L’histoire de Ricardo Leite ressemble à une suite de rendez-vous manqués et d’opportunités gâchées. Tout d’abord avec Hergé, qu’il faillit rencontrer en 1971 alors qu’il avait 14 ans, mais les circonstances en décidèrent autrement. Ensuite, ce fut quelques années plus tard avec les éditeurs français lors d’un séjour à Paris, que l’auteur brésilien subit une amère déception. Ceux-ci (notamment Métal Hurlant) appréciaient son dessin, mais ses histoires ne rentraient pas dans leur ligne éditoriale. Quelque peu échaudé, celui qui rêvait d’entamer une carrière de bédéiste fit une croix sur ses rêves d’enfant et reporta, avec un certain succès, ses talents sur l’illustration en produisant des centaines de pochettes de disques pour des artistes brésiliens.
Mais c’était sans compter sur le démon de la BD qui revint lui chatouiller le pinceau au détour des années 2010. Le déclic se produit lors d’un séjour à Bruxelles où il put visiter le musée consacré à son maître. « Par delà le temps et l’espace », Hergé lui demande de raconter son histoire. Il n’en fallut pas plus pour motiver Ricardo, mais le projet dura dix ans, soit beaucoup plus que ce qu’il avait prévu. Et quand on voit l’ampleur de l’ouvrage, on comprend qu’il n’aurait pu se faire en un jour…
Rien qu’en feuilletant quelques pages, on est subjugué par le talent graphique déployé et on se demande pourquoi le monde du neuvième art n’a pas su mieux dorloter cet artiste. Dans un style hyper réaliste au noir et blanc très maîtrisé, l’auteur nous offre une œuvre monumentale extrêmement personnelle où il se dévoile sans faux semblants. Mais ce réalisme n’hésite pas à ouvrir les portes d’un onirisme à couper le souffle, avec mille et une références allant du pionnier Winsor Mc Cay (et son Little Nemo) à Moebius en passant par Magritte, le maître belge du surréalisme.
Le propos respire l’urgence, et Ricardo Leite donne ici le sentiment d’avoir voulu rattraper le temps perdu, en allusion au titre proustien. Le livre semble contenir toute la vie et les états d’âme de son auteur. Mélange complexe d’intimité et d’érudition, « A la recherche du tintin perdu » scelle la rencontre entre Ricardo l’enfant et Ricardo l’adulte, ce dernier réalisant que l’horloge tourne de plus en plus vite…Par ses aspects encyclopédiques, nul doute que l’ouvrage ravira les plus historiens d’entre nous. L’auteur y détaille ses premières amours de bédéphile (les « Histórias en quadrinhos » brésiliennes, calquées sur les comics US), sa découverte de la bande dessinée européenne (Astérix, Lucky Luke, etc.) puis l’arrivée d’une production plus adulte (Hugo Pratt, Moebius/Giraud, Liberatore, Art Spiegelman…). Il évoque également la bande dessinée sud-américaine (notamment celle d’Argentine et bien sûr de son Brésil natal, des pays pour lesquels la passion ne date pas d’hier) qui renferme un vivier d’auteurs très actifs. Voyage temporel autant que géographique, l’ouvrage nous emmène, en dehors de la capitale belge, vers la ville italienne de Lucca, qui abrite le plus ancien festival de BD du monde et bien sûr Angoulême, qui achèvera de combler les lecteurs les plus bédéphiles.
Toutefois, on pourra légitimement se demander comment, dans son approche aussi érudite, l’auteur fait totalement l’impasse sur l’autre grand foyer du neuvième art qu’est l’Asie, principalement le Japon. C’est sans doute cet élément qui retire à l’ouvrage son caractère universel, lequel s’avère davantage une œuvre de passionné réalisée avec le cœur, celui d’un fan un brin candide, d’une subjectivité assumée. De même, cet aspect exhaustif impressionnant par sa consistance pourra effrayer les amateurs de lectures plus légères mais ne saura laisser indifférents les connaisseurs. Reste à savoir si cet auteur, après un tel exploit éditorial, a d’autres projets en tête et si ce livre fera office de tremplin. C’est bien sûr tout le « mal » qu’on peut lui souhaiter…
Depuis une dizaine d'années et la mise en avant dans les medias français de la problématique des réfugiés, de nombreux éditeurs de bande dessinée se sont emparés du sujet, pour des ouvrages de qualité, soit en reprenant des témoignages, soit en essayant de faire parler des spécialistes de la question.
"Terres d'accueil" se situe dans cette veine, nous proposant l'histoire (vraie ?) de deux familles, l'une venant de Syrie, l'autre de la Guinée. La première fuyant la guerre civile, l'autre une situation sociale totalement dégradé (même leur famille ne veut plus de Djibril, Demba et Hamady)... Des histoires comme on en a lu, entendu des dizaines, et on ne sera pas surpris par les difficultés rencontrées en cours de route, l'attente fébrile pour obtenir des papiers, même provisoires, une fois arrivées en France, et leur soulagement lorsque cela arrive enfin, parfois après des années d'errance, de vols, d'attente... Ici les deux récits sont alternés, chapitre par chapitre, introduits par des articles réalisés par ARRECO, un projet de recherche européen qui associe chercheurs et professionnels de terrain autour d'une réflexion sur l'accueil des réfugiés.
La partie graphique est partagée entre Samuel Figuière, qui a déjà quelques albums derrière lui, et Valette, que je connais moins. Tous les deux font preuve d'une grande efficacité dans des styles proches et assez réalistes. Une grande sobriété dans la mise en scène et la mise en couleurs (souvent en bichromie) rendent l'ensemble agréable à suivre.
Un ouvrage rondement mené, bourré d'informations utiles (et qui cassent pas mal de clichés sur le sujet, comme par exemple en indiquant que le compte des immigrants englobe également les Français ayant vécu plus d'un an hors de l'Hexagone, et qui reviennent...).
D'utilité publique.
Si la bande dessinée a abordé quelquefois — trop rarement sans doute — le thème de la prison en France, rares sont les ouvrages qui l’ont fait dans une telle optique de dénonciation, hormis peut-être celle signée par Tignous en 2015, Murs Murs - La vie plus forte que les barreaux (Glénat). Résultat d’une enquête fouillée, ce documentaire nous montre que la prison dans la patrie des droits de l’Homme est loin d’être une cage dorée comme certains se plaisent à le croire. Les auteurs ont pu pénétrer dans un centre carcéral – dont on ne sait rien pour les raisons que l’on peut comprendre mais on peut aisément imaginer que ce n’est pas une exception — pour y recueillir le témoignage d’un détenu condamné à « perpète ». Son crime : avoir « délivré » son fils qui souffrait atrocement d’une maladie orpheline. Mais cela est un autre sujet…
Cet homme a ainsi consigné les histoires de ses co-détenus, dont certains ont mis fin à leur jour, traduisant les conditions de vie indignes dans ces lieux dont la seule fonction est censée être la privation de liberté. Mais dans les faits, la peine va bien au-delà. La prison en France est gangrenée de mille maux qui ne font que maintenir sous l’eau la tête des détenus : violence, drogue, surpopulation, saleté (avec présence de rats et de cafards dans les cellules), désinvolture des soignants sur place vis-à-vis des malades, suicides à répétition, troubles psychiques… l'enfer silencieux derrière les barreaux...
Sans parler des sous-effectifs du personnel et des conditions de travail difficile, conduisant certains à la dépression… un triste florilège qui donne l’impression, même si on a du mal à le croire, d’avoir affaire à un portrait des prisons turques dans « Midnight Express », un film datant tout de même d’il y a plus de trente ans…
« La prison est une ogresse » qui détruit les âmes et rejette l’amour en ses murs. Loin de remplir sa mission de réinsertion des détenus, elle n’est qu’une spirale infernale, qui « avale tout cru, recrache, et peut ravaler, si ça lui chante. »
Le trait élégant de Sylvain Dorange, accompagné d’Anne Royant, tente d’équilibrer le propos. Plutôt rare dans ce style de documentaire, le graphisme très soigné, bénéficiant d’une mise en couleur subtile, apporte un peu de douceur à une triste réalité. De même, les quelques touches d’onirisme, par ailleurs terrifiantes, visent à transcender l’âpreté d’un quotidien insupportable. Il n’en reste pas moins que le constat est édifiant, et qu’après une telle lecture, on ne pourra plus détourner le regard sur ce qui constitue une tâche de plus sur le buste de Marianne. Au fond, la situation décrite ici ne fait que confirmer l’absence générale de vision du pouvoir politique vis-à-vis des services publics, au même titre que la Santé, l’Education et tout ce qui devrait concourir à améliorer la vie de nos concitoyens.
« Prison », préfacé par Rosanna Lendom, avocate attachée à la défense des droits humains et membre de la Ligue des Droits de l’Homme, qui signe également la postface, est un ouvrage salutaire pour lequel on se doit de féliciter Fabrice Rinaudo, écrivain amateur de polar dont c’est ici la première incursion en bande dessinée, ainsi que ses co-auteurs au dessin.
Quel bel album !
Il me remémore l'époque où je lisais les fascicules Larousse sur les légendes du Far West, à laquelle nombre de pointures avaient participé dans les années 1980 (je crois). Ce qui m'a attiré l'oeil, c'est la couverture, dégageant une énergie et une puissance folles, qui me rappellent un peu le trait de Colin Wilson, le deuxième meilleur dessinateur de la saga Blueberry derrière bien sûr l'immense et immortel Jean Giraud. A l'intérieur le travail de Chris Régnault me semble fortement inspiré par ses deux modèles, dans le style bien sûr, mais aussi dans la mise en scène. Il y a encore un gap pour rejoindre le maître, mais franchement c'est du gros et beau boulot, y compris quand le dessinateur s'attache à nous mettre des visages (surtout celui de Jesse, forcément) en gros plan. C'est de la belle ouvrage au niveau graphique, il n'y a pas à tortiller du cul pour s'en rendre compte. Notre amis Dobbs est au scénario (avec Chris Régnault), et là encore, que du bon. Non content de nous livrer les passages iconiques de la légende JJ, comme certaines attaques ou la scène de sa mort, dont on ne saura jamais si c'était en fait un suicide, tout me semble y être, y compris dans l'après, lorsque sa mère, son frère et son fils perpétuent le culte dont il était l'objet, à des niveaux divers.
Du très bon boulot, complété par un bon dossier écrit par l'historien Farid Ameur, qui se permet pour l'occasion de tordre le cou à quelques clichés de la légende. Aveuglé par l'esprit de vengeance, sujet à des sautes d'humeur probablement dues à la prise d'opiacées, quasiment drogué par l'appel du sang, on est loin du Robin des Bois américain, poli, etc. (même si durant ses périodes de retrait il a apparemment fait montre d'un esprit serviable envers ses voisins) que l'imagerie populaire collective vend depuis un siècle et demi...
Bref, un très bon one-shot, qui dépoussière un peu le mythe. Je recommande chaleureusement.
Une note un peu généreuse mais j'ai bien aimé la lecture rapide de ce conte africain pour enfants. Si on retrouve des similitudes avec la chèvre d'Alphonse Daudet, je pense que la morale est bien différente.
En effet ici la liberté est déjà acquise, le sacrifice est autre car il va servir la communauté pour des générations. La mise en scène de Yann Dégruel permet aux enfants de se retrouver immédiatement dans l'univers du conte à travers le récit du grand-père.
Le graphisme est fin et précis avec beaucoup d'expressivité des enfants acteurs ou auditeurs. Seule la mise en couleur est un peu triste à mon goût avec cette utilisation quasi unique de ce ton marron-ocre.
Une bonne lecture à partager avec ses enfants.
« Poulet aux prunes » est une histoire bouleversante qui se passe en Iran, dans les années 50. Nasser Ali Khan avait un Tar qui n’était pas son seulement son instrument de musique préféré et sa passion, c’était aussi le sens de sa vie. La perte de son Tar le plonge dans une profonde dépression dont il ne peut sortir. Il choisit alors d’attendre la mort. Les jours s’égrènent lentement avant l’issue fatale. Nasser Ali Khan revient sur des moments qui ont marqué sa vie : des rencontres, des souvenirs, des saveurs… Peu à peu, on découvre qui est vraiment cet homme. A travers ses pensées, Marjane Satrapi aborde les grands thèmes de l’existence : le temps qui passe, le sens de la vie, les enfants, et bien sûr : la mort. Le dessin en noir et blanc est puissant et donne une belle profondeur au scénario.
Chaque héros à son identité secrète, et celle de Robin des Bois c'est qu'il est aussi le Shérif de Nottingham...
Mais quel pitch !! J'aime beaucoup l'univers et le personnage de Robin des Bois, du coup quand une série propose cette drôle d'idée géniale, forcement je me laisse tenter.
Graphiquement c'est très beau, à commencer par les couvertures qui en jettent toutes plus les unes que les autres. A l'intérieur c'est surtout au niveau des décors que j'ai été séduit. Ces petites vues de villages médiévaux, ces paysages forestiers, tout cela est très réussi. Les personnages sont pas mal également, même si il faut parfois être bien attentif pour discerner avec justesse qui est tel ou tel personnage en capuche.
Petit bémol par contre sur certains découpages. Des successions de petites cases horizontales, pour donner un effet cinématographique. Dynamique certes, mais malheureusement pas toujours lisible. J'aurais parfois préféré une seule grande case permettant de savoir qui tenait cette épée ou qui se trouvait sur le cheval, plutôt qu'une succession de détails qui apportent de l'ambiguïté dans la compréhension globale.
Coté scénario, comme dit en intro, l'idée de départ est originale et excellente. L'intrigue principale n'avance au final pas tellement vite. En toile de fond, les liens entre les personnages se tissent, mais pas très vite. A coté on a droit à une embuscade par ci, un complot par là. Ça fonctionne mais on en attend peut être un peu plus. Le début manque sans doute un peu de rythme. Je comprends aisément que la plupart des gens aient avisé simplement en "pas mal". J'ai failli faire pareil, mais je trouve que le récit monte en puissance au fil des albums.
En effet, les tomes suivants rectifient le tir, et l'aventure s'intensifie. Le shérif est en train de constituer son clan tomes après tomes, reprenant les compagnons traditionnels de Robin de manière revisitée. J'aime l'esprit, j'aime l'originalité et ça fonctionne pas mal en fin de compte.
J'ai emprunté les albums des "Souvenirs de Mamette" sans connaître la série mère. J'ai tout de suite été pris par ma lecture dès les premières pages.
J'ai même été agréablement surpris que ce soit proposé à un public de pré-ados 10/13.
Cette petite fille impertinente qui subit "l'abandon" de ses parents dans un milieu hostile possède un charme qui ne s'épuise pas au fil des albums.
Nous sommes très loin d'un récit guimauve avec une ambiance bucolique et pleine d'ambiances merveilleuses. Nob nous plonge dans une dure réalité du monde paysan, dur au mal et taiseux.
Malgré tout, Mamette garde le sourire et une volonté d'être libre de ses choix. Dans cette France des années 35, elle arrive à nous attendrir de cette réalité qui n'existe plus. Un passé enrobé de nostalgie que peu d'entre nous aimeraient vivre.
Je découvre le graphisme de Nob que je trouve excellent. Les personnages sont très expressifs et drôles, les paysages vraiment bien travaillés et avec une multitude de détails pittoresques.
La mise en couleur qui accompagne les saisons et les heures de la journée est une vraie réussite. Les lumières proposent des ambiances nocturnes ou de veillées exquises.
Un spin off qui me donne l'envie de me plonger dans la série mère et au delà dans les productions de Nob.
Il n'y a que du très bon dans cette série. A commencer par l'ambiance qui règne dans cette petite ville de Saint Elme, bien mise en image par le dessin de Frederik Peeters. Le parti pris graphique est interessant, même si de prime abord il peut paraitre un peu difficile d'accès. L'encrage est épais, la colorisation est foncée et la palette de couleur punchie est assez osée, mais l'ensemble est harmonieux. Ce mélange offre une atmosphère très particulière dans laquelle j'ai plongé avec plaisir.
Pour faire une bonne BD, un graphisme original de suffit pas. Et c'est parfait puisqu'ici le scénario n'est pas en reste. L'histoire est tout ce qui me plait. Une intrigue qui lorgne vers le récit policier, un détective, une enquête, des personnages louches, des petits trafics, des plus grosses magouilles, des personnage secondaires qui prennent de l'ampleur... Le puzzle qui se met en place est très prenant. La construction du scénario est bien équilibré et ultra efficace, alternant les réponses aux interrogations soulevées précédemment, et les nouveaux mystères. C'est bien raconté, bien construit, bref ça se lit tout seul.
J'ai pris un réel plaisir à lire ces 3 tomes et d'ailleurs, je n'ai qu'une envie : lire la suite.
On ne peut qu'être vraiment bouleversé par le destin tragique de Samia.
Le récit documentaire de Reinhard Kleist nous met au coeur du drame que vivent des milliers de migrants fuyant des conditions de vie intolérables dans leur pays.
La demi notoriété de Samia dans le monde de l'athlétisme a focalisé l'attention des occidentaux sur son cas. Le scénario est linéaire d'un itinéraire qui est bien connu maintenant.
La description de Kleist est uniquement reconstituée sans le témoignage de la pauvre Samia. C'est un peu là une petite faiblesse du récit. Les vraies motivations, difficultés et interrogations de Samia sont vues via le filtre de Kleist.
Je trouve que cela rend le récit un peu soft et impersonnel. On sait que le voyage de femmes seules est beaucoup plus difficile que ce qui est montré dans le livre. De plus Samia ne peut pas être aussi naïve pour croire que quelques mois d'entraînement lui suffiront à avoir le niveau pour les JO.
Malgré ces petites remarques le récit reste captivant.
Le graphisme en N&B correspond bien à ce type de récit documentaire. Je le trouve du même niveau que celui de Nicolas Wild très dynamique et expressif. Il n'y a pas de fioriture et c'est l'ambiance dramatique du voyage qui est mis en avant.
Il n'y a jamais d'humour dans le récit de Samia (contrairement aux récits de Wild), la relâche de la tension venant plutôt des épisodes de solidarité entre les migrants. Une vision peut être un peu angélique dans laquelle les seuls méchants sont extérieurs aux migrants.
Cela reste une bonne lecture sur un sujet sensible qui est toujours d'actualité. 3.5
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À la recherche du Tintin perdu
L’histoire de Ricardo Leite ressemble à une suite de rendez-vous manqués et d’opportunités gâchées. Tout d’abord avec Hergé, qu’il faillit rencontrer en 1971 alors qu’il avait 14 ans, mais les circonstances en décidèrent autrement. Ensuite, ce fut quelques années plus tard avec les éditeurs français lors d’un séjour à Paris, que l’auteur brésilien subit une amère déception. Ceux-ci (notamment Métal Hurlant) appréciaient son dessin, mais ses histoires ne rentraient pas dans leur ligne éditoriale. Quelque peu échaudé, celui qui rêvait d’entamer une carrière de bédéiste fit une croix sur ses rêves d’enfant et reporta, avec un certain succès, ses talents sur l’illustration en produisant des centaines de pochettes de disques pour des artistes brésiliens. Mais c’était sans compter sur le démon de la BD qui revint lui chatouiller le pinceau au détour des années 2010. Le déclic se produit lors d’un séjour à Bruxelles où il put visiter le musée consacré à son maître. « Par delà le temps et l’espace », Hergé lui demande de raconter son histoire. Il n’en fallut pas plus pour motiver Ricardo, mais le projet dura dix ans, soit beaucoup plus que ce qu’il avait prévu. Et quand on voit l’ampleur de l’ouvrage, on comprend qu’il n’aurait pu se faire en un jour… Rien qu’en feuilletant quelques pages, on est subjugué par le talent graphique déployé et on se demande pourquoi le monde du neuvième art n’a pas su mieux dorloter cet artiste. Dans un style hyper réaliste au noir et blanc très maîtrisé, l’auteur nous offre une œuvre monumentale extrêmement personnelle où il se dévoile sans faux semblants. Mais ce réalisme n’hésite pas à ouvrir les portes d’un onirisme à couper le souffle, avec mille et une références allant du pionnier Winsor Mc Cay (et son Little Nemo) à Moebius en passant par Magritte, le maître belge du surréalisme. Le propos respire l’urgence, et Ricardo Leite donne ici le sentiment d’avoir voulu rattraper le temps perdu, en allusion au titre proustien. Le livre semble contenir toute la vie et les états d’âme de son auteur. Mélange complexe d’intimité et d’érudition, « A la recherche du tintin perdu » scelle la rencontre entre Ricardo l’enfant et Ricardo l’adulte, ce dernier réalisant que l’horloge tourne de plus en plus vite…Par ses aspects encyclopédiques, nul doute que l’ouvrage ravira les plus historiens d’entre nous. L’auteur y détaille ses premières amours de bédéphile (les « Histórias en quadrinhos » brésiliennes, calquées sur les comics US), sa découverte de la bande dessinée européenne (Astérix, Lucky Luke, etc.) puis l’arrivée d’une production plus adulte (Hugo Pratt, Moebius/Giraud, Liberatore, Art Spiegelman…). Il évoque également la bande dessinée sud-américaine (notamment celle d’Argentine et bien sûr de son Brésil natal, des pays pour lesquels la passion ne date pas d’hier) qui renferme un vivier d’auteurs très actifs. Voyage temporel autant que géographique, l’ouvrage nous emmène, en dehors de la capitale belge, vers la ville italienne de Lucca, qui abrite le plus ancien festival de BD du monde et bien sûr Angoulême, qui achèvera de combler les lecteurs les plus bédéphiles. Toutefois, on pourra légitimement se demander comment, dans son approche aussi érudite, l’auteur fait totalement l’impasse sur l’autre grand foyer du neuvième art qu’est l’Asie, principalement le Japon. C’est sans doute cet élément qui retire à l’ouvrage son caractère universel, lequel s’avère davantage une œuvre de passionné réalisée avec le cœur, celui d’un fan un brin candide, d’une subjectivité assumée. De même, cet aspect exhaustif impressionnant par sa consistance pourra effrayer les amateurs de lectures plus légères mais ne saura laisser indifférents les connaisseurs. Reste à savoir si cet auteur, après un tel exploit éditorial, a d’autres projets en tête et si ce livre fera office de tremplin. C’est bien sûr tout le « mal » qu’on peut lui souhaiter…
Terres d'accueil
Depuis une dizaine d'années et la mise en avant dans les medias français de la problématique des réfugiés, de nombreux éditeurs de bande dessinée se sont emparés du sujet, pour des ouvrages de qualité, soit en reprenant des témoignages, soit en essayant de faire parler des spécialistes de la question. "Terres d'accueil" se situe dans cette veine, nous proposant l'histoire (vraie ?) de deux familles, l'une venant de Syrie, l'autre de la Guinée. La première fuyant la guerre civile, l'autre une situation sociale totalement dégradé (même leur famille ne veut plus de Djibril, Demba et Hamady)... Des histoires comme on en a lu, entendu des dizaines, et on ne sera pas surpris par les difficultés rencontrées en cours de route, l'attente fébrile pour obtenir des papiers, même provisoires, une fois arrivées en France, et leur soulagement lorsque cela arrive enfin, parfois après des années d'errance, de vols, d'attente... Ici les deux récits sont alternés, chapitre par chapitre, introduits par des articles réalisés par ARRECO, un projet de recherche européen qui associe chercheurs et professionnels de terrain autour d'une réflexion sur l'accueil des réfugiés. La partie graphique est partagée entre Samuel Figuière, qui a déjà quelques albums derrière lui, et Valette, que je connais moins. Tous les deux font preuve d'une grande efficacité dans des styles proches et assez réalistes. Une grande sobriété dans la mise en scène et la mise en couleurs (souvent en bichromie) rendent l'ensemble agréable à suivre. Un ouvrage rondement mené, bourré d'informations utiles (et qui cassent pas mal de clichés sur le sujet, comme par exemple en indiquant que le compte des immigrants englobe également les Français ayant vécu plus d'un an hors de l'Hexagone, et qui reviennent...). D'utilité publique.
Prison
Si la bande dessinée a abordé quelquefois — trop rarement sans doute — le thème de la prison en France, rares sont les ouvrages qui l’ont fait dans une telle optique de dénonciation, hormis peut-être celle signée par Tignous en 2015, Murs Murs - La vie plus forte que les barreaux (Glénat). Résultat d’une enquête fouillée, ce documentaire nous montre que la prison dans la patrie des droits de l’Homme est loin d’être une cage dorée comme certains se plaisent à le croire. Les auteurs ont pu pénétrer dans un centre carcéral – dont on ne sait rien pour les raisons que l’on peut comprendre mais on peut aisément imaginer que ce n’est pas une exception — pour y recueillir le témoignage d’un détenu condamné à « perpète ». Son crime : avoir « délivré » son fils qui souffrait atrocement d’une maladie orpheline. Mais cela est un autre sujet… Cet homme a ainsi consigné les histoires de ses co-détenus, dont certains ont mis fin à leur jour, traduisant les conditions de vie indignes dans ces lieux dont la seule fonction est censée être la privation de liberté. Mais dans les faits, la peine va bien au-delà. La prison en France est gangrenée de mille maux qui ne font que maintenir sous l’eau la tête des détenus : violence, drogue, surpopulation, saleté (avec présence de rats et de cafards dans les cellules), désinvolture des soignants sur place vis-à-vis des malades, suicides à répétition, troubles psychiques… l'enfer silencieux derrière les barreaux... Sans parler des sous-effectifs du personnel et des conditions de travail difficile, conduisant certains à la dépression… un triste florilège qui donne l’impression, même si on a du mal à le croire, d’avoir affaire à un portrait des prisons turques dans « Midnight Express », un film datant tout de même d’il y a plus de trente ans… « La prison est une ogresse » qui détruit les âmes et rejette l’amour en ses murs. Loin de remplir sa mission de réinsertion des détenus, elle n’est qu’une spirale infernale, qui « avale tout cru, recrache, et peut ravaler, si ça lui chante. » Le trait élégant de Sylvain Dorange, accompagné d’Anne Royant, tente d’équilibrer le propos. Plutôt rare dans ce style de documentaire, le graphisme très soigné, bénéficiant d’une mise en couleur subtile, apporte un peu de douceur à une triste réalité. De même, les quelques touches d’onirisme, par ailleurs terrifiantes, visent à transcender l’âpreté d’un quotidien insupportable. Il n’en reste pas moins que le constat est édifiant, et qu’après une telle lecture, on ne pourra plus détourner le regard sur ce qui constitue une tâche de plus sur le buste de Marianne. Au fond, la situation décrite ici ne fait que confirmer l’absence générale de vision du pouvoir politique vis-à-vis des services publics, au même titre que la Santé, l’Education et tout ce qui devrait concourir à améliorer la vie de nos concitoyens. « Prison », préfacé par Rosanna Lendom, avocate attachée à la défense des droits humains et membre de la Ligue des Droits de l’Homme, qui signe également la postface, est un ouvrage salutaire pour lequel on se doit de féliciter Fabrice Rinaudo, écrivain amateur de polar dont c’est ici la première incursion en bande dessinée, ainsi que ses co-auteurs au dessin.
Jesse James
Quel bel album ! Il me remémore l'époque où je lisais les fascicules Larousse sur les légendes du Far West, à laquelle nombre de pointures avaient participé dans les années 1980 (je crois). Ce qui m'a attiré l'oeil, c'est la couverture, dégageant une énergie et une puissance folles, qui me rappellent un peu le trait de Colin Wilson, le deuxième meilleur dessinateur de la saga Blueberry derrière bien sûr l'immense et immortel Jean Giraud. A l'intérieur le travail de Chris Régnault me semble fortement inspiré par ses deux modèles, dans le style bien sûr, mais aussi dans la mise en scène. Il y a encore un gap pour rejoindre le maître, mais franchement c'est du gros et beau boulot, y compris quand le dessinateur s'attache à nous mettre des visages (surtout celui de Jesse, forcément) en gros plan. C'est de la belle ouvrage au niveau graphique, il n'y a pas à tortiller du cul pour s'en rendre compte. Notre amis Dobbs est au scénario (avec Chris Régnault), et là encore, que du bon. Non content de nous livrer les passages iconiques de la légende JJ, comme certaines attaques ou la scène de sa mort, dont on ne saura jamais si c'était en fait un suicide, tout me semble y être, y compris dans l'après, lorsque sa mère, son frère et son fils perpétuent le culte dont il était l'objet, à des niveaux divers. Du très bon boulot, complété par un bon dossier écrit par l'historien Farid Ameur, qui se permet pour l'occasion de tordre le cou à quelques clichés de la légende. Aveuglé par l'esprit de vengeance, sujet à des sautes d'humeur probablement dues à la prise d'opiacées, quasiment drogué par l'appel du sang, on est loin du Robin des Bois américain, poli, etc. (même si durant ses périodes de retrait il a apparemment fait montre d'un esprit serviable envers ses voisins) que l'imagerie populaire collective vend depuis un siècle et demi... Bref, un très bon one-shot, qui dépoussière un peu le mythe. Je recommande chaleureusement.
Saba et la plante magique
Une note un peu généreuse mais j'ai bien aimé la lecture rapide de ce conte africain pour enfants. Si on retrouve des similitudes avec la chèvre d'Alphonse Daudet, je pense que la morale est bien différente. En effet ici la liberté est déjà acquise, le sacrifice est autre car il va servir la communauté pour des générations. La mise en scène de Yann Dégruel permet aux enfants de se retrouver immédiatement dans l'univers du conte à travers le récit du grand-père. Le graphisme est fin et précis avec beaucoup d'expressivité des enfants acteurs ou auditeurs. Seule la mise en couleur est un peu triste à mon goût avec cette utilisation quasi unique de ce ton marron-ocre. Une bonne lecture à partager avec ses enfants.
Poulet aux Prunes
« Poulet aux prunes » est une histoire bouleversante qui se passe en Iran, dans les années 50. Nasser Ali Khan avait un Tar qui n’était pas son seulement son instrument de musique préféré et sa passion, c’était aussi le sens de sa vie. La perte de son Tar le plonge dans une profonde dépression dont il ne peut sortir. Il choisit alors d’attendre la mort. Les jours s’égrènent lentement avant l’issue fatale. Nasser Ali Khan revient sur des moments qui ont marqué sa vie : des rencontres, des souvenirs, des saveurs… Peu à peu, on découvre qui est vraiment cet homme. A travers ses pensées, Marjane Satrapi aborde les grands thèmes de l’existence : le temps qui passe, le sens de la vie, les enfants, et bien sûr : la mort. Le dessin en noir et blanc est puissant et donne une belle profondeur au scénario.
Nottingham
Chaque héros à son identité secrète, et celle de Robin des Bois c'est qu'il est aussi le Shérif de Nottingham... Mais quel pitch !! J'aime beaucoup l'univers et le personnage de Robin des Bois, du coup quand une série propose cette drôle d'idée géniale, forcement je me laisse tenter. Graphiquement c'est très beau, à commencer par les couvertures qui en jettent toutes plus les unes que les autres. A l'intérieur c'est surtout au niveau des décors que j'ai été séduit. Ces petites vues de villages médiévaux, ces paysages forestiers, tout cela est très réussi. Les personnages sont pas mal également, même si il faut parfois être bien attentif pour discerner avec justesse qui est tel ou tel personnage en capuche. Petit bémol par contre sur certains découpages. Des successions de petites cases horizontales, pour donner un effet cinématographique. Dynamique certes, mais malheureusement pas toujours lisible. J'aurais parfois préféré une seule grande case permettant de savoir qui tenait cette épée ou qui se trouvait sur le cheval, plutôt qu'une succession de détails qui apportent de l'ambiguïté dans la compréhension globale. Coté scénario, comme dit en intro, l'idée de départ est originale et excellente. L'intrigue principale n'avance au final pas tellement vite. En toile de fond, les liens entre les personnages se tissent, mais pas très vite. A coté on a droit à une embuscade par ci, un complot par là. Ça fonctionne mais on en attend peut être un peu plus. Le début manque sans doute un peu de rythme. Je comprends aisément que la plupart des gens aient avisé simplement en "pas mal". J'ai failli faire pareil, mais je trouve que le récit monte en puissance au fil des albums. En effet, les tomes suivants rectifient le tir, et l'aventure s'intensifie. Le shérif est en train de constituer son clan tomes après tomes, reprenant les compagnons traditionnels de Robin de manière revisitée. J'aime l'esprit, j'aime l'originalité et ça fonctionne pas mal en fin de compte.
Les Souvenirs de Mamette
J'ai emprunté les albums des "Souvenirs de Mamette" sans connaître la série mère. J'ai tout de suite été pris par ma lecture dès les premières pages. J'ai même été agréablement surpris que ce soit proposé à un public de pré-ados 10/13. Cette petite fille impertinente qui subit "l'abandon" de ses parents dans un milieu hostile possède un charme qui ne s'épuise pas au fil des albums. Nous sommes très loin d'un récit guimauve avec une ambiance bucolique et pleine d'ambiances merveilleuses. Nob nous plonge dans une dure réalité du monde paysan, dur au mal et taiseux. Malgré tout, Mamette garde le sourire et une volonté d'être libre de ses choix. Dans cette France des années 35, elle arrive à nous attendrir de cette réalité qui n'existe plus. Un passé enrobé de nostalgie que peu d'entre nous aimeraient vivre. Je découvre le graphisme de Nob que je trouve excellent. Les personnages sont très expressifs et drôles, les paysages vraiment bien travaillés et avec une multitude de détails pittoresques. La mise en couleur qui accompagne les saisons et les heures de la journée est une vraie réussite. Les lumières proposent des ambiances nocturnes ou de veillées exquises. Un spin off qui me donne l'envie de me plonger dans la série mère et au delà dans les productions de Nob.
Saint-Elme
Il n'y a que du très bon dans cette série. A commencer par l'ambiance qui règne dans cette petite ville de Saint Elme, bien mise en image par le dessin de Frederik Peeters. Le parti pris graphique est interessant, même si de prime abord il peut paraitre un peu difficile d'accès. L'encrage est épais, la colorisation est foncée et la palette de couleur punchie est assez osée, mais l'ensemble est harmonieux. Ce mélange offre une atmosphère très particulière dans laquelle j'ai plongé avec plaisir. Pour faire une bonne BD, un graphisme original de suffit pas. Et c'est parfait puisqu'ici le scénario n'est pas en reste. L'histoire est tout ce qui me plait. Une intrigue qui lorgne vers le récit policier, un détective, une enquête, des personnages louches, des petits trafics, des plus grosses magouilles, des personnage secondaires qui prennent de l'ampleur... Le puzzle qui se met en place est très prenant. La construction du scénario est bien équilibré et ultra efficace, alternant les réponses aux interrogations soulevées précédemment, et les nouveaux mystères. C'est bien raconté, bien construit, bref ça se lit tout seul. J'ai pris un réel plaisir à lire ces 3 tomes et d'ailleurs, je n'ai qu'une envie : lire la suite.
Rêve d'Olympe
On ne peut qu'être vraiment bouleversé par le destin tragique de Samia. Le récit documentaire de Reinhard Kleist nous met au coeur du drame que vivent des milliers de migrants fuyant des conditions de vie intolérables dans leur pays. La demi notoriété de Samia dans le monde de l'athlétisme a focalisé l'attention des occidentaux sur son cas. Le scénario est linéaire d'un itinéraire qui est bien connu maintenant. La description de Kleist est uniquement reconstituée sans le témoignage de la pauvre Samia. C'est un peu là une petite faiblesse du récit. Les vraies motivations, difficultés et interrogations de Samia sont vues via le filtre de Kleist. Je trouve que cela rend le récit un peu soft et impersonnel. On sait que le voyage de femmes seules est beaucoup plus difficile que ce qui est montré dans le livre. De plus Samia ne peut pas être aussi naïve pour croire que quelques mois d'entraînement lui suffiront à avoir le niveau pour les JO. Malgré ces petites remarques le récit reste captivant. Le graphisme en N&B correspond bien à ce type de récit documentaire. Je le trouve du même niveau que celui de Nicolas Wild très dynamique et expressif. Il n'y a pas de fioriture et c'est l'ambiance dramatique du voyage qui est mis en avant. Il n'y a jamais d'humour dans le récit de Samia (contrairement aux récits de Wild), la relâche de la tension venant plutôt des épisodes de solidarité entre les migrants. Une vision peut être un peu angélique dans laquelle les seuls méchants sont extérieurs aux migrants. Cela reste une bonne lecture sur un sujet sensible qui est toujours d'actualité. 3.5