Catherine Sforza - La Lionne de Lombardie

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Née ne 1463 à Milan, Caterina Sforza est une figure exceptionnelle et caractéristique de la Renaissance italienne car elle défiait les conventions en résistant aux Borgia et à d'autres puissantes familles italiennes. Audacieuse, énergique, déterminée, elle forgea des alliances et se vengea de ses ennemis dans une quête effrénée de pouvoir.


1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Italie Les Borgia Rois et Reines d'Europe

Au XVème siècle, les cités-Etats de l'Italie comme Venise, Gênes, Florence, Milan et Rome sont sous domination pontificale et alternent les alliances, c'est ce qu'on appelle le Jeu des 5. Caterina, bâtarde du duc de Milan, Galéas Sforza, en a appris les règles assez jeune auprès de son oncle et mentor Ludovic Sforza dit le More, celui là même qui entrera en guerre contre la France et qui sera emprisonné au donjon de Loches de 1504 à 1508 (on visite son cachot qu'il a entièrement recouvert de fresques bien conservées). En 1476, le père de Caterina est assassiné, son mariage avec le neveu du pape la propulse alors sur l'échiquier politique de cette Italie instable, elle doit désormais composer avec des antagonistes puissants issus des grandes familles italiennes que sont les Borgia, les Visconti, les Orsini, les Médicis, et affronter les multiples complots qui se trament. Son tempérament d'acier va l'y aider.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Avril 2021
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Catherine Sforza - La Lionne de Lombardie © Delcourt 2021
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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08/06/2021 | Agecanonix
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je ne l’ai pas trouvé si « sanglante » que ça, cette Catherine Sforza ! Elle paraitrait même pondérée par rapport à l’époque et à ses « concurrents » dans les luttes de pouvoir (toutes choses égales par ailleurs). Car l’arrière-plan est des plus riches. En effet, c’est sans doute l’une des plus brillantes périodes du nord de la péninsule italienne, au niveau artistique et politique (l’intrigue se déroule durant le milieu du XVIème siècle, jusqu’au tout début du suivant). C’est sans aucun doute aussi l’une des périodes les plus agitées, où les luttes de pouvoir entre les différentes cités, mais aussi entre les grandes familles qui cherchent à les diriger, ensanglantent la région (la France entrant dans le jeu à la fin du siècle et de ce diptyque – peut-être d’ailleurs la seule erreur d’analyse de Catherine). Pas forcément la plus sanglante (loin de là), mais pas non plus la moins machiavélique, bien au contraire. Catherine va se révéler une très fine analyste politique, et va très bien tirer son épingle du jeu, survivant à plusieurs coups durs, coups d’État (et à la mort de plusieurs maris !), montrant aussi une force de caractère et un courage tout aussi extraordinaires. Femme de son temps, elle en impose à beaucoup (dans tous les sens du terme). La narration et le dessin sont fluides, agréables à suivre, et le format en diptyque se révèle ici tout à fait adéquat, il n’y a ni longueurs ni raccourcis dommageables. C’est une lecture intéressante, un bon millésime de cette collection en tout cas. Note réelle 3,5/5.

18/02/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

J'avais eu un aperçu fort instructif de l'Italie agitée du Quattrocento dans La Toile et la Dague, et ne connaissant que moyennement l'histoire de cette femme et cette partie de la Renaissance italienne, j'étais plus attiré vers cette Bd que sur d'autres que j'ai lues dernièrement dans les Reines de Sang. Je ne sais pas trop si l'ensemble est très romancé ou déforme la réalité historique, mais Pécau a du crédit, en général c'est un gage de qualité même si parfois il m'a déçu sur d'autres bandes historiques. Cependant, l'intrigue qu'il tisse ici me semble conforme aux moeurs et à l'histoire mouvementée de cette Renaissance italienne, tortueuse et sanglante, ce caractère est même assez fascinant. Déja auteur de 2 portraits de femmes déterminées dans cette collection des Reines de Sang (Constance d'Antioche et Njinga, la lionne du Matamba), Pécau retrace le parcours de cette Catherine Sforza qui se vantait de défier les Borgia en défendant farouchement son petit territoire du Milanais et sa principauté d'Imola. En me renseignant sur cette femme, j'ai appris qu'elle était d'un caractère bien trempé et digne de figurer dans cette collection des Reines de Sang, car sa vie fut parsemée de massacres dus le plus souvent à sa vengeance implacable, son pouvoir fut même carrément tyrannique, et les Milanais furent bien réjouis d'apprendre sa mort en 1509. Femme dotée d'un tempérament volontaire et indépendant, elle représente l'idéal féminin de la Renaissance italienne, et aujourd'hui encore, son nom symbolise en Italie l'énergie et l'engagement des femmes face à l'adversité. Elle a fait l'objet d'un film inédit en France, en 1959 : Caterina Sforza, la leonessa di Romagna, avec Virna Lisi, et son personnage apparait dans la série les Borgia en 2011. Pécau retranscrit tout ceci de façon conforme à la tradition des intrigues tortueuses et violentes de l'Italie du Quattrocento, le sujet peu connu du public français était un risque qui est finalement bien surmonté, le projet est louable et se révèle très intéressant, j'y ai appris pas mal de trucs. Il y a tout ce qu'il faut à ce type d'intrigue semblable à ce qu'on a pu voir dans Aliénor, la légende noire ou Frédégonde la sanguinaire : jeu des alliances politiques retorses, complots, assassinats, trahisons, chasses au sanglier... autour d'une héroïne qui évolue au sein d'un univers très masculin, ce qui l'aidera à se forger un caractère dur et une poigne de fer. L'obstacle des noms italiens multiples est bien surmonté par une narration habile et linéaire, la compréhension est donc aisée. Le premier tome expose l'environnement, c'est une mise en place, mais Caterina révèle déjà des traits de caractère, le meilleur reste à venir dans le tome 2. Quoi de mieux qu'un dessinateur italien pour illustrer cette période de l'histoire d'Italie ? Le dessin de Gabriele Parma qui a déjà oeuvré dans cette collection (sur Constance d'Antioche, et aussi dans la série Champs d'honneur, sur l'album consacré à Castillon), est de bonne tenue, fluide et appliqué sur les décors et les perspectives, peut-être un peu moins joli sur les visages en gros plan ; d'ailleurs il ne magnifie pas toujours son héroïne qui pourtant passe pour avoir été une femme d'une grande beauté. Une bonne surprise et une bonne Bd si on aime ces périodes troublées de l'Histoire.

08/06/2021 (modifier)