Zidrou et Frank Pé rendent à leur tour hommage aux aventures de Spirou et Fantasio. Franquin et Frank Pé partageaient une même passion pour la nature, les animaux, la vie simple et la beauté dans son ensemble. Alors quoi de mieux pour Zidrou que de faire revivre le personnage de Monsieur Noé, le gentil dresseur de Bravo, les Brothers, symbole de cet amour pour la vie animale dans les aventures de Spirou, et d'amener ce dernier à vivre une aventure à mi-chemin entre celle de la série Zoo e Frank Pé et la thématique de l'art comme moyen d'exprimer la vérité, le beau et d'embellir l'âme humaine ?
D'emblée l'album épate par sa beauté visuelle. Le dessin de Frank Pé y est à son sommet et chaque planche est superbe. Le trait est dynamique, les personnages sont vivants, les décors beaux et soignés et la mise en page travaillée. On y retrouve aussi la patte de Frank Pé, en particulier son maestria à dessiner des animaux. Sans parler des tableaux peints en couleurs directes qui sont des éléments de l'intrigue et qu'on trouve sur différentes pages de l'album.
Chaque planche vaut le coup d'oeil et on se prendrait à rêver d'aventures classiques de nos deux héros dessinées par cet auteur.
Maintenant, le scénario lui-même m'a moins emballé. Il mélange plusieurs thématiques sans vraiment trouver sa voie.
On y trouve le sujet de la paternité avec une adolescente difficile qui rappelle parfois trop fortement l'héroïne de Zoo. Mais celle-ci est tellement caricaturale dans son entêtement à jouer les ados boudeuses et râleuses qu'elle en devient pénible.
On y trouve le sujet de la cause animale et environnementale, une critique de la société capitaliste, une admiration pour l'art mais aussi pour le monde du spectacle. Mais tout cela est amené de manière presque nunuche par moment tant cela manque de finesse dans le ton. Le message parait tellement cousu de fil blanc qu'il rate sa cible. Et ça suinte tellement de bons sentiments que ça en devient poisseux.
Sans parler de l'intrigue parallèle autour de Champignac et d'une invasion mondiale de champignons noirs qui n'aboutit finalement à rien et semble parfaitement dispensable tant elle n'a aucun impact sur l'intrigue principale. J'imagine qu'elle tient de l'analogie mais là encore elle a raté sa cible car je n'en ai vu ni le message ni surtout l'intérêt.
Bref, même si elle se laisse lire, l'intrigue de cet album n'est malheureusement pas terrible.
C'est dommage car en contrepartie le graphisme est superbe. Et du coup, c'est lui qui fait toute la force de cet album, mais cela ne suffit pas à en faire une suffisamment bonne BD.
Si l’histoire se déroule à Téhéran, dans une famille iranienne, elle pourrait tout aussi bien se passer ailleurs, en France par exemple. En effet, à part les noms, et certains termes – culinaires en particulier, nous ne sommes pas trop dépaysés par cette intrigue.
Car c’est avant tout les bisbilles au sein de cette famille qui intéressent Gelsomino. Dès le départ le ton est donné : après la mort de sa femme, Amir voit ses enfants (sa fille Shirin et ses deux frères) se chamailler – comme toujours visiblement, anticiper leur part d’héritage, révélant tous un côté égoïste, petit bourgeois, mesquin et intéressé, qui les rend odieux à leur père (et pas mal antipathiques aux lecteurs !). Pas un pour rattraper les autres (voir la scène ou chacun vend en cachette sur un marché ce qu’il a volé aux autres – ils sont censés se partager comme héritage de la mère un terrain sur lequel se trouvent des arbres fruitiers, ce qui se finit par une bagarre générale)…
Le scénario surjoue un peu l’animosité plus ou moins larvée au sein de la fratrie, pour développer une comédie douce-amère (crise plus ou moins hystérique entre la sœur et ses deux frères), accompagnée de quelques petits gags récurrents (le gamin qui tire au lance pierre sur les fesses de son grand père Amir).
Et puis le récit prend un peu d’épaisseur dans le dernier tiers, où le drame s’invite, après que Shirin se soit expliquée avec son père. Shirin qui, contrairement à ses frères, s’avère moins monolithique, évolue, et devient bien plus attachante à la fin.
Petite comédie sans prétention au sein d’une famille iranienne, l’album se laisse lire agréablement.
Dans cette série, on suit le destin de Joàn, un gamin des rues colombiennes qui deviendra un membre important de la mafia puis un homme politique. Chaque tome concerne une période de sa vie : son enfance, ses dix-sept ans, son âge adulte et enfin son âge mûr.
L’histoire est assez captivante au début. La ville de Medellin est décrite d’une façon particulièrement glauque, et l’absence de tout sens moral du personnage principal (et de certains autres) est bien rendue.
Par la suite, c’est un peu moins passionnant, mais cela reste une lecture agréable. D’un côté, j’aime bien le fait que chaque tome effectue un saut important dans le temps, ce qui permet de faire avancer l’histoire de manière significative sans rallonger la sauce inutilement. De l’autre, j’ai trouvé certains passages un peu rapides, et on a parfois un peu l’impression de survoler certains arcs scénaristiques. Aussi bien en BD qu’en film ou en roman, les récits de mafiosos sont nombreux, et certains autres comprennent des scènes plus marquantes que les trois derniers tomes de cette série.
Comme cela a déjà été dit, certains cadrages sont originaux mais cela ne facilite pas toujours la lisibilité.
Au final, il s’agit tout de même d’une bonne série, que je prendrai plaisir à relire à l’occasion.
Pacific Palace, comme son nom l'indique, se déroule dans un hôtel de luxe. Il s'agit en réalité d'une histoire complète en huis-clos au ton assez surprenant.
Spirou travaille comme groom dans ce palace et vient d'y faire embaucher Fantasio depuis que celui-ci a été viré du journal Le Moustique. Forcément, ce dernier n'est guère approprié au rôle de groom lui-même. Et pourtant ce sont bien Spirou et lui qui se retrouvent réquisitionnés pour rejoindre la minuscule équipe de membres du personnel qui restera sur place lorsque celui-ci sera totalement vidé pour accueillir un invité très spécial : un ancien dictateur en fuite venu chercher refuge en France. C'est ainsi que moins d'une dizaine de personnes vont se retrouver cloitrés dans l'hôtel durant quelques jours à l'atmosphère étrange et intrigante. Et parmi elles, la fille du dictateur dont Spirou va tomber amoureux au premier regard.
Graphiquement, c'est un album très élégant.
La couverture, avec sa dominante bleue, sa composition et sa piscine Arts Déco, est fascinante. Les planches elles-mêmes tranchent moins par leur colorisation et leur impact visuel mais le trait est très propre et là encore la mise en page est pleine de classe et parfaitement fluide. Les personnages sont réussis également, à l'exception de Fantasio dont le visage de vieux gamin égocentrique et acariâtre me rebute et contribue à rendre le sujet presque détestable par moment.
Le scénario est une drôle d'histoire qui ne ressemble que très peu aux aventures classiques de Spirou et Fantasio. On y retrouve certes le rôle traditionnel de groom de Spirou et celui-ci de journaliste fouineur de Fantasio, mais tout le ton de l'histoire leur semble assez étranger.
Il y a certes un peu du Journal d'un Ingénu d'Emile Bravo dans ce récit où un groom Spirou et un journaliste Fantasio croisent la grande Histoire (même si fictive dans le cas présent) dans les couleurs d'un hôtel. Il y a aussi du Grand Budapest Hotel dans ce palace et dans son directeur qui représente l'élégante mémoire des lieux et de son mystérieux passé.
Mais il y a aussi toute une drôle d'ambiance, entre espionnage et secrets d'alcôves, tout au long d'un album attentiste où les protagonistes évoluent en milieu clos, presque coupé du monde réel, et tandis que le lecteur se demande bien où cela va le mener. Sans parler de cette romance en demi-teinte entre Spirou et la mystérieuse fille du dictateur. Tout cela parait très éloigné de l'esprit du Spirou auquel sont habitués les anciens amateurs de ses aventures, au sens strict du terme.
En outre, la fin très douce amère et son orientation real-politik contrastent là encore avec ce à quoi on pourrait s'attendre de nos deux héros.
Honnêtement, c'est une bonne histoire mais il ne faut pas y chercher une aventure de Spirou et Fantasio. C'est un esprit différent et un rythme beaucoup plus lent et contemplatif. Et au final, le directeur de l'hôtel me parait davantage le vrai héros de l'histoire que les deux jeunes aventuriers.
J'aime l'atmosphère qui se dégage de cette BD, tant par son visuel que par sa narration et le coeur de son intrigue, mais je n'y aurais pu forcément vu la place pour Spirou et Fantasio.
La Douce est une vieille locomotive à vapeur ayant déjà parcouru plusieurs centaines de milliers de kilomètres qui va finir à la décharge, les trains électriques la rendant obsolète. L'histoire a le mérite de montrer la difficulté des métiers de machiniste et chauffeur (celui qui va au charbon). Pour autant certains comme Léon refusent la modernité. Accompagnée d'une jeune femme muette, on va voir le vieil homme évoluer dans un univers proche graphiquement de la série phare de Schuiten à savoir Les Cités obscures.
Au niveau de l'histoire c'est bien sans plus, je reste client sur le plan graphique. Le petit dossier en fin d'album est intéressant et montre la réelle histoire de ces machines de Type 12.
Terence Trolley est une BD de science-fiction, de thriller et d'action comme il en sortait dans les années 90 et 2000. On y trouve toutefois un décor légèrement cyberpunk qui résonne avec l'actualité vidéoludique du moment.
Dans ce futur relativement proche, nous trouvons un monde certes technologiquement avancé mais aussi corrompu par les multinationales et notamment par une qui a fructifié sur les effets du réchauffement climatique. Non contente d'en rester là, elle a aussi fait des expériences sur des enfants et a doté certains de ces cobayes de pouvoirs extra-sensoriels. Trois d'entre eux se sont cependant échappés et ils vont devoir compter sur l'aide de Terence Trolley, homme de main très efficace et dangereux, pour les protéger des poursuivants de l'affreuse méga-corpo qui est à leurs trousses.
La trame est classique mais bien cousue et surtout très rythmée. L'intrigue est dense malgré sa qualité de tenir en deux tomes seulement. Il y a quelques passages cousus de fil blanc, notamment une coïncidence un peu grosse en toute fin de série, mais le lecteur se laisse facilement emporter. J'ai aimé quelques bonnes idées, notamment la version digitalisée de la femme disparue du héros qui reste avec lui, mais bloquée physiquement dans son camping-car. Les personnages sont aussi assez travaillés, que ce soit les enfants à super-pouvoirs, leur fameux "grand-père" ou encore les associés du héros qui amènent chacun leurs caractéristiques et leur passé et influent ainsi sur le cours de l'intrigue.
Le graphisme, lui, est un peu spécial. Globalement, je l'aime bien et j'aime son dynamisme. Mais j'ai eu du mal à me faire aux visages des protagonistes qui sont tous similaires, des masques faciaux écrasés et reconnaissables finalement uniquement à leurs coiffures et à leurs yeux, malgré quelques expressions parfois exacerbées, presque caricaturales quand ils doivent exprimer des émotions.
Sans qu'elle m’aie vraiment marqué par sa force ou son originalité, je me suis laissé porté par cette lecture pleine d'action et de rebondissements. Un sympathique divertissement sur fond de science-fiction et de fantastique.
Cette BD raconte avec humour le quotidien d'une famille recomposée : une mère divorcée, sa fille et son fils, qui emménagent avec son nouveau mari et ses deux filles à lui. La vie à 6 donc, mais une semaine sur deux seulement. L'occasion d'aborder le sujet de la bonne entente entre tout ce petit monde, de l'organisation matérielle au jour le jour, ou encore les réactions des uns et des autres face à des situations inconnues de ceux qui ne vivent pas dans une famille recomposée.
L'album est structuré en gags en une planche. Le style graphique d'Armelle Drouin y est tout en rondeur et joyeusement coloré, bien adapté aux séries d'humour au ton léger comme ici. La mise en page et la mise en scène sont bien réussis pour une lecture fluide et agréable.
La BD s'adresse avant tout aux parents de ces familles recomposées. Ils sont ici au centre de l'attention et ce sont essentiellement eux les héros de ces aventures du quotidien qu'ils partagent avec leurs enfants. Le père et la mère de cette série se révèlent d'ailleurs assez vite attachants.
L'humour n'y est pas forcément hilarant et on y décroche rarement plus qu'un sourire. Mais l'ambiance est plaisante, et surtout il s'en dégage un réel vécu. Qu'il s'agisse des anecdotes ou simplement des situations elles-mêmes, on sent qu'elles proviennent de véritables expériences ou ressentis de parents de familles recomposées. Elles se révèlent même quelques fois surprenantes ou du moins inattendues pour les lecteurs qui n'ont pas partagé une telle expérience. Je fais partie de ces derniers donc je ne peux pas juger pleinement de la chose, mais je me dis que cette BD réussira sans doute à toucher avec succès les parents concernés qui y retrouveront avec le sourire beaucoup de leur propre vécu familial.
Cette courte biographie d’un peintre dont j’ignorais jusqu’à l’existence s’est avérée plaisante à lire. Et la raison principale vient du ton général de l’album et de son découpage original.
En effet, plutôt que de tomber dans le piège tentant de la biographie classique, les auteurs ont opté pour une série de 10 tableaux. Dix courts chapitres qui vont permettre d’illustrer des instantanés de la vie de Charles-François Daubigny, laissant à notre imagination le soin de combler les vides. Et comme le ton général de l’album est à la bonhomie et à la simplicité (grâce notamment au trait caricatural et spontané de Luc Cromheecke, que je préfère nettement ici qu’à l’époque de Tom Carbone), l’image qui se dessine de ce peintre méconnu est celle d’un bon vivant, simple, observateur et précurseur par bien des aspects alors même qu’il ne cherche pas à l’être.
Et la sympathie que j’éprouve pour le gaillard est égale à la sympathie que j’éprouve pour cet album. Certes ce n’est pas un immanquable mais bien une œuvre aussi instructive que légère. Elle m’a permis de découvrir un artiste dont j’ignorais tout… et dont le fait de le connaître ne changera en rien le cours de ma vie, sinon que si je devais croiser un de ses tableaux sur les murs d’un musée, je me dirais « Ah oui, c’est ce peintre sympa qui a inspiré les impressionnistes ».
Pas essentiel donc, mais je suis quand même bien content de l’avoir lu. Si le sujet vous intéresse, c’est, je pense, un album à lire. Parce qu’il se lit facilement et parce qu’il se consacre à un peintre méconnu et pourtant influent.
Un comics de pur divertissement.
Frank Cho est vraiment très bon pour dessiner des femmes sexy et c'est un des principaux intérêts de cet album. On notera qu'on ne verra jamais les parties génitales de Shanna ou ses tétons car tout est bien censuré. Disons que je me suis demandé s'il aurait été plus loin si ça avait été un manga, le Japon étant plus permissif que les États-Unis sur la nudité.
Sinon, une bd dont l'unique intérêt est de voir une héroïne sexy, cela devient souvent vite ennuyeux si le scénario n'est qu'un prétexte pour montrer son corps. Heureusement, il y a un vrai scénario sympa et puis...ben c'est tout. L'histoire n'est pas mauvaise, c'est juste qu'il n'y a rien qui la rend exceptionnelle. C'est de la série B sympa à lire si on cherche uniquement à se divertir. J'ai tout de même eu un problème avec la fin parce que j'ai eu l'impression que ça ne se terminait pas, plutôt que le scénario s'arrête abruptement.
Pour les amateurs de comics avec des femmes sexy.
Ce n'est pas la cage aux folles mais la cage aux cons, bien que cette histoire ne manque pas de folie. Ni de cons d'ailleurs... qui sont mis en scène dans un huis clos banlieusard tenant le lecteur en haleine.
Le braqueur à la petite semaine se retrouve otage d'un bourgeois fantasque, vedette du petit écran. Dialogues bien troussés servis par un dessin noir et blanc à l'avenant nous plongeant dans un film de truands des années 60. Une belle surprise.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Le Spirou de Frank Pé et Zidrou - La Lumière de Bornéo
Zidrou et Frank Pé rendent à leur tour hommage aux aventures de Spirou et Fantasio. Franquin et Frank Pé partageaient une même passion pour la nature, les animaux, la vie simple et la beauté dans son ensemble. Alors quoi de mieux pour Zidrou que de faire revivre le personnage de Monsieur Noé, le gentil dresseur de Bravo, les Brothers, symbole de cet amour pour la vie animale dans les aventures de Spirou, et d'amener ce dernier à vivre une aventure à mi-chemin entre celle de la série Zoo e Frank Pé et la thématique de l'art comme moyen d'exprimer la vérité, le beau et d'embellir l'âme humaine ? D'emblée l'album épate par sa beauté visuelle. Le dessin de Frank Pé y est à son sommet et chaque planche est superbe. Le trait est dynamique, les personnages sont vivants, les décors beaux et soignés et la mise en page travaillée. On y retrouve aussi la patte de Frank Pé, en particulier son maestria à dessiner des animaux. Sans parler des tableaux peints en couleurs directes qui sont des éléments de l'intrigue et qu'on trouve sur différentes pages de l'album. Chaque planche vaut le coup d'oeil et on se prendrait à rêver d'aventures classiques de nos deux héros dessinées par cet auteur. Maintenant, le scénario lui-même m'a moins emballé. Il mélange plusieurs thématiques sans vraiment trouver sa voie. On y trouve le sujet de la paternité avec une adolescente difficile qui rappelle parfois trop fortement l'héroïne de Zoo. Mais celle-ci est tellement caricaturale dans son entêtement à jouer les ados boudeuses et râleuses qu'elle en devient pénible. On y trouve le sujet de la cause animale et environnementale, une critique de la société capitaliste, une admiration pour l'art mais aussi pour le monde du spectacle. Mais tout cela est amené de manière presque nunuche par moment tant cela manque de finesse dans le ton. Le message parait tellement cousu de fil blanc qu'il rate sa cible. Et ça suinte tellement de bons sentiments que ça en devient poisseux. Sans parler de l'intrigue parallèle autour de Champignac et d'une invasion mondiale de champignons noirs qui n'aboutit finalement à rien et semble parfaitement dispensable tant elle n'a aucun impact sur l'intrigue principale. J'imagine qu'elle tient de l'analogie mais là encore elle a raté sa cible car je n'en ai vu ni le message ni surtout l'intérêt. Bref, même si elle se laisse lire, l'intrigue de cet album n'est malheureusement pas terrible. C'est dommage car en contrepartie le graphisme est superbe. Et du coup, c'est lui qui fait toute la force de cet album, mais cela ne suffit pas à en faire une suffisamment bonne BD.
Azizam
Si l’histoire se déroule à Téhéran, dans une famille iranienne, elle pourrait tout aussi bien se passer ailleurs, en France par exemple. En effet, à part les noms, et certains termes – culinaires en particulier, nous ne sommes pas trop dépaysés par cette intrigue. Car c’est avant tout les bisbilles au sein de cette famille qui intéressent Gelsomino. Dès le départ le ton est donné : après la mort de sa femme, Amir voit ses enfants (sa fille Shirin et ses deux frères) se chamailler – comme toujours visiblement, anticiper leur part d’héritage, révélant tous un côté égoïste, petit bourgeois, mesquin et intéressé, qui les rend odieux à leur père (et pas mal antipathiques aux lecteurs !). Pas un pour rattraper les autres (voir la scène ou chacun vend en cachette sur un marché ce qu’il a volé aux autres – ils sont censés se partager comme héritage de la mère un terrain sur lequel se trouvent des arbres fruitiers, ce qui se finit par une bagarre générale)… Le scénario surjoue un peu l’animosité plus ou moins larvée au sein de la fratrie, pour développer une comédie douce-amère (crise plus ou moins hystérique entre la sœur et ses deux frères), accompagnée de quelques petits gags récurrents (le gamin qui tire au lance pierre sur les fesses de son grand père Amir). Et puis le récit prend un peu d’épaisseur dans le dernier tiers, où le drame s’invite, après que Shirin se soit expliquée avec son père. Shirin qui, contrairement à ses frères, s’avère moins monolithique, évolue, et devient bien plus attachante à la fin. Petite comédie sans prétention au sein d’une famille iranienne, l’album se laisse lire agréablement.
Cuervos
Dans cette série, on suit le destin de Joàn, un gamin des rues colombiennes qui deviendra un membre important de la mafia puis un homme politique. Chaque tome concerne une période de sa vie : son enfance, ses dix-sept ans, son âge adulte et enfin son âge mûr. L’histoire est assez captivante au début. La ville de Medellin est décrite d’une façon particulièrement glauque, et l’absence de tout sens moral du personnage principal (et de certains autres) est bien rendue. Par la suite, c’est un peu moins passionnant, mais cela reste une lecture agréable. D’un côté, j’aime bien le fait que chaque tome effectue un saut important dans le temps, ce qui permet de faire avancer l’histoire de manière significative sans rallonger la sauce inutilement. De l’autre, j’ai trouvé certains passages un peu rapides, et on a parfois un peu l’impression de survoler certains arcs scénaristiques. Aussi bien en BD qu’en film ou en roman, les récits de mafiosos sont nombreux, et certains autres comprennent des scènes plus marquantes que les trois derniers tomes de cette série. Comme cela a déjà été dit, certains cadrages sont originaux mais cela ne facilite pas toujours la lisibilité. Au final, il s’agit tout de même d’une bonne série, que je prendrai plaisir à relire à l’occasion.
Le Spirou de Christian Durieux - Pacific Palace
Pacific Palace, comme son nom l'indique, se déroule dans un hôtel de luxe. Il s'agit en réalité d'une histoire complète en huis-clos au ton assez surprenant. Spirou travaille comme groom dans ce palace et vient d'y faire embaucher Fantasio depuis que celui-ci a été viré du journal Le Moustique. Forcément, ce dernier n'est guère approprié au rôle de groom lui-même. Et pourtant ce sont bien Spirou et lui qui se retrouvent réquisitionnés pour rejoindre la minuscule équipe de membres du personnel qui restera sur place lorsque celui-ci sera totalement vidé pour accueillir un invité très spécial : un ancien dictateur en fuite venu chercher refuge en France. C'est ainsi que moins d'une dizaine de personnes vont se retrouver cloitrés dans l'hôtel durant quelques jours à l'atmosphère étrange et intrigante. Et parmi elles, la fille du dictateur dont Spirou va tomber amoureux au premier regard. Graphiquement, c'est un album très élégant. La couverture, avec sa dominante bleue, sa composition et sa piscine Arts Déco, est fascinante. Les planches elles-mêmes tranchent moins par leur colorisation et leur impact visuel mais le trait est très propre et là encore la mise en page est pleine de classe et parfaitement fluide. Les personnages sont réussis également, à l'exception de Fantasio dont le visage de vieux gamin égocentrique et acariâtre me rebute et contribue à rendre le sujet presque détestable par moment. Le scénario est une drôle d'histoire qui ne ressemble que très peu aux aventures classiques de Spirou et Fantasio. On y retrouve certes le rôle traditionnel de groom de Spirou et celui-ci de journaliste fouineur de Fantasio, mais tout le ton de l'histoire leur semble assez étranger. Il y a certes un peu du Journal d'un Ingénu d'Emile Bravo dans ce récit où un groom Spirou et un journaliste Fantasio croisent la grande Histoire (même si fictive dans le cas présent) dans les couleurs d'un hôtel. Il y a aussi du Grand Budapest Hotel dans ce palace et dans son directeur qui représente l'élégante mémoire des lieux et de son mystérieux passé. Mais il y a aussi toute une drôle d'ambiance, entre espionnage et secrets d'alcôves, tout au long d'un album attentiste où les protagonistes évoluent en milieu clos, presque coupé du monde réel, et tandis que le lecteur se demande bien où cela va le mener. Sans parler de cette romance en demi-teinte entre Spirou et la mystérieuse fille du dictateur. Tout cela parait très éloigné de l'esprit du Spirou auquel sont habitués les anciens amateurs de ses aventures, au sens strict du terme. En outre, la fin très douce amère et son orientation real-politik contrastent là encore avec ce à quoi on pourrait s'attendre de nos deux héros. Honnêtement, c'est une bonne histoire mais il ne faut pas y chercher une aventure de Spirou et Fantasio. C'est un esprit différent et un rythme beaucoup plus lent et contemplatif. Et au final, le directeur de l'hôtel me parait davantage le vrai héros de l'histoire que les deux jeunes aventuriers. J'aime l'atmosphère qui se dégage de cette BD, tant par son visuel que par sa narration et le coeur de son intrigue, mais je n'y aurais pu forcément vu la place pour Spirou et Fantasio.
La Douce (Schuiten)
La Douce est une vieille locomotive à vapeur ayant déjà parcouru plusieurs centaines de milliers de kilomètres qui va finir à la décharge, les trains électriques la rendant obsolète. L'histoire a le mérite de montrer la difficulté des métiers de machiniste et chauffeur (celui qui va au charbon). Pour autant certains comme Léon refusent la modernité. Accompagnée d'une jeune femme muette, on va voir le vieil homme évoluer dans un univers proche graphiquement de la série phare de Schuiten à savoir Les Cités obscures. Au niveau de l'histoire c'est bien sans plus, je reste client sur le plan graphique. Le petit dossier en fin d'album est intéressant et montre la réelle histoire de ces machines de Type 12.
Terence Trolley
Terence Trolley est une BD de science-fiction, de thriller et d'action comme il en sortait dans les années 90 et 2000. On y trouve toutefois un décor légèrement cyberpunk qui résonne avec l'actualité vidéoludique du moment. Dans ce futur relativement proche, nous trouvons un monde certes technologiquement avancé mais aussi corrompu par les multinationales et notamment par une qui a fructifié sur les effets du réchauffement climatique. Non contente d'en rester là, elle a aussi fait des expériences sur des enfants et a doté certains de ces cobayes de pouvoirs extra-sensoriels. Trois d'entre eux se sont cependant échappés et ils vont devoir compter sur l'aide de Terence Trolley, homme de main très efficace et dangereux, pour les protéger des poursuivants de l'affreuse méga-corpo qui est à leurs trousses. La trame est classique mais bien cousue et surtout très rythmée. L'intrigue est dense malgré sa qualité de tenir en deux tomes seulement. Il y a quelques passages cousus de fil blanc, notamment une coïncidence un peu grosse en toute fin de série, mais le lecteur se laisse facilement emporter. J'ai aimé quelques bonnes idées, notamment la version digitalisée de la femme disparue du héros qui reste avec lui, mais bloquée physiquement dans son camping-car. Les personnages sont aussi assez travaillés, que ce soit les enfants à super-pouvoirs, leur fameux "grand-père" ou encore les associés du héros qui amènent chacun leurs caractéristiques et leur passé et influent ainsi sur le cours de l'intrigue. Le graphisme, lui, est un peu spécial. Globalement, je l'aime bien et j'aime son dynamisme. Mais j'ai eu du mal à me faire aux visages des protagonistes qui sont tous similaires, des masques faciaux écrasés et reconnaissables finalement uniquement à leurs coiffures et à leurs yeux, malgré quelques expressions parfois exacerbées, presque caricaturales quand ils doivent exprimer des émotions. Sans qu'elle m’aie vraiment marqué par sa force ou son originalité, je me suis laissé porté par cette lecture pleine d'action et de rebondissements. Un sympathique divertissement sur fond de science-fiction et de fantastique.
Photo de famille recomposée
Cette BD raconte avec humour le quotidien d'une famille recomposée : une mère divorcée, sa fille et son fils, qui emménagent avec son nouveau mari et ses deux filles à lui. La vie à 6 donc, mais une semaine sur deux seulement. L'occasion d'aborder le sujet de la bonne entente entre tout ce petit monde, de l'organisation matérielle au jour le jour, ou encore les réactions des uns et des autres face à des situations inconnues de ceux qui ne vivent pas dans une famille recomposée. L'album est structuré en gags en une planche. Le style graphique d'Armelle Drouin y est tout en rondeur et joyeusement coloré, bien adapté aux séries d'humour au ton léger comme ici. La mise en page et la mise en scène sont bien réussis pour une lecture fluide et agréable. La BD s'adresse avant tout aux parents de ces familles recomposées. Ils sont ici au centre de l'attention et ce sont essentiellement eux les héros de ces aventures du quotidien qu'ils partagent avec leurs enfants. Le père et la mère de cette série se révèlent d'ailleurs assez vite attachants. L'humour n'y est pas forcément hilarant et on y décroche rarement plus qu'un sourire. Mais l'ambiance est plaisante, et surtout il s'en dégage un réel vécu. Qu'il s'agisse des anecdotes ou simplement des situations elles-mêmes, on sent qu'elles proviennent de véritables expériences ou ressentis de parents de familles recomposées. Elles se révèlent même quelques fois surprenantes ou du moins inattendues pour les lecteurs qui n'ont pas partagé une telle expérience. Je fais partie de ces derniers donc je ne peux pas juger pleinement de la chose, mais je me dis que cette BD réussira sans doute à toucher avec succès les parents concernés qui y retrouveront avec le sourire beaucoup de leur propre vécu familial.
Le Jardin de Daubigny
Cette courte biographie d’un peintre dont j’ignorais jusqu’à l’existence s’est avérée plaisante à lire. Et la raison principale vient du ton général de l’album et de son découpage original. En effet, plutôt que de tomber dans le piège tentant de la biographie classique, les auteurs ont opté pour une série de 10 tableaux. Dix courts chapitres qui vont permettre d’illustrer des instantanés de la vie de Charles-François Daubigny, laissant à notre imagination le soin de combler les vides. Et comme le ton général de l’album est à la bonhomie et à la simplicité (grâce notamment au trait caricatural et spontané de Luc Cromheecke, que je préfère nettement ici qu’à l’époque de Tom Carbone), l’image qui se dessine de ce peintre méconnu est celle d’un bon vivant, simple, observateur et précurseur par bien des aspects alors même qu’il ne cherche pas à l’être. Et la sympathie que j’éprouve pour le gaillard est égale à la sympathie que j’éprouve pour cet album. Certes ce n’est pas un immanquable mais bien une œuvre aussi instructive que légère. Elle m’a permis de découvrir un artiste dont j’ignorais tout… et dont le fait de le connaître ne changera en rien le cours de ma vie, sinon que si je devais croiser un de ses tableaux sur les murs d’un musée, je me dirais « Ah oui, c’est ce peintre sympa qui a inspiré les impressionnistes ». Pas essentiel donc, mais je suis quand même bien content de l’avoir lu. Si le sujet vous intéresse, c’est, je pense, un album à lire. Parce qu’il se lit facilement et parce qu’il se consacre à un peintre méconnu et pourtant influent.
Shanna
Un comics de pur divertissement. Frank Cho est vraiment très bon pour dessiner des femmes sexy et c'est un des principaux intérêts de cet album. On notera qu'on ne verra jamais les parties génitales de Shanna ou ses tétons car tout est bien censuré. Disons que je me suis demandé s'il aurait été plus loin si ça avait été un manga, le Japon étant plus permissif que les États-Unis sur la nudité. Sinon, une bd dont l'unique intérêt est de voir une héroïne sexy, cela devient souvent vite ennuyeux si le scénario n'est qu'un prétexte pour montrer son corps. Heureusement, il y a un vrai scénario sympa et puis...ben c'est tout. L'histoire n'est pas mauvaise, c'est juste qu'il n'y a rien qui la rend exceptionnelle. C'est de la série B sympa à lire si on cherche uniquement à se divertir. J'ai tout de même eu un problème avec la fin parce que j'ai eu l'impression que ça ne se terminait pas, plutôt que le scénario s'arrête abruptement. Pour les amateurs de comics avec des femmes sexy.
La Cage aux cons
Ce n'est pas la cage aux folles mais la cage aux cons, bien que cette histoire ne manque pas de folie. Ni de cons d'ailleurs... qui sont mis en scène dans un huis clos banlieusard tenant le lecteur en haleine. Le braqueur à la petite semaine se retrouve otage d'un bourgeois fantasque, vedette du petit écran. Dialogues bien troussés servis par un dessin noir et blanc à l'avenant nous plongeant dans un film de truands des années 60. Une belle surprise.