Ce n'est pas la cage aux folles mais la cage aux cons, bien que cette histoire ne manque pas de folie. Ni de cons d'ailleurs... qui sont mis en scène dans un huis clos banlieusard tenant le lecteur en haleine.
Le braqueur à la petite semaine se retrouve otage d'un bourgeois fantasque, vedette du petit écran. Dialogues bien troussés servis par un dessin noir et blanc à l'avenant nous plongeant dans un film de truands des années 60. Une belle surprise.
Etant fan de X-Files depuis les premières heures de sa diffusion en France, il y a plus de 25 ans, j'ai mis le temps à assembler les adaptations graphiques.
Je m'attaque donc à ces récits indépendants, fortement inspirés des épisodes de la série TV, d'autant plus que les récits du tome 1 sont écrits par Frank Spotnitz, l'un des scénaristes de la grande époque. On n'est pas dépaysés, avec ces histoires de narcotiques, de monstres souterrains, de doubles et de démons, c'est tout à fait dans la lignée de l'oeuvre originale. Mais rien d'original, du coup.
Graphiquement le travail de Brian Denham n'est pas exceptionnel, il est même inconstant, en fait. Certaines ambiances sont réussies, d'autres moins, d'autant plus que ses personnages ont parfois des attitudes un peu gauches, maladroites. Les défauts sont cachés dans le deuxième tome, où il met plus d'ambiances sombres, de gros plans, n'impliquant pas de vues des personnages en pied.
Sympathique, sans plus. A garder pour les fans.
Pour fêter l'anniversaire de l'avis de Noirdésir ci-dessous, j'aurais pu le copier coller car nos ressentis sont visiblement les mêmes. Une bd qui ne souffre pas de défauts et qui se lit sans déplaisir mais qui ne contient aucun élément marquant pour espérer en garder un souvenir dans le temps...
Coté dessin, si il est plutôt agréable avec son coté bon enfant (peut-être un peu jeunesse ?), il m'a paru en décalage avec l'histoire qui elle va aborder des éléments (rivalité, adultère) plus sérieux que ce qu'on pourrait penser au premier coup d'oeil. J'ai eu du mal à appréhender ce décalage.
Coté scénario, comme déjà dit, rien de transcendant, rien de palpitant. La relation "amicale" entre ce couple de français et ce poète russe est un peu quelconque à suivre. Les péripéties, comme la rencontre d'une belle danseuse égyptienne, ne sont pas de celles qui tiennent le lecteur en haleine et n'offrent pas vraiment d'occasion de s'enthousiasmer.
Ensemble correct, vu que je n'attendais rien de spécial, mais il manque vraiment quelque chose de marquant dans cette BD pour emporter l'adhésion.
2,5/5.
Mon appréciation a connu de grosses variations au cours de cette série. Pour une fois, ma critique sera essentiellement constituée de spoilers, donc voici un résumé de mon avis pour ceux qui ne voudraient pas voir l’intrigue divulguée. Après un premier tome qui transpire un peu trop le récit pour adolescents mais qui reste agréable, les tomes 2 à 4 installent une ambiance très intéressante et le récit est captivant. Hélas, dans les trois derniers tomes, les idées sont moins intéressantes et la narration plus confuse. Je recommande donc l’achat jusqu’au tome 4, où le lecteur pourra trouver une fin satisfaisante, mais je ne recommande pas les trois derniers.
La série est organisée en chapitres et je dirais que ceux-ci forment des arcs, qui ne correspondent pas toujours au découpage en tomes. Attention, début des spoilers...
Chap. I-V (T. 1) : Les débuts
Le synopsis de cet arc est classique : nos trois héros, Xiong Mao, Chance et Ombre, arrivent à leur université de super-héros et ils forment un groupe de TP qui semble de prime abord être celui des losers, mais qui évidemment se révélera plus héroïque que tout autre. Ils subissent une première épreuve qui ne se déroule pas tout à fait comme prévu, puisqu’au lieu d’un monstre de classe « B », c’est un monstre de classe A qui a été libéré. Ensuite, il y a une deuxième épreuve aux bains publics, où chacun doit récupérer un maximum de paréos de ses adversaires par tous les moyens (eh oui). Par ailleurs, quelques relations se mettent en place, que ce soit avec l’apparition de Fei Long qui révèle quelques éléments du passé de Xiong Mao, ou la rivalité entre celle-ci et Amanite, qui lui vaudra d’ailleurs d’être virée de l’internat.
Au niveau de l’ambiance, on reste dans un récit très adolescent, avec notamment une obsession sexuelle passée sous la forme de l’humour qui m’a laissé un brin perplexe. Les allusions à d’autres œuvres sont nombreuses, mais parfois un peu trop appuyées : par exemple, un personnage qui s’appelle Fei Long (Street Fighter) et qui utilise la Fureur du Dragon (Saint Seiyia), c’est un peu too much… Ceci dit, c’est assez rondement mené, donc la lecture n’est pas désagréable.
Chap. VI-XI (T. 2-3) : Devenez les maîtres du monde
Malgré une scène d’ouverture où l’humour nichon/foufoune/poils refait son apparition, la suite de cet arc est beaucoup plus intéressante. Le directeur de l’école demande aux étudiants de faire un projet d’études où ils doivent se mettre dans la peau de super-vilains. Il y a beaucoup de moments intéressants : le déménagement des héroïnes dans la taverne d’Ombre, le début des rencontres oniriques entre celui-ci et l’Ours, la salle des archives avec ses montagnes de bouquins, le personnage d’Halifax, armure sans chevalier qui souhaite à tout prix trouver un cœur. L’idée des bonhommes en pain d’épice est encore une référence à des œuvres préexistantes, mais je l’ai trouvée très bien exploitée et dégageant une chouette ambiance. Sous des dehors légers, la série devient aussi un peu plus politique par moments. Par ailleurs, les allusions amusantes se multiplient, y compris à des trucs a priori improbables. Par exemple, je soupçonne que la question « Combien y a-t-il de boulangeries dans une commune de plus de cent mille habitants ? » soit une allusion à un célèbre exercice que le physicien Enrico Fermi posait à ses étudiants, « Combien y a-t-il d’accordeurs de piano à Chicago ? ». Enfin, la révélation finale est très bien vue. Tout cela se termine par une bonne baston avec les élèves de Saint-Ange, l’école rivale. J’ai beaucoup aimé les costumes grotesques des héros (chap. XI planche 20), en particulier celui de Fei Long, une armure ridiculement déshabillée qui parodie celles qu’ont souvent les personnages féminins dans l’heroic fantasy.
Chap. XII-XVI (T. 3-4) : Le Duel
À la suite des événements de l’arc précédent, l’école Saint-Ange provoque un duel avec la FEAH, celle de nos héros. Les champions des deux écoles seront respectivement Ange et Chance. On suit tout d’abord deux histoires en parallèle : l’entraînement de Chance, qui contient notamment la scène du tango avec Funérailles, et la descente aux Enfers de Xiong Mao et Ombre pour forger l’épée qui permettra à Chance de remporter la victoire. Enfin, on en vient au duel proprement dit.
Il s’agit pour moi de l’apogée de cette série. L’ambiance est très intéressante, notamment dans le passage aux Enfers. L’humour reste présent mais il y a à la fois un souffle épique et un côté onirique qui me séduisent parfaitement. Tout ceci se termine par l’épilogue de la saison 1, intitulé « Pas de vacances pour les héros », où on a un aperçu des parcours futurs de chacun. La série pourrait tout à fait s’arrêter là, même s’il reste des pistes scénaristiques ouvertes. Cependant, comme cet arc se termine au milieu du tome 4, on sera de toute façon amené à lire l’arc suivant.
Chap. XVII-XIX (T. 4) : L’enlèvement du Directeur
Cet arc est un peu plus brouillon, même s’il contient un passage que j’ai beaucoup aimé, la tirade de Funérailles (p. 84-85). Il s’agit essentiellement d’une course-poursuite, mais ça se laisse bien lire. Comme la fin de cet arc coïncide avec celle d’un tome, c’est sans doute le meilleur moment pour arrêter cette série.
Chap. XX-XXIII (T. 5) : Nanorigines, ou : la gueule de bois
Le coup des héros qui ont perdu la mémoire et qui découvrent peu à peu ce qui s’est passé est un ressort scénaristique classique, qui peut très bien fonctionner, dans des genres très différents allant du film "Very bad trip" à la série XIII (excellente jusqu’au tome "XIII contre I"). Malheureusement, ici, il n’est pas très bien exploité, car au final, ils apprennent presque tout d’un seul coup à la fin, ce qui fait qu’au lieu d’avoir un récit direct des événements, on a tout simplement un récit indirect qui est un peu rébarbatif. Je regrette aussi que l’accent soit de plus en plus porté sur le personnage de Chance et moins sur celui de Xiong Mao, que je trouvais plus intéressant.
Chap. XXIV-XXVIII (T. 6) : Clémentine, ou : la descente aux Enfers
Il y a deux arcs en parallèle : la descente aux Enfers et la lutte d’Ombre et Xiong Mao dans la forêt. Accessoirement, il y a aussi Lynette dans son QG, mais essentiellement, on s’en fiche. L’arc de la forêt est un peu anecdotique. Celui aux Enfers aurait pu être intéressant, mais il pèche par une narration un peu molle et linéaire. Un tel sujet aurait mérité un traitement plus mystique ou philosophique à la Jodorowsy (malgré tous les travers qu’on peut lui reprocher, mais qui font aussi la force de ses récits). Par ailleurs, sans vouloir chipoter, dans l’Enfer de Dante, il y a neuf cercles et non sept… Cette inexactitude est un peu bizarre, à une époque où Wikipedia permet de vérifier ça en trente secondes.
Chap. XXIX-XXX (T. 7) : A-move & Z-movie, ou : les Obliterators
Ce dernier tome est assez confus et franchement dispensable. Dommage, donc, que cette série s’essouffle sur les trois derniers tomes, car le milieu de la série était vraiment excellent.
L'énigmatique Mr Barelli
En ces temps de désert éditorial, je me suis plongé dans ma bibliothèque et je suis tombé sur cet ouvrage, que je n'avais pas encore lu!
Bob de Moor nous conte ici dans un style pur franco-belge, une aventure assez improbable de Barelli, acteur et détective amateur, héros qui n'est pas pour nous rappeler un certain Tintin (mais en beaucoup moins bien) . On sent le poids de l'empreinte d'Hergé dans les planches (normal, Bob de Moor faisait partie des studios Hergé en 1956).
Si le dessin a bien résisté au temps, il n'en est pas de même du scénario qui alterne poursuites et runnng gags assez lourds (les chutes, glissades et autres) viennent alourdir la lecture. Il faut noter que Bob de Moor , pour l'édition de 1981, avait rajouter aux récit de 32 pages publié dans le journal "tintin" n°30 du 27 septembre1950 au n° 9 du 28 février 1951 (édition belge), 14 planches parues dans le numéro 40 du 6 octobre 1981.
Cette bande dessinée est restée figée dans l'époque des Alix, Lefranc et autres héros.
A réserver aux nostalgiques du journal Tintin des années 50.
Barelli et les agents secrets
Avec cette deuxième aventure publiée initialement dans le journal "Tintin" n°1 du 7 janvier 1964 au n°15 du 28 juillet 1964 (édition belge), le style de Bob de Moor évoluait aussi bien sur le plan graphique que scénaristique.
On s'éloigne ici de l'école d'Hergé pour un style un peu moins ligne claire, avec des décors fouillés et des personnages moins caricaturaux que sur le précédent album "L'énigmatique Mr Barelli".
Le scénario est beaucoup plus fluide, et ne souffre pas de situations cocasses simplistes comme dans le premier volume. Le fait d'avoir une aventure sur 30 planches permet de ne pas utiliser d'artifices, comme précédemment, pour rallonger la sauce sur 48 pages. En outre, l'incipit est assez originale pour l'époque avec ce flash-back.
Un album qui se lit avec plaisir.
A la recherche de nouvelles bandes dessinées à lire, je suis tombé sur votre site relativement élogieux avec les œuvres d'Alan Moore, puis sur Sandman dont j'ignorais l'existence. Comment cette BD qui m'était inconnu, pouvait-elle rivaliser avec celle de mon auteur préféré ?
Après avoir été interloqué par la couverture (mais quel genre de dessins vais-je rencontrer ?) j'ai lu vos avis assez divergents, mais très bien écrits et jamais indifférents.
Pour me forger le mien, j'ai lu les autres critiques des lecteurs les plus convaincus par Sandman et beaucoup de leurs coups de cœur rejoignaient les miens. Ma décision était prise, j'allais tenter l'aventure avec le premier intégral.
Et je ne fus pas déçu. Quelle superbe entrée en matière avec l'invocation et l'emprisonnement de Sandman. Puis les surprises se cumulaient dans les volumes suivants, avec la découverte de cet univers de rêves et de cauchemars intégré à (ou pour l'instant seulement proche de) celui des supers héros. Car j'ai encore du mal à assimiler Sandman à un "Comic book" tant il est éloigné des codes du genre.
Puis viennent deux épisodes décisifs, qui m'ont convaincu d'acheter le pavé suivant (car le premier intégral est lourd et encombrant, convenons-en) : celui de la cafétéria, dégoulinant d'une horreur qui progresse lentement vers les sommets, et celui du rendez-vous de la taverne, plus espiègle.
Je ne mets que la note de 4 en attendant de me forger un avis plus complet avec les suites qui s'annonce tout de même, prometteuses.
Post-Scriptum : j'ai trouvé que les bonus ont été une cruelle déception. Alors que j'espérais qu'il me restait encore plus d'une centaine de pages à lire du tome 2, l'histoire se finit brutalement et je tombais sur une entrevue peu intéressante de l'auteur, ainsi que des éloges sur ce qui est le point faible de cette œuvre : le dessin.
Oh la belle bd que voilà. Déjà un monde apocalyptique à Fontainebleau.....plutôt qu'aux États-Unis, c'est bien. Ensuite, si ces mondes post catastrophe sont courants, on a ici une approche quelque peu novatrice avec 3 zones bien différentes qui ont évolué différemment, y compris sur le plan politique.
C'est au moment où l'une de ces sociétés va chercher à coloniser une autre que va se profiler cet affrontement, non pas militaire, mais à la balle au prisonnier. Quand Hunger Games rencontre Dodge Ball.
Le dessin est superbe. Il est fouillé, détaillé. Il apporte un dynamisme dingue dans ces parties endiablées et fait ressortir, notamment à Pan, les stigmates de cette rupture.
J'ai vraiment pris du plaisir à cette lecture.
Mais, parce qu'il y a toujours un mais, j'ai trouvé trop évasif le traitement des dispositifs politiques, trop peu travaillé l'éclatement de la famille de Wallis, pas assez utilisée la catastrophe. Bref après une mise en bouche très forte, on va aller rapidement, très rapidement, trop rapidement, aller sur ces parties sportives au détriment de ces éléments qui auraient amené la bd à 5 étoiles. Malgré tout, je conseille la lecture.
J'ai pris un certain plaisir à ma lecture de ce Madame Claude au masculin.
Graphiquement, c'est très joli, chaud. Les personnages sont croqués avec beaucoup de tendresse. Tous les rôles, même secondaires, sont servis. Que ce soit Souza ou l'épicier, la prostituée gironde sont bien vivants, bien travaillés, comme Brigitte et Solange. Jules est lui un bon gros ours bien dessiné. Reste aussi de belles cases sur toits de Paris la nuit.
L'atmosphère de ces 80/90's nous ramène à la croisée de deux époques qui se télescopent. Jules est de l'époque Lino ou Bebel, celle des rues pavées, de l'épicier qui fait le compte, d'une prostitution à la papa, d'un proxénétisme humain, même si l'on pourrait y revenir par moins bel oeil. Arrivent les réseaux étrangers, qu'ils soient africain (traité ici), Balkan ou slave. Une déshumanisation et un nouvel esclavage, un trafic au même titre que les stupéfiants.
Nous allons être ici confronté à ce télescopage puisque Jules et ses prostituées vont recueillir une jeune prostituée et junkie sénégalaise. Celle-ci va redonner un sens à Jules, perdu depuis le décès d'Anne, sa femme (mais aussi poule), emportée par le cancer.
J'ai bien aimé découvrir le petit monde clos de Jules et des filles. Des difficultés relationnelles mais liées à une forme d'amour entre personnes blessées. L'amour transi de l'épicier, la jalousie de Souza, l'amour secret de Brigitte, la bonhomie de Solange, la tristesse inconsolable de Jules. Et cette nouvelle venue qui a tout perdu en croyant venir pour être coiffeuse et faire vivre sa famille au pays.
Je n'attendais pas cette fin, violente, tant elle tranche avec le reste du récit (d'ailleurs graphiquement et narrativement différente). Pour autant, elle s'inscrit dans cette lignée Ventura Delon Bebel, avec ce sacrifice final. Je rejoins les précédents a viseurs quant à l'utilisation de femmes nues pour cette fin, qui semble à l'encontre du propos.
Malgré tout une lecture sympathique.
Je ne suis ni lecteur ni amateur de comics de super héros, et je n’ai donc forcément pas perçu tout ce que Moore a pu apporter de renouveau dans le traitement de cet univers – même si je devine certains angles d’attaque nouveaux, et que je perçois une vision plus adulte, mature et désabusée que ce qui pouvait se faire avant. C’est le fait de voir cette série placée au firmament par tant de lecteurs qui m’a poussé à la lire, « pour voir », alors même que Moore est un auteur avec lequel j’ai généralement du mal à m’accorder.
Au final, je ressors avec un avis mitigé de cette lecture, et je suis moins enthousiaste que la majorité, c’est clair. Mais je suis aussi moins déçu que je ne le craignais en l’abordant. Cette impression mitigée est valable pour le dessin et le scénario.
Le dessin de Gibbons est dynamique, et il multiplie les plongées, contre-plongées, créant un ensemble très cinématographique. Par contre, les personnages sont trop « symétriques » (corps et visages), trop bodybuildés (toutes sortes de choses qui me gênent dans les comics de super héros). Et il les représente trop « allongés », élancés, ce qui crée une impression étrange, et démultiplie les surfaces des décors. Enfin, la colorisation d’Higgins, très tranchée, est aussi très datée (elle ferait presque plus que son âge, penchant vers ce qui pouvait se faire à la fin des années 1970).
Quant au scénario de Moore, il faut bien lui reconnaitre certaines qualités. Un gros travail de construction, c’est assez alambiqué (au point que j’ai eu du mal à entrer dans l’intrigue). Intrigue qui mêle plusieurs genres : du polar/thriller assez classique, de la SF, et un peu d’uchronie.
Intrigue qui est traversée par une réflexion sur la notion de puissance (qu’elle soit personnelle avec ces super héros justiciers ou étatique avec son ancrage dans les bras de fer de la Guerre froide). Mais aussi de son utilisation disproportionnée, hors de contrôle : anticommunisme qui en viendrait presque à tout justifier, justiciers fascistes que ne renierait pas ce bon vieux Clint, etc. Cet aspect est intéressant.
Le côté ex-vedette sur le retour sortant de leur retraite, la démythification des « masqués » (voir le personnage ambigu et torturé de Rorschach) sont eux-aussi intéressants, mais davantage pour ceux qui, contrairement à moi, sont des habitués de cet univers.
Mais voilà, j’ai trouvé qu’il y avait pas mal de longueurs dans l’histoire, des passages où je me suis ennuyé, et parfois une narration terne (certains passages faisant « anciens combattants » se racontant leur passé). La longue lecture par un personnage secondaire en parallèle de certains passages, d’un extrait de roman de flibusterie m’a paru à la fois inutile et alourdissant et gênant la lecture.
Enfin, je ne peux m’empêcher de trouver un peu vaine la construction de l’intrigue, Moore ne faisant finalement que raconter plus ou moins habilement, avec son mélange des genres et la multiplication des flash-backs, qu’une histoire pas si originale que ça dans le fond.
55 ans après sa parution originale, le roman culte de Frank Herbert se voit enfin adapté en BD, ou plutôt en comics (et sort en France sans fanfares, chez un éditeur peu connu). Pourquoi une telle attente ? Les amateurs de « Dune » affirment haut et fort que le roman est trop riche pour être retranscrit en BD ou en film. Alors, que vaut cette adaptation ?
Le texte de l’éditeur déclarant que les auteurs ont « conservé l'intégrité du roman original » m’a tout d’abord alarmé – Do androids dream of electric sheep? avait suivi ce procédé douteux avec un résultat plutôt moyen. Mais il s’avère que le travail d’adaptation est bien plus subtil et réfléchi : les auteurs ont effectivement suivi le « script » du roman, et intégré toutes les scènes de l’histoire, dans le même ordre… les dialogues ont aussi été conservés autant que possible. Les (grosses) coupures se sont donc faites sur la narration en « voix off », (presque) complètement absente dans la BD, à part quelques exceptions (voir les phylactères rectangulaires et colorés sur les planches) … et c’est là que le bât blesse : ces textes étaient d’une richesse incroyable, et exprimaient toute la complexité du monde de Dune, la personnalité des personnages, les jeux diplomatiques et les tensions émotionnelles … tout ceci manque terriblement au récit. C’était un mal nécessaire, je le conçois tout à fait, et je pense honnêtement que les auteurs n’auraient pas pu faire autrement…
Adapter un histoire science-fiction en BD, c’est aussi une opportunité de donner vie à un monde imaginaire, de représenter graphiquement des paysages majestueux, des architectures et créatures étranges… et avec une planète aussi mystérieuse qu’Arrakis, il y avait de quoi faire. Et là encore, je ne suis pas totalement convaincu. La mise en image est correcte et soignée, mais est académique au possible, et fait fade après le dessin léché de La Horde du contrevent, dans le même genre.
Pour conclure, je dirai que cette adaptation est fidèle et globalement réussie, ou en tout cas aussi réussie qu’elle aurait pu l’être. Il est évident que les auteurs ont traité leur sujet avec beaucoup de sérieux et de respect… est-ce suffisant ? Je ne saurais trancher… les amateurs du roman se lamenteront sans doute sur la perte de contenu, et trouveront bien peu d’intérêt à cette BD. Par contre je serais curieux de lire des avis de lecteurs n’ayant jamais lu le roman. Moi, je lirai la suite en tout cas.
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La Cage aux cons
Ce n'est pas la cage aux folles mais la cage aux cons, bien que cette histoire ne manque pas de folie. Ni de cons d'ailleurs... qui sont mis en scène dans un huis clos banlieusard tenant le lecteur en haleine. Le braqueur à la petite semaine se retrouve otage d'un bourgeois fantasque, vedette du petit écran. Dialogues bien troussés servis par un dessin noir et blanc à l'avenant nous plongeant dans un film de truands des années 60. Une belle surprise.
The X-files - La Vérité est ailleurs
Etant fan de X-Files depuis les premières heures de sa diffusion en France, il y a plus de 25 ans, j'ai mis le temps à assembler les adaptations graphiques. Je m'attaque donc à ces récits indépendants, fortement inspirés des épisodes de la série TV, d'autant plus que les récits du tome 1 sont écrits par Frank Spotnitz, l'un des scénaristes de la grande époque. On n'est pas dépaysés, avec ces histoires de narcotiques, de monstres souterrains, de doubles et de démons, c'est tout à fait dans la lignée de l'oeuvre originale. Mais rien d'original, du coup. Graphiquement le travail de Brian Denham n'est pas exceptionnel, il est même inconstant, en fait. Certaines ambiances sont réussies, d'autres moins, d'autant plus que ses personnages ont parfois des attitudes un peu gauches, maladroites. Les défauts sont cachés dans le deuxième tome, où il met plus d'ambiances sombres, de gros plans, n'impliquant pas de vues des personnages en pied. Sympathique, sans plus. A garder pour les fans.
Une saison en Egypte
Pour fêter l'anniversaire de l'avis de Noirdésir ci-dessous, j'aurais pu le copier coller car nos ressentis sont visiblement les mêmes. Une bd qui ne souffre pas de défauts et qui se lit sans déplaisir mais qui ne contient aucun élément marquant pour espérer en garder un souvenir dans le temps... Coté dessin, si il est plutôt agréable avec son coté bon enfant (peut-être un peu jeunesse ?), il m'a paru en décalage avec l'histoire qui elle va aborder des éléments (rivalité, adultère) plus sérieux que ce qu'on pourrait penser au premier coup d'oeil. J'ai eu du mal à appréhender ce décalage. Coté scénario, comme déjà dit, rien de transcendant, rien de palpitant. La relation "amicale" entre ce couple de français et ce poète russe est un peu quelconque à suivre. Les péripéties, comme la rencontre d'une belle danseuse égyptienne, ne sont pas de celles qui tiennent le lecteur en haleine et n'offrent pas vraiment d'occasion de s'enthousiasmer. Ensemble correct, vu que je n'attendais rien de spécial, mais il manque vraiment quelque chose de marquant dans cette BD pour emporter l'adhésion. 2,5/5.
Freaks' Squeele
Mon appréciation a connu de grosses variations au cours de cette série. Pour une fois, ma critique sera essentiellement constituée de spoilers, donc voici un résumé de mon avis pour ceux qui ne voudraient pas voir l’intrigue divulguée. Après un premier tome qui transpire un peu trop le récit pour adolescents mais qui reste agréable, les tomes 2 à 4 installent une ambiance très intéressante et le récit est captivant. Hélas, dans les trois derniers tomes, les idées sont moins intéressantes et la narration plus confuse. Je recommande donc l’achat jusqu’au tome 4, où le lecteur pourra trouver une fin satisfaisante, mais je ne recommande pas les trois derniers. La série est organisée en chapitres et je dirais que ceux-ci forment des arcs, qui ne correspondent pas toujours au découpage en tomes. Attention, début des spoilers... Chap. I-V (T. 1) : Les débuts
Le synopsis de cet arc est classique : nos trois héros, Xiong Mao, Chance et Ombre, arrivent à leur université de super-héros et ils forment un groupe de TP qui semble de prime abord être celui des losers, mais qui évidemment se révélera plus héroïque que tout autre. Ils subissent une première épreuve qui ne se déroule pas tout à fait comme prévu, puisqu’au lieu d’un monstre de classe « B », c’est un monstre de classe A qui a été libéré. Ensuite, il y a une deuxième épreuve aux bains publics, où chacun doit récupérer un maximum de paréos de ses adversaires par tous les moyens (eh oui). Par ailleurs, quelques relations se mettent en place, que ce soit avec l’apparition de Fei Long qui révèle quelques éléments du passé de Xiong Mao, ou la rivalité entre celle-ci et Amanite, qui lui vaudra d’ailleurs d’être virée de l’internat.
Au niveau de l’ambiance, on reste dans un récit très adolescent, avec notamment une obsession sexuelle passée sous la forme de l’humour qui m’a laissé un brin perplexe. Les allusions à d’autres œuvres sont nombreuses, mais parfois un peu trop appuyées : par exemple, un personnage qui s’appelle Fei Long (Street Fighter) et qui utilise la Fureur du Dragon (Saint Seiyia), c’est un peu too much… Ceci dit, c’est assez rondement mené, donc la lecture n’est pas désagréable.
Chap. VI-XI (T. 2-3) : Devenez les maîtres du monde
Malgré une scène d’ouverture où l’humour nichon/foufoune/poils refait son apparition, la suite de cet arc est beaucoup plus intéressante. Le directeur de l’école demande aux étudiants de faire un projet d’études où ils doivent se mettre dans la peau de super-vilains. Il y a beaucoup de moments intéressants : le déménagement des héroïnes dans la taverne d’Ombre, le début des rencontres oniriques entre celui-ci et l’Ours, la salle des archives avec ses montagnes de bouquins, le personnage d’Halifax, armure sans chevalier qui souhaite à tout prix trouver un cœur. L’idée des bonhommes en pain d’épice est encore une référence à des œuvres préexistantes, mais je l’ai trouvée très bien exploitée et dégageant une chouette ambiance. Sous des dehors légers, la série devient aussi un peu plus politique par moments. Par ailleurs, les allusions amusantes se multiplient, y compris à des trucs a priori improbables. Par exemple, je soupçonne que la question « Combien y a-t-il de boulangeries dans une commune de plus de cent mille habitants ? » soit une allusion à un célèbre exercice que le physicien Enrico Fermi posait à ses étudiants, « Combien y a-t-il d’accordeurs de piano à Chicago ? ». Enfin, la révélation finale est très bien vue. Tout cela se termine par une bonne baston avec les élèves de Saint-Ange, l’école rivale. J’ai beaucoup aimé les costumes grotesques des héros (chap. XI planche 20), en particulier celui de Fei Long, une armure ridiculement déshabillée qui parodie celles qu’ont souvent les personnages féminins dans l’heroic fantasy.
Chap. XII-XVI (T. 3-4) : Le Duel
À la suite des événements de l’arc précédent, l’école Saint-Ange provoque un duel avec la FEAH, celle de nos héros. Les champions des deux écoles seront respectivement Ange et Chance. On suit tout d’abord deux histoires en parallèle : l’entraînement de Chance, qui contient notamment la scène du tango avec Funérailles, et la descente aux Enfers de Xiong Mao et Ombre pour forger l’épée qui permettra à Chance de remporter la victoire. Enfin, on en vient au duel proprement dit.
Il s’agit pour moi de l’apogée de cette série. L’ambiance est très intéressante, notamment dans le passage aux Enfers. L’humour reste présent mais il y a à la fois un souffle épique et un côté onirique qui me séduisent parfaitement. Tout ceci se termine par l’épilogue de la saison 1, intitulé « Pas de vacances pour les héros », où on a un aperçu des parcours futurs de chacun. La série pourrait tout à fait s’arrêter là, même s’il reste des pistes scénaristiques ouvertes. Cependant, comme cet arc se termine au milieu du tome 4, on sera de toute façon amené à lire l’arc suivant.
Chap. XVII-XIX (T. 4) : L’enlèvement du Directeur
Cet arc est un peu plus brouillon, même s’il contient un passage que j’ai beaucoup aimé, la tirade de Funérailles (p. 84-85). Il s’agit essentiellement d’une course-poursuite, mais ça se laisse bien lire. Comme la fin de cet arc coïncide avec celle d’un tome, c’est sans doute le meilleur moment pour arrêter cette série.
Chap. XX-XXIII (T. 5) : Nanorigines, ou : la gueule de bois
Le coup des héros qui ont perdu la mémoire et qui découvrent peu à peu ce qui s’est passé est un ressort scénaristique classique, qui peut très bien fonctionner, dans des genres très différents allant du film "Very bad trip" à la série XIII (excellente jusqu’au tome "XIII contre I"). Malheureusement, ici, il n’est pas très bien exploité, car au final, ils apprennent presque tout d’un seul coup à la fin, ce qui fait qu’au lieu d’avoir un récit direct des événements, on a tout simplement un récit indirect qui est un peu rébarbatif. Je regrette aussi que l’accent soit de plus en plus porté sur le personnage de Chance et moins sur celui de Xiong Mao, que je trouvais plus intéressant.
Chap. XXIV-XXVIII (T. 6) : Clémentine, ou : la descente aux Enfers
Il y a deux arcs en parallèle : la descente aux Enfers et la lutte d’Ombre et Xiong Mao dans la forêt. Accessoirement, il y a aussi Lynette dans son QG, mais essentiellement, on s’en fiche. L’arc de la forêt est un peu anecdotique. Celui aux Enfers aurait pu être intéressant, mais il pèche par une narration un peu molle et linéaire. Un tel sujet aurait mérité un traitement plus mystique ou philosophique à la Jodorowsy (malgré tous les travers qu’on peut lui reprocher, mais qui font aussi la force de ses récits). Par ailleurs, sans vouloir chipoter, dans l’Enfer de Dante, il y a neuf cercles et non sept… Cette inexactitude est un peu bizarre, à une époque où Wikipedia permet de vérifier ça en trente secondes.
Chap. XXIX-XXX (T. 7) : A-move & Z-movie, ou : les Obliterators
Ce dernier tome est assez confus et franchement dispensable. Dommage, donc, que cette série s’essouffle sur les trois derniers tomes, car le milieu de la série était vraiment excellent.
Barelli
L'énigmatique Mr Barelli En ces temps de désert éditorial, je me suis plongé dans ma bibliothèque et je suis tombé sur cet ouvrage, que je n'avais pas encore lu! Bob de Moor nous conte ici dans un style pur franco-belge, une aventure assez improbable de Barelli, acteur et détective amateur, héros qui n'est pas pour nous rappeler un certain Tintin (mais en beaucoup moins bien) . On sent le poids de l'empreinte d'Hergé dans les planches (normal, Bob de Moor faisait partie des studios Hergé en 1956). Si le dessin a bien résisté au temps, il n'en est pas de même du scénario qui alterne poursuites et runnng gags assez lourds (les chutes, glissades et autres) viennent alourdir la lecture. Il faut noter que Bob de Moor , pour l'édition de 1981, avait rajouter aux récit de 32 pages publié dans le journal "tintin" n°30 du 27 septembre1950 au n° 9 du 28 février 1951 (édition belge), 14 planches parues dans le numéro 40 du 6 octobre 1981. Cette bande dessinée est restée figée dans l'époque des Alix, Lefranc et autres héros. A réserver aux nostalgiques du journal Tintin des années 50. Barelli et les agents secrets Avec cette deuxième aventure publiée initialement dans le journal "Tintin" n°1 du 7 janvier 1964 au n°15 du 28 juillet 1964 (édition belge), le style de Bob de Moor évoluait aussi bien sur le plan graphique que scénaristique. On s'éloigne ici de l'école d'Hergé pour un style un peu moins ligne claire, avec des décors fouillés et des personnages moins caricaturaux que sur le précédent album "L'énigmatique Mr Barelli". Le scénario est beaucoup plus fluide, et ne souffre pas de situations cocasses simplistes comme dans le premier volume. Le fait d'avoir une aventure sur 30 planches permet de ne pas utiliser d'artifices, comme précédemment, pour rallonger la sauce sur 48 pages. En outre, l'incipit est assez originale pour l'époque avec ce flash-back. Un album qui se lit avec plaisir.
Sandman
A la recherche de nouvelles bandes dessinées à lire, je suis tombé sur votre site relativement élogieux avec les œuvres d'Alan Moore, puis sur Sandman dont j'ignorais l'existence. Comment cette BD qui m'était inconnu, pouvait-elle rivaliser avec celle de mon auteur préféré ? Après avoir été interloqué par la couverture (mais quel genre de dessins vais-je rencontrer ?) j'ai lu vos avis assez divergents, mais très bien écrits et jamais indifférents. Pour me forger le mien, j'ai lu les autres critiques des lecteurs les plus convaincus par Sandman et beaucoup de leurs coups de cœur rejoignaient les miens. Ma décision était prise, j'allais tenter l'aventure avec le premier intégral. Et je ne fus pas déçu. Quelle superbe entrée en matière avec l'invocation et l'emprisonnement de Sandman. Puis les surprises se cumulaient dans les volumes suivants, avec la découverte de cet univers de rêves et de cauchemars intégré à (ou pour l'instant seulement proche de) celui des supers héros. Car j'ai encore du mal à assimiler Sandman à un "Comic book" tant il est éloigné des codes du genre. Puis viennent deux épisodes décisifs, qui m'ont convaincu d'acheter le pavé suivant (car le premier intégral est lourd et encombrant, convenons-en) : celui de la cafétéria, dégoulinant d'une horreur qui progresse lentement vers les sommets, et celui du rendez-vous de la taverne, plus espiègle. Je ne mets que la note de 4 en attendant de me forger un avis plus complet avec les suites qui s'annonce tout de même, prometteuses. Post-Scriptum : j'ai trouvé que les bonus ont été une cruelle déception. Alors que j'espérais qu'il me restait encore plus d'une centaine de pages à lire du tome 2, l'histoire se finit brutalement et je tombais sur une entrevue peu intéressante de l'auteur, ainsi que des éloges sur ce qui est le point faible de cette œuvre : le dessin.
Mécanique céleste
Oh la belle bd que voilà. Déjà un monde apocalyptique à Fontainebleau.....plutôt qu'aux États-Unis, c'est bien. Ensuite, si ces mondes post catastrophe sont courants, on a ici une approche quelque peu novatrice avec 3 zones bien différentes qui ont évolué différemment, y compris sur le plan politique. C'est au moment où l'une de ces sociétés va chercher à coloniser une autre que va se profiler cet affrontement, non pas militaire, mais à la balle au prisonnier. Quand Hunger Games rencontre Dodge Ball. Le dessin est superbe. Il est fouillé, détaillé. Il apporte un dynamisme dingue dans ces parties endiablées et fait ressortir, notamment à Pan, les stigmates de cette rupture. J'ai vraiment pris du plaisir à cette lecture. Mais, parce qu'il y a toujours un mais, j'ai trouvé trop évasif le traitement des dispositifs politiques, trop peu travaillé l'éclatement de la famille de Wallis, pas assez utilisée la catastrophe. Bref après une mise en bouche très forte, on va aller rapidement, très rapidement, trop rapidement, aller sur ces parties sportives au détriment de ces éléments qui auraient amené la bd à 5 étoiles. Malgré tout, je conseille la lecture.
Monsieur Jules
J'ai pris un certain plaisir à ma lecture de ce Madame Claude au masculin. Graphiquement, c'est très joli, chaud. Les personnages sont croqués avec beaucoup de tendresse. Tous les rôles, même secondaires, sont servis. Que ce soit Souza ou l'épicier, la prostituée gironde sont bien vivants, bien travaillés, comme Brigitte et Solange. Jules est lui un bon gros ours bien dessiné. Reste aussi de belles cases sur toits de Paris la nuit. L'atmosphère de ces 80/90's nous ramène à la croisée de deux époques qui se télescopent. Jules est de l'époque Lino ou Bebel, celle des rues pavées, de l'épicier qui fait le compte, d'une prostitution à la papa, d'un proxénétisme humain, même si l'on pourrait y revenir par moins bel oeil. Arrivent les réseaux étrangers, qu'ils soient africain (traité ici), Balkan ou slave. Une déshumanisation et un nouvel esclavage, un trafic au même titre que les stupéfiants. Nous allons être ici confronté à ce télescopage puisque Jules et ses prostituées vont recueillir une jeune prostituée et junkie sénégalaise. Celle-ci va redonner un sens à Jules, perdu depuis le décès d'Anne, sa femme (mais aussi poule), emportée par le cancer. J'ai bien aimé découvrir le petit monde clos de Jules et des filles. Des difficultés relationnelles mais liées à une forme d'amour entre personnes blessées. L'amour transi de l'épicier, la jalousie de Souza, l'amour secret de Brigitte, la bonhomie de Solange, la tristesse inconsolable de Jules. Et cette nouvelle venue qui a tout perdu en croyant venir pour être coiffeuse et faire vivre sa famille au pays. Je n'attendais pas cette fin, violente, tant elle tranche avec le reste du récit (d'ailleurs graphiquement et narrativement différente). Pour autant, elle s'inscrit dans cette lignée Ventura Delon Bebel, avec ce sacrifice final. Je rejoins les précédents a viseurs quant à l'utilisation de femmes nues pour cette fin, qui semble à l'encontre du propos. Malgré tout une lecture sympathique.
Watchmen
Je ne suis ni lecteur ni amateur de comics de super héros, et je n’ai donc forcément pas perçu tout ce que Moore a pu apporter de renouveau dans le traitement de cet univers – même si je devine certains angles d’attaque nouveaux, et que je perçois une vision plus adulte, mature et désabusée que ce qui pouvait se faire avant. C’est le fait de voir cette série placée au firmament par tant de lecteurs qui m’a poussé à la lire, « pour voir », alors même que Moore est un auteur avec lequel j’ai généralement du mal à m’accorder. Au final, je ressors avec un avis mitigé de cette lecture, et je suis moins enthousiaste que la majorité, c’est clair. Mais je suis aussi moins déçu que je ne le craignais en l’abordant. Cette impression mitigée est valable pour le dessin et le scénario. Le dessin de Gibbons est dynamique, et il multiplie les plongées, contre-plongées, créant un ensemble très cinématographique. Par contre, les personnages sont trop « symétriques » (corps et visages), trop bodybuildés (toutes sortes de choses qui me gênent dans les comics de super héros). Et il les représente trop « allongés », élancés, ce qui crée une impression étrange, et démultiplie les surfaces des décors. Enfin, la colorisation d’Higgins, très tranchée, est aussi très datée (elle ferait presque plus que son âge, penchant vers ce qui pouvait se faire à la fin des années 1970). Quant au scénario de Moore, il faut bien lui reconnaitre certaines qualités. Un gros travail de construction, c’est assez alambiqué (au point que j’ai eu du mal à entrer dans l’intrigue). Intrigue qui mêle plusieurs genres : du polar/thriller assez classique, de la SF, et un peu d’uchronie. Intrigue qui est traversée par une réflexion sur la notion de puissance (qu’elle soit personnelle avec ces super héros justiciers ou étatique avec son ancrage dans les bras de fer de la Guerre froide). Mais aussi de son utilisation disproportionnée, hors de contrôle : anticommunisme qui en viendrait presque à tout justifier, justiciers fascistes que ne renierait pas ce bon vieux Clint, etc. Cet aspect est intéressant. Le côté ex-vedette sur le retour sortant de leur retraite, la démythification des « masqués » (voir le personnage ambigu et torturé de Rorschach) sont eux-aussi intéressants, mais davantage pour ceux qui, contrairement à moi, sont des habitués de cet univers. Mais voilà, j’ai trouvé qu’il y avait pas mal de longueurs dans l’histoire, des passages où je me suis ennuyé, et parfois une narration terne (certains passages faisant « anciens combattants » se racontant leur passé). La longue lecture par un personnage secondaire en parallèle de certains passages, d’un extrait de roman de flibusterie m’a paru à la fois inutile et alourdissant et gênant la lecture. Enfin, je ne peux m’empêcher de trouver un peu vaine la construction de l’intrigue, Moore ne faisant finalement que raconter plus ou moins habilement, avec son mélange des genres et la multiplication des flash-backs, qu’une histoire pas si originale que ça dans le fond.
Dune - Le roman graphique
55 ans après sa parution originale, le roman culte de Frank Herbert se voit enfin adapté en BD, ou plutôt en comics (et sort en France sans fanfares, chez un éditeur peu connu). Pourquoi une telle attente ? Les amateurs de « Dune » affirment haut et fort que le roman est trop riche pour être retranscrit en BD ou en film. Alors, que vaut cette adaptation ? Le texte de l’éditeur déclarant que les auteurs ont « conservé l'intégrité du roman original » m’a tout d’abord alarmé – Do androids dream of electric sheep? avait suivi ce procédé douteux avec un résultat plutôt moyen. Mais il s’avère que le travail d’adaptation est bien plus subtil et réfléchi : les auteurs ont effectivement suivi le « script » du roman, et intégré toutes les scènes de l’histoire, dans le même ordre… les dialogues ont aussi été conservés autant que possible. Les (grosses) coupures se sont donc faites sur la narration en « voix off », (presque) complètement absente dans la BD, à part quelques exceptions (voir les phylactères rectangulaires et colorés sur les planches) … et c’est là que le bât blesse : ces textes étaient d’une richesse incroyable, et exprimaient toute la complexité du monde de Dune, la personnalité des personnages, les jeux diplomatiques et les tensions émotionnelles … tout ceci manque terriblement au récit. C’était un mal nécessaire, je le conçois tout à fait, et je pense honnêtement que les auteurs n’auraient pas pu faire autrement… Adapter un histoire science-fiction en BD, c’est aussi une opportunité de donner vie à un monde imaginaire, de représenter graphiquement des paysages majestueux, des architectures et créatures étranges… et avec une planète aussi mystérieuse qu’Arrakis, il y avait de quoi faire. Et là encore, je ne suis pas totalement convaincu. La mise en image est correcte et soignée, mais est académique au possible, et fait fade après le dessin léché de La Horde du contrevent, dans le même genre. Pour conclure, je dirai que cette adaptation est fidèle et globalement réussie, ou en tout cas aussi réussie qu’elle aurait pu l’être. Il est évident que les auteurs ont traité leur sujet avec beaucoup de sérieux et de respect… est-ce suffisant ? Je ne saurais trancher… les amateurs du roman se lamenteront sans doute sur la perte de contenu, et trouveront bien peu d’intérêt à cette BD. Par contre je serais curieux de lire des avis de lecteurs n’ayant jamais lu le roman. Moi, je lirai la suite en tout cas.