Les derniers avis (31521 avis)

Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Mobilis - Ma vie avec le Capitaine Nemo
Mobilis - Ma vie avec le Capitaine Nemo

3.5 pour des passages s'étirant un peu trop mais vers le haut pour la beauté du livre. Une belle relecture de la dureté du Capitaine Nemo, mentor d'une enfant devenant adulte dans les 2 sens du terme, physiquement et psychologiquement. Notre monde a disparu, on saura par la suite pourquoi merci à lui de ne pas éluder les explications par paresse (sous couvert du fréquent pétexte de "pour conserver une part de mystère"). C'est un monde où la nature est, ni bonne ni mauvaise. Les traces de notre civilisation demeurent dans les abyssses, remués pour une raison obscure par les bras du robot du capitaine qui semble animé, presque hypnostisé, par un but là aussi mystérieux mais qui sera développé. Il est mâitre à bord d'un vaisseau à la fois protecteur et prison de nos deux personnages, forcés au début de cohabiter et puis s'attanchant l'un à l'autre, ne sommes-nous pas tous des animaux sociaux? Le taciturne Nemo acceptera peu à peu de reconnaître les qualités d'une fillette à qui il passera bien évidemment le relais, de manière assez flamboyante il faut le reconnaître. Le dessin semble inspiré par l'animation américaine et judicieusement stylisé. Le ressenti des grands espaces, intérieuer et extérieurs, est bien rendu, la colorisation colle également, beau boulot. Une lecture pour ados qui a le mérite de glisser quelques réflexions philosophiques sur la transmission du savoir et la pérennité d'une civilisation.

11/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Homicide - Une année dans les rues de Baltimore
Homicide - Une année dans les rues de Baltimore

J’aime vraiment beaucoup les documentaires engagés de Squarzoni, et j’étais à la fois curieux et circonspect de découvrir cette série, dans laquelle il adapte un bouquin d’un américain ayant suivi durant plusieurs mois le travail des policiers de Baltimore. Au final, c’est plutôt une lecture intéressante. Sans doute moins dynamique qu’un pur polar, car il n’y a pas les à-côtés scénaristiques, la construction imaginée par le cerveau d’un scénariste tortueux, la création de personnages ambigus. Et c’est déjà la première réussite de cette série que de ne jamais être ennuyeuse sur la durée (cinq albums). Car la réalité se révèle pourvoyeuse d’action, d’histoires sordides, d’absurdités administratives. Et les policiers que nous suivons ont tous des personnalités différentes. Plusieurs affaires s’étalent sur une longue durée, sur plusieurs albums, constituant une sorte de fil rouge (l’une d’elle en particulier), alors qu’une multitude « d’homicides » plus quelconques – c’est-à-dire dont les coupables ont été ??? et arrêtés – dynamisent le récit, permettant d’alterner les inspecteurs, leurs points de vue. Les réflexions en off des flics sont aussi bien amenées, rendent vivant le récit. Et, contrairement aux polars classiques, il n’y a pas forcément de résolution des affaires… Le dessin de Squarzoni, dans un style réaliste sec, agrémenté d’un Noir et Blanc et de toutes les nuances de gris (virant vers une bichromie), ne jouant là non plus jamais sur l’esbroufe, accompagne très bien ce long récit quasi documentaire traitant au ras du sol le travail ordinaire des policiers d’une grande ville états-unienne. Je suis quand même sceptique sur le fait que ces flics soient totalement représentatifs des policiers du pays dans les années 1980, tant le racisme semble absent (même s’il est évoqué, il est présenté comme une affaire d'une autre époque), et l’intégrité mise en avant systématiquement. Mais tous les rouages du métier sont montrés (les interrogatoires en particulier – j’ai trouvé amusant – même si j’ai eu du mal à croire que des types s’y laissent prendre – le truc de la photocopieuse présentée comme un détecteur de mensonges). En tout cas, l’autre mérite – indirect – de cette série, est de mettre en lumière certains aspects peu reluisants de la société de Baltimore (et des Etats-Unis), les policiers que nous suivons remuant la fange des quartiers déshérités des ghettos noirs surtout. Les inégalités, la drogue, la misère sociale et affective y sont omniprésentes. Une lecture exigeante : pas mal de texte, un peu sec au niveau narratif. Mais une lecture vraiment captivante (qui vaut bien des polars classiques). Une lecture recommandée, ce documentaire est un vraiment un bon polar social.

10/06/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Ulysse & Cyrano
Ulysse & Cyrano

Cette BD semblait faire suffisamment l'unanimité pour que je sois intéressé par sa lecture, en l'empruntant à un ami qui se l'était fait offrir. Un joli cadeau, quand on voit le bestiau en face, et également une belle lecture. Franchement, je n'ai pas grand chose à ajouter aux autres avis : c'est léger et linéaire comme récit, mais sans être totalement manichéen non plus. On a la classique opposition entre deux mondes, la confrontation d'un jeune homme avec son père qui a de grands projets pour lui, les ennuis familiales et quelques considérations sur la transmission. Le tout englobé dans des histoires de sortir de la Seconde Guerre Mondiale et, bien évidemment, la cuisine. C'est d'ailleurs une BD que je déconseille de lire à jeun, ça risque de vous donner une de ces fringale ! Clairement la BD simple et claire, classique mais excellente, comme une très bonne recette légèrement revisitée. J'ai apprécié cette lecture porté par un dessin simple, clair et jouant assez habilement des couleurs. Le tout dans une mise en page grand format qui permet de profiter pleinement des détails. Le genre de BD dont je raffole parce qu'elle est de cette simplicité qui se suffit largement. Recommandé, n'en attendez pas le chef-d’œuvre du siècle et vous serez sans doute comblé !

10/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Larmes du Seigneur Afghan
Les Larmes du Seigneur Afghan

Même si l'Afghanistan n'a plus beaucoup de place dans les médias occidentaux d'aujourd'hui, j'ai trouvé cette lecture bien intéressante. Le reportage date de 2010 et le récit de 2014 juste avant l'élection présidentielle et la première victoire d'Ashraf Ghani. Quinze ans plus tard cette série reportage passe presque de la série documentaire journalistique au récit historique. En effet il présente les germes de la victoire écrasante et totale des Talibans en 2021. En effet Pascale Bourgaux note comment le point de vue des Talibans progresse au sein même de la famille de son hôte. Cet échec est attribué à la quasi unanimité à deux causes premières: la corruption et les maladresses meurtrières des militaires ou sociétales des occidentaux. La journaliste se met elle même parfois en difficultés dans son récit ce qui montre la difficulté de la tâche. Pouvait-il en être autrement? La journaliste ne prétend pas répondre à cette question même si elle souligne quelques anecdotes ( la mini jupe, les morts amis provoqués par les soldats allemands) qui ont surtout vocation à faire réagir émotionnellement. De même la situation dans ce petit village du nord de l'Afghanistan ne peut pas prétendre à délivrer une vision universelle de toutes les régions afghanes. A mon avis la principale qualité du récit est de faire sentir que l'on était sur le fil du rasoir avec un possible basculement d'un côté comme de l'autre. Malgré la tension de certaines séquences les auteurs avaient choisi de parier sur une présentation plutôt optimiste. Je l'ai ressenti à travers un graphisme paisible qui privilégie les beaux paysages, les marché aux tissus flamboyants ou à une reconstruction des axes de communications par une société turque. On connait la suite et depuis le 15 août 2021 Pascale Bourgaux a eu la réponse à la dernière question qu'elle se pose dans la BD.

10/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Trous de mémoires
Trous de mémoires

Un album qui conforte, une nouvelle fois, tout le bien que je pense de cet auteur. D’un côté je ne suis pas surpris et d’un autre ça me rassure de le suivre les yeux fermés. Lire du Nicolas Juncker est toujours un plaisir, j’aime son approche sur des sujets ardus et leurs traitements. Après Un général, des généraux avec F. Boucq, il revient sur le sujet France/Algérie mais sous un autre angle (tout aussi farce et parodique). Cette fois l’histoire est fictive (protagonistes, ville …) mais s’inspire d’un fait réel des années post 2000, à savoir la mise en place d’un mémorial dédié aux victimes de la guerre d’Algérie. Un projet bien casse gueule que l’auteur nous propose de suivre à travers une belle brochette de personnages : politiciens, artistes, historiens, associations … Le résultat m’a bien bien plu, l’auteur pose l’ambiance façon vaudeville, ça va vite, c’est comique et surtout ça n’oublie pas de développer le fond (la mémoire) à travers ces divers témoignages. Le titre et la couverture (3D ;) amène un beau clin d’œil à l’ensemble et la maîtrise graphique de l’auteur s’est encore améliorée. Bref une nouvelle fois conquis, du bel ouvrage.

08/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Total Combat
Total Combat

La lecture de ce diptyque fut une agréable surprise. Je ne suis pas du tout expert en Arts Martiaux et en MMA (Mixed Martial ARTS) en particulier. Ce dernier a eu très mauvaise réputation en Europe et en France jusqu'à peu. C'est la ministre des sports Roxana Maracineanu qui a sorti ce sport d'une marginalité dangereuse. La série de Jack Manini participe à cette entreprise de visibilité et de dédiabolisation. Je ne sais pas si je laisserai mon fils s'engager facilement dans cette pratique mais la série de Manini est assez convaincante. Attention Manini ne cache rien de la dureté et de l'âpreté des combats. Son champion Jimmy Perez sort souvent cabossé de ses affrontements pourtant vainqueur, "Et encore, imaginez ma tronche si j'avais perdu !" (p17 T2). L'auteur intègre des figures de combats et l'histoire du MMA dans un scénario de type thriller familial bien construit où la part des combats est somme toute assez faible. Le tome 1 installe immédiatement le héros Jimmy dans une forte tension dramatique avec un accident de vie totalement étranger au combat. La suite propose un scénario plein de rebondissements et de trahisons qui font de "Total Combat" une vraie histoire plaisante et divertissante. Le graphisme est un peu rugueux mais colle bien à l'âpreté du milieu. La narration visuelle est dynamique avec des scènes de combats qui privilégient une certaine beauté de la gestuelle sans nier la violence. J'ai bien aimé les ambiances de rues à NY. Rio est un peu moins à mon goût mais cela reste un détail. Une série intéressante avec plusieurs objectifs atteints. Une réussite malgré deux couvertures peu sexy.

08/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Pêcheur et la Salamandre
Le Pêcheur et la Salamandre

Ce premier épisode est plein de promesses. C'est une série jeunesse qui débute sur une belle lancée pour plaire à un public assez jeune. J'y ai trouvé un bel équilibre entre le scénario et un graphisme très attractif et coloré. Le scénario reste classique mêlant le merveilleux, le surnaturel et l'aventure du jeune orphelin Loun et de la salamandre Nahal qui ne sait pas attraper de poissons. Loun malgré son jeune âge est un pêcheur expérimenté, aidé dans sa pratique par la protection du Poisson-roi. Suite à une bévue de Nahal les deux personnages devront s'acquitter d'une épreuve qui les conduira à la découverte d'éléments du passé douloureux de Loun. Les valeurs de courage, solidarité, complémentarité et responsabilité sont mises en avant à travers le personnage de Loun très mature. Nahal fait un contrepoint comique qui exprimera sa complémentarité le moment venu. La narration est très fluide avec un bon niveau de langage ce qui procure une lecture facile et agréable pour tous. J'ai beaucoup apprécié le graphisme rond, dynamique et coloré de Zoé B. Simpson. L'autrice nous entraine dans une ambiance à la saveur asiatique très exotique. Le village côtier puise son inspiration dans l'architecture méditerranéenne. Ce mixte humain-animaux passe très bien et donne une belle diversité à un visuel très bien travaillé dans les détails. Une lecture jeunesse attrayante et j'attends la suite avec curiosité.

07/06/2025 (modifier)
Couverture de la série On leur vend des armes
On leur vend des armes

J’avais déjà lu pas mal de choses sur ce thème, dans le Canard enchainé et dans le Monde Diplomatique, mais cet album remet très bien les choses en place, et en lumière. Il compile et adapte plusieurs enquêtes publiées par Disclose et par La Revue dessinée, le tout accompagné de mises au point inédites et de divers compléments. Le seul reproche que l’on pourrait faire à cette publication est que certains thèmes, certains faits se répètent, sont un peu redondant. Mais l’ensemble est très intéressant. Très documenté, factuel, la démonstration est implacable. La France vend des armes – et de plus en plus – au mépris des valeurs qu’elle proclame défendre, mais aussi des traités et engagement qu’elle a pris. Et ce dans une grande discrétion, le secret défense arrivant opportunément pour protéger le secret des affaires, les collusions entre marchands d’armes et hauts dirigeants. Le Drian, ministre transformé en représentant des marchands d’armes français est en cela édifiant, Tartuffe incarnant l’hypocrisie à son apogée. Les milliers de civils victimes des armes et technologies françaises, au Yemen, en Égypte – voire en Ukraine – ne pèsent pas lourds face aux milliards engrangés par les industriels français et face à « l’intérêt national ». La narration est très agréable, parfois ludique et humoristique, en tout cas jamais barbante. C’est fluide et instructif, comme souvent pour les reportages de La Revue dessinée. C’est à lire, pour se rendre compte à quel point nos dirigeants (de droite comme de gauche) se foutent de nous lorsqu’ils se scandalisent médiatiquement des guerres et des dictatures, qu’ils ont pourtant facilitées et renforcées.

06/06/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série V pour Vendetta
V pour Vendetta

Dans le triptyque à succès d'Alan Moore, il me manquait ce "V pour Vendetta" à mon tableau de lecture. Dans une Angleterre imaginaire, un régime totalitaire est au pouvoir après une guerre nucléaire, nous sommes en 1977. Alan Moore nous décrit un régime néo-fasciste à vomir, régime évidement raciste et homophobe. Média d'État, caméras de surveillance à chaque coin de rue sont ses outils pour contrôler le peuple. V est un homme qui cache son visage sous un masque. Le choix de ce masque ne doit rien au hasard puisqu'il reprend un portrait stylisé de Guy Fawkes (membre d'un groupe qui a planifié la Conspiration des Poudres). Il se veut la mèche qui réveillera les consciences avec ses idées anarchistes. Un récit dense, bourré de références, des passages un peu longuet, mais c'est passionnant, intrigant et effrayant. Une œuvre, qui malgré ses 35 ans ne fait pas son âge, elle est toujours d'actualité. Elle nous rappelle que rien n'est jamais acquis. Alan Moore a le don de choisir des dessinateurs clivants, et à chaque fois je me trouve dans le camp de la minorité. Il est vrai qu'au premier regard, ce dessin et ces couleurs ne sont guère appétissants. Mais en y regardant de plus près, ce dessin vieillot au trait gras pas toujours lisible au premier regard et à la colorisation terne contribue fortement à ressentir cette ambiance inquiétante qui enveloppe le lecteur d'une chape de plomb. Du bon boulot. Le meilleur Alan Moore avec From Hell.

06/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Patrick Dewaere - A part ça la vie est belle
Patrick Dewaere - A part ça la vie est belle

Les biographies m'ennuient souvent, et je n'avais qu'une curiosité très modérée à l'idée de découvrir le parcours de Patrick Dewaere, acteur français dont j'avais bien sûr entendu parler mais dont je n'avais vu aucun film. Pourtant, je dois reconnaître que cette BD m'a surpris par la qualité de sa narration, qui m'a complètement absorbé. Le choix narratif est original : ce n'est pas un biographe extérieur qui raconte, mais Patrick Dewaere lui-même, qui se confie à la première personne. Son récit n'est pas chronologique, mais reste toujours fluide et intuitif, on ne s'y perd jamais. Il commence par les heures qui précèdent sa mort, puis remonte progressivement le fil de ses pensées pour expliquer comment il en est arrivé là, ce qui l'a façonné, ce qui l'a abîmé. Le ton est humain, direct, sans fioritures, et malgré les allers-retours dans le temps, l'ensemble reste clair et cohérent. C'est aussi une immersion dans la France des années 70, une époque qui me rebute toujours un peu mais qui prend ici vie avec beaucoup de relief. L'ambiance, les mentalités, les rapports humains : tout est bien restitué. On comprend sans difficulté l'état d'esprit du personnage principal et de son entourage. Patrick Dewaere est présenté sans filtre : un acteur talentueux, intense, mais aussi un homme tourmenté, égocentrique, parfois violent, psychologiquement cabossé, probablement à cause d'un viol subi dans sa jeunesse (évoqué sans être ici raconté). Tout au long de la lecture, j'ai trouvé le récit instructif et remarquablement construit, mais c'est surtout sa conclusion qui m'a marqué. La mise en scène, les dialogues, l'émotion contenue mais juste : les dernières pages m'ont touché de manière inattendue. Pour quelqu'un dont je ne connaissais rien et que je n'avais jamais vu jouer, c'est une biographie réussie.

06/06/2025 (modifier)