Les derniers avis (31857 avis)

Par Brodeck
Note: 4/5
Couverture de la série Le Chien dans la Vallée de Chambara
Le Chien dans la Vallée de Chambara

Je poursuis ma découverte de Micol et j'ai bien aimé " Le chien dans la vallée de Chambara ". Fin plutôt ouverte et un peu abrupte, mais réussie, car le lecteur continue de s'interroger en refermant l'album. Une histoire de vengeance prenante et un beau conte initiatique avec une héroïne maline, mais qui confrontée à des choix difficiles, ne prendra peut-être pas toujours les bonnes décisions (Micol laisse le lecteur se faire son idée). Un one-shot auquel on s'attache, qui offre au passage quelques belles réflexions sans que cela ne soit pesant, bien au contraire, et qui évite le manichéisme : les adversaires de la belle Maraki ont tous une personnalité bien définie et ont évolué au fil du temps, difficile d'ailleurs de savoir s'ils se repentent sincèrement ou de façon opportuniste. C'est une immersion réussie dans ce japon médiéval aux couleurs chatoyantes. Mine de rien, Micol propose un univers riche (SF, aventure, conte...) et très rafraîchissant. Un 3,5 que j'arrondis à 4 pour le charme qui se dégage de cette histoire.

09/10/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Guerres de Lucas
Les Guerres de Lucas

Ce n’est pas moi qui vais faire baisser la note de cette superbe série, et pourtant je ne suis pas spécialement fan de Star Wars. Etonnement, je n’ai vu la trilogie originale que récemment, en tant qu’adulte. Si j’ai beaucoup aimé, je n’ai aucun attachement émotionnel, aucune nostalgie envers cet univers, contrairement à Indiana Jones par exemple. J’ai malgré tout été fasciné par ce récit, qui absorbe et synthétise une quantité incroyable d’informations (la bibliographie en fin d’album est impressionnante) et propose une histoire entrainante et diablement intéressante. On y découvre un projet pour le moins mouvementé, en lequel personne ne croyait, à part George Lucas et quelques proches, qui a failli capoter un nombre incalculable de fois… un vrai miracle qu’il ait fini par sortir en salles. J’ai vibré avec George, et ressenti un gros soulagement quand le film finit par sortir et rencontre un succès phénoménal, alors que je connaissais déjà ce dénouement heureux, m’enfin ! MAJ pour le tome 2 : Le tome 2 s’intéresse à la réalisation du deuxième film, pas aussi paisible qu’on pourrait le penser malgré le succès du premier, notamment parce que George Lucas tente de s’affranchir pour de bon de la dictature des studios hollywoodiens, et de financer le film lui-même… un pari audacieux et lourd de conséquence ! Les auteurs réappliquent la même formule, à savoir une quantité incroyable d’information transmises via une histoire enjouée, prenante et très facile à lire. Une série passionnante, que vous soyez fan de Star Wars ou pas... Vivement le troisième et dernier tome ! Un grand bravo aux auteurs.

24/05/2024 (MAJ le 09/10/2025) (modifier)
Couverture de la série Dynamite Diva - Rumeur mécanique
Dynamite Diva - Rumeur mécanique

Wouahouh, ça décoiffe ! Et c’est bien à réserver à un lectorat adulte, tant le récit, qui mélange pas mal de genres – du polar, du fantastique, de l’érotisme – se développe dans une atmosphère trash et provocatrice. On pourrait en effet dire que c’est un polar noir, glauque et désespéré, avec des personnages ayant du mal à vivre avec leurs névroses (le chauffeur de taxi psychopathe et meurtrier en tête). Mais l’enquête sur des meurtres violents est menée par un inspecteur vieille école désabusé et bourré de préjugés, et une jeune profileuse amoureuse de la principale suspecte, Dynamite Diva, héroïne au look gothique improbable, qui elle-même se lance à la poursuite du suspect, mais dans le rôle de l’ange exterminateur. Plus que le récit lui-même, c’est l’ambiance développée par Jasper Jubenvill (que je découvre avec cet ovni) qui vaut le détour, et qui ne manquera pas d’interpeler et d’attirer les amateurs d’underground et plus généralement de folie indé déjantée. Au service de cette histoire – tout aussi facilement ou difficilement résumable – Jubenvill nous propose un travail graphique lui aussi original, et plutôt à mon goût. Il y a un peu de Crumb dans les personnages – féminins en tête – bien en chairs. Et j’aime bien le rendu de son Noir et Blanc. Au milieu du récit sont glissées plusieurs pages remplies de fausses pubs, de gadgets et autres produits dérivés autour de Dynamite Diva, et ça donne une patine vintage pas désagréable. La dernière page laisse entendre qu’une suite est possible. Pourquoi pas ? En tout cas cet album m’a suffisamment intrigué pour que j’en sois si elle voit le jour. Pour finir, ajoutons que les éditions Ici Même ont encore fait du très beau travail.

08/10/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Le Dernier Atlas
Le Dernier Atlas

Ça fait quelques temps que je n'avais pas eu de série qui m'avait happée au point de ne pas la lâcher tant qu'elle n'est pas finie. Et c'est tant mieux, parce que cette série assez blockbuster dans le fond est carrément bien écrite ! J'ai commencé la série sans même savoir ce qu'elle contiendrait et grand bien m'en a pris, c'était sans aucun doute la meilleure façon de faire. Puisqu'un résumé ne rend pas justice à la complexité de la BD, qui est une sacrée collection de sujets. Que ce soit la mafia, le changement climatique, le nucléaire, les relations franco-algériennes, la question des origines, la guerre, la géopolitique (et la politique tout court d'ailleurs), la BD se développe autour de nombreux sujets et surtout autour d'une pléthore de petits détails annexes bien vu. Ça commence par cette uchronie algérienne détaillée à la fin du premier volume qui permet de parler de nombreux sujets de la vraie vie véritable dans un contexte où la réalité historique n'est pas un poids et permet de s'amuser avec le scénario. Mais ça se poursuit avec toute ces questions soulevées sans cesse dans le récit et qui finissent par devenir prépondérante à l'intrigue principale. On a quand même une BD sur des gros robots et un truc extra-terrestre qui parle de zadistes (et de fermes bio), des clans de mafias se disputant, de l'Inde et de l'Algérie, des relations politiques et de la réécriture de l'Histoire par les États ... Non, vraiment, je me dois d'insister mais le contexte développé est touffu et prenant, presque trop pourrait-on dire, tout en permettant à une histoire de se développer. Histoire dont la résolution est somme toute classique mais parce que l'essentiel n'est pas dans celle-ci mais dans tout ce dont elle permet de parler. Je veux dire, vous en connaissez beaucoup des histoires blockbuster à ce point qui finissent avec un tel sentiment d'amertume et de fatalisme ? Ça détruit à tout va et la fin semble parler de paix presque illusoire, tandis que la mafia reste plus puissante que jamais. Et le tout sur fond de corruption politique, Histoire réécrite et passée violent qui refait surface. La série est clairement dans l'air du temps, d'ailleurs elle est à mon avis nourri de l'anxiété qu'a fait monter le covid (le tome 3 sent plus clairement l'impact du covid), mais c'est aussi et surtout une réflexion longue et lente sur l'humanité à l'aube des années 2020. On sent les commentaires sociaux et politiques, clairs et jamais dissimulés, mais avec une touche de grand spectacle, de scénario rocambolesque qui ne s’embarrasse pas toujours de détails techniques. Et je dois dire que je suis très client de cette approche à la fois simple dans le récit mais complexe dans le propos. Une série passionnante aux personnages hauts en couleurs, menée tambour battant autour de questions de plus en plus importantes dans nos sociétés. Non, franchement, je ne peux que vous recommander cette lecture !

08/10/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Dr Wertham
Dr Wertham

Plutôt fan du coup de crayon d'Eric Powell, j'étais curieux de découvrir cette biographie du Dr Wertham, personnage que j'avais découvert grâce à une autre BD : Fredric, William et l'Amazone de Jean-Marc Lainé et Thierry Olivier. Dans cet album j'avais découvert ce personnage parti en croisade contre les comics en plein Maccarthysme s'affrontait avec William Moulton Marston, le créateur de Wonder Woman, qui défendait lui l'intérêt pédagogique de ces créations. Ici, point de William Moulton Marston, on se recentre sur Fredric Wertham, un psychiatre d'origine allemande gorgé d'ambition qui va immigrer aux Etats-Unis et s'imposer au fil des ans comme un spécialiste des criminels. Car s'il est avant tout connu pour sa guerre contre les comics, Fredric Wertham fut avant tout un spécialiste des tueurs en série ; c'est ce que montre parfaitement la première partie de l'album. C'est en cherchant à déterminer les causes et les influences menant au crime que le Dr Fredric Wertham va se focaliser sur les comics qui apparaissent et pullulent après-guerre. Ce sont pour lui la cause de tous les maux de cette jeunesse dévoyée... Si c'est ce fanatisme qui restera comme image du personnage, nos auteurs n'en oublient pas pour autant la part humaniste de Wertham. C'est en effet grâce à lui que la ségrégation à été supprimée dans les écoles ou encore qu'il fût l'un des premiers à ouvrir une clinique psychiatrique pour les défavorisés à Harlem. En tout cas, voilà un album, un brin bavard, mais qui met en lumière un personnage central de l'histoire de la BD américaine. Peu s'en est fallu que celles-ci disparaissent sous ses coups de boutoir, aboutissant tout de même au fameux Comics Code Authority. Le graphisme d'Eric Powell est parfait pour l'exercice, avec cette colorisation tout en sepia, rendant à merveille le côté autoritaire du personnage et l'ambiance de chasse aux sorcières de l'époque.

08/10/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5
Couverture de la série Saint Rose - À la recherche du dessin ultime
Saint Rose - À la recherche du dessin ultime

Saint Rose, c'est un peu la rencontre entre Jean-Pierre Mocky et Jules Verne... Moi qui ne suis pourtant pas toujours un adepte de l'humour absurde (dans mon souvenir, j'avais moyennement aimé Les Miettes de Peeters par exemple), j'ai lu avec délectation ce récit d'aventures décalé, mais enlevé, bourré d'énergie et franchement drôle. Il y a du James Bond dans cette histoire, un peu d'Indiana Jones, des personnages hauts en couleur (dont un papou téméraire et un aventurier élégant et généreux, le dénommé Saint Rose, et Micol qui se met en scène avec beaucoup d'autodérision), des gangsters rappelant de célèbres philosophes et même Scarlett Johansson ! La somme de ces éléments pourrait paraître bien baroque, mais l'auteur parvient pourtant à garder le cap jusqu'au bout et à nous offrir un récit d'aventures palpitant. J'ai également beaucoup apprécié la partie graphique, on navigue entre le trait d'Oubrerie je trouve (mais là, " Renée Stone " est bien dépoussiéré !) et celui de Sfar. Pas complètement convaincu par " Mimesia " dont j'attendais beaucoup, je vais maintenant découvrir : Le Chien dans la Vallée de Chambara qui semble plus classique.

07/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Loup des Mers
Le Loup des Mers

Je pense qu'Emka a exprimé avec brio l'essentiel de ce que je voulais dire sur cet ouvrage dans son avis précédent ! J'ai moi-même beaucoup apprécié ce roman graphique, basé sur l’œuvre originale de Jack London. Je n'ai, pour ma part, pas encore lu les deux autres ouvrages composant la trilogie de la mer de Riff Reb's donc je ne pourrai malheureusement pas les comparer. Le découpage de l'histoire en chapitres courts, denses, rend l'histoire très rythmée. Le graphisme de Riff Reb's au trait bien appuyé et dynamique confère aux marins de vraies gueules cassées, tranchant avec le raffinement des naufragés accueillis sur le bateau. L'idée de traiter chaque chapitre en monochromie avec des tons allant du bleu au rouge selon l’enchainement des événements est également très astucieuse et renforce l'immersion du lecteur. La confrontation des personnages de Loup Larsen (en français dans le texte), capitaine brutal faisant régner la terreur sur son bateau mais qui témoigne tout de même d'une certaine intelligence, et d'Humphrey Van Weyden, critique littéraire peu habitué aux travaux manuels et qui ignore tout de la rudesse de la vie en mer, est particulièrement intense et donne lieu à des échanges et débats philosophiques très intéressants (vie après la mort, culture, sens de la vie, etc). J'ai ainsi beaucoup apprécié la profondeur de ces deux personnages qui ne tombent pas dans la caricature de la brute écervelée contre le faible mais intelligent critique littéraire. Le final, beaucoup plus sombre que l’œuvre initiale de J. London, clôt de manière très juste ce huis-clos se déroulant dans l'immensité d'une mer souvent déchainée et avalant goulument les marins. Un roman graphique qui mérite sans nul doute de figurer dans les immanquables de BDthèque. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 8/10 NOTE GLOBALE : 16/20

07/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Green Witch Village
Green Witch Village

Tout m'attirait dans cette BD, et je n’ai pas su y résister. Le décor fascinant du New York des années 50, dessiné avec élégance et minutie, ce cadre historique évoquant l'apogée des États-Unis en pleine Guerre froide, une trame de départ mêlant voyage temporel, possible histoire de fantômes et quelques références à la culture pop, comme cette Tabatha au minois d'Audrey Hepburn qui joue le rôle d'une jolie sorcière qu'on imagine facilement bien aimée… Tout semblait réuni pour me plaire. Sans oublier Trondheim au scénario, gage d’une intrigue dense, intelligente et souvent drôle. Même si je suis d'ordinaire peu friand des récits d’espionnage, tout le reste m'a conquis. Graphiquement, j'ai été séduit dès les premières pages, puis franchement impressionné en découvrant le dossier graphique en fin d'album. J'aimais déjà la finesse du trait, le sens du détail, la mise en scène claire et soignée. Les couleurs, sobres et volontairement classiques, jouent sur des aplats sans dégradés, avec parfois des teintes inattendues (notamment ces violets qui rappellent par instants l'ambiance d'un Watchmen). Mais apprendre que chaque planche avait été pensée pour pouvoir être découpée en strips indépendants, avec une grande vignette d'ouverture et une chute à la fin, m'a encore plus bluffé : cette contrainte, pourtant lourde, ne se ressent jamais à la lecture puisque je ne m'en étais même pas rendu compte. La fluidité narrative reste totale. L'album se révèle en fait un hommage aux comics hebdomadaires américains des années 50. Ce format feuilletonesque donne à l'ensemble un charme rétro et une énergie singulière. L'histoire, à la fois légère et mystérieuse, combine des thématiques très diverses, enquête, fantastique et espionnage dans une harmonie étonnante. Entre le secret du voyage temporel, la présence du fantôme et la menace d'un possible attentat nucléaire, les fils narratifs s'entrecroisent habilement sans jamais se perdre. Le tout est porté par une héroïne vive et moderne, dont le féminisme avant l'heure vient heurter une Amérique encore très patriarcale. Son esprit, son humour et son aplomb en font un personnage immédiatement attachant. J'ai passé un excellent moment avec cet album dense, intelligent et visuellement superbe. À la fois hommage et réinvention, il réussit le rare équilibre entre divertissement et profondeur. C'est une œuvre complète, maîtrisée dans ses moindres détails, et dont la lecture laisse un vrai sentiment de satisfaction, comme si l'on avait retrouvé un classique oublié.

07/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Arcana
Arcana

Le monde d'Arcana est un univers de Fantasy régi par la magie du Tarot. Les 4 îles principales qui le composent, Bâtons, Coupes, Epées et Deniers, sont protégées par 22 Arcanes Majeures, humains dotés de pouvoirs magiques très puissants relatifs aux symboles de leur arcane, et par 56 Arcanes mineures, 14 par île, qui sont autant de dignitaires là encore destinés à un rôle bien particulier. Tous les ans, une sélection magique est réalisée parmi les adolescents de quinze ans de chaque île pour déterminer qui seront appelés à devenir apprentis de l'une des brigades de chaque Arcane Majeure et iront étudier sur l'île centrale d'Arcana. Fauna et Flora font toutes deux parties des élus de cette année là et ce n'est qu'en arrivant sur l'île qu'elles vont se rencontrer pour la première fois et découvrir qu'elles sont soeurs jumelles. Une prophétie se fait alors entendre, liée à de fameuses soeurs de sang qui apporteront mort et destruction. S'agit-il de Flora et Fauna ? Est-ce une véritable prophétie ? Et qui rôde dans l'ombre et semble vouloir s'en prendre à elles ? Arcana était initialement prévue en 4 tomes mais finalement achevée avec un très gros 3e tome. Et je suis tombé sous le charme de son premier. Pour commencer, ces albums sont physiquement beaux. Au format moyen, épais à très épais, ils sont recouverts d'une belle couverture en surbrillance aux allures de carte de Tarot. L'intérieur est de la même qualité matérielle, avec un papier lisse et solide. Le graphisme est plein de personnalité. Le trait lui-même est relativement simple dans la forme, mais soigné dans les détails, décors et costumes. Il empreinte régulièrement à l'atmosphère visuelle du tarot et de l'ésotérisme pour sa mise en page et ses symboles. Il n'est pas parfait techniquement, notamment le dessin des yeux qui est parfois étrange et peu symétrique. Mais il se démarque surtout par ses couleurs intenses. Je ne saurais dire quelle technique est employée ici, informatique ou autre, mais le résultat rappelle certains dessins au feutre par la force et le contraste de ses couleurs. Le résultat est plein de charme et objectivement joli. L'histoire, pour sa part, ne marque pas tellement pour la complexité ou l'originalité de son intrigue de base, mais davantage par celle de son univers très inspiré d'ésotérisme et de pratiques divinatoires. Le Tarot est au cœur du sujet évidemment, mais aussi l'astrologie, les runes, les objets chamaniques et autres cristaux de lithothérapie. On se croirait parfois dans le guide d'achat d'une boutique ésotérique, même si heureusement le tout est ici adapté à l'univers de fantasy de cette histoire et les pages explicatives sur le sujet s'intègrent bien à la narration. Je ne suis absolument pas versé dans ce type d'ésotérisme superstitieux mais j'aime bien l'atmosphère visuelle et évocatrice de ces sujets, de même que toute la symbolique derrière le Tarot et ses Arcanes. L'autrice appuie assez fortement sur ce qu'on pourrait appeler la dimension woke de son univers. Langage inclusif, diversité des orientations sexuelles, présence de personnages non genrés : tout cela traduit une volonté affirmée d'assumer un monde plus ouvert, quitte à froisser les lecteurs les plus conservateurs. Pour ma part, cela ne me gêne pas vraiment, car cet aspect s'intègre plutôt bien à l'ambiance singulière de cette fantasy. En revanche, la façon dont c'est amené manque parfois de naturel, sans doute parce que j'avoue avoir du mal avec l'écriture inclusive. Au-delà de cela, les personnages sont plutôt bons et attachants, avec quelques personnalités intéressantes et crédibles. On a envie de les suivre et de voir où l'histoire va nous mener et ce qu'elle va révéler. J'ai pris plaisir à lire cette série, doté d'un beau visuel et portée par une intrigue bien construite, suffisamment mystérieuse pour maintenir l'intérêt du lecteur tout en offrant un univers coloré aux influences ésotériques multiples. Le récit global tient la route et se distingue par une réelle originalité. La conclusion, un peu moralisatrice, reste cohérente et satisfaisante.

02/10/2021 (MAJ le 07/10/2025) (modifier)
Couverture de la série Moi, Jules César
Moi, Jules César

Cette série pourrait très bien avoir sa place dans une bibliothèque dévolue à l'histoire de Rome. En effet les auteurs proposent un récit historique très détaillé et référencé comme le prouve les nombreuses pages de notes en fin d'ouvrage. De nombreux passages sont basés sur les écrit de Suétone ou de Plutarque mais aussi sur les recherches de nombreux spécialistes de la période et bien sûr avec les écrits de César pendant la Guerre des Gaules. Contrairement à une série comme Murena fiction historique qui fait place à beaucoup d'émotionnel, ici il s'agit bien d'un récit historique complet et détaillé où quelques situations fictives donnent de la souplesse et de la fluidité à la narration. La lecture est soutenue mais accessible. Le personnage peu, sympathique de César mérite cette attention tellement il a marqué la destinée européenne comme modèle politique ou militaire. La vie familiale du dictateur n'est pas oublié tant qu'elle sert la destinée politique de l'homme. Les auteurs évitent le voyeurisme intime même si le fameux "le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris" est évoqué brièvement. Les auteurs donnent une bonne visibilité à un récit qui aurait pu être très confus tellement il y a de personnages, d'alliances et de trahisons pendant ces plus de vingt ans de pouvoir. J'ai beaucoup aimé la partie jeunesse de César très bien mis en perspective par les auteurs. A travers la guerre civile des Optimates contre les Plébéiens ce passage fonde une grande partie des actions postérieures du maitre de Rome. Le portrait est implacable tout en évitant un jugement de valeur d'une vision contemporaine. César était sans état d'âme un horrible génocidaire, esclavagiste et impérialiste. Pourtant il est resté un modèle historique qui a même eu sa place de façon humoristique dans nos albums préférés. Je trouve que cela à de quoi faire réfléchir. Le graphisme est précis . On pourrait lui reprocher son côté scolaire mais cela correspond à l'esprit d'enquête historique sérieuse que propose la série. La violence est très présente mais contenue sans volonté malsaine de voyeurisme. Ainsi le dessin équilibre bien un texte recherché qui essaye du mieux possible de rendre la pensée politique de César. Une bonne lecture pour les amateurs d'Histoire et plus.

07/10/2025 (modifier)