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Couverture de la série Le Local
Le Local

Bonne surprise que ce local. Pourtant, l’idée de base est identique à « Eddy l'Angoisse », un album qui ne m’avait que très moyennement convaincu. Si Gipi m’a séduit par la qualité de son travail, il le doit avant tout à deux choses. Tout d’abord la qualité de sa narration. Rarement, j’ai eu droit à un album « étranger » (Gipi est italien) dont la narration coulait aussi naturellement. Le texte est excellent, fluide, spontané et riche de nuances et de véracité. C’est vraiment bien écrit, sans être démonstratif ou littéraire. Ensuite, il y a la colorisation. Celle-ci m’a fait penser à « Lulu Femme Nue », une sensation encore accentuée par le fait que Gipi a un trait qui le rapproche de Davodeau. En effet, son trait réaliste est très dépouillé et d’apparence « facile », comme celui du talentueux Etienne. La colorisation, aux teintes « passées », est donc très réussie à mes yeux. Par contre j’ai un petit souci avec les nez des personnages (oui, je sais, c’est saugrenu). Ces nez sont trop schématiques pour me convaincre. Avoir un style dépouillé, c’est bien, mais il y a des limites ! Reste l’histoire, qui s’attache surtout à définir les profils de différents personnages. Et, si voir l’un d’entre eux s’extasier sans dérision devant une affiche de Hitler m’a fait craindre le pire, les profils des acteurs sont suffisamment fins pour permettre au lecteur que je suis d’accepter ce personnage. Vraiment une très bonne surprise ! Pas mal, franchement pas mal … bien même, franchement bien ! (je suis de bonne humeur aujourd’hui) Culte ? Non, faut pas pousser …

28/09/2009 (modifier)
Couverture de la série Gorr, le loup et autres récits fantastiques d'après Marcellin La Garde
Gorr, le loup et autres récits fantastiques d'après Marcellin La Garde

Voilà une lecture qui m’a ravi (si, si …) Tout d’abord, j’adore qu’on me parle de mon nombril (c’est toujours flatteur). Et les contes illustrés dans le présent album sont localisés dans mon jardin (ou presque). J’ai barboté dans le fonds de Quarreux, visité à maintes reprises les grottes de Remouchamps, emmené mes conquêtes dans les ruines du château d’Emblève (pour de chaleureux pique-niques, tant le point de vue y est magnifique et la pierre chaude dès que le soleil fait son apparition). Quant au château de Franchimont, et bien j’ai passé six longues années de mon existence à ses pieds (mon ancienne école étant située en bas de sa colline). J’ai donc gaiment retrouvé les lieux, mais aussi les légendes de mon enfance, pour ce rapide rappel d’une émouvante part de mon patrimoine culturel. Et c’est pourquoi je regrette un peu que Counhaye se soit si peu renseigné sur la situation du château d’Emblève. Il aurait pu alors mieux visualiser (et exploiter) cet impressionnant à-pic au bord duquel le donjon était bâti (mais ce n’est finalement qu’un détail). Ensuite, j’aime bien le trait de Counhaye. Découvert au travers des aventures du Professeur Stratus, il montre ici les mêmes qualités que dans les premiers tomes de cette série : un trait simple, très lisible mais peu avare en détails. Je ne sais d’où vient, mais un charme étrange se dégage de ce style, qui n’est pas loin de me rappeler celui d’un Fourquemin (dans l’esprit, du moins). Enfin, ces contes sont bien agréables à lire. Ils sont bien sûr traditionnels dans ma région, et les multiples interventions du grand cornu en sont un trait caractéristique, mais je trouve que Counhaye parvient à rendre ces récits très vivants, en mélangeant habilement mystère, humour et drame. Le « local » que je suis a franchement bien apprécié.

28/09/2009 (modifier)
Couverture de la série Pour toi Sandra
Pour toi Sandra

La démarche à l’origine de cet album est des plus louables, et si cette œuvre a réussi à faire éviter le pire à ne fusse qu’une seule personne, alors elle doit être qualifiée d’indispensable. Réalisé dans le but d’expliquer les mécanismes qui peuvent conduire une personne dans le piège de la prostitution, cet album bénéficie de deux gros atouts. Tout d’abord, il peut s’appuyer sur l’expérience d’une association qui, depuis longtemps, « traine » dans ce milieu. Le mouvement du nid a contribué à la réalisation de ce scénario, qui y gagne en crédibilité. Habitué, de par mon cadre de travail, à côtoyer divers mouvements sociaux, j’ai pu vérifier l’exactitude de certains des engrenages décrits mais aussi des séquelles (souvent irrémédiables) dont souffrent les ex-prostitués. J’ai, depuis longtemps, cessé de me voiler la face et j’ai bien conscience qu’il y a autant de prostitué(e)s qui font ce métier par envie qu’il y avait de soldats qui se réjouissaient d’être dans les tranchées de Verdun. Ensuite, l’album bénéficie de la lisibilité et de l’élégance du trait de Derib. Si je le préfère dans ses grands espaces (Buddy Longway), je dois reconnaître que ses personnages sont toujours aussi attachants (graphiquement parlant). Bien sûr, l’album n’est pas parfait, et son ton très moralisateur irritera le lecteur lambda. De plus, sa conclusion, très optimiste, voire utopique, cadre mal avec la réalité du terrain. Mais je veux croire que certaines personnes concernées par ce problème seront touchées par l’album, et que d’autres éviteront de tomber dans cette spirale qui se révèle trop souvent (pour ne pas dire toujours) destructrice. D’un strict point de vue artistique, c’est pas mal, sans plus … Mais c’est franchement bien d’effectuer ce genre de démarche, raison de ma cote généreuse (et, je le répète, l’album n’est pas raté). A lire, mais pas à posséder sinon par tous les centres jeunes et les bibliothèques scolaires. PS : cet album s’adresse avant tout à un public féminin et adolescent, et je serais curieux de connaître le point de vue d’une de ces lectrices au sujet de cet album.

28/09/2009 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5
Couverture de la série Betty Blues
Betty Blues

Bonne surprise que cette BD. Le scénario n'est pas exceptionnel mais il s'en dégage une atmosphère particulière. Les personnages ne laissent pas indifférent. L'originalité vient du dessin, style nouvelle vague mais très chargé. Il est sublimé par les belles couleurs de Anne-Claire Jouvray. Sans rentrer dans le détail, tout le récit m'a plu. La chute prend de court le lecteur mais elle est excellente et bien amenée. Je n'étais pas attiré par ce one shot mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Il n'est pas étonnant de voir un tel consensus sur cette BD car elle est vraiment plaisante et réussie.

27/09/2009 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Shiba Inu
Shiba Inu

Enfin un manga qui semble sortir du lot ... Ces derniers temps, mes lectures n'étaient pas très fameuses. Il me fallait bien cela pour continuer mon expérience dans le manga. L'auteur nous livre un recueil de six nouvelles dont Shiba Inu sera la plus longue et la meilleure incontestablement. J'ai été touché par l'émotion qui se dégageait de cette histoire ayant pour thème les spectacles de comédie au cours duquel deux humoristes dialoguent à la façon d'Eric et Ramzy en France. Les autres nouvelles se valent plus ou moins mais n'ont pas la même intensité. J'ai lu dans la postface que c'était la première fois que l'auteur avait fait un recueil de récits courts. On apprend que ce qui le passionne vraiment, c'est d'écrire des récits fleuve entre 2000 et 3000 pages !!! Bref, tout le contraire de ce que j'apprécie. La qualité du trait est réellement exceptionnelle. J'ai tout de suite accroché au premier regard. Il reste à espérer que ce mangaka puisse reproduire de pareilles oeuvres... en one shot.

27/09/2009 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Les Nuits Assassines
Les Nuits Assassines

Les nuits assassines est l'une des pires histoires d'angoisse que j'ai pu lire au cours de mes nombreuses lectures ces dernières années. Il se passe vraiment des choses affreuses en Autriche ... Le scénario est passionnant avec une tension qui monte au fur et à mesure qu'on tourne les pages. La mise en page est très réussie avec un trait soigné et expressif. L'objet est publié sur un papier glacé de qualité. La couverture traduit toute l'horreur de ces nuits assassines. On est véritablement plongé dans l'atmosphère suffocante d'une communauté recluse et rongée par l'amertume. L'ambiance autrichienne des années 70 est parfaitement reproduite. Les nuits assassines est aussi une première : il concrétise en effet une collaboration inédite entre un dessinateur coréen, Byun Ki-hyun, et un scénariste français, J.M. Goum. Pendant plus d’un an, à plus de 10.000 kilomètres de distance, ils ont mobilisé chacun les ressources et les racines propres à leur culture, pour en offrir cette synthèse décidément peu commune. J'ai été particulièrement bluffé car on aurait pu croire que c'est un auteur allemand qui avait composé cet ouvrage tant il colle avec la réalité locale des Alpes autrichiennes que je connais bien. Je ne saurais vous conseiller la lecture de ce terrible drame qui oscille entre malédiction et polar. Encore une fois, je préviens le lecteur que cela fait véritablement froid dans le dos. Ne pas lire avant de s'endormir sous peine de faire une nuit de cauchemar à défaut d'être assassine !

27/09/2009 (modifier)
Par Sejy
Note: 4/5
Couverture de la série A bord de l'Etoile Matutine
A bord de l'Etoile Matutine

Un titre évocateur… Une goélette sur un océan chahuteur… Je contemple la couverture et déjà mon imagination hisse les voiles. En doux rêveur, j’esquisse des odyssées maritimes et des contrées exotiques. J’entrevois des tempêtes et des canonnades mémorables. Je fantasme des sirènes tentatrices, des héroïnes en détresse et leurs sauveurs courageux. Le souffle épique d’une belle aventure de pirates… Diable ! Si l’ombre d’une histoire de flibuste plane sur les planches de cet album, c’est à mille milles de ce pittoresque attendu. Adieu folklore. Adieu romantisme. Adieu bravoure et gloriole. Par la voix d’un antique frère de la côte en quête d’absolution, l’auteur dépeint l’univers sauvage de ces écumeurs de mer en une fresque désenchantée. Le journal de la fuite en avant d’un gosse à l’imaginaire abreuvé par les récits de matelots de passage ; souvenirs fétides d’un jeune assassin contraint d’abandonner son village natal de Bretagne pour embarquer comme mousse sur le schooner « l’Etoile Matutine ». En conteur rompu à l’art de l’ellipse, Riff Reb’s éclipse habilement l’action et le spectaculaire. Suggérant les faits d’armes, interpellant le lecteur entre les batailles, il lui offre à découvrir en priorité les coulisses ou les épilogues. En plusieurs saynètes distinctes, il s’attache à brosser le quotidien sombre et tourmenté de ses boucaniers. Anecdotes sans pitié, réminiscences nostalgiques, bravades timorées ou péripéties amorales, c’est par petits traits grinçants ou plus sanguinaires qu’il évoque les mœurs et états d’âme de marins honorant les codes d’une éthique très subjective. Ils sont naïfs, mais cruels, superstitieux, mais impitoyables. Lâches, cyniques, violeurs et meurtriers ordinaires, leur humanité depuis longtemps privée de repères est définitivement noyée par la solitude, le danger et l’exigence de survie. Ce n’est qu’en quelques occasions furtives que l’Homme laissera émerger son vrai visage oublié. Que tous ces personnages sont magistralement croqués ! Affublés de trognes burinées, si graves, néanmoins engageantes. Une ligne méticuleuse, détaillée, qui, métissant réalisme et caricature, dissimule une impression d’humour derrière un récit poisseux. Sa mise en couleur pianote sur la gamme d’une bichromie variant les effets et les ambiances. L’alternance de cinq ou six tonalités qui confère une psychologie propre à chacun des chapitres. Cette esthétique conjuguée à la prose de Mac Orlan catalyse une « harmonie antipodale » et libère un lyrisme et des échappées poétiques aussi fulgurants que le désespoir est gluant. Ensorcelé par l’image (c’est trop beau !), happé par les mots, on s’abandonne avec délice aux dérives du scénario. Un antimythe vraiment efficace !

27/09/2009 (modifier)
Par pol
Note: 4/5
Couverture de la série Petite mort en un acte
Petite mort en un acte

Convard nous livre une histoire vraiment inattendue et radicalement différente de ses grands succès type Le Triangle Secret. Point d'ésotérisme, ni de récit historique ici. Petite mort en un acte est une sorte de huis clos assez cynique, à l'accent british. Le début du récit pourrait laisser penser que l'on se dirige vers une simple histoire de famille et d'héritage. Mais ce n'est pas tout a fait le cas et la suite prend une direction pour le moins inattendue. Ça devient bien trop gros pour être crédible, parfois limite absurde, mais c'est ça qui est vraiment bon. En fait cette histoire est décalée, les personnages sont déjantés et la tournure prise par les évènements est un régal. Les Situations grotesques et cocasses se succèdent au fil des pages. Finalement voila un one shot très intéressant par son originalité graphique ainsi qu'au niveau de la mise en scène qui fait très théâtrale. Une histoire surprenante, cynique et décalée. A lire.

26/09/2009 (modifier)
Par Seb94
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Tirésias
Tirésias

Superbe diptyque qui nous fait revivre l’époque de la Grèce antique. L’ensemble au premier abord pourrait sembler un peu pompeux, à savoir un récit historique ou les dieux interagissent avec les humains. Heureusement il n’en est rien, cette histoire est fluide, légère, amusante et cerise sur se gâteau, présente une grande originalité. Une fois la lecture commencée, on est très vite imprégné par l’ambiance de la cité de Thèbes, placée sous la protection de la déesse Athéna. On s’attache très vite aux personnages et à l’univers antique dans lequel ils évoluent. Une histoire surprenante qui se clôt en seulement deux tomes que l’on dévore de bout en bout. Des séries comme ça, on en redemande! Les dessins sont très agréables mais j’ai surtout apprécié les couleurs chaudes et chaleureuses, qui retranscrivent parfaitement l’ambiance de la Grèce antique.

26/09/2009 (modifier)
Par Pasukare
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'homme de Java
L'homme de Java

Ca faisait longtemps qu'une BD ne m'avait pas ainsi prise au dépourvu par sa profondeur, la richesse de son contexte ET une histoire prenante, bien et joliment racontée. Pour qui s'y connaît un peu en paléontologie (merci wiki), L'homme de Java est le Pithécanthropus Erectus, ou singe-homme érigé, rien de moins que le chaînon manquant entre le singe et l'homme, longtemps recherché par les adeptes des théories de Darwin à la fin du XIXème siècle. Pierre-Yves Gabrion, dans les 4 tomes que constituent cette aventure, va provoquer la rencontre entre un jeune rebelle de l'aristocratie britannique (Herbert Livingstone) fervent adepte des théories de l'évolution (et fortement brimé par son entourage, ses camarades et ses professeurs pour cela) et Eugène Dubois, médecin et anatomiste néerlandais ayant réellement existé, à l'époque de ses recherches de fossiles et à l'aube de sa grande découverte à Java. Evidemment il y a aussi en parallèle un ado qui devient adulte au fil de ses aventures et de ses rencontres. Le tout est très bien amené et fondu l'un dans l'autre. Depuis la révolte de l'adolescent dans son université britannique (j'aime beaucoup cette ambiance qui me rappelle le film "Le Secret de la Pyramide", mettant en scène la première rencontre et enquête de Holmes et Watson, ah nostalgie…), en passant par une initiation par les esprit des pierres en Australie (très bel album aux tons chauds et emprunt spiritualité ancestrale), la rencontre de pirates trafiquants d'os de dragons et un final à Java entre trouvailles archéologiques, poker et lutte avec la mafia locale, "L'homme de Java" nous promène aux 4 coins du monde, d'aventure en aventure sur fond de révolution paléontologique. C'est bien raconté, bien dessiné, très joliment mis en couleur et ça ne s'essouffle jamais, et en plus j'aime beaucoup quand le titre d'une BD trouve sa justification à la dernière page, ça boucle la boucle de très belle manière.

26/09/2009 (modifier)