Les derniers avis (31403 avis)

Par PatrikGC
Note: 4/5
Couverture de la série Edgar P. Jacobs - Le Rêveur d'apocalypses
Edgar P. Jacobs - Le Rêveur d'apocalypses

Pas bcp de choses à rajouter à ce qu'a dit MacKott. Une bio d'EPJ dans le style d'EPJ, une belle réussite, indéniablement. Néanmoins, tout ceci est bien lisse. Je connais un peu la vie de ce dessinateur, et le côté sombre de celui-ci a souvent été zappé. Mis à part "Van Melk" et une rapide évocation des Funkens, certaines collaborations ont été oubliées. La rupture avec Hergé est évacuée, et l'accrochage avec Martin aussi. Tout au plus, avons-nous des informations indirectes. Mis à part ces "oublis", c'est une bonne bio. Néanmoins, c'est un bel ouvrage plaisant à lire, du beau boulot.

19/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Esmera
Esmera

Zep a depuis quelques temps publié des albums qui le font sortir des cours de récréation, pour s’adresser aussi aux adultes. Avec cet Esmera, il ne s’adresse plus qu’à eux, et je pense que c’est ce que j’ai lu de meilleur de lui ! D’abord parce que cet album propose une vraie histoire, que ce n’est pas du tout un simple empilement de scènes de sexe (alors même que tout l’album et une bonne partie des cases ne parlent que de ça !). Ensuite parce que cette histoire justement, est assez originale et captivante. A partir du moment où « Esmera » découvre sa singularité (aucune explication ne nous est donnée du pourquoi, et du pourquoi à partir de ce moment-là seulement, mais en fait on s’en fiche !), elle et son double vont apprendre à se connaitre, à s’apprivoiser, à gérer les innombrables problèmes et frustrations qui vont les mettre en difficulté. L’humour n’est pas oublié, certaines situations restant cocasses. Placée en pleine période de révolution sexuelle post-soixante-huitarde, cette histoire met en avant la recherche du plaisir, l’absence de tabou (je regrette juste que le sida, évoqué au détour d’une phrase, soit escamoté, tant il a forcément dû impacter une personne à l’activité sexuelle aussi intense et débridée !). Si l’album est un succès, il le doit aussi au dessin de Vince, que j’ai trouvé excellent, bien plus réussi que ce que je connaissais de lui. Et la colorisation, jouant sur des dégradés de gris et de marron est, elle aussi, très chouette. C’est clairement une belle réussite du genre.

19/02/2023 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Disparition de Josef Mengele
La Disparition de Josef Mengele

Adapté du roman d’Olivier Guez « La Disparition de Joseph Mengele (prix Renaudot 1987), cet album raconte la cavale d’un des hauts responsables des horreurs commises par les Nazis : le tristement célèbre « médecin d’Auschwitz ». Resté dans l’histoire comme celui qui a pratiqué des expériences médicales souvent mortelles sur des hommes, des femmes et même des enfants, Mengele a réussi à passer à travers les mailles du filet et à fuir en Amérique Latine. L’histoire commence alors que Mengele alias Helmut Gregor débarque en Argentine, pays d’accueil des Nazis en fuite. Le récit est très bien construit, avec des flash-backs très noirs qui rappellent le rôle qu’il a joué à Auschwitz. Dans un premier temps, on assiste assez médusés à la vie d’expat des Nazis qui n'ont rien perdu de leurs convictions idéologiques et qui, depuis leurs résidences luxueuses, envisagent la renaissance de l’Allemagne nazie sous le nom de IVe Reich. Dans un second temps, la pression des services secrets israéliens et l’enlèvement d’Eichmann font basculer le récit dans une fuite sans répit jusqu’à la mort. Le scénario est fidèle à l’histoire, un peu rapide sur certains points mais on ne peut pas tout développer. Il aborde aussi la question des procès, de l’après-guerre en Allemagne et de la place des anciens Nazis dans la société ainsi que le rôle des familles de Nazis qui tout en soutenant financièrement leur parent en exil ont, elles aussi, repris une vie normale sans être inquiétées. Le scénario est très cohérent et se développe chronologiquement puisqu’on suit le personnage jusqu’à sa mort. Le très beau dessin restitue parfaitement ces ambiances lourdes que ce soit à Auschwitz avec des couleurs presque noires ou en Amérique du Sud. Mailliet fait d’ailleurs un usage du noir tout à fait intéressant le faisant apparaitre là où on ne l’attend pas forcément, alourdissant les ambiances même quand la scène se déroule au soleil. Un très bon album qui remet en lumière la grande question de la justice internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

19/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Dad
Dad

J'avais vraiment apprécié Nob dans les souvenirs de Mamette. Dad est un tout autre genre. Je trouve que l'exercice des strips/gags part avec un handicap sous la forme album. J'essaye d'être plus souple dans mes avis. Ici Dad se présente sous la personne d'un papa célibataire qui élève seul ses quatre filles aux âges et tempéraments bien différents. J'aime bien l'idée qui permet à la fois de créer des situations comiques grâce aux rapport père/filles mais aussi grâce aux égratignures de l'image de l'homme (le gag du slip Kangooroo m'a fait mourir de rire). À la marge on peut y lire un hommage au travail ménager des femmes qui doivent souvent assurer seule une deuxième journée. Les gags sont gentils les personnages attachants (surtout Efix et Bébérénice) et cela se renouvèle plutôt bien. J'aime ce type de graphisme rond bien soutenu par des belles couleurs vives et variées. Les scènes d'extérieur sont bien décorées ainsi que l'appartement de Dad. Une série tendre et sympa à lire par petits fragments pour en garder la fraîcheur.

18/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Catherine Sforza - La Lionne de Lombardie
Catherine Sforza - La Lionne de Lombardie

Je ne l’ai pas trouvé si « sanglante » que ça, cette Catherine Sforza ! Elle paraitrait même pondérée par rapport à l’époque et à ses « concurrents » dans les luttes de pouvoir (toutes choses égales par ailleurs). Car l’arrière-plan est des plus riches. En effet, c’est sans doute l’une des plus brillantes périodes du nord de la péninsule italienne, au niveau artistique et politique (l’intrigue se déroule durant le milieu du XVIème siècle, jusqu’au tout début du suivant). C’est sans aucun doute aussi l’une des périodes les plus agitées, où les luttes de pouvoir entre les différentes cités, mais aussi entre les grandes familles qui cherchent à les diriger, ensanglantent la région (la France entrant dans le jeu à la fin du siècle et de ce diptyque – peut-être d’ailleurs la seule erreur d’analyse de Catherine). Pas forcément la plus sanglante (loin de là), mais pas non plus la moins machiavélique, bien au contraire. Catherine va se révéler une très fine analyste politique, et va très bien tirer son épingle du jeu, survivant à plusieurs coups durs, coups d’État (et à la mort de plusieurs maris !), montrant aussi une force de caractère et un courage tout aussi extraordinaires. Femme de son temps, elle en impose à beaucoup (dans tous les sens du terme). La narration et le dessin sont fluides, agréables à suivre, et le format en diptyque se révèle ici tout à fait adéquat, il n’y a ni longueurs ni raccourcis dommageables. C’est une lecture intéressante, un bon millésime de cette collection en tout cas. Note réelle 3,5/5.

18/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Rouge Karma
Rouge Karma

Ce lauréat du polar SNCF 2015 mérite bien sa récompense à mes yeux. Même si le scénario d'Eddy Simon est très classique. Il rejoue la carte de la recherche de la personne disparue sans laisser de trace avec un environnement hostile. On devine assez vite les dessous de l'intrigue pour qui est familier de ce genre d'histoire. L'intérêt premier du récit tient plus dans la visite des différents quartiers de Calcutta très bien saisis. Cela procure une fraicheur très exotique au récit avec un dépaysement total. Mais cette "excursion" est sublimée par l'opposition des caractères d'Adélaïde, la Française agnostique et d'Imran l'Indien Hindou. Ce rapport fait d'amitié et de valeurs opposées rend la personnalité des deux principaux protagonistes avec une belle épaisseur. J'ai aussi beaucoup aimé l'utilisation de cette thématique de l'eau assez peu utilisée mais qui risque d'être centrale dans les décennies à venir. D'ailleurs les auteurs prennent soin de ne pas trancher la dispute entre Adélaïde, humanitaire lointaine, et Imran qui défend les intérêts vitaux de son pays. Je trouve donc le scénario classique mais très bien mené. Le récit est très fluide et si la progression est assez prévisible c'est bien fait. Le graphisme de P-H Gomont est surtout remarquable dans la mise en couleur. Celle-ci utilise toutes les teintes de rouges et d'orangés pour fournir des ambiances très particulières de fêtes aux éclairages multiples. Les personnages sont très dynamiques. Les décors, temples, ruelles, échoppes sont magnifiquement travaillés avec un luxe de détails. L'antagonisme entre cette ambiance fiévreuse de la ville et la solitude d'Adélaïde est une trouvaille qui donne corps au récit. Une très bonne lecture qui m'a transporté dans un autre univers.

18/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Omaha - Danseuse féline
Omaha - Danseuse féline

Omaha est pour moi l'archétype du produit sexe à l'ancienne version fin 70's début 80's. C'est vraiment comme le cinéma X de ces années-là où les scènes explicites ne représentaient pas plus de 25% du contenu. Âge d'or pour certains ou ringard pour les autres. Toujours est-il que l'héroïne de Reed Waller et de Kate Worley dévoile ses charmes de façon assez naturelle dans un scénario très travaillé et parfois trop lourd. Les dialogues occupent une telle place que c'est difficile d'enchaîner plusieurs feuilletons de suite. L'histoire policière reste très convenue avec ses politiciens véreux et ses méchants stéréotypés très bêtes (Lol). Omaha et Chuck passent toujours entre les griffes des méchants sans une égratignure. Paradoxalement on peut trouver que le récit manque de piquant malgré les performances de la jolie danseuse. Omaha possède même des côtés assez tradi dans sa personnalité d'amoureuse jalouse et plutôt fidèle à Chuck. J'aime bien le trait de Waller fin et élégant. Il a fait l'effort de créer une galerie de personnages variée. Ses scènes de sexe vont du soft à l'explicite au cadrage assez lointain. On est très loin du porno marchand de viande. Le découpage et la présentation sont très datés et cela nuit au dynamisme de la lecture. Les décors sont rudimentaires ce qui ne favorise pas des ambiances envoûtantes mais la gestuelle des acteurs et actrices est excellente. Cette série adulte peut être regardée comme un classique qui rappelle une époque de fun et de provoc. 3.5

18/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Frère de Göring
Le Frère de Göring

Comme beaucoup je pense, je ne connaissais rien de l’existence du frère d’Hermann – au point que j’ai un temps cru à une totale création fictionnelle. Mais en fait non, les auteurs sont restés très fidèles à la réalité, les quelques manques dans nos connaissances ayant été discrètement et habilement comblés. La réussite de ce diptyque est de maintenir un bon équilibre entre l’étude familiale (au passage on cerne un peu mieux l’histoire et la personnalité d’Hermann Göring) et la grande histoire. Quant au personnage d’Albert, le frère de, donc, il garde une bonne partie de son mystère quant à ses motivations (il est vrai qu’il n’a rien dit ou écrit à ce propos après la guerre pour nous éclairer). La narration est fluide, il n’y a pas de longueur ou de temps mort superflu. Le dessin est lui aussi agréable, même si je ne l’ai pas trouvé très fouillé (je regrette aussi qu’alors que la plupart des personnages connus sont bien représentés, Hitler est un peu raté je trouve). Une bonne étude historique, une lecture intéressante en tout cas.

18/02/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Mon livre d'heures
Mon livre d'heures

Après avoir découvert et apprécié Frans Masereel avec Idée, j'avais envie d'exhumer une autre de ses œuvres. Il me faut d'abord parler du titre de cette bd, "Mon livre d'heures", qui me laissait dubitatif, et bien, il fait référence aux petits livres de prières enluminés du bas Moyen Âge, des recueils liturgiques de prières liées aux heures de la journée, ils sont représentatifs d'une chrétienté médiévale édifiante. Son livre de "prières" sera d'une autre nature. Il me faut aussi parler de la préface de Tardi, j'y ai ressenti toute son admiration pour Masereel. Touchant. Masereel se met en scène à travers ce récit, ou plutôt son alter ego et celui-ci va vivre une multitude d'aventures où l'autobiographie n'est pas loin. Des aventures qui vont le mener à travers le monde. Ne cherchez pas de fil conducteur, mais vivez ces péripéties comme un rêve éveillé, comme une ode à la liberté, à la vie. Et évidemment contre un capitalisme ne laissant plus place à l'humanité. Une narration faite d'une image par planche et sans le moindre mot mais qui en dit beaucoup sur cette époque d'après guerre, sur ses travers. Un récit anticonformiste d'une rare qualité. Graphiquement, toujours la technique de la gravure sur bois, préalablement il en dessine les modèles à l'encre de Chine. Un noir et blanc puissant, fourmillant de détails qu'il faut prendre le temps de savourer. L'humour n'y est pas absent mais son esthétisme évocateur en est sa grande force. Ne jalousons plus les américains avec Will Eisner, mais réjouissons nous d'avoir Fans Masereel, un artiste à re-découvrir de toute urgence.

17/02/2023 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
Couverture de la série Macadam Byzance
Macadam Byzance

Ca commence par le braquage avorté d’une baraque à frite par Hervé et Illich. La recette de ce casse du siècle est proche du néant. Du coup c’est hamburgers frites grasses mayo coca pour les apprentis voleurs et vas y que je te drague la serveuse. Les deux loosers sont attachants. Des anti-héros sympathiques. Nous suivons leurs pérégrinations avec plaisir. De nombreux personnages truculents surgissent dans leur quotidien. Le rythme est bon. Les histoires s’enchainent aisément. Les dialogues claquent. C’est souvent drôle. Ce n’est ni obscène ni vulgaire. Leur errance oisive est délicieuse. Du coup j’irais bien boire une bière au troquet du coin avec eux car le maitre mot qui lie ces différents marginaux c’est l’amitié et l’amour ! Vous adorerez lire cet album composé de saynètes courtes sans action incroyable mais pourtant ça tient la route. Le dessin est très réaliste avec beaucoup de détails. Les personnages sont particulièrement réussis. Les trognes sont magnifiques. A découvrir au plus vite.

17/02/2023 (modifier)