Une vieille gouvernante raconte comment elle a recueilli la jeune Helen, seize ans, après la mort de son père écrivain, avant de la ramener dans le manoir isolé de son grand-père. L'adolescente est à la fois brillante, rebelle et, aussi surprenant que ça puisse paraitre, déjà incroyablement alcoolique. Là, elle découvre un domaine somptueux mais inquiétant, peuplé de créatures rôdant dans le parc et dominé par la figure imposante d'un grand-père taciturne, sorte de mélange vieillissant entre Alan Quatermain et Conan le Barbare.
Ce comics aurait parfaitement trouvé sa place dans la collection Vertigo de DC, aux côtés de Sandman ou Fables, tant il en partage la sophistication et l'atmosphère envoûtante. Et c'est un vrai compliment.
Son principal atout réside dans un graphisme absolument éblouissant. Bilquis Evely, déjà remarquable dans Sandman - The Dreaming et magistrale dans Supergirl - Woman of Tomorrow, atteint ici un sommet encore plus haut. Son trait, à mi-chemin entre Barry Windsor-Smith et P. Craig Russell, déploie une élégance rare et une minutie impressionnante. Chaque planche, foisonnante de détails, est une œuvre d'art à part entière sans jamais sacrifier la fluidité du récit. Le travail de Matheus Lopez sur les couleurs amplifie encore la dimension merveilleuse, quasi mythologique, de l'ensemble. C'est somptueux, tout simplement.
L'histoire, quant à elle, brille par son originalité : elle tisse un lien entre la réalité et un monde de fantasy où Helen et son père peuvent s'aventurer pour y vivre des épopées héroïques. Mais l'accès à cet univers demande une force et une maîtrise du combat que son grand-père doute de lui voir acquérir, au grand désarroi de la jeune fille. Entre promesses d'aventure, rêves brisés et mystères à demi dévoilés, le récit progresse lentement, parfois un peu trop. La conclusion, belle mais frustrante, laisse une impression d'inachevé, comme si le véritable envol du récit nous échappait de peu.
Graphiquement, c'est un chef-d'œuvre. Narrativement, c'est un beau conte imparfait. Si l'histoire n'atteint pas la même intensité que son écrin visuel, la splendeur du dessin emporte malgré tout mon adhésion. Impossible de rester insensible devant une telle réussite esthétique.
Kaya, publiée chez Glénat et signée Paola Barbato et Linda Cavallini, c’est le genre de BD qui te happe dès la première page, pas tant pour ce qu’elle raconte que pour ce qu’elle te fait ressentir. On y suit Kaya, une jeune fille perdue dans un monde post-apocalyptique où l’air est toxique, la nature déformée et les rares humains encore en vie se battent pour survivre. Ce pitch, on pourrait croire l’avoir déjà lu cent fois, mais Kaya tire son épingle du jeu par sa poésie, son ambiance et sa beauté visuelle.
Graphiquement, c’est une claque. Les planches sont sublimes, parfois presque contemplatives : des ruines baignées de lumière, des paysages étranges mais pleins de sensibilité. On sent que chaque case a été pensée pour te plonger dans une émotion précise. Et puis il y a cette relation bouleversante entre Kaya et une louve mutante, à la fois menaçante et protectrice, qui apporte une vraie dimension d’humanité dans ce monde ravagé. C’est une alliance improbable, mais terriblement touchante, un lien entre la peur, la confiance et l’instinct de survie.
Mais là où Kaya est vraiment originale, c’est dans sa manière d’être plus qu’une simple lecture : à chaque chapitre, tu peux scanner un QR code pour écouter une musique créée spécialement pour l’album. Ça change tout. Lire ces pages avec la bande-son dans les oreilles, c’est une expérience immersive, presque sensorielle. On ne lit plus seulement une BD, on la vit.
Certes, le scénario reste assez classique : les thèmes de la survie, de la nature hostile, de la quête de sens dans un monde détruit. Mais la force de Kaya, c’est qu’elle ne cherche pas à révolutionner le genre, elle le transcende par la sensibilité et la grâce de sa mise en scène. On en ressort avec ce mélange de mélancolie et d’espoir, comme après avoir vu un beau film d’animation post-apocalyptique.
En bref, Kaya est une œuvre à la fois douce et brutale, à lire le casque sur les oreilles, dans le silence du soir. Une BD qui ne fait pas beaucoup de bruit, mais qui laisse une empreinte durable.
J’ai adoré cette BD. Marini réussit à donner à Batman une ambiance totalement différente de ce qu’on voit d’habitude : plus européenne, plus sensuelle aussi. On sent qu’il s’est fait plaisir sur le dessin — chaque planche est sublime, avec des couleurs chaudes, des ombres magnifiques et un Gotham presque vivant. Franchement, c’est l’une des plus belles BD Batman que j’ai lues visuellement.
L’histoire n’est pas très longue ni très complexe, mais elle tient bien la route. Le duel entre Batman et le Joker est super prenant, avec un ton à la fois cruel et ironique. J’ai bien aimé aussi la relation ambiguë entre Bruce Wayne et Catwoman, qui apporte un peu d’émotion et de charme au milieu de la noirceur.
Ce n’est pas le Batman le plus profond, mais c’est une version que j’ai trouvée très classe, intense et pleine de caractère. Si on aime les beaux dessins et une ambiance un peu “conte noir”, ça vaut vraiment le coup.
Un documentaire sans concession sur l'histoire du mouvement Black Panthers. Je connaissais surtout le mouvement de nom et j'ai bien aimé découvrir en profondeur ce mouvement.
Les auteurs montrent les faits sans vraiment prendre parti. C'est ainsi qu'on va voir les bons côtés (programmes sociaux pour aider les afro-américains) et les mauvais côtés (tous ces types qui veulent jouer à la révolution sans penser aux conséquences de leurs actes) du mouvement. J'en ai appris des choses et je dois dire que je ne suis pas du tout surpris par tout ce qui arrive aux Back Panthers tellement ce mouvement va suivre le même chemin que les autres mouvements issus de la gauche radicale : disputes entre les modérés et les radicaux, infiltration de la police qui va tout faire pour nuire au mouvement, comportement autodestructeur des leaders du mouvement, électrons libres qui font n'importe quoi et nuisent au mouvement... Bref, encore un mouvement qui commence avec plein de promesses pour régler les injustices sociales et qui finit détruit par les autorités et les égos démesurés de ses leaders... Lorsqu'on apprend qu'un des leaders les plus radicaux du mouvement était devenu plus vieux un républicain conservateur, j'étais aucunement surpris tellement c'est banal.
Le dessin est pas trop mal, quoique je ne sois pas un grand fan de ce style de dessin réaliste. Je dois dire que je suis divisé au sujet des Black Panthers, parce que si j'approuve lorsqu'ils aident les pauvres, je suis moins fan du coté auto-défense si américain, qui ne fait pas partie de mes valeurs. En même temps, je peux les comprendre, vu la violence de la société américaine envers les noirs, si j'étais dans leur situation j'aurais sans doute acheté une arme pour me défendre !
Un bon documentaire à lire si on s'intéresse à cette période de l'histoire.
Que voilà un titre intriguant ! En tout cas il m’a donné envie de me plonger dans cet album. J’avais trouvé sympathiques les séries de Puzenat que j’avais eu l’occasion de lire auparavant, mais cet album m’a davantage plu encore.
Vaguement situé vers la fin de la préhistoire – visiblement dans l’est de l’Europe actuelle (ce que dit l’auteur, mais rien ne permet d’identifier clairement la localisation – et le récit après tout est entièrement imaginaire), c’est un récit qui, sans esbroufe, se laisse lire très agréablement.
Il est question du pouvoir et de ses justifications, à l’heure où l’édification de cités-Etats justifie la hiérarchisation de la société, l’esclavage et les guerres pour préserver ses richesses. Il est aussi question d’amour, et de simplicité.
Simplicité aussi du récit – ce qui n’exclut pas des surprise et une intrigue pas si linéaire que ça – même si on peut deviner la fin an amont.
L’incendie qui, tout au long de l’intrigue, se rapproche, pour brûler cité et monde connu, peut se lire comme une analogie d’un « reset », du refus d’une certaine folie, d’ambitions creuses et démesurées, alors qu’une sorte de paradis prend forme sur la fin, épuré, les « voix » diaboliques ne soufflant plus aux hommes et aux femmes leurs idées maléfiques.
Une chouette histoire en tout cas.
J'avais été subjugué par la version de Dracula que nous avait proposé Bess et c'est avec curiosité que je me suis lancé dans la lecture de cette nouvelle adaptation, surtout que, shame on me, je n'ai jamais lu ce classique de Victor Hugo.
Alors oui, je connaissais la trame générale de l'histoire et ses personnages emblématiques, mais ce fût une réelle découverte quand même, car l'adaptation que propose Georges Bess semble très fidèle. Loin des paillettes des comédies musicales qui nous auront traumatisées et des version dysneyiennes, Bess nous replonge dans la noirceur d'une époque et des âmes de ce Paris médiéval. Son noir et blanc affûté colle à merveille à cette histoire dramatique construite sur les contrastes avec pour centre névralgique cette cathédrale : Notre-Dame de Paris.
Une très belle réussite que je conseille, même si j'avoue avoir quand même préféré son Dracula.
Miam ! Une bonne série popcorn !
Avec "The Big Burn", Lee Garbett et Joe Henderson nous proposent un savant mélange entre Faust, Ocean Eleven et Bonny & Clyde ! Rien que ça !
On met sa ceinture et c'est parti pour LE casse du siècle !
Owen et Carlie, deux belles gueules qui vivent de casses, se rencontrent... lors d'un casse. C'est le coup de foudre et c'est en équipe qu'ils poursuivent leurs braquages en mettant chaque fois la barre un peu plus haut, jusqu'au braquage de trop : direction la case prison. Mais lors de leur transfert, le Diable leur apparaît et leur propose la liberté en échange de leur âme... Ils ne vont pas réfléchir bien longtemps et acceptent le marché. Sauf que sans âme, c'est leur amour qui s'évanouit et leur relation fait pschiiittt ! Owen se retrouve dans la panade face à des créanciers qui lui font frôler la mort... et repasser par la case "enfer" ou il croise le Diable. L'Enfer est un casino ! Et qui dit casino dit coffre où toutes les âmes des damnés y sont retenues. Voilà un challenge qui vaut le coup ! Il n'en faut pas plus à Owen une fois remis de ce passage pour mettre sur pied un plan et une équipe de damnés comme lui pour monter le braquage du siècle et récupérer leurs âmes.
Alors oui, faut être ouvert à cette petite touche fantastique, mais le rythme soutenu, l'excellente narration, le dessin efficace et les cadrages très cinématographiques embarquent rapidement le lecteur dans ce délire. Ajoutez à cela une brochette de personnages bien trouvés cachant tous bien leur jeu et ce petit road trip to inferno fait largement le boulot pour un bon moment de plaisir sur les chapeaux de roue.
Si quelques facilités scénaristiques existent, ne boudons pas notre plaisir, c'est assez réjouissant et le petit clin d'oeil final pourrait même nous promettre un second tome : je suis preneur !
La couverture m'a intriguée.
Des gens se croisant dans un gigantesque échiquier mais ne parvenant pas vraiment à se croiser, une métaphore évidente du jeu d'Échec pour parler des relations humaines et des aléas de la vie (confirmée par le résumé), ça sonne comme une histoire avec beaucoup de potentiel. Je ne cache pas avoir également ressenti de la méfiance, ce genre de récits simples mais plein de potentiels sont malheureusement propices au bâclage, au fait que les auteur-ice-s n'aillent pas plus loin que le simple postulat prometteur, sans grand risque ou grandes idées.
Mais que je sois méfiante ou non, le postulat m'a attirée et je me suis tentée à la lecture. Je ne le regrette pas, le résultat est bon !
Comme dit plus haut, c'est une histoire sur le jeu des échecs et les relations humaines. Nous suivons la vie de plusieurs personnages, tous-tes comparé-e-s à des pièces de l'échiquier, dont les destins et parcours vont se croiser, s'influencer parfois même sans que les gens s'en rendent vraiment compte.
Je regrette que l'album se concentre majoritairement sur les relations romantiques et/ou sexuelles, le sujet des liens humains et de leurs importance dans les trajectoires de nos vie aurait pu (et aurait dû selon moi) parler des connections humaines sous plus de formes. Quitte à parler des relations amoureuses on aurait même pu sortir des carcans monogamiques (un peu d'imagination, que diable) ! Mais je reconnais tout de même que ces relations restent uniques, varient les unes avec les autres : un couple qui ne se comprend plus, un autre qui ne parvient plus à se voir, un autre encore qui se vit en distanciel, ... on croise même deux "serial lovers", l'une se posant finalement et l'autre devant comprendre qu'il existe d'autres liens humains dans la vie que les conquêtes amoureuses. On n'échappe pas à certains clichés des récits romantiques mais ils restent ici bien exécutés (et puis il y en a tellement que vous trouverez facilement celui qui saura vous toucher - si tant est que vous êtes sensibles aux histoires d'amour).
La narration de toutes ces vies, qui se croisent et s'influencent sans vraiment le savoir, est assurée par une vieille dame acariâtre dans une maison de retraite, passionnée d'échecs, et qui discute avec un jeune homme venu lui tenir compagnie. En lui apprenant les règles du jeu, elle narre sans savoir la vie des gens que nous suivons. Enfin, sans savoir, tout est relatif, puisque la dame se révèle bien plus observatrice que ce que l'on pourrait penser (mais je me garde de trop en dire).
J'ai justement particulièrement aimé le fait que, si cette vieille dame est la voix de la raison dans cette histoire, c'est non seulement parce qu'elle aussi a pu aller de l'avant grâce au contact avec les autres et le hasard d'une rencontre, mais aussi et tout simplement parce qu'elle observe ce qu'il se passe "au delà de l'échiquier". La conclusion qu'elle offre à la fin de l'album, même si elle pouvait se voir venir, est bien trouvée et assez maligne pour ce sujet.
Bref, je n'irais pas jusqu'au coup de cœur mais l'album a su me toucher et faire vibrer mon cœur en pâte à sucre.
Un très joli récit choral, plein de simplicité et de poésie du quotidien, que je ne regrette pas d'avoir lu.
J'ai tout aimé !
Tout :
-retrouver mes amis les Beatles
-apprendre pleins de choses, notamment sur cette période à vide de Paul que je connaissais à peine
-le soucis du détail, de rendre compte de façon honnête à cette période de séparation des Beatles centré sur Paul et Linda sa compagne
-les dessins, entre du réaliste et de la pop, exactement là ou il faut se situer je trouve
L'interview en fin d'album de l'auteur est très intéressante
Une bd absolument à lire si vous un fan des Beatles, et à lire dans tous les cas car ça reste une très bonne bd.
3.5
Deux journalistes françaises font le portrait de l'histoire du Liban depuis plus de 50 ans au travers du témoignage d'un vieux médecin. Il y a aussi d'autres témoignages, mais ce médecin va être présent du début jusqu'à la fin.
La première chose qui frappe en ouvrant l'album est à quel point le dessin est agréable. Pour moi, c'est vraiment le style de dessin parfait pour ce type de documentaire rempli d'informations. Ce qui est incroyable aussi c'est que j'ai pris grand plaisir à lire cet album alors que je savais déjà la plupart des choses présentées par les deux journalistes. Il faut dire qu'elles savent bien vulgariser et les gens qu'elles interviewent ont des choses bien intéressantes à dire. Le fait qu'on va surtout parler avec un médecin fait en sorte qu'on voit les désastres et l'inégalité du système de santé libanais. Le Liban est devenu un pays ultra capitaliste caricatural alors préparez vous à être révolté parce que même lorsqu'il n'y a pas de guerre, la vie est terrible si on n’est pas riche. Dire qu'avant le Liban était considéré comme la Suisse du Moyen-Orient ! Depuis le début de la guerre civile, on dirait qu'il n'arrive que des malheurs à ce pays !
Certes, on fait surtout un survol des problèmes du Liban et de son histoire (pour mieux approfondir, il faudra lire des livres spécialisés), mais c'est un excellent album si on veut une bonne synthèse des problèmes du Liban.
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Helen de Wyndhorn
Une vieille gouvernante raconte comment elle a recueilli la jeune Helen, seize ans, après la mort de son père écrivain, avant de la ramener dans le manoir isolé de son grand-père. L'adolescente est à la fois brillante, rebelle et, aussi surprenant que ça puisse paraitre, déjà incroyablement alcoolique. Là, elle découvre un domaine somptueux mais inquiétant, peuplé de créatures rôdant dans le parc et dominé par la figure imposante d'un grand-père taciturne, sorte de mélange vieillissant entre Alan Quatermain et Conan le Barbare. Ce comics aurait parfaitement trouvé sa place dans la collection Vertigo de DC, aux côtés de Sandman ou Fables, tant il en partage la sophistication et l'atmosphère envoûtante. Et c'est un vrai compliment. Son principal atout réside dans un graphisme absolument éblouissant. Bilquis Evely, déjà remarquable dans Sandman - The Dreaming et magistrale dans Supergirl - Woman of Tomorrow, atteint ici un sommet encore plus haut. Son trait, à mi-chemin entre Barry Windsor-Smith et P. Craig Russell, déploie une élégance rare et une minutie impressionnante. Chaque planche, foisonnante de détails, est une œuvre d'art à part entière sans jamais sacrifier la fluidité du récit. Le travail de Matheus Lopez sur les couleurs amplifie encore la dimension merveilleuse, quasi mythologique, de l'ensemble. C'est somptueux, tout simplement. L'histoire, quant à elle, brille par son originalité : elle tisse un lien entre la réalité et un monde de fantasy où Helen et son père peuvent s'aventurer pour y vivre des épopées héroïques. Mais l'accès à cet univers demande une force et une maîtrise du combat que son grand-père doute de lui voir acquérir, au grand désarroi de la jeune fille. Entre promesses d'aventure, rêves brisés et mystères à demi dévoilés, le récit progresse lentement, parfois un peu trop. La conclusion, belle mais frustrante, laisse une impression d'inachevé, comme si le véritable envol du récit nous échappait de peu. Graphiquement, c'est un chef-d'œuvre. Narrativement, c'est un beau conte imparfait. Si l'histoire n'atteint pas la même intensité que son écrin visuel, la splendeur du dessin emporte malgré tout mon adhésion. Impossible de rester insensible devant une telle réussite esthétique.
Kaya
Kaya, publiée chez Glénat et signée Paola Barbato et Linda Cavallini, c’est le genre de BD qui te happe dès la première page, pas tant pour ce qu’elle raconte que pour ce qu’elle te fait ressentir. On y suit Kaya, une jeune fille perdue dans un monde post-apocalyptique où l’air est toxique, la nature déformée et les rares humains encore en vie se battent pour survivre. Ce pitch, on pourrait croire l’avoir déjà lu cent fois, mais Kaya tire son épingle du jeu par sa poésie, son ambiance et sa beauté visuelle. Graphiquement, c’est une claque. Les planches sont sublimes, parfois presque contemplatives : des ruines baignées de lumière, des paysages étranges mais pleins de sensibilité. On sent que chaque case a été pensée pour te plonger dans une émotion précise. Et puis il y a cette relation bouleversante entre Kaya et une louve mutante, à la fois menaçante et protectrice, qui apporte une vraie dimension d’humanité dans ce monde ravagé. C’est une alliance improbable, mais terriblement touchante, un lien entre la peur, la confiance et l’instinct de survie. Mais là où Kaya est vraiment originale, c’est dans sa manière d’être plus qu’une simple lecture : à chaque chapitre, tu peux scanner un QR code pour écouter une musique créée spécialement pour l’album. Ça change tout. Lire ces pages avec la bande-son dans les oreilles, c’est une expérience immersive, presque sensorielle. On ne lit plus seulement une BD, on la vit. Certes, le scénario reste assez classique : les thèmes de la survie, de la nature hostile, de la quête de sens dans un monde détruit. Mais la force de Kaya, c’est qu’elle ne cherche pas à révolutionner le genre, elle le transcende par la sensibilité et la grâce de sa mise en scène. On en ressort avec ce mélange de mélancolie et d’espoir, comme après avoir vu un beau film d’animation post-apocalyptique. En bref, Kaya est une œuvre à la fois douce et brutale, à lire le casque sur les oreilles, dans le silence du soir. Une BD qui ne fait pas beaucoup de bruit, mais qui laisse une empreinte durable.
Batman - The Dark Prince Charming
J’ai adoré cette BD. Marini réussit à donner à Batman une ambiance totalement différente de ce qu’on voit d’habitude : plus européenne, plus sensuelle aussi. On sent qu’il s’est fait plaisir sur le dessin — chaque planche est sublime, avec des couleurs chaudes, des ombres magnifiques et un Gotham presque vivant. Franchement, c’est l’une des plus belles BD Batman que j’ai lues visuellement. L’histoire n’est pas très longue ni très complexe, mais elle tient bien la route. Le duel entre Batman et le Joker est super prenant, avec un ton à la fois cruel et ironique. J’ai bien aimé aussi la relation ambiguë entre Bruce Wayne et Catwoman, qui apporte un peu d’émotion et de charme au milieu de la noirceur. Ce n’est pas le Batman le plus profond, mais c’est une version que j’ai trouvée très classe, intense et pleine de caractère. Si on aime les beaux dessins et une ambiance un peu “conte noir”, ça vaut vraiment le coup.
Black Panthers - Il était une fois la révolution afro-américaine
Un documentaire sans concession sur l'histoire du mouvement Black Panthers. Je connaissais surtout le mouvement de nom et j'ai bien aimé découvrir en profondeur ce mouvement. Les auteurs montrent les faits sans vraiment prendre parti. C'est ainsi qu'on va voir les bons côtés (programmes sociaux pour aider les afro-américains) et les mauvais côtés (tous ces types qui veulent jouer à la révolution sans penser aux conséquences de leurs actes) du mouvement. J'en ai appris des choses et je dois dire que je ne suis pas du tout surpris par tout ce qui arrive aux Back Panthers tellement ce mouvement va suivre le même chemin que les autres mouvements issus de la gauche radicale : disputes entre les modérés et les radicaux, infiltration de la police qui va tout faire pour nuire au mouvement, comportement autodestructeur des leaders du mouvement, électrons libres qui font n'importe quoi et nuisent au mouvement... Bref, encore un mouvement qui commence avec plein de promesses pour régler les injustices sociales et qui finit détruit par les autorités et les égos démesurés de ses leaders... Lorsqu'on apprend qu'un des leaders les plus radicaux du mouvement était devenu plus vieux un républicain conservateur, j'étais aucunement surpris tellement c'est banal. Le dessin est pas trop mal, quoique je ne sois pas un grand fan de ce style de dessin réaliste. Je dois dire que je suis divisé au sujet des Black Panthers, parce que si j'approuve lorsqu'ils aident les pauvres, je suis moins fan du coté auto-défense si américain, qui ne fait pas partie de mes valeurs. En même temps, je peux les comprendre, vu la violence de la société américaine envers les noirs, si j'étais dans leur situation j'aurais sans doute acheté une arme pour me défendre ! Un bon documentaire à lire si on s'intéresse à cette période de l'histoire.
Aux soirs de grande ardeur
Que voilà un titre intriguant ! En tout cas il m’a donné envie de me plonger dans cet album. J’avais trouvé sympathiques les séries de Puzenat que j’avais eu l’occasion de lire auparavant, mais cet album m’a davantage plu encore. Vaguement situé vers la fin de la préhistoire – visiblement dans l’est de l’Europe actuelle (ce que dit l’auteur, mais rien ne permet d’identifier clairement la localisation – et le récit après tout est entièrement imaginaire), c’est un récit qui, sans esbroufe, se laisse lire très agréablement. Il est question du pouvoir et de ses justifications, à l’heure où l’édification de cités-Etats justifie la hiérarchisation de la société, l’esclavage et les guerres pour préserver ses richesses. Il est aussi question d’amour, et de simplicité. Simplicité aussi du récit – ce qui n’exclut pas des surprise et une intrigue pas si linéaire que ça – même si on peut deviner la fin an amont. L’incendie qui, tout au long de l’intrigue, se rapproche, pour brûler cité et monde connu, peut se lire comme une analogie d’un « reset », du refus d’une certaine folie, d’ambitions creuses et démesurées, alors qu’une sorte de paradis prend forme sur la fin, épuré, les « voix » diaboliques ne soufflant plus aux hommes et aux femmes leurs idées maléfiques. Une chouette histoire en tout cas.
Notre-Dame de Paris (Bess)
J'avais été subjugué par la version de Dracula que nous avait proposé Bess et c'est avec curiosité que je me suis lancé dans la lecture de cette nouvelle adaptation, surtout que, shame on me, je n'ai jamais lu ce classique de Victor Hugo. Alors oui, je connaissais la trame générale de l'histoire et ses personnages emblématiques, mais ce fût une réelle découverte quand même, car l'adaptation que propose Georges Bess semble très fidèle. Loin des paillettes des comédies musicales qui nous auront traumatisées et des version dysneyiennes, Bess nous replonge dans la noirceur d'une époque et des âmes de ce Paris médiéval. Son noir et blanc affûté colle à merveille à cette histoire dramatique construite sur les contrastes avec pour centre névralgique cette cathédrale : Notre-Dame de Paris. Une très belle réussite que je conseille, même si j'avoue avoir quand même préféré son Dracula.
The Big Burn
Miam ! Une bonne série popcorn ! Avec "The Big Burn", Lee Garbett et Joe Henderson nous proposent un savant mélange entre Faust, Ocean Eleven et Bonny & Clyde ! Rien que ça ! On met sa ceinture et c'est parti pour LE casse du siècle ! Owen et Carlie, deux belles gueules qui vivent de casses, se rencontrent... lors d'un casse. C'est le coup de foudre et c'est en équipe qu'ils poursuivent leurs braquages en mettant chaque fois la barre un peu plus haut, jusqu'au braquage de trop : direction la case prison. Mais lors de leur transfert, le Diable leur apparaît et leur propose la liberté en échange de leur âme... Ils ne vont pas réfléchir bien longtemps et acceptent le marché. Sauf que sans âme, c'est leur amour qui s'évanouit et leur relation fait pschiiittt ! Owen se retrouve dans la panade face à des créanciers qui lui font frôler la mort... et repasser par la case "enfer" ou il croise le Diable. L'Enfer est un casino ! Et qui dit casino dit coffre où toutes les âmes des damnés y sont retenues. Voilà un challenge qui vaut le coup ! Il n'en faut pas plus à Owen une fois remis de ce passage pour mettre sur pied un plan et une équipe de damnés comme lui pour monter le braquage du siècle et récupérer leurs âmes. Alors oui, faut être ouvert à cette petite touche fantastique, mais le rythme soutenu, l'excellente narration, le dessin efficace et les cadrages très cinématographiques embarquent rapidement le lecteur dans ce délire. Ajoutez à cela une brochette de personnages bien trouvés cachant tous bien leur jeu et ce petit road trip to inferno fait largement le boulot pour un bon moment de plaisir sur les chapeaux de roue. Si quelques facilités scénaristiques existent, ne boudons pas notre plaisir, c'est assez réjouissant et le petit clin d'oeil final pourrait même nous promettre un second tome : je suis preneur !
Échecs
La couverture m'a intriguée. Des gens se croisant dans un gigantesque échiquier mais ne parvenant pas vraiment à se croiser, une métaphore évidente du jeu d'Échec pour parler des relations humaines et des aléas de la vie (confirmée par le résumé), ça sonne comme une histoire avec beaucoup de potentiel. Je ne cache pas avoir également ressenti de la méfiance, ce genre de récits simples mais plein de potentiels sont malheureusement propices au bâclage, au fait que les auteur-ice-s n'aillent pas plus loin que le simple postulat prometteur, sans grand risque ou grandes idées. Mais que je sois méfiante ou non, le postulat m'a attirée et je me suis tentée à la lecture. Je ne le regrette pas, le résultat est bon ! Comme dit plus haut, c'est une histoire sur le jeu des échecs et les relations humaines. Nous suivons la vie de plusieurs personnages, tous-tes comparé-e-s à des pièces de l'échiquier, dont les destins et parcours vont se croiser, s'influencer parfois même sans que les gens s'en rendent vraiment compte. Je regrette que l'album se concentre majoritairement sur les relations romantiques et/ou sexuelles, le sujet des liens humains et de leurs importance dans les trajectoires de nos vie aurait pu (et aurait dû selon moi) parler des connections humaines sous plus de formes. Quitte à parler des relations amoureuses on aurait même pu sortir des carcans monogamiques (un peu d'imagination, que diable) ! Mais je reconnais tout de même que ces relations restent uniques, varient les unes avec les autres : un couple qui ne se comprend plus, un autre qui ne parvient plus à se voir, un autre encore qui se vit en distanciel, ... on croise même deux "serial lovers", l'une se posant finalement et l'autre devant comprendre qu'il existe d'autres liens humains dans la vie que les conquêtes amoureuses. On n'échappe pas à certains clichés des récits romantiques mais ils restent ici bien exécutés (et puis il y en a tellement que vous trouverez facilement celui qui saura vous toucher - si tant est que vous êtes sensibles aux histoires d'amour). La narration de toutes ces vies, qui se croisent et s'influencent sans vraiment le savoir, est assurée par une vieille dame acariâtre dans une maison de retraite, passionnée d'échecs, et qui discute avec un jeune homme venu lui tenir compagnie. En lui apprenant les règles du jeu, elle narre sans savoir la vie des gens que nous suivons. Enfin, sans savoir, tout est relatif, puisque la dame se révèle bien plus observatrice que ce que l'on pourrait penser (mais je me garde de trop en dire). J'ai justement particulièrement aimé le fait que, si cette vieille dame est la voix de la raison dans cette histoire, c'est non seulement parce qu'elle aussi a pu aller de l'avant grâce au contact avec les autres et le hasard d'une rencontre, mais aussi et tout simplement parce qu'elle observe ce qu'il se passe "au delà de l'échiquier". La conclusion qu'elle offre à la fin de l'album, même si elle pouvait se voir venir, est bien trouvée et assez maligne pour ce sujet. Bref, je n'irais pas jusqu'au coup de cœur mais l'album a su me toucher et faire vibrer mon cœur en pâte à sucre. Un très joli récit choral, plein de simplicité et de poésie du quotidien, que je ne regrette pas d'avoir lu.
Paul
J'ai tout aimé ! Tout : -retrouver mes amis les Beatles -apprendre pleins de choses, notamment sur cette période à vide de Paul que je connaissais à peine -le soucis du détail, de rendre compte de façon honnête à cette période de séparation des Beatles centré sur Paul et Linda sa compagne -les dessins, entre du réaliste et de la pop, exactement là ou il faut se situer je trouve L'interview en fin d'album de l'auteur est très intéressante Une bd absolument à lire si vous un fan des Beatles, et à lire dans tous les cas car ça reste une très bonne bd.
Beyrouth - Malgré tout
3.5 Deux journalistes françaises font le portrait de l'histoire du Liban depuis plus de 50 ans au travers du témoignage d'un vieux médecin. Il y a aussi d'autres témoignages, mais ce médecin va être présent du début jusqu'à la fin. La première chose qui frappe en ouvrant l'album est à quel point le dessin est agréable. Pour moi, c'est vraiment le style de dessin parfait pour ce type de documentaire rempli d'informations. Ce qui est incroyable aussi c'est que j'ai pris grand plaisir à lire cet album alors que je savais déjà la plupart des choses présentées par les deux journalistes. Il faut dire qu'elles savent bien vulgariser et les gens qu'elles interviewent ont des choses bien intéressantes à dire. Le fait qu'on va surtout parler avec un médecin fait en sorte qu'on voit les désastres et l'inégalité du système de santé libanais. Le Liban est devenu un pays ultra capitaliste caricatural alors préparez vous à être révolté parce que même lorsqu'il n'y a pas de guerre, la vie est terrible si on n’est pas riche. Dire qu'avant le Liban était considéré comme la Suisse du Moyen-Orient ! Depuis le début de la guerre civile, on dirait qu'il n'arrive que des malheurs à ce pays ! Certes, on fait surtout un survol des problèmes du Liban et de son histoire (pour mieux approfondir, il faudra lire des livres spécialisés), mais c'est un excellent album si on veut une bonne synthèse des problèmes du Liban.