Voilà un comics qui m'aura franchement fait beaucoup, mais alors beaucoup délirer.
Tony Chu est un cibopathe qui peut, rien qu'en mangeant un aliment, tout savoir sur celui-ci (la façon dont il a été produit, ou tué si c'est un animal ou ...autre chose de vivant). Ses pouvoirs seront extrêmement utiles pour contrecarrer les plans de divers personnages ayant eux aussi différents pouvoirs en lien avec la nourriture. Ah, et la population mondiale a été drastiquement réduite par une (soi-disant?) épidémie de grippe aviaire. Interdiction donc totale de manger du poulet. Vous l'aurez compris, on est ici dans du bon gros délire. Les auteurs s'amusent et ça se sent. On note de très belles réussites, notamment au niveau des personnages (mention spéciale pour la partenaire de la fille de Chu et les doubles pages de Poyo).
Au fil des albums, la série devient cependant un peu plus sombre, et l'équilibre entre humour et drame est plutôt bien trouvé.
Le dessin, quant à lui, sert très bien le scénario barré. Dans les bd d'humour, ce qui est le plus important selon moi, ce sont les trombines des personnages. Et Rob Guillory croque ses protagonistes de façon tordante et très nette, leurs expressions sont vraiment très drôles. Les scènes d'action sont également très bien rendues. Bref, du très bon boulot.
"Tony Chu Détective Cannibale" n'échappe tout de même pas à certains petits défauts, le plus prégnant étant la caricature des personnages : Tony est de plus en plus déprimant au fil de la série quand Colby devient un peu agaçant, étant sans cesse de moins en moins responsable par opposition à Tony. Mais dans une bd où l'humour repose beaucoup sur l'exagération, difficile d'y échapper. Et à ce titre, on peut reconnaitre le mérite aux auteurs d'avoir tout de même réussi à garer un certain aspect dramatique (la mort est assez présente).
De plus, au bout de 12 albums, il était temps que ça se finisse. J'étais moins captivé à la fin, et la conclusion est arrivée, à mon avis, au bon moment ; il n'aurait en tous les cas pas fallu attendre encore. Cela est encore dû au type d'humour : au bout de 12 albums, ça devient un peu lourd. Mais c'est génial quand on ne tire pas trop sur la corde, et c'est le cas in extremis ici.
Tony Chu s'est arrêté au bon moment, quand je me commençais à me demander si, en définitive, ce n'était pas en train de devenir plus "pas mal" que "franchement bien". Mais non, Tony Chu Détective Cannibale est bien un petit bijou d'humour que je recommande à tous.
J'ai franchement adoré ce roman policier ayant pour cadre la Laponie. Il s'agit d'une histoire de tambour chamanique et de meurtre entre éleveurs de rennes. Il y a une atmosphère nordique toute particulière qui m'a tout de suite séduit.
Au niveau graphique, c'est du noir et blanc mais agrémenté d'un peu de bleu avec quelques nuances de gris. Cela donne une couleur assez pastel assez original. Le dépaysement sera garantie au pays des aurores boréales.
Pour une fois, je ne me suis pas ennuyé dans ce roman policier car on découvre la culture des samis (vrai nom des Laponsà) dans un contexte de colonisation par des scandinaves norvégiens ou suédois. Il y a même un français mais qui vient au nom d'une exploitation minière. Il faut dire que le sol regorge de richesses.
Au final, une oeuvre fluide et harmonieuse. Le froid et la nuit polaire nous prennent aux tripes dans la blancheur de la Laponie.
3.5
Cette série a du potentiel.
Le premier tome pose surtout les bases de l'intrigue. Durant plusieurs chapitres on suit la vie du héros qui a une mère surprotectrice et lorsque son cousin le lui fait remarquer, il se met à se poser des questions sur sa relation avec sa mère. Le lecteur peut facilement deviner que quelque chose ne tourne pas rond avec la mère, mais ce n'est vraiment que dans les derniers chapitres de ce premier tome que l'auteur montre qu'il y a effectivement un problème et cela va déclencher un événement tragique.
L'intrigue est bien menée et la fin du premier tome donne envie de lire la suite. Si l'auteur développe bien son récit, cela pourrait donner une excellente série. Comme j'ai bien aimé les deux autres séries que j'ai lues de lui je lui fais confiance. En tout cas, si on est amateur de thriller psychologique, ce manga risque de vous intéresser. Sinon, j'ai trouvé que le dessin était pas mal.
Wow ! La voilà la surprise de ce début de printemps côté roman graphique ! Cette adaptation de "Peau de Mille Bêtes" des frères Grimm qui inspirera ensuite le conte Peau d'Âne est une parfaite réussite !
Belle est une jeune femme magnifique que tous les hommes du village courtisent et aimeraient bien épouser. Mais lassée de cette situation, Belle s'enfuie dans la forêt où elle sera recueillie par le roi Lucane ; ils y vivront une idylle parfaite qui donnera naissance à une fille : Ronce. Tout se passe merveilleusement bien jusqu'à ce que Belle meure et que le roi sombre dans une dépression profonde pendant de longues années jusqu'à ce que la jeune Ronce devienne à son tour une belle jeune femme, ce que ne va pas manquer de finir par remarquer le roi...
La force des contes réside dans l'universalité des messages qu'ils délivrent même à travers le temps. Si certains vieillissent mieux que d'autres, la force de cet album tient à la réussite de son adaptation qui a su intégrer le questionnement actuel de la place des femmes dans nos sociétés. J'ai même poussé le vice à retrouver le texte original des frères Grimm pour comparer, et c'est là qu'on réalise toute la qualité du travail de Stéphane Fert. Rien ne manque au conte original ; il pose tranquillement ses pions pour nous proposer une version des plus actuelle de ce "Peau de Mille Bêtes" avec en prime un graphisme des plus somptueux. Certaines planches sont tout bonnement magnifiques ! Entre l'absence d'encrage sur beaucoup de cases et une palette de couleurs des plus réussie j'avoue sortir de cette lecture complètement conquis !
A découvrir, je recommande chaudement !
Ah que j'aime cette ambiance si singulière qui transpire du graphisme et de l'imagination de Tony Sandoval !
C'est avec l'édition intégrale dégotée à Angoulême que je me suis plongée dans cette série. Entre réalisme amer et un fantastique sombre frôlant le gothique, Tony Sandoval nous propose de suivre l'évolution d'une relation amoureuse un peu tortueuse entre Karen, une jeune fille réservée et Seck le leader d'un groupe de métal. C'est à partir de cette trame qu'il nous embarque sur une frêle esquive qui va être ballotée entre réalité et fantastique jouant avec différents graphismes en fonction des événements et des ambiances qu'il nous impose.
C'est majestueusement beau, original et bien mené. J'ai adoré ces ambiances liées au récit supportées par des parti pris graphiques différents au fil de l'album. Tony Sandoval a décidément un univers romantico-gothique très personnel qui me plait énormément !
Je ne connais pas la série Criminal, mais j'avoue avoir été séduit par ce hors série fort sympathique.
Déjà, ce sont les deux auteurs de ce titre que j'ai beaucoup apprécié dans Fondu au noir ou plus récemment dans Kill or be killed qui ont attirés mon attention sur ce titre. Ajoutez à cela une colorisation de Jacob Philipps originale en applats de tons pastels ou sombres suivant les ambiances, et je me suis laissé tenté.
Ellie a perdu sa mère d'une overdose 10 ans auparavant. Depuis elle trouve aux camés un certain romantisme qu'elle associe à des âmes en peine ou a des parcours plus ou moins artistiques. La retour à une certaine réalité n'en sera que plus brutal quand elle se retrouvera en cure de désintoxication.. C'est pourtant là qu'elle va faire la connaissance de Skip et qu'une idylle un peu singulière va commencer. Car tous les deux vont se faire la malle dans un road trip où alcool et dope vont couler à flots ! Mais les motivations réelles de nos deux tourtereaux ne sont pas si transparentes que ça et la fin de ce périple nous réserve une sacrez surprise !
Bref, cet album rondement mené est magnifiquement construit et nous mène bien par le bout du nez jusqu'à sa conclusion. Une bonne surprise ! Quant au dessin de Sean Philipps, il est toujours aussi efficace et j'ai franchement apprécié la colorisation singulière de Jacobs Philipps qui donne à l'ensemble des ambiances très réussies.
Voilà une histoire qui semble n’avoir ni queue ni tête (et la première planche, très touffue, hyper chargée et confuse peut dérouter celui qui découvre là le travail de Vanoli). Je dirais plutôt qu’elle n’a ni début ni fin. On est donc là dans un univers – caractéristique de l’auteur – qui ne correspond pas aux canons habituels du neuvième art.
Alors que les premières cases débordent de la violence des batailles, l’histoire se déroule plutôt sur un rythme lent, contemplatif. Elle se passe dans une Chine ou un Japon médiéval (mais quelques termes hautement anachroniques apportent de petites touches étranges), alternant les dialogues entre deux bonhommes errant et illustration d’une sorte de conte.
C’est en fait une chouette balade, que le dessin typique de Vanoli magnifie (il faut être réceptif à son style, mais moi j’aime vraiment beaucoup son dessin en à-plats, son Noir et Blanc gras dont le rendu est parfois proche de certaines gravures).
Exercice fragile, qui peine visiblement à trouver ses lecteurs (presque un avis tous les dix ans sur le site !), mais qui mérite qu’on y jette un coup d’œil.
Hey ! Un p'tit voyage dans notre jeunesse quand nous découvrions la richesse de la fantasy, ça vous dit ??? Voilà que Delcourt édite une adaptation de Mickael Moorcock réalisée par Mike Baron et le tout jeune Mike Mignola ! Alors oui la version américaine à déjà 30 ans, mais ça a plutôt bien vieilli, donnant à l'ensemble un petit côté vintage pas désagréable, surtout quand on aime l'univers de Moorcock et le comics des années 80'.
Le Prince Corum Jjhalen surnommé le Prince à la Robe Ecarlate voit son royaume et son peuple anéanti par les terribles Mabden, horde sauvage qui rase tout sur son passage. Corum sauvera sa peau mais y laissera un oeil et une main. Mu par la vengeance il fera alliance avec un demi dieu qui, en échange d'un "petit service" lui octroiera une nouvelle main et un nouvel oeil magiques ou maléfiques... A cette occasion il tombera aussi amoureux de la belle Rhalina qu'il promettra de revenir chercher quand il aura accompli sa mission.
Nous sommes donc bien là sur le bon vieux terreau de la fantasy qu'affectionne Moorcock, avec toute l'ambivalence de ses personnages et des différents plans régissants l'univers où ils évoluent. Ce premier tome s'il surprend au premier abord par ce côté un peu suranné se laisse mine de rien rapidement apprivoisé et c'est avec délice que j'ai retrouvé ces arcanes de la fantasy sous le trait d'un Mignola qui n'a pas encore le trait si typé qu'on lui connait aujourd'hui mais déjà un talent remarquable.
C'est donc avec curiosité et enthousiasme que je lirais la suite de cette série prévue en 4 tomes.
Gaëlle Geniller signe avec cette BD son premier album en assurant le dessin et le scénario. Et pour une première, c'est plutôt une réussite !
Voilà en effet un album jeunesse plein de fraicheur qui aborde le thème de la différence de façon subtile et très poétique. Deux jeunes garçons vivent normalement avec leur parents jusqu'au jour où l'aîné se réveille étrangement un matin avec des fleurs qui lui poussent sur la tête. Paniqué au début, puis rassuré par les membres de sa famille, il va petit à petit apprivoiser ce nouvel ornement et même réussir à communiquer avec elles pour son plus grand bonheur. Reste que le regard des autres ne va pas être aussi évident à digérer et faire accepter cette différence ne se fera pas sans mal.
C'est presque un conte tinté d'une petite touche de fantastique que nous livre Gaëlle Geniller pour traiter d'un sujet aussi univers que la différence. C'est fait de façon intelligente, tout en douceur tant dans la narration que dans son trait et sa palette. Différence, acceptation de soi, regard des autres et communication, voilà quatre petits fils conducteurs qui tissent une bien belle histoire dans un écrin graphique au diapason.
Une auteure à suivre et à découvrir !
Au bout de quelques pages de lecture de cet album, j'ai cru l'avoir déjà lu. Et cela m'étonnait car comme j'y accrochais bien, je me disais que je m'en serais quand même bien souvenu. Ce n'est qu'après coup que j'ai réalisé que j'avais déjà lu la biographie de ce même personnage dans Alexandre Jacob - Journal d'un anarchiste cambrioleur. Mais effectivement, j'ai bien davantage accroché à cet album là, "Le Travailleur de la nuit".
C'est en grande partie grâce au dessin qui est de très bonne qualité. J'aime le soin du détail apporté aux décors tandis que c'est le soin au dynamisme et à l'expressivité qui est apporté aux personnages. J'aime les couleurs à la fois sobres et chaudes. C'est élégant et très agréable à la lecture.
La narration aussi est très bonne car on n'est vraiment plongé dans ce récit biographique comme dans une histoire d'aventure, dense et mouvementée. Quelle vie a vécu ce personnage ! Et quelle personnalité ! Moi qui n'ai aucun penchant anarchiste et qui réprouve les voleurs et autres escrocs, je me suis senti proche de cet homme et de son état d'esprit que j'ai trouvé très juste malgré ses actes criminels.
Le récit évite le manichéisme, montrant que nul homme n'est parfait, et grâce à cela il se révèle sincère et touchant.
Excellent album !
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Tony Chu Détective Cannibale
Voilà un comics qui m'aura franchement fait beaucoup, mais alors beaucoup délirer. Tony Chu est un cibopathe qui peut, rien qu'en mangeant un aliment, tout savoir sur celui-ci (la façon dont il a été produit, ou tué si c'est un animal ou ...autre chose de vivant). Ses pouvoirs seront extrêmement utiles pour contrecarrer les plans de divers personnages ayant eux aussi différents pouvoirs en lien avec la nourriture. Ah, et la population mondiale a été drastiquement réduite par une (soi-disant?) épidémie de grippe aviaire. Interdiction donc totale de manger du poulet. Vous l'aurez compris, on est ici dans du bon gros délire. Les auteurs s'amusent et ça se sent. On note de très belles réussites, notamment au niveau des personnages (mention spéciale pour la partenaire de la fille de Chu et les doubles pages de Poyo). Au fil des albums, la série devient cependant un peu plus sombre, et l'équilibre entre humour et drame est plutôt bien trouvé. Le dessin, quant à lui, sert très bien le scénario barré. Dans les bd d'humour, ce qui est le plus important selon moi, ce sont les trombines des personnages. Et Rob Guillory croque ses protagonistes de façon tordante et très nette, leurs expressions sont vraiment très drôles. Les scènes d'action sont également très bien rendues. Bref, du très bon boulot. "Tony Chu Détective Cannibale" n'échappe tout de même pas à certains petits défauts, le plus prégnant étant la caricature des personnages : Tony est de plus en plus déprimant au fil de la série quand Colby devient un peu agaçant, étant sans cesse de moins en moins responsable par opposition à Tony. Mais dans une bd où l'humour repose beaucoup sur l'exagération, difficile d'y échapper. Et à ce titre, on peut reconnaitre le mérite aux auteurs d'avoir tout de même réussi à garer un certain aspect dramatique (la mort est assez présente). De plus, au bout de 12 albums, il était temps que ça se finisse. J'étais moins captivé à la fin, et la conclusion est arrivée, à mon avis, au bon moment ; il n'aurait en tous les cas pas fallu attendre encore. Cela est encore dû au type d'humour : au bout de 12 albums, ça devient un peu lourd. Mais c'est génial quand on ne tire pas trop sur la corde, et c'est le cas in extremis ici. Tony Chu s'est arrêté au bon moment, quand je me commençais à me demander si, en définitive, ce n'était pas en train de devenir plus "pas mal" que "franchement bien". Mais non, Tony Chu Détective Cannibale est bien un petit bijou d'humour que je recommande à tous.
Le Dernier Lapon
J'ai franchement adoré ce roman policier ayant pour cadre la Laponie. Il s'agit d'une histoire de tambour chamanique et de meurtre entre éleveurs de rennes. Il y a une atmosphère nordique toute particulière qui m'a tout de suite séduit. Au niveau graphique, c'est du noir et blanc mais agrémenté d'un peu de bleu avec quelques nuances de gris. Cela donne une couleur assez pastel assez original. Le dépaysement sera garantie au pays des aurores boréales. Pour une fois, je ne me suis pas ennuyé dans ce roman policier car on découvre la culture des samis (vrai nom des Laponsà) dans un contexte de colonisation par des scandinaves norvégiens ou suédois. Il y a même un français mais qui vient au nom d'une exploitation minière. Il faut dire que le sol regorge de richesses. Au final, une oeuvre fluide et harmonieuse. Le froid et la nuit polaire nous prennent aux tripes dans la blancheur de la Laponie.
Les Liens du sang
3.5 Cette série a du potentiel. Le premier tome pose surtout les bases de l'intrigue. Durant plusieurs chapitres on suit la vie du héros qui a une mère surprotectrice et lorsque son cousin le lui fait remarquer, il se met à se poser des questions sur sa relation avec sa mère. Le lecteur peut facilement deviner que quelque chose ne tourne pas rond avec la mère, mais ce n'est vraiment que dans les derniers chapitres de ce premier tome que l'auteur montre qu'il y a effectivement un problème et cela va déclencher un événement tragique. L'intrigue est bien menée et la fin du premier tome donne envie de lire la suite. Si l'auteur développe bien son récit, cela pourrait donner une excellente série. Comme j'ai bien aimé les deux autres séries que j'ai lues de lui je lui fais confiance. En tout cas, si on est amateur de thriller psychologique, ce manga risque de vous intéresser. Sinon, j'ai trouvé que le dessin était pas mal.
Peau de Mille Bêtes
Wow ! La voilà la surprise de ce début de printemps côté roman graphique ! Cette adaptation de "Peau de Mille Bêtes" des frères Grimm qui inspirera ensuite le conte Peau d'Âne est une parfaite réussite ! Belle est une jeune femme magnifique que tous les hommes du village courtisent et aimeraient bien épouser. Mais lassée de cette situation, Belle s'enfuie dans la forêt où elle sera recueillie par le roi Lucane ; ils y vivront une idylle parfaite qui donnera naissance à une fille : Ronce. Tout se passe merveilleusement bien jusqu'à ce que Belle meure et que le roi sombre dans une dépression profonde pendant de longues années jusqu'à ce que la jeune Ronce devienne à son tour une belle jeune femme, ce que ne va pas manquer de finir par remarquer le roi... La force des contes réside dans l'universalité des messages qu'ils délivrent même à travers le temps. Si certains vieillissent mieux que d'autres, la force de cet album tient à la réussite de son adaptation qui a su intégrer le questionnement actuel de la place des femmes dans nos sociétés. J'ai même poussé le vice à retrouver le texte original des frères Grimm pour comparer, et c'est là qu'on réalise toute la qualité du travail de Stéphane Fert. Rien ne manque au conte original ; il pose tranquillement ses pions pour nous proposer une version des plus actuelle de ce "Peau de Mille Bêtes" avec en prime un graphisme des plus somptueux. Certaines planches sont tout bonnement magnifiques ! Entre l'absence d'encrage sur beaucoup de cases et une palette de couleurs des plus réussie j'avoue sortir de cette lecture complètement conquis ! A découvrir, je recommande chaudement !
Nocturno
Ah que j'aime cette ambiance si singulière qui transpire du graphisme et de l'imagination de Tony Sandoval ! C'est avec l'édition intégrale dégotée à Angoulême que je me suis plongée dans cette série. Entre réalisme amer et un fantastique sombre frôlant le gothique, Tony Sandoval nous propose de suivre l'évolution d'une relation amoureuse un peu tortueuse entre Karen, une jeune fille réservée et Seck le leader d'un groupe de métal. C'est à partir de cette trame qu'il nous embarque sur une frêle esquive qui va être ballotée entre réalité et fantastique jouant avec différents graphismes en fonction des événements et des ambiances qu'il nous impose. C'est majestueusement beau, original et bien mené. J'ai adoré ces ambiances liées au récit supportées par des parti pris graphiques différents au fil de l'album. Tony Sandoval a décidément un univers romantico-gothique très personnel qui me plait énormément !
Mes héros ont toujours été des junkies
Je ne connais pas la série Criminal, mais j'avoue avoir été séduit par ce hors série fort sympathique. Déjà, ce sont les deux auteurs de ce titre que j'ai beaucoup apprécié dans Fondu au noir ou plus récemment dans Kill or be killed qui ont attirés mon attention sur ce titre. Ajoutez à cela une colorisation de Jacob Philipps originale en applats de tons pastels ou sombres suivant les ambiances, et je me suis laissé tenté. Ellie a perdu sa mère d'une overdose 10 ans auparavant. Depuis elle trouve aux camés un certain romantisme qu'elle associe à des âmes en peine ou a des parcours plus ou moins artistiques. La retour à une certaine réalité n'en sera que plus brutal quand elle se retrouvera en cure de désintoxication.. C'est pourtant là qu'elle va faire la connaissance de Skip et qu'une idylle un peu singulière va commencer. Car tous les deux vont se faire la malle dans un road trip où alcool et dope vont couler à flots ! Mais les motivations réelles de nos deux tourtereaux ne sont pas si transparentes que ça et la fin de ce périple nous réserve une sacrez surprise ! Bref, cet album rondement mené est magnifiquement construit et nous mène bien par le bout du nez jusqu'à sa conclusion. Une bonne surprise ! Quant au dessin de Sean Philipps, il est toujours aussi efficace et j'ai franchement apprécié la colorisation singulière de Jacobs Philipps qui donne à l'ensemble des ambiances très réussies.
Le Bon Endroit
Voilà une histoire qui semble n’avoir ni queue ni tête (et la première planche, très touffue, hyper chargée et confuse peut dérouter celui qui découvre là le travail de Vanoli). Je dirais plutôt qu’elle n’a ni début ni fin. On est donc là dans un univers – caractéristique de l’auteur – qui ne correspond pas aux canons habituels du neuvième art. Alors que les premières cases débordent de la violence des batailles, l’histoire se déroule plutôt sur un rythme lent, contemplatif. Elle se passe dans une Chine ou un Japon médiéval (mais quelques termes hautement anachroniques apportent de petites touches étranges), alternant les dialogues entre deux bonhommes errant et illustration d’une sorte de conte. C’est en fait une chouette balade, que le dessin typique de Vanoli magnifie (il faut être réceptif à son style, mais moi j’aime vraiment beaucoup son dessin en à-plats, son Noir et Blanc gras dont le rendu est parfois proche de certaines gravures). Exercice fragile, qui peine visiblement à trouver ses lecteurs (presque un avis tous les dix ans sur le site !), mais qui mérite qu’on y jette un coup d’œil.
Les Chroniques de Corum
Hey ! Un p'tit voyage dans notre jeunesse quand nous découvrions la richesse de la fantasy, ça vous dit ??? Voilà que Delcourt édite une adaptation de Mickael Moorcock réalisée par Mike Baron et le tout jeune Mike Mignola ! Alors oui la version américaine à déjà 30 ans, mais ça a plutôt bien vieilli, donnant à l'ensemble un petit côté vintage pas désagréable, surtout quand on aime l'univers de Moorcock et le comics des années 80'. Le Prince Corum Jjhalen surnommé le Prince à la Robe Ecarlate voit son royaume et son peuple anéanti par les terribles Mabden, horde sauvage qui rase tout sur son passage. Corum sauvera sa peau mais y laissera un oeil et une main. Mu par la vengeance il fera alliance avec un demi dieu qui, en échange d'un "petit service" lui octroiera une nouvelle main et un nouvel oeil magiques ou maléfiques... A cette occasion il tombera aussi amoureux de la belle Rhalina qu'il promettra de revenir chercher quand il aura accompli sa mission. Nous sommes donc bien là sur le bon vieux terreau de la fantasy qu'affectionne Moorcock, avec toute l'ambivalence de ses personnages et des différents plans régissants l'univers où ils évoluent. Ce premier tome s'il surprend au premier abord par ce côté un peu suranné se laisse mine de rien rapidement apprivoisé et c'est avec délice que j'ai retrouvé ces arcanes de la fantasy sous le trait d'un Mignola qui n'a pas encore le trait si typé qu'on lui connait aujourd'hui mais déjà un talent remarquable. C'est donc avec curiosité et enthousiasme que je lirais la suite de cette série prévue en 4 tomes.
Les Fleurs de Grand frère
Gaëlle Geniller signe avec cette BD son premier album en assurant le dessin et le scénario. Et pour une première, c'est plutôt une réussite ! Voilà en effet un album jeunesse plein de fraicheur qui aborde le thème de la différence de façon subtile et très poétique. Deux jeunes garçons vivent normalement avec leur parents jusqu'au jour où l'aîné se réveille étrangement un matin avec des fleurs qui lui poussent sur la tête. Paniqué au début, puis rassuré par les membres de sa famille, il va petit à petit apprivoiser ce nouvel ornement et même réussir à communiquer avec elles pour son plus grand bonheur. Reste que le regard des autres ne va pas être aussi évident à digérer et faire accepter cette différence ne se fera pas sans mal. C'est presque un conte tinté d'une petite touche de fantastique que nous livre Gaëlle Geniller pour traiter d'un sujet aussi univers que la différence. C'est fait de façon intelligente, tout en douceur tant dans la narration que dans son trait et sa palette. Différence, acceptation de soi, regard des autres et communication, voilà quatre petits fils conducteurs qui tissent une bien belle histoire dans un écrin graphique au diapason. Une auteure à suivre et à découvrir !
Le Travailleur de la nuit
Au bout de quelques pages de lecture de cet album, j'ai cru l'avoir déjà lu. Et cela m'étonnait car comme j'y accrochais bien, je me disais que je m'en serais quand même bien souvenu. Ce n'est qu'après coup que j'ai réalisé que j'avais déjà lu la biographie de ce même personnage dans Alexandre Jacob - Journal d'un anarchiste cambrioleur. Mais effectivement, j'ai bien davantage accroché à cet album là, "Le Travailleur de la nuit". C'est en grande partie grâce au dessin qui est de très bonne qualité. J'aime le soin du détail apporté aux décors tandis que c'est le soin au dynamisme et à l'expressivité qui est apporté aux personnages. J'aime les couleurs à la fois sobres et chaudes. C'est élégant et très agréable à la lecture. La narration aussi est très bonne car on n'est vraiment plongé dans ce récit biographique comme dans une histoire d'aventure, dense et mouvementée. Quelle vie a vécu ce personnage ! Et quelle personnalité ! Moi qui n'ai aucun penchant anarchiste et qui réprouve les voleurs et autres escrocs, je me suis senti proche de cet homme et de son état d'esprit que j'ai trouvé très juste malgré ses actes criminels. Le récit évite le manichéisme, montrant que nul homme n'est parfait, et grâce à cela il se révèle sincère et touchant. Excellent album !