ? Vous voulez un spin off sur la jeunesse de Yoda vous ?
Pour évoquer un peu les graphismes de la série, bah, que dire ? J’ai découvert Lauffray grâce à Prophet (gros fan de Xavier Dorison à la base) et j’ai de suite accroché à son style fortement influencé par les comics US, son découpage notamment qui « déborde » des cases. Et puis surtout son imagination assez stupéfiante. Rien que sur Prophet : le Hurleur, les Titans, les humanoïdes mutants, le démon rouge, les dessins en pleine pages, cet encrage puissant… c’est juste beau quoi. Les graphismes sont aussi un témoignage de l’évolution graphique de son auteur, il suffit juste de regarder pour constater qu’entre le tome 1 et le 3 il y a du changement. Et qu’entre le 3 et le 4, là c’est un fossé qui les séparent. Il faut dire que Patrick Pion ainsi qu’Eric Henninot ont beaucoup aidé sur ce dernier. D’ailleurs une remarque concernant l’intégrale qui ne reprend pas la page d’ouverture du premier chapitre du tome 2, où Jack marche en plein Manhattan Square façon Je suis une Légende, la page avec le logo de Coca Cola. Pourquoi putain ?! Why ?! Elle était magnifique cette page ! On rajoute deux pages mais on en supprime une, allez comprendre…
En conclusion Prophet fait partie de ces œuvres dures mais absorbantes, de celles qui donnent du grain à moudre à ces lecteurs. Typiquement ce que j’aime si en plus la qualité visuelle rentre dans mes clous. Je l’ai lu, relu à chaque nouvelle sortie, puis re-relu avec l’intégrale, et à chaque fois je l’apprécie davantage.
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Je ne suis pas un gros fan de DC, mais je n'ai pas eu besoin de grand chose pour comprendre (même si certains détails n'ont trouvé leurs réponses que lorsque j'ai compris quels étaient les super-heros en action). Emprunté à la médiathèque locale, j'ai laissé trainé... Erreur ! Le dessin est fantastique, chaque case est travaillée. Le scénario est bien ficelé et comment dire.... fin. Voilà, fin c'est le mot. La narration 3eme personne "mais pas trop" permet de se place en observateur d'une histoire qui mèle comme souvent le paradoxe entre "ce qu'il faudrait faire, ce que je fais". J'ai personnellement plus pris mon pied sur cette histoire que sur Watchmen - un commentaire en parle - ce qui en fait une oeuvre majeure pour DC; et pour ma bibliothèque, très bientot.
Sunstone
Maintenant que cette série est finie et que les cinq tomes sont relus, je peux le dire : c'est probablement la meilleure BD que j'ai lue cette année. Et c'est pas peu de le dire. Nom de nom, ça fait longtemps que j'avais pas lu une BD comme celle-là ! Et c'est pas rien de le dire. Je m'attendais à une série vaguement érotique/pornographique dans un univers BDSM, j'en ai pris plein les mirettes. Dans le genre couverture racoleuse pour intérieur encore meilleur, on fait pas mieux ! Déjà, c'est un récit érotique, certes, mais largement plus versé dans l'histoire que dans des scènes de nu (qui sont quand même bien fréquentes, rassurez-vous petit(e)s libidineu(se)s). D'ailleurs on est bel et bien sur de l'érotisme, tout le reste n'est que suggéré, mais avec de l'imagination, on va sans doute plus loin que ce que l'auteur aurait voulu en faire. L'auteur m'aura surpris sur à peu près tout : le dessin, qui varie pas mal selon les scènes et donne de très belles planches ou des strips efficaces, le tout très coloré, agréable à l’œil; mais également des explications très intéressantes sur le BDSM, pratique que je connaissais à peine et mal. Le tout est cadré dans un scénario aux relations humaines très bien développées, aux retournements bienvenus, et aux personnages extrêmement bien campés. Et, en prime, un humour qui m'aura fait couler plusieurs larmes, tant je me suis étranglé de rire sur certaines situations. Bref, tout est là pour notre plaisir, et j'en suis ravi. J'ai adoré les incartades de l'auteur dans l'ensemble de la BD, qui utilise plusieurs fois tout le potentiel d'une BD en pagination, en utilisation (parfois géniale) des bulles, des encarts de textes et des strips au milieu du reste. Les albums sont enrichis également de petites notes sur la genèse de la BD, aussi intéressantes que le reste. On en ressort avec un sentiment de chaleur humaine très bienvenu, et ça ne laisse pas indifférent. Pas que sur le plan érotique, s'entend. Ce qui me fait tellement apprécier cette BD, outre que c'est exactement le genre de romance que j'affectionne tout particulièrement, c'est que l'auteur arrive à nous développer quelques chose de pointu et de très intéressant sur le BDSM. Le développement est très fin sur les relations humaines, ce qui fait un être humain, nos envies et nos fantasmes, tout en exposant une vision de la vie parfois à l'encontre de la morale bienpensante. Le BDSM est une pratique un peu marginale et pas très bien considérée, mais cela peut concerner n'importe quel genre d'activités que vous affectionnez. Du jeu de rôle à la collection de BD, n'importe quelle personne peut se retrouver dans cette idée de plaisir qui ne colle pas aux normes. Et c'est là la force de ce propos, qui dépasse la simple idée d'une sexualité pour déborder sur une réflexion humaine. Bien sûr, je suis conscient de certains défauts de la BD : abondance de personnages féminins aux proportions généreuses (c'est le genre qui veut ça, on va dire ...), tendance à un "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", des rencontres qui se transforment en amitiés en deux jours ... Oui, le scénario se laisse aller plusieurs fois à des facilités qui auraient pu être évitables, mais je ne boude pas mon plaisir pour autant. L'auteur se paye même le luxe de détourner certaines de ces facilités dans le récit, en les transformant en gags. Les quatre premiers tomes m'avaient pris aux tripes, mais le cinquième m'a laissé rêveur. Déjà par l'idée d'une suite, mais aussi par l'approfondissement qu'il confère aux personnages. C'est finalement une romance, une simple romance, traitée sous un jour pas très courant. Et ça fait plaisir à voir. Alors pourquoi cinq étoiles ? Parce que finalement... tout me plait : le dessin, les personnages, l'histoire, l'humour, le propos, la morale, même l'histoire de la création de cette BD est une belle histoire ! J'ai versé des larmes (de rire et parce que je reste un grand sensible) et j'ai gardé pendant un long moment un grand sourire sur ma face après cette lecture. J'en fais peut-être trop, sans doute d'ailleurs, mais en terme de coup de cœur, je crois qu'on est sur celui de l'année. Je ne peux que recommander la lecture, que j'ai appréciée et que j'espère que vous apprécierez tout autant. C'est toujours pareil : quand je trouve une histoire d'amour bien faite ... je tombe amoureux !
Bokko (Stratège)
Cela fait des années que je voulais lire ce manga qui mérite d'être mieux connu. Je suis très déçu de voir qu'il n'y a pas eu de nouveau avis depuis 2009 par exemple... On suit donc Ke-ri qui est un grand stratège et qui va tout faire pour défendre une cité contre une armée. Ce sont les bases des 4 premiers tomes de ce manga qui forme un cycle et je fais parti de ceux qui trouvent que ce sont les meilleurs albums de la série. C'est simple, cela faisait longtemps qu'une oeuvre de fiction m'avait autant emballé. J'ai adoré l'ambiance un peu huis clos qui se dégageait de la cité. Il y a une galerie de personnages intéressant et attachants. J'ai adoré le fait que les ennemis aient de vrais personnalités et qui soient plus que des gros méchants qui font des trucs de méchants parce qu'ils sont méchants. Il y a du vrai suspense et tout le long de ses quatre albums j'ai senti la tension monté de plus en plus. J'étais tellement passionné par ma lecture que j'ai lu ses 4 tomes d'un trait sans problème. Pour moi, cela vaut clairement 5/5, mais malheureusement la suite est moins bonne. En faite, cela reste un très bon manga au-dessus du lot même si c'est les premiers chapitres sont moyens (quoique la raison pourquoi ils m'ont parus moyens vient peut-être du fait que j'ai du apprends à m'habituer à un changement d'atmosphère et au fait que j'ai du quitter des personnages formidable). C'est juste que les 4 premiers tomes sont tellement excellent que la suite est décevante si elle est 'juste' très bonnes. Le dernier tome peut paraître un peu bâclé, mais cela ne m'a pas dérangé que les auteurs fassent des éclipses parce que je pense qu'ils avaient tout dit sur le sujet de la guerre. Un manga intelligent avec un très bon dessin réaliste. Et en réfléchissant bien je mets la note maximal même si la grande partie du manga vaut 4/5. Ses premiers tomes sont trop excellent pour que je ne mettes pas la note maximal !
La Mémoire dans les poches
Je réécris mon avis suite à la lecture de l’intégralité de la série… Je l’ai attendu, ce tome 3… tellement que j’avais peur d’être déçu… et bon sang, quel album. Cela faisait longtemps qu’une BD ne m’avait pas fait un tel effet. La série débute en fable sociale sympathique, avec cette famille de banlieue difficile qui aide de leur mieux les plus démunis (notamment au travers l’apprentissage du français). Puis l’intrigue prend des allures d’enquête dans un deuxième tome où le fils se lance à la recherche de son père disparu… un voyage qui le mènera en Algérie. Un deuxième opus sympathique, mais qui surprend un peu par son ton très diffèrent. Et puis… plus rien pendant 8 ans ! Luc s’est clairement expliqué sur divers forums (dont celui de bdtheque), les personnages de ce tome 3 sont fortement inspirés par ses propres parents, et les évènements tragiques racontés ici ont déclenché chez lui un épisode dépressif… rien que ça ! C’est donc fébrilement que j’ai entamé ce tome, me demandant ce que j’allais y trouver… et bien la réponse est simple : de l’émotion. Beaucoup d’émotion… l’histoire de Sidoine et Rosalie se mêle à l’Histoire avec un grand « H », et on découvre avec effroi des secrets de familles terribles, et les évènements tragiques qui ont fortement marqué Sidoine lors de l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale. Cet album est magistralement écrit, et transporte habillement le lecteur d’une époque à une autre pour dévoiler les subtilités de l’intrigue, sans jamais perdre le lecteur. Le dessin de Etienne Le Roux est sublime, et ses couleurs un peu délavées donnent vraiment du cachet aux planches… mention spéciale pour les couvertures, toutes aussi sublimes les unes que les autres. Je me laisse emporter par les émotions, et attribue la note maximale à cette série, ma préférée de cet auteur avec Holmes. Ce tome 3 me rappelle pourquoi j’aime tant la bande dessinée… Merci Luc, merci Etienne.
La Nef des fous
Réécriture complète de mon avis suite à la sortie (un peu inattendue en ce qui me concerne) du 8eme tome, et à une relecture de l’ensemble de la série. Je suis ravi de constater que tant d’années après la parution du tome 1, et tant d’années après ma première lecture, la magie fonctionne toujours. J’adore le monde mystérieux mis en place, les personnages loufoques, les dialogues truculents, l’humour fin, le dessin détaillé et coloré, et de manière générale, la créativité dont fait preuve l’auteur. Certains passages sont mis en scène avec brio, j’allais citer le passage du grille-pain, mais ça a déjà été fait plus bas ! Le dénouement de l’histoire en fin de tome 7 est satisfaisant et bien amené, même si l’ensemble aurait finalement pu être bouclé en 4 ou 5 tomes (il y a quand même quelques longueurs). Quant au 8eme opus, il relance un deuxième cycle pour le moment « juste bien ». L’écriture est toujours aussi bonne, le dessin toujours aussi magistral, et on retrouve avec plaisir les personnages auxquels on s’était tant attachés (même si le grand coordinateur semble sonner « faux » dans ce volume). Mais il ne s’agit que d’un tome d’introduction qui pose les bases d’une nouvelle intrigue… reste à voir comment Turf va maintenir notre intérêt, maintenant que le mystère de la Nef est révélé… A suivre !
Extases
Bravo ! Bravo et chapeau. Parce que ce n’est pas du tout évident de réussir un album pareil. De le réussir en faisant montre de sincérité, d’honnêteté, en développant des propos intelligents, en se débarrassant des freins subconscients nés d’années d’éducation religieuse. Se livrer aux yeux de tous sur un sujet aussi tabou que la sexualité demeure à notre époque un véritable exploit, une sorte de coming-out de la normalité. Parce que, merde ! Avoir des rapports sexuels est quelque chose de normal. Eprouver du plaisir pendant ces rapports l’est tout autant. Et à partir du moment où les partenaires sont des adultes consentant (désirant, comme il le dit peut-être encore plus justement), je ne vois pas ce qui devrait absolument être tu là-dedans sous peine de rejet par la société. Ce livre est salvateur dans le sens où il remet le sexe à sa juste place. Car depuis que l’homme parvient à dissocier plaisir sexuel et procréation, des pressions sociales se sont faites jour (via principalement les religions monothéistes qui hurlent à tout va « croissez et multipliez » comme si la surpopulation mondiale pouvait rendre un quelconque être suprême heureux… Bon, à l’époque où l’être humain est apparu, je veux bien qu’en multipliant les enfants, on multipliait les chances de survie de l’espèce, mais là, maintenant, faudrait peut-être arrêter les conneries, non ?) pour nous dire que le sexe, c’est mal ou pire encore, c’est sale. Alors que le sexe, c’est quoi ? C’est du plaisir, du fun, un instant de partage dans lequel les partenaires peuvent dévoiler des facettes de leur personnalité qu’ils préfèrent garder pour un cercle d’intimes. Bon, d’accord, pour le coup, Jean-Louis Tripp les dévoile à tout le monde. Mais il le fait avec tellement d’humour et de franchise que ce qui est exposé dans cet album n’a, à mes yeux, rien de choquant. Et pourtant, il aime expérimenter, le bougre ! Et puis, il y a son dessin. Ce style semi-réaliste qui se fait caricatural dès que le besoin se fait sentir convient parfaitement au propos. Il ne bêtifie pas les corps mais ne les glorifie pas non plus. Les plastiques sont simplement humaines dans les passages réalistes et se font sujet d’amusement lorsque l’auteur illustre un fantasme ou un complexe. Ces pages accueillent le noir et blanc avec bonheur tant l’étalage de chair aurait pu déboucher sur une orgie écœurante de teintes roses. Cette sobriété des couleurs fait donc office de contre-point à l’exubérance des propos et du trait. J’ai vraiment beaucoup aimé. Je me suis retrouvé dans plusieurs passages, j’ai apprécié la franchise d’autres, j’ai ri par moments, ressenti une agréable excitation à d’autres instants, j’ai aimé l’intelligence de certains propos. Et comble de tout, je n’ai jamais trouvé que cet album faisait montre d’un exhibitionnisme malsain. Ce récit est situé à l’opposé de la pornographie banalisée actuelle car plutôt que de simplement montrer des corps, il parle avant tout de sentiments et de sensations, d'amour et de partage,... de respect surtout. Jean-Louis Tripp a beau y dessiner plus de sexes en érection dans un seul chapitre qu’il n’y en a dans l’ensemble des albums de Manara, c’est avant tout à notre cerveau qu’il s’adresse. Et ça, ça fait du bien. Donc chapeau pour ces Extases (très beau titre, au passage) qui dédramatisent le désir et qui remet en avant cette évidence : entre adultes désirant, le sexe représente un vaste champ d’expérimentation. Et les plus tordus d’entre nous ne manqueront pas de faire le lien entre Jean-Louis et la petite Marie du Magasin général : deux personnages qui vont s’affranchir des pressions sociales pour vivre leur sexualité comme ils l’entendent tout en respectant les autres (oui, je sais, c’est tordu mais plus j’y pense, plus je trouve que le personnage de Marie ressemble finalement beaucoup à son créateur, Jean-Louis Tripp). Culte ? Oui, culte car dans ce registre, je pense que cet album va rapidement servir de référence et, qui sait (on peut toujours rêver), être le point de départ d’une nouvelle révolution sexuelle et sociétale. C’est la raison pour laquelle j’espère que beaucoup de jeunes lecteurs auront l’occasion de lire cette série tant il me semble évident que découvrir la sexualité via Extases est beaucoup plus sain, amusant et constructif qu’en surfant sur les sites pornos qui pullulent sur le web ou en allant servir d'enfant de cœur au curé du village.
Hyperbole
Il s'agit d'un roman graphique dont la qualité d'illustration est entièrement assumée. Ce n'est pas joli, ce n'est pas délicat, c'est un peu brouillon et c'est définitivement pas artistique, mais j'y voyais là un parallèle intéressant avec le personnage principal. Elle aussi, elle est un peu brouillon, indélicate, elle ne va pas bien et souligne plus souvent qu'autrement ses défauts et échecs, non pas ses succès. Alors le graphisme suit la même ligne d'idée et s'harmonise, à mon humble avis, avec le propos dont traite ce roman graphique. On parle avec justesse et beaucoup d'humour d'un sujet difficile, celui de la dépression. Je le recommande chaudement.
Monster
Après la lecture des 18 tomes. Urasawa est bien l’un des plus grands mangakas actuels, capable de créer des séries toutes plus captivantes les unes que les autres. Je vais aller dans le sens de la grande majorité des posteurs : Monster est un thriller littéralement passionnant. L’histoire est absolument captivante de bout en bout, d’autant que l’auteur multiplie les développements et les ramifications de son intrigue, tout en ménageant un suspense parfaitement dosé. Les personnages, particulièrement nombreux, sont intéressants et travaillés, notamment Tenma et Johan. Cette profusion de personnages, loin de casser le rythme, complexifie et enrichit le scénario. L’ambiance, sombre et mature épouse naturellement le récit. Le trait, quant à lui est réaliste et soigné. La grande qualité du dessin se vérifie tout au long de la série et contribue grandement à la réussite de la série. Certains défauts (une fin trop ouverte, un manque de flashbacks et de révélations sur le passé des jumeaux, quelques rares chapitres peut être superflus) m’ont longtemps fait hésiter sur la note que j’allais attribuer. Finalement la qualité globale de la série et son scénario brillant me poussent à être généreux. Monster est un immanquable, à découvrir absolument.
Ippo
Un manga centré sur le sport, comme il y en a des dizaines au Japon. Certes, mais là, on est plutôt ancré dans le réalisme, avec moult explications sur les diverses techniques de boxe (de base, mais aussi des grands champions). C'est certes moins spectaculaire que Captain Tsubasa, moins drôle que Slam Dunk, Ippo - la rage de vaincre est tout de même très bien fichu, plutôt bien documenté, très dynamique, et l'ascension de notre héros va crescendo. On y retrouve toujours la notion de dépassement de soi, propre aux shonen, mais le tout est vraiment plus que sympathique. On ne souhaite qu'une chose : lire la suite. **************************** Avis après la fin de la première saison et lecture des 2 premiers tomes de la deuxième : Oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain, oh putain ! Un tome 32 d'anthologie... sans Ippo ! Exceptionnel. Rares sont les séries qui prennent aux tripes à ce point et dont on ne peut lâcher le tome en cours avant la fin. Et on en sort qui plus est épuisé nous aussi. Quel talent dans la narration, le rythme et le suspense. Un série vraiment très forte dont je passe la note de 4/5 à 5/5 ! Mise à jour : Et après 93 tomes j'attends toujours chaque nouveauté avec impatience. L'auteur maîtrise incroyablement bien son sujet, chaque combat est intéressant. J'apprécie qu'il s'attarde sur les personnages "secondaires", souvent un peu plus intéressants que le héros. C'est LE shonen de ces 10-15 dernières années, en ce qui me concerne : aucune baisse de régime, un dessin toujours au top, un peu d'humour et de scènes en dehors du milieu de la boxe ici et là afin de ne pas être toujours enfermé dans cet univers de la boxe (même si les amourettes des uns et des autres ne sont pas de plus passionnantes, ces brèves coupures font du bien)
Prophet
Réécriture en un bloc de mes impressions sur les 4 tomes. Pas facile de cerner les objectifs de cette série exigeante ni l’ambition affichée par son auteur. Sans aller jusqu’à dire que c’est le projet d’une vie, il témoigne beaucoup de son évolution artistique, à la fois en tant que dessinateur et scénariste. Entre la sortie du premier et du dernier tome, quatorze années les séparent. Certainement plus en vérité, car l’idée est née après que Mathieu Lauffray ait vu publier sa première bande-dessinée Le Serment de l'Ambre, en 1995. On pourrait presque dire que Prophet est un projet expérimental où l’auteur s’est cherché, a tâtonné dans différents genres et sous-genres en essayant de rendre cette combinaison équilibrée au possible, évitant le patchwork indigeste. Il n’y a qu’à regarder les pages du cahier graphique présent dans l’édition intégrale pour s’en rendre compte : au tout début, lorsque l’envie d’écrire du fantastique en était à ses balbutiements, Prophet était bien partie pour devenir une série heroic fantasy ! (l’idée ne m’aurait pas déplu au passage). Tour à tour inspiré par les romans et nouvelles de Robert E. Howard (pour l’univers heroic fantasy, les mondes barbares, ou ses héros nihilistes ? ) ; H.P. Lovecraft (l’ouverture sur le monument de 8000 ans, immense, invraisemblable, une passion partagée pour les bâtiments vertigineux, les personnages paranoïaques dépassés par les événements) ; W.P. Hodgson (démons issus de l’abîme, le cosmicisme) ; le film La Planète des Singes de 1968 (tome 2 après le crash de l’aéronef), et allez pourquoi pas, l’imaginaire de Clive Barker dont Hellraiser pour dessiner les mutants gothiques ? Le Sphère de Michael Crichton ou le Malhorne de Jérôme Camut ? Jack Stanton n’a-t-il pas un air de famille avec Bruce Campbell dans Evil Dead, fusil au poing ? ; les références littéraires et de culture populaire sont éparses. L’important comme le dit Lauffray était de trouver « son » fantastique. L’achèvement du récit avait laissé comme une sensation de manque et d’amertume à plus d’un lecteur pourtant impatients d’en conclure après neuf ans d’attente. Moi-même je faisais partie des perplexes. Des questions restaient en suspens, la transition de l’histoire aventureuse au récit introspectif fut difficile à encaisser, d’autres choses demeuraient loin d’être claires. C’est finalement via l’édition intégrale que j’ai pu éclairer ma lanterne, grâce à un salutaire avant-propos de l’auteur expliquant sa démarche. Certes il y a du fantastique, de l’aventure, du survival horror puis de l’apocalyptique. Cependant Prophet n’est pas une histoire lambda de pur divertissement où le héros a un but bien déterminé, où chacun connaît son rôle et où chaque chose a son explication rationnelle. Prophet est aussi à lire comme une parabole dans lequel l’auteur y combat des thèmes qui lui sont chers. Jack Stanton a touché la sphère, le monde infernal qui s’en est suivi et dans lequel il n’y a aucun espoir de délivrance est à son image. Mais qui est Jack Stanton ? Un arriviste, égoïste et égocentrique, individualiste forcené, le type même de l’homme pressé opportuniste prêt à tous les coups bas pour parvenir à ses fins. Son « voyage » sur la Terre ravagée est à prendre comme un récit initiatique. Pendant longtemps sa ligne de conduite ne bouge pas. Il refuse son rôle de prophète, refusant d’être un guide, de mener, il veut la gloire mais sans les responsabilités. La seule chose qui l’intéresse est de rentrer dans son monde récolter les fruits d’une gloire usurpée. Car Jack est aussi un menteur, s’attribuant le travail de recherche d’autres plus talentueux que lui. C’est une critique de l’auteur contre les fausses « zélites » intellectuelles qui trop souvent ont pignon sur rue (une critique qu’on retrouve chez son pote Denis Bajram dans Universal War One). Le démon supérieur cornu qui pourchasse Stanton est une figure allégorique de sa mauvaise conscience qui le rappelle à ses fautes, une sorte de décompte qui fait « tic, tac ». Stanton a beau fuir, mais tôt ou tard il devra se confronter aux conséquences de ses actes. C’est aux côtés de Jahir et d’Athénaïs qu’il apprendra d’autres valeurs, que le « nous » est plus fort que le « je », en espérant qu’à la fin, au moment de faire un choix définitif il s’en souviendra. C’est sur ce dernier point que j’avais le plus tiqué. Ne sachant pas si Jack avait choisi la réalité ou une douce matrice où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. La version intégrale apporte un regard plus clair, preuve que l’œuvre est sans cesse retravaillée, car elle bénéficie de 2 pages supplémentaires dans la dernière partie (non présentes dans l’édition simple) qui en ce qui me concerne m’ont aidé à mieux saisir le choix définitif de Stanton et sur ce qu’est la sphère : un théâtre illusoire. Quant au pourquoi du comment sur d’autres aspects de l’intrigue, j’imagine qu’elles doivent demeurer un mystère. Certaines explications, si elles en ont, appartiennent à l’auteur. Il n’est pas toujours bon de tout révéler. Vous vouliez connaître l’histoire du space jockey dans Alien, Prometheus vous a-t-il satisfait ? Vous voulez un spin off sur la jeunesse de Yoda vous ? Pour évoquer un peu les graphismes de la série, bah, que dire ? J’ai découvert Lauffray grâce à Prophet (gros fan de Xavier Dorison à la base) et j’ai de suite accroché à son style fortement influencé par les comics US, son découpage notamment qui « déborde » des cases. Et puis surtout son imagination assez stupéfiante. Rien que sur Prophet : le Hurleur, les Titans, les humanoïdes mutants, le démon rouge, les dessins en pleine pages, cet encrage puissant… c’est juste beau quoi. Les graphismes sont aussi un témoignage de l’évolution graphique de son auteur, il suffit juste de regarder pour constater qu’entre le tome 1 et le 3 il y a du changement. Et qu’entre le 3 et le 4, là c’est un fossé qui les séparent. Il faut dire que Patrick Pion ainsi qu’Eric Henninot ont beaucoup aidé sur ce dernier. D’ailleurs une remarque concernant l’intégrale qui ne reprend pas la page d’ouverture du premier chapitre du tome 2, où Jack marche en plein Manhattan Square façon Je suis une Légende, la page avec le logo de Coca Cola. Pourquoi putain ?! Why ?! Elle était magnifique cette page ! On rajoute deux pages mais on en supprime une, allez comprendre… En conclusion Prophet fait partie de ces œuvres dures mais absorbantes, de celles qui donnent du grain à moudre à ces lecteurs. Typiquement ce que j’aime si en plus la qualité visuelle rentre dans mes clous. Je l’ai lu, relu à chaque nouvelle sortie, puis re-relu avec l’intégrale, et à chaque fois je l’apprécie davantage.