La couverture est de toute beauté. C'est même la plus belle de l'année à mon sens. Elle invite véritablement à découvrir cette bd tel un bon vin que l'on déguste paisiblement au milieu d'un vignoble. Une belle jeune femme va reprendre l'exploitation d'un domaine dans la région de Bordeaux suite au décès d'un père distant. Elle va être confrontée à ses deux frères ainsi qu'à une multitude d'ennemis cachés qui ont des visées sur le devenir des terres de son enfance. Il lui faudra de l'humilité et du courage pour relever le défi et sauver l'entreprise familiale d'une faillite annoncée.
C'est vrai que la trame de cette saga au coeur du Médoc est plutôt classique. Cependant, j'ai apprécié sa redoutable efficacité. J'avais peur d'un repompage tiré des fameuses Gouttes de Dieu dont le synopsis était plutôt ressemblant. Pour autant, le récit va prendre une autre dimension plus mélodramatique et surtout une autre direction. On se situe un peu dans l'ambiance d'un Dallas du vignoble à la manière des Maîtres de l'Orge pour ne citer qu'un exemple.
J'ai aimé ce côté un peu terroir dans la description des métiers du vin. C'est introduit tout en finesse. Par ailleurs, le dessin est sublime par cet aspect réaliste qui fourmille de détails. La maîtrise du scénario semble parfaite. A travers chaque tome, on découvre un aspect et une facette du vin. Que cela soient les différents millésimes ou les classements, pour ne citer qu’un exemple. On se rend compte qu’il y a beaucoup de métier autour du vin avec ses différentes spécialités pour passer de la récolte du raisin à la table : l’œnologue, le vendangeur, le courtier ou encore le négociant.
La lecture du tome 2 confirme tout le bien que je pensais de cette série. Il commence à y avoir une âme dans la reprise de ce domaine vinicole au coeur du Médoc à savoir le Chêne Courbe. On arrive à sonder les profondeurs de la terre et des racines de ce domaine tant convoité. On voit également le rapprochement de cette série avec les fameuses Gouttes de Dieu mais en moins comique, sur un registre plus drame familial. C'est certainement ce qui va faire la réussite de cette saga qui est riche de précision et de réalisme. On voit d'ailleurs l'apparition du célèbre Michel Rolland dans son propre rôle. Cela donne de la crédibilité à l'ensemble. Oui, nous avons là un grand cru 2012.
Le tome 3 a une magnifique couverture qui renoue avec la beauté de la première. Au niveau de l'intrigue, cela se corse un peu et on en apprendra davantage. Il reste toujours le charme de découvrir du bon vin notamment lors de la séance de dégustation. J'admire la pugnacité d'Alexandra Baudricourt à vouloir conserver à tout prix le domaine familial malgré l'adversité et les coups foireux de la belle-soeur avide d'argent. C'est encore un épisode plein de saveur à consommer sans modération.
Le tome 4 poursuit une intrigue plutôt efficace avec des retournements de situation. On en apprend toujours davantage sur les secrets de cette famille de vigneron. Alexandra semble relever la tête pour poursuivre son combat et produire une cuvée digne de ce nom. Il y aura encore de belles séquences qui nous font découvrir le monde du vin. Bref, une fresque familiale à réserver aussi bien aux amateurs de grands crus qu'aux néophytes comme moi.
Que dire du tome 5 ? Cela semble être un tome de transition qui règle un peu les comptes avec le passé. On aura droit à une petite escapade américaine à Atlanta qui n'apporte pas grand chose à la trame générale du récit. C'est comme si on rajoutait artificiellement des épreuves à la pauvre Alexandra. Il y aura également un coup de projecteur sur la domestique qui donne tout son salaire à un affreux racketeur. Bref, la crédibilité semble prendre un sacré coup! Cependant, le pire est l'erreur grossière qui est commise. En effet, l'action se passe en 2008 car la date est précisé d'emblée à l'ouverture de ce tome. Par la suite, quand Alexandra se recueille sur la tombe de son défunt père, on peut lire qu'il s'est éteint en 2010 soit 2 ans après dans le futur. Encore une fois, je ne pardonne pas aux auteurs de commettre ce genre d'erreurs. Il faut se relire avant de mettre en vente des milliers d'exemplaires. L'amateurisme n'a pas de place à ce niveau. En conclusion, un mauvais millésimé malgré le classement !
Le tome 6 affiche une belle couverture. Il faut dire qu'Alexandra est une magnifique demoiselle ayant beaucoup de ressources. La saga au coeur du Médoc se poursuit avec ses drames et ses complots familiaux. On en apprendra un peu plus également sur le métier de courtier. Le vin est véritablement au coeur de cette intrigue pour notre plus grand plaisir de dégustation.
A la lecture du tome 7, on en apprend toujours davantage sur les secrets de cette famille de vigneron. Alexandra semble relever la tête pour poursuivre son combat et produire une cuvée digne de ce nom. Il y aura encore de belles séquences qui nous font découvrir le monde du vin. Les vendanges constituent une étape forte importante.
Avec le tome 8, on part à la découverte du négociant, qui sert d’intermédiaire entre le producteur de vin et les acheteurs. Le métier a beaucoup évolué puisque autrefois les négociants possédaient leur propre unité de production qu’ils ont dû abandonner au début des années 90. En effet, il y a eu beaucoup d’évolution technologique qui nécessitait des investissements de plus en plus coûteux. Le négociant s’est ainsi peu à peu repositionné sur le cœur de son métier, à savoir le commerce.
On a envie de se plonger dans ce « Châteaux Bordeaux ». Cela promet d’être un grand cru de bd ! Cependant, inutile d’attendre des années que cela mûrisse ! Vous pouvez y goûter sans modération !
J’ai enfin pris connaissance de l’œuvre qui révolutionne actuellement le genre des histoires de zombies. Cela faisait un bon petit moment que je voulais mettre la main dessus. C’était pour moi la dernière série d’importance que je n’avais pas encore lue à ce jour. Je dois avouer que j’ai adoré littéralement. Le scénario est terriblement efficace. Je comprends que le cinéma ait également des visées. D'ailleurs, la série a fait un carton dans un genre qui n'est pourtant pas populaire chez la ménagère de moins de 50 ans. J'avoue aisément posséder toutes les intégrales et que c'est l'une de mes séries préférés. Cependant, c'est bien la bd qui m'a amené à la TV et non l'inverse.
L’action ne sera pas pour autant omniprésente. L’auteur laisse le temps au récit de s’installer sur une ambiance de fin du monde. J’ai juste déploré que le début commence sur une idée déjà exploitée par le film 28 jours plus tard de Danny Boyle. Fort heureusement, le reste va se démarquer assez rapidement. On dévore littéralement chaque tome. Je constate également que cela reste bon même sur la durée. Il y a une virtuosité dans l’écriture de chaque scène qu’on ne peut qu’admirer. Le travail est remarquable également d’un point de vue graphique.
Il y a un côté terriblement humain qui n’est pas habituel au genre. On découvre toute une galerie de personnages avec leur psychologie propre ainsi que leurs réactions face aux difficultés rencontrées. Par ailleurs, le danger semble émaner de partout. Il y a un côté imprévisible qui fait frissonner. Le tome 8 marque d'ailleurs un sommet inégalé. On se rend compte que tout est malheureusement possible dans l'horreur. Le tome 14 nous rappelle également qu'aucun personnage principal n'est à l'abri. On regrettera la disparition de personnages qu'on aimait bien mais il y a toujours les autres. Rick demeure le pilier central. L'auteur a une formidable capacité à renouveler le récit pour maintenir le suspense à son comble.
Le tome 22 marque une rupture également temporelle qui relance tout l'intérêt de la série. Que dire également du tome 24 dont la fin nous laisse véritablement sans voix ? On passe certes d'un ennemi terrifiant à l'autre. Cependant, cela sera un véritable rebondissement du scénario que l'on n'attendait pas. Il ne s'agit plus de survivre face à un psychopathe mais c'est plutôt un choix de civilisation sur un mode de reconstruction du monde.
Le tome 26 marque le retour d'un grand méchant que l'on attendait plus. Il revient encore plus machiavélique et fou que jamais. Il faut dire que le public l'aime bien et en redemande. Je connais dans mon entourage une femme fou d'amour pour lui: c'est dire. On est juste un peu étonné de la direction prise par le scénario. C'est un virage à 180 degré. Il est vrai que le tome 27 apporte encore des revirements, des situations inattendues. On regrette juste la disparition un peu trop brutale d'un leader pour les chuchoteurs mais qui sera vite remplacé. On atteint encore des sommets dans la lecture plaisir ce que confirme d'ailleurs le tome 28 alors qu'au niveau de la série TV, on constate un véritable essoufflement à partir de la saison 7. Je suis bluffé par le fait que les scénaristes ont su redynamiser la série après autant de tomes.
J’aimerais pouvoir encore découvrir des séries de cette intensité et de cette qualité. Je sais que cela va devenir de plus en plus rare… J'ai acheté toute la série d'un seul coup : c'est dire que je n'avais pas eu un tel coup de cœur depuis fort longtemps. C'est une série que je qualifie de culte car elle va révolutionner le genre. Et puis et surtout, au fil des tomes, on sent une montée d'intensité qui ne se dément pas après pourtant plus de 20 tomes. C'est tout bonnement extraordinaire !
Note Dessin: 4.25/5 - Note scénario: 4.75/5 - Note Globale: 4,5/5
Astérix est une bd totalement incontournable érigée en véritable monument culte. Il a baigné toute mon enfance et plus encore. Il s'agit probablement de la bande dessinée française qui a connu le plus de succès, avec 325 millions d'albums vendus dans le monde en 107 langues et dialectes. ::
C'est un personnage qui existe depuis près de 50 ans. Il a vu le jour dans le premier numéro du journal Pilote en octobre 1959. Petit, pas très beau, il est le portrait fidèle du gaulois finalement assez proche du français avec ses qualités et ses défauts: râleur, bagarreur, têtu et colérique mais également sympathique, courageux, généreux, rusé et fidèle. Il est l'image du copain que nous aimerions tous avoir. Ceci explique probablement l'une des raisons de son immense succès.
Le meilleur ami d'Astérix est Obélix qui l'accompagne dans toutes ses aventures. Ce personnage emblématique de la série apparaît dès la première page du premier album même s'il ne lui est donné un véritable rôle que dans le deuxième "la serpe d'or". Il est finalement le parfait complément d'Astérix: gourmand, susceptible, soupe au lait et sensible. Obélix passera rapidement du statut de faire valoir à celui de héros à part entière. Des albums lui feront la part belle.
A eux deux, ils sont les deux principaux défenseurs du village d'irréductibles. La Gaule est en effet envahie par les forces romaines. Toute la Gaule? Non, il n'y a que ce village peuplé d'irréductibles Gaulois qui résistent encore face à César grâce à la potion magique concoctée par le druide Panoramix.
Quand j'étais plus jeune, j'avais tendance à penser que cette bd véhiculait la dangereuse idée qu'il fallait boire une sorte de drogue pour faire face à l'adversité et que sans cela, on était perdu. Cette force n'était donc pas naturelle un peu comme ces sportifs qui prennent des dopants pour réussir à gagner... J'aurais bien aimé au fond de moi que ces gaulois y arrivent sans utiliser ce subterfuge bien pratique.
Cependant, il ne faut pas oublier non plus le fidèle compagnon de notre duo de Gaulois à savoir Idéfix. Il n'apparaîtra qu'à partir du cinquième album (Le tour de Gaule). De nombreuses personnalités existantes ou ayant existé sont apparues au fil des albums successifs, sous forme de clins d'œil humoristiques (ex: Lino Ventura dans la Zizanie, Guy Lux dans le domaine des Dieux, Jacques Chirac dans "Obélix et compagnie", les Beatles dans "Astérix chez les Bretons", plus récemment Arnold Schwarzenegger dans "Le ciel lui tombe sur la tête").
Cependant, ce n'est pas tout. Des personnages d'autres bd y apparaissent également: ainsi le Marsupilami dans "le combat des chefs", les Dupondt de Tintin dans "Astérix chez les Belges", le vizir Iznogoud est évoqué dans "Astérix chez Rahazade". Je pense que le succès mérité de cette série s'explique par le fait que l'humour s'adresse à toutes les tranches d'âge. Les enfants apprécient le dessin et les situations cocasses ainsi que l'effet burlesque de l'histoire alors que les adultes apprécient la parodie de l'histoire officielle et les différentes références culturelles. La série offre beaucoup d'anachronisme au lecteur pour souligner un trait bien précis (exemple: Lutèce sous le flot de la circulation...).
Par ailleurs, depuis le début de ses aventures, Astérix visite un pays ou une région différente un album sur deux. On a alors l'occasion de se rendre dans de nombreuses contrées loin de son village.
Les albums avec le regretté scénariste Goscinny sont drôles et inventifs (soit les 24 premiers volumes qui étaient édités chez Dargaud qui en a perdu les droits en 1998 suite à des séries de procès intentés par Uderzo). La mort en 1977 de René Goscinny a entraîné un ralentissement dans la fréquence de parution des albums, Uderzo faisant maintenant les dessins et les textes. Le grand fossé devient l'album de la transition. Quel titre prémonitoire quand même !!!
Les albums relevant des Editions Albert-René plongent outrancièrement dans l'exploitation commerciale. Le dernier en date est réellement un désastre (quelle idée que de faire intervenir des extraterrestres!) et jette un réel discrédit sur la série. Uderzo est maintenant âgé de plus de 70 ans et gère le plus grand empire de bande dessinée dans la francophonie. Et il n'a pas peur de dénaturer le mythe Astérix en clamant: "Il n’y a pas de raison que les extraterrestres ne nous aient pas visités du temps des Gaulois. C’était mon idée de départ. J’ai voulu représenter ces extraterrestres sous la forme de la science-fiction des mangas et des bandes dessinées américaines avec leurs caractéristiques, comme ces Américains qui débarquent triomphalement en Irak. " Ce tome a battu tous les records de vente avec la complicité de la presse qui n'a rien eu à redire à de rares exceptions près...
J'aimerais réellement que Uderzo s'arrête car les aventures d'Astérix s'engouffrent de plus en plus vers la voie du paranormal ou du fantastique. Le petit village gaulois est en train de devenir une entité de super héros modernes et perd son âme d’album en album. Les albums d'Uderzo s’égarent complètement de l’esprit originel de l’œuvre depuis la disparition de Goscinny.
Aujourd'hui, Astérix est un nom qui se vend à lui tout seul. L'histoire, l'humour, le scénario... tout cela passe au second plan! C'est bien dommage qu'il ne confie pas le scénario à quelqu'un digne de ce nom afin de se faire aider! Cependant, il faut reconnaître qu'Uderzo reste un excellent dessinateur qui a un sens intuitif de la mise en scène, du gag visuel, de l’expressivité et de la caricature ! Et puis, tout ce qu'il a scénarisé n'est pas mauvais: j'ai bien aimé par exemple "l'Odyssée d'Astérix". Le public est donc, globalement, légitimement déçu. C’est un fait que personne ne peut nier!
Et pourtant, dans la préface du livre d'or du 50ème anniversaire d'Astérix et Obélix (1.2 millions d'exemplaires!), il en rajoute en fustigeant ces imbéciles qui possèdent cette immense vertu de toujours croire à ce qu'ils pensent, ce qu'ils disent et ce qu'ils écrivent. Il n'a toujours pas compris que le public voulait qu'Astérix poursuive ses aventures après la mort de l'un de ses deux pères: c'est une évidence. Cependant, le public voulait également retrouver des aventures dignes de ce nom. Dans les 4 derniers tomes qui sont sortis, deux sont des commémorations pompeuses et les deux autres des catastrophes sans nom. Bien entendu, le succès n'a jamais été démenti et c'est sur ce phénomène que l'auteur se base pour se justifier (le phénomène Besson).
Juste une petite parenthèse pour dire que cela me fait sourire un peu quand on compare cette série avec De Cape et de Crocs qui est fortement apprécié sur ce site pour de très bonnes raisons. De Cape et de Crocs s'est vendu à tout casser à moins de 100000 exemplaires par tome. On est loin du succès d'Astérix en terme de chiffres et de notoriété et il en faudra des renforts pour que cette série puisse un jour percer le marché ne serait-ce que français. Bien entendu, en terme de qualité, cela reste le digne successeur mais cela ne se popularisera pas pour autant. C'est bien ce qui est malheureux car le public est vampirisé par quelques titres phares qui ne sont pourtant plus les meilleurs dans leur catégorie. Nous, lecteurs et passionnés, nous allons plus loin dans notre démarche car nous nous intéressons à ces titres injustement oubliés.
Pour juger de la série des Astérix, il faut également regarder l’ensemble de l’œuvre et là il n'y a pas photo! Astérix a incontestablement beaucoup apporté à la bande dessinée. Il a fait passer celle-ci de statut de maladie infantile à celui d'art respectable. C'est objectivement une bd culte.
Le cinéma s'est maintenant emparé de notre petit héros mais je n'approuve pas vraiment cette démarche. Il y a une magie dans la bd que le cinéma ne pourra jamais reproduire même à coup de millions d'euros ! De toute façon, le dernier film "Astérix et les Jeux Olympiques" n'est qu'une débauche d'effets spéciaux, de guest-stars et de peoples. Cela se devait être le film le plus proche de la bd, sans blague!
Le 35ème Astérix sera celui du passage à un nouveau relais d'auteurs à savoir Didier Convard et Jean-Yves Ferri. Il était temps ! Visiblement, cela n'a pas empêché le succès des ventes et de la série qui ne démord pas. Il s'agissait de faire oublier la déception liée aux derniers albums. De ce côté là, c'est plutôt réussi car le niveau se relève sans atteindre celui de la belle époque de Goscinny qui semble irremplaçable. Certes, les ingrédients sont là : les romains, les pirates, le barde, les disputes entre Astérix et Obélix... Cependant, j'ai l'impression qu'on tourne toujours en rond. Certains jeux de mots et calembours ne fonctionnent pas. On sourit car c'est quand même sympa de retrouver nos héros d'enfance. Bref, c'est ni bon, ni mauvais.
Le 36ème tome confirme cette vision des choses. Je pense qu'on n'a pas confié Astérix au meilleur scénariste de France. Je me demande qu'est-ce que cela aurait donné avec Joann Sfar ou encore Manu Larcenet. Il manque une certaine créativité afin de booster une licence très lucrative. Et pourtant, cela a été l'ouvrage le plus vendu en France en 2015 avec 1.6 millions d'exemplaires écoulés. C'est dans ces cas-là que je me dis qu'être numéro 1 des ventes ne fait pas forcément la meilleure bd en termes de qualité. C'est surtout la notoriété de ce titre qui fait le reste. Ce n'est point mérité et cela cache toutes les autres bonnes bd qui ne feront pas 10000 exemplaires.
Pour autant, je dois dire que le 37ème tome sur la Transitalique est plutôt une belle aventure qui renoue un peu avec le passé lorsqu'on allait à la découverte des autres régions du monde. Il n'y aura pas réellement de surprise ou de créativité mais cela demeure plaisant à la lecture. Je retiens surtout une énorme campagne publicitaire qui va assurer les arrières et la pérennité de cette série. Quelque chose s'est véritablement perdu et on ne le retrouvera plus jamais. Au niveau du dessin, c'est du très bon travail. Une belle critique sur le sport et les tricheries ou l'idolâtrie exagérée pour certains sportifs peu méritants.
Juste pour le fun, je me suis amusé à noter chacun des titres de la série:
Tome 1: Astérix le Gaulois
Tome 2: La serpe d'or
Tome 3: Astérix et les Goths
Tome 4: Astérix gladiateur
Tome 5: Le tour de Gaule d'Astérix
Tome 6: Astérix et Cléopâtre
Tome 7: Le combat des chefs
Tome 8: Astérix et les Bretons
Tome 9: Astérix et les Normands
Tome 10: Astérix légionnaire
Tome 11: Le bouclier Arverne
Tome 12: Astérix aux jeux olympiques
Tome 13: Astérix et le chaudron
Tome 14: Astérix en Hispanie
Tome 15: La zizanie
Tome 16: Astérix et les Helvètes
Tome 17: Le domaine des Dieux
Tome 18: Les lauriers de césar
Tome 19: Le devin
Tome 20: Astérix en Corse
Tome 21: Le cadeau de César
Tome 22: La grande traversée
Tome 23: Obélix et compagnie
Tome 24: Astérix chez les Belges
Tome 25: Le grand fossé
Tome 26: L'odyssée d'Astérix
Tome 27: Le fils d'Astérix
Tome 28: Astérix chez Rahâzade
Tome 29: La rose et le glaive
Tome 30: La galère d'Obélix
Tome 31: Astérix et Latraviata
Tome 32: Astérix et la rentrée gauloise
Tome 33: Le ciel lui tombe sur la tête et encore! le pire jamais réalisé !
Tome 34: L'anniversaire... le livre d'or
Tome 35: Astérix chez les Pictes
Tome 36: Le papyrus de César
Tome 37: Astérix et la Transitalique
Tome 38: La fille de Vercingétorix
Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5
On va poursuivre l'aventure de Shizuku et Issei avec la sortie prochaine de la suite, Les Gouttes de Dieu - Mariage. C'est une suite un peu directe mais pas totalement. Je m'explique: on pourrait lire presque indépendamment ce nouveau tome 1. Pour autant, après lecture des tomes suivants, on se rend compte qu'il s'agit d'une véritable suite où l'on retrouve les anciens compères de notre héros.
A vrai dire, la majeure partie de ce premier volume est dédié à Shizuku qui tente de sauver un restaurant de la faillite en créant des mariages des plats culinaires et du vin. La dernière partie du volume nous faisant retourner dans l'intrigue principale des gouttes de Dieu. Les auteurs vont en effet prendre tout leur temps pour ménager le suspens sur l'identité du vin ultime et divin.
En effet, dans ce nouvel opus, les auteurs Tadashi Agi et Shu Okimoto nous dévoilent les meilleurs accords entre les plats et les vins. Bref, la première série nous avait tout enseigné de manière assez pédagogique sur les vins. Désormais, avec cette nouvelle série, on va se pencher sur l'accord entre la dégustation des mets et le vin qui l'accompagne.
Nous savons que le public français avait beaucoup apprécié la première licence qui a d'ailleurs reçu des prix notamment celui du meilleur seinen. Même les professionnels des vins citent assez souvent les Gouttes de Dieu comme une référence. Les auteurs ont également reçu le Grand prix de la revue des Vins de France de l'année 2010.
A noter que les tomes se succèdent et laissent place à de véritables intrigues assez intéressantes sous la forme de nouveaux défis. Les tomes 3, 4 et 5 se concentrent autour d'un concours au niveau des meilleurs restaurants. C'est assez bien réalisé. On voit que les auteurs maîtrisent parfaitement le sujet.
Bref, c'est une véritable quête gourmande. Attention cependant à ne pas prendre de nouveaux kilos !
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
Tous les passionnés d'Histoire se doivent de lire cette BD (à défaut de lire le roman éponyme). On suit toute une galerie de personnages bringuebalés dans la grande histoire de la Commune, dont l'épopée, l'ambiance, la fièvre sont très bien retranscrites par Vautrin et très bien illustrées par le grand Tardi.
Bien sûr, c'est un récit très engagé (du côté des communards) mais pour une fois que les vaincus ont l'occasion d'écrire l'Histoire, on ne va pas se plaindre.
Oui, en réfléchissant bien, je met le maximum à Scott Pilgrim. Et pourtant je sens que cette BD ne fait pas l'unanimité, mais je conçois parfaitement : c'est le genre qu'on aime ou qu'on déteste.
Comme beaucoup, j'ai découvert Scott Pilgrim avec le film (qui est aussi adoré/détesté j'ai l'impression), et j'ai décidé de voir ce que valait la BD. Et pour la première fois, je suis extrêmement content de ce qu'a fait le film, et pour autant je trouve la BD "différente".
Bien évidemment, en 6 tomes il se passe beaucoup plus de choses qu'en 1h30, mais l'auteur à fait quelque chose que j'apprécie tout particulièrement : il s'est fait plaisir. Et ça se sent dans les pages, entre les décors de son Toronto qu'il connait bien (et qu'il donne envie de visiter), entre les personnages qui sentent plusieurs fois le vécu (d'ailleurs on en trouve certaines sources à la fin des albums), et puis avec toute cette référence pop-culture !
C'est ce que le film a extrêmement bien retranscrit, je trouve : le côté pétillant de Scott Pilgrim, avec des intrigues souvent très simple et prétexte à des bastons complètement surréalistes, et le tout rehaussé d'innombrables références, aux jeux-vidéos, au cinéma, à la culture musicale ... C'est renforcé par un humour présent quasiment partout, et qui me fait bien souvent hurler de rire. Il y a une joie communicative dans cette BD, où les mésaventures de Scott et son passage progressif à l'âge adulte sont mis en scène à la fois pour notre plaisir, mais aussi avec quelques passages bien mieux sentis sur l'évolution des personnages. On a quelques passages bien plus sérieux, mais qui ne font jamais basculer le tout dans une BD de réflexion pour autant. C'est délicieusement crétin d'un bout à l'autre.
Mais la raison pour laquelle j'ai mis culte, c'est que finalement, qu'on aime ou non, cette BD est incroyablement novatrice. Oser aller à ce stade là de mélange pop culture/romance/initiation, tout en conservant son esprit d'un bout à l'autre (ce que ratent souvent les shonen je trouve), c'est rare. Et précieux ! Je me marre toujours autant à la lire, j'adore toujours autant tout les personnages qui la composent. Je suis encore ému devant certaines petites phrases, et je suis toujours autant fan du dessin.
Vraiment, je pense qu'on a là une BD qui marque (pas toujours en bien cependant), mais quand j'en parle (et que j'entends les autres en parler), je suis certain que cette BD laisse peu de gens indifférent. Et moi, j'ai adoré !
J'aime boulet.
Je n'ai pas lu ses autres BD, Ragnarök, Donjon, mais je lis son blog avec assiduité. J'ai acquis les tomes de notes petit à petit, il y a quelques années, et je prends toujours beaucoup de plaisir à les relire.
C'est réaliste, poétique, bien dessiné, dessiné à l'arrache, en couleur, en noir et blanc, on trouve des souvenirs d'enfance, des pensées profondes, des questionnements sur la vie de tous les jours, des anecdotes de vie, des rêves, des espoirs, des énervements... Bref, un peu de tout.
J'apprécie beaucoup l'autodérision dont il fait preuve et le regard qu'il porte sur le monde, les petits chats mignons, les copains, les soirées, les scientifiques, les enfants.
Etant parisienne je me retrouve pas mal dans certaines situations vécues et très bien racontées.
Et puis le dessin... le dessin! Il peut paraître assez simple au premier abord (peut être un effet du noir et blanc) mais il y a toujours une foule de détails, avec plein de petits traits partout. l’alternance d'histoire en noir et blanc et en couleur, avec peu de détails puis avec une fouuule de détails, permet de varier les plaisirs et d'éviter une monotonie dans la lecture.
les gros plans, les mises en abîme, les mouvements, c'est fluide et toujours très lisible.
Les 10 ouvrages sont très denses et on les savoure, sous couette ou dans son canapé, ça ne se lit pas vite, ça se déguste. 191 pages qui me donnent à chaque fois le sourire, souvent une vrai rire qui sort, heureux d'avoir été trouvé...
Et pour ne rien gâcher, il a réussi dans ces notes qui sont des synthèses chronologiques de ses billets de blog à faire ressortir des thèmes différents dans chacun des tomes: les rêves, la fin du monde, les sciences, le corps humain..
Bref, je conseille, à lire et à relire!
Je viens de relire la série complète en "original" et pleine de poussière qui me vient de mes parents ou même grands parents peut être. J'y cherchais outre le souvenir des traces de décalage de néocolonialisme ou autre et j'ai été surpris de ne pas en trouver tant que cela. Par contre une chose m'a sauté au yeux : le héros un intrépide aventurier flanqué de deux acolytes ... un vieux marin bougon et un savant un peu fou ... Hergé avait-il lu ces albums dans son enfance... Je me dis que oui mais c'est juste mon avis :) !
Tome 1 Le Trône de Rubis
Je crois que c’est mon gros coup de cœur de l’année. Depuis le temps qu’on attendait une version potable des aventures d’Elric de Melniboné, le résultat surpasse les attentes avec ce que j'estime comme la meilleure nouveauté fantasy de l’année et peut être un futur immanquable si le trio Recht/Poli/Blondel continue sur sa lancée. En guise de préambule j’aimerai placer quelques mots du maître Michael Moorcock à propos de cette nouvelle adaptation européenne dans l'avant-propos de la BD (désolé, pas eu le temps de traduire pour les non anglophones):
" I have to say this is the best interpretation EVER. It's a stunning BD. I've no idea when the English edition will be available but with a working knowledge of the story, you should do fine. There are some tweeks to the original story which in my view are an improvement. "
Comprenez que l'écrivain britannique reconnaît sans mal que Julien Blondel a « amélioré » l’histoire originale, l’ayant rendu plus fluide et plus dans l’air du temps ; c’est quand même assez couillu de le reconnaître et cela souligne bien le boulot énorme abattu.
Pour en revenir à la BD, enfin on arrive à mettre en image l’île de Melniboné, ses forêts, son bestiaire fantastique, sa cour décadente, le labyrinthe mortel d’Imrryr. Je n’aurais jamais imaginé un trône de rubis pareil, il est impressionnant, grandiloquent, un peu à l'image du Trône de Fer de Marc Simonetti. Apprécions également le dépoussiérage de Cymoril qui n’avait dans les romans qu’un rôle de princesse en détresse. Elle est nettement dans une attitude de strong independant woman avec le charisme royal qui va avec.
Elric, c’est quand même bien plus qu’une bête histoire de rivalité pour le pouvoir entre Yyrkoon et son cousin albinos. Par ailleurs cette histoire n’est présente dans les romans que dans le tome 1 « Elric des dragons », on passe à autre chose par la suite (les derniers textes sont plus philosophiques et métaphysiques alors que les premiers symbolisent les années « pulp » de Moorcock) et reste à savoir ce qu’en fera Blondel mais j’ai confiance. Au-delà de la décadence du peuple millénaire melnibonéen et de la sauvagerie sado maso de ce dernier il faut y voir de la part de Moorcock une critique acerbe de l’impérialisme occidentale et du colonialisme britannique (Yyrkoon qui a la nostalgie du passé et qui rêve de l’époque du grand empire de Melniboné qui écrasait tout les peuples et les soumettait à sa loi). Entre autres choses… Il y a à boire et à manger dans Elric. Elric, c’est un des récits fondateurs de la fantasy, directement inspiré de Howard et un héritage énorme avec son fameux concept du multivers (qui a inspiré les générations suivantes d’auteurs comme David Gemmell), du champion éternel et de l’anti héros (d’où vous croyez qu’ils sont issus tous ces héros de la culture populaire dans les jeux vidéos ou les mangas avec leur longue chevelure d’argent et leur teint blanchâtre, maladif, hein ?).
IM-MAN-QUABLE je vous dis. Mise à jour 22/11/2014Tome 2 Stormbringer
Le premier album était grandiose, le second réussit l’exploit d’aller encore plus loin graphiquement où je trouve que l’on atteint une certaine uniformité et harmonie, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant, reconnaissant parfois le style de Didier Poli, tantôt celui de Robin Recht ou de Jean Bastide. Ce qui est normal, il fallait bien un tome « d’échauffement ». Que la troupe s’élargisse avec les entrées remarquées de Julien Telo au dessin et de Scarlett Smulkowski à la couleur, n’est pas encombrante, bien au contraire c’est un formidable plus. Julien Blondel a fait appel à son ami Jean-Luc Cano pour l’épauler au scénario, cela fait un rôliste de plus qui maîtrise son sujet.
Dans ce tome 2 on continue logiquement à suivre les années « pulp » d’Elric. Entendez par là que la trame scénaristique est de la même saveur que le tome 1, inspirée, héritée en partie de l’Heroic Fantasy de Robert E. Howard, et c’est carrément le pied !
Avis aux amateurs du genre : le maître Dyvim Tvar franchissant un lac de lave dans la caverne aux dragons ; Elric poursuivant l’infâme Yyrkoon sur le navire des terres et des mers offert par l’esprit élémentaire Straasha ; la partie d’échec qui se joue entre les dieux du Chaos et de la Loi (opposition inspirée du zoroastrisme) commence petit à petit à émerger de façon subtile ; un duel épique au sommet d’une tour dans une cité maléfique abandonnée ; de la sorcellerie ; des créatures infernales ; une reine à sauver ; l’introduction de Stormbringer l’épée buveuse d’âme qui en inspirera plus d’une dans les décennies à venir (la Soul Reaver dans la saga de jeu vidéo Legacy of Kain)… Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?!
À souligner la préface élogieuse de mister Alan Moore excusez du peu…
Mise à jour 04/10/17Tome 3 Loup Blanc
Dans cette suite le sens du mot « adaptation » prend toute sa signification avec des auteurs toujours aussi inspirés et qui prennent quelques libertés par rapport au contenu d’origine du cycle écrit par Mike Moorcock ; pour le meilleur, et le meilleur seulement (Oh par Arioch ! Ce twist de malade en fin d’album ! Et dire qu’avant les femmes n’avaient pas leur place dans cet univers amer et tragique… je m’arrête, pas de spoiler ! ). Un an qu’Elric a laissé son trône vacant pour arpenter les jeunes royaumes. L’impasse est faite sur le trop métaphysique La Forteresse de la perle pour passer directement au Navigateur sur les mers du destin, ma partie favorite. Là encore, les auteurs se sont emparés des textes d’origines et ont rendu une copie impeccable à mon sens, rendant la narration nettement plus fluide et intelligible là où les nouvelles nous perdaient parfois, oscillant à en perdre la raison entre événements passés et futurs. Ainsi, le rassemblement et les exploits de la team des champions éternels du multivers, que les lecteurs connaissent bien, sont vite évacués en début d’intrigue pour laisser place à l’introduction de personnages à l’importance plus significative dans les aventures d’Elric de Melniboné : en l’occurrence le comte Smiorgan des Cités Pourpres. Preview du cycle 2 ou simple teasing ? Les auteurs ne manquent pas de présenter également la princesse Yshana, son conseiller et futur Némésis d’Elric, le sorcier Theleb K’aarna.
Mais revenons au présent : dans cette aventure Elric, jamais réellement maître de ses choix, toujours l’objet de manipulation des dieux ou des hommes, de plus en plus dépendant des caprices de Stormbringer tout en demeurant froid et implacable dans les carnages qu’elle exige ; part à la rencontre d’un de ses lointains ancêtres, Saxif D’aan, prisonnier de sa bulle dorée sclérosée. Un face à face qui touche au She de H. Rider Haggard et où l’Histoire, si elle ne se répète jamais vraiment, bégaye sévèrement. Une confrontation providentiel pour un Elric en quête de connaissance de soi et de ce que sont les Champions de la Balance. Il réalise que pour atteindre ce but il devra déterrer les secrets de son peuple dans la cité antique de R’Lin K’Ren A’a. Si à l’exploration de la cité oubliée on y ajoute le géant de jade, l’être âgé de 10 000 ans, ainsi que l’inévitable adaptation de la crépusculaire nouvelle La Cité qui rêve, le tome 4 s’annonce méga épique. En fait, les auteurs gouvernent tellement bien leur barque que je me demande s’ils ne sont pas capables de nous conclure la série en un seul cycle.
L’équipe artistique est toujours autant au taquet. Robin Recht + Julien Telo + Jean Bastide + Ronan Toulhoat + Luc Perdriset = vendeurs de rêves (ah ces dragons cristallisés, les gardiens cadavériques, la fausse Imrryr, p. 23, toutes ces bonnes références dans la conception des personnages dans le cahier graphique, et cette illustration de couverture :: ah y en a trop à citer...). Un grand « merci » ! Il y a des planches on est juste la gueule parterre. Recht et Telo sont en parfaite synchro, impossible de différencier leurs dessins, il règne une géniale harmonie entre ces différents auteurs.
J'ai véritablement adoré cette série que j'ai enfin pu me récupérer grâce aux rééditions, et je ne saurais que trop vous la conseiller.
J'ai tout aimé dans cette BD : le dessin très coloré et bien détaillé, qui retranscrit à merveille l'ambiance crasseuse et sale des rues de La ville, tout en ajoutant régulièrement des effets comiques, le tout renforcé par la colorisation qui est vraiment à souligner (je le remarque rarement, mais pour celle-ci ce fut notable).
Ensuite ... les personnages. D'avoir fait des personnages aussi déjantés et autant attachants, c'est d'un maestro que j'applaudis. Autant Spider Jerusalem, personnage suffisamment complexe pour qu'il nous échappe à chaque fois, que les autres qui l'entourent (j'ai adoré le rédacteur en chef, Mitchum, tout autant que les deux assistantes bien barjos).
Mais évidemment, ce qui fait la force de Transmetropolitan et qui donne tout le sel de cette BD, c'est le scénario, à grand renforts de dialogues épiques. On est sur du scénario très lourd, très très politique, avec des incartades dans bien d'autres domaines (religions, médias, célébrités, considération sociétales et sociologique), mais qui arrive à éviter la leçon de morale. En même temps, personne n'est le gentil, personne n'est le méchant. A cet égard, j'admire le discours de La bête, qui explique sa vision de la politique et du monde. Vision avec laquelle je ne suis pas d'accord, mais qui semble être celle de bien des hommes politiques actuels (ce qui fait d'ailleurs froid dans le dos).
Bref, je pourrais m'épancher longuement sur les différents aspects de cette Bd que j'ai apprécié, mais je développerais un avis bien trop long. Je me contenterais de dire que si vous avez plusieurs heures (voir jours) devant vous, n'hésitez pas à vous attaquer à ce pavé qui contient de magnifiques textes (dont les articles qui sont bien souvent très intéressant à lire), des beaux passages et beaucoup d'humour, de la violence graphique et psychologique, et beaucoup de réflexions. J'en suis sorti avec une sacré pêche, et je l'ai déjà relu à mainte reprise en étant à chaque fois bien remonté. C'est le genre de lecture qui file la pêche longtemps après, et surtout qui me conforte dans bon nombre de mes avis politique. Et du coup, dans bien des aspects de ma vie.
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Châteaux Bordeaux
La couverture est de toute beauté. C'est même la plus belle de l'année à mon sens. Elle invite véritablement à découvrir cette bd tel un bon vin que l'on déguste paisiblement au milieu d'un vignoble. Une belle jeune femme va reprendre l'exploitation d'un domaine dans la région de Bordeaux suite au décès d'un père distant. Elle va être confrontée à ses deux frères ainsi qu'à une multitude d'ennemis cachés qui ont des visées sur le devenir des terres de son enfance. Il lui faudra de l'humilité et du courage pour relever le défi et sauver l'entreprise familiale d'une faillite annoncée. C'est vrai que la trame de cette saga au coeur du Médoc est plutôt classique. Cependant, j'ai apprécié sa redoutable efficacité. J'avais peur d'un repompage tiré des fameuses Gouttes de Dieu dont le synopsis était plutôt ressemblant. Pour autant, le récit va prendre une autre dimension plus mélodramatique et surtout une autre direction. On se situe un peu dans l'ambiance d'un Dallas du vignoble à la manière des Maîtres de l'Orge pour ne citer qu'un exemple. J'ai aimé ce côté un peu terroir dans la description des métiers du vin. C'est introduit tout en finesse. Par ailleurs, le dessin est sublime par cet aspect réaliste qui fourmille de détails. La maîtrise du scénario semble parfaite. A travers chaque tome, on découvre un aspect et une facette du vin. Que cela soient les différents millésimes ou les classements, pour ne citer qu’un exemple. On se rend compte qu’il y a beaucoup de métier autour du vin avec ses différentes spécialités pour passer de la récolte du raisin à la table : l’œnologue, le vendangeur, le courtier ou encore le négociant. La lecture du tome 2 confirme tout le bien que je pensais de cette série. Il commence à y avoir une âme dans la reprise de ce domaine vinicole au coeur du Médoc à savoir le Chêne Courbe. On arrive à sonder les profondeurs de la terre et des racines de ce domaine tant convoité. On voit également le rapprochement de cette série avec les fameuses Gouttes de Dieu mais en moins comique, sur un registre plus drame familial. C'est certainement ce qui va faire la réussite de cette saga qui est riche de précision et de réalisme. On voit d'ailleurs l'apparition du célèbre Michel Rolland dans son propre rôle. Cela donne de la crédibilité à l'ensemble. Oui, nous avons là un grand cru 2012. Le tome 3 a une magnifique couverture qui renoue avec la beauté de la première. Au niveau de l'intrigue, cela se corse un peu et on en apprendra davantage. Il reste toujours le charme de découvrir du bon vin notamment lors de la séance de dégustation. J'admire la pugnacité d'Alexandra Baudricourt à vouloir conserver à tout prix le domaine familial malgré l'adversité et les coups foireux de la belle-soeur avide d'argent. C'est encore un épisode plein de saveur à consommer sans modération. Le tome 4 poursuit une intrigue plutôt efficace avec des retournements de situation. On en apprend toujours davantage sur les secrets de cette famille de vigneron. Alexandra semble relever la tête pour poursuivre son combat et produire une cuvée digne de ce nom. Il y aura encore de belles séquences qui nous font découvrir le monde du vin. Bref, une fresque familiale à réserver aussi bien aux amateurs de grands crus qu'aux néophytes comme moi. Que dire du tome 5 ? Cela semble être un tome de transition qui règle un peu les comptes avec le passé. On aura droit à une petite escapade américaine à Atlanta qui n'apporte pas grand chose à la trame générale du récit. C'est comme si on rajoutait artificiellement des épreuves à la pauvre Alexandra. Il y aura également un coup de projecteur sur la domestique qui donne tout son salaire à un affreux racketeur. Bref, la crédibilité semble prendre un sacré coup! Cependant, le pire est l'erreur grossière qui est commise. En effet, l'action se passe en 2008 car la date est précisé d'emblée à l'ouverture de ce tome. Par la suite, quand Alexandra se recueille sur la tombe de son défunt père, on peut lire qu'il s'est éteint en 2010 soit 2 ans après dans le futur. Encore une fois, je ne pardonne pas aux auteurs de commettre ce genre d'erreurs. Il faut se relire avant de mettre en vente des milliers d'exemplaires. L'amateurisme n'a pas de place à ce niveau. En conclusion, un mauvais millésimé malgré le classement ! Le tome 6 affiche une belle couverture. Il faut dire qu'Alexandra est une magnifique demoiselle ayant beaucoup de ressources. La saga au coeur du Médoc se poursuit avec ses drames et ses complots familiaux. On en apprendra un peu plus également sur le métier de courtier. Le vin est véritablement au coeur de cette intrigue pour notre plus grand plaisir de dégustation. A la lecture du tome 7, on en apprend toujours davantage sur les secrets de cette famille de vigneron. Alexandra semble relever la tête pour poursuivre son combat et produire une cuvée digne de ce nom. Il y aura encore de belles séquences qui nous font découvrir le monde du vin. Les vendanges constituent une étape forte importante. Avec le tome 8, on part à la découverte du négociant, qui sert d’intermédiaire entre le producteur de vin et les acheteurs. Le métier a beaucoup évolué puisque autrefois les négociants possédaient leur propre unité de production qu’ils ont dû abandonner au début des années 90. En effet, il y a eu beaucoup d’évolution technologique qui nécessitait des investissements de plus en plus coûteux. Le négociant s’est ainsi peu à peu repositionné sur le cœur de son métier, à savoir le commerce. On a envie de se plonger dans ce « Châteaux Bordeaux ». Cela promet d’être un grand cru de bd ! Cependant, inutile d’attendre des années que cela mûrisse ! Vous pouvez y goûter sans modération !
Walking Dead
J’ai enfin pris connaissance de l’œuvre qui révolutionne actuellement le genre des histoires de zombies. Cela faisait un bon petit moment que je voulais mettre la main dessus. C’était pour moi la dernière série d’importance que je n’avais pas encore lue à ce jour. Je dois avouer que j’ai adoré littéralement. Le scénario est terriblement efficace. Je comprends que le cinéma ait également des visées. D'ailleurs, la série a fait un carton dans un genre qui n'est pourtant pas populaire chez la ménagère de moins de 50 ans. J'avoue aisément posséder toutes les intégrales et que c'est l'une de mes séries préférés. Cependant, c'est bien la bd qui m'a amené à la TV et non l'inverse. L’action ne sera pas pour autant omniprésente. L’auteur laisse le temps au récit de s’installer sur une ambiance de fin du monde. J’ai juste déploré que le début commence sur une idée déjà exploitée par le film 28 jours plus tard de Danny Boyle. Fort heureusement, le reste va se démarquer assez rapidement. On dévore littéralement chaque tome. Je constate également que cela reste bon même sur la durée. Il y a une virtuosité dans l’écriture de chaque scène qu’on ne peut qu’admirer. Le travail est remarquable également d’un point de vue graphique. Il y a un côté terriblement humain qui n’est pas habituel au genre. On découvre toute une galerie de personnages avec leur psychologie propre ainsi que leurs réactions face aux difficultés rencontrées. Par ailleurs, le danger semble émaner de partout. Il y a un côté imprévisible qui fait frissonner. Le tome 8 marque d'ailleurs un sommet inégalé. On se rend compte que tout est malheureusement possible dans l'horreur. Le tome 14 nous rappelle également qu'aucun personnage principal n'est à l'abri. On regrettera la disparition de personnages qu'on aimait bien mais il y a toujours les autres. Rick demeure le pilier central. L'auteur a une formidable capacité à renouveler le récit pour maintenir le suspense à son comble. Le tome 22 marque une rupture également temporelle qui relance tout l'intérêt de la série. Que dire également du tome 24 dont la fin nous laisse véritablement sans voix ? On passe certes d'un ennemi terrifiant à l'autre. Cependant, cela sera un véritable rebondissement du scénario que l'on n'attendait pas. Il ne s'agit plus de survivre face à un psychopathe mais c'est plutôt un choix de civilisation sur un mode de reconstruction du monde. Le tome 26 marque le retour d'un grand méchant que l'on attendait plus. Il revient encore plus machiavélique et fou que jamais. Il faut dire que le public l'aime bien et en redemande. Je connais dans mon entourage une femme fou d'amour pour lui: c'est dire. On est juste un peu étonné de la direction prise par le scénario. C'est un virage à 180 degré. Il est vrai que le tome 27 apporte encore des revirements, des situations inattendues. On regrette juste la disparition un peu trop brutale d'un leader pour les chuchoteurs mais qui sera vite remplacé. On atteint encore des sommets dans la lecture plaisir ce que confirme d'ailleurs le tome 28 alors qu'au niveau de la série TV, on constate un véritable essoufflement à partir de la saison 7. Je suis bluffé par le fait que les scénaristes ont su redynamiser la série après autant de tomes. J’aimerais pouvoir encore découvrir des séries de cette intensité et de cette qualité. Je sais que cela va devenir de plus en plus rare… J'ai acheté toute la série d'un seul coup : c'est dire que je n'avais pas eu un tel coup de cœur depuis fort longtemps. C'est une série que je qualifie de culte car elle va révolutionner le genre. Et puis et surtout, au fil des tomes, on sent une montée d'intensité qui ne se dément pas après pourtant plus de 20 tomes. C'est tout bonnement extraordinaire ! Note Dessin: 4.25/5 - Note scénario: 4.75/5 - Note Globale: 4,5/5
Astérix
Astérix est une bd totalement incontournable érigée en véritable monument culte. Il a baigné toute mon enfance et plus encore. Il s'agit probablement de la bande dessinée française qui a connu le plus de succès, avec 325 millions d'albums vendus dans le monde en 107 langues et dialectes. :: C'est un personnage qui existe depuis près de 50 ans. Il a vu le jour dans le premier numéro du journal Pilote en octobre 1959. Petit, pas très beau, il est le portrait fidèle du gaulois finalement assez proche du français avec ses qualités et ses défauts: râleur, bagarreur, têtu et colérique mais également sympathique, courageux, généreux, rusé et fidèle. Il est l'image du copain que nous aimerions tous avoir. Ceci explique probablement l'une des raisons de son immense succès. Le meilleur ami d'Astérix est Obélix qui l'accompagne dans toutes ses aventures. Ce personnage emblématique de la série apparaît dès la première page du premier album même s'il ne lui est donné un véritable rôle que dans le deuxième "la serpe d'or". Il est finalement le parfait complément d'Astérix: gourmand, susceptible, soupe au lait et sensible. Obélix passera rapidement du statut de faire valoir à celui de héros à part entière. Des albums lui feront la part belle. A eux deux, ils sont les deux principaux défenseurs du village d'irréductibles. La Gaule est en effet envahie par les forces romaines. Toute la Gaule? Non, il n'y a que ce village peuplé d'irréductibles Gaulois qui résistent encore face à César grâce à la potion magique concoctée par le druide Panoramix. Quand j'étais plus jeune, j'avais tendance à penser que cette bd véhiculait la dangereuse idée qu'il fallait boire une sorte de drogue pour faire face à l'adversité et que sans cela, on était perdu. Cette force n'était donc pas naturelle un peu comme ces sportifs qui prennent des dopants pour réussir à gagner... J'aurais bien aimé au fond de moi que ces gaulois y arrivent sans utiliser ce subterfuge bien pratique. Cependant, il ne faut pas oublier non plus le fidèle compagnon de notre duo de Gaulois à savoir Idéfix. Il n'apparaîtra qu'à partir du cinquième album (Le tour de Gaule). De nombreuses personnalités existantes ou ayant existé sont apparues au fil des albums successifs, sous forme de clins d'œil humoristiques (ex: Lino Ventura dans la Zizanie, Guy Lux dans le domaine des Dieux, Jacques Chirac dans "Obélix et compagnie", les Beatles dans "Astérix chez les Bretons", plus récemment Arnold Schwarzenegger dans "Le ciel lui tombe sur la tête"). Cependant, ce n'est pas tout. Des personnages d'autres bd y apparaissent également: ainsi le Marsupilami dans "le combat des chefs", les Dupondt de Tintin dans "Astérix chez les Belges", le vizir Iznogoud est évoqué dans "Astérix chez Rahazade". Je pense que le succès mérité de cette série s'explique par le fait que l'humour s'adresse à toutes les tranches d'âge. Les enfants apprécient le dessin et les situations cocasses ainsi que l'effet burlesque de l'histoire alors que les adultes apprécient la parodie de l'histoire officielle et les différentes références culturelles. La série offre beaucoup d'anachronisme au lecteur pour souligner un trait bien précis (exemple: Lutèce sous le flot de la circulation...). Par ailleurs, depuis le début de ses aventures, Astérix visite un pays ou une région différente un album sur deux. On a alors l'occasion de se rendre dans de nombreuses contrées loin de son village. Les albums avec le regretté scénariste Goscinny sont drôles et inventifs (soit les 24 premiers volumes qui étaient édités chez Dargaud qui en a perdu les droits en 1998 suite à des séries de procès intentés par Uderzo). La mort en 1977 de René Goscinny a entraîné un ralentissement dans la fréquence de parution des albums, Uderzo faisant maintenant les dessins et les textes. Le grand fossé devient l'album de la transition. Quel titre prémonitoire quand même !!! Les albums relevant des Editions Albert-René plongent outrancièrement dans l'exploitation commerciale. Le dernier en date est réellement un désastre (quelle idée que de faire intervenir des extraterrestres!) et jette un réel discrédit sur la série. Uderzo est maintenant âgé de plus de 70 ans et gère le plus grand empire de bande dessinée dans la francophonie. Et il n'a pas peur de dénaturer le mythe Astérix en clamant: "Il n’y a pas de raison que les extraterrestres ne nous aient pas visités du temps des Gaulois. C’était mon idée de départ. J’ai voulu représenter ces extraterrestres sous la forme de la science-fiction des mangas et des bandes dessinées américaines avec leurs caractéristiques, comme ces Américains qui débarquent triomphalement en Irak. " Ce tome a battu tous les records de vente avec la complicité de la presse qui n'a rien eu à redire à de rares exceptions près... J'aimerais réellement que Uderzo s'arrête car les aventures d'Astérix s'engouffrent de plus en plus vers la voie du paranormal ou du fantastique. Le petit village gaulois est en train de devenir une entité de super héros modernes et perd son âme d’album en album. Les albums d'Uderzo s’égarent complètement de l’esprit originel de l’œuvre depuis la disparition de Goscinny. Aujourd'hui, Astérix est un nom qui se vend à lui tout seul. L'histoire, l'humour, le scénario... tout cela passe au second plan! C'est bien dommage qu'il ne confie pas le scénario à quelqu'un digne de ce nom afin de se faire aider! Cependant, il faut reconnaître qu'Uderzo reste un excellent dessinateur qui a un sens intuitif de la mise en scène, du gag visuel, de l’expressivité et de la caricature ! Et puis, tout ce qu'il a scénarisé n'est pas mauvais: j'ai bien aimé par exemple "l'Odyssée d'Astérix". Le public est donc, globalement, légitimement déçu. C’est un fait que personne ne peut nier! Et pourtant, dans la préface du livre d'or du 50ème anniversaire d'Astérix et Obélix (1.2 millions d'exemplaires!), il en rajoute en fustigeant ces imbéciles qui possèdent cette immense vertu de toujours croire à ce qu'ils pensent, ce qu'ils disent et ce qu'ils écrivent. Il n'a toujours pas compris que le public voulait qu'Astérix poursuive ses aventures après la mort de l'un de ses deux pères: c'est une évidence. Cependant, le public voulait également retrouver des aventures dignes de ce nom. Dans les 4 derniers tomes qui sont sortis, deux sont des commémorations pompeuses et les deux autres des catastrophes sans nom. Bien entendu, le succès n'a jamais été démenti et c'est sur ce phénomène que l'auteur se base pour se justifier (le phénomène Besson). Juste une petite parenthèse pour dire que cela me fait sourire un peu quand on compare cette série avec De Cape et de Crocs qui est fortement apprécié sur ce site pour de très bonnes raisons. De Cape et de Crocs s'est vendu à tout casser à moins de 100000 exemplaires par tome. On est loin du succès d'Astérix en terme de chiffres et de notoriété et il en faudra des renforts pour que cette série puisse un jour percer le marché ne serait-ce que français. Bien entendu, en terme de qualité, cela reste le digne successeur mais cela ne se popularisera pas pour autant. C'est bien ce qui est malheureux car le public est vampirisé par quelques titres phares qui ne sont pourtant plus les meilleurs dans leur catégorie. Nous, lecteurs et passionnés, nous allons plus loin dans notre démarche car nous nous intéressons à ces titres injustement oubliés. Pour juger de la série des Astérix, il faut également regarder l’ensemble de l’œuvre et là il n'y a pas photo! Astérix a incontestablement beaucoup apporté à la bande dessinée. Il a fait passer celle-ci de statut de maladie infantile à celui d'art respectable. C'est objectivement une bd culte. Le cinéma s'est maintenant emparé de notre petit héros mais je n'approuve pas vraiment cette démarche. Il y a une magie dans la bd que le cinéma ne pourra jamais reproduire même à coup de millions d'euros ! De toute façon, le dernier film "Astérix et les Jeux Olympiques" n'est qu'une débauche d'effets spéciaux, de guest-stars et de peoples. Cela se devait être le film le plus proche de la bd, sans blague! Le 35ème Astérix sera celui du passage à un nouveau relais d'auteurs à savoir Didier Convard et Jean-Yves Ferri. Il était temps ! Visiblement, cela n'a pas empêché le succès des ventes et de la série qui ne démord pas. Il s'agissait de faire oublier la déception liée aux derniers albums. De ce côté là, c'est plutôt réussi car le niveau se relève sans atteindre celui de la belle époque de Goscinny qui semble irremplaçable. Certes, les ingrédients sont là : les romains, les pirates, le barde, les disputes entre Astérix et Obélix... Cependant, j'ai l'impression qu'on tourne toujours en rond. Certains jeux de mots et calembours ne fonctionnent pas. On sourit car c'est quand même sympa de retrouver nos héros d'enfance. Bref, c'est ni bon, ni mauvais. Le 36ème tome confirme cette vision des choses. Je pense qu'on n'a pas confié Astérix au meilleur scénariste de France. Je me demande qu'est-ce que cela aurait donné avec Joann Sfar ou encore Manu Larcenet. Il manque une certaine créativité afin de booster une licence très lucrative. Et pourtant, cela a été l'ouvrage le plus vendu en France en 2015 avec 1.6 millions d'exemplaires écoulés. C'est dans ces cas-là que je me dis qu'être numéro 1 des ventes ne fait pas forcément la meilleure bd en termes de qualité. C'est surtout la notoriété de ce titre qui fait le reste. Ce n'est point mérité et cela cache toutes les autres bonnes bd qui ne feront pas 10000 exemplaires. Pour autant, je dois dire que le 37ème tome sur la Transitalique est plutôt une belle aventure qui renoue un peu avec le passé lorsqu'on allait à la découverte des autres régions du monde. Il n'y aura pas réellement de surprise ou de créativité mais cela demeure plaisant à la lecture. Je retiens surtout une énorme campagne publicitaire qui va assurer les arrières et la pérennité de cette série. Quelque chose s'est véritablement perdu et on ne le retrouvera plus jamais. Au niveau du dessin, c'est du très bon travail. Une belle critique sur le sport et les tricheries ou l'idolâtrie exagérée pour certains sportifs peu méritants. Juste pour le fun, je me suis amusé à noter chacun des titres de la série: Tome 1: Astérix le Gaulois
Tome 2: La serpe d'or
Tome 3: Astérix et les Goths
Tome 4: Astérix gladiateur
Tome 5: Le tour de Gaule d'Astérix
Tome 6: Astérix et Cléopâtre
Tome 7: Le combat des chefs
Tome 8: Astérix et les Bretons
Tome 9: Astérix et les Normands
Tome 10: Astérix légionnaire
Tome 11: Le bouclier Arverne
Tome 12: Astérix aux jeux olympiques
Tome 13: Astérix et le chaudron
Tome 14: Astérix en Hispanie
Tome 15: La zizanie
Tome 16: Astérix et les Helvètes
Tome 17: Le domaine des Dieux
Tome 18: Les lauriers de césar
Tome 19: Le devin
Tome 20: Astérix en Corse
Tome 21: Le cadeau de César
Tome 22: La grande traversée
Tome 23: Obélix et compagnie
Tome 24: Astérix chez les Belges
Tome 25: Le grand fossé
Tome 26: L'odyssée d'Astérix
Tome 27: Le fils d'Astérix
Tome 28: Astérix chez Rahâzade
Tome 29: La rose et le glaive
Tome 30: La galère d'Obélix
Tome 31: Astérix et Latraviata
Tome 32: Astérix et la rentrée gauloise
Tome 33: Le ciel lui tombe sur la tête
et encore! le pire jamais réalisé !
Tome 34: L'anniversaire... le livre d'or
Tome 35: Astérix chez les Pictes
Tome 36: Le papyrus de César
Tome 37: Astérix et la Transitalique
Tome 38: La fille de Vercingétorix
Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5
Mariage - Les Gouttes de Dieu
On va poursuivre l'aventure de Shizuku et Issei avec la sortie prochaine de la suite, Les Gouttes de Dieu - Mariage. C'est une suite un peu directe mais pas totalement. Je m'explique: on pourrait lire presque indépendamment ce nouveau tome 1. Pour autant, après lecture des tomes suivants, on se rend compte qu'il s'agit d'une véritable suite où l'on retrouve les anciens compères de notre héros. A vrai dire, la majeure partie de ce premier volume est dédié à Shizuku qui tente de sauver un restaurant de la faillite en créant des mariages des plats culinaires et du vin. La dernière partie du volume nous faisant retourner dans l'intrigue principale des gouttes de Dieu. Les auteurs vont en effet prendre tout leur temps pour ménager le suspens sur l'identité du vin ultime et divin. En effet, dans ce nouvel opus, les auteurs Tadashi Agi et Shu Okimoto nous dévoilent les meilleurs accords entre les plats et les vins. Bref, la première série nous avait tout enseigné de manière assez pédagogique sur les vins. Désormais, avec cette nouvelle série, on va se pencher sur l'accord entre la dégustation des mets et le vin qui l'accompagne. Nous savons que le public français avait beaucoup apprécié la première licence qui a d'ailleurs reçu des prix notamment celui du meilleur seinen. Même les professionnels des vins citent assez souvent les Gouttes de Dieu comme une référence. Les auteurs ont également reçu le Grand prix de la revue des Vins de France de l'année 2010. A noter que les tomes se succèdent et laissent place à de véritables intrigues assez intéressantes sous la forme de nouveaux défis. Les tomes 3, 4 et 5 se concentrent autour d'un concours au niveau des meilleurs restaurants. C'est assez bien réalisé. On voit que les auteurs maîtrisent parfaitement le sujet. Bref, c'est une véritable quête gourmande. Attention cependant à ne pas prendre de nouveaux kilos ! Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
Le Cri du Peuple
Tous les passionnés d'Histoire se doivent de lire cette BD (à défaut de lire le roman éponyme). On suit toute une galerie de personnages bringuebalés dans la grande histoire de la Commune, dont l'épopée, l'ambiance, la fièvre sont très bien retranscrites par Vautrin et très bien illustrées par le grand Tardi. Bien sûr, c'est un récit très engagé (du côté des communards) mais pour une fois que les vaincus ont l'occasion d'écrire l'Histoire, on ne va pas se plaindre.
Scott Pilgrim
Oui, en réfléchissant bien, je met le maximum à Scott Pilgrim. Et pourtant je sens que cette BD ne fait pas l'unanimité, mais je conçois parfaitement : c'est le genre qu'on aime ou qu'on déteste. Comme beaucoup, j'ai découvert Scott Pilgrim avec le film (qui est aussi adoré/détesté j'ai l'impression), et j'ai décidé de voir ce que valait la BD. Et pour la première fois, je suis extrêmement content de ce qu'a fait le film, et pour autant je trouve la BD "différente". Bien évidemment, en 6 tomes il se passe beaucoup plus de choses qu'en 1h30, mais l'auteur à fait quelque chose que j'apprécie tout particulièrement : il s'est fait plaisir. Et ça se sent dans les pages, entre les décors de son Toronto qu'il connait bien (et qu'il donne envie de visiter), entre les personnages qui sentent plusieurs fois le vécu (d'ailleurs on en trouve certaines sources à la fin des albums), et puis avec toute cette référence pop-culture ! C'est ce que le film a extrêmement bien retranscrit, je trouve : le côté pétillant de Scott Pilgrim, avec des intrigues souvent très simple et prétexte à des bastons complètement surréalistes, et le tout rehaussé d'innombrables références, aux jeux-vidéos, au cinéma, à la culture musicale ... C'est renforcé par un humour présent quasiment partout, et qui me fait bien souvent hurler de rire. Il y a une joie communicative dans cette BD, où les mésaventures de Scott et son passage progressif à l'âge adulte sont mis en scène à la fois pour notre plaisir, mais aussi avec quelques passages bien mieux sentis sur l'évolution des personnages. On a quelques passages bien plus sérieux, mais qui ne font jamais basculer le tout dans une BD de réflexion pour autant. C'est délicieusement crétin d'un bout à l'autre. Mais la raison pour laquelle j'ai mis culte, c'est que finalement, qu'on aime ou non, cette BD est incroyablement novatrice. Oser aller à ce stade là de mélange pop culture/romance/initiation, tout en conservant son esprit d'un bout à l'autre (ce que ratent souvent les shonen je trouve), c'est rare. Et précieux ! Je me marre toujours autant à la lire, j'adore toujours autant tout les personnages qui la composent. Je suis encore ému devant certaines petites phrases, et je suis toujours autant fan du dessin. Vraiment, je pense qu'on a là une BD qui marque (pas toujours en bien cependant), mais quand j'en parle (et que j'entends les autres en parler), je suis certain que cette BD laisse peu de gens indifférent. Et moi, j'ai adoré !
Notes
J'aime boulet. Je n'ai pas lu ses autres BD, Ragnarök, Donjon, mais je lis son blog avec assiduité. J'ai acquis les tomes de notes petit à petit, il y a quelques années, et je prends toujours beaucoup de plaisir à les relire. C'est réaliste, poétique, bien dessiné, dessiné à l'arrache, en couleur, en noir et blanc, on trouve des souvenirs d'enfance, des pensées profondes, des questionnements sur la vie de tous les jours, des anecdotes de vie, des rêves, des espoirs, des énervements... Bref, un peu de tout. J'apprécie beaucoup l'autodérision dont il fait preuve et le regard qu'il porte sur le monde, les petits chats mignons, les copains, les soirées, les scientifiques, les enfants. Etant parisienne je me retrouve pas mal dans certaines situations vécues et très bien racontées. Et puis le dessin... le dessin! Il peut paraître assez simple au premier abord (peut être un effet du noir et blanc) mais il y a toujours une foule de détails, avec plein de petits traits partout. l’alternance d'histoire en noir et blanc et en couleur, avec peu de détails puis avec une fouuule de détails, permet de varier les plaisirs et d'éviter une monotonie dans la lecture. les gros plans, les mises en abîme, les mouvements, c'est fluide et toujours très lisible. Les 10 ouvrages sont très denses et on les savoure, sous couette ou dans son canapé, ça ne se lit pas vite, ça se déguste. 191 pages qui me donnent à chaque fois le sourire, souvent une vrai rire qui sort, heureux d'avoir été trouvé... Et pour ne rien gâcher, il a réussi dans ces notes qui sont des synthèses chronologiques de ses billets de blog à faire ressortir des thèmes différents dans chacun des tomes: les rêves, la fin du monde, les sciences, le corps humain.. Bref, je conseille, à lire et à relire!
Zozo
Je viens de relire la série complète en "original" et pleine de poussière qui me vient de mes parents ou même grands parents peut être. J'y cherchais outre le souvenir des traces de décalage de néocolonialisme ou autre et j'ai été surpris de ne pas en trouver tant que cela. Par contre une chose m'a sauté au yeux : le héros un intrépide aventurier flanqué de deux acolytes ... un vieux marin bougon et un savant un peu fou ... Hergé avait-il lu ces albums dans son enfance... Je me dis que oui mais c'est juste mon avis :) !
Elric (Glénat)
Tome 1 Le Trône de Rubis Je crois que c’est mon gros coup de cœur de l’année. Depuis le temps qu’on attendait une version potable des aventures d’Elric de Melniboné, le résultat surpasse les attentes avec ce que j'estime comme la meilleure nouveauté fantasy de l’année et peut être un futur immanquable si le trio Recht/Poli/Blondel continue sur sa lancée. En guise de préambule j’aimerai placer quelques mots du maître Michael Moorcock à propos de cette nouvelle adaptation européenne dans l'avant-propos de la BD (désolé, pas eu le temps de traduire pour les non anglophones): " I have to say this is the best interpretation EVER. It's a stunning BD. I've no idea when the English edition will be available but with a working knowledge of the story, you should do fine. There are some tweeks to the original story which in my view are an improvement. " Comprenez que l'écrivain britannique reconnaît sans mal que Julien Blondel a « amélioré » l’histoire originale, l’ayant rendu plus fluide et plus dans l’air du temps ; c’est quand même assez couillu de le reconnaître et cela souligne bien le boulot énorme abattu. Pour en revenir à la BD, enfin on arrive à mettre en image l’île de Melniboné, ses forêts, son bestiaire fantastique, sa cour décadente, le labyrinthe mortel d’Imrryr. Je n’aurais jamais imaginé un trône de rubis pareil, il est impressionnant, grandiloquent, un peu à l'image du Trône de Fer de Marc Simonetti. Apprécions également le dépoussiérage de Cymoril qui n’avait dans les romans qu’un rôle de princesse en détresse. Elle est nettement dans une attitude de strong independant woman avec le charisme royal qui va avec. Elric, c’est quand même bien plus qu’une bête histoire de rivalité pour le pouvoir entre Yyrkoon et son cousin albinos. Par ailleurs cette histoire n’est présente dans les romans que dans le tome 1 « Elric des dragons », on passe à autre chose par la suite (les derniers textes sont plus philosophiques et métaphysiques alors que les premiers symbolisent les années « pulp » de Moorcock) et reste à savoir ce qu’en fera Blondel mais j’ai confiance. Au-delà de la décadence du peuple millénaire melnibonéen et de la sauvagerie sado maso de ce dernier il faut y voir de la part de Moorcock une critique acerbe de l’impérialisme occidentale et du colonialisme britannique (Yyrkoon qui a la nostalgie du passé et qui rêve de l’époque du grand empire de Melniboné qui écrasait tout les peuples et les soumettait à sa loi). Entre autres choses… Il y a à boire et à manger dans Elric. Elric, c’est un des récits fondateurs de la fantasy, directement inspiré de Howard et un héritage énorme avec son fameux concept du multivers (qui a inspiré les générations suivantes d’auteurs comme David Gemmell), du champion éternel et de l’anti héros (d’où vous croyez qu’ils sont issus tous ces héros de la culture populaire dans les jeux vidéos ou les mangas avec leur longue chevelure d’argent et leur teint blanchâtre, maladif, hein ?). IM-MAN-QUABLE je vous dis.
Mise à jour 22/11/2014
Tome 2 Stormbringer
Le premier album était grandiose, le second réussit l’exploit d’aller encore plus loin graphiquement où je trouve que l’on atteint une certaine uniformité et harmonie, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant, reconnaissant parfois le style de Didier Poli, tantôt celui de Robin Recht ou de Jean Bastide. Ce qui est normal, il fallait bien un tome « d’échauffement ». Que la troupe s’élargisse avec les entrées remarquées de Julien Telo au dessin et de Scarlett Smulkowski à la couleur, n’est pas encombrante, bien au contraire c’est un formidable plus. Julien Blondel a fait appel à son ami Jean-Luc Cano pour l’épauler au scénario, cela fait un rôliste de plus qui maîtrise son sujet.
Dans ce tome 2 on continue logiquement à suivre les années « pulp » d’Elric. Entendez par là que la trame scénaristique est de la même saveur que le tome 1, inspirée, héritée en partie de l’Heroic Fantasy de Robert E. Howard, et c’est carrément le pied !
Avis aux amateurs du genre : le maître Dyvim Tvar franchissant un lac de lave dans la caverne aux dragons ; Elric poursuivant l’infâme Yyrkoon sur le navire des terres et des mers offert par l’esprit élémentaire Straasha ; la partie d’échec qui se joue entre les dieux du Chaos et de la Loi (opposition inspirée du zoroastrisme) commence petit à petit à émerger de façon subtile ; un duel épique au sommet d’une tour dans une cité maléfique abandonnée ; de la sorcellerie ; des créatures infernales ; une reine à sauver ; l’introduction de Stormbringer l’épée buveuse d’âme qui en inspirera plus d’une dans les décennies à venir (la Soul Reaver dans la saga de jeu vidéo Legacy of Kain)… Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?!
À souligner la préface élogieuse de mister Alan Moore excusez du peu…
Mise à jour 04/10/17
Tome 3 Loup Blanc
Dans cette suite le sens du mot « adaptation » prend toute sa signification avec des auteurs toujours aussi inspirés et qui prennent quelques libertés par rapport au contenu d’origine du cycle écrit par Mike Moorcock ; pour le meilleur, et le meilleur seulement (Oh par Arioch ! Ce twist de malade en fin d’album ! Et dire qu’avant les femmes n’avaient pas leur place dans cet univers amer et tragique… je m’arrête, pas de spoiler ! ). Un an qu’Elric a laissé son trône vacant pour arpenter les jeunes royaumes. L’impasse est faite sur le trop métaphysique La Forteresse de la perle pour passer directement au Navigateur sur les mers du destin, ma partie favorite. Là encore, les auteurs se sont emparés des textes d’origines et ont rendu une copie impeccable à mon sens, rendant la narration nettement plus fluide et intelligible là où les nouvelles nous perdaient parfois, oscillant à en perdre la raison entre événements passés et futurs. Ainsi, le rassemblement et les exploits de la team des champions éternels du multivers, que les lecteurs connaissent bien, sont vite évacués en début d’intrigue pour laisser place à l’introduction de personnages à l’importance plus significative dans les aventures d’Elric de Melniboné : en l’occurrence le comte Smiorgan des Cités Pourpres. Preview du cycle 2 ou simple teasing ? Les auteurs ne manquent pas de présenter également la princesse Yshana, son conseiller et futur Némésis d’Elric, le sorcier Theleb K’aarna.
Mais revenons au présent : dans cette aventure Elric, jamais réellement maître de ses choix, toujours l’objet de manipulation des dieux ou des hommes, de plus en plus dépendant des caprices de Stormbringer tout en demeurant froid et implacable dans les carnages qu’elle exige ; part à la rencontre d’un de ses lointains ancêtres, Saxif D’aan, prisonnier de sa bulle dorée sclérosée. Un face à face qui touche au She de H. Rider Haggard et où l’Histoire, si elle ne se répète jamais vraiment, bégaye sévèrement. Une confrontation providentiel pour un Elric en quête de connaissance de soi et de ce que sont les Champions de la Balance. Il réalise que pour atteindre ce but il devra déterrer les secrets de son peuple dans la cité antique de R’Lin K’Ren A’a. Si à l’exploration de la cité oubliée on y ajoute le géant de jade, l’être âgé de 10 000 ans, ainsi que l’inévitable adaptation de la crépusculaire nouvelle La Cité qui rêve, le tome 4 s’annonce méga épique. En fait, les auteurs gouvernent tellement bien leur barque que je me demande s’ils ne sont pas capables de nous conclure la série en un seul cycle.
L’équipe artistique est toujours autant au taquet. Robin Recht + Julien Telo + Jean Bastide + Ronan Toulhoat + Luc Perdriset = vendeurs de rêves (ah ces dragons cristallisés, les gardiens cadavériques, la fausse Imrryr, p. 23, toutes ces bonnes références dans la conception des personnages dans le cahier graphique, et cette illustration de couverture :: ah y en a trop à citer...). Un grand « merci » ! Il y a des planches on est juste la gueule parterre. Recht et Telo sont en parfaite synchro, impossible de différencier leurs dessins, il règne une géniale harmonie entre ces différents auteurs.
Transmetropolitan
J'ai véritablement adoré cette série que j'ai enfin pu me récupérer grâce aux rééditions, et je ne saurais que trop vous la conseiller. J'ai tout aimé dans cette BD : le dessin très coloré et bien détaillé, qui retranscrit à merveille l'ambiance crasseuse et sale des rues de La ville, tout en ajoutant régulièrement des effets comiques, le tout renforcé par la colorisation qui est vraiment à souligner (je le remarque rarement, mais pour celle-ci ce fut notable). Ensuite ... les personnages. D'avoir fait des personnages aussi déjantés et autant attachants, c'est d'un maestro que j'applaudis. Autant Spider Jerusalem, personnage suffisamment complexe pour qu'il nous échappe à chaque fois, que les autres qui l'entourent (j'ai adoré le rédacteur en chef, Mitchum, tout autant que les deux assistantes bien barjos). Mais évidemment, ce qui fait la force de Transmetropolitan et qui donne tout le sel de cette BD, c'est le scénario, à grand renforts de dialogues épiques. On est sur du scénario très lourd, très très politique, avec des incartades dans bien d'autres domaines (religions, médias, célébrités, considération sociétales et sociologique), mais qui arrive à éviter la leçon de morale. En même temps, personne n'est le gentil, personne n'est le méchant. A cet égard, j'admire le discours de La bête, qui explique sa vision de la politique et du monde. Vision avec laquelle je ne suis pas d'accord, mais qui semble être celle de bien des hommes politiques actuels (ce qui fait d'ailleurs froid dans le dos). Bref, je pourrais m'épancher longuement sur les différents aspects de cette Bd que j'ai apprécié, mais je développerais un avis bien trop long. Je me contenterais de dire que si vous avez plusieurs heures (voir jours) devant vous, n'hésitez pas à vous attaquer à ce pavé qui contient de magnifiques textes (dont les articles qui sont bien souvent très intéressant à lire), des beaux passages et beaucoup d'humour, de la violence graphique et psychologique, et beaucoup de réflexions. J'en suis sorti avec une sacré pêche, et je l'ai déjà relu à mainte reprise en étant à chaque fois bien remonté. C'est le genre de lecture qui file la pêche longtemps après, et surtout qui me conforte dans bon nombre de mes avis politique. Et du coup, dans bien des aspects de ma vie. Une BD qui en vient à vous changer la vie, ça mérite bien la note maximale, non ?