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Couverture de la série Lloyd Singer (Makabi)
Lloyd Singer (Makabi)

Surprenante, très surprenante série que ce Lloyd Singer, alias Makabi !!! Dans le premier cycle, Luc Brunschwig nous présente une sorte de super justicier. Lloyd Singer, en effet, sous ses dehors des plus quelconques, cache un double des plus redoutables. Mais sa personnalité serait bien pauvre s’il ne s’agissait que de cela. Car notre gaillard, outre le fait d’être juif américain, grand frère responsable d’une famille de névrosés (une de ses sœurs est anorexique mais les deux autres membres de la fratrie ne valent guère mieux), sait parler et surtout écouter les femmes. Ça n’a l’air de rien, comme ça, mais ce genre de profil permet de faire se rencontrer deux types de bande dessinée : d’une part, la bande dessinée d’action classique, du type Largo Winch, avec un héros solide, des méchants immondes, des courses poursuites et bien entendu, de l’action, beaucoup d’action, mais d’autre part, la bande dessinée psychologique qui s’inquiète de la personnalité de ses acteurs, en nuance les profils est très présente également. On s’inquiète de la manière de penser de tous les personnages, on remarque leur fragilité, leurs failles, on partage leur passé pour comprendre leur réalité présente. Oui, les « vilains » peuvent être d’immondes crapules, ils peuvent aussi ne pas répondre à cet archétype. Oui Makabi peut sembler sûr de lui… il peut ne pas l’être pour autant. C’est d’ailleurs de ce genre de profil paradoxal que se nourrit un deuxième cycle encore supérieur au premier. Je craignais pourtant une chute d’intérêt dès que le héros allait tomber le masque. Il n’en est rien puisque l’histoire rebondit sur les difficultés pour celui-ci de faire coexister ses deux personnalités. Lloyd Singer en devient encore plus touchant et plus fragile. Ajoutons à cela que les intrigues sont bien menées et très différentes d’un cycle à l’autre. Si, dans le premier, la trame de fond est très classique et sans réelle surprise, dans le deuxième, cette intrigue ne cesse de changer de centre d’intérêt. En trois tomes, ce centre d’intérêt se déplace de la victime d’un tueur en série à Lloyd Singer pour aboutir enfin à la personnalité du tueur en série lui-même. Ce deuxième cycle est donc beaucoup plus psychologique et l’action n’y est plus aussi présente que dans le premier. Mais quelle richesse dans ce développement psychologique, justement ! Le dessin d’Olivier Neuray est d’une agréable qualité. Dérivé de la ligne claire, il est très lisible, type bien les personnages et fait montre d’efficacité dans les scènes d’action. Les expressions du visage sont également bien reproduites, ce qui est important dans le cas présent. Seul reproche : un certain vide dans les décors, un sentiment encore accentué par le passage à un plus grand format. Le changement d’éditeur a également entrainé une modification de la colorisation, me semble t’il et je préférais le style plus nuancé de chez « Dupuis » mais je me suis vite fait au style « Grand Angle » et la qualité du scénario a totalement occulté les petites faiblesses du graphisme. J’attends maintenant avec impatience la suite de ces aventures. Makabi est devenu un de mes personnages de papier préférés, à l’instar d’un Joshua Logan (« Le Pouvoir des innocents ») grâce à ses failles, sa conscience morale et ses conflits de personnalité. J’avoue avoir vraiment hâte de recevoir de ses nouvelles ! A ne pas manquer, selon moi !

24/04/2009 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Kheti - Fils du Nil
Kheti - Fils du Nil

Voilà longtemps qu'une BD jeunesse ne m'avait pas laissé cette impression de fraicheur. Papyrus prend soudain un sacrez coup de vieux ! Car le dessin et la colorisation de Mazan sont d'une sobriété pourtant toute efficace. C'est agréable, fluide et une douce chaleur émane de ses planches pour notre plus grand bonheur. Ce coup de patte rend les histoires d'Isabelle Dethan de ces deux premiers tomes d'une grande lisibilité. On nous plonge dans l'histoire et le quotidien de l'Egypte antique, tout en rendant ces récits captivants : nos deux jeunes héros vont en effet grâce à leur chat et une amulette être les détenteurs d'un formidable pouvoir qui les mènera à rencontrer de biens puissants personnages... Un bon dépoussiérage du genre très réussi qui mérite une attention suivie ! Kheti a de beaux jours devant lui.

24/04/2009 (modifier)
Couverture de la série Shenzhen
Shenzhen

C'est hilarant !!! Et quel tour de force. Raconter une expérience d'expatrié où il ne se passe rien. Pas de culture, pas de partage, pas d'amour, pas de communication à Shenzhen, juste du business, des dollars, de la production bas coût. C'est typiquement le genre de séjour solitaire horrible, déprimant, qui nous bouffe et nous étouffe... Puis quand on en revient, on goute à toute l'ironie de l'aventure, du gouffre culturel, social, historique, économique que l'on vient de traverser. Tous ceux qui ont séjourné dans ces milieux industriels du sud est asiatique doivent retrouver beaucoup de leurs grands moments de solitude.

24/04/2009 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Vengeance d'une femme
La Vengeance d'une femme

Magistral ! Le grand public connaît peu l'apport de Jules Barbey d'Aurevilly à la littérature romantique du XIXème siècle, pourtant celui-ci est déterminant. Seuls les étudiants en Lettres ne l'ont pas oublié, ou presque... Lilao nous permet de combler cette lacune en adaptant l'une des nouvelles extraites du recueil les Diaboliques. Et le résultat est magistral. Je l'ai déjà dit ? Comment qualifier autrement un one shot maîtrisé quasiment de bout en bout, qui nous propose un récit implacable, d'une efficacité redoutable et doté en plus d'une atmosphère à la fois sensuelle et délicate ? Lilao réussit son adaptation sur tous les plans : il a su extraire la substantifique moelle de la nouvelle du maître du dandysme, saisir l'atmosphère très particulière de l'époque de Louis-Philippe. Aucun élément n'est obscur, la vengeance de cette femme est parfaitement assimilée par le lecteur. Un travail d'orfèvre au niveau de l'adaptation. Au niveau graphique, c'est une découverte de grande valeur : alternant les scènes sensuelles avec les passages plus traditionnels (conversations, décors, naturels ou pas), Lilao est un dessinateur extraordinaire, qui fait très peu d'erreurs d'anatomie, et sait installer de belles ambiances en intérieurs, mais aussi quelques scènes extérieures. Son noir et blanc est d'un réalisme remarquable. Mon gros coup de coeur du moment.

23/04/2009 (modifier)
Par BDHipHop
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Tupac Shakur
Tupac Shakur

Alors en tant qu'éditeur de la BD, je ne peux que vous conseiller cette lecture, mais je ne garantie pas que mon avis ne soit pas subjectif ;) Le roman graphique n'invente absolument pas de nouvelles théories fumeuses sur la mort du rappeur mais elle s'attache à montrer l'homme derrière la superstar. La BD reprend les moments clés de sa vie pour essayer de comprendre cette montée de violence autour de lui. Tupac, fils de Black Panthers, pour qui les choses n'ont pas toujours été simples, loin de là d'ailleurs. Ce qui n'empêche pas à la BD de parler des aspects négatifs du personnage (prison, violence en réunion, etc), les deux côtés du miroir sont étudiés et c'est au lecteur de se faire une opinion sur Tupac à la fin de la BD. La BD est proposée sous la forme d'une belle édition cartonnée et beau papier épais. À découvrir même si le Hip hop ne vous attire pas à la base. Cela vous permettra sûrement de changer d'avis. Les amoureux de bonnes BD s'y retrouveront !

23/04/2009 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série La Guerre Eternelle
La Guerre Eternelle

La Guerre Eternelle, ou de l'absurdité de la guerre... C'est en ces termes que pourrait se résumer sommairement cette adaptation BD du roman de Joe Haldeman. Bon, tout d'abord ce qui fâche un peu. Graphiquement, cette BD a soufflé ses 20 bougies il y a peu, et cela se ressent ; ça commence à vieillir sérieusement, même si ses grandes qualités pour l'époque n'en font pas non plus quelque chose de désuet. Sa facture réaliste y est pour beaucoup, même si la colorisation est un peu passée d'âge à mon goût : un peu fadoche tout ça ! Mais c'est du côté de l'histoire qu'on nous propose que cette BD prend toute son ampleur. Haldeman, en vétéran du Vietnam nous propose un pamphlet des plus juste sur l'absurdité de la guerre. Il transpose son vécu dans un avenir proche (dans le premier tome) pour finir loin de notre époque en jouant des voyages spatiaux et de ses conséquences temporelles. Il s'amuse à faire évoluer notre société dans le temps et dans les mœurs, tout en dénonçant ses travers et les hautes sphères qui nous gouvernent. Tout cela est mené de façon intelligente, sans verser dans d'antimilitarisme primaire. Je passerai sur la fin un peu trop gentille qui contraste avec le reste de la série. Au final, une bonne série SF qui sort des Space opera souvent mis sous les feux de la rampe, pour leur côté batailles spatiales à tout va. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'elle continue à rencontrer un tel engouement... Dommage que le dessin commence à tant vieillir. Mais une fois averti, on plonge rapidement dans cette fuite exponentielle dans le temps et l'absurde que subit notre héros.

23/04/2009 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
Couverture de la série La Trilogie Nikopol
La Trilogie Nikopol

Cette trilogie a marqué un tournant dans la carrière de Bilal. D’abord il s’agit de son premier projet suffisamment ambitieux pour se dérouler sur plusieurs tomes, lequel a révélé également chez l’auteur sa volonté d’indépendance en signant lui-même ses scénarii. C’est également cette même histoire qui l’aura révélé au grand public, une œuvre talentueuse qui lui permettra d’obtenir le Grand Prix du salon d’Angoulême et de donner une couleur à la BD des années 80 (avec notamment Jill Bioskop, la femme aux cheveux bleus qui aura certainement imprégné l’inconscient collectif de nombreux bédéphiles). Ce qui m’a frappé dans cette BD, c’est l’évolution entre le premier et le troisième tome, très flagrante sur le plan du style graphique. Une évolution qui fait de cette trilogie une transition entre la ligne claire des années 70 et le trait vaporeux et désagrégé de la plus récente saga du Monstre, qui s’apparente presque à de la peinture. Sur une période de six ans, il s’agit d’une mue stylistique étonnante de la part de l’auteur, ce qui semble traduire chez lui un besoin de remise en question permanente, mais aussi un processus créatif en perpétuel mouvement et un incontestable désir d’innover… Quant à l’histoire, il vaut mieux être prévenu, l’absence du scénariste Pierre Christin a donné à Bilal une liberté d’écriture qui pourra rebuter certains. La trame du récit pourra même parfois paraître confuse, à déconseiller donc aux amateurs de scénars bien construits. En ce qui me concerne, j’ai également une préférence pour les histoires bien ficelées, mais Bilal fait exception. Son univers SF, à la fois sombre et poétique, est tellement fascinant qu’on fait abstraction de ce qui pourrait apparaître comme une faille chez d’autres. D’une richesse hallucinante (on ne saurait se contenter de lire cette trilogie qu’une seule fois), les cases fourmillent d’idées et de créatures hybrides, l’imagination foisonnante de l’auteur semblant n’avoir comme limites que celles des cases. Son style est impressionnant de maîtrise et ne s’apparente à aucun autre, c’est du BILAL, point. Les personnages, eux, semblent évoluer comme des fantômes dans un monde en perdition, un monde déshumanisé où l’amour du prochain semble avoir reculé face à l’individualisme, et à d’autres menaces multiples, fascisme, terrorisme, pollution et mutations génétiques, des thèmes chers à cet enfant de l’ex-Yougoslavie et qui imprègnent toute son oeuvre. Et sonnent toujours comme des avertissements près de 30 ans après, à l’heure où le monde semble plus que jamais fragilisé par la désormais fameuse "crise", "LEUR" crise devrais-je dire, que certains décideurs semblent avoir délibérément provoquée… Tous ces ingrédients font de cette trilogie une œuvre forte et visionnaire à la poésie torturée, et ce n’est pas un hasard si le héros Nikopol, gagné par une folie douce, dépossédé de lui-même après avoir été possédé par le dieu Horus, se met à psalmodier à ses heures des vers de Baudelaire. Et si humour il y a, ce n’est jamais qu’un humour désabusé et grinçant, rappelant parfois une excentricité toute « kusturicienne » (la ménagerie de fauves à bord d’un train dans le tome 3), toujours un peu incongru dans ce futur détraqué et anxiogène. Il me semble qu’on peut considérer « Nikopol » comme l’œuvre la plus aboutie et la plus réussie de Enki Bilal. Mais malgré tout le respect que j’ai pour l’auteur, je pense que celui-ci aurait gagné à travailler davantage son découpage (ou alors continuer avec Christin) pour en faire un réel chef d’œuvre. Comme je l’ai dit plus haut, il est au sommet de son art et sa maîtrise du dessin et des couleurs me semble quasiment parfaite, et l’on suit fasciné les aventures de ses héros, mais on referme le tome 3 avec une sensation d’inachevé, ce qui m’a personnellement un peu déconcerté, même si le plaisir que j’ai eu à le lire l’emporte. Quoi qu’il en soit, les aventures de Nikopol feront date et resteront longtemps une référence dans la BD de fin du XXème siècle… Enfin, une question – insignifiante - me taraude chaque fois que je lis cette BD, Bilal aurait-il pris comme modèle l’acteur Bruno Ganz (jeune) pour dessiner Nikopol ? La ressemblance est tellement frappante…

22/04/2009 (modifier)
Par Sagera
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série A la recherche de la Licorne
A la recherche de la Licorne

Dans le genre "à la recherche de...", cette histoire est pour moi, un sommet. On y trouve un concentré absolument parfait de tout ce qui fait les grandes aventures humaines. Un groupe de personne mû par un objectif commun, une description très fine du long processus allant de l'enthousiasme à la désillusion et l'ironie du destin qui fauche à la fois les hommes et les idéaux. A la fin de cette histoire, on n'en finit pas pour autant avec elle. Elle continue de nous hanter comme les personnages du récit l'ont été par l'animal mythique qu'il poursuivait. Et c'est justement à ça qu'on reconnait, la force du récit et sa justesse. Et loin des héros monolithiques de la bd, on ne peut que saluer la prouesse de Ruiz qui a si parfaitement su créer des personnages aussi vibrants, des êtres humains qui n'ont de papier que le support qui les porte. Quand en plus, l'ensemble est servi par le dessin de Miralles qui n'est rien d'autre que parfait, on touche au coup de maître.

22/04/2009 (modifier)
Par Sagera
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Gilgamesh
Gilgamesh

La collection Pilote de Dargaud offre souvent de petits bijoux. Gilgamesh en est un. Derrière un graphisme très stylisé et des planches lumineuses et extrêmement bien découpées se cache une adaptation réussie de l'un des mythes fondateurs de l'humanité. Si l'on est sensible aux symboles, aux personnages qui sont d'abord des archétypes reflétant la nature des hommes, on ne peut qu'être heureux du voyage proposé. Personnellement, j'ai beaucoup aimé et des oeuvres comme celle ci, j'en redemande.

22/04/2009 (modifier)
Couverture de la série Bédérimes
Bédérimes

Une petite merveille de poésie. Bédérimes (un album au nom explicite) recueille plusieurs poésies de Pierre Coran illustrées par Bernard Godi (oui, oui, celui de L'Elève Ducobu). La poésie sert alors de support narratif à un court strip (8 cases en général) ayant pour thème central la nature au sens large. Beaucoup d’animaux, quelques légumes et de temps à autre un petit garçon sont les sujets de prédilection du poète. Cela a beau être enfantin (normal, ce livre leur est destiné), c’est cependant d’un très beau niveau, et assez fin pour susciter l’éveil de nos chers bambins. Pour preuve, ce haricot prétentieux qui rêve de carrosse depuis qu’il se croit princesse. La musicalité des textes est bien présente, tout comme l’humour d’ailleurs. Au niveau graphique, le trait de Godi est simple et bien plus proche de la bande dessinée franco-belge à gros nez que de l’illustration de livres pour enfants. C’est d’ailleurs sous forme de bd que ce livre se présente. Si votre enfant aime Henri Des (mais quel enfant ne l’aime pas ?), les vaches Aztèques ou d’autres artistes soucieux d’apporter poésie et humour à nos chères têtes blondes, nul doute que ce livre lui plaira. Je soupçonne d’ailleurs plus d’un de ses parents de le lire en cachette (c’est mon cas). A acheter … en brocantes, car le livre semble être devenu rare et hors de prix. Je l’ai négocié pour 3 € alors qu’il serait vendu via internet pour un montant supérieur à 20 € ( !?) Dans la catégorie "livres pour enfants", c'est franchement bien.

22/04/2009 (modifier)