Cet album démontre s’il en était besoin que l’on peut faire de la vulgarisation intéressante, intelligente, que l’on peut parler de sujets importants, graves, sans tomber dans le charabia chiant. Si cela n’est pas fait plus souvent, cela relève d’autres choix, forcément discutables.
En tout cas, voilà une lecture qui présente bien les problèmes, leurs causes et leurs effets plus ou moins proches, de façon claire. Sans prendre le lecteur pour un imbécile, on lui donne au contraire les informations qui devraient lui permettre de prendre de meilleures décisions – du moins de faire en sorte que chacun puisse vérifier ce que font ou ne font pas à ce propos ceux qui se disent leurs représentants.
Car il n’y a pas de fatalité ! Tout est affaire de choix, plus ou moins éclairés, mais toujours éclairant. Les rapports du GIEC se succèdent, souvent à peine évoqués dans les journaux au milieu de reportages sur les vacances lointaines, la vie des stars qui se déplacent en jet et le progrès que représentent la 4G, les exploits d’Elon Musk, etc. la lecture de ce genre de documentaire est fortement recommandée pour remettre une certaine hiérarchisation dans l’information. Et pour rappeler l’urgence d’agir, mais vraiment, en oubliant l’autre urgence, celle des profits immédiats (en matière de gros sous en bourse ou de voix aux élections).
Et les auteurs ne se contentent pas d’un constat aux allures d’autopsie, ils montrent assez simplement ce qui pourrait être fait pour non pas inverser les courbes, mais au moins les infléchir fortement.
Si la démonstration est aussi intéressante et d’une lecture fluide et très agréable, elle le doit aussi à Etienne Lécroart, dont le dessin simple et amusant accompagne très bien le propos d’Ivar Ekeland. Si j’admire le travail oubapien de Lécroart, je l’avais déjà vu soutenir efficacement un travail documentaire, dans « Les Riches au tribunal ».
Lecture hautement recommandée donc !
2 tomes qui nous entrainent dans une aventure inédite de l'ami Sherlock accompagné bien sûr de Watson.
La bd est bien menée, les dessins sont bons et l'aventure s'avère même ludique car il faut intervenir sur les pages pour découvrir des indices supplémentaires.
Pas grand chose à ajouter aux autres critiques, c'est un bon divertissement et si les prochaines aventures sont au même niveau, la note pourrait monter d'un point :)
Un sujet universel, intrinsèquement vital et qui devrait concerner tout le monde. Mais aussi un sujet qui peut rapidement virer au débat technique et perdre certains lecteurs. J’ai en tout cas trouvé cet album à la fois intéressant et réussi.
Il balaye en effet très bien et très largement son sujet. Après un rappel historique – rapide mais efficace et nécessaire – des débuts de l’agriculture à l’agro-business actuel, l’auteur présente bien les enjeux, les acteurs. Il montre aussi très bien comment le débat à ce sujet est souvent faussé, les citoyens/électeurs ne recevant pas forcément une information complète et « éclairée » (voir l’action des lobbies, à Paris ou à Bruxelles, voir le renoncement de l’Etat, qui délègue au privé les études d’impact sur lesquelles il va ensuite s’appuyer pour informer et prendre des décisions).
Il montre aussi le combat de ceux qui défendent la biodiversité, qui cherchent à conserver et à utiliser des semences « oubliées » et écartées, car jugées non rentables, et surtout qui ne sont pas contrôlées par les géants de l’agroalimentaire – Monsanto, Bayer, BASF (le premier créateur entre autres de l’agent orange responsable de milliers de victimes en Asie, les deux suivant surgeons d’IG-Farben créateur du Zyklon B, comme quoi…).
Des avocats, des associations défendent donc leur point de vue, comme le réseau Semences paysannes ou l’association Kokopelli.
Il est évident que ce sujet devrait faire l’objet d’une information plus détaillée et efficace auprès des citoyens, et que les cabinets de conseils, lobbys et autres pantouflages devraient être mieux réglementés, pour que le citoyens (je ne parle pas des consommateurs) restent maitres de décisions (ou du moins qu’ils puissent « voter » - si tant est qu’on leur demande leur avis – en toute connaissance de cause – et d’effet !) qui les engagent sur le long terme, et qui ont partie liée avec les dérèglements environnementaux observés depuis pas mal de temps.
Note réelle 3,5/5.
Ceci n'est pas une critique mais juste une remarque.
J'ai relu hier les 3 tomes et clairement ce que je préfère dans cette adaptation c'est la gestion sans faute de la tension qui plane.
Tension vis à vis de l'environnement mais avant tout entre les personnages. Elle est palpable, et quasiment tous les personnages "importants", qu'ils soient sympathiques ou non, vont être mis en danger.
Une excellente adaptation pour l'instant.
Je ne connais pas le roman dont cette œuvre a été tirée, ni son adaptation en film mais la version en médium bd m’a conquis, une belle petite réussite.
Pourtant ça démarrait mal, il m’a fallu quelque temps pour succomber à la partie graphique, un style bien peu engageant de prime abord même si efficace et fluide. Puis petit à petit la magie opère, emporté par les couleurs et surtout le récit et son personnage central. J’ai vraiment pris mon pied avec ces 3 ingrédients.
L’histoire m’a agréablement surpris par son cadre original, si je vous dis USA - 1930, vous me direz Prohibition, malfrats et incorruptibles, ici il n’en est rien. L’action se passe dans une chaîne de montagne proche des Appalaches, dans une exploitation forestière plus précisément, on va y suivre le couple de gérant, l’ambiance est loin d’être urbaine, un mix de western et modernité. J’ai particulièrement apprécié la découverte de ce microcosme, j’ai appris pas mal de chose.
Le récit est très bien construit, une belle montée en puissance sur l’ambition du couple et en particulier de Serena, (anti)héroïne atypique : dure, froide, sans pitié et prête à tout pour arriver à ses fins. Elle est la grande réussite de l’album avec sa chevelure rousse qui tranche avec le décor morne.
Franchement bien.
Je viens de terminer la lecture du sixième tome et j'en ressors plus que satisfait.
Jonas Crow sera le personnage principal de ce western et l'originalité du récit tient dans la profession exercée par Jonas, il est croque mort et a pour animal de compagnie un vautour.
L'originalité tient aussi dans les méchants rencontrés, ils ne sont pas manichéens, ils sont complexes et bien travaillés.
L'originalité tient aussi aux seconds rôles, roles tenus par des femmes de caractère, elles sont chinoise au tempérament de feu, anglaise pas si fragile que ça et chiricahua sur le sentier de la guerre.
L'originalité tient aussi aux intrigues et le ton employé.
Un scénario bien construit et qui ne cesse de s'améliorer, cycle après cycle, ce qui est plutôt rare.
Un croque mort avec du charisme et sachant aussi bien embaumer un corps que manier les armes à feu.
Par bride, le passé de notre héros sera en partie dévoilé par le biais des méchants de service, des anciennes connaissances de Jonas.
Une narration captivante qui ne faiblit pas.
Des dialogues aux petits oignons dont les fameux versets selon "saint" Jonas, savoureux.
Un subtil mélange de légèreté et de noirceur.
Graphiquement, on reste dans le style classique du western, mais, ici, il se situe dans le haut du panier.
Un trait noir, hachuré et expressif auquel s'ajoute des couleurs sombres et vous obtenez un western à l'ambiance trouble.
Une série dont je ne peux que conseiller la lecture.
Hâte de découvrir la suite.
J’ai beaucoup aimé ce roman graphique qui relie l’histoire de la découverte de la tombe de Toutankhamon et celle d’une étudiante italienne en archéologie débarquant à Berlin.
L’excitation et la peur face à l’inconnu, le sentiment de vivre un instant unique, l’incompréhension face à une langue, une culture différente de la nôtre. Et puis cette passion amoureuse qui s’invite sous la forme d’un personnage parfait opposé de l’héroïne. C’est fin, bien mené, touchant, moderne, maîtrisé.
La ville de Berlin joue également un rôle majeur dans ce récit, ville encore marquée par le mur mais en pleine mutation, en pleine évolution, une ville en pleine liberté créatrice alors que le 11 septembre se profile à l’horizon.
Et le visuel est à la hauteur du scénario. Je me méfiais pourtant quelque peu de ce type de dessin, épuré et proche de la peinture, mais à la lecture, il est vraiment agréable, expressif juste ce qu’il faut, épuré mais pas vide, et très bien mis en valeur par une colorisation pastel.
Alors oui, c’est du pur roman graphique, oui le fait de le sortir alors que l’on fête les 100 ans de la découverte du tombeau de Toutankhamon n’est pas un hasard, non ce n’est pas la bd du siècle mais ce récit m’a touché. Alors que dire d’autre sinon que j’ai bien aimé ?
Un excellent album marquant quoique je le mette pas dans mes bandes dessinées cultes.
En effet, je trouve que toute la partie avec l'officier noir et sa famille n'est pas très captivante et comme c'est au début du récit, j'avais peur que tout le récit soit comme ça. Heureusement, cela devient passionnant lorsque Bobby s'évade et globalement c'est captivant à lire, mais je trouve que le récit souffre de quelques longueurs (notamment dans les scènes se passant en Allemagne) vu que Windsor-Smith aime bien prendre son temps pour montrer la psychologie des personnages, même si parfois ça finit par tourner un peu en rond.
C'est un récit très noir car l'auteur n'a aucun tabou et traite de beaucoup de sujets sombres, et certaines scènes sont très violentes, surtout psychologiquement. Comme je le dis le rythme est lent et ce n'est pas un album qu'on peut lire en une journée, à moins d'avoir beaucoup d'heures de temps libre. Le point fort est sans contexte la psychologie des personnages parce que la plupart des personnages sont complexes et très humains, même les pires salauds. Le dessin est bon quoique je le mette pas dans mon panthéon personnel.
Le genre d'album avec des scènes fortes qui restent dans la tête toute la vie....
Un album digne d’intérêt, je me retrouve complètement dans l’avis de Mac Arthur.
Livre emprunté par hasard, ma lecture s’est révélée être une chouette surprise, une belle petite découverte de chez Sarbacane.
Ce qui frappe en premier est le graphisme original de Raúl Ariño, je le découvre ici mais j’ai tout de suite bien accroché, ce sont surtout ses couleurs qui m’ont bien plu et la construction de ses planches, elles occupent bien l’espace. Ça ne plaira pas à tout le monde, mais j’ai trouvé ça fluide et sympa, du bon boulot à mes yeux avec un trait qui possède une patte. La couverture est très élégante et représente bien le style de l’auteur.
Niveau histoire, je l’ai également bien appréciée, j’ai été tout de suite happé par le récit. On y suit Barry, chauffeur de bus, père et mari aimant, rattrapé par son passé sulfureux de bluesman. Un personnage avec ses failles et ses faiblesses, l’auteur en profitant pour développer une thématique autour de la création de l’artiste.
Pas l’album de l’année, la fin m’a un peu déçu mais j’ai passé un très bon moment. Ça mérite le coup d’œil.
3,5
L’histoire de Ricardo Leite ressemble à une suite de rendez-vous manqués et d’opportunités gâchées. Tout d’abord avec Hergé, qu’il faillit rencontrer en 1971 alors qu’il avait 14 ans, mais les circonstances en décidèrent autrement. Ensuite, ce fut quelques années plus tard avec les éditeurs français lors d’un séjour à Paris, que l’auteur brésilien subit une amère déception. Ceux-ci (notamment Métal Hurlant) appréciaient son dessin, mais ses histoires ne rentraient pas dans leur ligne éditoriale. Quelque peu échaudé, celui qui rêvait d’entamer une carrière de bédéiste fit une croix sur ses rêves d’enfant et reporta, avec un certain succès, ses talents sur l’illustration en produisant des centaines de pochettes de disques pour des artistes brésiliens.
Mais c’était sans compter sur le démon de la BD qui revint lui chatouiller le pinceau au détour des années 2010. Le déclic se produit lors d’un séjour à Bruxelles où il put visiter le musée consacré à son maître. « Par delà le temps et l’espace », Hergé lui demande de raconter son histoire. Il n’en fallut pas plus pour motiver Ricardo, mais le projet dura dix ans, soit beaucoup plus que ce qu’il avait prévu. Et quand on voit l’ampleur de l’ouvrage, on comprend qu’il n’aurait pu se faire en un jour…
Rien qu’en feuilletant quelques pages, on est subjugué par le talent graphique déployé et on se demande pourquoi le monde du neuvième art n’a pas su mieux dorloter cet artiste. Dans un style hyper réaliste au noir et blanc très maîtrisé, l’auteur nous offre une œuvre monumentale extrêmement personnelle où il se dévoile sans faux semblants. Mais ce réalisme n’hésite pas à ouvrir les portes d’un onirisme à couper le souffle, avec mille et une références allant du pionnier Winsor Mc Cay (et son Little Nemo) à Moebius en passant par Magritte, le maître belge du surréalisme.
Le propos respire l’urgence, et Ricardo Leite donne ici le sentiment d’avoir voulu rattraper le temps perdu, en allusion au titre proustien. Le livre semble contenir toute la vie et les états d’âme de son auteur. Mélange complexe d’intimité et d’érudition, « A la recherche du tintin perdu » scelle la rencontre entre Ricardo l’enfant et Ricardo l’adulte, ce dernier réalisant que l’horloge tourne de plus en plus vite…Par ses aspects encyclopédiques, nul doute que l’ouvrage ravira les plus historiens d’entre nous. L’auteur y détaille ses premières amours de bédéphile (les « Histórias en quadrinhos » brésiliennes, calquées sur les comics US), sa découverte de la bande dessinée européenne (Astérix, Lucky Luke, etc.) puis l’arrivée d’une production plus adulte (Hugo Pratt, Moebius/Giraud, Liberatore, Art Spiegelman…). Il évoque également la bande dessinée sud-américaine (notamment celle d’Argentine et bien sûr de son Brésil natal, des pays pour lesquels la passion ne date pas d’hier) qui renferme un vivier d’auteurs très actifs. Voyage temporel autant que géographique, l’ouvrage nous emmène, en dehors de la capitale belge, vers la ville italienne de Lucca, qui abrite le plus ancien festival de BD du monde et bien sûr Angoulême, qui achèvera de combler les lecteurs les plus bédéphiles.
Toutefois, on pourra légitimement se demander comment, dans son approche aussi érudite, l’auteur fait totalement l’impasse sur l’autre grand foyer du neuvième art qu’est l’Asie, principalement le Japon. C’est sans doute cet élément qui retire à l’ouvrage son caractère universel, lequel s’avère davantage une œuvre de passionné réalisée avec le cœur, celui d’un fan un brin candide, d’une subjectivité assumée. De même, cet aspect exhaustif impressionnant par sa consistance pourra effrayer les amateurs de lectures plus légères mais ne saura laisser indifférents les connaisseurs. Reste à savoir si cet auteur, après un tel exploit éditorial, a d’autres projets en tête et si ce livre fera office de tremplin. C’est bien sûr tout le « mal » qu’on peut lui souhaiter…
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Urgence climatique
Cet album démontre s’il en était besoin que l’on peut faire de la vulgarisation intéressante, intelligente, que l’on peut parler de sujets importants, graves, sans tomber dans le charabia chiant. Si cela n’est pas fait plus souvent, cela relève d’autres choix, forcément discutables. En tout cas, voilà une lecture qui présente bien les problèmes, leurs causes et leurs effets plus ou moins proches, de façon claire. Sans prendre le lecteur pour un imbécile, on lui donne au contraire les informations qui devraient lui permettre de prendre de meilleures décisions – du moins de faire en sorte que chacun puisse vérifier ce que font ou ne font pas à ce propos ceux qui se disent leurs représentants. Car il n’y a pas de fatalité ! Tout est affaire de choix, plus ou moins éclairés, mais toujours éclairant. Les rapports du GIEC se succèdent, souvent à peine évoqués dans les journaux au milieu de reportages sur les vacances lointaines, la vie des stars qui se déplacent en jet et le progrès que représentent la 4G, les exploits d’Elon Musk, etc. la lecture de ce genre de documentaire est fortement recommandée pour remettre une certaine hiérarchisation dans l’information. Et pour rappeler l’urgence d’agir, mais vraiment, en oubliant l’autre urgence, celle des profits immédiats (en matière de gros sous en bourse ou de voix aux élections). Et les auteurs ne se contentent pas d’un constat aux allures d’autopsie, ils montrent assez simplement ce qui pourrait être fait pour non pas inverser les courbes, mais au moins les infléchir fortement. Si la démonstration est aussi intéressante et d’une lecture fluide et très agréable, elle le doit aussi à Etienne Lécroart, dont le dessin simple et amusant accompagne très bien le propos d’Ivar Ekeland. Si j’admire le travail oubapien de Lécroart, je l’avais déjà vu soutenir efficacement un travail documentaire, dans « Les Riches au tribunal ». Lecture hautement recommandée donc !
Dans la tête de Sherlock Holmes
2 tomes qui nous entrainent dans une aventure inédite de l'ami Sherlock accompagné bien sûr de Watson. La bd est bien menée, les dessins sont bons et l'aventure s'avère même ludique car il faut intervenir sur les pages pour découvrir des indices supplémentaires. Pas grand chose à ajouter aux autres critiques, c'est un bon divertissement et si les prochaines aventures sont au même niveau, la note pourrait monter d'un point :)
Semences sous influences
Un sujet universel, intrinsèquement vital et qui devrait concerner tout le monde. Mais aussi un sujet qui peut rapidement virer au débat technique et perdre certains lecteurs. J’ai en tout cas trouvé cet album à la fois intéressant et réussi. Il balaye en effet très bien et très largement son sujet. Après un rappel historique – rapide mais efficace et nécessaire – des débuts de l’agriculture à l’agro-business actuel, l’auteur présente bien les enjeux, les acteurs. Il montre aussi très bien comment le débat à ce sujet est souvent faussé, les citoyens/électeurs ne recevant pas forcément une information complète et « éclairée » (voir l’action des lobbies, à Paris ou à Bruxelles, voir le renoncement de l’Etat, qui délègue au privé les études d’impact sur lesquelles il va ensuite s’appuyer pour informer et prendre des décisions). Il montre aussi le combat de ceux qui défendent la biodiversité, qui cherchent à conserver et à utiliser des semences « oubliées » et écartées, car jugées non rentables, et surtout qui ne sont pas contrôlées par les géants de l’agroalimentaire – Monsanto, Bayer, BASF (le premier créateur entre autres de l’agent orange responsable de milliers de victimes en Asie, les deux suivant surgeons d’IG-Farben créateur du Zyklon B, comme quoi…). Des avocats, des associations défendent donc leur point de vue, comme le réseau Semences paysannes ou l’association Kokopelli. Il est évident que ce sujet devrait faire l’objet d’une information plus détaillée et efficace auprès des citoyens, et que les cabinets de conseils, lobbys et autres pantouflages devraient être mieux réglementés, pour que le citoyens (je ne parle pas des consommateurs) restent maitres de décisions (ou du moins qu’ils puissent « voter » - si tant est qu’on leur demande leur avis – en toute connaissance de cause – et d’effet !) qui les engagent sur le long terme, et qui ont partie liée avec les dérèglements environnementaux observés depuis pas mal de temps. Note réelle 3,5/5.
La Horde du contrevent
Ceci n'est pas une critique mais juste une remarque. J'ai relu hier les 3 tomes et clairement ce que je préfère dans cette adaptation c'est la gestion sans faute de la tension qui plane. Tension vis à vis de l'environnement mais avant tout entre les personnages. Elle est palpable, et quasiment tous les personnages "importants", qu'ils soient sympathiques ou non, vont être mis en danger. Une excellente adaptation pour l'instant.
Serena
Je ne connais pas le roman dont cette œuvre a été tirée, ni son adaptation en film mais la version en médium bd m’a conquis, une belle petite réussite. Pourtant ça démarrait mal, il m’a fallu quelque temps pour succomber à la partie graphique, un style bien peu engageant de prime abord même si efficace et fluide. Puis petit à petit la magie opère, emporté par les couleurs et surtout le récit et son personnage central. J’ai vraiment pris mon pied avec ces 3 ingrédients. L’histoire m’a agréablement surpris par son cadre original, si je vous dis USA - 1930, vous me direz Prohibition, malfrats et incorruptibles, ici il n’en est rien. L’action se passe dans une chaîne de montagne proche des Appalaches, dans une exploitation forestière plus précisément, on va y suivre le couple de gérant, l’ambiance est loin d’être urbaine, un mix de western et modernité. J’ai particulièrement apprécié la découverte de ce microcosme, j’ai appris pas mal de chose. Le récit est très bien construit, une belle montée en puissance sur l’ambition du couple et en particulier de Serena, (anti)héroïne atypique : dure, froide, sans pitié et prête à tout pour arriver à ses fins. Elle est la grande réussite de l’album avec sa chevelure rousse qui tranche avec le décor morne. Franchement bien.
Undertaker
Je viens de terminer la lecture du sixième tome et j'en ressors plus que satisfait. Jonas Crow sera le personnage principal de ce western et l'originalité du récit tient dans la profession exercée par Jonas, il est croque mort et a pour animal de compagnie un vautour. L'originalité tient aussi dans les méchants rencontrés, ils ne sont pas manichéens, ils sont complexes et bien travaillés. L'originalité tient aussi aux seconds rôles, roles tenus par des femmes de caractère, elles sont chinoise au tempérament de feu, anglaise pas si fragile que ça et chiricahua sur le sentier de la guerre. L'originalité tient aussi aux intrigues et le ton employé. Un scénario bien construit et qui ne cesse de s'améliorer, cycle après cycle, ce qui est plutôt rare. Un croque mort avec du charisme et sachant aussi bien embaumer un corps que manier les armes à feu. Par bride, le passé de notre héros sera en partie dévoilé par le biais des méchants de service, des anciennes connaissances de Jonas. Une narration captivante qui ne faiblit pas. Des dialogues aux petits oignons dont les fameux versets selon "saint" Jonas, savoureux. Un subtil mélange de légèreté et de noirceur. Graphiquement, on reste dans le style classique du western, mais, ici, il se situe dans le haut du panier. Un trait noir, hachuré et expressif auquel s'ajoute des couleurs sombres et vous obtenez un western à l'ambiance trouble. Une série dont je ne peux que conseiller la lecture. Hâte de découvrir la suite.
Hypericon
J’ai beaucoup aimé ce roman graphique qui relie l’histoire de la découverte de la tombe de Toutankhamon et celle d’une étudiante italienne en archéologie débarquant à Berlin. L’excitation et la peur face à l’inconnu, le sentiment de vivre un instant unique, l’incompréhension face à une langue, une culture différente de la nôtre. Et puis cette passion amoureuse qui s’invite sous la forme d’un personnage parfait opposé de l’héroïne. C’est fin, bien mené, touchant, moderne, maîtrisé. La ville de Berlin joue également un rôle majeur dans ce récit, ville encore marquée par le mur mais en pleine mutation, en pleine évolution, une ville en pleine liberté créatrice alors que le 11 septembre se profile à l’horizon. Et le visuel est à la hauteur du scénario. Je me méfiais pourtant quelque peu de ce type de dessin, épuré et proche de la peinture, mais à la lecture, il est vraiment agréable, expressif juste ce qu’il faut, épuré mais pas vide, et très bien mis en valeur par une colorisation pastel. Alors oui, c’est du pur roman graphique, oui le fait de le sortir alors que l’on fête les 100 ans de la découverte du tombeau de Toutankhamon n’est pas un hasard, non ce n’est pas la bd du siècle mais ce récit m’a touché. Alors que dire d’autre sinon que j’ai bien aimé ?
Monstres
Un excellent album marquant quoique je le mette pas dans mes bandes dessinées cultes. En effet, je trouve que toute la partie avec l'officier noir et sa famille n'est pas très captivante et comme c'est au début du récit, j'avais peur que tout le récit soit comme ça. Heureusement, cela devient passionnant lorsque Bobby s'évade et globalement c'est captivant à lire, mais je trouve que le récit souffre de quelques longueurs (notamment dans les scènes se passant en Allemagne) vu que Windsor-Smith aime bien prendre son temps pour montrer la psychologie des personnages, même si parfois ça finit par tourner un peu en rond. C'est un récit très noir car l'auteur n'a aucun tabou et traite de beaucoup de sujets sombres, et certaines scènes sont très violentes, surtout psychologiquement. Comme je le dis le rythme est lent et ce n'est pas un album qu'on peut lire en une journée, à moins d'avoir beaucoup d'heures de temps libre. Le point fort est sans contexte la psychologie des personnages parce que la plupart des personnages sont complexes et très humains, même les pires salauds. Le dessin est bon quoique je le mette pas dans mon panthéon personnel. Le genre d'album avec des scènes fortes qui restent dans la tête toute la vie....
Bluesman (Ariño)
Un album digne d’intérêt, je me retrouve complètement dans l’avis de Mac Arthur. Livre emprunté par hasard, ma lecture s’est révélée être une chouette surprise, une belle petite découverte de chez Sarbacane. Ce qui frappe en premier est le graphisme original de Raúl Ariño, je le découvre ici mais j’ai tout de suite bien accroché, ce sont surtout ses couleurs qui m’ont bien plu et la construction de ses planches, elles occupent bien l’espace. Ça ne plaira pas à tout le monde, mais j’ai trouvé ça fluide et sympa, du bon boulot à mes yeux avec un trait qui possède une patte. La couverture est très élégante et représente bien le style de l’auteur. Niveau histoire, je l’ai également bien appréciée, j’ai été tout de suite happé par le récit. On y suit Barry, chauffeur de bus, père et mari aimant, rattrapé par son passé sulfureux de bluesman. Un personnage avec ses failles et ses faiblesses, l’auteur en profitant pour développer une thématique autour de la création de l’artiste. Pas l’album de l’année, la fin m’a un peu déçu mais j’ai passé un très bon moment. Ça mérite le coup d’œil. 3,5
À la recherche du Tintin perdu
L’histoire de Ricardo Leite ressemble à une suite de rendez-vous manqués et d’opportunités gâchées. Tout d’abord avec Hergé, qu’il faillit rencontrer en 1971 alors qu’il avait 14 ans, mais les circonstances en décidèrent autrement. Ensuite, ce fut quelques années plus tard avec les éditeurs français lors d’un séjour à Paris, que l’auteur brésilien subit une amère déception. Ceux-ci (notamment Métal Hurlant) appréciaient son dessin, mais ses histoires ne rentraient pas dans leur ligne éditoriale. Quelque peu échaudé, celui qui rêvait d’entamer une carrière de bédéiste fit une croix sur ses rêves d’enfant et reporta, avec un certain succès, ses talents sur l’illustration en produisant des centaines de pochettes de disques pour des artistes brésiliens. Mais c’était sans compter sur le démon de la BD qui revint lui chatouiller le pinceau au détour des années 2010. Le déclic se produit lors d’un séjour à Bruxelles où il put visiter le musée consacré à son maître. « Par delà le temps et l’espace », Hergé lui demande de raconter son histoire. Il n’en fallut pas plus pour motiver Ricardo, mais le projet dura dix ans, soit beaucoup plus que ce qu’il avait prévu. Et quand on voit l’ampleur de l’ouvrage, on comprend qu’il n’aurait pu se faire en un jour… Rien qu’en feuilletant quelques pages, on est subjugué par le talent graphique déployé et on se demande pourquoi le monde du neuvième art n’a pas su mieux dorloter cet artiste. Dans un style hyper réaliste au noir et blanc très maîtrisé, l’auteur nous offre une œuvre monumentale extrêmement personnelle où il se dévoile sans faux semblants. Mais ce réalisme n’hésite pas à ouvrir les portes d’un onirisme à couper le souffle, avec mille et une références allant du pionnier Winsor Mc Cay (et son Little Nemo) à Moebius en passant par Magritte, le maître belge du surréalisme. Le propos respire l’urgence, et Ricardo Leite donne ici le sentiment d’avoir voulu rattraper le temps perdu, en allusion au titre proustien. Le livre semble contenir toute la vie et les états d’âme de son auteur. Mélange complexe d’intimité et d’érudition, « A la recherche du tintin perdu » scelle la rencontre entre Ricardo l’enfant et Ricardo l’adulte, ce dernier réalisant que l’horloge tourne de plus en plus vite…Par ses aspects encyclopédiques, nul doute que l’ouvrage ravira les plus historiens d’entre nous. L’auteur y détaille ses premières amours de bédéphile (les « Histórias en quadrinhos » brésiliennes, calquées sur les comics US), sa découverte de la bande dessinée européenne (Astérix, Lucky Luke, etc.) puis l’arrivée d’une production plus adulte (Hugo Pratt, Moebius/Giraud, Liberatore, Art Spiegelman…). Il évoque également la bande dessinée sud-américaine (notamment celle d’Argentine et bien sûr de son Brésil natal, des pays pour lesquels la passion ne date pas d’hier) qui renferme un vivier d’auteurs très actifs. Voyage temporel autant que géographique, l’ouvrage nous emmène, en dehors de la capitale belge, vers la ville italienne de Lucca, qui abrite le plus ancien festival de BD du monde et bien sûr Angoulême, qui achèvera de combler les lecteurs les plus bédéphiles. Toutefois, on pourra légitimement se demander comment, dans son approche aussi érudite, l’auteur fait totalement l’impasse sur l’autre grand foyer du neuvième art qu’est l’Asie, principalement le Japon. C’est sans doute cet élément qui retire à l’ouvrage son caractère universel, lequel s’avère davantage une œuvre de passionné réalisée avec le cœur, celui d’un fan un brin candide, d’une subjectivité assumée. De même, cet aspect exhaustif impressionnant par sa consistance pourra effrayer les amateurs de lectures plus légères mais ne saura laisser indifférents les connaisseurs. Reste à savoir si cet auteur, après un tel exploit éditorial, a d’autres projets en tête et si ce livre fera office de tremplin. C’est bien sûr tout le « mal » qu’on peut lui souhaiter…