Comme le dit Etienne Davodeau lui-même, ce n'est pas un documentaire, mais dans une sorte de roman graphique au plus proche de la vérité. Impossible de différencier réellement ces deux facettes de l'auteur angevin, tant le traitement est proche, et le résultat toujours de qualité.
Ici Davodeau nous permet de suivre Lulu, une quadra désoeuvrée qui décide de prendre un "congé" et finalement découvre la vie... 45 000 adultes disparaissent chaque année en France, certains volontairement comme notre Lulu. On peut donc parler de phénomène de société. Et notre sociologue préféré du 9ème art se penche sur le cas pour nous livrer une histoire très sensible, très bien écrite. Il n'y a aucun lieu de décrit (mis à part Angers, et la côte la plus proche, soit probablement l'Atlantique en Vendée ou dans le sud de la Loire-Atlantique), pour nous montrer la portée universelle de son histoire.
"Lulu Femme Nue" a une portée symbolique pour Davodeau. Cet album a été réalisé 10 ans après Quelques jours avec un menteur, qui mettait en scène des trentenaires. Ici les protagonistes ont 10 ans de plus. Les personnages ne sont pas les mêmes, mais la parenté est évidente.
L'histoire de Lulu aurait pu être racontée par la principale intéressée, mais Davodeau nous met dans la peau de Xavier, un de ses amis, qui la cherche et la trouve, et décide de l'observer dans cette parenthèse qu'elle s'est accordée. Il y a donc plusieurs niveaux de narration, surtout que le narrateur va changer dans le second volet de ce diptyque. Un ton différent pour ces deux phases donc...
Le second et dernier tome continue sur le même ton, fait de sensibilité, de crédibilité, et surtout un sens du rythme remarquable, Davodeau entrecoupant son récit par des passages se passant sur la terrasse de Lulu, des pauses bienvenues pour ne pas perdre de vue que quelque chose de dramatique s'est passé peu avant. Et bien sûr, le style Davodeau réserve un retournement de situation presque magistral aux deux tiers de cette seconde partie. A noter d'ailleurs que Davodeau, consciemment ou pas, construit différemment son découpage selon la situation : narration du passé ou présent, gaufrier ou bandes plus larges. Bien sûr ce n'est pas une règle absolue, mais j'ai pu remarquer cette différenciation en particulier sur le second tome. Et bien sûr, des personnages sympathiques, pas de méchants, juste des gens ordinaires, qui ont une vie ordinaire, mais peuvent avoir envie, un jour, de la bousculer...
Encore une fois cet auteur fait mouche.
Un 4/5 bien mérité. Davodeau fait partie des grands.
Dans Légendes des Contrées Oubliées, Thierry Segur et Bruno Chevalier nous offrent un vrai univers de quête fantastique, le dessin est très joli, avec une mise en couleur très agréable à l'oeil mais parfois un peu terne dans le 2ème épisode. Le dessin est parfaitement adapté à l'histoire, avec en prime le souci du détail et un lot de petits êtres bizarres qui s'amusent parfois à sortir des cases.
Si on peut par moments être déçu par le manque d'éclat de certaines planches, on est d'autant plus ébloui par le retour du jaune, du bleu ou du rouge dans les scènes finales ou encore par la splendeur des planches dans les tons roses et mauves relatant la splendeur du temps passé.
Gaëdor, la ville où nos héros rencontrent Morkaï et où Firfïn tombe sur son frère est vraiment impressionnante tant par son architecture que par la population qui y grouille.
Thierry Segur nous apprend à la fin de l'intégrale que son maître absolu est Brian Froud, dessinateur britannique illustrateur entre autres des créatures et inspirateur des décors du cultissime film d'animation The Dark Crystal, et il faut bien admettre que, comme il le dit lui-même, les Gelflings en les Lïn ont comme un air de parenté (hormis le fond d'oeil jaunâtre de ces derniers).
Côté scénario, c'est une quête, avec son lot d'élus qui ne sont pas à la place où ils auraient dû être, ou qui sont déjà repartis pour une autre destination (croit-on ! ) ce qui rallonge d'autant l'épopée mais ce n'est pas ennuyeux pour autant, et quand finalement on apprend que celui qu'on cherche n'est pas celui qu'on cherche et que les méchants ne sont pas à la base ceux que l'on croit, ça donne un peu de profondeur à cette histoire qui semblait plus basique que ça au départ.
Le deuxième tome débute bizarrement, j'ai dû le recommencer du début après 15 pages car je ne comprenais plus rien, la ressemblance entre Mirlïn & Aren d'une part et Firfïn & Noren d'autre part portant quand même pas mal à confusion. L'affrontement final, bien qu'incertain et donc relativement prenant, souffre de quelques longueurs.
Il est à noter aussi que la scène où Ssîn cherche un peu d'affection avec Aren et Mirlïn est quand même d'un ridicule achevé, comme aussi à mon sens le retour raté de Înë à la fin. Et je ne peux m'empêcher de mentionner que les dialogues de Ssîn ou du dragon Jhûb sont un peu laborieux à lire compte-tenu des onomatopées qui ponctuent chaque phrase, mais il suffit d'en faire abstraction et ça va tout de suite mieux.
Mais en dehors de ça, l'humour, la psychologie des personnages (Noren le nain courageux au sale caractère, Morkaï le grand, bête et fort Akeï, le sournois et calculateur Firfïn, Ssîn le cruel méchant pas beau et Jhûb, le dragon bicéphale hermaphrodite amoureux de lui-même qui tient lieu de maître du Pays des Songes pour ne citer qu'eux) et quelques bonnes idées comme le "voyage dans le temps" des héros au Pays des Songes, sont vraiment très plaisants.
Entre 3 et 4 mon coeur balance mais je suis de bonne humeur aujourd'hui, donc 4.
Billy Brouillard inaugure une nouvelle collection des éditions Soleil, la collection Métamorphose qui sera amenée à regrouper des oeuvres d'inspiration gothique, des contes noirs faussement enfantins comme sait en produire Tim Burton. Et au vu de cette première série, ce pourrait bien être une vraie réussite.
C'est un beau gros album aux teintes ocres à la manière d'un livre ancien.
Le graphisme de Guillaume Bianco m'a beaucoup plu, d'autant qu'il ne se limite pas à un seul style. Ses planches de bandes dessinées sont finement ciselées, simples et détaillées à la fois. Elles sont aussi belles qu'efficaces.
Il nous offre également d'autres types de support narratif. Des extraits de journaux fictifs, des notices explicatives sur des jeux ou encore sur des animaux étranges issus tout droit de son imagination.
L'ensemble est un peu inclassable : mélange de récit d'enfant, d'humour, de cruauté et de poésie. L'auteur fait preuve d'une belle imagination et l'on ne peut que sourire devant ses créatures ou encore ses explications de pourquoi il ne faut surtout pas manger des épinards. J'ai été particulièrement séduit par le long récit-poème sur la Princesse de la Flaque d'Eau.
En même temps, les histoires sont parfois assez dures, tellement cruelles ou réalistes face à la mort que j'hésite à considérer cette BD comme "tous publics" tant elle pourrait marquer l'esprit d'enfants un peu fragiles, au même niveau qu'un récit de Tim Burton est à la fois beau et un peu dérangeant.
Quoiqu'il en soit, j'ai vraiment été charmé. La qualité est au rendez-vous à tous points de vue, qu'il s'agisse de la beauté du dessin, de l'originalité de la présentation, de la fluidité narrative, de la finesse de l'humour et de la poésie qui se dégage de cet imaginaire débridé.
C'est un bel ouvrage qui mérite son prix un peu élevé.
Le premier tome de la série est vraiment excellent. Si les autres tomes sont du même niveau, c'est un 5/5 assuré ! J'ai adoré suivre les aventures de Kaos, un pauvre homme condamné à l'exil sur une planète horrible.
Le début de l'histoire est très étrange, mais s'est parce, pour le moment, on ne sait rien sur ce qui se passe. SPOILER : Pourquoi des gens voulaient que Kaos soit assassiné par son meilleur ami ? Pourquoi la petite amie du meilleur ami en question a un clone ? Pourquoi le clone a emmené Kaos sur une autre planète ? Pourquoi lorsque Kaos revient sur Terre, 10 ans se sont écoulés ? FIN DU SPOILER. J'espère que les réponses à ces questions seront excellentes.
Le développement du récit est lui aussi excellent. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde et surtout pas à la fin. Le tome s'arrête exactement où il ne fallait pas ! J'ai hâte de lire la suite, mais les gens de chez Cornélius ne semblent pas vouloir me la donner.
Après la lecture du tome 1.
Ce premier tome vaut un bon 3,5/5. Cette note est tirée vers le haut avec son somptueux graphisme relativement sombre mais jouant à merveille avec les éclairages. La colorisation est un modèle du genre. La couverture donne une idée du contenu et la BD en elle même est soignée avec un superbe rendu mat.
Le scénario est fluide, ce premier tome se lit relativement vite. Comme dans le cas de beaucoup de diptyques, il faudra attendre le T2 pour le juger objectivement.
Je conseille déjà l'achat ne serait-ce que pour le dessin qui vaut le détour.
Cette série me paraît injustement méconnue.
Après la lecture des 5 tomes.
Une série très intelligente où les textes font mouche.
Les tomes 1, 4 et 5 valent pour moi un 5/5, les tomes 2 et 3 étant relativement moyens.
Je ne vais pas décrire ce que j'ai lu mais j'ai halluciné quand j'ai vu Tintin se faire dégommer dans le T5. Au moins les choses sont claires sur ce point.
Je vais investir cette semaine sur l'intégrale des 3 premiers tomes car cette série est très plaisante à lire avec son ouverture d'esprit et ses personnages attachants.
Lors de la lecture de ces deux tomes je me suis dit : « mais qu'est ce que c'est que cette violence gratuite ? » et la première réponse qui me vient à l'esprit fut : « mais c'est gratuit JUSTEMENT ».
Pour moi cette BD fut à lire comme on regarde un gros blockbuster où on remarque rapidement que le responsable des effets spéciaux a été bien mieux payé que les scénaristes: un régal pour les yeux, une tristesse pour les neurones. Je dois dire qu'en lisant cette BD (oui en effet il y a quelques bulles à lire !), je suis resté (je n'ai pas d'autres mots) sur le cul ! L'histoire aurait pu être résumée en un (demi !) tome mais les dessins sont tellement incroyables qu'ils savent faire scotcher le lecteur à chaque fois qu'il tourne une page. Comment le dessinateur aurait pu faire plus détaillé ? Je ne sais pas. Impossible je pense. C'est un bonheur de s'attarder sur chaque planche à scruter le moindre détail (un peu comme ces bon vieux « où est Charly ? »).
Je ne noterai pas cette série comme culte (5 étoile) car le scénario me semble un peu fade (même si la fin anti-hollywoodienne m'a fait extrêmement plaisir). Mais le dessin de ces deux tomes est tellement incroyable qu'il mérite un bon gros 4 étoiles.
Chers bédéphiles, j'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire cette BD que moi. Et surtout, si vous pouvez la trouver, ajoutez-la sans hésitation à votre bdtheque sans quoi vous risquerez de passer à côté d'un monstre du genre.
Au vue de la couverture, on peut s'attendre à un récit destiné aux plus jeunes, je vous mets en garde tout de suite, les premières pages de l'album réfutent cette première impression. Nous sommes dans un mélange des genres, une histoire à la fois d'humour, d'aventure, de road-movie et de connaissance de soi. Nos trois héros s'initient à la vie tout simplement…
Doté de dialogues percutants, cette bande dessinée a un côté irrévérencieux qui lui convient à merveille. On s'amuse des aventures de ces trois poissons humanisés fiers comme des coqs. Et puis justement, ces personnages font la saveur du bouquin, croqués de manière intelligente et ayant une identité propre (ceux sont des poissons !) qui les distingue, entre le valeureux, le bébête, le je-sais-tout, le grognon,... Au départ uniquement motivés pour aller taquiner des nageoires de saumonettes, ils vont bientôt se sentir étouffés par leur condition et vont vouloir visiter la grande eau, l'espace de liberté : la mer. Le passage de l’adolescence à l’adulte en quelque sorte.
L'auteur a su renouveler à l'intérieur même de son récit, la construction de sa BD. Ainsi on peut compter quasiment "deux cycles" si je puis dire, avec une deuxième partie plus longue et plus engagée, où l’on aperçoit par moments le comportement humain. On ne s'ennuie pas un instant devant cette épopée saumonesque, véritable réflexion sur nos vies, le sens de nos destiné et de quoi on peut être capable avec un peu de volonté et beaucoup d’audace.
Côté dessin, on approche du farfelu, mais avec une maîtrise étonnante pour ce qui semble être un premier album. L’intérêt se focalise tout de même d’avantage sur les dialogues que sur l’illustration.
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un scénario aussi bien peaufiné pour décrire la manière dont on peut nous manipuler : un vrai bonheur !
Ce que je trouve vraiment subtil, c'est que l'histoire entremêle énormément de thèmes politiques et polémiques (religion, pédophilie, sectarisme, pauvreté, politicards...) et des thèmes traditionnels qui font une bonne BD (amour, fraternité, couple, crime...).
En plus l'auteur a le talent pour les développer de manière originale.
Le story-board est construit avec des allers-retours dans la trame chronologique ce qui rend l'histoire complexe et captivante mais cet entremêlement est progressif ce qui permet au lecteur de rentrer facilement dans l'histoire.
De nombreux personnages sont développés et de manière touchante. J'aurais aimé moins de manichéisme dans le traitement de certains personnages secondaires.
Le gros hic c'est la couleur : je la trouve très laide et mal assortie à l'ambiance générale.
Du coup j'ai du mal à apprécier la qualité du dessin pur. Je pense qu'en crayonné le dessin vaudrait le coup.
J'attends avec impatience de lire le troisième tome pour savoir si je note culte ou pas. Vu l'excellence de la fin dans Le Pouvoir des innocents, je suis très optimiste...
Rien à ajouter à propos de 'L'Art Invisible'. Tout à déjà été dit. C'est un excellent ouvrage sur la bande dessinée que chaque bédéphile doit lire au moins une fois dans sa vie.
En ce qui concerne 'Faire de la bande dessinée', c'est un très bon album, mais il s'adresse qu'à ceux qui veulent faire de la bande dessinée. Les autres risquent de s'ennuyer en lisant tous les trucs techniques de Scott McCLoud. On apprend pleins de choses du genre comment ne pas mettre trop de détails dans une case ou comment garder l'attention du lecteur pendant sa lecture.
J'espère que Delcourt va rééditer un jour 'Réinventer la bande dessinée'. J'aimerais bien le lire.
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Lulu Femme Nue
Comme le dit Etienne Davodeau lui-même, ce n'est pas un documentaire, mais dans une sorte de roman graphique au plus proche de la vérité. Impossible de différencier réellement ces deux facettes de l'auteur angevin, tant le traitement est proche, et le résultat toujours de qualité. Ici Davodeau nous permet de suivre Lulu, une quadra désoeuvrée qui décide de prendre un "congé" et finalement découvre la vie... 45 000 adultes disparaissent chaque année en France, certains volontairement comme notre Lulu. On peut donc parler de phénomène de société. Et notre sociologue préféré du 9ème art se penche sur le cas pour nous livrer une histoire très sensible, très bien écrite. Il n'y a aucun lieu de décrit (mis à part Angers, et la côte la plus proche, soit probablement l'Atlantique en Vendée ou dans le sud de la Loire-Atlantique), pour nous montrer la portée universelle de son histoire. "Lulu Femme Nue" a une portée symbolique pour Davodeau. Cet album a été réalisé 10 ans après Quelques jours avec un menteur, qui mettait en scène des trentenaires. Ici les protagonistes ont 10 ans de plus. Les personnages ne sont pas les mêmes, mais la parenté est évidente. L'histoire de Lulu aurait pu être racontée par la principale intéressée, mais Davodeau nous met dans la peau de Xavier, un de ses amis, qui la cherche et la trouve, et décide de l'observer dans cette parenthèse qu'elle s'est accordée. Il y a donc plusieurs niveaux de narration, surtout que le narrateur va changer dans le second volet de ce diptyque. Un ton différent pour ces deux phases donc... Le second et dernier tome continue sur le même ton, fait de sensibilité, de crédibilité, et surtout un sens du rythme remarquable, Davodeau entrecoupant son récit par des passages se passant sur la terrasse de Lulu, des pauses bienvenues pour ne pas perdre de vue que quelque chose de dramatique s'est passé peu avant. Et bien sûr, le style Davodeau réserve un retournement de situation presque magistral aux deux tiers de cette seconde partie. A noter d'ailleurs que Davodeau, consciemment ou pas, construit différemment son découpage selon la situation : narration du passé ou présent, gaufrier ou bandes plus larges. Bien sûr ce n'est pas une règle absolue, mais j'ai pu remarquer cette différenciation en particulier sur le second tome. Et bien sûr, des personnages sympathiques, pas de méchants, juste des gens ordinaires, qui ont une vie ordinaire, mais peuvent avoir envie, un jour, de la bousculer... Encore une fois cet auteur fait mouche. Un 4/5 bien mérité. Davodeau fait partie des grands.
Légendes des Contrées Oubliées
Dans Légendes des Contrées Oubliées, Thierry Segur et Bruno Chevalier nous offrent un vrai univers de quête fantastique, le dessin est très joli, avec une mise en couleur très agréable à l'oeil mais parfois un peu terne dans le 2ème épisode. Le dessin est parfaitement adapté à l'histoire, avec en prime le souci du détail et un lot de petits êtres bizarres qui s'amusent parfois à sortir des cases. Si on peut par moments être déçu par le manque d'éclat de certaines planches, on est d'autant plus ébloui par le retour du jaune, du bleu ou du rouge dans les scènes finales ou encore par la splendeur des planches dans les tons roses et mauves relatant la splendeur du temps passé. Gaëdor, la ville où nos héros rencontrent Morkaï et où Firfïn tombe sur son frère est vraiment impressionnante tant par son architecture que par la population qui y grouille. Thierry Segur nous apprend à la fin de l'intégrale que son maître absolu est Brian Froud, dessinateur britannique illustrateur entre autres des créatures et inspirateur des décors du cultissime film d'animation The Dark Crystal, et il faut bien admettre que, comme il le dit lui-même, les Gelflings en les Lïn ont comme un air de parenté (hormis le fond d'oeil jaunâtre de ces derniers). Côté scénario, c'est une quête, avec son lot d'élus qui ne sont pas à la place où ils auraient dû être, ou qui sont déjà repartis pour une autre destination (croit-on ! ) ce qui rallonge d'autant l'épopée mais ce n'est pas ennuyeux pour autant, et quand finalement on apprend que celui qu'on cherche n'est pas celui qu'on cherche et que les méchants ne sont pas à la base ceux que l'on croit, ça donne un peu de profondeur à cette histoire qui semblait plus basique que ça au départ. Le deuxième tome débute bizarrement, j'ai dû le recommencer du début après 15 pages car je ne comprenais plus rien, la ressemblance entre Mirlïn & Aren d'une part et Firfïn & Noren d'autre part portant quand même pas mal à confusion. L'affrontement final, bien qu'incertain et donc relativement prenant, souffre de quelques longueurs. Il est à noter aussi que la scène où Ssîn cherche un peu d'affection avec Aren et Mirlïn est quand même d'un ridicule achevé, comme aussi à mon sens le retour raté de Înë à la fin. Et je ne peux m'empêcher de mentionner que les dialogues de Ssîn ou du dragon Jhûb sont un peu laborieux à lire compte-tenu des onomatopées qui ponctuent chaque phrase, mais il suffit d'en faire abstraction et ça va tout de suite mieux. Mais en dehors de ça, l'humour, la psychologie des personnages (Noren le nain courageux au sale caractère, Morkaï le grand, bête et fort Akeï, le sournois et calculateur Firfïn, Ssîn le cruel méchant pas beau et Jhûb, le dragon bicéphale hermaphrodite amoureux de lui-même qui tient lieu de maître du Pays des Songes pour ne citer qu'eux) et quelques bonnes idées comme le "voyage dans le temps" des héros au Pays des Songes, sont vraiment très plaisants. Entre 3 et 4 mon coeur balance mais je suis de bonne humeur aujourd'hui, donc 4.
Billy Brouillard
Billy Brouillard inaugure une nouvelle collection des éditions Soleil, la collection Métamorphose qui sera amenée à regrouper des oeuvres d'inspiration gothique, des contes noirs faussement enfantins comme sait en produire Tim Burton. Et au vu de cette première série, ce pourrait bien être une vraie réussite. C'est un beau gros album aux teintes ocres à la manière d'un livre ancien. Le graphisme de Guillaume Bianco m'a beaucoup plu, d'autant qu'il ne se limite pas à un seul style. Ses planches de bandes dessinées sont finement ciselées, simples et détaillées à la fois. Elles sont aussi belles qu'efficaces. Il nous offre également d'autres types de support narratif. Des extraits de journaux fictifs, des notices explicatives sur des jeux ou encore sur des animaux étranges issus tout droit de son imagination. L'ensemble est un peu inclassable : mélange de récit d'enfant, d'humour, de cruauté et de poésie. L'auteur fait preuve d'une belle imagination et l'on ne peut que sourire devant ses créatures ou encore ses explications de pourquoi il ne faut surtout pas manger des épinards. J'ai été particulièrement séduit par le long récit-poème sur la Princesse de la Flaque d'Eau. En même temps, les histoires sont parfois assez dures, tellement cruelles ou réalistes face à la mort que j'hésite à considérer cette BD comme "tous publics" tant elle pourrait marquer l'esprit d'enfants un peu fragiles, au même niveau qu'un récit de Tim Burton est à la fois beau et un peu dérangeant. Quoiqu'il en soit, j'ai vraiment été charmé. La qualité est au rendez-vous à tous points de vue, qu'il s'agisse de la beauté du dessin, de l'originalité de la présentation, de la fluidité narrative, de la finesse de l'humour et de la poésie qui se dégage de cet imaginaire débridé. C'est un bel ouvrage qui mérite son prix un peu élevé.
Kaos
Le premier tome de la série est vraiment excellent. Si les autres tomes sont du même niveau, c'est un 5/5 assuré ! J'ai adoré suivre les aventures de Kaos, un pauvre homme condamné à l'exil sur une planète horrible. Le début de l'histoire est très étrange, mais s'est parce, pour le moment, on ne sait rien sur ce qui se passe. SPOILER : Pourquoi des gens voulaient que Kaos soit assassiné par son meilleur ami ? Pourquoi la petite amie du meilleur ami en question a un clone ? Pourquoi le clone a emmené Kaos sur une autre planète ? Pourquoi lorsque Kaos revient sur Terre, 10 ans se sont écoulés ? FIN DU SPOILER. J'espère que les réponses à ces questions seront excellentes. Le développement du récit est lui aussi excellent. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde et surtout pas à la fin. Le tome s'arrête exactement où il ne fallait pas ! J'ai hâte de lire la suite, mais les gens de chez Cornélius ne semblent pas vouloir me la donner.
Bruxelles Métropole
Après la lecture du tome 1. Ce premier tome vaut un bon 3,5/5. Cette note est tirée vers le haut avec son somptueux graphisme relativement sombre mais jouant à merveille avec les éclairages. La colorisation est un modèle du genre. La couverture donne une idée du contenu et la BD en elle même est soignée avec un superbe rendu mat. Le scénario est fluide, ce premier tome se lit relativement vite. Comme dans le cas de beaucoup de diptyques, il faudra attendre le T2 pour le juger objectivement. Je conseille déjà l'achat ne serait-ce que pour le dessin qui vaut le détour. Cette série me paraît injustement méconnue.
Le Chat du Rabbin
Après la lecture des 5 tomes. Une série très intelligente où les textes font mouche. Les tomes 1, 4 et 5 valent pour moi un 5/5, les tomes 2 et 3 étant relativement moyens. Je ne vais pas décrire ce que j'ai lu mais j'ai halluciné quand j'ai vu Tintin se faire dégommer dans le T5. Au moins les choses sont claires sur ce point. Je vais investir cette semaine sur l'intégrale des 3 premiers tomes car cette série est très plaisante à lire avec son ouverture d'esprit et ses personnages attachants.
Hard Boiled
Lors de la lecture de ces deux tomes je me suis dit : « mais qu'est ce que c'est que cette violence gratuite ? » et la première réponse qui me vient à l'esprit fut : « mais c'est gratuit JUSTEMENT ». Pour moi cette BD fut à lire comme on regarde un gros blockbuster où on remarque rapidement que le responsable des effets spéciaux a été bien mieux payé que les scénaristes: un régal pour les yeux, une tristesse pour les neurones. Je dois dire qu'en lisant cette BD (oui en effet il y a quelques bulles à lire !), je suis resté (je n'ai pas d'autres mots) sur le cul ! L'histoire aurait pu être résumée en un (demi !) tome mais les dessins sont tellement incroyables qu'ils savent faire scotcher le lecteur à chaque fois qu'il tourne une page. Comment le dessinateur aurait pu faire plus détaillé ? Je ne sais pas. Impossible je pense. C'est un bonheur de s'attarder sur chaque planche à scruter le moindre détail (un peu comme ces bon vieux « où est Charly ? »). Je ne noterai pas cette série comme culte (5 étoile) car le scénario me semble un peu fade (même si la fin anti-hollywoodienne m'a fait extrêmement plaisir). Mais le dessin de ces deux tomes est tellement incroyable qu'il mérite un bon gros 4 étoiles. Chers bédéphiles, j'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire cette BD que moi. Et surtout, si vous pouvez la trouver, ajoutez-la sans hésitation à votre bdtheque sans quoi vous risquerez de passer à côté d'un monstre du genre.
Nage libre
Au vue de la couverture, on peut s'attendre à un récit destiné aux plus jeunes, je vous mets en garde tout de suite, les premières pages de l'album réfutent cette première impression. Nous sommes dans un mélange des genres, une histoire à la fois d'humour, d'aventure, de road-movie et de connaissance de soi. Nos trois héros s'initient à la vie tout simplement… Doté de dialogues percutants, cette bande dessinée a un côté irrévérencieux qui lui convient à merveille. On s'amuse des aventures de ces trois poissons humanisés fiers comme des coqs. Et puis justement, ces personnages font la saveur du bouquin, croqués de manière intelligente et ayant une identité propre (ceux sont des poissons !) qui les distingue, entre le valeureux, le bébête, le je-sais-tout, le grognon,... Au départ uniquement motivés pour aller taquiner des nageoires de saumonettes, ils vont bientôt se sentir étouffés par leur condition et vont vouloir visiter la grande eau, l'espace de liberté : la mer. Le passage de l’adolescence à l’adulte en quelque sorte. L'auteur a su renouveler à l'intérieur même de son récit, la construction de sa BD. Ainsi on peut compter quasiment "deux cycles" si je puis dire, avec une deuxième partie plus longue et plus engagée, où l’on aperçoit par moments le comportement humain. On ne s'ennuie pas un instant devant cette épopée saumonesque, véritable réflexion sur nos vies, le sens de nos destiné et de quoi on peut être capable avec un peu de volonté et beaucoup d’audace. Côté dessin, on approche du farfelu, mais avec une maîtrise étonnante pour ce qui semble être un premier album. L’intérêt se focalise tout de même d’avantage sur les dialogues que sur l’illustration.
Le Sourire du clown
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un scénario aussi bien peaufiné pour décrire la manière dont on peut nous manipuler : un vrai bonheur ! Ce que je trouve vraiment subtil, c'est que l'histoire entremêle énormément de thèmes politiques et polémiques (religion, pédophilie, sectarisme, pauvreté, politicards...) et des thèmes traditionnels qui font une bonne BD (amour, fraternité, couple, crime...). En plus l'auteur a le talent pour les développer de manière originale. Le story-board est construit avec des allers-retours dans la trame chronologique ce qui rend l'histoire complexe et captivante mais cet entremêlement est progressif ce qui permet au lecteur de rentrer facilement dans l'histoire. De nombreux personnages sont développés et de manière touchante. J'aurais aimé moins de manichéisme dans le traitement de certains personnages secondaires. Le gros hic c'est la couleur : je la trouve très laide et mal assortie à l'ambiance générale. Du coup j'ai du mal à apprécier la qualité du dessin pur. Je pense qu'en crayonné le dessin vaudrait le coup. J'attends avec impatience de lire le troisième tome pour savoir si je note culte ou pas. Vu l'excellence de la fin dans Le Pouvoir des innocents, je suis très optimiste...
L'Art Invisible
Rien à ajouter à propos de 'L'Art Invisible'. Tout à déjà été dit. C'est un excellent ouvrage sur la bande dessinée que chaque bédéphile doit lire au moins une fois dans sa vie. En ce qui concerne 'Faire de la bande dessinée', c'est un très bon album, mais il s'adresse qu'à ceux qui veulent faire de la bande dessinée. Les autres risquent de s'ennuyer en lisant tous les trucs techniques de Scott McCLoud. On apprend pleins de choses du genre comment ne pas mettre trop de détails dans une case ou comment garder l'attention du lecteur pendant sa lecture. J'espère que Delcourt va rééditer un jour 'Réinventer la bande dessinée'. J'aimerais bien le lire.