Le Chasseur de Rêves

Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)

Don Quichotte chez Lewis Carroll.


Cryptozoologie Les petits éditeurs indépendants

Aux confins des rêves vivent toutes sortes d’animaux aussi fabuleux qu’imaginaires : le bétopotame, la chaizelle ou le poëléphant… Pour le Chasseur et son fidèle Sancho, il suffit de s’endormir et crac, la traque commence… comme autant de portes ouvertes sur l’absurde. Chasseur de rêves, c’est un tandem de doux rêveurs, qui ne manqueront pas de surprendre, et de ravir les jeunes lecteurs ! (Site de l'éditeur)

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Janvier 2016
Statut histoire Histoires courtes 3 tomes parus

Couverture de la série Le Chasseur de Rêves © Sarbacane 2016
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)
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07/02/2017 | Noirdésir
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L'avatar du posteur Deretaline

Comme disait ma mamie : en voilà une série qu'elle est quand-même vachement bonne ! Je me suis lancée dans cette série pour deux raisons : la première c'est qu'elle ne sortait jamais à ma bibliothèque et la seconde c'est que le postulat me faisait miroiter de savoureuses petites histoires pleines de fantaisie et de créatures loufoques. Aussi car mon père m'en avait dit du bien, je l'avoue. Bon, premièrement je regrette sincèrement que la série ne soit pas plus empruntée car, bien que n'étant pas du goût de tout le monde, elle reste suffisamment travaillée et atypique pour valoir un sincère coup d'œil et quelques louanges. En effet, pour tout-e amateur-ice de récits alambiqués où les rêves et les illusions se confrontent (et se confondent aussi) à la réalité, un peu à la Don Quijote, ce récit offre une lecture on ne peut plus agréable. Le chasseur (car c'est son nom), rêve de chasse et de gloire. Ou, pour être plus précise, il chasse les rêves et la gloire. C'est un chasseur d'aventure, un désireux de grandiose, quelqu'un qui se refuse à l'ennui d'un quotidien banal. Pour lui, tout évènement insignifiant, que cela soit la lecture d'un roman, la vision de nuages aux formes atypiques dans le ciel ou encore le fait de tomber malade, est une nouvelle occasion de partir en chasse, de chercher une forme de grandeur et d'épique. Comme Don Quijote, avec qui la comparaison est évidente, notre chasseur est affublé d'un Sancho, d'un assistant, un faire-valoir en apparence qui se révèle en réalité bien plus terre-à-terre que son maître et cherchant toujours à le connecter au réel. Il cherche à le protéger, à s'assurer que ses chasses et ses rêves n'aient pas de conséquences désastreuses, pour lui comme pour les espèces qu'ils croisent. A noter cependant que les rêves du chasseurs sont bien plus concrets que les géants de l'hidalgo, les incartades du réel, les chassés-croisés entre le monde bien tangible et l'imaginaire semblent bel et bien être intradiégétiques. Bien que le chasseur se berce parfois d'illusions, préfère croire qu'une taupe géante se soit transformée en rocher que de reconnaître qu'il se soit trompé de cible, il semble pourtant que le monde dans lequel il vit ne soit pas aussi "normal" que ce que l'on pourrait croire. Comme dans une œuvre du réalisme magique, la fantaisie et le surnaturel ne sont qu'à un jeu de mot ou une métaphore de venir chambouler la narration. Un rien peu devenir concret et tout est possible. Chasser ses idées noires ? Chasser la baleine blanche ? A cœur rêveur rien d'impossible, surtout pour quiconque ne se laisse pas enfermé dans ses idées préconçues. Est-ce qu'il faut voir la quête du chasseur comme un appel à rêver, une ode au fantasque et à la poésie ? Ou bien faut-il rapprocher le personnage à son modèle et considérer ses aventures comme les récits tragicomiques d'une personne préférant vivre des illusions que d'affronter la réalité ? Je ne sais pas. Mais même si je ne peut trancher sur la question je reconnais avoir été transportée, avoir voyagé avec ce chasseur et son Sancho, avoir apprécié les jeux sur les mots et les mondes traversés. L'œuvre est bonne, le texte inventif et le dessin coloré et expressif comme il faut (même si le style graphique n'est pas mon préféré). Oui, après lecture, je regrette sincèrement que la série ne soit pas si souvent empruntée que ça.

03/10/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Comment se fait-il qu’un an après sa sortie ce petit bijou ne soit pas encore référencé sur ce beau site ? La couverture m’avait fait de l’œil lors de sa sortie, mais, je ne sais pourquoi, je n’avais pas sauté le pas et, vite disparu des étals des librairies, il en avait fait de même de ma mémoire. Et voilà-t-y pas que je retombe dessus, et qu’alors je ne lui laisse aucune chance de s’échapper ! Aussitôt en main, aussitôt lu. Et quel plaisir. C’est un album qui se positionne clairement pour un lectorat jeunesse (8-15 ans), mais qui passe très facilement la barrière de l’âge. L’album d’une quarantaine de pages est divisé en 5 ou 6 petites histoires, ayant pour protagonistes deux personnages : le chasseur et son fidèle – et (très) dévoué – serviteur. A chaque fois ils partent à la chasse d’un animal pour compléter la collection de trophées du chasseur. Voilà pour la trame générale. Pour le reste, l’univers développé par Martin Desbat (déjà découvert avec « Mégamonsieur », même si je n’avais au départ pas fait le rapprochement) est bourré de références, toutes très bien exploitées (c’est là que l’adulte profite de certains détails qui échapperont à l’enfant auquel est avant tout destinée cette série). Le chasseur est loufoque, vit dans ses rêves, vit ses rêves, et cherche à tout prix à leur soumettre la réalité, comme Don Quichotte (son serviteur, répond au nom de Sancho !). Et ce duo de choc va se lancer à la poursuite d’animaux improbables : Bétopotame, Poëléphant, Bufflets Empire !, etc. On le voit le terrain de chasse est vaste et va même plus loin que la réalité ! Mais le chasseur, lecteur de Verne et de Freud, nous mène vers des contrées faisant moult clins d’œil à « Alice au pays des merveilles » de Carroll, au « Voyage au centre de la Terre » de Verne, à l’univers de Wells (et encore, je n’ai sûrement pas tout décrypté). Ajoutons à cela un dessin moderne, mais efficace, une colorisation aux petits oignons, et quelques petites pincées d’humour (excellent l’envers du décor du mur des trophées !), vous avez avec cet album une belle réussite à côté de laquelle il serait dommage de passer. ******** Je reviens mettre à jour mon avis après lecture des deux albums que je n'avais pas encore eus sous la main. En m'étonnant encore du peu d'avis recueillis par cette série, qui mérite vraiment le coup d'oeil. Les aventures loufoques se poursuivent, avec notre chasseur rêveur et un peu dépassé par les événements, toujours accompagné par son fidèle serviteur Sancho, qui, lui, est plus terre à terre et sauve souvent la mise à son patron. Tous les deux continuent de nous amener dans des contrées diverses et lointaines, qui font références à de très nombreuses oeuvres littéraires majeures, ce dernier détail permettant à un lecteur adulte d'apprécier ces aventures enjouées et farfelues. Une série jeunesse qui plait aux grands, et qui est bourrée de références. A découvrir donc ! Même si la surprise joue moins que lorsque j'avais découvert la série avec le premier tome, la suite confirme la qualité de l'ensemble.

07/02/2017 (MAJ le 24/08/2025) (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur PAco

Découvert il y a quelques années sur le stand de Sarbacane à Angoulême, j'avais acheté les 3 tomes sortis pour la médiathèque où je travaille, mais je n'avais jamais pris le temps d'aviser la série. Je répare donc cet oubli, car cette série vaut plus que le détour ! Truffée de références littéraires se rapportant au Voyage et à l'Aventure, "Le chasseur de Rêves" ravira sans aucun doutes petits et grands ! C'est drôle, poétique, plein d'énergie et traversé par un souffle épique tout en jouant avec les personnages ou les oeuvres classiques du genre. Que ce soit Jules Verne, Cervantes, Lewis Caroll ou les 1001 nuits, Martin Desbat s'amuse à distiller intelligemment des références et des personnages de ces oeuvres au fil de ses histoires loufoques. Notre chasseur un peu bêta pourra toujours compter sur son serviteur dévoué tout en croisant le chapelier fou, Pinocchio, le baron de Münchhausen ou encore le capitaine Achab. N'oublions pas la talentueuse brochette de trophées qui trône dans la maison de notre chasseur, complice de son serviteur, qui nous réserve quelques fous rires pas piqués des hannetons. Tout cela nous est servi par un dessin dynamique, moderne qui colle parfaitement à cet univers onirique dédié à l'Aventure. Bref, une TRÈS bonne série jeunesse, mais qui par ses références et ses subtilités saura combler les plus grands de très belle manière

06/10/2023 (modifier)