N’ayons pas peur des mots : Sergio Toppi est incontestablement l’un des plus grands auteurs de bandes dessinées de sa génération !
‘Tanka’ a une valeur particulière pour le grand fan de Toppi que je suis. Il s’agit en effet de l’album avec lequel j’ai eu le plaisir de découvrir l’auteur. Il regroupe quatre histoires courtes parues dans les revues ‘Corto Maltese’, ‘Alter Alter’ et ‘Il Giornalino’ dans les années 1970-1980.
• TANKA : depuis la mise à sac de son palais et le massacre des siens, la princesse Shikibo demeure assise en silence dans un temple en ruine et garde les yeux clos. Un pauvre rônin, qui n’a pour toute richesse qu’un sabre rouillé et émoussé, promet à la belle dame de tout mettre en œuvre pour lui faire ouvrir à nouveau les yeux.
• KIMURA : Masamune est le maître fabricant de sabres le plus réputé de sa province. Toutefois, le vieillard a une éthique et ne loue ses services qu’aux guerriers dont les motivations sont les plus louables. Aussi le vieillard se trouve-t-il face à un dilemme, lorsque le cruel prince Ashizu lui réclame un sabre et le menace de s’en prendre à son village natal en cas de refus.
• SATO : Sato vit de menus travaux. Il habite une cabane à l’écart du village. Un jour, Okira, un jeune villageois, rend visite à Sato pour lui régler une dette de son père. Le garçonnet est intrigué par cet homme dont personne au village ne sait au juste d’où il provient. Une chose est sûre par contre : Sato semble précisément renseigné sur les faits d’armes de Yoritomo, le célèbre samouraï.
• OGARI 1650 : un misérable rônin tiraillé par la faim en est réduit à quémander le secours d’une bande de villageois. Ces derniers s’engagent à le restaurer, à charge pour le rônin de leur céder son sabre et d’effectuer diverses tâches manuelles pour leur compte.
Le dessin de Toppi est très particulier. Le découpage des cases, tout en verticalité, est unique en son genre et impose au lecteur une approche inhabituelle de chaque page. Son travail de hachure semble compulsif, mais demeure toujours maîtrisé. A mon sens, il s'agit de l'autorité absolue du noir et blanc ! Même si vous ne savez pas lire, vous êtes susceptibles d’apprécier l’œuvre de Toppi, vu la force de la claque visuelle !
Toppi a toujours été féru de Japon médiéval et invite le lecteur, par le biais de cet album, à partager sa passion. Ce qui importe à l’auteur, ce n’est pas tant de garantir le maximum de suspense ou d’inventer la chute que même le lecteur à l’imagination la plus débordante ne pourrait découvrir ; ce qui lui importe, c’est de transporter le lecteur, de le faire rêver ! Toppi est un conteur hors pair. Et, pour preuve, je renverrais ceux qui auraient toujours des doutes à ce sujet vers le cultissime Sharaz De.
Eh eh eh. Dessin médiocre ? Laid ? Il est simple et efficace. Tout y est, expressions, détails, ambiance, force, tout ce qui doit être présent l'est et de manière juste. Les lavis sont vraiment beaux. Que demander de plus. Une copie de la réalité ? C'est juste pas le but.
Personnages antipathiques ? Eh ! Chacun d'eux aurait pu être votre frère, votre fils monsieur (madame). Vous les croyez vraiment très loin de vous ces individus méprisables ? Ce sont des gens un peu paumés qui suivent leurs chaussures comme on l'est tous un peu. Et s'il faut forcer le destin, c'est ce que fait Kalibre de la seule manière qu'un mec comme lui pense pouvoir le faire.
Je me trompe peut-être mais pour moi la guerre dans cette histoire n'est qu'un prétexte. Il aurait pu faire le même genre d'histoire se déroulant dans cette France en paix pour certains mais pas pour tous. Mais bon là, il aurait vraiment heurté des sensibilités parce que, quand même, non, faut pas exagérer, t'es en bas de l'échelle, ben t'es en bas de l'échelle et si t'arrives pas à monter ben tu fermes ta bouche.
Il n'y a que des Hommes là dedans.
Je pensais qu'avec une bd comme ça, monsieur Gipi aurait fait comprendre que ces petits mecs, ça aurait pu être n'importe lequel d'entre nous, à si peu de différences au départ.
Pas extraordinaire mais quand même bien sympa.
Je fais vachement moralisateur là, mais bon ya des commentaires qui sont énervants.
Il me semblait avoir une idée un peu vague mais relativement complète de la Guerre de Troie, mais j'ai réalisé à la lecture de cette série qu'il y avait d'innombrables choses que j'ignorais ou mélangeais dans cette saga dont je n'imaginais pas l'ampleur.
Shanower a fait un très estimable travail de compilation et de remise en forme. En effet, comme il l'explique lui-même, la mythologie grecque est immensément dense et structurée mais aussi parfois incohérente. Les légendes se chevauchent souvent, portant sur des personnages quasiment tous liés les uns aux autres, ce qui apporte parfois quelques confusions ou visions alternatives de mêmes évènements. Shanower a donc réalisé un travail de remise en cohérence de tout l'ensemble, appliquant certains choix pour que tout se tienne.
Il a également choisi de coller autant que possible à la réalité historique. Chaque peuple est représenté avec ses mœurs et vêtements d'époque, et les Troyens sont assimilés à un peuple d'origine hittite.
Du coup, il contourne également la part de fantastique de la mythologie. Les dieux et leurs créatures sont bien présents dans l'esprit du récit mais sans jamais qu'on puisse différencier leur influence de celles de simples croyances, de coïncidences heureuses ou malheureuses, de rêves ou de mensonges d'humains bien véritables.
Et c'est ainsi que l'auteur met en image et en scène l'intégrale des évènements liés à la Guerre de Troie, depuis le moment où Pâris n'était encore qu'un gardien de vaches près du mont Ida jusqu'à la chute de Troie. Et j'ai réalisé par cette lecture à quel point ce récit était dense et complexe !
Chaque tome fait de 120 à 200 pages bien remplies, longues à lire et pleines d'innombrables personnages et de nombreuses sous-intrigues. Moi qui lis rapidement, je n'ai pu lire qu'un seul album par soirée. Et ce n'est qu'au quatrième tome (Trahison, partie 2) que les Achéens commencent pour de bon à attaquer Troie.
Cette lecture m'a permis de redécouvrir des portions de légendes que finalement je mélangeais complètement. J'ignorais notamment que la flotte achéenne avait échoué sur un mauvais rivage lors de sa première tentative d'atteindre Troie et que ce n'est que durant la longue attente avant la seconde tentative qu'avait eu lieu le sacrifice d'Iphigénie. J'ai également pu redécouvrir pourquoi Agamemnon et Achille étaient maudits par certains dieux et déesses et comment Ulysse a fait preuve de ruse et de manigances du début à la fin du conflit.
Le dessin est de belle qualité, très académique. Décors et personnages sont très soignés et conformes aux réalités historiques. Je regrette juste que les visages des personnages soient souvent difficiles à différencier. C'est d'autant plus gênant qu'il y en a vraiment beaucoup et qu'il ne faut pas les confondre sous peine de ne plus rien comprendre à certains passages. Heureusement, ils sont nommés suffisamment souvent pour que le lecteur s'y retrouve.
Très bonne adaptation et compilation de légendes et d'une saga épique que beaucoup croient connaître sans en savoir véritablement le détail. Très très instructive, cette lecture n'a pour seul défaut que d'être très dense, très longue et de risquer de lasser son lecteur si celui-ci n'était pas suffisamment passionné par le sujet.
Anges est une bd géniale ! Que ca soit dit tout de suite !
Boiscommun et Dieter nous avaient étonné avec la sortie du 1er tome, ils confirment avec le 2eme tome. De plus, la fin annonce encore de belles choses dans l'avenir !
Tout est bien dans Anges, l'histoire est rondement bien menée, tres prenante, les personnages sont plutot attachants, l'humour est fin et plein d'allusions (surtout dans le 2e tome), ca j'adore :)
Quand au dessin de Boiscommun, c'est peut l'un des dessineux les plus talentueux à l'heure actuelle, un style inimitable, on reconnait tout de suite sa "patte". Je trouve qu'il assure vraiment sur Anges, tant au niveau des dessins que des couleurs (superbes !)
Bref, Anges, c'est beau, c'est mignon, j'ai lu ca avec le sourire tout le long !! J'en redemande des albums comme ca !
EDIT apres le tome 3 : j'ai été moins convaincu par ce tome 3, la fin m'a laissé un peu sur ma faim, mais ca reste une BD tres sympathique avec un dessin à tomber :)
Christopher Nightly fuit Liverpool pour une histoire de femme. Il trouve refuge à bord du Black Star qui prend le large vers le Nouveau Monde. À Boston, le capitaine vendra Nightly à titre d’indemnité pour les frais causés par le clandestin. Nightly, aux côtés d’un vendeur de peaux dans un premier temps, rejoindra ensuite les rangs d’une troupe de rangers.
Les dessins de Battaglia sont comme toujours splendides !!! Ses couleurs sont magnifiques !!! Et la réédition chez Mosquito a vraiment été soignée…
Le scénario est, quant à lui, facile, mais agréable et plutôt prenant. La tension est admirablement rendue lorsque le groupe de rangers est poursuivi par un contingent ennemi de Français et d’indiens. À mon sens, ‘L’homme de la Nouvelle-Angleterre’ est de bien meilleure qualité qu’un Fort Wheeling, par exemple.
Seul bémol : trop vite lu…
Red Road est la suite de Celui qui est né deux fois, la deuxième époque de l'énorme intégrale qui regroupe les 3 tomes de la première série et les 4 de la seconde. Parlons-en de l'intégrale : quelle idée de faire un tel pavé ! Ce n'est franchement pas pratique à lire et en plus les coins de la couverture ont tendance à mal supporter le voyage par la poste. Financièrement par contre, il ne faut pas une longue hésitation pour choisir entre ce format et trouver d'occasion les 7 tomes séparés, surtout quand on voit les prix pratiqués sur le marché de l'occasion notamment pour le dernier tome "Wakan". Voilà pour la partie finances et format.
L'histoire de "Red Road" est, comme l'ont déjà dit d'autres posteurs, moins passionnante que Celui qui est né deux fois mais pas tant que ça, je lui reproche principalement d'être trop moralisatrice et clichée dans la fin du quatrième tome.
J'ai beaucoup aimé les deux premiers volumes "American Buffalos" et "Business Rodeo", la rencontre avec les protagonistes dans la réserve et cette fuite éperdue du jeune Amos après la mort de sa grand-mère, son parcours, ses rencontres sont tout à fait dans la veine des récits d'indiens de Derib : très orienté nature et terre nourricière avec un doigt pointé vers l'envahisseur blanc qui a sauvagement détruit l'harmonie qui existait à l'époque entre les êtres humains, la terre et les esprits de la nature. Le tout est servi par un dessin de tout beauté, de véritables fresques par moments, avec encore et toujours cet inimitable talent pour représenter les chevaux, les animaux en général, les amérindiens, leur mode de vie et leurs traditions.
Le troisième tome "Bad Lands" m'a un peu moins plu, je n'ai pas eu l'impression qu'il servait à grand chose dans l'histoire d'Amos, il y a trop de violence et de modernité dedans. On pourrait dire qu'il est plus réaliste.
Le quatrième tome marque la fin du parcours initiatique du descendant de Celui qui est né deux fois. Il est un brin caricatural sur la fin mais je crois que je peux tout pardonner à Derib, rien que pour le plaisir visuel qu'il me donne à chaque page et toutes les choses qu'on apprend au fil de l'eau. Ici, c'est la période de la bataille de Little Big Horn qui est mise en avant : les Black Hills (j'ai découvert à cette occasion que le mont Rushmore était taillé dans ces fameuses Black Hills), le rôle de Crazy Horse et de Sitting Bull dans cette bataille qui fut une victoire des indiens, le massacre Wounded Knee (ça m'a d'ailleurs fait penser à Sky Hawk puisque c'est la même période qui y est évoquée). On y apprend également pourquoi et comment Buffalo Bill a hérité de ce surnom par exemple.
Quelques jours après ma lecture, il reste encore et toujours cette éternelle impression de plénitude face à la sagesse indienne toujours associée au sentiment d'injustice face aux dégâts provoqués par l'appât du gain.
Derib a un don pour créer des personnages attachants et charismatiques et donner une réelle importance aux seconds rôles, souvent tenus par de vieux indiens ridés porteurs de sagesse et de messages spirituels. Les deux jeunes femmes qui croisent la route d'Amos ont tout pour plaire, avec leur plastique irréprochable et leur force de caractère.
Je suis une fan absolue de l'auteur, je ne me lasse pas de son dessin et de ses histoires d'indiens. Ici encore je suis ravie de ma lecture, même si je préfère Celui qui est né deux fois ou encore Buddy Longway. 5/5 pour le dessin, 3,5/5 pour l'histoire.
Une note de 4/5 est généralement considérée comme déjà très bonne. Néanmoins, avec cette série qui réussit l'exploit de s'attirer une foule immense d'admirateurs louangés, il semble nécessaire d'argumenter la relative (voire honteuse !) faiblesse de ma note.
Est-ce donc le dessin qui me dérange ? Au contraire il flatte véritablement la rétine. Coloré, vif, fourmillant de détails, il instille véritablement une âme à cet univers de la Renaissance (mais pas seulement à celui-ci). Quel plaisir de voir évoluer les deux héros de cette saga, de voir Masbou donner vie aux nombreux personnages créés sous la plume d'Ayroles ! Quel plaisir de voir s'animer ces deux bêtes de Maupertuis et Villalobos ! Non décidément je n'ai rien à redire sur le dessin, à part peut-être un aspect parfois trop lisse, mais ce n'est là qu'un détail.
Peut-être sont-ce alors les dialogues, souvent remplis de vers ? Certainement pas ! Ils sont au contraire pur délice. Le génie d'Ayroles est d'alterner avec pertinence vers et prose, produire des vers de qualité, parfois hilarants, parfois émouvant, mais suscitant toujours l'admiration.
Seraient-ce alors les protagonistes qui dérangent, ce choix étrange de prendre comme héros deux animaux perdus dans une mer d'humain ? Non plus. Je dois même avouer ne pas m'imaginer l'histoire sans eux. Gentils hommes en général, on ne peut que s'attacher à ses animaux décidément hors-norme.
Il me reste à évoquer le dernier point, je veux bien entendu parler de l'histoire. Et malins comme vous êtes, vous devinez sans peine que pour moi le problème se situe ici. Sans m'ennuyer passablement à la lecture, j'avoue ne pas avoir été captivé par certains tomes. Bien que certains soient réellement excellents et mériteraient à eux-seuls la note maximale, d'autres n'ont pas su m'emporter autant dans cette aventure épique. Alors bien sûr il y a bien des références dont j'ai entendu parler dans d'autres avis. Malheureusement pour moi, celles-ci sont directement inspirées de littérature que je qualifierais d'ancienne (sans péjoration aucune) qui, comme nombre de mes camarades de classe, ne me passionnait pas ou n'était pas rendue intéressante. J’ai donc parcouru De Cape et de Crocs en identifiant que rarement quelques références (fou rire néanmoins à l'ouverture du troisième tome). Pour m'être documenté sur le sujet, j'ai vu qu'elle abondaient énormément, autant qu'Astérix il me semble, et que beaucoup étaient hors de ma portée. Je m'en veux un peu d'avoir négligé Molière ou Cyrano aujourd'hui.
Si je devais résumer cette série en quelques mots, j'emploierais les termes truculente, burlesque, poilante (à cause du loup, du renard et du lapin), déconcertante, épique, rimailleuse et bien d'autres mots que la flemme de rechercher m'empêche de vous écrire ici.
« Ultimates »… s’il ne fallait lire qu’un seul comics de super héros, peut être ne faudrait-il lire que celui-là ? Si la réponse à cette question est négative, il n’empêche qu’« Ultimates » est une excellente série. Grâce à elle, les lecteurs peuvent découvrir ou de redécouvrir les Vengeurs (la guêpe, Hulk, Iron Man, Giant Man, Captain America et Thor) avec un œil neuf, un œil moderne.
Pas de dessin vieillot, pas de couleurs vomitives, pas d’histoire de super héros façon 70’s… non ! Des super héros à la sauce moderne avec des profiles psychologiques qui nous parlent nettement plus à nous, humain de ce début d’année 2010.
Bruce Banner (alias Hulk) est un génie en mal de reconnaissance et frustré, Thor un altermondialiste aux pouvoirs divins, la guêpe une femme battue qui ne s’aime pas, Giant Man un pauvre loser qui bat sa femme, Captain America un super soldat sous stéroïdes ultra nationaliste, Iron Man un milliardaire alcoolique et coureur et j’en passe… La psychologie des personnages est sûrement le point fort de cette série tant elle est réaliste et moderne.
Le dessin est beau avec de nombreux détails et de belles planches attractives pour nos petits yeux. Il est mis en valeur par une colorisation informatique des plus réussies. Les couleurs sont vivent et clinquantes, tout comme l’image publique de nos héros, à l’opposé de leur vrai personnalité, bien plus humaine.
Le scénario est lui aussi une réussite. « Ultimates » propose une belle part à l’action et aux combats titanesques contre divers aliens et vilains mais pas seulement. On apprend également à connaître chaque personnage ce qui permet une meilleure immersion dans l’histoire et un plus grand réalisme (ça reste une histoire de super héros quand même). Comme mentionné plus haut, Millar a largement développé la psychologie de ses personnages et le monde qui les entoure. Il y a donc de l’action, certes, mais pas uniquement avec de long passage centré sur la vie de tous les jours des Vengeurs.
« Ultimates » est une très bonne série. Millar recycle parfaitement des héros parfois dépassés en leur donnant un visage nettement plus moderne et actuel. Le pari est rempli.
Le tapage médiatique et la tiédeur des critiques relatifs à ‘Animal’z’ ne présageait rien d’engageant. C’est pourquoi j’ai mis un certain temps avant de dépasser mes craintes et d’acquérir cet album. Mais je ne le regrette décidément pas !
Je m’étonne par ailleurs d’être le chroniqueur le plus favorable. En effet, si je suis un fan absolu de la patte graphique de l’auteur, je suis par contre beaucoup plus mitigé concernant le fond de la plupart de ses œuvres. À mon sens, les collaborations de Bilal et Christin, pour commencer, soit manquent cruellement d’action (Partie de chasse et Les phalanges de l’ordre noir), soit sont profondément inintéressantes (la série des trois récits fantastiques). Par ailleurs, la conclusion de la tétralogie Le sommeil du monstre m’a passablement laissé sur ma faim. ‘Animal’z’ ne vaut certes pas Nikopol, j’en conviens. Mais, avec ‘Animal’z’, Bilal a quand même le mérite de proposer un one-shot entraînant, cohérent, intéressant et abouti !
« LE COUP DE SANG est le nom du dérèglement climatique brutal et généralisé qui s’est abattu sur la Terre. La planète est totalement désorientée, dévastée, morcelée par des catastrophes naturelles hors normes. » Un groupe de compagnons de fortune est en quête du détroit D17, un des ‘eldorados’ où l’humanité se réorganiserait. Certains d’entre eux sont hybrides homme-animal et leurs sens sont dès lors sans commune mesure avec les normes humaines.
Des dessins comme toujours superbes ! La mise en couleur cependant ne me plait pas outre mesure. Tout est nuances de gris. Je préfère les couleurs bien tranchées, telles celles utilisées par l’auteur dans Le sommeil du monstre.
J’aime les bd du genre documentaire, c’est une de mes catégories préférées avec les séries historiques. « Pyongyang » est le témoignage de Guy Delisle sur son séjour dans la capitale de la Corée du Nord.
Au fait, comment Guy Delisle s’est retrouvé à Pyongyang ? Pour des raisons professionnelles, cet auteur travaille dans une boîte spécialisée dans le dessin animé qui lui a demandé de partir là-bas afin de superviser le travail des coréens. Cette société soustraite ses métrages plus particulièrement les séquences intermédiaires d’une animation en Corée du Nord où les ouvriers sont –disons- « économiquement rentables ». Cette nation, c’est aussi le pays le plus fermé du monde, ce n’est même pas la peine de penser une seule fois d’essayer d’y aller en touriste…
Bref, Guy Delisle est alors envoyé là-bas et il va y découvrir un pays complètement soumis au régime dictatorial communiste créé par Kim Jong. Et comment ce pouvoir dirige t-il ses concitoyens ? Par la peur de l’étranger en les manipulant par des informations mensongères sur les autres pays, par une propagande vantant sans cesse et partout (même dans les campagnes !) les mérites du régime, en encourageant l’hypocrisie (de loin, le sport national en Corée du Nord !) et la méfiance envers l’un et l’autre quitte à dénoncer son voisin pour des accusations fausses d’espionnage ou de pratiques non-conformes aux directives communistes…
Si vous vous êtes déjà renseignés sur la Corée du Nord, je pense ce que je viens de citer ci-dessus ne vous étonnera pas mais Guy Delisle les décrit d’une façon tellement simple et sans trop prendre de parti-pris qu’il est difficile d’arrêter de feuilleter son témoignage avant la fin du livre. Ce que j’ai aimé dans sa bd, c’est sa narration très fluide et le fait que malgré son isolement dans ce pays, il en a beaucoup de choses très intéressantes à raconter !
Pour le reste, il y a une chose qui m’est resté à travers la gorge en lisant cette bd, c’est de m’apercevoir que des sociétés n’ont aucuns scrupules à sous-traiter leurs travaux dans des pays totalement barjos pour bénéficier d’une main d’œuvre bon marché : vive la mondialisation ! Je sais qu’il y en a qui nous répondront que ça ne sert rien d’ignorer un pays et que par conséquent il faut y envoyer nos ressortissants pour essayer de les faire changer les mentalités. Sauf que je n’aime guère cette façon de procéder en s’enrichissant sur les malheurs des autres…
Revenons un peu sur cette bd, le style de Guy Delisle n’est pas vraiment ce que j’affectionne le plus mais il a le mérite d’être très lisible.
En conclusion, si vous aimez les reportages, les documentaires sur les pays étrangers, il est fort probable que vous apprécierez « Pyongyang » car Guy Delisle raconte son séjour d’une façon qui m’a semblé très enrichissante et distrayante. J’ai apprécié aussi que l’auteur ne fasse pas de leçon de moral et évite de se comporter comme un colon occidental qui a toujours raison : l’expérience montre que notre société est capable de basculer d’une démocratie à un système dictatorial qui n’a rien à envier avec celui de la Corée du Nord, ceux qui ont lu ou vu « La Vague » me comprendront aisément !...
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Tanka
N’ayons pas peur des mots : Sergio Toppi est incontestablement l’un des plus grands auteurs de bandes dessinées de sa génération ! ‘Tanka’ a une valeur particulière pour le grand fan de Toppi que je suis. Il s’agit en effet de l’album avec lequel j’ai eu le plaisir de découvrir l’auteur. Il regroupe quatre histoires courtes parues dans les revues ‘Corto Maltese’, ‘Alter Alter’ et ‘Il Giornalino’ dans les années 1970-1980. • TANKA : depuis la mise à sac de son palais et le massacre des siens, la princesse Shikibo demeure assise en silence dans un temple en ruine et garde les yeux clos. Un pauvre rônin, qui n’a pour toute richesse qu’un sabre rouillé et émoussé, promet à la belle dame de tout mettre en œuvre pour lui faire ouvrir à nouveau les yeux. • KIMURA : Masamune est le maître fabricant de sabres le plus réputé de sa province. Toutefois, le vieillard a une éthique et ne loue ses services qu’aux guerriers dont les motivations sont les plus louables. Aussi le vieillard se trouve-t-il face à un dilemme, lorsque le cruel prince Ashizu lui réclame un sabre et le menace de s’en prendre à son village natal en cas de refus. • SATO : Sato vit de menus travaux. Il habite une cabane à l’écart du village. Un jour, Okira, un jeune villageois, rend visite à Sato pour lui régler une dette de son père. Le garçonnet est intrigué par cet homme dont personne au village ne sait au juste d’où il provient. Une chose est sûre par contre : Sato semble précisément renseigné sur les faits d’armes de Yoritomo, le célèbre samouraï. • OGARI 1650 : un misérable rônin tiraillé par la faim en est réduit à quémander le secours d’une bande de villageois. Ces derniers s’engagent à le restaurer, à charge pour le rônin de leur céder son sabre et d’effectuer diverses tâches manuelles pour leur compte. Le dessin de Toppi est très particulier. Le découpage des cases, tout en verticalité, est unique en son genre et impose au lecteur une approche inhabituelle de chaque page. Son travail de hachure semble compulsif, mais demeure toujours maîtrisé. A mon sens, il s'agit de l'autorité absolue du noir et blanc ! Même si vous ne savez pas lire, vous êtes susceptibles d’apprécier l’œuvre de Toppi, vu la force de la claque visuelle ! Toppi a toujours été féru de Japon médiéval et invite le lecteur, par le biais de cet album, à partager sa passion. Ce qui importe à l’auteur, ce n’est pas tant de garantir le maximum de suspense ou d’inventer la chute que même le lecteur à l’imagination la plus débordante ne pourrait découvrir ; ce qui lui importe, c’est de transporter le lecteur, de le faire rêver ! Toppi est un conteur hors pair. Et, pour preuve, je renverrais ceux qui auraient toujours des doutes à ce sujet vers le cultissime Sharaz De.
Notes pour une histoire de guerre
Eh eh eh. Dessin médiocre ? Laid ? Il est simple et efficace. Tout y est, expressions, détails, ambiance, force, tout ce qui doit être présent l'est et de manière juste. Les lavis sont vraiment beaux. Que demander de plus. Une copie de la réalité ? C'est juste pas le but. Personnages antipathiques ? Eh ! Chacun d'eux aurait pu être votre frère, votre fils monsieur (madame). Vous les croyez vraiment très loin de vous ces individus méprisables ? Ce sont des gens un peu paumés qui suivent leurs chaussures comme on l'est tous un peu. Et s'il faut forcer le destin, c'est ce que fait Kalibre de la seule manière qu'un mec comme lui pense pouvoir le faire. Je me trompe peut-être mais pour moi la guerre dans cette histoire n'est qu'un prétexte. Il aurait pu faire le même genre d'histoire se déroulant dans cette France en paix pour certains mais pas pour tous. Mais bon là, il aurait vraiment heurté des sensibilités parce que, quand même, non, faut pas exagérer, t'es en bas de l'échelle, ben t'es en bas de l'échelle et si t'arrives pas à monter ben tu fermes ta bouche. Il n'y a que des Hommes là dedans. Je pensais qu'avec une bd comme ça, monsieur Gipi aurait fait comprendre que ces petits mecs, ça aurait pu être n'importe lequel d'entre nous, à si peu de différences au départ. Pas extraordinaire mais quand même bien sympa. Je fais vachement moralisateur là, mais bon ya des commentaires qui sont énervants.
L'Âge de Bronze
Il me semblait avoir une idée un peu vague mais relativement complète de la Guerre de Troie, mais j'ai réalisé à la lecture de cette série qu'il y avait d'innombrables choses que j'ignorais ou mélangeais dans cette saga dont je n'imaginais pas l'ampleur. Shanower a fait un très estimable travail de compilation et de remise en forme. En effet, comme il l'explique lui-même, la mythologie grecque est immensément dense et structurée mais aussi parfois incohérente. Les légendes se chevauchent souvent, portant sur des personnages quasiment tous liés les uns aux autres, ce qui apporte parfois quelques confusions ou visions alternatives de mêmes évènements. Shanower a donc réalisé un travail de remise en cohérence de tout l'ensemble, appliquant certains choix pour que tout se tienne. Il a également choisi de coller autant que possible à la réalité historique. Chaque peuple est représenté avec ses mœurs et vêtements d'époque, et les Troyens sont assimilés à un peuple d'origine hittite. Du coup, il contourne également la part de fantastique de la mythologie. Les dieux et leurs créatures sont bien présents dans l'esprit du récit mais sans jamais qu'on puisse différencier leur influence de celles de simples croyances, de coïncidences heureuses ou malheureuses, de rêves ou de mensonges d'humains bien véritables. Et c'est ainsi que l'auteur met en image et en scène l'intégrale des évènements liés à la Guerre de Troie, depuis le moment où Pâris n'était encore qu'un gardien de vaches près du mont Ida jusqu'à la chute de Troie. Et j'ai réalisé par cette lecture à quel point ce récit était dense et complexe ! Chaque tome fait de 120 à 200 pages bien remplies, longues à lire et pleines d'innombrables personnages et de nombreuses sous-intrigues. Moi qui lis rapidement, je n'ai pu lire qu'un seul album par soirée. Et ce n'est qu'au quatrième tome (Trahison, partie 2) que les Achéens commencent pour de bon à attaquer Troie. Cette lecture m'a permis de redécouvrir des portions de légendes que finalement je mélangeais complètement. J'ignorais notamment que la flotte achéenne avait échoué sur un mauvais rivage lors de sa première tentative d'atteindre Troie et que ce n'est que durant la longue attente avant la seconde tentative qu'avait eu lieu le sacrifice d'Iphigénie. J'ai également pu redécouvrir pourquoi Agamemnon et Achille étaient maudits par certains dieux et déesses et comment Ulysse a fait preuve de ruse et de manigances du début à la fin du conflit. Le dessin est de belle qualité, très académique. Décors et personnages sont très soignés et conformes aux réalités historiques. Je regrette juste que les visages des personnages soient souvent difficiles à différencier. C'est d'autant plus gênant qu'il y en a vraiment beaucoup et qu'il ne faut pas les confondre sous peine de ne plus rien comprendre à certains passages. Heureusement, ils sont nommés suffisamment souvent pour que le lecteur s'y retrouve. Très bonne adaptation et compilation de légendes et d'une saga épique que beaucoup croient connaître sans en savoir véritablement le détail. Très très instructive, cette lecture n'a pour seul défaut que d'être très dense, très longue et de risquer de lasser son lecteur si celui-ci n'était pas suffisamment passionné par le sujet.
Anges
Anges est une bd géniale ! Que ca soit dit tout de suite ! Boiscommun et Dieter nous avaient étonné avec la sortie du 1er tome, ils confirment avec le 2eme tome. De plus, la fin annonce encore de belles choses dans l'avenir ! Tout est bien dans Anges, l'histoire est rondement bien menée, tres prenante, les personnages sont plutot attachants, l'humour est fin et plein d'allusions (surtout dans le 2e tome), ca j'adore :) Quand au dessin de Boiscommun, c'est peut l'un des dessineux les plus talentueux à l'heure actuelle, un style inimitable, on reconnait tout de suite sa "patte". Je trouve qu'il assure vraiment sur Anges, tant au niveau des dessins que des couleurs (superbes !) Bref, Anges, c'est beau, c'est mignon, j'ai lu ca avec le sourire tout le long !! J'en redemande des albums comme ca ! EDIT apres le tome 3 : j'ai été moins convaincu par ce tome 3, la fin m'a laissé un peu sur ma faim, mais ca reste une BD tres sympathique avec un dessin à tomber :)
L'Homme de la Nouvelle-Angleterre
Christopher Nightly fuit Liverpool pour une histoire de femme. Il trouve refuge à bord du Black Star qui prend le large vers le Nouveau Monde. À Boston, le capitaine vendra Nightly à titre d’indemnité pour les frais causés par le clandestin. Nightly, aux côtés d’un vendeur de peaux dans un premier temps, rejoindra ensuite les rangs d’une troupe de rangers. Les dessins de Battaglia sont comme toujours splendides !!! Ses couleurs sont magnifiques !!! Et la réédition chez Mosquito a vraiment été soignée… Le scénario est, quant à lui, facile, mais agréable et plutôt prenant. La tension est admirablement rendue lorsque le groupe de rangers est poursuivi par un contingent ennemi de Français et d’indiens. À mon sens, ‘L’homme de la Nouvelle-Angleterre’ est de bien meilleure qualité qu’un Fort Wheeling, par exemple. Seul bémol : trop vite lu…
Red Road
Red Road est la suite de Celui qui est né deux fois, la deuxième époque de l'énorme intégrale qui regroupe les 3 tomes de la première série et les 4 de la seconde. Parlons-en de l'intégrale : quelle idée de faire un tel pavé ! Ce n'est franchement pas pratique à lire et en plus les coins de la couverture ont tendance à mal supporter le voyage par la poste. Financièrement par contre, il ne faut pas une longue hésitation pour choisir entre ce format et trouver d'occasion les 7 tomes séparés, surtout quand on voit les prix pratiqués sur le marché de l'occasion notamment pour le dernier tome "Wakan". Voilà pour la partie finances et format. L'histoire de "Red Road" est, comme l'ont déjà dit d'autres posteurs, moins passionnante que Celui qui est né deux fois mais pas tant que ça, je lui reproche principalement d'être trop moralisatrice et clichée dans la fin du quatrième tome. J'ai beaucoup aimé les deux premiers volumes "American Buffalos" et "Business Rodeo", la rencontre avec les protagonistes dans la réserve et cette fuite éperdue du jeune Amos après la mort de sa grand-mère, son parcours, ses rencontres sont tout à fait dans la veine des récits d'indiens de Derib : très orienté nature et terre nourricière avec un doigt pointé vers l'envahisseur blanc qui a sauvagement détruit l'harmonie qui existait à l'époque entre les êtres humains, la terre et les esprits de la nature. Le tout est servi par un dessin de tout beauté, de véritables fresques par moments, avec encore et toujours cet inimitable talent pour représenter les chevaux, les animaux en général, les amérindiens, leur mode de vie et leurs traditions. Le troisième tome "Bad Lands" m'a un peu moins plu, je n'ai pas eu l'impression qu'il servait à grand chose dans l'histoire d'Amos, il y a trop de violence et de modernité dedans. On pourrait dire qu'il est plus réaliste. Le quatrième tome marque la fin du parcours initiatique du descendant de Celui qui est né deux fois. Il est un brin caricatural sur la fin mais je crois que je peux tout pardonner à Derib, rien que pour le plaisir visuel qu'il me donne à chaque page et toutes les choses qu'on apprend au fil de l'eau. Ici, c'est la période de la bataille de Little Big Horn qui est mise en avant : les Black Hills (j'ai découvert à cette occasion que le mont Rushmore était taillé dans ces fameuses Black Hills), le rôle de Crazy Horse et de Sitting Bull dans cette bataille qui fut une victoire des indiens, le massacre Wounded Knee (ça m'a d'ailleurs fait penser à Sky Hawk puisque c'est la même période qui y est évoquée). On y apprend également pourquoi et comment Buffalo Bill a hérité de ce surnom par exemple. Quelques jours après ma lecture, il reste encore et toujours cette éternelle impression de plénitude face à la sagesse indienne toujours associée au sentiment d'injustice face aux dégâts provoqués par l'appât du gain. Derib a un don pour créer des personnages attachants et charismatiques et donner une réelle importance aux seconds rôles, souvent tenus par de vieux indiens ridés porteurs de sagesse et de messages spirituels. Les deux jeunes femmes qui croisent la route d'Amos ont tout pour plaire, avec leur plastique irréprochable et leur force de caractère. Je suis une fan absolue de l'auteur, je ne me lasse pas de son dessin et de ses histoires d'indiens. Ici encore je suis ravie de ma lecture, même si je préfère Celui qui est né deux fois ou encore Buddy Longway. 5/5 pour le dessin, 3,5/5 pour l'histoire.
De Cape et de Crocs
Une note de 4/5 est généralement considérée comme déjà très bonne. Néanmoins, avec cette série qui réussit l'exploit de s'attirer une foule immense d'admirateurs louangés, il semble nécessaire d'argumenter la relative (voire honteuse !) faiblesse de ma note. Est-ce donc le dessin qui me dérange ? Au contraire il flatte véritablement la rétine. Coloré, vif, fourmillant de détails, il instille véritablement une âme à cet univers de la Renaissance (mais pas seulement à celui-ci). Quel plaisir de voir évoluer les deux héros de cette saga, de voir Masbou donner vie aux nombreux personnages créés sous la plume d'Ayroles ! Quel plaisir de voir s'animer ces deux bêtes de Maupertuis et Villalobos ! Non décidément je n'ai rien à redire sur le dessin, à part peut-être un aspect parfois trop lisse, mais ce n'est là qu'un détail. Peut-être sont-ce alors les dialogues, souvent remplis de vers ? Certainement pas ! Ils sont au contraire pur délice. Le génie d'Ayroles est d'alterner avec pertinence vers et prose, produire des vers de qualité, parfois hilarants, parfois émouvant, mais suscitant toujours l'admiration. Seraient-ce alors les protagonistes qui dérangent, ce choix étrange de prendre comme héros deux animaux perdus dans une mer d'humain ? Non plus. Je dois même avouer ne pas m'imaginer l'histoire sans eux. Gentils hommes en général, on ne peut que s'attacher à ses animaux décidément hors-norme. Il me reste à évoquer le dernier point, je veux bien entendu parler de l'histoire. Et malins comme vous êtes, vous devinez sans peine que pour moi le problème se situe ici. Sans m'ennuyer passablement à la lecture, j'avoue ne pas avoir été captivé par certains tomes. Bien que certains soient réellement excellents et mériteraient à eux-seuls la note maximale, d'autres n'ont pas su m'emporter autant dans cette aventure épique. Alors bien sûr il y a bien des références dont j'ai entendu parler dans d'autres avis. Malheureusement pour moi, celles-ci sont directement inspirées de littérature que je qualifierais d'ancienne (sans péjoration aucune) qui, comme nombre de mes camarades de classe, ne me passionnait pas ou n'était pas rendue intéressante. J’ai donc parcouru De Cape et de Crocs en identifiant que rarement quelques références (fou rire néanmoins à l'ouverture du troisième tome). Pour m'être documenté sur le sujet, j'ai vu qu'elle abondaient énormément, autant qu'Astérix il me semble, et que beaucoup étaient hors de ma portée. Je m'en veux un peu d'avoir négligé Molière ou Cyrano aujourd'hui. Si je devais résumer cette série en quelques mots, j'emploierais les termes truculente, burlesque, poilante (à cause du loup, du renard et du lapin), déconcertante, épique, rimailleuse et bien d'autres mots que la flemme de rechercher m'empêche de vous écrire ici.
Ultimates
« Ultimates »… s’il ne fallait lire qu’un seul comics de super héros, peut être ne faudrait-il lire que celui-là ? Si la réponse à cette question est négative, il n’empêche qu’« Ultimates » est une excellente série. Grâce à elle, les lecteurs peuvent découvrir ou de redécouvrir les Vengeurs (la guêpe, Hulk, Iron Man, Giant Man, Captain America et Thor) avec un œil neuf, un œil moderne. Pas de dessin vieillot, pas de couleurs vomitives, pas d’histoire de super héros façon 70’s… non ! Des super héros à la sauce moderne avec des profiles psychologiques qui nous parlent nettement plus à nous, humain de ce début d’année 2010. Bruce Banner (alias Hulk) est un génie en mal de reconnaissance et frustré, Thor un altermondialiste aux pouvoirs divins, la guêpe une femme battue qui ne s’aime pas, Giant Man un pauvre loser qui bat sa femme, Captain America un super soldat sous stéroïdes ultra nationaliste, Iron Man un milliardaire alcoolique et coureur et j’en passe… La psychologie des personnages est sûrement le point fort de cette série tant elle est réaliste et moderne. Le dessin est beau avec de nombreux détails et de belles planches attractives pour nos petits yeux. Il est mis en valeur par une colorisation informatique des plus réussies. Les couleurs sont vivent et clinquantes, tout comme l’image publique de nos héros, à l’opposé de leur vrai personnalité, bien plus humaine. Le scénario est lui aussi une réussite. « Ultimates » propose une belle part à l’action et aux combats titanesques contre divers aliens et vilains mais pas seulement. On apprend également à connaître chaque personnage ce qui permet une meilleure immersion dans l’histoire et un plus grand réalisme (ça reste une histoire de super héros quand même). Comme mentionné plus haut, Millar a largement développé la psychologie de ses personnages et le monde qui les entoure. Il y a donc de l’action, certes, mais pas uniquement avec de long passage centré sur la vie de tous les jours des Vengeurs. « Ultimates » est une très bonne série. Millar recycle parfaitement des héros parfois dépassés en leur donnant un visage nettement plus moderne et actuel. Le pari est rempli.
Animal'z (Coup de sang)
Le tapage médiatique et la tiédeur des critiques relatifs à ‘Animal’z’ ne présageait rien d’engageant. C’est pourquoi j’ai mis un certain temps avant de dépasser mes craintes et d’acquérir cet album. Mais je ne le regrette décidément pas ! Je m’étonne par ailleurs d’être le chroniqueur le plus favorable. En effet, si je suis un fan absolu de la patte graphique de l’auteur, je suis par contre beaucoup plus mitigé concernant le fond de la plupart de ses œuvres. À mon sens, les collaborations de Bilal et Christin, pour commencer, soit manquent cruellement d’action (Partie de chasse et Les phalanges de l’ordre noir), soit sont profondément inintéressantes (la série des trois récits fantastiques). Par ailleurs, la conclusion de la tétralogie Le sommeil du monstre m’a passablement laissé sur ma faim. ‘Animal’z’ ne vaut certes pas Nikopol, j’en conviens. Mais, avec ‘Animal’z’, Bilal a quand même le mérite de proposer un one-shot entraînant, cohérent, intéressant et abouti ! « LE COUP DE SANG est le nom du dérèglement climatique brutal et généralisé qui s’est abattu sur la Terre. La planète est totalement désorientée, dévastée, morcelée par des catastrophes naturelles hors normes. » Un groupe de compagnons de fortune est en quête du détroit D17, un des ‘eldorados’ où l’humanité se réorganiserait. Certains d’entre eux sont hybrides homme-animal et leurs sens sont dès lors sans commune mesure avec les normes humaines. Des dessins comme toujours superbes ! La mise en couleur cependant ne me plait pas outre mesure. Tout est nuances de gris. Je préfère les couleurs bien tranchées, telles celles utilisées par l’auteur dans Le sommeil du monstre.
Pyongyang
J’aime les bd du genre documentaire, c’est une de mes catégories préférées avec les séries historiques. « Pyongyang » est le témoignage de Guy Delisle sur son séjour dans la capitale de la Corée du Nord. Au fait, comment Guy Delisle s’est retrouvé à Pyongyang ? Pour des raisons professionnelles, cet auteur travaille dans une boîte spécialisée dans le dessin animé qui lui a demandé de partir là-bas afin de superviser le travail des coréens. Cette société soustraite ses métrages plus particulièrement les séquences intermédiaires d’une animation en Corée du Nord où les ouvriers sont –disons- « économiquement rentables ». Cette nation, c’est aussi le pays le plus fermé du monde, ce n’est même pas la peine de penser une seule fois d’essayer d’y aller en touriste… Bref, Guy Delisle est alors envoyé là-bas et il va y découvrir un pays complètement soumis au régime dictatorial communiste créé par Kim Jong. Et comment ce pouvoir dirige t-il ses concitoyens ? Par la peur de l’étranger en les manipulant par des informations mensongères sur les autres pays, par une propagande vantant sans cesse et partout (même dans les campagnes !) les mérites du régime, en encourageant l’hypocrisie (de loin, le sport national en Corée du Nord !) et la méfiance envers l’un et l’autre quitte à dénoncer son voisin pour des accusations fausses d’espionnage ou de pratiques non-conformes aux directives communistes… Si vous vous êtes déjà renseignés sur la Corée du Nord, je pense ce que je viens de citer ci-dessus ne vous étonnera pas mais Guy Delisle les décrit d’une façon tellement simple et sans trop prendre de parti-pris qu’il est difficile d’arrêter de feuilleter son témoignage avant la fin du livre. Ce que j’ai aimé dans sa bd, c’est sa narration très fluide et le fait que malgré son isolement dans ce pays, il en a beaucoup de choses très intéressantes à raconter ! Pour le reste, il y a une chose qui m’est resté à travers la gorge en lisant cette bd, c’est de m’apercevoir que des sociétés n’ont aucuns scrupules à sous-traiter leurs travaux dans des pays totalement barjos pour bénéficier d’une main d’œuvre bon marché : vive la mondialisation ! Je sais qu’il y en a qui nous répondront que ça ne sert rien d’ignorer un pays et que par conséquent il faut y envoyer nos ressortissants pour essayer de les faire changer les mentalités. Sauf que je n’aime guère cette façon de procéder en s’enrichissant sur les malheurs des autres… Revenons un peu sur cette bd, le style de Guy Delisle n’est pas vraiment ce que j’affectionne le plus mais il a le mérite d’être très lisible. En conclusion, si vous aimez les reportages, les documentaires sur les pays étrangers, il est fort probable que vous apprécierez « Pyongyang » car Guy Delisle raconte son séjour d’une façon qui m’a semblé très enrichissante et distrayante. J’ai apprécié aussi que l’auteur ne fasse pas de leçon de moral et évite de se comporter comme un colon occidental qui a toujours raison : l’expérience montre que notre société est capable de basculer d’une démocratie à un système dictatorial qui n’a rien à envier avec celui de la Corée du Nord, ceux qui ont lu ou vu « La Vague » me comprendront aisément !...