Parue sûrement à dessein le mois anniversaire de la découverte de la tombe de Toutankhamon il y a déjà 100 ans, ce nouvel album de Manuele Fior coche toutes les cases d'une bande dessinée réussie.
Ne sachant rien de son sujet avant de commencer, j'ai eu la surprise de lire une histoire entremêlant deux époques, celle des années 1920 au coeur de la vallée des Rois dans les pas d'Howard Carter, et une plus contemporaine qui démarre peu après la chute du mur de Berlin dans cette même ville. On y suit une jeune femme très cultivée et insomniaque chargée de mettre en place une exposition dédiée au lointain roi défunt égyptien. J'avoue que, sans doute comme beaucoup, j'ai depuis longtemps un intérêt pour l'égyptologie et ses mystères. Je connaissais la plupart des événements et même des mots de Carter au moment de cette découverte qui restera un fait majeur du siècle dernier en terme d'archéologie.
L'auteur met en place avec Teresa une histoire d'amour naissante et rapidement plus qu'explicite par moments. Son dessin est très beau avec une colorisation toute en douceur. Les dialogues et le rythme sont bons. Bref 140 pages lues d'une traite.
Cette série est assez originale car elle mêle une histoire d'espionnage avec un récit Fantasy. Les auteurs s'amusent avec leurs trois charmantes héroïnes un peu " Pétroleuses" à la Bardot et Claudia Cardinale.
Pour ce triptyque qui forme le premier cycle le côté espionnage l'emporte de loin sur le Fantasy qui fait vraiment son apparition dans le scénario au début du T3. Pierre Pevel positionne son monde dans un Paris de 1911 qui "n'est ni tout à fait le nôtre, ni tout à fait un autre."
Ce passage d'un monde à un autre lui ouvre une multitude de possibles plus ou moins burlesques et pittoresques. J'y ai aussi trouvé nombre de références cinématographiques qui passent de l'ambiance des " Brigades du Tigre" à une ambiance très western de Sergio Léone dans "Il était une fois la révolution" où miss Winchester et mlle Gatling pourraient être les dignes ancêtres de James Coburn et de Rod Steiger.
En cherchant bien on pourrait trouver des scènes de James parfaitement en phase avec nos trois bombes.
Autant dire que le scénario ne fait pas dans la finesse. Les bons (français) d'un côté les horribles(allemands) de l'autre, avec la permission d'en dézinguer un maximum sans aucun état d'âme. C'est vraiment le point du scénario que je n'apprécie pas. On a beau être dans une fiction fantaisiste mettre à l'honneur Gatling, Winchester et Remington passe mal. Pour le reste l'excessif des scènes d'action fait partie des codes du genre pour rendre la chose tellement irréelle qu'elle en devient humoristique. Mais j'ai toujours eu du mal avec la violence banalisée. Je préfère les rebondissements et les inventions dans les personnalités des personnages et j'ai apprécié que le scénario se complexifie et se bonifie au fil des tomes.
J'ai surtout beaucoup aimé la correspondance entre le scénario et le graphisme de Willem. J'avais déjà beaucoup apprécié son trait dans Vieille Bruyère et Bas de Soie. Je retrouve avec plaisir son graphisme tout en rondeurs humoristiques et sensuelles. L'auteur nous propose même quelques planches assez coquines pour nous rappeler que la séduction fait partie du jeu.
La mise en couleur parfaitement à mon goût propose une atmosphère chaleureuse et très divertissante.
Une série probablement à suivre pour profiter d'une lecture plaisir.
Une très très belle surprise que ce "Rocking chair".
Pourtant, j'avais une appréhension avec son graphisme particulier, mais mes doutes ont vite volé en éclats.
J'ai aimé son côté brouillon, mal dégrossi. Le trait reste cependant précis et délicat, il retranscrit parfaitement cette ambiance du bout du monde, bien aidé par une colorisation minimaliste qui ne joue que sur quelques couleurs. De plus, la mise en page est digne d'un film de Edward Dmytryk.
Superbe !
Un western qui sort des sentiers battus, avec pour personnage central un rocking chair, celui-ci va passer entre plusieurs mains et balancer des culs bien différents, une kyrielle de personnages attachants ou détestables, mais criant de vérité.
Un récit violent, cruel, tendre aussi et avec une touche d'humour savamment dosé.
Un scénario bien construit et maîtrisé avec de nombreux passages sans texte qui permettent de souffler entre les scènes d'action et de pouvoir profiter des magnifiques planches de Kokor.
Touchant !
J'ai pris énormément de plaisir. Laissez-vous tenter par ce western pas comme les autres.
Ma 1ère découverte de cette œuvre tirait vers un gentil 3*
Les quelques relectures m’ont un peu plus enthousiasmé à chaque fois, un album qui se relit très bien.
Sorel fait du Sorel, graphiquement c’est toujours aussi bon, même si ça n’est pas mon album préféré de sa part en terme d’ambiance, il utilise cette fois des couleurs un peu plus arides (désert et sang).
Le Tendre (pas un inconnu lui non plus) propose une vision sympathique et alternative du 1er meurtre de l’humanité, enfin c’est pas vraiment ça mais je me comprends ;)
Si de prime abord, j’en étais sorti un peu circonspect. Je trouve à la longue ce scénario assez malin et original, d’autant qu’il s’inscrit dans une collection « J’ai tué … » avec donc une certaine contrainte, cette dernière est ici plutôt bien réussie.
Au final, un bon one-shot qui propose quelque chose.
C’est le premier album de cette collection que je lis. Une collection qui a priori m’intéresse beaucoup, moi qui suis plutôt friand de western. Je ne peux que me réjouir de voir des albums présentant les grandes légendes du Far West. Et ce d’autant plus que la biographie est accompagnée d’un solide et très intéressant dossier final.
L’album est linéaire, mais bien fichu, l’histoire de la vie de Jesse, de son gang, de la lutte engagée contre les Pinkerton (vue aussi dans la série éponyme) sont bien retranscrits. La narration est fluide, le dessin bon et agréable.
On voit bien comment Jesse a très tôt été confronté à la violence, en a été imbibé, et comment au sortir de la guerre de Sécession il a cherché, par-delà la délinquance et la violence dans laquelle il va s’enfermer, à « prendre une revanche » sur le Nord qui a humilié le Sud vaincu.
On voit aussi comment de son vivant est née et a été entretenue une légende (Jesse lui-même a cherché à l’entretenir) autour d’une sorte de Robin des bois, d’un défenseur des vaincus, etc., légende qui s’écarte pas mal de la réalité, mais qui va continuer à se développer après sa mort (voir le dossier final). C’est donc tout naturellement que Goscinny a utilisé ce « personnage » pour un Lucky Luke.
Ce qui n’empêche pas de montrer que la mort de Jesse, la fin de son gang étaient inéluctables, dans cet Ouest de moins en moins lointain, en quête de « respectabilité » – même si elle est incarnée par les « barons voleurs » et leurs sbires de Pinkerton. Western crépusculaire certes, mais qui entretient la légende de l’ouest sauvage.
En tout cas, cette entrée en matière dans la collection m’a satisfait, et j’attends plutôt de bonnes choses des autres albums prévus.
Je viens de terminer ma lecture et je suis embêté comme jamais pour noter cet album.
Je viens de lire la toute fraîche réédition en noir et blanc et Delirium a fait un formidable travail de reproduction et de restauration de l'œuvre originale.
L'album commence par une préface de François Truchaud qui a réalisé de nombreuses traductions des romans de Robert E. Howard.
Ce récit reprend une libre adaptation d'une nouvelle de Robert E. Howard, "La vallée du ver". Publiée en 1975 aux États-Unis, il sera édité en couleur en France par Les Humanoïdes Associés en 1981.
Passons au contenu, une histoire post-apocalyptique, la Terre se remet doucement d'un cataclysme ayant pour origine le passage d'une planète errante qui a généré des catastrophes climatiques hors normes. La vie reprend doucement, une vie faite de divers clans qui survivent dans un monde sauvage où des mutations génétiques ont transformé les animaux. Un jeune guerrier, Bloodstar (il a une étoile sur le front couleur sang), et le vieux Grom (tiens tiens, on est pas loin de Crom), vivent de la chasse et la pêche. Grom, ayant été blessé gravement, va lui révéler ses origines.
La narration est dominé par la voix off de Grom et cette voix off m'a quelquefois agacé. Les personnages ne sont pas vraiment attachants et l'histoire ne révolutione pas le genre mais il ne faut pas oublier la date de publication de ce comics.
Graphiquement, le rendu a de la gueule même si tout n'est pas parfait. Il est parfois un peu statique, théâtral et avec quelques problèmes de proportions. Par contre, le plus souvent, les expressions des visages sont réussis malgré un effet amplifié des mimiques.
J'ai pu comparer des planches en couleur avec celles de cet album et je peux certifier que ce noir et blanc est le meilleur choix, il donne une puissance au récit.
Je suis tiraillé, car malgré mes reproches, il se dégage quelque chose d'inexplicable qui fait que ma lecture fût très agréable. Ce petit goût seventies ?
Alors oui, pour la note, je ne suis pas impartial, mais j'assume.
Pour les curieux.
Curieux de découvrir ou re-découvrir Richard Corben.
Curieux de découvrir une œuvre imparfaite mais qui se dévore.
Curieux de faire un saut de 45 ans dans le passé.
Voila une Bd dont je connaissais l'existence mais dont je n'avais jamais pu lire quoi que soit, même dans les quelques numéros du journal Spirou que j'ai eus pendant un temps, c'est donc une véritable découverte ou redécouverte vu que j'avais aperçu quelques albums ça et là au gré de mes furetages.
Ginger commence une carrière de détective privé dès 1956 dans la collection Héroic Albums, emboitant le pas à Félix (Tillieux) qui lui aussi est publié dans cette collection avant qu'elle ne disparaisse peu après. Heureusement, Ginger revient dans une formule remise au goût du jour en 1980 dans le journal Spirou, soit près de 25 ans après sa disparition ; il est alors accompagné de la blonde et jolie Véraline dans des aventures à tendance policière mais qui frôlent le fantastique. Je crois que je me suis passionné pour cette Bd qui pourtant n'a rien de vraiment novateur, et qui en plus ressemble à d'autres bandes publiées dans Spirou comme Gil Jourdan dont elle est assez proche, mais aussi Tif et Tondu et 421... mais je sais pas, il y a quelque chose d'inexplicable qui m'a séduit là-dedans, les récits sont remplis d'action, de situations remuantes, de bagnoles que Jidéhem aime bien dessiner (comme Tillieux), et d'aventures parfois invraisemblables... mais tout ceci est très plaisant.
La bande est parfois handicapée par des scénarios un peu bavards, mais qu'importe, ce qui me plait, c'est de retrouver l'esprit typique d'une Bd franco-belge qui dans les années 80, versait encore dans la bande dessinée tout public, à l'esprit insouciant et très aventureux, et ceci étant très appuyé par le dessin de Jidéhem que je trouve moins humoristique que dans Sophie, le trait est plus adulte, un peu plus dur, quasi semi-réaliste, tout comme dans Gil Jourdan ou Tif et Tondu, et les décors sont très soignés. On reconnait cependant le style graphique de Jidéhem. Ce qui manque c'est l'humour (assez étonnant quand on connait la collaboration de Jidéhem avec Franquin), et le héros a toujours le même faciès imperturbable, dans un ton très sérieux, mais ces petits défauts sont rattrapés par les histoires bien goupillées, l'ambiance qui se dégage de chaque récit, les personnages de méchants souvent caricaturaux mais c'était la tendance de l'époque, et par le dessin d'excellente qualité.
Une très bonne Bd, typique d'une certaine époque, et un pur produit estampillé Spirou, qui hélas reste peu connue.
C'est toujours une gageure d'adapter un roman aussi célèbre que le Dahlia noir de James Ellroy. Une grande partie de l'intérêt du roman est due à l'ambiance transcrite par l'écriture de l'écrivain.
Je trouve que les auteurs ont très bien réussi à décrire cette ambiance poisseuse faite de racisme, de sexe, de violence et de corruption à tous les étages.
Le scénario de James Ellroy est un bijou. Matz et David Fincher ne l'on pas détérioré. La relation Bucky-Lee est superbement travaillée et les femmes sont envoûtantes à souhait.
J'ai un peu tiqué sur le graphisme des personnages. Au début il est difficile de faire la différence entre les deux policiers. Je trouve que cela complique la lecture. Mais comme l’histoire travaille sur les faux semblants et les sosies c'est probablement un effet voulu. Je ne suis pas très fan du trait de Hyman que je trouve assez figé. Mais il en ressort une impression de cruauté cachée qui colle bien au récit.
La mise en couleur qui travaille beaucoup sur les rouges nous renvoie à l'horreur du crime commis et sur les chairs qui se dévoilent.
Une excellente lecture pour les amateurs de polar. 3.5
Entièrement d'accord avec l'avis de Spooky. Cette série jeunesse reprend le modèle de Boule et Bill mais s'adresse à un public plus jeune 7/9 ans. La présentation est très classique avec quatre cases par planches et une histoire courte d'une dizaine de planches.
Cela reprend les gags enfants/chien dans une famille avec papa et maman. Le dessin en ligne claire est parfait pour les lecteurs débutants avec une ambiance très dynamique apportée par Bouziki.
L'originalité de l'album est qu'il est mixte. Trois histoires courtes de BD suivies par un lexique qui explique les mots difficiles. Une planche qui explique des techniques de BD. Trois histoires avec un grand texte illustré pour que les parents partagent avec leurs enfants.
Le format est adapté aux jeunes enfants et le personnage de Bouziki sorte de gros nounours-chien plaira aux petits.
Une bonne lecture pour 6/9 ans avec un dessin clair et coloré soutenu par un bon vocabulaire et un très bon lettrage. J'ai bien apprécié.
J'ai découvert cette BD grâce au commentaire posté par gruizzli qui était à ce jour l'unique avis posté. Fait surprenant au vu des nombreux échos que j'ai pu entendre ici et là sur Moon Deer...
Je me rappelle avoir été interpelé par cette première de couverture mettant en scène un petit être au regard dubitatif porté vers le ciel.
Le texte est quasiment absent de cette BD et les rares interventions sont d'une grande pertinence. En effet, certains dialogues prennent tout leur sens une fois l'histoire terminée ! J'ai plusieurs fois fait marche arrière durant la lecture après avoir reçu des indices permettant une meilleure compréhension des textes (ou des dessins d'ailleurs) jusqu'alors mystérieux.
Je noterai tout de même un point négatif qui a son importance surtout quand l'auteur fait le choix d'un récit par l'image: certaines cases sont trop chargées ce qui porte préjudice à la clarté du dessin et donc intrinsèquement de l'histoire. Je pense en priorité aux pages relatives aux biotopes des planètes et à celles des signaux d'alerte.
Il s'agit (apparemment) de la première BD de l'auteur qui a pu réaliser cet ouvrage via un financement participatif. c'est top ! Les contributaires sont d'ailleurs remerciés un à un à la fin de la BD.
Il est difficile d'en dire d'avantage sous peine de gâcher la découverte pour les prochains lecteurs.
3.5/5 que j'arrondis au supérieur pour cette première prometteuse de Yoann Kavege :)
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Parue sûrement à dessein le mois anniversaire de la découverte de la tombe de Toutankhamon il y a déjà 100 ans, ce nouvel album de Manuele Fior coche toutes les cases d'une bande dessinée réussie. Ne sachant rien de son sujet avant de commencer, j'ai eu la surprise de lire une histoire entremêlant deux époques, celle des années 1920 au coeur de la vallée des Rois dans les pas d'Howard Carter, et une plus contemporaine qui démarre peu après la chute du mur de Berlin dans cette même ville. On y suit une jeune femme très cultivée et insomniaque chargée de mettre en place une exposition dédiée au lointain roi défunt égyptien. J'avoue que, sans doute comme beaucoup, j'ai depuis longtemps un intérêt pour l'égyptologie et ses mystères. Je connaissais la plupart des événements et même des mots de Carter au moment de cette découverte qui restera un fait majeur du siècle dernier en terme d'archéologie. L'auteur met en place avec Teresa une histoire d'amour naissante et rapidement plus qu'explicite par moments. Son dessin est très beau avec une colorisation toute en douceur. Les dialogues et le rythme sont bons. Bref 140 pages lues d'une traite.
Les Artilleuses
Cette série est assez originale car elle mêle une histoire d'espionnage avec un récit Fantasy. Les auteurs s'amusent avec leurs trois charmantes héroïnes un peu " Pétroleuses" à la Bardot et Claudia Cardinale. Pour ce triptyque qui forme le premier cycle le côté espionnage l'emporte de loin sur le Fantasy qui fait vraiment son apparition dans le scénario au début du T3. Pierre Pevel positionne son monde dans un Paris de 1911 qui "n'est ni tout à fait le nôtre, ni tout à fait un autre." Ce passage d'un monde à un autre lui ouvre une multitude de possibles plus ou moins burlesques et pittoresques. J'y ai aussi trouvé nombre de références cinématographiques qui passent de l'ambiance des " Brigades du Tigre" à une ambiance très western de Sergio Léone dans "Il était une fois la révolution" où miss Winchester et mlle Gatling pourraient être les dignes ancêtres de James Coburn et de Rod Steiger. En cherchant bien on pourrait trouver des scènes de James parfaitement en phase avec nos trois bombes. Autant dire que le scénario ne fait pas dans la finesse. Les bons (français) d'un côté les horribles(allemands) de l'autre, avec la permission d'en dézinguer un maximum sans aucun état d'âme. C'est vraiment le point du scénario que je n'apprécie pas. On a beau être dans une fiction fantaisiste mettre à l'honneur Gatling, Winchester et Remington passe mal. Pour le reste l'excessif des scènes d'action fait partie des codes du genre pour rendre la chose tellement irréelle qu'elle en devient humoristique. Mais j'ai toujours eu du mal avec la violence banalisée. Je préfère les rebondissements et les inventions dans les personnalités des personnages et j'ai apprécié que le scénario se complexifie et se bonifie au fil des tomes. J'ai surtout beaucoup aimé la correspondance entre le scénario et le graphisme de Willem. J'avais déjà beaucoup apprécié son trait dans Vieille Bruyère et Bas de Soie. Je retrouve avec plaisir son graphisme tout en rondeurs humoristiques et sensuelles. L'auteur nous propose même quelques planches assez coquines pour nous rappeler que la séduction fait partie du jeu. La mise en couleur parfaitement à mon goût propose une atmosphère chaleureuse et très divertissante. Une série probablement à suivre pour profiter d'une lecture plaisir.
Rocking chair
Une très très belle surprise que ce "Rocking chair". Pourtant, j'avais une appréhension avec son graphisme particulier, mais mes doutes ont vite volé en éclats. J'ai aimé son côté brouillon, mal dégrossi. Le trait reste cependant précis et délicat, il retranscrit parfaitement cette ambiance du bout du monde, bien aidé par une colorisation minimaliste qui ne joue que sur quelques couleurs. De plus, la mise en page est digne d'un film de Edward Dmytryk. Superbe ! Un western qui sort des sentiers battus, avec pour personnage central un rocking chair, celui-ci va passer entre plusieurs mains et balancer des culs bien différents, une kyrielle de personnages attachants ou détestables, mais criant de vérité. Un récit violent, cruel, tendre aussi et avec une touche d'humour savamment dosé. Un scénario bien construit et maîtrisé avec de nombreux passages sans texte qui permettent de souffler entre les scènes d'action et de pouvoir profiter des magnifiques planches de Kokor. Touchant ! J'ai pris énormément de plaisir. Laissez-vous tenter par ce western pas comme les autres.
J'ai tué Abel
Ma 1ère découverte de cette œuvre tirait vers un gentil 3* Les quelques relectures m’ont un peu plus enthousiasmé à chaque fois, un album qui se relit très bien. Sorel fait du Sorel, graphiquement c’est toujours aussi bon, même si ça n’est pas mon album préféré de sa part en terme d’ambiance, il utilise cette fois des couleurs un peu plus arides (désert et sang). Le Tendre (pas un inconnu lui non plus) propose une vision sympathique et alternative du 1er meurtre de l’humanité, enfin c’est pas vraiment ça mais je me comprends ;) Si de prime abord, j’en étais sorti un peu circonspect. Je trouve à la longue ce scénario assez malin et original, d’autant qu’il s’inscrit dans une collection « J’ai tué … » avec donc une certaine contrainte, cette dernière est ici plutôt bien réussie. Au final, un bon one-shot qui propose quelque chose.
Jesse James
C’est le premier album de cette collection que je lis. Une collection qui a priori m’intéresse beaucoup, moi qui suis plutôt friand de western. Je ne peux que me réjouir de voir des albums présentant les grandes légendes du Far West. Et ce d’autant plus que la biographie est accompagnée d’un solide et très intéressant dossier final. L’album est linéaire, mais bien fichu, l’histoire de la vie de Jesse, de son gang, de la lutte engagée contre les Pinkerton (vue aussi dans la série éponyme) sont bien retranscrits. La narration est fluide, le dessin bon et agréable. On voit bien comment Jesse a très tôt été confronté à la violence, en a été imbibé, et comment au sortir de la guerre de Sécession il a cherché, par-delà la délinquance et la violence dans laquelle il va s’enfermer, à « prendre une revanche » sur le Nord qui a humilié le Sud vaincu. On voit aussi comment de son vivant est née et a été entretenue une légende (Jesse lui-même a cherché à l’entretenir) autour d’une sorte de Robin des bois, d’un défenseur des vaincus, etc., légende qui s’écarte pas mal de la réalité, mais qui va continuer à se développer après sa mort (voir le dossier final). C’est donc tout naturellement que Goscinny a utilisé ce « personnage » pour un Lucky Luke. Ce qui n’empêche pas de montrer que la mort de Jesse, la fin de son gang étaient inéluctables, dans cet Ouest de moins en moins lointain, en quête de « respectabilité » – même si elle est incarnée par les « barons voleurs » et leurs sbires de Pinkerton. Western crépusculaire certes, mais qui entretient la légende de l’ouest sauvage. En tout cas, cette entrée en matière dans la collection m’a satisfait, et j’attends plutôt de bonnes choses des autres albums prévus.
Bloodstar
Je viens de terminer ma lecture et je suis embêté comme jamais pour noter cet album. Je viens de lire la toute fraîche réédition en noir et blanc et Delirium a fait un formidable travail de reproduction et de restauration de l'œuvre originale. L'album commence par une préface de François Truchaud qui a réalisé de nombreuses traductions des romans de Robert E. Howard. Ce récit reprend une libre adaptation d'une nouvelle de Robert E. Howard, "La vallée du ver". Publiée en 1975 aux États-Unis, il sera édité en couleur en France par Les Humanoïdes Associés en 1981. Passons au contenu, une histoire post-apocalyptique, la Terre se remet doucement d'un cataclysme ayant pour origine le passage d'une planète errante qui a généré des catastrophes climatiques hors normes. La vie reprend doucement, une vie faite de divers clans qui survivent dans un monde sauvage où des mutations génétiques ont transformé les animaux. Un jeune guerrier, Bloodstar (il a une étoile sur le front couleur sang), et le vieux Grom (tiens tiens, on est pas loin de Crom), vivent de la chasse et la pêche. Grom, ayant été blessé gravement, va lui révéler ses origines. La narration est dominé par la voix off de Grom et cette voix off m'a quelquefois agacé. Les personnages ne sont pas vraiment attachants et l'histoire ne révolutione pas le genre mais il ne faut pas oublier la date de publication de ce comics. Graphiquement, le rendu a de la gueule même si tout n'est pas parfait. Il est parfois un peu statique, théâtral et avec quelques problèmes de proportions. Par contre, le plus souvent, les expressions des visages sont réussis malgré un effet amplifié des mimiques. J'ai pu comparer des planches en couleur avec celles de cet album et je peux certifier que ce noir et blanc est le meilleur choix, il donne une puissance au récit. Je suis tiraillé, car malgré mes reproches, il se dégage quelque chose d'inexplicable qui fait que ma lecture fût très agréable. Ce petit goût seventies ? Alors oui, pour la note, je ne suis pas impartial, mais j'assume. Pour les curieux. Curieux de découvrir ou re-découvrir Richard Corben. Curieux de découvrir une œuvre imparfaite mais qui se dévore. Curieux de faire un saut de 45 ans dans le passé.
Ginger
Voila une Bd dont je connaissais l'existence mais dont je n'avais jamais pu lire quoi que soit, même dans les quelques numéros du journal Spirou que j'ai eus pendant un temps, c'est donc une véritable découverte ou redécouverte vu que j'avais aperçu quelques albums ça et là au gré de mes furetages. Ginger commence une carrière de détective privé dès 1956 dans la collection Héroic Albums, emboitant le pas à Félix (Tillieux) qui lui aussi est publié dans cette collection avant qu'elle ne disparaisse peu après. Heureusement, Ginger revient dans une formule remise au goût du jour en 1980 dans le journal Spirou, soit près de 25 ans après sa disparition ; il est alors accompagné de la blonde et jolie Véraline dans des aventures à tendance policière mais qui frôlent le fantastique. Je crois que je me suis passionné pour cette Bd qui pourtant n'a rien de vraiment novateur, et qui en plus ressemble à d'autres bandes publiées dans Spirou comme Gil Jourdan dont elle est assez proche, mais aussi Tif et Tondu et 421... mais je sais pas, il y a quelque chose d'inexplicable qui m'a séduit là-dedans, les récits sont remplis d'action, de situations remuantes, de bagnoles que Jidéhem aime bien dessiner (comme Tillieux), et d'aventures parfois invraisemblables... mais tout ceci est très plaisant. La bande est parfois handicapée par des scénarios un peu bavards, mais qu'importe, ce qui me plait, c'est de retrouver l'esprit typique d'une Bd franco-belge qui dans les années 80, versait encore dans la bande dessinée tout public, à l'esprit insouciant et très aventureux, et ceci étant très appuyé par le dessin de Jidéhem que je trouve moins humoristique que dans Sophie, le trait est plus adulte, un peu plus dur, quasi semi-réaliste, tout comme dans Gil Jourdan ou Tif et Tondu, et les décors sont très soignés. On reconnait cependant le style graphique de Jidéhem. Ce qui manque c'est l'humour (assez étonnant quand on connait la collaboration de Jidéhem avec Franquin), et le héros a toujours le même faciès imperturbable, dans un ton très sérieux, mais ces petits défauts sont rattrapés par les histoires bien goupillées, l'ambiance qui se dégage de chaque récit, les personnages de méchants souvent caricaturaux mais c'était la tendance de l'époque, et par le dessin d'excellente qualité. Une très bonne Bd, typique d'une certaine époque, et un pur produit estampillé Spirou, qui hélas reste peu connue.
Le Dahlia noir
C'est toujours une gageure d'adapter un roman aussi célèbre que le Dahlia noir de James Ellroy. Une grande partie de l'intérêt du roman est due à l'ambiance transcrite par l'écriture de l'écrivain. Je trouve que les auteurs ont très bien réussi à décrire cette ambiance poisseuse faite de racisme, de sexe, de violence et de corruption à tous les étages. Le scénario de James Ellroy est un bijou. Matz et David Fincher ne l'on pas détérioré. La relation Bucky-Lee est superbement travaillée et les femmes sont envoûtantes à souhait. J'ai un peu tiqué sur le graphisme des personnages. Au début il est difficile de faire la différence entre les deux policiers. Je trouve que cela complique la lecture. Mais comme l’histoire travaille sur les faux semblants et les sosies c'est probablement un effet voulu. Je ne suis pas très fan du trait de Hyman que je trouve assez figé. Mais il en ressort une impression de cruauté cachée qui colle bien au récit. La mise en couleur qui travaille beaucoup sur les rouges nous renvoie à l'horreur du crime commis et sur les chairs qui se dévoilent. Une excellente lecture pour les amateurs de polar. 3.5
Max et Bouzouki
Entièrement d'accord avec l'avis de Spooky. Cette série jeunesse reprend le modèle de Boule et Bill mais s'adresse à un public plus jeune 7/9 ans. La présentation est très classique avec quatre cases par planches et une histoire courte d'une dizaine de planches. Cela reprend les gags enfants/chien dans une famille avec papa et maman. Le dessin en ligne claire est parfait pour les lecteurs débutants avec une ambiance très dynamique apportée par Bouziki. L'originalité de l'album est qu'il est mixte. Trois histoires courtes de BD suivies par un lexique qui explique les mots difficiles. Une planche qui explique des techniques de BD. Trois histoires avec un grand texte illustré pour que les parents partagent avec leurs enfants. Le format est adapté aux jeunes enfants et le personnage de Bouziki sorte de gros nounours-chien plaira aux petits. Une bonne lecture pour 6/9 ans avec un dessin clair et coloré soutenu par un bon vocabulaire et un très bon lettrage. J'ai bien apprécié.
Moon deer
J'ai découvert cette BD grâce au commentaire posté par gruizzli qui était à ce jour l'unique avis posté. Fait surprenant au vu des nombreux échos que j'ai pu entendre ici et là sur Moon Deer... Je me rappelle avoir été interpelé par cette première de couverture mettant en scène un petit être au regard dubitatif porté vers le ciel. Le texte est quasiment absent de cette BD et les rares interventions sont d'une grande pertinence. En effet, certains dialogues prennent tout leur sens une fois l'histoire terminée ! J'ai plusieurs fois fait marche arrière durant la lecture après avoir reçu des indices permettant une meilleure compréhension des textes (ou des dessins d'ailleurs) jusqu'alors mystérieux. Je noterai tout de même un point négatif qui a son importance surtout quand l'auteur fait le choix d'un récit par l'image: certaines cases sont trop chargées ce qui porte préjudice à la clarté du dessin et donc intrinsèquement de l'histoire. Je pense en priorité aux pages relatives aux biotopes des planètes et à celles des signaux d'alerte. Il s'agit (apparemment) de la première BD de l'auteur qui a pu réaliser cet ouvrage via un financement participatif. c'est top ! Les contributaires sont d'ailleurs remerciés un à un à la fin de la BD. Il est difficile d'en dire d'avantage sous peine de gâcher la découverte pour les prochains lecteurs. 3.5/5 que j'arrondis au supérieur pour cette première prometteuse de Yoann Kavege :)