Je ne suis pas un fan absolu des BD avec des cow-boys et des indiens. Mais en plongeant dans la série Catamount et plus particulièrement dans le tome 3, je dois avouer que je suis conquis. Dans la catégorie western, c’est une série à mettre dans votre bibliothèque ! Le dessin de Benjamin Blasco-Martinez est sombre mais c’est pour mieux mettre en avant une violence palpable que nous retrouvons sur presque toutes les pages. Les paysages sont juste admirables. J’ai adoré.
Le trait léché et travaillé de Loïc Malnati se rapproche davantage de l’illustration que de la bd proprement dite. Chaque case est un chef d’œuvre qui mérite d’être exposé. Etre tatoueur aide manifestement à développer une telle singularité dans le trait.
Cet album rassemble deux récits courts « Silence » et « fleur éternelle ». En première lecture, j’avoue avoir eu une préférence nette pour le deuxième qui mélange subtilement peine et espoir, mort et vie avec, comme symbole, une fleur imaginaire. J’ai particulièrement été sensible au traitement tout en finesse et douceur de cette histoire triste.
En m’intéressant à cette bd sur le net en vue de l’aviser, je me suis rendu compte que Silence, le premier Conte Mécanique, évoque l'attentat de la promenade des anglais à Nice. Une seconde lecture m’a permis de mieux appréhender les desseins de l’auteur et d’en saisir sa pleine signification. Et je dois dire qu’il réalise un sacré tour de force en abordant un événement aussi tragique de manière aussi poétique. Le message n’est pas en reste en développant un optimisme inébranlable.
Bref, voici une bd à part d’un auteur qui l’est tout autant. Un second opus est prévu pour septembre 2019 avec Stephen Desberg au scénario.
Clairement, je ne m’attendais pas à autant aimer cet album. Et un grand merci à Gruizzli pour avoir attiré l’attention de Little Miss Giggles dessus, me permettant par ricochet de le découvrir à mon tour.
Tout d’abord, la technique du récit à quatre mains est magistralement maîtrisée. Le pari de changer d’auteure à chaque page était pourtant très audacieux mais le rythme narratif n’est jamais perturbé par cette technique. Au contraire, serais-je tenté de dire, il est constamment relancé. A un point tel qu’il m’a été impossible d’interrompre ma lecture avant la dernière page.
Ensuite vient le sujet. Cette histoire d’amour qui se dessine lentement, progressivement, sans même que les deux personnages ne s’en rendent compte, nous est racontée avec sensibilité. C’est un récit moderne, jeune et pourtant subtil et mature. Ce contraste entre le modernisme de la forme et la maturité du propos m’a réellement foutu une bonne claque dans la tronche (et dieu que ça fait du bien !)
Alors oui, bon, il y a peut-être quelques (rares) raccourcis faciles qui pourraient un peu tempérer mon enthousiasme, un côté « feel good story » parfois un peu trop sucré pour un palais saturé comme le mien… mais je serais hypocrite si je n’avouais pas avoir été profondément touché par cette histoire.
C’est une très grosse surprise pour moi, et j’en suis ravi. Lecture hautement recommandée à tout amateur de comédie romantique ! Les autres sont également invité à y jeter un œil attentif, ne fusse que pour la maîtrise technique de cette narration à quatre mains et deux cerveaux.
Gung Ho est incontestablement une très bonne série ! La surprise d'un premier tome un peu sorti de nulle part a laissé place à la confirmation grâce à quatre tomes prenants et bien balancés. Il n'en reste plus qu'un pour conclure la saga (à l'heure où je remets à jour mon avis) et je me demande un peu comment les auteurs vont faire pour nous offrir une fin digne de ce nom tant les pistes à explorer demeurent nombreuses.
Pourtant le scénario est des plus classiques puisque nous nous retrouvons dans un univers post-apocalyptique avec un camp fortifié isolé menacé par des ennemis extérieurs et avec des adolescents en vedettes.
Mais la première chose que l’on remarque en feuilletant la série, c’est le dessin de Thomas Von Kummant. Extrêmement travaillé et d’aspect synthétique, il ne m’a pas subjugué au premier coup d’œil. Pourtant, à la lecture, je suis définitivement tombé sous son charme. La colorisation est des plus osées, les cases sont fouillées et si le travail sur bases photographiques est évident, le résultat final est des plus esthétiques et personnels. De plus, malgré ce procédé, le trait reste dynamique et lisible. Ce style permet clairement au lecteur de plonger dans un autre univers, dans quelque chose de différent.
Puis vient un scénario bien pensé. Ce qui m’a marqué à ce niveau, c’est le travail par couples. Nous avons deux dirigeants obligés de travailler ensemble mais que tout oppose, deux adolescents en vedette, eux aussi unis de prime abord mais aux comportements finalement fort différents, deux groupes d’adolescents clairement définis, sans oublier la césure qui existe entre les adolescents et enfants d’une part et les adultes d’autre part. Ces multiples duos permettent bien des variations et une grande richesse dans le panel des personnages proposés.
Je soulignerais ensuite un suspense bien entretenu. Longtemps on ignore tout de la menace extérieure. Et si l’on sent la tension, on se demande bien sous quelle forme cette menace va nous apparaître. Je vous en laisse la surprise, c’est un des très bons moments du premier tome. Mais, alors que les tomes s'enchaînent, les rivalités s'exacerbent et les personnages gagnent en profondeur, en complexité.
Enfin, ce type d’histoire nous donne envie d’en savoir plus à bien des points de vue. Nous avons tout à découvrir et notre curiosité est titillée à de multiples reprises. Du coup, je peux clairement déclarer qu'après quatre tomes, je ne suis pas rassasié.
En définitive, cette série se dévore avec grand plaisir. Je vous invite clairement à vous laisser tenter.
Une oeuvre dans la droite ligne de 13 reason why (pour ceux qui connaissent à la fois le roman et la série sur Netflix). Mélinda n'a jamais réussi à parler de son viol tant l'épreuve a été difficile à vivre.
Elle est devenue une sorte de paria au sein de son lycée pour avoir appeler la police lors de cette fête où elle avait trop bu et où l'on a abusé d'elle. Cependant, elle n'est pas aller jusqu'au bout de sa démarche de dénonciation. Du coup, elle va perdre progressivement ses amies et ses parents sont trop éloignés de ses préoccupations. Ses résultats scolaires vont chuter sauf dans une seule matière à savoir les arts plastiques qui laissent s'exprimer ses émotions cachées. Elle sera même victime d'harcèlement scolaire.
C'est une oeuvre qui s'étale sur presque 400 pages. C'est long car on va avoir droit à beaucoup de souffrances qui s'expriment autrement que par des mots. Les victimes ont souvent du mal à se faire entendre après une agression. C'est également très difficile de voir son bourreau tous les jours dans le lycée et qu'il fait comme si de rien n'était en étant sûr de sa supériorité. La beauté masculine n'excuse pas tout bien au contraire.
C'est comme un journal intime qu'on lit entre les mains. C'est touchant sur un sujet tabou. Le ton reste toujours juste sans tomber dans le pathologique. Une oeuvre qui mériterait d'être un peu plus connue car utile pour une prise de conscience. Non, c'est non !
Je dois dire que j’ai vraiment aimé le dessin, assez original, et davantage encore la colorisation, qui donne un air étrange aux personnages et teinte certaines scènes d’un halo de mystère. Quelques cases ressemblent dans leur rendu à des photographies retouchées. D’autres ressemblent à certains tableaux contemporains de la période où se situe l’histoire (milieu du XIXème siècle).
Toute la tristesse et la noirceur de l’histoire est en tout cas bien rendue par ce dessin.
L’histoire est globalement assez triste en effet. Suite à la mort de leur grand-mère, deux sœurs de la noblesse britannique se déchirent et se séparent définitivement : l’une d’elle s’en va, laissant sa cadette s’occuper du domaine dont elle a hérité.
C’est cette dernière que nous suivons surtout, dans sa déchéance qui fait de son histoire une sorte de conte noir à la Cendrillon, mais à l’envers, puisque l’héroïne, Clara, passe de lady à souillon.
Le titre – que j’avais trouvé au début énigmatique – révèle tous son sens à la fin de l’album, qu’il encadre finalement assez bien. De la partition/division du départ, à la partition musicale de la fin (que j’ai quand même trouvée un peu brutale).
C’est en tout cas l’aspect graphique qui me fait arrondir aux 4 étoiles. L'histoire elle-même, est finalement très classique et manque d'aspérités.
Note réelle 3,5/5.
Pour mon 5000 ème avis sur ce merveilleux site, j'avais envie de prendre un comics vu que pour mes autres millièmes avis j'avais déjà choisi une série franco-belge, une québécoise et deux mangas. J'ai finalement arrêté mon choix sur un récit mettant en vedette mon super-héros préféré depuis que je suis tout petit à savoir Batman.
Ce one-shot met en avant la relation du chevalier noir et son vieil ennemi le Joker et ça tombe bien le Joker est un de mes méchants préférés de Batman. L'auteur utilise bien la relation entre les deux personnages et le Joker est à son meilleur : manipulateur et sachant comment briser les gens. J'ai trouvé le récit prenant du début jusqu'à la fin.
Le dessin de Sam Kieth est assez spécial et je comprends que certains n'aiment pas. Personnellement, je trouvais que cela avait de la classe et un certain charme, mais au niveau découpage c'est vrai que ce n'est pas toujours facile à suivre. J'ai du relire certaines scènes parce que les transitions et les éclipses ne sont pas toujours évidentes. Malgré ce défaut cela reste un des meilleurs Batman à mes yeux quoique je pense que pour apprécier il faut déjà connaitre son univers. Ce n'est pas un truc pour les lecteurs qui veulent découvrir le personnage qu'ils ont vu uniquement à la télé ou au cinéma.
J'ai beaucoup aimé ce conte qui raconte le récit d'une créature des marais avide de sang et de vengeance. Il faut dire que Layla est très séduisante pour peu qu'on aime les femmes serpents. Fort heureusement, tout ne se concentre pas autour d'elle mais il est question de la gestion d'un royaume. A noter également la présence de rôles secondaires assez intéressants car bien exploités.
Les explications de la vieille sorcière vers la fin ne sont guère convaincantes et sont un peu balancées sans que le contexte ne le justifie vraiment. Pour autant, je pardonne cet écart scénaristique car la fin est plutôt réussie même s'il nous reste quelques interrogations en suspend.
Mika qui n'est pas qu'un célèbre chanteur se produisant dans The Voice se débrouille très bien au dessin. C'est le genre de graphisme que j'apprécie particulièrement car précis et réaliste tout en étant assez dépaysant. Rien à reduire de ce côté là.
Au final, un conte moyenâgeux assez original et plein de passion.
J’ai eu un peu de mal à entrer dans cet album (j’ai lu l’histoire dans l’épais album de l’intégrale). La faute au dessin, dans une sorte d’aquarelle aux tons presque délavés. Mais une fois amadoué, ce dessin s’est avéré beau et je l’ai finalement apprécié.
Quant à l’histoire, elle se laisse lire très agréablement, et aussi relativement rapidement (car de nombreuses cases sont muettes). On suit avec intérêt le héros (ou anti-héros), bonhomme un peu pathétique, balloté par des événements qu’il prétend (généralement à tort) réussir à exploiter à son profit.
L’intrigue se déroule en Russie, durant les Révolutions (et à Istanbul sur la fin), et notre bonhomme est une sorte de parasite, aussi résistant que mauvais. Fuyant (dans tous les sens du terme d’ailleurs), lâche, opportuniste, mais aussi relativement chanceux, arrivant toujours à rebondir, malgré les déboires qui s’abattent sur lui.
Je ne sais pas ce que valait le roman ici adapté (pas plus que Rabaté je ne connais cet homonyme du grand Léon !), et ne sais donc pas ce qu’il en a changé. Et on s’en fout en fait. Car cette « mise en image » est vraiment chouette.
En mêlant des acteurs fictifs aux protagonistes réels de cette triste et symbolique histoire, les auteurs ont réussi à bâtir un album intéressant, dont la lecture est fluide (le dessin efficace de Damien Vidal y étant aussi pour quelque chose).
Ce qui est arrivé aux « LIP », leur combat en effet symbolique d’un changement de société. Si le mouvement par plusieurs aspects peut être rattaché à celui de Mai 1968, il est plutôt annonciateur de la mainmise du capitalisme boursier (ou ultra libéralisme) qui va peu à peu vampiriser nos sociétés (l’avènement des Reagan et autres Thatcher n’en sera qu’un signe visible un peu plus tard).
En effet, la lutte de ces ouvriers pour garder leur travail, pour conserver leur outil de travail -avec une activité tout ce qu’il y a de plus viable économiquement- est devenue symbolique. Et donc c’est justement la force de leur lutte, le côté symbolique de celle-ci qui les a condamnés. En effet, ils devaient perdre pour ne pas donner le mauvais exemple.
La postface rappelle à juste titre que cela s’est reproduit continuellement depuis (Florange ou d’autres sites moins médiatisés), les actionnaires sacrifiant des usines viables, qui ne rapportent pas les 15% annuels, ou alors des industriels achetant des sociétés pour les piller, licenciant ensuite les ouvriers devenus inutiles. Bernard Tapie s’en était fait le spécialiste, mais Bernard Arnaud, aujourd’hui l’un des hommes les plus riches de France, en a fait de même avec les usines textiles du Nord de la France. A chaque fois avec la complicité de dirigeants (quand bien même ceux-ci annonçaient-ils que « la finance est leur ennemi » !). Il n’y a qu’à voir ce que fait l’avocat d’affaires aujourd’hui au pouvoir en France…
Un sujet sensible donc, traité sensiblement, sans pathos, avec une bonne mise en perspective finale : c’est un album à lire et qui doit nourrir les discussions. Comme le conclut le postfacier – ancien dirigeant de LIP, tout le monde doit lutter pour que ce libéralisme prédateur ne nous mène pas à l’enfer.
Cet album montre aussi que les médias – relayant là la doxa des dominants, présente systématiquement ce genre de révolte sous le prisme de la violence (voir les Gilets jaunes actuellement), alors que la casse sociale – à la violence bien plus grande et durable – n’est jamais éclairée par les médias – le Monde diplomatique et quelques rares autres exceptés.
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Catamount
Je ne suis pas un fan absolu des BD avec des cow-boys et des indiens. Mais en plongeant dans la série Catamount et plus particulièrement dans le tome 3, je dois avouer que je suis conquis. Dans la catégorie western, c’est une série à mettre dans votre bibliothèque ! Le dessin de Benjamin Blasco-Martinez est sombre mais c’est pour mieux mettre en avant une violence palpable que nous retrouvons sur presque toutes les pages. Les paysages sont juste admirables. J’ai adoré.
Contes Mécaniques
Le trait léché et travaillé de Loïc Malnati se rapproche davantage de l’illustration que de la bd proprement dite. Chaque case est un chef d’œuvre qui mérite d’être exposé. Etre tatoueur aide manifestement à développer une telle singularité dans le trait. Cet album rassemble deux récits courts « Silence » et « fleur éternelle ». En première lecture, j’avoue avoir eu une préférence nette pour le deuxième qui mélange subtilement peine et espoir, mort et vie avec, comme symbole, une fleur imaginaire. J’ai particulièrement été sensible au traitement tout en finesse et douceur de cette histoire triste. En m’intéressant à cette bd sur le net en vue de l’aviser, je me suis rendu compte que Silence, le premier Conte Mécanique, évoque l'attentat de la promenade des anglais à Nice. Une seconde lecture m’a permis de mieux appréhender les desseins de l’auteur et d’en saisir sa pleine signification. Et je dois dire qu’il réalise un sacré tour de force en abordant un événement aussi tragique de manière aussi poétique. Le message n’est pas en reste en développant un optimisme inébranlable. Bref, voici une bd à part d’un auteur qui l’est tout autant. Un second opus est prévu pour septembre 2019 avec Stephen Desberg au scénario.
La Fille dans l'écran
Clairement, je ne m’attendais pas à autant aimer cet album. Et un grand merci à Gruizzli pour avoir attiré l’attention de Little Miss Giggles dessus, me permettant par ricochet de le découvrir à mon tour. Tout d’abord, la technique du récit à quatre mains est magistralement maîtrisée. Le pari de changer d’auteure à chaque page était pourtant très audacieux mais le rythme narratif n’est jamais perturbé par cette technique. Au contraire, serais-je tenté de dire, il est constamment relancé. A un point tel qu’il m’a été impossible d’interrompre ma lecture avant la dernière page. Ensuite vient le sujet. Cette histoire d’amour qui se dessine lentement, progressivement, sans même que les deux personnages ne s’en rendent compte, nous est racontée avec sensibilité. C’est un récit moderne, jeune et pourtant subtil et mature. Ce contraste entre le modernisme de la forme et la maturité du propos m’a réellement foutu une bonne claque dans la tronche (et dieu que ça fait du bien !) Alors oui, bon, il y a peut-être quelques (rares) raccourcis faciles qui pourraient un peu tempérer mon enthousiasme, un côté « feel good story » parfois un peu trop sucré pour un palais saturé comme le mien… mais je serais hypocrite si je n’avouais pas avoir été profondément touché par cette histoire. C’est une très grosse surprise pour moi, et j’en suis ravi. Lecture hautement recommandée à tout amateur de comédie romantique ! Les autres sont également invité à y jeter un œil attentif, ne fusse que pour la maîtrise technique de cette narration à quatre mains et deux cerveaux.
Gung Ho
Gung Ho est incontestablement une très bonne série ! La surprise d'un premier tome un peu sorti de nulle part a laissé place à la confirmation grâce à quatre tomes prenants et bien balancés. Il n'en reste plus qu'un pour conclure la saga (à l'heure où je remets à jour mon avis) et je me demande un peu comment les auteurs vont faire pour nous offrir une fin digne de ce nom tant les pistes à explorer demeurent nombreuses. Pourtant le scénario est des plus classiques puisque nous nous retrouvons dans un univers post-apocalyptique avec un camp fortifié isolé menacé par des ennemis extérieurs et avec des adolescents en vedettes. Mais la première chose que l’on remarque en feuilletant la série, c’est le dessin de Thomas Von Kummant. Extrêmement travaillé et d’aspect synthétique, il ne m’a pas subjugué au premier coup d’œil. Pourtant, à la lecture, je suis définitivement tombé sous son charme. La colorisation est des plus osées, les cases sont fouillées et si le travail sur bases photographiques est évident, le résultat final est des plus esthétiques et personnels. De plus, malgré ce procédé, le trait reste dynamique et lisible. Ce style permet clairement au lecteur de plonger dans un autre univers, dans quelque chose de différent. Puis vient un scénario bien pensé. Ce qui m’a marqué à ce niveau, c’est le travail par couples. Nous avons deux dirigeants obligés de travailler ensemble mais que tout oppose, deux adolescents en vedette, eux aussi unis de prime abord mais aux comportements finalement fort différents, deux groupes d’adolescents clairement définis, sans oublier la césure qui existe entre les adolescents et enfants d’une part et les adultes d’autre part. Ces multiples duos permettent bien des variations et une grande richesse dans le panel des personnages proposés. Je soulignerais ensuite un suspense bien entretenu. Longtemps on ignore tout de la menace extérieure. Et si l’on sent la tension, on se demande bien sous quelle forme cette menace va nous apparaître. Je vous en laisse la surprise, c’est un des très bons moments du premier tome. Mais, alors que les tomes s'enchaînent, les rivalités s'exacerbent et les personnages gagnent en profondeur, en complexité. Enfin, ce type d’histoire nous donne envie d’en savoir plus à bien des points de vue. Nous avons tout à découvrir et notre curiosité est titillée à de multiples reprises. Du coup, je peux clairement déclarer qu'après quatre tomes, je ne suis pas rassasié. En définitive, cette série se dévore avec grand plaisir. Je vous invite clairement à vous laisser tenter.
Speak
Une oeuvre dans la droite ligne de 13 reason why (pour ceux qui connaissent à la fois le roman et la série sur Netflix). Mélinda n'a jamais réussi à parler de son viol tant l'épreuve a été difficile à vivre. Elle est devenue une sorte de paria au sein de son lycée pour avoir appeler la police lors de cette fête où elle avait trop bu et où l'on a abusé d'elle. Cependant, elle n'est pas aller jusqu'au bout de sa démarche de dénonciation. Du coup, elle va perdre progressivement ses amies et ses parents sont trop éloignés de ses préoccupations. Ses résultats scolaires vont chuter sauf dans une seule matière à savoir les arts plastiques qui laissent s'exprimer ses émotions cachées. Elle sera même victime d'harcèlement scolaire. C'est une oeuvre qui s'étale sur presque 400 pages. C'est long car on va avoir droit à beaucoup de souffrances qui s'expriment autrement que par des mots. Les victimes ont souvent du mal à se faire entendre après une agression. C'est également très difficile de voir son bourreau tous les jours dans le lycée et qu'il fait comme si de rien n'était en étant sûr de sa supériorité. La beauté masculine n'excuse pas tout bien au contraire. C'est comme un journal intime qu'on lit entre les mains. C'est touchant sur un sujet tabou. Le ton reste toujours juste sans tomber dans le pathologique. Une oeuvre qui mériterait d'être un peu plus connue car utile pour une prise de conscience. Non, c'est non !
La Partition de Flintham
Je dois dire que j’ai vraiment aimé le dessin, assez original, et davantage encore la colorisation, qui donne un air étrange aux personnages et teinte certaines scènes d’un halo de mystère. Quelques cases ressemblent dans leur rendu à des photographies retouchées. D’autres ressemblent à certains tableaux contemporains de la période où se situe l’histoire (milieu du XIXème siècle). Toute la tristesse et la noirceur de l’histoire est en tout cas bien rendue par ce dessin. L’histoire est globalement assez triste en effet. Suite à la mort de leur grand-mère, deux sœurs de la noblesse britannique se déchirent et se séparent définitivement : l’une d’elle s’en va, laissant sa cadette s’occuper du domaine dont elle a hérité. C’est cette dernière que nous suivons surtout, dans sa déchéance qui fait de son histoire une sorte de conte noir à la Cendrillon, mais à l’envers, puisque l’héroïne, Clara, passe de lady à souillon. Le titre – que j’avais trouvé au début énigmatique – révèle tous son sens à la fin de l’album, qu’il encadre finalement assez bien. De la partition/division du départ, à la partition musicale de la fin (que j’ai quand même trouvée un peu brutale). C’est en tout cas l’aspect graphique qui me fait arrondir aux 4 étoiles. L'histoire elle-même, est finalement très classique et manque d'aspérités. Note réelle 3,5/5.
Batman - Secrets
Pour mon 5000 ème avis sur ce merveilleux site, j'avais envie de prendre un comics vu que pour mes autres millièmes avis j'avais déjà choisi une série franco-belge, une québécoise et deux mangas. J'ai finalement arrêté mon choix sur un récit mettant en vedette mon super-héros préféré depuis que je suis tout petit à savoir Batman. Ce one-shot met en avant la relation du chevalier noir et son vieil ennemi le Joker et ça tombe bien le Joker est un de mes méchants préférés de Batman. L'auteur utilise bien la relation entre les deux personnages et le Joker est à son meilleur : manipulateur et sachant comment briser les gens. J'ai trouvé le récit prenant du début jusqu'à la fin. Le dessin de Sam Kieth est assez spécial et je comprends que certains n'aiment pas. Personnellement, je trouvais que cela avait de la classe et un certain charme, mais au niveau découpage c'est vrai que ce n'est pas toujours facile à suivre. J'ai du relire certaines scènes parce que les transitions et les éclipses ne sont pas toujours évidentes. Malgré ce défaut cela reste un des meilleurs Batman à mes yeux quoique je pense que pour apprécier il faut déjà connaitre son univers. Ce n'est pas un truc pour les lecteurs qui veulent découvrir le personnage qu'ils ont vu uniquement à la télé ou au cinéma.
Layla - Conte des Marais Ecarlates
J'ai beaucoup aimé ce conte qui raconte le récit d'une créature des marais avide de sang et de vengeance. Il faut dire que Layla est très séduisante pour peu qu'on aime les femmes serpents. Fort heureusement, tout ne se concentre pas autour d'elle mais il est question de la gestion d'un royaume. A noter également la présence de rôles secondaires assez intéressants car bien exploités. Les explications de la vieille sorcière vers la fin ne sont guère convaincantes et sont un peu balancées sans que le contexte ne le justifie vraiment. Pour autant, je pardonne cet écart scénaristique car la fin est plutôt réussie même s'il nous reste quelques interrogations en suspend. Mika qui n'est pas qu'un célèbre chanteur se produisant dans The Voice se débrouille très bien au dessin. C'est le genre de graphisme que j'apprécie particulièrement car précis et réaliste tout en étant assez dépaysant. Rien à reduire de ce côté là. Au final, un conte moyenâgeux assez original et plein de passion.
Ibicus
J’ai eu un peu de mal à entrer dans cet album (j’ai lu l’histoire dans l’épais album de l’intégrale). La faute au dessin, dans une sorte d’aquarelle aux tons presque délavés. Mais une fois amadoué, ce dessin s’est avéré beau et je l’ai finalement apprécié. Quant à l’histoire, elle se laisse lire très agréablement, et aussi relativement rapidement (car de nombreuses cases sont muettes). On suit avec intérêt le héros (ou anti-héros), bonhomme un peu pathétique, balloté par des événements qu’il prétend (généralement à tort) réussir à exploiter à son profit. L’intrigue se déroule en Russie, durant les Révolutions (et à Istanbul sur la fin), et notre bonhomme est une sorte de parasite, aussi résistant que mauvais. Fuyant (dans tous les sens du terme d’ailleurs), lâche, opportuniste, mais aussi relativement chanceux, arrivant toujours à rebondir, malgré les déboires qui s’abattent sur lui. Je ne sais pas ce que valait le roman ici adapté (pas plus que Rabaté je ne connais cet homonyme du grand Léon !), et ne sais donc pas ce qu’il en a changé. Et on s’en fout en fait. Car cette « mise en image » est vraiment chouette.
LIP (des héros ordinaires)
En mêlant des acteurs fictifs aux protagonistes réels de cette triste et symbolique histoire, les auteurs ont réussi à bâtir un album intéressant, dont la lecture est fluide (le dessin efficace de Damien Vidal y étant aussi pour quelque chose). Ce qui est arrivé aux « LIP », leur combat en effet symbolique d’un changement de société. Si le mouvement par plusieurs aspects peut être rattaché à celui de Mai 1968, il est plutôt annonciateur de la mainmise du capitalisme boursier (ou ultra libéralisme) qui va peu à peu vampiriser nos sociétés (l’avènement des Reagan et autres Thatcher n’en sera qu’un signe visible un peu plus tard). En effet, la lutte de ces ouvriers pour garder leur travail, pour conserver leur outil de travail -avec une activité tout ce qu’il y a de plus viable économiquement- est devenue symbolique. Et donc c’est justement la force de leur lutte, le côté symbolique de celle-ci qui les a condamnés. En effet, ils devaient perdre pour ne pas donner le mauvais exemple. La postface rappelle à juste titre que cela s’est reproduit continuellement depuis (Florange ou d’autres sites moins médiatisés), les actionnaires sacrifiant des usines viables, qui ne rapportent pas les 15% annuels, ou alors des industriels achetant des sociétés pour les piller, licenciant ensuite les ouvriers devenus inutiles. Bernard Tapie s’en était fait le spécialiste, mais Bernard Arnaud, aujourd’hui l’un des hommes les plus riches de France, en a fait de même avec les usines textiles du Nord de la France. A chaque fois avec la complicité de dirigeants (quand bien même ceux-ci annonçaient-ils que « la finance est leur ennemi » !). Il n’y a qu’à voir ce que fait l’avocat d’affaires aujourd’hui au pouvoir en France… Un sujet sensible donc, traité sensiblement, sans pathos, avec une bonne mise en perspective finale : c’est un album à lire et qui doit nourrir les discussions. Comme le conclut le postfacier – ancien dirigeant de LIP, tout le monde doit lutter pour que ce libéralisme prédateur ne nous mène pas à l’enfer. Cet album montre aussi que les médias – relayant là la doxa des dominants, présente systématiquement ce genre de révolte sous le prisme de la violence (voir les Gilets jaunes actuellement), alors que la casse sociale – à la violence bien plus grande et durable – n’est jamais éclairée par les médias – le Monde diplomatique et quelques rares autres exceptés.