Pour un album au but avant tout didactique, je trouve qu’il est très bien fait.
Tout d’abord, il y a un dessin très accessible à un jeune public. Clair et net, il fait bien ressortir les personnages et la colorisation agréablement nuancée estompe la simplicité du trait. Pour un album destiné à un large public, c’est parfait !
Puis vient la manière dont la maladie est abordée. Les auteurs usent d’une idée certes déjà souvent vue par ailleurs mais que plus d’une jeune lectrice trouvera romantique en diable. Ce journal intime retrouvé par hasard est une belle porte d’entrée pour pénétrer le quotidien d’une personne atteinte de Xeroderma Pigmentosum. Et le fait d’utiliser comme personnage porteur une jeune adolescente ne fera qu’accentuer le processus d’identification et de compassion des jeunes lectrices et -dans une moindre mesure- lecteurs.
Par-delà l’intrigue sentimentale, le contenu de l’album se veut didactique. J’ai trouvé le résultat très instructif avec ce qu’il fallait de petites anecdotes du quotidien pour dédramatiser la maladie sans pour autant en occulter les aspects les plus durs.
Franchement, dans le genre, j’ai trouvé l’album très bien fait. Mais il ne faut pas inverser les priorités : cet album permet avant tout de parler de la maladie des Enfants de Lune. L’intrigue sentimentale n’est qu’un moyen d’y parvenir au travers d’une fiction qui parlera beaucoup aux jeunes lectrices et lecteurs. Et son côté trop propre sur lui (tout le monde il est beau, tout le monde, il est gentil) irritera très certainement l’un ou l’autre d’entre eux.
Hop là braves gens, que voilà de la très bonne BD. Je ne parle même pas du dessin de Sean Murphy qui m'avait particulièrement impressionné sur The Wake. Ce mec est bon, très bon. Certaines planches arrivent même à insuffler une poésie dans un récit par ailleurs parfois un peu bourrin, mais par les dieux que c'est beau.
Oui nous sommes dans une société ou l'individu est incapable de penser par lui même, accro ou toutes sortes d'interfaces, câblé, connecté mais à la puissance dix.
Il est sûr que le monde imaginé par Rick Remender n'est pas des plus joyeux, encore que l'on peut se poser des questions quand on voit la tournure que prennent les choses avec les réseaux sociaux actuels. Cette technologie va vite, très vite et sans être oiseau de mauvais augure j'ai bien peur que lorsque nous nous réveillerons il sera un poil trop tard. Quoi je parle comme un vieux con ? Soit, j'assume. Je repense à un ancien roman de SF de W. J. Williams qui justement avait pour titre "Câblé", à l'époque c'était de la SF et les gens rigolaient...
Pour revenir à nos moutons, (électriques qui rêvent), cette BD n'évite pas un certain manichéisme en opposant les accros du branchement aux "gentils écolos" qui se réfugient dans un monde idyllique. Pour autant le message est puissant et ne fera bien sur réfléchir personne, cause perdue.
Pour ma part ce diptyque est juste excellent, peut être un peu exigeant et la note suprême ne lui échappe que de très peu.
Si un comics devait être mis à l'honneur ce serait celui-ci tant il est atypique dans son fond et une partie de sa forme. Cependant il n'en reste pas moins un par son format, son découpage en chapitre court et sa galerie finale de couvertures alternatives ainsi que des planches en noirs et blanc de l'album.
Revisitez vos à priori éventuels sur les comics, vous ne serez pas déçus
Au summum du règne de Néron en l'an 65, Antonius Axia un vétéran des légions romaines est envoyé dans la province de Britannia aux limites de l'empire pour enquêter sur des évènements étranges. Ses donneurs d'ordres, l'empereur en personne et la grande vestale Rubria. Arrivé dans cette province à peine sortie de l'âge de cavernes, Antonius devra combattre non seulement des créatures issues des mythes et des mystères de l'endroit mais également la garnison romaine située sur place.
Ici pas de héros bodybuildés qui à eux seuls viennent à bout d'armées entières. C'est surtout par son sens de la déduction, son sens de l'observation que le héros vient à bout des embûches placées sur sa route. En cela nous sortons des clichés habituels que l'on trouve dans les comics d'outre atlantique. Un background travaillé, une psychologie des personnages fouillée, un découpage dynamique entrecoupé par des flashbacks qui ne ralentissent pas le récit, bref tout pour plaire. Quand en plus le découpage des cases n'est pas celui habituel des comics, à savoir des cases déstructurées qui parfois ralentissent la lecture. Une construction finalement assez classique. Chapeau donc au scénariste Peter Milligan qui amène le fantastique de manière assez subtile sans effet gore outrancier.
Le dessin de Juan José Ryp est lui aussi atypique pour un comics. Léché, fouillé, bien sur loin de la ligne claire mais clair, riche de détails avec un véritable travail sur les costumes, les armes et les décors. Notons également une colorisation qui ne pique pas les yeux. Petit plus pour moi, les autochtones du nord de l'Angleterre n'ont pas le visage bleu, passage obligé dans l'iconographie habituelle.
Que dire de plus pour vous appâter, si ce n'est que c'est du tout bon, j'attends maintenant avec impatience le tome deux dont un court résumé en fin d'album met l'eau à la bouche. Évidemment coup de cœur!!
Comme pour Le Journal de mon père, que j’ai lu il y a peu, Taniguchi nous narre ici le retour vers l’enfance du personnage principal, qui cherche à comprendre certains événements (le départ inexpliqué de son père par exemple). Mais la méthode est ici très différente, puisque le personnage principal, suite à une ellipse mystérieuse, se voit « coincé » dans son jeune alter-ego, l’homme d’une quarantaine d’années redevenant l’adolescent de 14 ans qu’il fut.
Englué dans ce passé, il se trouve taraudé entre les possibilités offertes de comprendre le passé – en le modifiant à son avantage (concernant son père par exemple) – et les craintes de bouleverser son avenir, son « vrai présent » en fait, car sa connaissance du futur entraîne immanquablement la modification de ce « passé-devenant-le-futur-donc-son-vrai-présent ». Un thème assez classique, mais traité ici avec finesse et sans aucun attirail fantastique.
L’histoire se développe par petites touches, dans un récit parfois intimiste, avec un dessin et des décors faisant la part belle au calme, à l’indicible : à la fois minutieux et simple, ce dessin ne m’a pas du tout rebuté (moi qui ne suis pas vraiment adepte du manga, en particulier des visages expressifs des personnages – mais ici finalement peu d’émotion transpire réellement).
Aller dans son passé pour comprendre son présent, mieux connaître son père pour mieux se connaître, les mêmes idées parcourent « Quartier lointain » et « Le journal de mon père », dans ce qui doit être quelque chose d’autobiographique – même si je ne connais pas vraiment la vie de Taniguchi.
Le seul petit bémol concernant ce diptyque, c’est la conclusion, que j’ai trouvée un peu rapide et facile – et aussi prévisible. Il faut dire que c’est toujours difficile de « retomber sur ses pattes » avec ces voyages dans le temps.
Mais cela reste tout de même une série recommandable.
Note réelle 3,5/5.
C’est étrange, l’effet que le temps peut avoir sur le souvenir que l’on a d’une lecture.
Lorsque j’ai lu le premier tome de ces petites contemplations, je n’avais pas été spécialement marqué. Certes, j’avais trouvé l’album sympathique mais sans plus.
Et puis…
Et puis le temps est passé et, progressivement, le souvenir que j’avais de l’album s’est transformé. D’un récit anecdotique, ce recueil de nouvelles s’est transformé en une sympathique vision de la Chine d’aujourd’hui. J’oubliai progressivement les moments creux pour ne plus me remémorer que quelques passages touchants, parfois drôle, parfois étonnants. Tant et si bien que lorsque le deuxième tome est sorti, je n’ai pas pu longtemps résister.
Et ce deuxième tome, je l’ai dévoré avec avidité ! Pourtant, à nouveau, tout n’est pas mémorable. Il y a notamment quelques pages consacrées à des recettes de cuisine pour Chinois célibataire (Chinois parce qu’on ne trouve pas spécialement tous les produits décrits en Europe – célibataire parce qu’il s’agit bien souvent de recettes prévues pour une personne à partir de reste de précédents repas) dont l’intérêt m’est apparu fort discutable.
Mais à côté de ces moments creux figurent des passages beaucoup plus touchants. Yao Ren a l’art de saisir les bribes de son quotidien qui, sans rien avoir de spectaculaire, font le plaisir d’un instant : le réconfort simple d’un bon repas pris dans une petite gargote qui ne paie pas de mine, le charme intrigant d’un chat croisé dans la rue, la floraison d’un cactus que l’on croyait mort, une ballade au parc un matin pluvieux… Vous le voyez, il n’y a vraiment rien de spectaculaire à attendre de ces thèmes mais le ton est juste et l’humanité y apparaît dans sa pure simplicité. On retrouve finalement un peu la même démarche que celle de Jiro Tanigushi pour « L'Homme qui marche ». Cela donne un sentiment de zenitude, d’un bonheur qui nous est accessible à condition d’adopter le même regard que l’auteur… et ça fait du bien.
Du coup, si vous cherchez du sensationnel, de l’extravagant, de l’aventure, passez votre chemin. Mais si les récits intimistes qui s’attachent aux plaisirs simples de la vie vous attirent, je vous invite franchement à jeter un œil sur cet album.
Les violences conjugales sont un vaste sujet, qui font l'objet d'un certain nombre d'ouvrages depuis quelques années. Les Editions des Ronds dans l'O en ont d'ailleurs fait l'un de leurs sujets de prédilection, au travers notamment des trois tomes d'En chemin elle rencontre...
Thibaut Lambert, après le remarqué Au coin d'une ride, revient donc avec ce récit autour de la jeune Manon, qui essaie de se reconstruire sentimentalement après une relation destructrice, au propre comme au figuré. L'histoire est relativement classique, sans grande surprise, mais Lambert réussit justement à ne pas tomber dans les clichés, à nous montrer une Manon qui hésite, qui est toujours hantée par ses mauvais souvenirs, mais qui arrive, de façon crédible, à les surmonter.
Son dessin, semi-réaliste, manque peut-être un peu d'expressivité par moments, mais les dialogues et surtout la mise en scène permettent de comble ce -petit- manque.
Bref, un album utile et sensible sur un fléau méconnu et encore soumis à l'omertà.
Très bonne BD.
D'autant plus réussie que l'auteur y raconte sa propre expérience, la façon dont il a abordé cette tranche de vie, avec des moments très personnels. Et ce qui m'a plus par-dessus tout, c'est son apparente sincérité, le fait qu'il se pose des questions sur ses capacités à pouvoir gérer l'arrivée d'un enfant "différent". Il est possible que ce questionnement fût plus diffus que raconté dans l'album, mais étant donné que c'est le sujet, cela me semble légitime.
Résultat, on se retrouve dans un récit intimiste, qui arrive à garder de la pudeur malgré tout, et explique bien le cheminement de pensée de cette famille qui se retrouve dans un schéma particulier.
Cela m'a bien plu, d'autant que le style de Fabien Toulmé, une ligne claire semi-réaliste, est bien adapté à son propos.
Bref, un bel album, touchant, mais qui ne verse pas dans le pathos.
3.5
Une bonne surprise que ce Batman en 'chibi'. On retrouve un ton un peu moins sérieux que les comics modernes de Batman. Il y a de l'humour et aussi des moments de tendresse (notamment chaque fois que le pauvre Mr Freezer faisait une apparition).
On retrouve plein de personnages de Batman et j'ai bien aimé les voir dessinés dans ce style particulier. Les histoires tournent autour des différentes fêtes de l'année ou des saisons et ces thèmes sont bien utilisés. L'humour fonctionne bien et je pense qu'on peut faire lire cette série sans problème à des enfants quoiqu'il y a tellement de personnages qu'il faut peut-être connaitre un peu les comics pour ne pas se perdre. Heureusement qu'il y a une galerie de présentation des personnages à la fin de cet album.
Les auteurs ont réussi à me captiver avec des histoires courtes de 10 pages. À lire si on est fan de Batman et de son univers.
Pour l'instant c'est l'album primé à Angoulême cette année qui m'a le plus convaincu.
Je n'ai pas connu l'ambiance des bureaux durant les années 90, mais je pense qu'on peut accrocher à ce récit du moment qu'on ne trouve pas les récits se passant dans des bureaux ennuyeux.
Il faut dire qu'ici que si cela commence tout doucement avec une ambiance de bureau normal où les personnages sont le genre de collèges que n'importe qui peut avoir (le type qui ne comprends jamais comment fonctionne la technologie, les gars qui font des blagues lourdes, etc) cela tombe petit à petit dans une ambiance de polar lorsque Jean Doux découvre une mystérieuse disquette et le scénario devient aussi de plus en plus absurde.
J'ai bien accroché au scénario. Le mystère autour de la disquette est prenant et le fait que le scénario partait dans un gros délire ne m'a pas du tout dérangé. Il y a une bonne galerie de personnages et l'humour marche bien pour moi. Un bon album à lire en ce qui me concerne.
Avec ce dessin dans le pur style ligne claire classique, Red Ketchup, de prime abord, fait penser à Tintin, ou à un archétype de bande dessinée traditionnelle. Détrompez-vous. Avec Red Ketchup, ça décoiffe sévère.
Steve Red Ketchup, ainsi surnommé à cause de ses yeux rouges, est un agent du FBI aux méthodes (très très) musclées. Mais en plus de cela, il est accro aux drogues de tout type. Ainsi, il se nourrit exclusivement de pilules et de médicaments, en quantité suffisante pour terrasser n'importe qui de normalement constitué. Et entre sa violence intrinsèque, sa dépendance à la drogue et sa paranoïa, ça fait souvent de (gros) dégâts. Il va ainsi tour à tour massacrer des innocents à coup d'épée, jouer au garde du corps musclé, et organiser un génocide de pingouins.
Bref, ici, tout est poussé au maximum, des méthodes musclées au patriotisme sans faille de Ketchup. En plus, ce nom, c'est la cerise sur le gâteau. On est dans l'absurde du début à la fin, et c'est souvent très drôle. Avec moi, en tout cas, ça marche du tonnerre.
Et puis Red Ketchup a la tête de l'emploi, avec sa coupe de cheveux en brosse couleur carotte, son complet bleu et ses lunettes noires, qui protègent ses yeux couleur sang. Il est profondément antipathique (c'est quand même un psychopathe de premier ordre ultra violent), mais c'est tellement absurde que l'on prend du plaisir à suivre ses aventures. Cette parodie des héros américains justiciers aux méthodes musclées vise juste et est terriblement efficace.
Bref, vous l'aurez compris, je ne peux que vous encourager à y jeter un oeil.
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Journal d'un Enfant de Lune
Pour un album au but avant tout didactique, je trouve qu’il est très bien fait. Tout d’abord, il y a un dessin très accessible à un jeune public. Clair et net, il fait bien ressortir les personnages et la colorisation agréablement nuancée estompe la simplicité du trait. Pour un album destiné à un large public, c’est parfait ! Puis vient la manière dont la maladie est abordée. Les auteurs usent d’une idée certes déjà souvent vue par ailleurs mais que plus d’une jeune lectrice trouvera romantique en diable. Ce journal intime retrouvé par hasard est une belle porte d’entrée pour pénétrer le quotidien d’une personne atteinte de Xeroderma Pigmentosum. Et le fait d’utiliser comme personnage porteur une jeune adolescente ne fera qu’accentuer le processus d’identification et de compassion des jeunes lectrices et -dans une moindre mesure- lecteurs. Par-delà l’intrigue sentimentale, le contenu de l’album se veut didactique. J’ai trouvé le résultat très instructif avec ce qu’il fallait de petites anecdotes du quotidien pour dédramatiser la maladie sans pour autant en occulter les aspects les plus durs. Franchement, dans le genre, j’ai trouvé l’album très bien fait. Mais il ne faut pas inverser les priorités : cet album permet avant tout de parler de la maladie des Enfants de Lune. L’intrigue sentimentale n’est qu’un moyen d’y parvenir au travers d’une fiction qui parlera beaucoup aux jeunes lectrices et lecteurs. Et son côté trop propre sur lui (tout le monde il est beau, tout le monde, il est gentil) irritera très certainement l’un ou l’autre d’entre eux.
Tokyo Ghost (Urban Comics)
Hop là braves gens, que voilà de la très bonne BD. Je ne parle même pas du dessin de Sean Murphy qui m'avait particulièrement impressionné sur The Wake. Ce mec est bon, très bon. Certaines planches arrivent même à insuffler une poésie dans un récit par ailleurs parfois un peu bourrin, mais par les dieux que c'est beau. Oui nous sommes dans une société ou l'individu est incapable de penser par lui même, accro ou toutes sortes d'interfaces, câblé, connecté mais à la puissance dix. Il est sûr que le monde imaginé par Rick Remender n'est pas des plus joyeux, encore que l'on peut se poser des questions quand on voit la tournure que prennent les choses avec les réseaux sociaux actuels. Cette technologie va vite, très vite et sans être oiseau de mauvais augure j'ai bien peur que lorsque nous nous réveillerons il sera un poil trop tard. Quoi je parle comme un vieux con ? Soit, j'assume. Je repense à un ancien roman de SF de W. J. Williams qui justement avait pour titre "Câblé", à l'époque c'était de la SF et les gens rigolaient... Pour revenir à nos moutons, (électriques qui rêvent), cette BD n'évite pas un certain manichéisme en opposant les accros du branchement aux "gentils écolos" qui se réfugient dans un monde idyllique. Pour autant le message est puissant et ne fera bien sur réfléchir personne, cause perdue. Pour ma part ce diptyque est juste excellent, peut être un peu exigeant et la note suprême ne lui échappe que de très peu.
Britannia
Si un comics devait être mis à l'honneur ce serait celui-ci tant il est atypique dans son fond et une partie de sa forme. Cependant il n'en reste pas moins un par son format, son découpage en chapitre court et sa galerie finale de couvertures alternatives ainsi que des planches en noirs et blanc de l'album. Revisitez vos à priori éventuels sur les comics, vous ne serez pas déçus Au summum du règne de Néron en l'an 65, Antonius Axia un vétéran des légions romaines est envoyé dans la province de Britannia aux limites de l'empire pour enquêter sur des évènements étranges. Ses donneurs d'ordres, l'empereur en personne et la grande vestale Rubria. Arrivé dans cette province à peine sortie de l'âge de cavernes, Antonius devra combattre non seulement des créatures issues des mythes et des mystères de l'endroit mais également la garnison romaine située sur place. Ici pas de héros bodybuildés qui à eux seuls viennent à bout d'armées entières. C'est surtout par son sens de la déduction, son sens de l'observation que le héros vient à bout des embûches placées sur sa route. En cela nous sortons des clichés habituels que l'on trouve dans les comics d'outre atlantique. Un background travaillé, une psychologie des personnages fouillée, un découpage dynamique entrecoupé par des flashbacks qui ne ralentissent pas le récit, bref tout pour plaire. Quand en plus le découpage des cases n'est pas celui habituel des comics, à savoir des cases déstructurées qui parfois ralentissent la lecture. Une construction finalement assez classique. Chapeau donc au scénariste Peter Milligan qui amène le fantastique de manière assez subtile sans effet gore outrancier. Le dessin de Juan José Ryp est lui aussi atypique pour un comics. Léché, fouillé, bien sur loin de la ligne claire mais clair, riche de détails avec un véritable travail sur les costumes, les armes et les décors. Notons également une colorisation qui ne pique pas les yeux. Petit plus pour moi, les autochtones du nord de l'Angleterre n'ont pas le visage bleu, passage obligé dans l'iconographie habituelle. Que dire de plus pour vous appâter, si ce n'est que c'est du tout bon, j'attends maintenant avec impatience le tome deux dont un court résumé en fin d'album met l'eau à la bouche. Évidemment coup de cœur!!
Quartier lointain
Comme pour Le Journal de mon père, que j’ai lu il y a peu, Taniguchi nous narre ici le retour vers l’enfance du personnage principal, qui cherche à comprendre certains événements (le départ inexpliqué de son père par exemple). Mais la méthode est ici très différente, puisque le personnage principal, suite à une ellipse mystérieuse, se voit « coincé » dans son jeune alter-ego, l’homme d’une quarantaine d’années redevenant l’adolescent de 14 ans qu’il fut. Englué dans ce passé, il se trouve taraudé entre les possibilités offertes de comprendre le passé – en le modifiant à son avantage (concernant son père par exemple) – et les craintes de bouleverser son avenir, son « vrai présent » en fait, car sa connaissance du futur entraîne immanquablement la modification de ce « passé-devenant-le-futur-donc-son-vrai-présent ». Un thème assez classique, mais traité ici avec finesse et sans aucun attirail fantastique. L’histoire se développe par petites touches, dans un récit parfois intimiste, avec un dessin et des décors faisant la part belle au calme, à l’indicible : à la fois minutieux et simple, ce dessin ne m’a pas du tout rebuté (moi qui ne suis pas vraiment adepte du manga, en particulier des visages expressifs des personnages – mais ici finalement peu d’émotion transpire réellement). Aller dans son passé pour comprendre son présent, mieux connaître son père pour mieux se connaître, les mêmes idées parcourent « Quartier lointain » et « Le journal de mon père », dans ce qui doit être quelque chose d’autobiographique – même si je ne connais pas vraiment la vie de Taniguchi. Le seul petit bémol concernant ce diptyque, c’est la conclusion, que j’ai trouvée un peu rapide et facile – et aussi prévisible. Il faut dire que c’est toujours difficile de « retomber sur ses pattes » avec ces voyages dans le temps. Mais cela reste tout de même une série recommandable. Note réelle 3,5/5.
Les Petites contemplations
C’est étrange, l’effet que le temps peut avoir sur le souvenir que l’on a d’une lecture. Lorsque j’ai lu le premier tome de ces petites contemplations, je n’avais pas été spécialement marqué. Certes, j’avais trouvé l’album sympathique mais sans plus. Et puis… Et puis le temps est passé et, progressivement, le souvenir que j’avais de l’album s’est transformé. D’un récit anecdotique, ce recueil de nouvelles s’est transformé en une sympathique vision de la Chine d’aujourd’hui. J’oubliai progressivement les moments creux pour ne plus me remémorer que quelques passages touchants, parfois drôle, parfois étonnants. Tant et si bien que lorsque le deuxième tome est sorti, je n’ai pas pu longtemps résister. Et ce deuxième tome, je l’ai dévoré avec avidité ! Pourtant, à nouveau, tout n’est pas mémorable. Il y a notamment quelques pages consacrées à des recettes de cuisine pour Chinois célibataire (Chinois parce qu’on ne trouve pas spécialement tous les produits décrits en Europe – célibataire parce qu’il s’agit bien souvent de recettes prévues pour une personne à partir de reste de précédents repas) dont l’intérêt m’est apparu fort discutable. Mais à côté de ces moments creux figurent des passages beaucoup plus touchants. Yao Ren a l’art de saisir les bribes de son quotidien qui, sans rien avoir de spectaculaire, font le plaisir d’un instant : le réconfort simple d’un bon repas pris dans une petite gargote qui ne paie pas de mine, le charme intrigant d’un chat croisé dans la rue, la floraison d’un cactus que l’on croyait mort, une ballade au parc un matin pluvieux… Vous le voyez, il n’y a vraiment rien de spectaculaire à attendre de ces thèmes mais le ton est juste et l’humanité y apparaît dans sa pure simplicité. On retrouve finalement un peu la même démarche que celle de Jiro Tanigushi pour « L'Homme qui marche ». Cela donne un sentiment de zenitude, d’un bonheur qui nous est accessible à condition d’adopter le même regard que l’auteur… et ça fait du bien. Du coup, si vous cherchez du sensationnel, de l’extravagant, de l’aventure, passez votre chemin. Mais si les récits intimistes qui s’attachent aux plaisirs simples de la vie vous attirent, je vous invite franchement à jeter un œil sur cet album.
De rose et de noir
Les violences conjugales sont un vaste sujet, qui font l'objet d'un certain nombre d'ouvrages depuis quelques années. Les Editions des Ronds dans l'O en ont d'ailleurs fait l'un de leurs sujets de prédilection, au travers notamment des trois tomes d'En chemin elle rencontre... Thibaut Lambert, après le remarqué Au coin d'une ride, revient donc avec ce récit autour de la jeune Manon, qui essaie de se reconstruire sentimentalement après une relation destructrice, au propre comme au figuré. L'histoire est relativement classique, sans grande surprise, mais Lambert réussit justement à ne pas tomber dans les clichés, à nous montrer une Manon qui hésite, qui est toujours hantée par ses mauvais souvenirs, mais qui arrive, de façon crédible, à les surmonter. Son dessin, semi-réaliste, manque peut-être un peu d'expressivité par moments, mais les dialogues et surtout la mise en scène permettent de comble ce -petit- manque. Bref, un album utile et sensible sur un fléau méconnu et encore soumis à l'omertà.
Ce n'est pas toi que j'attendais
Très bonne BD. D'autant plus réussie que l'auteur y raconte sa propre expérience, la façon dont il a abordé cette tranche de vie, avec des moments très personnels. Et ce qui m'a plus par-dessus tout, c'est son apparente sincérité, le fait qu'il se pose des questions sur ses capacités à pouvoir gérer l'arrivée d'un enfant "différent". Il est possible que ce questionnement fût plus diffus que raconté dans l'album, mais étant donné que c'est le sujet, cela me semble légitime. Résultat, on se retrouve dans un récit intimiste, qui arrive à garder de la pudeur malgré tout, et explique bien le cheminement de pensée de cette famille qui se retrouve dans un schéma particulier. Cela m'a bien plu, d'autant que le style de Fabien Toulmé, une ligne claire semi-réaliste, est bien adapté à son propos. Bref, un bel album, touchant, mais qui ne verse pas dans le pathos.
Little Gotham
3.5 Une bonne surprise que ce Batman en 'chibi'. On retrouve un ton un peu moins sérieux que les comics modernes de Batman. Il y a de l'humour et aussi des moments de tendresse (notamment chaque fois que le pauvre Mr Freezer faisait une apparition). On retrouve plein de personnages de Batman et j'ai bien aimé les voir dessinés dans ce style particulier. Les histoires tournent autour des différentes fêtes de l'année ou des saisons et ces thèmes sont bien utilisés. L'humour fonctionne bien et je pense qu'on peut faire lire cette série sans problème à des enfants quoiqu'il y a tellement de personnages qu'il faut peut-être connaitre un peu les comics pour ne pas se perdre. Heureusement qu'il y a une galerie de présentation des personnages à la fin de cet album. Les auteurs ont réussi à me captiver avec des histoires courtes de 10 pages. À lire si on est fan de Batman et de son univers.
Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle
Pour l'instant c'est l'album primé à Angoulême cette année qui m'a le plus convaincu. Je n'ai pas connu l'ambiance des bureaux durant les années 90, mais je pense qu'on peut accrocher à ce récit du moment qu'on ne trouve pas les récits se passant dans des bureaux ennuyeux. Il faut dire qu'ici que si cela commence tout doucement avec une ambiance de bureau normal où les personnages sont le genre de collèges que n'importe qui peut avoir (le type qui ne comprends jamais comment fonctionne la technologie, les gars qui font des blagues lourdes, etc) cela tombe petit à petit dans une ambiance de polar lorsque Jean Doux découvre une mystérieuse disquette et le scénario devient aussi de plus en plus absurde. J'ai bien accroché au scénario. Le mystère autour de la disquette est prenant et le fait que le scénario partait dans un gros délire ne m'a pas du tout dérangé. Il y a une bonne galerie de personnages et l'humour marche bien pour moi. Un bon album à lire en ce qui me concerne.
Red Ketchup
Avec ce dessin dans le pur style ligne claire classique, Red Ketchup, de prime abord, fait penser à Tintin, ou à un archétype de bande dessinée traditionnelle. Détrompez-vous. Avec Red Ketchup, ça décoiffe sévère. Steve Red Ketchup, ainsi surnommé à cause de ses yeux rouges, est un agent du FBI aux méthodes (très très) musclées. Mais en plus de cela, il est accro aux drogues de tout type. Ainsi, il se nourrit exclusivement de pilules et de médicaments, en quantité suffisante pour terrasser n'importe qui de normalement constitué. Et entre sa violence intrinsèque, sa dépendance à la drogue et sa paranoïa, ça fait souvent de (gros) dégâts. Il va ainsi tour à tour massacrer des innocents à coup d'épée, jouer au garde du corps musclé, et organiser un génocide de pingouins. Bref, ici, tout est poussé au maximum, des méthodes musclées au patriotisme sans faille de Ketchup. En plus, ce nom, c'est la cerise sur le gâteau. On est dans l'absurde du début à la fin, et c'est souvent très drôle. Avec moi, en tout cas, ça marche du tonnerre. Et puis Red Ketchup a la tête de l'emploi, avec sa coupe de cheveux en brosse couleur carotte, son complet bleu et ses lunettes noires, qui protègent ses yeux couleur sang. Il est profondément antipathique (c'est quand même un psychopathe de premier ordre ultra violent), mais c'est tellement absurde que l'on prend du plaisir à suivre ses aventures. Cette parodie des héros américains justiciers aux méthodes musclées vise juste et est terriblement efficace. Bref, vous l'aurez compris, je ne peux que vous encourager à y jeter un oeil.