3.5
Un bon album qui raconte la première fois qu'une femme s'est rebellé contre le système d'Hollywood et a essayer d'obtenir justice face aux hommes qui l'ont violés.
C'est encore un récit écœurant, mais nécessaire pour dénoncer les injustices de la société. C'est triste de voir à quel point la société a peu évoluer pendant des décennies. Cela se passe dans les années 30 et tout ce que subit la pauvre Patricia Douglas ne m'a pas du tout surpris et la soi-disant justice est cousue de fil blanc. Même si l'album est globalement bon, il y a quelques éléments qui m'ont fait levé les sourcils. Je trouve que le comportement de la mère de Douglas est pas clair, en tout cas je n'ai pas trop bien compris pourquoi elle garde l'argent que la MGM a donné pour que sa fille la ferme alors que l'avocat avait dit rendre l'argent. Ensuite, parfois il y avait des mots qui me semblaient anachroniques. Il y avait vraiment des gens qui disaient pédocriminalité ou culture du viol dans les années 30 ? Je n'aime pas trop lorsque dans un récit se passant dans le passé les personnages parlent comme des gens modernes.
Le dessin est très bon et l'auteur sait comment dessiner une scène de viol sans tomber dans un truc salasse. Le seul problème est que parfois l'ordre des cases à lire n'était pas très clair. C'est bien de s'amuser avec la mise en scène, mais il ne faudrait pas oublier le lecteur.
Les auteurs concluent leur préface par ces mots : « L’affaire du Mediator n’est pas juste un scandale de médicament toxique, c’est le révélateur de dysfonctionnements graves de notre démocratie ». Hélas tout est dit, car, effectivement, cette affaire donne à réfléchir (et à vomir tout autant !).
Je connaissais les grandes lignes, avait lu des articles, dans le Canard enchainé, mais aussi un gros article dans Le Monde diplomatique. Cet album permet de rentrer dans les détails, de suivre la chronologie des événements – et du foutage de gueule.
La cupidité de Servier, les astuces habituelles du Big Pharma pour se goinfrer avec ses prétendues nouvelles molécules (quitte à truquer leur bilan pour pouvoir être remboursé par la Sécu et ainsi davantage prescrit et vendu), tout y passe par le menu. S’ajoutent à ça les barbouzeries du labo, qui fait tout pour intimider témoins, lanceurs d’alerte, et même les victimes. Mais aussi la collusion entre labo et médecins, les revues médicales qui à part « Prescrire » sont financées par les pubs des labos et sont complices. Enfin, la complicité de certains décideurs politiques – une nouvelle fois nous retrouvons Nicolas Sarkozy, avocat d’affaire de Servier, qui lui donnera la plus haute distinction de la Légion d’honneur…
La « stratégie du doute » visant à discréditer les lanceurs d’alerte (utilisée par les vendeurs de cigarette ou ceux qui contestent le réchauffement climatique par exemple), le harcèlement des lanceurs d’alerte avec des « procédures baillons » épuisantes (nerveusement et financièrement) pour ceux qui osent s’attaquer à Servier, tout y passe. Et enfin, après un parcours du combattant, les décisions de justice : Servier mort avant d’avoir été jugé, qui garde ses décorations, et des peines ridicules par rapport au chiffre d’affaires et aux salaires des quelques condamnés, personne n’ayant fait de prison… Les victimes continuent à mourir, la labo à tout faire pour ne pas les indemniser...
L’album est fluide, ça n’est jamais ennuyeux ou trop technique – malgré les chiffres et informations nombreuses qui parsèment les pages – et tout est très bien démontré (un imposant dossier final donne la multitude de sources utilisées et consultables). Ecœurant, mais à lire…
J'ai décidé de découvrir cette série sans savoir qu'il s'agissait d'une série de près de 1000 planches (même plus avec le quatrième tome) qui se développe lentement sur son sujet. Mais je dois avouer que j'ai été entrainé par le récit durant les quelques jours que j'ai pris pour les lire !
Jeff Lemire commence à m'être plus familier et je reconnais certaines choses dans son récit et ses archétypes, comme Jepperd ici qui m'a beaucoup rappelé Derek de Winter Road du même auteur. Cela dit, je lui reconnais aussi une patte carrément bonne dans le scénario, celle de pouvoir mener des intrigues aussi claires et simples que celle-ci, tout en greffant dessus de nombreux sujets intéressants. "Sweet Tooth" (traduit par gueule sucrée dans le texte en français) est une BD qui parle de l'écologie, de la paternité, d’épidémie dévastatrice (et la BD date d'avant le Covid, chapeau pour le timing !) tout en reprenant des légendes inuit, des considérations sur le racisme ou sur la violence envers les femmes.
Et franchement, ça passe carrément bien. C'est une BD qui prend son temps et développe chaque personnage par des flashbacks, tout en densifiant son récit. C'est surtout les personnages qui marquent, et j'ai personnellement beaucoup aimé le scientifique se prenant finalement pour un prophète et redevenant un simple professeur, une belle image de l'humain qui pense toujours à s'élever plutôt qu'agir pour le bien. Le trait de Lemire est toujours identique, avec ces bonhommes aux traits marqués et son esthétique faisant très scène indépendante américaine. Je note son amour des paysages et de la neige qui revient sans cesse, une marque de fabrique que je lui reconnais.
Niveau livre, je suis par contre surpris par le quatrième volume qui arrive en 2021 et semble initier un second cycle (bien qu'il se suffise à lui-même). L'histoire est très différente et prend un autre chemin, mais m'a semblé moins réussi notamment à cause des questions que pose la réapparition de Jepperd qui semble débarquer de nul part. C'est un peu étrange, mais le reste est toujours là avec le poids de la religion qui revient s'inscrire dans le récit, une thématique déjà soulignée dans le premier cycle. Le dernier volume n'est clairement pas indispensable et n'a pas de réels intérêt quant au reste du récit, mais ça reste intéressant à lire.
Une série longue, travaillée même si parfois on sent l'auteur qui se fait clairement plaisir, qui aurait peut-être gagnée à être raccourci sur certains points, mais qui est entrainante et a même un petit relent prophétique sur la question de gestion de crise sanitaire. Recommandée !
Voila une très sympathique petite série fantasy pour jeunesse. Tout comme Bergères Guerrières à laquelle j'aurais envie de le comparer, cette série porte en elle une sympathique histoire aux personnages marquants et dans une ambiance de monde à sauver.
J'ai commencé la série sans avoir la moindre idée de là où l'on allait, et j'ai été agréablement surpris. C'est une aventure qui part en exploration d'un monde de fantasy entre une jeune femme anxieuse élevée par un grand-père cochon et un jeune d'une race ancienne désormais éteinte dont on ne sait pas grand chose. Très vite l'histoire s'emballe et commence à dériver autour des lampes qui éclairent le monde (une idée piquée à Tolkien par hasard ?). Si l'ensemble est très linéaire dans son déroulé, il faut bien dire que l'histoire ne va pas dans une direction précise (même si ça se sent) et camoufle soigneusement ce qui va se développer. Le méchant qui se dévoile n'est pas monolithique et des surprises viendront à son propos. De même, alors que l'histoire allait clairement vers une confrontation, celle-ci survient bien vite et continue ensuite. Le développement n'est pas remarquablement fait, mais suffisamment subtile pour un public plus jeune. L'auteur a décidé parler de sujets importants aux plus jeunes et c'est tout à son honneur.
Mais le récit ne manque pas d'humour malgré son histoire sombre. Que ce soit le grand-père gourmand aux trous de mémoire ou l'acolyte un peu bourrin avec son épée, les touches d'humour parsèment le récit qui reste pourtant globalement assez sombre. Il y a une réelle tristesse dans le récit, et son personnage principal est sujet à des crises d'anxiété très bien représentées qui l'handicapent tout en lui permettant de se révéler lorsqu'elle les affronte et se libère de ses peurs.
Le dessin d'ailleurs est très dynamique mais surtout une entrée dans un monde fantastique. L'ambiance cosy des intérieurs, les costumes et les décors font complètement fantasy, invitant le lecteur à s'immerger dans un monde qui sera exploré en détails. Le tome 3 se conclue sur une quête toujours relancée sans que je ne sente l'ensemble faiblir et je dois dire que je suis assez intéressé par la suite ! Je l'espère pas trop longue, mais cette série est un plaisir de lecture que je recommande d'offrir aux plus jeunes !
Au début des années 1930, un notable anglais est retrouvé assassiné sur l'île de Pâques, ce petit territoire isolé où cohabitent chiliens, colons britanniques et indigènes Pascuans réduits à la misère. L'inspecteur Guillermo Valverde, envoyé par le président chilien, arrive sur place pour mener l'enquête dans un huis clos à ciel ouvert, traversé de tensions raciales et politiques.
L'album offre une enquête policière captivante, dans un décor rarement exploré et historiquement riche. On y retrouve l'esprit d'Agatha Christie, mais transposé dans un cadre exotique et chargé d'enjeux coloniaux.
Le dessin de Thomas Gilbert séduit par son style semi-réaliste, expressif et légèrement inquiétant. Les couleurs, à la fois lumineuses et mélancoliques, traduisent la rudesse du climat et la beauté austère de l'île. La mise en page, claire et dynamique, renforce l'impression d'enfermement et d'humidité poisseuse qui plane sur l'histoire.
Côté scénario, Thomas Lavachery s'appuie sur les notes de son grand-père, archéologue présent sur l'île en 1934. Le résultat est un polar historique solide, au rythme mesuré, plus proche des intrigues classiques que des thrillers nerveux. L'inspecteur Valverde, imposant et perspicace, évoque naturellement Hercule Poirot par sa corpulence et son sens aigu de la déduction, tout en partageant avec Sherlock Holmes une dépendance au laudanum et un talent pour le violon. Mais ses méthodes parfois brusques et son rapport direct aux autres lui donnent une personnalité bien à lui, à la fois cérébrale et terrienne, attachante et pleine de contradictions.
Les personnages secondaires sont également bien campés : un gouverneur autoritaire, une jolie archéologue déterminée, un médecin désabusé mais bienveillant, un anglais violent et sa belle femme désœuvrée, ainsi qu'un peuple Pascuan décrit avec respect et nuance. Le récit, sans insister lourdement, dénonce la hiérarchie raciale et les abus coloniaux de l'époque. Même si la résolution se devine un peu avant la fin, l'écriture reste élégante et les dialogues d'une belle précision.
Caballero Bueno est un polar feutré et intelligent, entre hommage aux classiques du genre, modernité du ton et intérêt historique. Entre l'élégance de Poirot et les failles de Holmes, Valverde s'impose comme un enquêteur singulier et profondément humain, que j'aurais plaisir à retrouver dans d'autres enquêtes.
Voilà bien une BD dont je n'attendais rien. D'abord, je n'en avais jamais entendu parler avant d'en avoir un exemplaire dans les mains, et ensuite, elle s'est retrouvé dans ma PAL (Pile à Lire) pour le boulot. J'ai trouvé ça très bien.
J'ai lu cette BD d'une traite, c'est un signe. Son scénario est simple et propose de suivre une saison en montagne aux côtés d'un berger qui transhume un troupeau. Parce que notre auteur, qui porte à la foi la casquette d'illustrateur et le béret de berger, va rester plus de trois mois dans les alpages, dormant dans une cabane de quelques mètres carrés seulement.
Ha oui ? Et on a besoin de 136 pages pour raconter ça ? Ben ouais ! C'est passionnant, mais également très poétique. On vit au jour le jour. On éprouve la peur de croiser l'ours, celle d'égarer des brebis ou de les perdre définitivement, car les dangers sont nombreux en altitude, on prend nous aussi les touristes pour des béotiens, on ressent parfois la langueur des jours, et surtout le décalage quand, sur les dernières pages, notre homme revient à la civilisation. D'ailleurs, il ne traine pas. C'est expédié. Il n'assistera même pas à la fête du village censée célébrer l'événement.
Avant cela, on a compté avec lui les animaux. On les a énumérés. Et on ne s'est pas endormi. Il y a des passages très forts, très significatifs. Je pense en particulier à la manière dont Maxim Cain décrit la brume qui monte et obstrue la vue. Ça m'a rappelé ma lecture d'Au cœur des solitudes de Lomig. Comme elle, Démontagner est entièrement en noir et blanc, ce qui immerge dans le sujet en offrant de très belles planches dédiées aux paysages. Ici aussi, la solitude a toute la place.
Une fois ma lecture achevée, je me suis retrouvé moi-aussi tout décalé. Tout démontagné, et j'avoue que j'en aurais bien repris une louche. Sans fantasmer sur le métier de berger, qui doit être un sacré truc tout de même, j'ai été enchanté de passer ces quelques mois en compagnie de Maxim. C'était une très belle expérience, très réussie graphiquement, et sans fausse note.
J'écris cela après une deuxième lecture, la première ayant été sur un temps trop long pour apprécier l'ouvrage. Je mets de côté les graphismes qui peuvent être appréciés de manière subjective, bien que je les apprécie.
L'histoire... l'histoire peut sembler enfantine au début, capillotractée à la fin et difficile à suivre, mais l'ensemble est vraiment bon, il y a vraiment une recherche sur l'ensemble. Si on fait l'effort de suivre, ce qui n'est pas évident, je le reconnais sinon j'aurais mis 5, c'est une série très enrichissante.
J’ai déjà lu plusieurs adaptations du récit de Bram Stoker, plus ou moins réussies et intéressantes. Celle de Bess, avec son Noir et Blanc puissant se range clairement dans le camp des belles transpositions, comme celle de Fernandez d’ailleurs.
Alors que les deux albums sont très différents graphiquement, j’ai eu le même ressenti en lisant les versions de Bess et de Fernandez. En effet, tous deux sont très respectueux du texte d’origine – peut-être trop finalement – dans lequel Fernandez a un peu plus coupé, se contant de moins d’une centaine de pages.
L’autre point commun est la force du dessin. Mais, là où Bess use d’un Noir et Blanc tranché et pur, d’une grande beauté, Fernandez va tout au contraire mettre en avant un travail baroque et coloré, souvent plus proche du travail d’un peintre que de celui d’un bédéiste. Si le style n’est pas forcément ce que je préfère, on ne peut lui dénier une qualité et une beauté qui accompagnent très bien le récit, avec des touches forcément noires accentuant la noirceur d’un récit gothique.
L’intrigue immergée – dans tous les sens du terme pour le coup ! – dans un coin de la France profonde, et certains ressorts de l’histoire, m’ont fait penser à des téléfilms typés « France télévision », qui a priori ne sont pas trop mon truc. Mais cet album s’en éloigne quand même, ou à tout le moins se place dans le haut de ce panier.
Je ne connais pas le roman d’origine, et donc ce qui a immanquablement dû être élagué, mais Matz, en vieux briscard du polar (personnel ou en adaptation) nous restitue quelque chose de très lisible, d’agréable et de fluide. L’intrigue est bien bâtie, tout est crédible, de l’histoire aux personnages (seule la volonté de Noémie, l’héroïne, de rester dans son bled provincial m’a au final étonné : qu’elle quitte Paris et son panier de crabes bien sûr, mais sans attache et urbaine, ça me laisse sceptique, mais bon).
Le décor est bien planté, et l’enquête va en s’accélérant jusqu’aux inévitables rebondissements – en plusieurs étapes – du final. Mais, là aussi, ces rebondissements sont moins bourrins et/ou téléphonés que je ne le craignais.
Alors, certes, rien d’extraordinaire. Mais on a là un divertissement bien fichu, du polar classique sans esbroufe où tout reste crédible – jusque dans la noirceur crasse de certains.
Le rendu du dessin est un peu âpre, mais ça colle avec le sale caractère de Noémie, qui a pris dans la gueule une décharge de fusil et le mépris de sa hiérarchie au 36 quai des Orfèvres, et qui n’est pas d’un abord toujours agréable.
Note réelle 3,5/5.
Océan Noir
Les reprises ou les albums "vu par..." sont nombreux depuis quelques années. Si, à mon avis, certains se sont révélés désastreux (comme la reprise de Spirou, série que j'ai abandonnée), d'autres comme le Lucky Luke de Mathieu Bonhomme ou certains Blake et Mortimer, voire la version de Sfar & Blain de Blueberry sont assez voire très bien réussies. D'ailleurs, la reprise n'a jamais été autant meilleure lorsqu'elle fait exploser les codes comme Le dernier pharaon (Blake et Mortimer) de Schuiten, Van Dormael et Gunzig.
Avec "Océan noir', Vivès et Martin Quenehen arrivent à nous surprendre avec leur vision d'un Corto Maltese plus contemporain.
J'avoue que je ne suis guère un grand fan des aventures imaginées par Hugo Pratt, et je ne possède que 3 albums (dont l'excellent "Ballade de la mer salée"), mais j'ai été littéralement bluffé par cet album. Le dessin de Bastien Vivès est à la hauteur de l'enjeu, il a gardé son propre style tout en conservant l'atmosphère des albums d'Hugo Pratt ; et mon dieu que Raua est jolie sous les traits de Vivès. Le scénario de Martin Quennehen ne trahit en rien l'univers de Corto Maltese : rencontres, silence, mystère, quête et voyages en bateau, même Raspoutine est présent !
Très bel album que j'ai déjà lu deux fois.
S'il fallait trouver une critique, ce serait sur le prix. En effet la version de luxe à 35 euros (celle que j'ai prise), et l'édition brochée à 22 euros, c'est abusé lorsque les albums brochés N&B de Corto Maltese que je possède m'avaient coûté 12 euros au début des années 2000 !
La Reine de Babylone
Je suis, loin de là, un spécialiste de Corto Maltèse, ne possédant que 3 albums signés Hugo Pratt, pourtant je m'étais précipité, non sur la reprise de Juan Díaz Canalès et Rubén Pellejero , mais sur celle de Bastien Vivès et Martin Quenehen en 2021. Et j'avais adoré.
Je suis de nouveau au rendez-vous avec "la reine de Babylone" signé du même duo d'auteurs. Je trouve que le dessin de Vivès s'inscrit toujours autant dans celui de Pratt, sans pour autant le copier. Bastien Vivès conserve son style propre dans un univers qui n'est pas le sien.
Par contre, j'ai trouvé que cela allait un peu vite dans l'intrigue, avec pas mal de scènes d'actions et de nombreuses cases muettes. Il manque peut-être un soupçon de poésie ou de quiétude pour que l'album soit parfait. On retrouve la patte de Quenehen dans cette nouvelle aventure avec un périple à travers l'Europe, des actes de piraterie , une dose de CIA et un trésor.
Malgré l'épaisseur de l'album (180 pages), j'ai savouré cette aventure de Corto Maltèse ,dans l'édition de luxe, qui il faut l'avouer en dépit de son prix assez élevé, est superbe.
le jour d'avant
C’est doute le moins bon des Corto Maltese signés Quenehen et Vivès , que je viens de lire. Pourtant peu adepte du personnage version Hugo Pratt, j’ai trouvé Corto assez éloigné de l’image que je me faisais de lui, et surtout du personnage qu’avaient repris ce duo d’auteurs.
Cette intrigue est, à mon goût, trop ancrée dans l’actualité avec le dérèglement climatique en toile de fond. Et ce n’est pas tout, le scénario mêlant espionnage, guerre des gangs, et géopolitique devient presqu’indigeste. Trop d’actions tue l’action dans cet album. Où sont passés les silences, la poésie et le mystère de Corto Maltese ?
J’ai eu du mal aussi avec le personnage de l’avocate activiste, trop caricaturale à mon goût et transformer ici Corto Maltese en mercenaire n’était pas la meilleure idée.
Quant au dessin de Vivès, j‘ y adhère toujours autant.
J’avais nettement préféré les deux premiers albums de Vivès et Quenehen, qui certes s’inscrivaient dans notre monde contemporain, mais étaient un peu plus déconnecté de l’actualité immédiate, dont on nous inonde à longueur de journée
Bref, une déception pour ce troisième opus.
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Seule contre Hollywood
3.5 Un bon album qui raconte la première fois qu'une femme s'est rebellé contre le système d'Hollywood et a essayer d'obtenir justice face aux hommes qui l'ont violés. C'est encore un récit écœurant, mais nécessaire pour dénoncer les injustices de la société. C'est triste de voir à quel point la société a peu évoluer pendant des décennies. Cela se passe dans les années 30 et tout ce que subit la pauvre Patricia Douglas ne m'a pas du tout surpris et la soi-disant justice est cousue de fil blanc. Même si l'album est globalement bon, il y a quelques éléments qui m'ont fait levé les sourcils. Je trouve que le comportement de la mère de Douglas est pas clair, en tout cas je n'ai pas trop bien compris pourquoi elle garde l'argent que la MGM a donné pour que sa fille la ferme alors que l'avocat avait dit rendre l'argent. Ensuite, parfois il y avait des mots qui me semblaient anachroniques. Il y avait vraiment des gens qui disaient pédocriminalité ou culture du viol dans les années 30 ? Je n'aime pas trop lorsque dans un récit se passant dans le passé les personnages parlent comme des gens modernes. Le dessin est très bon et l'auteur sait comment dessiner une scène de viol sans tomber dans un truc salasse. Le seul problème est que parfois l'ordre des cases à lire n'était pas très clair. C'est bien de s'amuser avec la mise en scène, mais il ne faudrait pas oublier le lecteur.
Mediator - Un crime chimiquement pur
Les auteurs concluent leur préface par ces mots : « L’affaire du Mediator n’est pas juste un scandale de médicament toxique, c’est le révélateur de dysfonctionnements graves de notre démocratie ». Hélas tout est dit, car, effectivement, cette affaire donne à réfléchir (et à vomir tout autant !). Je connaissais les grandes lignes, avait lu des articles, dans le Canard enchainé, mais aussi un gros article dans Le Monde diplomatique. Cet album permet de rentrer dans les détails, de suivre la chronologie des événements – et du foutage de gueule. La cupidité de Servier, les astuces habituelles du Big Pharma pour se goinfrer avec ses prétendues nouvelles molécules (quitte à truquer leur bilan pour pouvoir être remboursé par la Sécu et ainsi davantage prescrit et vendu), tout y passe par le menu. S’ajoutent à ça les barbouzeries du labo, qui fait tout pour intimider témoins, lanceurs d’alerte, et même les victimes. Mais aussi la collusion entre labo et médecins, les revues médicales qui à part « Prescrire » sont financées par les pubs des labos et sont complices. Enfin, la complicité de certains décideurs politiques – une nouvelle fois nous retrouvons Nicolas Sarkozy, avocat d’affaire de Servier, qui lui donnera la plus haute distinction de la Légion d’honneur… La « stratégie du doute » visant à discréditer les lanceurs d’alerte (utilisée par les vendeurs de cigarette ou ceux qui contestent le réchauffement climatique par exemple), le harcèlement des lanceurs d’alerte avec des « procédures baillons » épuisantes (nerveusement et financièrement) pour ceux qui osent s’attaquer à Servier, tout y passe. Et enfin, après un parcours du combattant, les décisions de justice : Servier mort avant d’avoir été jugé, qui garde ses décorations, et des peines ridicules par rapport au chiffre d’affaires et aux salaires des quelques condamnés, personne n’ayant fait de prison… Les victimes continuent à mourir, la labo à tout faire pour ne pas les indemniser... L’album est fluide, ça n’est jamais ennuyeux ou trop technique – malgré les chiffres et informations nombreuses qui parsèment les pages – et tout est très bien démontré (un imposant dossier final donne la multitude de sources utilisées et consultables). Ecœurant, mais à lire…
Sweet Tooth
J'ai décidé de découvrir cette série sans savoir qu'il s'agissait d'une série de près de 1000 planches (même plus avec le quatrième tome) qui se développe lentement sur son sujet. Mais je dois avouer que j'ai été entrainé par le récit durant les quelques jours que j'ai pris pour les lire ! Jeff Lemire commence à m'être plus familier et je reconnais certaines choses dans son récit et ses archétypes, comme Jepperd ici qui m'a beaucoup rappelé Derek de Winter Road du même auteur. Cela dit, je lui reconnais aussi une patte carrément bonne dans le scénario, celle de pouvoir mener des intrigues aussi claires et simples que celle-ci, tout en greffant dessus de nombreux sujets intéressants. "Sweet Tooth" (traduit par gueule sucrée dans le texte en français) est une BD qui parle de l'écologie, de la paternité, d’épidémie dévastatrice (et la BD date d'avant le Covid, chapeau pour le timing !) tout en reprenant des légendes inuit, des considérations sur le racisme ou sur la violence envers les femmes. Et franchement, ça passe carrément bien. C'est une BD qui prend son temps et développe chaque personnage par des flashbacks, tout en densifiant son récit. C'est surtout les personnages qui marquent, et j'ai personnellement beaucoup aimé le scientifique se prenant finalement pour un prophète et redevenant un simple professeur, une belle image de l'humain qui pense toujours à s'élever plutôt qu'agir pour le bien. Le trait de Lemire est toujours identique, avec ces bonhommes aux traits marqués et son esthétique faisant très scène indépendante américaine. Je note son amour des paysages et de la neige qui revient sans cesse, une marque de fabrique que je lui reconnais. Niveau livre, je suis par contre surpris par le quatrième volume qui arrive en 2021 et semble initier un second cycle (bien qu'il se suffise à lui-même). L'histoire est très différente et prend un autre chemin, mais m'a semblé moins réussi notamment à cause des questions que pose la réapparition de Jepperd qui semble débarquer de nul part. C'est un peu étrange, mais le reste est toujours là avec le poids de la religion qui revient s'inscrire dans le récit, une thématique déjà soulignée dans le premier cycle. Le dernier volume n'est clairement pas indispensable et n'a pas de réels intérêt quant au reste du récit, mais ça reste intéressant à lire. Une série longue, travaillée même si parfois on sent l'auteur qui se fait clairement plaisir, qui aurait peut-être gagnée à être raccourci sur certains points, mais qui est entrainante et a même un petit relent prophétique sur la question de gestion de crise sanitaire. Recommandée !
Lightfall
Voila une très sympathique petite série fantasy pour jeunesse. Tout comme Bergères Guerrières à laquelle j'aurais envie de le comparer, cette série porte en elle une sympathique histoire aux personnages marquants et dans une ambiance de monde à sauver. J'ai commencé la série sans avoir la moindre idée de là où l'on allait, et j'ai été agréablement surpris. C'est une aventure qui part en exploration d'un monde de fantasy entre une jeune femme anxieuse élevée par un grand-père cochon et un jeune d'une race ancienne désormais éteinte dont on ne sait pas grand chose. Très vite l'histoire s'emballe et commence à dériver autour des lampes qui éclairent le monde (une idée piquée à Tolkien par hasard ?). Si l'ensemble est très linéaire dans son déroulé, il faut bien dire que l'histoire ne va pas dans une direction précise (même si ça se sent) et camoufle soigneusement ce qui va se développer. Le méchant qui se dévoile n'est pas monolithique et des surprises viendront à son propos. De même, alors que l'histoire allait clairement vers une confrontation, celle-ci survient bien vite et continue ensuite. Le développement n'est pas remarquablement fait, mais suffisamment subtile pour un public plus jeune. L'auteur a décidé parler de sujets importants aux plus jeunes et c'est tout à son honneur. Mais le récit ne manque pas d'humour malgré son histoire sombre. Que ce soit le grand-père gourmand aux trous de mémoire ou l'acolyte un peu bourrin avec son épée, les touches d'humour parsèment le récit qui reste pourtant globalement assez sombre. Il y a une réelle tristesse dans le récit, et son personnage principal est sujet à des crises d'anxiété très bien représentées qui l'handicapent tout en lui permettant de se révéler lorsqu'elle les affronte et se libère de ses peurs. Le dessin d'ailleurs est très dynamique mais surtout une entrée dans un monde fantastique. L'ambiance cosy des intérieurs, les costumes et les décors font complètement fantasy, invitant le lecteur à s'immerger dans un monde qui sera exploré en détails. Le tome 3 se conclue sur une quête toujours relancée sans que je ne sente l'ensemble faiblir et je dois dire que je suis assez intéressé par la suite ! Je l'espère pas trop longue, mais cette série est un plaisir de lecture que je recommande d'offrir aux plus jeunes !
Caballero Bueno - Une enquête de l'inspecteur Valverde
Au début des années 1930, un notable anglais est retrouvé assassiné sur l'île de Pâques, ce petit territoire isolé où cohabitent chiliens, colons britanniques et indigènes Pascuans réduits à la misère. L'inspecteur Guillermo Valverde, envoyé par le président chilien, arrive sur place pour mener l'enquête dans un huis clos à ciel ouvert, traversé de tensions raciales et politiques. L'album offre une enquête policière captivante, dans un décor rarement exploré et historiquement riche. On y retrouve l'esprit d'Agatha Christie, mais transposé dans un cadre exotique et chargé d'enjeux coloniaux. Le dessin de Thomas Gilbert séduit par son style semi-réaliste, expressif et légèrement inquiétant. Les couleurs, à la fois lumineuses et mélancoliques, traduisent la rudesse du climat et la beauté austère de l'île. La mise en page, claire et dynamique, renforce l'impression d'enfermement et d'humidité poisseuse qui plane sur l'histoire. Côté scénario, Thomas Lavachery s'appuie sur les notes de son grand-père, archéologue présent sur l'île en 1934. Le résultat est un polar historique solide, au rythme mesuré, plus proche des intrigues classiques que des thrillers nerveux. L'inspecteur Valverde, imposant et perspicace, évoque naturellement Hercule Poirot par sa corpulence et son sens aigu de la déduction, tout en partageant avec Sherlock Holmes une dépendance au laudanum et un talent pour le violon. Mais ses méthodes parfois brusques et son rapport direct aux autres lui donnent une personnalité bien à lui, à la fois cérébrale et terrienne, attachante et pleine de contradictions. Les personnages secondaires sont également bien campés : un gouverneur autoritaire, une jolie archéologue déterminée, un médecin désabusé mais bienveillant, un anglais violent et sa belle femme désœuvrée, ainsi qu'un peuple Pascuan décrit avec respect et nuance. Le récit, sans insister lourdement, dénonce la hiérarchie raciale et les abus coloniaux de l'époque. Même si la résolution se devine un peu avant la fin, l'écriture reste élégante et les dialogues d'une belle précision. Caballero Bueno est un polar feutré et intelligent, entre hommage aux classiques du genre, modernité du ton et intérêt historique. Entre l'élégance de Poirot et les failles de Holmes, Valverde s'impose comme un enquêteur singulier et profondément humain, que j'aurais plaisir à retrouver dans d'autres enquêtes.
Démontagner
Voilà bien une BD dont je n'attendais rien. D'abord, je n'en avais jamais entendu parler avant d'en avoir un exemplaire dans les mains, et ensuite, elle s'est retrouvé dans ma PAL (Pile à Lire) pour le boulot. J'ai trouvé ça très bien. J'ai lu cette BD d'une traite, c'est un signe. Son scénario est simple et propose de suivre une saison en montagne aux côtés d'un berger qui transhume un troupeau. Parce que notre auteur, qui porte à la foi la casquette d'illustrateur et le béret de berger, va rester plus de trois mois dans les alpages, dormant dans une cabane de quelques mètres carrés seulement. Ha oui ? Et on a besoin de 136 pages pour raconter ça ? Ben ouais ! C'est passionnant, mais également très poétique. On vit au jour le jour. On éprouve la peur de croiser l'ours, celle d'égarer des brebis ou de les perdre définitivement, car les dangers sont nombreux en altitude, on prend nous aussi les touristes pour des béotiens, on ressent parfois la langueur des jours, et surtout le décalage quand, sur les dernières pages, notre homme revient à la civilisation. D'ailleurs, il ne traine pas. C'est expédié. Il n'assistera même pas à la fête du village censée célébrer l'événement. Avant cela, on a compté avec lui les animaux. On les a énumérés. Et on ne s'est pas endormi. Il y a des passages très forts, très significatifs. Je pense en particulier à la manière dont Maxim Cain décrit la brume qui monte et obstrue la vue. Ça m'a rappelé ma lecture d'Au cœur des solitudes de Lomig. Comme elle, Démontagner est entièrement en noir et blanc, ce qui immerge dans le sujet en offrant de très belles planches dédiées aux paysages. Ici aussi, la solitude a toute la place. Une fois ma lecture achevée, je me suis retrouvé moi-aussi tout décalé. Tout démontagné, et j'avoue que j'en aurais bien repris une louche. Sans fantasmer sur le métier de berger, qui doit être un sacré truc tout de même, j'ai été enchanté de passer ces quelques mois en compagnie de Maxim. C'était une très belle expérience, très réussie graphiquement, et sans fausse note.
L'Anneau des 7 Mondes
J'écris cela après une deuxième lecture, la première ayant été sur un temps trop long pour apprécier l'ouvrage. Je mets de côté les graphismes qui peuvent être appréciés de manière subjective, bien que je les apprécie. L'histoire... l'histoire peut sembler enfantine au début, capillotractée à la fin et difficile à suivre, mais l'ensemble est vraiment bon, il y a vraiment une recherche sur l'ensemble. Si on fait l'effort de suivre, ce qui n'est pas évident, je le reconnais sinon j'aurais mis 5, c'est une série très enrichissante.
Dracula (Fernandez)
J’ai déjà lu plusieurs adaptations du récit de Bram Stoker, plus ou moins réussies et intéressantes. Celle de Bess, avec son Noir et Blanc puissant se range clairement dans le camp des belles transpositions, comme celle de Fernandez d’ailleurs. Alors que les deux albums sont très différents graphiquement, j’ai eu le même ressenti en lisant les versions de Bess et de Fernandez. En effet, tous deux sont très respectueux du texte d’origine – peut-être trop finalement – dans lequel Fernandez a un peu plus coupé, se contant de moins d’une centaine de pages. L’autre point commun est la force du dessin. Mais, là où Bess use d’un Noir et Blanc tranché et pur, d’une grande beauté, Fernandez va tout au contraire mettre en avant un travail baroque et coloré, souvent plus proche du travail d’un peintre que de celui d’un bédéiste. Si le style n’est pas forcément ce que je préfère, on ne peut lui dénier une qualité et une beauté qui accompagnent très bien le récit, avec des touches forcément noires accentuant la noirceur d’un récit gothique.
Surface
L’intrigue immergée – dans tous les sens du terme pour le coup ! – dans un coin de la France profonde, et certains ressorts de l’histoire, m’ont fait penser à des téléfilms typés « France télévision », qui a priori ne sont pas trop mon truc. Mais cet album s’en éloigne quand même, ou à tout le moins se place dans le haut de ce panier. Je ne connais pas le roman d’origine, et donc ce qui a immanquablement dû être élagué, mais Matz, en vieux briscard du polar (personnel ou en adaptation) nous restitue quelque chose de très lisible, d’agréable et de fluide. L’intrigue est bien bâtie, tout est crédible, de l’histoire aux personnages (seule la volonté de Noémie, l’héroïne, de rester dans son bled provincial m’a au final étonné : qu’elle quitte Paris et son panier de crabes bien sûr, mais sans attache et urbaine, ça me laisse sceptique, mais bon). Le décor est bien planté, et l’enquête va en s’accélérant jusqu’aux inévitables rebondissements – en plusieurs étapes – du final. Mais, là aussi, ces rebondissements sont moins bourrins et/ou téléphonés que je ne le craignais. Alors, certes, rien d’extraordinaire. Mais on a là un divertissement bien fichu, du polar classique sans esbroufe où tout reste crédible – jusque dans la noirceur crasse de certains. Le rendu du dessin est un peu âpre, mais ça colle avec le sale caractère de Noémie, qui a pris dans la gueule une décharge de fusil et le mépris de sa hiérarchie au 36 quai des Orfèvres, et qui n’est pas d’un abord toujours agréable. Note réelle 3,5/5.
Corto Maltese (Quenehen et Vives)
Océan Noir Les reprises ou les albums "vu par..." sont nombreux depuis quelques années. Si, à mon avis, certains se sont révélés désastreux (comme la reprise de Spirou, série que j'ai abandonnée), d'autres comme le Lucky Luke de Mathieu Bonhomme ou certains Blake et Mortimer, voire la version de Sfar & Blain de Blueberry sont assez voire très bien réussies. D'ailleurs, la reprise n'a jamais été autant meilleure lorsqu'elle fait exploser les codes comme Le dernier pharaon (Blake et Mortimer) de Schuiten, Van Dormael et Gunzig. Avec "Océan noir', Vivès et Martin Quenehen arrivent à nous surprendre avec leur vision d'un Corto Maltese plus contemporain. J'avoue que je ne suis guère un grand fan des aventures imaginées par Hugo Pratt, et je ne possède que 3 albums (dont l'excellent "Ballade de la mer salée"), mais j'ai été littéralement bluffé par cet album. Le dessin de Bastien Vivès est à la hauteur de l'enjeu, il a gardé son propre style tout en conservant l'atmosphère des albums d'Hugo Pratt ; et mon dieu que Raua est jolie sous les traits de Vivès. Le scénario de Martin Quennehen ne trahit en rien l'univers de Corto Maltese : rencontres, silence, mystère, quête et voyages en bateau, même Raspoutine est présent ! Très bel album que j'ai déjà lu deux fois. S'il fallait trouver une critique, ce serait sur le prix. En effet la version de luxe à 35 euros (celle que j'ai prise), et l'édition brochée à 22 euros, c'est abusé lorsque les albums brochés N&B de Corto Maltese que je possède m'avaient coûté 12 euros au début des années 2000 ! La Reine de Babylone Je suis, loin de là, un spécialiste de Corto Maltèse, ne possédant que 3 albums signés Hugo Pratt, pourtant je m'étais précipité, non sur la reprise de Juan Díaz Canalès et Rubén Pellejero , mais sur celle de Bastien Vivès et Martin Quenehen en 2021. Et j'avais adoré. Je suis de nouveau au rendez-vous avec "la reine de Babylone" signé du même duo d'auteurs. Je trouve que le dessin de Vivès s'inscrit toujours autant dans celui de Pratt, sans pour autant le copier. Bastien Vivès conserve son style propre dans un univers qui n'est pas le sien. Par contre, j'ai trouvé que cela allait un peu vite dans l'intrigue, avec pas mal de scènes d'actions et de nombreuses cases muettes. Il manque peut-être un soupçon de poésie ou de quiétude pour que l'album soit parfait. On retrouve la patte de Quenehen dans cette nouvelle aventure avec un périple à travers l'Europe, des actes de piraterie , une dose de CIA et un trésor. Malgré l'épaisseur de l'album (180 pages), j'ai savouré cette aventure de Corto Maltèse ,dans l'édition de luxe, qui il faut l'avouer en dépit de son prix assez élevé, est superbe. le jour d'avant C’est doute le moins bon des Corto Maltese signés Quenehen et Vivès , que je viens de lire. Pourtant peu adepte du personnage version Hugo Pratt, j’ai trouvé Corto assez éloigné de l’image que je me faisais de lui, et surtout du personnage qu’avaient repris ce duo d’auteurs. Cette intrigue est, à mon goût, trop ancrée dans l’actualité avec le dérèglement climatique en toile de fond. Et ce n’est pas tout, le scénario mêlant espionnage, guerre des gangs, et géopolitique devient presqu’indigeste. Trop d’actions tue l’action dans cet album. Où sont passés les silences, la poésie et le mystère de Corto Maltese ? J’ai eu du mal aussi avec le personnage de l’avocate activiste, trop caricaturale à mon goût et transformer ici Corto Maltese en mercenaire n’était pas la meilleure idée. Quant au dessin de Vivès, j‘ y adhère toujours autant. J’avais nettement préféré les deux premiers albums de Vivès et Quenehen, qui certes s’inscrivaient dans notre monde contemporain, mais étaient un peu plus déconnecté de l’actualité immédiate, dont on nous inonde à longueur de journée Bref, une déception pour ce troisième opus.