A mon sens, ce n'est pas le meilleur Bretecher mais l'album est quand même drôle et agréable à lire. En 1990, on ne parlait pas encore des fameux bobos qu'elle les avait déjà très bien cernés, dans leurs prétentions aventurières pour dîners en ville, leurs pseudo-cosmopolitisme confortable de pacotille beauf mais se voulant chic branché, ouvert et élitiste. 20 ans après, Toutista est toujours d'actualité.
Le premier tome faisait partie de la petite cinquantaine de BD que comptait la bibliothèque de l'internat, perdue parmi les Tintin, Asterix et quelques Largo Winch...
C'est la force du graphisme qui m'a séduite dès les premières pages. La dynamique de cet aspect quasi "croquis" donne vie aux personnages, bien plus que le contour à l'encre dans Sambre. Alors qu'importe si les proportions ne sont pas toujours exactement respectées, puisque Éva et Franck s'animent ?
Au rouge et noir de Sambre s'ajoute quelques touches de bleu, évoquant le ciel de cette BD...
L'histoire de cette femme adorant son frère qui, absent, ne cessera de la hanter, m'émeut profondément. Si pour Nietzche, Dieu est mort, pour Éva, Franck est toujours vivant.
Yslaire profite de cette histoire de famille (à l'arbre généalogique si particulier, comme il sait les faire) pour nous remettre face à notre conscience historique (commune aux belges et aux français alors ?!), revisitant le XXe siècle et ce qu'il révèle de l'humanité dans ses folies les plus horribles (l'Holocauste, la guerre du Vietnam...) comme les plus belles (l'amour, l'art, la conquête du ciel...).
Et ceci, non par une analyse verbale grossière et maladroite ; seulement par des images et quelques sentiments d'Éva (dont je n'ai vu certains qu'après plusieurs lectures).
L'équilibre trouvé entre le texte et le dessin sert ici totalement le propos ; moi, c'est cette BD qui me fait dire que la Bande Dessinée peut être un art.
Alors, bien sûr, tout le monde ne sera pas d'accord avec moi, mais cet épanchement onirique de l'auteur m'a totalement séduite ; et chaque fois que je relis cette BD (enfin, cette serie, puisque j'ai acheté les 4 tomes depuis l'internat !), c'est avec un plaisir renouvelé.
Je voudrais commencer cette critique en me jetant des fleurs et en me congratulant d'avoir acheté cette BD que j'ai choisie sur le critère de l'éditeur, couplé à un prix attractif dû à l'occasion.
Il est certes vrai que le dessin peut par moments paraître brouillon, notamment quand on s'attarde sur les personnages. En cause un trait qui semble hésiter mais qui finalement semble savoir où il va tant il se révèle efficace. De plus, le dessin fait la part belle à des paysages enneigés de toute beauté.
Mais le réel intérêt de cette BD réside dans son scénario, à la fois très poétique et très métaphorique. Bien qu'il faille un petit temps d'adaptation pour rentrer complètement dans cette BD, le résultat se révèle à la hauteur de mes non-attentes. Après quelques pages, j'avais peur que l'auteur ne profite de son postulat pour nous assener un sempiternel message écologique. C'est pourquoi j'ai été agréablement surpris lorsque j'ai découvert que De Crécy avait dans ses tiroirs quelques subterfuges pour nous parler de sujets bien différents, à savoir un peu de racisme et beaucoup d'Art. Collection Louvre exige, l'Art pictural et la sculpture occupent bien entendu une place prépondérante.
C'est ainsi que rentré dans le vif du sujet, l'auteur nous expose sa réflexion sur l'Art en général. Dans un monde où l'Art semble méprisé, voire totalement absent, et l'Histoire totalement méconnue, Nicolas de Crécy tente de redonner à l'Art la place qu'il mérite. En cantonnant les protagonistes à une interprétation au premier degré des œuvres abordées, couplé à l'ignorance du contexte historique, l'auteur dénonce ainsi le mépris des ignorants, né de leur incompréhension de l'ouvrage accompli, face à l'Art en général. Ainsi, l'Art est réduit à son caractère historique et dépouillé de toute sa symbolique, borné à un simple produit de l'imaginaire. Bien entendu, l'album regorge d'autres idées, mais celle-ci semble occupe une place plus importante.
En définitive, c'est un 3.5 arrondi au supérieur, car l'ingéniosité et l'intelligence de l'auteur, qui dirige de main de maître la métaphore et d'autres artifices, doit selon moi être positivement récompensée.
J'avais envie depuis longtemps de lire cette bd érotique qui est la plus commentée du site alors que le genre est plutôt délaissé dans son ensemble. C'est quand même signé de la main d'un grand maître que j'apprécie bien, à savoir Manara. Et puis, il y a beaucoup de publicité actuellement autour de la récente réédition couleur des 4 tomes. Pour ma part, je me suis plongé dans l'intégrale en noir et blanc toujours en quête d'une certaine ouverture d'esprit... (je devrais plutôt dire une ouverture des sens).
On pourra longuement débattre sur le fait que la femme est un peu présentée sous de mauvais aspects bien peu flatteurs. Cependant, le dessin de Manara les rend sublimes de beauté et de sensualité. Faut-il alors obligatoirement prendre tout au premier degré ? Je ne le pense pas car c'est riche en messages et en réflexions sur la sexualité. Est-ce du porno chic ? J'aurais envie de dire "à bas le conformisme !" et laissez-vous pervertir ! :8
Je dois bien admettre qu'il y a de l'inventivité dans l'air avec ce petit boitier magique qui fait ses effets entre le clic et le déclic. Le scénario est plutôt bien construit notamment dans les deux premiers tomes. Qui n'a jamais fantasmé sur la femme folle de désir ? C'est clair que c'est à déconseiller aux nonnes effarouchées et aux gens de bonne vertu. L'auteur se laisse aller et le lecteur se laisse prendre à ce petit jeu sensuel. Le déclic est devenu un grand classique de la bd érotique et ce n'est pas pour rien. Laissez-vous tenter à l'occasion !
« Blast » est clairement un OVNI dans le paysage de la BD, un mélange de réflexions philosophiques, de policier et d’onirisme. Le mélange prend, et je n’ai pas vu passer les 200 pages de ce premier tome.
Manu nous livre une histoire plus proche de son Combat ordinaire que de ses séries humoristiques. Si les introspections philosophiques un peu pompeuses de Marco vous ont saoulé, si vous préférez Bill Baroud et La Légende de Robin des Bois, alors inutile de vous infliger ce pavé, vous risquez d’être déçu. Mais moi je me suis laissé porter par l’histoire, et j’ai passé un bon moment de lecture (même si certains messages, comme celui sur la petite communauté de SDF, semblent un peu gros)
Un détail rigolo : je n’ai JAMAIS regardé l’émission télé Star Academy, donc je n’ai pas du tout compris la référence qui y est faite. :)
Un mot sur le dessin en noir et blanc : il est superbe, notamment sur les paysages campagnards… même si je trouve personnellement que ces derniers auraient bénéficié d’un peu de couleur… Mais je comprends et respecte le choix de l’auteur.
La série devrait faire 5 tomes en tout, soit 1000 pages environ… ce tome 1 n’est donc qu’une introduction qui ne fait que mettre l’histoire en place. En ces tristes temps de séries abandonnées pour cause de ventes insuffisantes, je comprends ceux qui préfèreront attendre un peu avant d’investir. Mais moi je suis content de mon achat, et je lirai très certainement la suite.
Pico Bogue est un gamin qui n'a pas sa langue dans sa poche. Il commente tout, et nous fait découvrir sa famille et son univers au fil de strips variés, jouant parfois sur la tendresse, plus souvent sur l'humour, créé par le décalage entre son âge et la teneur plutôt "adulte" de ses propos.
Bien écrite, la série se révèle efficace. La lecture est d'autant plus plaisante que le dessin sort du lot, lui aussi. Très doux, très beau. J'y trouve une petite touche de Sempé, en plus fourni. Vraiment agréable.
Au final, ca se lit tout seul et on se marre bien. Les séries humoristiques qui font rire sont plutôt rares, alors autant en profiter !
Après un premier tome un peu brouillon, la série se construit particulièrement bien. Un dessin et des couleurs superbes appuient le scénario.
Aux confins du fantastique et de la réalité de banlieue, cet ouvrage exprime à la fois un cri de révolte et d'espoir dans un découpage qui suit le rythme des musiques hip hop.
Vous pouvez être déroutés par le premier tome, mais les deux tomes suivants se lisent avec un plaisir croissant. L'intrigue qui se développe trouve une fin qui nous ramène brutalement à la réalité de la vie. Mais la leçon de ces ouvrages restera bien ancrée dans les esprits : à trop vouloir bien faire, on perd tout...
Je vais faire bref sur une série quasi unanimement considérée comme excellente, d'un auteur qui n'est plus à défendre.
Alors, oui, pour moi, Loisel est une sorte de demi-dieu du dessin et de la mise en page, capable d'associer truculence et naturel, de faire croire à des personnages outranciers.
Le scénario prend son temps pour installer ses personnages. Et le pays imaginaire redevient ce qu'il n'est plus vraiment chez Walt Disney : l'antidote vital à la dureté du quotidien d'un enfant maltraité.
Bravo.
Sans doute la série la plus réussie de Larcenet, dont le dessin et les histoires, au départ, me paraissaient manquer à la fois de sobriété et de maturité. Les deux y sont cette fois.
Comme le remarquent beaucoup de lecteurs, il s'agit un peu de la série d'une génération. Et les louanges vont autant à la capacité de Larcenet de sentir l'esprit de son temps qu'à la valeur intrinsèque de sa série.
C'est aussi l'oeuvre d'une génération adulescente qui a du mal à grandir faute d'avoir connu autre chose qu'une prospérité inquiète, et qui se replie sur la sphère privée, sur l'intime, faute de grands idéaux. On est ici dans le minimal, le quotidien, une vision "delermienne" de la vie.
Mais je reconnais la finesse de Larcenet dans la peinture de ces petites émotions, de ces micro-félures, de ces non-dits qui sont la toile de fond des relations humaines.
L'intrigue a beau se fonder sur la vie d'un personnage réel, le scénario est bâti avec une rigueur et une intelligence remarquables. Pas de faux effets de coups de théâtre, plutôt la recherche de la vérité d'un homme, à la fois victime et bourreau, capable d'une grande loyauté au péril de sa vie et des pires compromissions.
Une analyse de caractère digne des grands romans du XIXe siècle, servie par un dessin en ligne claire sobre et précis, très agréable à suivre.
Bravo encore à la documentation rassemblée sur ce sombre début des années 40 en France.
Une réussite ! J'ai hésité à mettre le 5/5. Je verrai si je l'accorde à la relecture...
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Tourista
A mon sens, ce n'est pas le meilleur Bretecher mais l'album est quand même drôle et agréable à lire. En 1990, on ne parlait pas encore des fameux bobos qu'elle les avait déjà très bien cernés, dans leurs prétentions aventurières pour dîners en ville, leurs pseudo-cosmopolitisme confortable de pacotille beauf mais se voulant chic branché, ouvert et élitiste. 20 ans après, Toutista est toujours d'actualité.
XXe ciel.com
Le premier tome faisait partie de la petite cinquantaine de BD que comptait la bibliothèque de l'internat, perdue parmi les Tintin, Asterix et quelques Largo Winch... C'est la force du graphisme qui m'a séduite dès les premières pages. La dynamique de cet aspect quasi "croquis" donne vie aux personnages, bien plus que le contour à l'encre dans Sambre. Alors qu'importe si les proportions ne sont pas toujours exactement respectées, puisque Éva et Franck s'animent ? Au rouge et noir de Sambre s'ajoute quelques touches de bleu, évoquant le ciel de cette BD... L'histoire de cette femme adorant son frère qui, absent, ne cessera de la hanter, m'émeut profondément. Si pour Nietzche, Dieu est mort, pour Éva, Franck est toujours vivant. Yslaire profite de cette histoire de famille (à l'arbre généalogique si particulier, comme il sait les faire) pour nous remettre face à notre conscience historique (commune aux belges et aux français alors ?!), revisitant le XXe siècle et ce qu'il révèle de l'humanité dans ses folies les plus horribles (l'Holocauste, la guerre du Vietnam...) comme les plus belles (l'amour, l'art, la conquête du ciel...). Et ceci, non par une analyse verbale grossière et maladroite ; seulement par des images et quelques sentiments d'Éva (dont je n'ai vu certains qu'après plusieurs lectures). L'équilibre trouvé entre le texte et le dessin sert ici totalement le propos ; moi, c'est cette BD qui me fait dire que la Bande Dessinée peut être un art. Alors, bien sûr, tout le monde ne sera pas d'accord avec moi, mais cet épanchement onirique de l'auteur m'a totalement séduite ; et chaque fois que je relis cette BD (enfin, cette serie, puisque j'ai acheté les 4 tomes depuis l'internat !), c'est avec un plaisir renouvelé.
Période Glaciaire
Je voudrais commencer cette critique en me jetant des fleurs et en me congratulant d'avoir acheté cette BD que j'ai choisie sur le critère de l'éditeur, couplé à un prix attractif dû à l'occasion. Il est certes vrai que le dessin peut par moments paraître brouillon, notamment quand on s'attarde sur les personnages. En cause un trait qui semble hésiter mais qui finalement semble savoir où il va tant il se révèle efficace. De plus, le dessin fait la part belle à des paysages enneigés de toute beauté. Mais le réel intérêt de cette BD réside dans son scénario, à la fois très poétique et très métaphorique. Bien qu'il faille un petit temps d'adaptation pour rentrer complètement dans cette BD, le résultat se révèle à la hauteur de mes non-attentes. Après quelques pages, j'avais peur que l'auteur ne profite de son postulat pour nous assener un sempiternel message écologique. C'est pourquoi j'ai été agréablement surpris lorsque j'ai découvert que De Crécy avait dans ses tiroirs quelques subterfuges pour nous parler de sujets bien différents, à savoir un peu de racisme et beaucoup d'Art. Collection Louvre exige, l'Art pictural et la sculpture occupent bien entendu une place prépondérante. C'est ainsi que rentré dans le vif du sujet, l'auteur nous expose sa réflexion sur l'Art en général. Dans un monde où l'Art semble méprisé, voire totalement absent, et l'Histoire totalement méconnue, Nicolas de Crécy tente de redonner à l'Art la place qu'il mérite. En cantonnant les protagonistes à une interprétation au premier degré des œuvres abordées, couplé à l'ignorance du contexte historique, l'auteur dénonce ainsi le mépris des ignorants, né de leur incompréhension de l'ouvrage accompli, face à l'Art en général. Ainsi, l'Art est réduit à son caractère historique et dépouillé de toute sa symbolique, borné à un simple produit de l'imaginaire. Bien entendu, l'album regorge d'autres idées, mais celle-ci semble occupe une place plus importante. En définitive, c'est un 3.5 arrondi au supérieur, car l'ingéniosité et l'intelligence de l'auteur, qui dirige de main de maître la métaphore et d'autres artifices, doit selon moi être positivement récompensée.
Le Déclic
J'avais envie depuis longtemps de lire cette bd érotique qui est la plus commentée du site alors que le genre est plutôt délaissé dans son ensemble. C'est quand même signé de la main d'un grand maître que j'apprécie bien, à savoir Manara. Et puis, il y a beaucoup de publicité actuellement autour de la récente réédition couleur des 4 tomes. Pour ma part, je me suis plongé dans l'intégrale en noir et blanc toujours en quête d'une certaine ouverture d'esprit... (je devrais plutôt dire une ouverture des sens). On pourra longuement débattre sur le fait que la femme est un peu présentée sous de mauvais aspects bien peu flatteurs. Cependant, le dessin de Manara les rend sublimes de beauté et de sensualité. Faut-il alors obligatoirement prendre tout au premier degré ? Je ne le pense pas car c'est riche en messages et en réflexions sur la sexualité. Est-ce du porno chic ? J'aurais envie de dire "à bas le conformisme !" et laissez-vous pervertir ! :8 Je dois bien admettre qu'il y a de l'inventivité dans l'air avec ce petit boitier magique qui fait ses effets entre le clic et le déclic. Le scénario est plutôt bien construit notamment dans les deux premiers tomes. Qui n'a jamais fantasmé sur la femme folle de désir ? C'est clair que c'est à déconseiller aux nonnes effarouchées et aux gens de bonne vertu. L'auteur se laisse aller et le lecteur se laisse prendre à ce petit jeu sensuel. Le déclic est devenu un grand classique de la bd érotique et ce n'est pas pour rien. Laissez-vous tenter à l'occasion !
Blast
« Blast » est clairement un OVNI dans le paysage de la BD, un mélange de réflexions philosophiques, de policier et d’onirisme. Le mélange prend, et je n’ai pas vu passer les 200 pages de ce premier tome. Manu nous livre une histoire plus proche de son Combat ordinaire que de ses séries humoristiques. Si les introspections philosophiques un peu pompeuses de Marco vous ont saoulé, si vous préférez Bill Baroud et La Légende de Robin des Bois, alors inutile de vous infliger ce pavé, vous risquez d’être déçu. Mais moi je me suis laissé porter par l’histoire, et j’ai passé un bon moment de lecture (même si certains messages, comme celui sur la petite communauté de SDF, semblent un peu gros) Un détail rigolo : je n’ai JAMAIS regardé l’émission télé Star Academy, donc je n’ai pas du tout compris la référence qui y est faite. :) Un mot sur le dessin en noir et blanc : il est superbe, notamment sur les paysages campagnards… même si je trouve personnellement que ces derniers auraient bénéficié d’un peu de couleur… Mais je comprends et respecte le choix de l’auteur. La série devrait faire 5 tomes en tout, soit 1000 pages environ… ce tome 1 n’est donc qu’une introduction qui ne fait que mettre l’histoire en place. En ces tristes temps de séries abandonnées pour cause de ventes insuffisantes, je comprends ceux qui préfèreront attendre un peu avant d’investir. Mais moi je suis content de mon achat, et je lirai très certainement la suite.
Pico Bogue
Pico Bogue est un gamin qui n'a pas sa langue dans sa poche. Il commente tout, et nous fait découvrir sa famille et son univers au fil de strips variés, jouant parfois sur la tendresse, plus souvent sur l'humour, créé par le décalage entre son âge et la teneur plutôt "adulte" de ses propos. Bien écrite, la série se révèle efficace. La lecture est d'autant plus plaisante que le dessin sort du lot, lui aussi. Très doux, très beau. J'y trouve une petite touche de Sempé, en plus fourni. Vraiment agréable. Au final, ca se lit tout seul et on se marre bien. Les séries humoristiques qui font rire sont plutôt rares, alors autant en profiter !
Shaango
Après un premier tome un peu brouillon, la série se construit particulièrement bien. Un dessin et des couleurs superbes appuient le scénario. Aux confins du fantastique et de la réalité de banlieue, cet ouvrage exprime à la fois un cri de révolte et d'espoir dans un découpage qui suit le rythme des musiques hip hop. Vous pouvez être déroutés par le premier tome, mais les deux tomes suivants se lisent avec un plaisir croissant. L'intrigue qui se développe trouve une fin qui nous ramène brutalement à la réalité de la vie. Mais la leçon de ces ouvrages restera bien ancrée dans les esprits : à trop vouloir bien faire, on perd tout...
Peter Pan
Je vais faire bref sur une série quasi unanimement considérée comme excellente, d'un auteur qui n'est plus à défendre. Alors, oui, pour moi, Loisel est une sorte de demi-dieu du dessin et de la mise en page, capable d'associer truculence et naturel, de faire croire à des personnages outranciers. Le scénario prend son temps pour installer ses personnages. Et le pays imaginaire redevient ce qu'il n'est plus vraiment chez Walt Disney : l'antidote vital à la dureté du quotidien d'un enfant maltraité. Bravo.
Le Combat ordinaire
Sans doute la série la plus réussie de Larcenet, dont le dessin et les histoires, au départ, me paraissaient manquer à la fois de sobriété et de maturité. Les deux y sont cette fois. Comme le remarquent beaucoup de lecteurs, il s'agit un peu de la série d'une génération. Et les louanges vont autant à la capacité de Larcenet de sentir l'esprit de son temps qu'à la valeur intrinsèque de sa série. C'est aussi l'oeuvre d'une génération adulescente qui a du mal à grandir faute d'avoir connu autre chose qu'une prospérité inquiète, et qui se replie sur la sphère privée, sur l'intime, faute de grands idéaux. On est ici dans le minimal, le quotidien, une vision "delermienne" de la vie. Mais je reconnais la finesse de Larcenet dans la peinture de ces petites émotions, de ces micro-félures, de ces non-dits qui sont la toile de fond des relations humaines.
Il était une fois en France
L'intrigue a beau se fonder sur la vie d'un personnage réel, le scénario est bâti avec une rigueur et une intelligence remarquables. Pas de faux effets de coups de théâtre, plutôt la recherche de la vérité d'un homme, à la fois victime et bourreau, capable d'une grande loyauté au péril de sa vie et des pires compromissions. Une analyse de caractère digne des grands romans du XIXe siècle, servie par un dessin en ligne claire sobre et précis, très agréable à suivre. Bravo encore à la documentation rassemblée sur ce sombre début des années 40 en France. Une réussite ! J'ai hésité à mettre le 5/5. Je verrai si je l'accorde à la relecture...