Les Fleurs de Grand frère

Une histoire onirique sur la différence, traitée avec une finesse incroyable et un traitement graphique somptueux.
Albums jeunesse : 6 à 10 ans La BD au féminin
« Un jour de printemps, des fleurs se sont mises à pousser sur la tête de grand frère. Au début, elles l’ont effrayé, et il ne savait pas quoi en faire. Nous sommes allés voir Mamie, qui connaît tout sur les fleurs. Mais des comme ça, elle n’en connaissait pas. Grand frère a alors demandé à Papa de les lui couper. Papa lui a dit : " Mais tu ne les as pas encore écoutées ! " Les fleurs ont alors commencé à lui parler… »
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Date de parution | 06 Mars 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Un album tout mignon tout plein, vraiment à réserver aux plus jeunes lecteurs. Car si je lui ai trouvé de réelles qualités, je l’ai traversé sans enthousiasme. C’est très vie, lu, il n’y a pas beaucoup de texte. Mais c’est surtout l’histoire elle-même qui manque selon moi d’ingrédient pour relever le plat. L’étrange, le merveilleux du départ – un garçon voit des fleurs lui pousser dans les cheveux – n’est finalement pas énormément exploité. Que cela disparaisse au bout d’un moment et que nous n’ayons pas d’explication au phénomène ne me gêne pas outre mesure. J’accepte de laisser mon imagination vagabonder et la poésie m’attire plutôt. Mais les conséquences de ce phénomène sont totalement évacuées, alors même que la famille, le petit frère, mais surtout les autres élèves à l’école y sont confrontés. J’ai trouvé bizarre justement que la réaction des écoliers ne soit pas utilisée (pourtant notre « fleuri » semblait la craindre ?). Reste donc une histoire très courte, mais un peu bancale, qui m’a laissé sur ma faim. Note réelle 2,5/5.


Cet album nous offre une histoire originale et poétique portée par un dessin soigné dont la douceur est encore accentuée par une colorisation pastel. Que des qualités, donc… et pourtant je n’ai pas été subjugué plus que cela. En cause, un manque d’enjeu. Car si Gaëlle Geniller traite de la différence au travers de son récit, il manque à celui-ci des moments clés, des moments de tension qui auraient pu faire naître chez moi une empathie pour les personnages. Or, ici tout coule de source, la singularité qui caractérise le grand frère (ces fleurs qui lui poussent sur la tête) est bien acceptée par tout le monde, l’instant de surprise passé. Pas de phénomène de rejet à combattre, pas d’isolement, pas de railleries. Non, tout se déroule pour le mieux dans le meilleur des mondes… Il ne se passe pas grand-chose, les jours suivent leur cours jusqu’à la chute des feuilles. Fin de l’histoire… Du coup, ben bravo pour l’idée originale et poétique, respect pour la qualité du dessin et de la mise en page… mais je me suis quand même quelque peu ennuyé.


Nous n’avons pas forcément l’habitude de lire des livres « pour la jeunesse », mais la première bande dessinée de Gaëlle Geniller, autrice débutante, a suffisamment de singularité pour intriguer tout passionné de bande dessinée, surtout s’il est aussi parent de jeunes enfants questionnés par les trop habituels soucis de « différences » et d’individualité, en particulier à l’école. "Les Fleurs de Grand Frère", récit lumineux qui part du postulat fantastique de l’apparition de fleurs sur la tête d’un enfant pour tenter de nous rassurer – tous, pas seulement les plus jeunes d’entre nous - quant à la nécessité de l’acceptation de soi, est avant tout un traité de bienveillance… soit l’une des choses qui manque clairement à notre société de plus en plus dure. Ce qui frappe immédiatement quant on ouvre le livre, c’est la profonde beauté du dessin et l’élégance des couleurs, conjuguant une parfaite fluidité de la narration et une véritable poésie : quelque chose qui vient en effet plus du meilleur des livres pour enfants, et que la BD délaisse la plupart du temps pour aller chercher des effets spectaculaires plus faciles dans un graphisme agressif… En allant chercher, on l’imagine, dans ses propres souvenirs d’une enfance au milieu de la Nature, Geniller retrouve une belle simplicité de situations profondément humaines. Mais la plus grande intelligence des "Fleurs de Grand Frère", c’est d’avoir mis au cœur de son récit le paradoxe d’une inversion inhabituelle des rôles, un changement de perspective qui éclaire également le chemin du lecteur : Geniller imagine en effet que l’accompagnement de « l’enfant aux fleurs » est assuré avant tout par son plus petit frère, qui est ici le narrateur. Et c'est l’amour inconditionnel et la confiance de ce petit frère qui permettront à la famille tout entière de triompher de cette « épreuve », et d'en tirer au contraire une plus grande ouverture au monde... Si l’on peut trouver une limite aux "Fleurs de Grand Frère", c’est l’évacuation totale du moindre conflit avec le monde extérieur : les inévitables moqueries et persécutions à l’école, par exemple, si elles sont anticipées par l’enfant, ne sont pas montrées. On peut supposer qu’elles existent, et qu’il faudra du temps pour que la différence de l’enfant soit acceptée – le récit s’écoule d’ailleurs au fil de plusieurs mois, avec le passage des saisons qui joue évidemment un rôle dans la « floraison » de la tête de grand frère -, mais nous n’y serons pas directement confrontés. Par ce choix inhabituel, puisque du coup on échappe aux épisodes marquant traditionnellement le « récit d’apprentissage », Geniller élève son livre vers une pure réflexion intérieure, personnelle, sur « ce que l’on est »… mais court le risque qu’il apparaisse trop gentil, voire lénifiant. Le juger ainsi serait néanmoins ignorer que le concept de « bienveillance » est fondamentalement au cœur du projet de Gaëlle Geniller, et lui confère sa totale originalité.


Gaëlle Geniller signe avec cette BD son premier album en assurant le dessin et le scénario. Et pour une première, c'est plutôt une réussite ! Voilà en effet un album jeunesse plein de fraicheur qui aborde le thème de la différence de façon subtile et très poétique. Deux jeunes garçons vivent normalement avec leur parents jusqu'au jour où l'aîné se réveille étrangement un matin avec des fleurs qui lui poussent sur la tête. Paniqué au début, puis rassuré par les membres de sa famille, il va petit à petit apprivoiser ce nouvel ornement et même réussir à communiquer avec elles pour son plus grand bonheur. Reste que le regard des autres ne va pas être aussi évident à digérer et faire accepter cette différence ne se fera pas sans mal. C'est presque un conte tinté d'une petite touche de fantastique que nous livre Gaëlle Geniller pour traiter d'un sujet aussi univers que la différence. C'est fait de façon intelligente, tout en douceur tant dans la narration que dans son trait et sa palette. Différence, acceptation de soi, regard des autres et communication, voilà quatre petits fils conducteurs qui tissent une bien belle histoire dans un écrin graphique au diapason. Une auteure à suivre et à découvrir !
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