Les derniers avis (31451 avis)

Couverture de la série Celui-là
Celui-là

Voici un récit très ambitieux sur nos origines préhistoriques et sur nos premières racines qui ont fondé nos premières cultures occidentales, en forme de parcours initiatique. Ce long récit paru dans A suivre à partir de 1988 m'avait déja intéressé à cette époque, mais je l'ai véritablement redécouvert avec des yeux neufs en relisant ces 2 albums qui marquent l'achèvement d'une oeuvre, Auclair n'ayant pu le terminer (décédé en janvier 1990). C'est un récit très contemplatif, traversé par une sorte de souffle épique qui transcende cette migration des peuples primitifs, j'aime quand la Préhistoire est vue sous cet angle, sérieux et documenté, ça change de Rahan, que pourtant j'adore, je suis un fan absolu de Rahan, il a enchanté mes années d'adolescence, mais ici, rien à voir, c'est une réalité historique avec un brin de mystique, et en plus c'est traité avec une grande justesse et littéralement magnifié par le dessin d'Auclair qui retrouve la perfection d'un noir & blanc d'une pureté et d'une beauté incommensurables, à l'instar de Bran Ruz ; j'en viens à me demander si je ne préfère pas quand Auclair dessine en noir & blanc tellement c'est beau. Le côté austère et un peu sec pourrait rendre ce récit ardu, mais les auteurs abordent des thématiques passionnantes, avec une véritable portée à la fois spirituelle, philosophique et anthropologique. De plus, ça prend une dimension émouvante quand on sait que cette Bd fut l'ultime oeuvre d'Auclair, Mézières et Tardi ayant dessiné les 6 dernières planches pour achever le parcours de Celui-là, et la différence de style graphique qui pourrait affaiblir la portée du propos ne m'a pas trop dérangé. Un roman graphique exceptionnel, digne des grands récits de la revue A Suivre.

03/12/2022 (modifier)
Par Solo
Note: 4/5
Couverture de la série Mary Jane
Mary Jane

Décidément, cette maison d'éditions publie de bien beaux ouvrages. Ayant emprunté sans avoir lu les précédents avis, je ne savais pas à quoi m'attendre. J'ai donc eu la chance (si je puis dire) d'être surpris par la fin, et j'espère que certains lecteurs feront la même erreur. Cette histoire est à peine liée à celle de Jack l'Eventreur tellement Mary Jane occupe tout le récit. Malgré tout, il est certain que le destin et la menace se trouvent en couleur de fond sur tout le récit. C'est un récit sombre, où l'on découvre la misère des femmes perdues, dans un Londres de la fin du XIXè siècle. Je ne peux que saluer le dessinateur pour avoir su nous y faire plonger. Quant au scénario, il apparaît simple, les péripéties s'enchaînent, mais les dialogues ont quelque chose de profonds et où, finalement, on a l'impression que ce "bas monde" s'accorde à penser malheureusement la même chose. Il faut se battre pour survivre, chacun à sa manière. C'est un bel hommage pour Mary Jane. L'approche scénaristique m'apparaît comme un croche-patte à la facilité glauque qu'ont les auteurs à fantasmer sur la vie de Jack l'Eventreur plutôt qu'à raconter celle de ses victimes, qui ont elles aussi une histoire, comme tout le monde. La mise en scène des interrogatoires, que l'on retrouvent sur toute l'histoire, est très intéressante et apporte beaucoup de puissance à l'épilogue. Un récit très poignant qui ne laisse pas indifférent

03/12/2022 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Extravagant Mr. Capra
L'Extravagant Mr. Capra

Avec cet album vous allez plonger allégrement et pour votre plus grand plaisir dans le monde du cinéma des années 30. Vous allez être spectateur des débuts du grandissime réalisateur scénariste et producteur Franck Capra et son accession vers la gloire et les oscars avec en parallèle , l’essor de la Colombia. Franck Capra fit acheter à Harry Cohn les droits d’une nouvelle de Samuel Hopkins – Night bus. L’écriture du scénario fut confiée à Robert Riskin. Personne n’est trop chaud pour tourner ce film d’autocar ! Les acteurs déclinent les uns après les autres. Franck s’accroche et croit en son projet. Il va falloir se résoudre à tourner New York-Miami (It Happened One Night) avec une française, Claudette Colbert qui accepte à contre-cœur mais pour un salaire mirobolant et Clark Gable que la Metro-Goldwyn-Mayer a mis sur la touche. Le tournage est très rapide, notamment à cause des exigences de Claudette ! Le tournage est éprouvant. Franck Capra veut en finir au plus vite pour concrétiser d’autres projets. Le film est un très grand succès. Le public adore. Le film est nommé aux Oscars en 1935. Il remporte les cinq principales récompenses : Meilleur Acteur, Meilleure Actrice, Meilleur Scénario, Meilleur Film et Meilleur Réalisateur, record inégalé pendant près de 40 ans ! il faudra attendre en effet 1975 avec « vol au-dessus d’un nid de coucou » pour voir un film récolter les mêmes statuettes ! Accrochez-vous, car c’est un peu rude de rentrer dans l’histoire mais dès que vous êtes vraiment dedans, la lecture devient délicieuse. Le trait est épais mais visuellement c’est éblouissant. Et que dire de la colorisation. On passe du mode sépia à des couleurs délicates. Les auteurs jouent sur les atmosphères hollywoodiennes de l’époque entre la fin du cinéma muet et le début du cinéma parlant. Que c’est bon. Ce plongeon dans le cinéma américain d’une autre époque est étonnant et remarquable. J’ai pris mon pied comme jamais en lisant cet album découvert par hasard. Je recommande vivement.

03/12/2022 (modifier)
Par Patoun
Note: 4/5
Couverture de la série Blankets - Manteau de neige
Blankets - Manteau de neige

J'ai vraiment du mal à accrocher à ces récits qui reposent sur un socle religieux fondamentaliste, qui plus est dans le fin fond du monde . Alors quand on saupoudre le tout d'un adolescent quelque peu perdu et peinant à trouver sa place au sein d'une société américaine (ultra?) conservatrice... je passe ! Sauf que, problème, il s'agit d'une autobiographie. Comment être légitime de juger un contexte censé avoir existé tel que décrit dans l'œuvre ? Je rejoins donc le point de vue de Solo sur les limites de l'autobiographie. Côté dessin, ce n'était pas transcendant (il faut bien l'avouer). Exception faite tout de même de quelques pages où le personnage baigne dans un état de grâce (sensualité, contemplation, introspection...). Ce sont celles qui s'accompagnent généralement d'un décor surréaliste. Il reste néanmoins plaisant et permet de fluidifier la lecture de ce mastodonte. Que reste-t-il alors à ce livre ? Je dirais seulement : chapeau l'artiste pour ce tour de force ! Cette faculté à retranscrire les situations et les émotions liées à ce premier amour (entre autres). C'est là toute la force de cette BD. J'ai été bouleversé par cette idylle dont la beauté réside dans le fait que tout n'est qu'éphémère. Certains se souviendront alors, teintés d'un grain de nostalgie, de ce passé lointain (ou pas)... De plus, j'ai bien apprécié le traitement scénaristique du travail sur soi au travers le chemin de croix qu'effectue l'auteur dans les derniers chapitres. Pour conclure, je pense que cette lecture repose beaucoup trop sur l'affect pour pouvoir qualifier avec un brin d'objectivité ce livre. 3/5, 4/5 ? peu importe. A vous d'essayer ;)

02/12/2022 (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
Couverture de la série L'Étreinte
L'Étreinte

D'un projet avant-gardiste naît une BD des plus réussies. L'idée de départ est "renversante" : au lieu de partir d'un scénario et de construire dessus un crayonné puis des illustrations, le choix fut de fonctionner inversement et de dresser un scénario (par un Jim d'une grande humilité) à partir d'illustrations et de décors (de Bonneau, au style charbonneux très identifiable fort adapté au projet de par la polysémie de son univers). Subtilement, le scénario se construit sur du visuel (une photo, une image mentale, le souvenir, des sculptures) : une histoire de deuil, de reconstruction, d'art, etc. En découle un beau cheminement, lent et étonnamment apaisé.

02/12/2022 (modifier)
Couverture de la série L'Hypnotiseur
L'Hypnotiseur

Voilà un album pas trop connu, qui ne paye pas de mine, mais qui se révèle une agréable surprise. J’ai très rapidement été accroché par le côté graphique, que j’ai vraiment apprécié. Le trait assez caricatural de Saenz Valiente est original et tout à fait à mon goût. Brinquebalant, avec des personnages aux traits et/ou corpulence légèrement hors norme (élancés, grosses lèvres, etc.), et une couleur terne, tristoune, on a là une ambiance qui sent bon la poussière, les vieilles histoires. C’est en fait tout cet aspect a priori « pas attirant » qui m’a attiré ! L’album, sous couvert de suivre le personnage principal, hypnotiseur de son état – et quelques personnages secondaires (comme le type tenant l’hôtel où réside notre héros), est en fait une succession de petites histoires courtes. Les qualités d’hypnotiseur passent en fait rapidement au second plan, tant ces petites histoires, sortes d’enquêtes policières miniatures, embarquent le lecteur dans un univers, une ambiance, qui valent presque plus que les intrigues elles-mêmes. Le rythme un peu bonasse, raccord avec décor et ambiance, avec ce personnage quelque peu nonchalant, participe du charme de cet album. Au cœur de l’album, une histoire d’amour contrarié et une rivalité tenace avec un concurrent (professionnel et amoureux) permet à De Santis de varier un peu les thèmes, tout en gardant l’ambiance générale, franchement plaisante. Note réelle 3,5/5.

02/12/2022 (modifier)
Couverture de la série Un Juste
Un Juste

Cette série nous rappelle le comportement banalement héroïque que peuvent avoir certains dans les temps les plus dangereux et les plus sombres. Il n'est nul besoin de porter un masque et une cape pour engager sa vie afin de protéger celle des autres même si ce sont des inconnus. La famille Cénou qui a pour seule arme son bon sens et son humanité nous le prouve dans un scénario simple et limpide. Le récit ne cherche pas trop l'intensité dramatique puisque l'on connait le dénouement dès le début. Je le lis surtout comme une démonstration des choix à faire rapidement et sans tergiverser sur les possibles conséquences. Choix pour les Cénou père ou fils mais aussi pour les Levy longtemps incrédules devant l'énormité de l'ignominie. Cela se lit facilement même si j'ai eu parfois du mal à me retrouver avec tous les intervenants secondaires. Le graphisme N&B de David Cénou (l'arrière-petit-fils) travaille sur les contrastes fortement amplifiés. Ces ombres et lumières rappellent le jeu mortel du chat et de la souris que se sont livrés les ennemis dans une partie inégale. L'expressivité est surtout corporelle, les visages se devant de rester prudents la plupart du temps. Cela met l'accent sur le côté reportage du récit comme un prolongement au dossier présenté aux autorités juives pour la reconnaissance du titre de Juste. Un ouvrage historique très intéressant qui fait mémoire à tous les gens courageux qui ont agi de façon si humaine et si désintéressée.

02/12/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Portugal
Portugal

Simon Muchat, auteur de bandes dessinées, mène une vie triste. Pas d’énergie, plus d’inspiration, un quotidien chaque jour plus lourd, un couple en panne. Invité au Portugal pour un salon BD, il ressent soudain une émotion qu’il n’espérait plus. Alors qu’il n’était rien venu chercher de particulier, il trouve des couleurs, une langue, une lumière, une chaleur humaine, une vie débordante de vitalité. Bref, il retrouve la trace de ses racines familiales et de son enfance. Dans un tourbillon de traits et de couleurs, Cyril Pedrosa nous emporte. A travers un récit intime, profond et magnifiquement mis en couleurs, on remonte le temps et on aborde l’une des questions fondamentales pour chacun : l’identité, les origines, la famille, les secrets et les silences. Découpé en trois périodes, l’album bien que très épais se lit d’une traite comme un bon film. Magnifique.

02/12/2022 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Swamp Thing Infinite
Swamp Thing Infinite

Le hasard fait souvent bien les choses et il le prouve encore en me mettant sur la route de ce comics. De Swamp Thing, je n'ai lu que le tout début de ses aventures lorsque Bernie Wrightson était au dessin et le run d'Alan Moore. Deux excellents souvenirs. Ce qui change dans ce "Swamp Thing Infinite" : Fini Alec Holland, place à Levi Kamei, jeune Indien, juste revenu d'Inde après le décès de son père. Il travaille pour une multinationale américaine, la Prescot Industries. Et c'est justement après ce retour que Levi se transforme en créature des marais. La "Sève" a son nouvel avatar. Les deux premiers chapitres sont tirés du crossover "Futur State" qui plante le décor pour lancer ce nouveau Swamp Thing Infinite. Ram V est un merveilleux raconteur d'histoires. Un récit mêlant le fantastique et l'horreur pour accompagner ce "conte" écologique et philosophique où la voix off omniprésente de Levi donne un ton mystique au récit. Il développe remarquablement le rapport qui lie désormais Levi et la Sève, cette Sève qui s'attache à ses douleurs et ses regrets à travers ses souvenirs pour mieux lui ouvrir les yeux. Cette Sève aux pouvoirs fabuleux, elle peut le matérialiser où dame nature a besoin de ses services (désert de l'Arizona et surtout la forêt de Kaziranga), mais c'est aussi la mémoire des végétaux et la conscience du monde. Et c'est cela que Prescot Industries manigance de récupérer pour asseoir sa suprématie. C'est surtout un combat d'idées. Pouvons-nous tout miser sur le profit et le progrès ? Mais contre la cupidité, on peut opposer l'espoir et la volonté pour un monde meilleur qui respecterait la nature. Une narration maîtrisée, des personnages secondaires qui tiennent la route et des surprises. Que demander de plus ? Au dessin Mike Perkins est à la manœuvre (John McCrea ne réalise qu'un chapitre) et son coup de crayon dynamique, vif, détaillé est d'une beauté à couper le souffle. Sa mise en page est monstrueuse et immersive. Le choix des couleurs accentue le côté mystérieux. Superbe ! Pas besoin de connaître le passé de Swamp Thing pour apprécier ce comics. Un récit écologique empreint d'optimisme et d'espoir. Chaudement recommandable. Coup de cœur.

28/06/2022 (MAJ le 01/12/2022) (modifier)
Couverture de la série La Forêt du temps
La Forêt du temps

Le Fantasy n'est pas le genre que je lis le plus par contre je suis très intéressé par tout ce qui touche les séries Jeunesse. " La Forêt du temps" est à l'intersection des deux domaines et cible un public assez jeune vers 8/12 ans. IL n'y a donc pas de demoiselle à grosse poitrine et les dialogues font plus intervenir Platon et Aristote que le verlan ou le langage zonnard. Pas de panique, les références aux deux grands philosophes grecs sont succintes et n'alourdissent pas des dialogues vifs et très accessibles aux plus jeunes. C'est avec courage que Tristan Roulot propose une série centrée sur un concept difficile " Le Temps" qui laisserait beaucoup d'élèves de term assez secs devant leurs copies de bac. En effet si la pensée du temps est sensible, elle est beaucoup moins compréhensible. Ce premier tome pose simplement cet antagonisme entre un monde figé, hors temps, et un monde vivant mais périssable avec le temps. Le scénario pour ne pas être trop abscon revient à des standards bien maîtrisés par les enfants: une quête, des monstres, des pouvoirs magiques... Les héros se meuvent dans un univers à connotation moyenâgeuse comme beaucoup de séries Fantasy où l'épée cotoie le rayon laser. Le graphisme est très soigné avec des visages aux grands yeux qui parleront bien au public visé. Je trouve les scènes manquant de mouvement mais là encore on se retrouve dans des gestuelles assez manga qui plairont aux lecteurs de 10 ans. J'aime beaucoup la mise en couleur qui porte très bien les ambiances des différentes séquences: village, forêt ou combats. Un premier tome intéressant sur beaucoup de points et j'attends la suite pour savoir dans quelle direction les auteurs vont nous conduire. 3.5

01/12/2022 (modifier)