Les derniers avis (31857 avis)

Par pol
Note: 4/5
Couverture de la série Ulysse & Cyrano
Ulysse & Cyrano

Je crois que l'essentiel a été dit sur cet album. En effet on passe un très bon moment et cela malgré les petits points négatifs relevés par les uns et les autres. A commencer par les clichés qui entourent le jeune héros, Ulysse. Héritier d'un riche industriel, sa voie est toute tracée : reprendre l'affaire familiale. Son père est un dur, sa mère est effacée et lui ne veut pas de cette destinée, il rêve d'une autre vie. En l'occurence sa rencontre avec Cyrano sera le révélateur : c'est la cuisine qui le fait vibrer. Ce qui amène peut être l'autre bémol : les énumérations de plats qui s'enchainent donnent l'impression de regarder une énieme saison de top chef. Mais malgré ces détails, c'est très plaisant à suivre. Car si c'est très classique, c'est surtout bien dessiné et très bien raconté. Ulysse est attachant, on est assez curieux de voir où son apprentissage progressif de la cuisine, en parallèle de ses révisions du bac, va le mener. Son binôme avec Cyrano, le cuistot bourru qui devient son mentor, fonctionne bien. Les péripéties sont un peu convenues, on sait déjà qu'ils vont se disputer puis se réconcilier... mais c'est pas grave, on ne s'ennuie jamais avec ces deux là. C'est vraiment une BD feel good qui donne le sourire, à défaut de surprendre.

07/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Moi, Fadi - Le Frère volé
Moi, Fadi - Le Frère volé

Riad Sattouf réussit encore une fois à toucher en plein cœur avec Moi, Fadi, le frère volé. Cette BD raconte l’enfance de Fadi, entre la Bretagne et la Syrie, avec des moments bouleversants mais toujours racontés avec justesse et un brin d’humour. On ressent toute la complexité de la famille et le poids de certaines décisions, mais aussi les instants de tendresse et de complicité qui subsistent malgré tout. Le dessin simple de Sattouf rend le récit vivant et authentique. Ce qui m’a le plus marqué, c’est de voir le monde à travers les yeux de Fadi, longtemps resté dans l’ombre, et de comprendre enfin son histoire. Et maintenant, je n’ai qu’une envie : lire la suite ! On attend de voir comment Fadi va grandir et affronter la suite de son histoire.

07/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Sainte Famille
Sainte Famille

Les éditions Ego comme x ont publié pas mal d’œuvres autobiographiques, dont certaines très fortes (je pense par exemple au Journal de Fabrice Neaud). Cette « Sainte famille », par son caractère d’introspection, par sa volonté de ne rien cacher des sentiments et réflexions de l’auteur, voire de ses travers, se situe dans la lignée du Journal, ou de Douce confusion d’Olivier Josso, chez le même éditeur. L’essentiel de la narration suit les commentaires de l’auteur lui-même, sous forme d’un long monologue (rares sont les dialogues dans des phylactères), mais ça n’alourdit pas le récit, très autobiographique, mais pas uniquement autocentré. En effet, les figures du père et de la mère – et les conséquences de leur séparation – occupent pas mal de place. La mise à nu à laquelle se contraint Xavier Mussat (mise à nu poursuivie dans le très intéressant Carnation) intéresse au-delà du simple aspect voyeurisme, il y a dans son récit beaucoup de pudeur – qui n’empêche pas la violence de s’inviter. Il y a aussi une sensibilité et un talent qui donne à cet album qui transcende l’aspect psychanalytique dans lequel le lecteur se trouve embarqué ici, à écouter – lire plutôt – le « patient » Mussat, qui nous expose son mal-être, les étapes de sa construction personnelle. Un album sincère, fort, que le dessin faussement maladroit et une belle utilisation du Noir et Blanc accompagnent très bien.

06/10/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Terres d'Ynuma
Terres d'Ynuma

Après les Elfes, les Nains, les Ocs, l'ouverture vers un semblant de continent africain avec les Terres d'Ogon, un nouvel horizon s'ouvre dans le Monde d'Aquilon : Les Terres d'Ynuma, qui revisite façon fantasy la mythologie japonaise. Si j'ai commencé par me dire "Allez... Encore une nouvelle extension de l'univers déjà mastard du monde d'Aquilon !", j'avoue avoir un faible pour la mythologie japonaise, et j'ai donc plongé empli de curiosité dans ce nouveau cycle. On retrouve Nicolas Jarry au scénario, déjà bien investi dans l'univers, et Vax au dessin, que j'avais découvert avec Guerres & Dragons et le cycle Terres d'Ogon. Son trait est agréable et je l'ai trouvé très inspiré dans ce nouvel univers asiatique. Ses personnages sont bons, ses décors très réussis et immergeants, et les créatures fantastiques du folklore japonais magnifiquement réalisées. Si le coup du duo improbable ne brille pas par son originalité, il fonctionne pour autant très bien. Le titre de cet album tient au légendaire Samouraï rouge qui accompagne la prêtresses Mei-Jen dans ses exorcismes. Et nos deux compères ne chaument pas ! Chaque petite aventure s'ouvre sur un haïku formant au fil des pages un récit au long cours. Voici donc un nouveau pan de cet univers qui s'ouvre de façon très plaisante ; on est vite happé quand, comme moi, le folklore japonais et la fantasy vous titillent. Espérons juste que nous ne soyons pas partis pour une trop longue série de tomes qui finissent par noyer le lecteur (5 tomes sont pour l'instant annoncé).

06/10/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série French Theory
French Theory

La French Theory, c’est quoi ? C’est un courant de pensée initié par des philosophes français dans les années 60 où le concept de déconstruction tenait une place centrale. Le fait que l’appellation soit en anglais démontre à lui seul l’importance de ce mouvement et l’engouement qu’il suscita aux États-Unis, bien plus qu’en France, même si cela se limitait aux universités et que seuls les initiés en maîtrisait le concept. Pourtant, ces textes philosophiques, si puissants dans leurs contenus, ont fini par déborder des bibliothèques et des conférences universitaires, se propageant dans le reste de la société et infusant les mœurs et la culture… Pour faire simple, c’est ce mouvement qui a inspiré la lutte des minorités, qui recouvre un vaste champ thématique, de la question coloniale aux combats féministes, en passant par la notion d’identité et de genre, la contestation sociale, la conquête de nouveaux droits…dans un contexte où le capitalisme, moins menacé à l’époque, n’avait pas encore révélé toute la férocité dont il est capable… Une férocité qui s’exprime à travers le « backlash » auquel on assiste depuis quelques années, « le retour de bâton après des progrès et des avancées », en somme une attaque en règle contre le fameux « wokisme » qui, aux yeux de ses adversaires, est devenu l’insulte ultime évitant toute justification… et pour cela, la fin justifie les moyens : répression violente, privatisation tous azimuts, individualisme, technologies de contrôle… et désormais tentatives de miner la liberté d’expression, comme on peut le voir avec Trump n°2, qui ne ménage pas ses efforts pour remettre en cause le premier amendement de la constitution US ! Face aux slogans simplistes assénés par les réactionnaires de tout poil pour toucher les foules qu’ils préfèrent déculturées, on serait tentés de croire que la pensée déconstructiviste ne fait guère le poids. En effet, peut-on envisager une seule seconde de s’appuyer sur un ouvrage au contenu ardu d’un Foucault ou d’un Deleuze pour répondre à un interlocuteur qui clamera, en se contrefoutant éperdument de vos arguments, sa détestation des intellos woke-islamo-gaucho-bobos ? Et c’est bien en cela que « French Theory » coche toutes les cases. C’est une synthèse parfaite et rafraichissante d’une pensée parfois complexe, et qui incitera les plus motivés — les plus « rebelles » aussi — à creuser le sujet, grâce à la bibliographie en fin d’ouvrage. La narration fluide rend le concept de déconstruction accessible – y compris pour moi qui je le confesse n’ai lu aucun ouvrage de ces philosophes. Plutôt que de développer en détail cette théorie (ce qui est fait sur un seul chapitre), les auteurs ont choisi de privilégier l’histoire du mouvement, ses implications hors du cadre universitaire, à l’échelle internationale, ses influences à travers la peinture, l’architecture, le cinéma, la musique, la littérature, sans oublier… la bande dessinée. De même, les autres protagonistes du mouvement sont évoqués — et il n’y avait pas seulement les cinq représentés en couverture (Michel Foucault, Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Jean Baudrillard), loin de là. Bon nombre d’entre eux n’étaient pas français, beaucoup étaient évidemment étatsuniens, et parmi eux : Bernard Said, Homi Bhabhaj et G.C. Spivak (tous deux nés en Inde), Judith Butler, Eve Kosofsky Sedgwick… Pour accompagner le texte, Thomas Daquin nous propose une ligne claire pop et colorée, aux accents parfois psychédéliques, reflétant bien l’atmosphère de l’époque. Ce dernier sait faire preuve d’inventivité et de fantaisie pour mettre en images des concepts pouvant paraître abstraits, conférant au livre un côté très ludique. Si l’ouvrage décrit un monde en décomposition où les mouvements progressistes se voient férocement attaqués de toute part par les politiques autoritaires voire fascisantes, il permet aussi de prendre du recul et fait appel à notre aptitude à l’analyse. Il nous oblige à faire un pas de côté, nous conduit à voir les choses sous une perspective nouvelle, moins désespérante. Car en effet, la French Theory se veut aussi « une boîte à outils politique, qui inclut sa propre critique, mais pas vraiment de notice d’utilisation ». En suscitant ainsi la réflexion, il poussera peut-être les plus révoltés et/ou démoralisés par le contexte actuel à être créatifs en inventant de nouvelles formes d’action. La bonne nouvelle, nous dit François Cusset, c’est que l’œuvre de ces philosophes est redevenue vivante en France, au grand dam des propagandistes anti-woke. Cette bande dessinée, qui dérive de l’essai éponyme de François Cusset, demeurant ici co-auteur, est donc une réussite totale en termes de vulgarisation, prouvant s’il était besoin la capacité du neuvième art à attirer un lectorat pas forcément porté sur ce type d’ouvrages, et à lui faire découvrir des écrits théoriques souffrant — quoi qu’on en dise — d’une image rébarbative pour le commun des mortels. Évoquer sur 144 pages seulement un mouvement philosophique réunissant autant d’acteurs, et par ailleurs assez disparate — certains d’entre eux étaient même en opposition sur certains sujets —, relevait incontestablement du challenge. Les auteurs ont parfaitement relevé le défi, qui fait de « French Theory » un vrai coup de cœur et l’une des lectures indispensables de l’année. En guise de conclusion à cet avis, n’oublions pas cette puissante citation de Gilles Deleuze mentionnée en fin d’ouvrage : « LE POUVOIR NOUS VEUT TRISTES ». En espérant que ça vous donne la patate et le smile ;-)

06/10/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
Couverture de la série L'Orangeraie
L'Orangeraie

Achetée un peu à l’aveuglette pour mon boulot sur la foi d’un papier plutôt favorable, cette BD m’a conquis. Je ne connaissais pas du tout le récit original, mais les auteurs évoquent un sujet d’actualité douloureux (le terrorisme en l’occurrence) qu’ils parviennent à élever au-dessus d’un contexte précis et à rendre accessible à un public plus jeune. Bon, graphiquement, j’avoue, ce n’est pas la grosse éclate, même si le dessin est tout à fait correct. Disons que l’ensemble manque un peu de personnalité, et le trait d'un peu de finesse, et que vu le style, on aurait apprécié davantage de détails. C’est surtout le scénario qui marque les esprits, ainsi que son cheminement émotionnel. L’histoire commence lors d’une répétition de théâtre qui voit l’un des acteurs quitter la scène précipitamment, affirmant qu’il est incapable de jouer le rôle qui lui est assigné. Le metteur en scène le rattrape, et notre homme révèle qu’il porte en réalité un tout autre nom. Et puis hop ! Flashback ! Le truc monte gentiment, puis il s'installe une ambiance pesante mais pudique. On devine les choses bien davantage qu'on ne les voit, et c'est la grande force de ce récit qui se fait comprendre à demi-mot (d'où une frustration éprouvée du côté des dessins, mais peut-être qu'après tout, il fallait cette douceur de trait...). J'ignore bien entendu si cela est le fait du roman à l'origine de cette adaptation, mais en tout cas, le sujet n'en est que bien plus fort car il s'infiltre dans tous vos pores, dans tous vos neurones tout en ne vous imposant rien. Très chouette histoire, très forte, qui en outre sait se mettre à hauteur d'adolescent. Une belle surprise.

05/10/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Arabe du futur
L'Arabe du futur

L’Arabe du futur, de Riad Sattouf, est bien plus qu’une simple autobiographie dessinée : c’est un véritable voyage à travers l’enfance, la mémoire et les contradictions du monde contemporain. En racontant sa jeunesse entre la France, la Libye et la Syrie, Sattouf livre un témoignage à la fois intime et universel, où se mêlent les notions d’identité, d’éducation, de culture et de liberté. Le regard d’enfant, parfois candide, parfois d’une lucidité désarmante, donne au récit une force émotionnelle rare. À travers ses yeux, on découvre la vie quotidienne dans des régimes autoritaires, les différences culturelles parfois incompréhensibles, mais aussi la tendresse et la complexité des relations familiales. Son père, personnage central et paradoxal, incarne à lui seul le tiraillement entre idéalisme et autoritarisme, modernité et tradition. Le dessin de Sattouf, d’apparence simple, est d’une efficacité remarquable : les visages expressifs, la mise en couleur monochrome propre à chaque tome, et la composition fluide rendent la lecture aussi claire qu’immersive. Le ton oscille constamment entre humour et gravité, ce qui rend l’ensemble profondément humain. L’Arabe du futur réussit à captiver aussi bien les amateurs de récits autobiographiques que ceux qui s’intéressent aux questions de société, d’histoire ou de culture. C’est une œuvre marquante, sincère et intelligente, qui pousse à réfléchir sur la notion d’identité et sur la manière dont nos origines façonnent notre regard sur le monde.

05/10/2025 (modifier)
Couverture de la série La Montagne entre nous
La Montagne entre nous

Le dessin – et la colorisation – sont pleins de qualités, mais je ne les trouvais pas à mon goût, et ma lecture a été au départ un peu réticente. Mais je suis passé outre, comme j’ai accepté d’attendre que se mettent en place toutes les pièces d’un joli puzzle, l’intrigue prenant peu à peu de la densité et de l’intérêt – comme les personnages et leur histoire personnelle et intime, tout cela étant vraiment bien construit par Marcel Shorjian. Jusqu’à la dernière page, les révélations sur le passé des quelques personnages que nous suivons apportent de la profondeur et de la dureté à leur vie. Avec des questionnements évidents : quels sont les moments charnières ? Peut-on revenir en arrière ? Ou recommencer, non pas à zéro, mais sur un chemin parallèle, la route qu’on aurait pu et dû faire ensemble ? Le début est assez classique : Marcia revient dans le village de son enfance à l’occasion d’un enterrement, retrouve sa mère (qui l’avait mise à la porte) et surtout Florence, son amour d’adolescence, avec laquelle elle avait voulu partir. Sur ce canevas déjà vu, l’intrigue se développe de façon plaisante, avec au cœur une thématique rappelée à plusieurs moments et à plusieurs niveaux : le rejet de l’autre, les préjugés néfastes. Le lourd secret de la mère de Marcia en est un exemple, mais surtout l’homosexualité de Marcia, rejetée par sa mère et le village (brutalement sur la fin !), alors qu’à la radio en bruit de fond passent des débats diffusés au moment de la discussion de la loi sur « le mariage pour tous ». Il ne faut pas vivre avec ses regrets semblent nous dire Marcia et Florence, et l’histoire de Shorjian en général. La narration est pleine de subtilité, agréable, et si la bêtise humaine est dénoncée (les femmes tondues à la libération, les propos homophobes de la Manif pour tous et/ou des villageois), c’est avant tout le positif qui est mis en avant, un positif incarné par le personnage de Marcia. Une chouette histoire en tout cas.

04/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Marsupilami de Frank Pé et Zidrou - La Bête
Le Marsupilami de Frank Pé et Zidrou - La Bête

Le Marsupilami – La Bête est une œuvre à part, qui revisite le mythe créé par Franquin avec une audace rare. Zidrou et Frank Pé ne se contentent pas de réutiliser un personnage culte : ils le réinventent totalement en le plaçant dans un contexte réaliste, dur, presque social. On est très loin de l’univers coloré et léger de Spirou : ici, le Marsupilami n’est plus une créature drôle et malicieuse, mais une bête traquée, prisonnière de la cruauté des hommes. Le scénario de Zidrou surprend par son ton grave, mais aussi par la sensibilité qui s’en dégage. Il met en lumière la différence, le rejet, la peur de l’autre, tout en soulignant l’importance de la compassion et de la solidarité. Le Marsupilami devient alors le miroir de notre rapport à l’animalité, à l’altérité et même à la fragilité humaine. Graphiquement, Frank Pé livre un travail absolument somptueux. Chaque planche respire la vie et la matière, qu’il s’agisse de la jungle luxuriante ou de la grisaille urbaine. Son trait puissant, expressif, presque sauvage, colle parfaitement à ce récit qui oscille entre dureté et tendresse. La mise en couleurs sublime les ambiances et donne une dimension presque cinématographique à l’ensemble. En refermant l’album, on a le sentiment d’avoir lu bien plus qu’une simple « aventure du Marsupilami ». C’est une fable moderne, cruelle et émouvante, qui démontre qu’un mythe peut être revisité avec intelligence et profondeur.

03/10/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Helen de Wyndhorn
Helen de Wyndhorn

Un comics lumineux et magique. Le retour du trio Tom King, Bilquis Evely et Matheus Lopes après leur surprenant Supergirl - Woman of Tomorrow. Un recit conté par une vieille femme (Lilith Appleton) à un jeune homme curieux, il veut en savoir plus sur l'écrivain C.K. Cole. Il enregistre cette discussion sur cassettes. Cette femme a été la gouvernante d'Helen la fille de C.K. Cole après la mort de celui-ci. L'action se situe au début des années quarante au château de Wyndhorn. La tache de la gouvernante n'est pas simple, la jeune Helen a un goût immodéré pour la boisson (les gènes familiaux) et a besoin de sa dose de nicotine. Le grand-père (Barnabas) d'Helen ne va pas lui faciliter la tache, il est taciturne et souvent absent. Tom King va nous transporter de l'ambiance feutré du château à des contrées sauvages et fantastiques. Dans le jardin du château se trouve une porte magique gardée par une sorcière, et pour franchir celle-ci il faut payer son tribut : une dent. L'autre monde est peuplé de créatures surnaturelles et dangereuses. Monde réel et fiction se succèdent et se complètent pour crever les abcès qui pourrissent les liens familiaux de la famille Wyndhorn. Une narration onirique où la voix off de la gouvernante sera omniprésente, mais elle ne sera pas la seule, et pour les différencier il faudra rester attentif, une couleur différente pour chaque voix off. Un récit intimiste et flamboyant qui ne se concentre pas que sur Helen et sa famille puisqu'on va suivre en parallèle le parcours de ces fameuses cassettes enregistrées. C'est aussi un hommage aux pulps magazines, comment ne pas penser à Robert E. Howard dans le personnage de C.K. Cole et à Conan dans celui d'Othan, le héros des pulps de C.K. Cole. Deux auteurs qui connaîtront le succès après leur mort. Un final qui peut paraître abrupte, mais certains détails dans les deux dernières cases devraient vous donner une partie de la réponse. La partie graphique est phénoménale. Bilquis Evely nous gratifie, avec son trait fin, fluide et d'une précision chirurgicale, de planches aux décors époustouflants, riches et variés, que ce soit dans cet autre monde ou celui plus conventionnel du château. Les personnages ne sont pas en reste, ils sont beaux et expressifs. La mise en page est inventive et les couleurs de Matheus Lopes sont somptueuses. Un album à l'atmosphère envoûtante. On comprend pourquoi Bilquis Evely a reçu le prix de la meilleure dessinatrice aux Eisner Awards 2025. Un enchantement. Quelques couvertures VO en fin d'album. Elsa Charretier s'en tire très bien dans son style rétro, mais la plus belle est incontestablement celle de l'immense David Mack ! Coup de coeur.

03/10/2025 (modifier)