Pour moi qui ne suis pas du tout une aventurière, cet album a été un bol d'air !
C'est l'histoire vraie d'une jeune femme qui part seule à moto de Paris pour rallier le Japon, début juin 2010. Elle traverse donc l'Europe de part en part, puis l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, la Mongolie (sans goudron) en passant par la Russie, sur sa petite 125.
Ses peurs, les nuits sous la tente sur des aires d'autoroutes, sous des ponts, la météo pas toujours joyeuse, ses soulagements, ses pannes mécaniques, le passage des frontières, l'aide des gens qui croisent son chemin, des haltes dans des familles, la solidarité entre motards. Tout un quotidien de 80 jours résumé en 168 pages.
Le dessin aux couleurs assez réalistes, sans grande originalité, avec juste des croquis au trait quand elle partage des souvenirs intéressants pour comprendre sa réaction, par exemple. De temps en temps : un tracé du parcours sur la carte avec les évènements racontés situés entre les capitales aux noms connus. La personnification de la moto et certaines fiches "conseil," donnent un aspect manga un peu enfantin par moment.
La police de caractère choisie pour les bulles est un peu froide et c'est dommage.
Bref c'est un reportage BD qui aurait pu être plus chaleureux, mais qui permet quand même de se faire une idée de l'aventure et des différents pays traversés.
Un peu étrange cette BD. Quand j'ai commencé à lire, j'ai de suite été surpris par le comportement et l'aura des personnages masculins qui m'ont semblé très féminisés. Pourtant ces derniers (en tout cas, Noah et Claude) semblent être hétérosexuels mais c'est comme si l'auteur avait voulu inverser le rôle des genres. J'avoue ne pas avoir compris l'usage d'un tel artifice assez cocasse. Peut-être la recherche de l'originalité dans le récit ? Mais c'est un peu vain et je trouve que ça n'apporte pas grand chose à cette histoire qui n'est qu'une banale relation amoureuse compliquée entre un jeune homme (Noah) et une jeune femme (Alex) avec tout ce que cela comporte : les non-dits, l'influence toxique des réseaux sociaux, le désir de plaire à l'autre en jouant sur la transformation physique à travers des régimes amincissants et dépenses futiles en produits de beauté,....
Tout cela est pertinent et pour une première oeuvre, ça se lit bien même si je regrette certaines incompréhensions dans les dernières pages, notamment lorsque Noah se trouve face à la star Marley Johnson prêt à monter dans le bus et qui, physiquement, lui ressemble à l'identique.... L'échange sans dialogues entre Noah et Alex n'est pas clair pour moi non plus....Dommage. 2,5/5
Je serais un peu moins sévère que mes prédécesseurs quant à mon appréciation sur cette série. Jérôme Anfré nous entraîne dans un monde à la limite de l'absurde pour interroger sur le processus de création.
C'est un thème assez classique chez tous les artistes que cette pensée sur soi-même et sa force créatrice. Anfré questionne le rapport entre son esprit et sa main, fait part de son angoisse de perdre cette main droite qui le fait exister.
C'est aussi un cheminement à travers la validité de l'univers créé et de sa légitimité face au public. Ces thèmes sont toujours intéressants même si ici c'est traité de façon assez confuse.
Je trouve le graphisme plutôt bon avec un trait fin et précis. Cela part un peu dans tous les sens et l'auteur aurait pu faire l'économie de quelques planches pour condenser son récit.
Une création assez originale mais pas assez aboutie. 2.5
Cet album se situe un cran en dessous de Chambre 179 et Mauvaises habitudes dans la même collection, que j’avais trouvés plus aboutis.
Les histoires courtes recueillies ici jouent encore sur un érotisme torride, et pas mal de fétichisme : bas noirs, porte-jarretelles et escarpins à talons pour la femme à laquelle Casotto prête ses traits, et surtout une certaine obsession pour les pieds (elle le fait souvent, mais ici c’est systématique !). Les scènes de sexe sont très bien rendues, mêmes si finalement peu développées, basiques. A noter que dans ces scènes, qu’elles soient hétéro ou bisexuelles en trio, c’est toujours la femme qui domine – même si l’homme n’en est pas toujours conscient.
Le dessin est globalement bon, mais un peu moins précis parfois qu’ailleurs. Les aplats de noir assez gras qui soulignent certains endroits renforcent parfois l’érotisme (comme peut le faire – en mieux je trouve – Xavier Duvet), mais c’est parfois maladroit. Mais le reste, l’utilisation du Noir et Blanc et de dégradés de gris, est plutôt réussi.
Quant aux histoires, elles sont inégales. Casotto essaye encore de bâtir de vrais petits scénarios, avec une chute amusante, ironique, surprenante, c’est sa marque de fabrique. Mais je trouve que c’est ici moins réussi que dans les albums cités plus haut.
Bon, ça reste quand même émoustillant.
Note réelle 2,5/5.
Petit Patayo est une collection de petits albums souple au format à l'italienne fonctionnant sur le principe d'une case par page avec un texte narratif sous la case à l'image des BD du 19e siècle, si ce n'est qu'on est vraiment dans de la pure narration séquentielle et pas du tout du livre illustré.
Encre de Chine est l'oeuvre d'une artiste chinoise et cet album s'apparente sur la forme aux bandes dessinées chinoises traditionnelles, avec un style graphique à l'encre de chine rappelant de belles illustrations asiatiques antiques auxquelles il se mêle ici une petite touche de ligne claire et des visages légèrement manga. C'est un style un petit peu raide mais très joli. D'autant que comme l'album est de belle qualité physique, on a le sentiment d'avoir un beau petit objet entre les mains.
L'ouvrage se structure également en deux parties. D'un côté une histoire en français de 92 pages, et de l'autre côté, tête bêche, la même histoire en chinois. C'est donc un album bilingue.
L'histoire est un conte moderne rendant hommage à la ville de Pékin. Suivant les pas d'une jeune dessinatrice qui fait la rencontre d'une statue de lion vivante, elle nous emmène à les accompagner tout au long des quartiers traditionnels et des points d'intérêt historiques et culturels de la capitale Chinoise. Alors certes je suppose qu'en réalité, ces mêmes lieux doivent être bondés et nettement moins charmants, mais cet album m'a donné bien envie de découvrir ses anciens quartiers et ses temples. C'est charmant, même si j'ai peur que ce soit probablement aussi trompeur que pour un asiatique à qui on prometterait uniquement la façade romantique et lumineuse de la belle ville de Paris.
L'album ne contient évidemment pas qu'une visite touristique de Pékin, celle-ci n'est qu'un décor à la fable de cette jeune femme cherchant de quoi nourrir ce lion de pierre qui semble n'accepter aucune vraie nourriture. Ce conte est légèrement naïf quoique pas désagréable à suivre.
Mais je retiens surtout le charme de cette visite de Pékin et du joli dessin qui la met en scène.
Les amateurs de cet auteur anglais se retrouvent ici en terrain connu.
D’abord avec le très beau travail éditorial de 2024 (comme toujours avec ce "petit" éditeur !), avec une couverture épaisse, et un format à l’italienne idéal pour ce genre de strips.
Ensuite avec le dessin très minimaliste et l’humour particulier de Gauld, très « british ». Un peu de non-sens – peut-être un peu moins ici qu’ailleurs, de l’absurde. Ne vous attendez pas à enchaîner les éclats de rire, on est plus ici dans un humour pince-sans-rire.
Comme pour En cuisine avec Kafka chez le même éditeur, c’est un recueil de strips publiés dans un supplément littéraire du journal anglais The Guardian.
L’ensemble regroupé ici est peut-être un peu plus inégal qu’à l’habitude, quelques strips sont quelconques je trouve. Mais la majorité sont bien vus, et on les apprécie d’autant plus que l’on a en tête les références littéraires sur lesquelles Gauld bâtit souvent ses « réflexions ».
Lecture détente – mais pas que, en tout cas une nouvelle fois lecture recommandée. C’est un auteur que je vais continuer à suivre !
Cette réadaptation des héros de Jules Verne dans une optique fantastique de type steampunk tient à peu près ses promesses, l'idée est intéressante de mêler les 2 univers julesvernien et lovecraftien, avec le capitaine Nemo et un nouveau Nautilus, et le monstre mythique Cthullu. Nolane n'est pas dépourvu d'imagination, cette histoire lui permet de créer une extention au roman d'origine 20 000 lieues sous les mers.
On constate en effet que Nemo n'est pas mort mais qu'il a vécu une étrange expérience qui pourrait le mettre en danger, il y a pas mal de changements qui replacent tout l'attirail de Nemo dans une utilisation plus moderne, l'intrigue est prenante, ça démarre bien, le progression est habile et on devine des perspectives surprenantes, le tout dans une ambiance à la Jules Verne respectée. L'ennui, c'est que j'ai trouvé le tome 2 un peu moins réussi, trop démesuré, les péripéties sont un peu trop rocambolesques et versent dans un mélange d'aventure, de mystère et de fantastique trop délirant, même si le fonctionnement de l'histoire n'est pas mauvais. En fait, il y a un net décalage entre les 2 tomes, mais après tout, peut-être que le sujet s'y prête et que l'option de cette fausse adaptation du roman de Jules Verne soit celle d'un récit complètement fou qui doit justement constituer l'originalité de ce diptyque, je vais donc le recevoir ainsi, même si je trouve aussi que la fin est un peu expédiée.
Sur le plan graphique, Patrick Dumas a fait de sacrés progrès depuis Patrick Maudick et Les Dossiers secrets de Maître Berger, son dessin est devenu plus souple tout en gardant une petite raideur, il se fond dans la ligne graphique des dessinateurs de la collection 1800, j'aime bien ses décors et son ambiance steampunk très XIXème siècle.
Voila donc un diptyque assez délirant, pas désagréable à la lecture et qui donne une autre approche de l'univers de Jules Verne, mais qui n'est pas ouvertement inoubliable ; disons que parmi les diptyques de cette collection 1800, il ne fait pas partie de mes préférés.
Le spin off de Thorgal le plus homogène, on retrouve à la barre le même duo que sur Louve.
J’ai trouvé cette série un beau cran au dessus de sa consœur, une qualité graphique plus réussie à mes yeux. Malgré le jeune âge du héros, ce dernier a plus de charisme que sa fille.
Yann lui crée une jeunesse bien mouvementée, dans des histoires respectueuses de la mythologie. L’utilisation du personnage de Slive m’a bien plu, entre autres références et clins d’œil.
Pas indispensable mais bien fait et sympathique.
Rien d’inoubliable ou d’indispensable dans cet album (j’ai lu la réédition augmentée). Je dois même dire que je me suis souvent ennuyé durant les cinquante premières pages (passages en France et tourisme au Maghreb).
Heureusement le dessin de Masson, simple, est plutôt agréable, j’ai donc passé outre cette entame décevante. Et la suite, justement, est plus captivante, en particulier les discussions avec et les réflexions à propos d’autres auteurs de BD, ce qui me fait arrondir aux trois étoiles. Ces « petits riens » étaient alors plus intéressants.
Mais je suis sorti déçu de cette lecture, dont j’attendais sans doute davantage, ou autre chose, je ne sais pas trop quoi en fait.
Je suis toujours un peu circonspect avec les récits de "bons et sympathiques" soldats japonais pendant leur conquête de la Chine et du continent.
Les occupations japonaises ont historiquement été d'une brutalité et d'une sauvagerie quasi générale. J'ai donc toujours comme premier réflexe de prendre ce type de récit comme une participation au déni longtemps entretenu par les autorités de l'archipel.
L'anecdote du soldat Toshiro et du petit malais est sympathique et porte son lot d'émotions et de bons sentiments mais je ne suis pas convaincu par de nombreux points. Mais il est aussi juste de rappeler les bonnes actions faites au péril de leur vie par ceux qui avaient gardé une part d'humanité (comme cela est fait en fin d'ouvrage).
La conquête de Singapour et de la péninsule en partie grâce aux vélos aurait mérité un développement plus approfondi dans lequel l'anecdote aurait pu prendre une place importante.
Je trouve le graphisme assez rudimentaire, très figé dans les expressions et sans les extérieurs qui pourraient donner une ambiance à la ville et à cette époque.
Une lecture très rapide avec un noyau central intéressant mais trop rapide à mon goût. 2.5
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Back to Japan
Pour moi qui ne suis pas du tout une aventurière, cet album a été un bol d'air ! C'est l'histoire vraie d'une jeune femme qui part seule à moto de Paris pour rallier le Japon, début juin 2010. Elle traverse donc l'Europe de part en part, puis l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, la Mongolie (sans goudron) en passant par la Russie, sur sa petite 125. Ses peurs, les nuits sous la tente sur des aires d'autoroutes, sous des ponts, la météo pas toujours joyeuse, ses soulagements, ses pannes mécaniques, le passage des frontières, l'aide des gens qui croisent son chemin, des haltes dans des familles, la solidarité entre motards. Tout un quotidien de 80 jours résumé en 168 pages. Le dessin aux couleurs assez réalistes, sans grande originalité, avec juste des croquis au trait quand elle partage des souvenirs intéressants pour comprendre sa réaction, par exemple. De temps en temps : un tracé du parcours sur la carte avec les évènements racontés situés entre les capitales aux noms connus. La personnification de la moto et certaines fiches "conseil," donnent un aspect manga un peu enfantin par moment. La police de caractère choisie pour les bulles est un peu froide et c'est dommage. Bref c'est un reportage BD qui aurait pu être plus chaleureux, mais qui permet quand même de se faire une idée de l'aventure et des différents pays traversés.
Le bel Alex
Un peu étrange cette BD. Quand j'ai commencé à lire, j'ai de suite été surpris par le comportement et l'aura des personnages masculins qui m'ont semblé très féminisés. Pourtant ces derniers (en tout cas, Noah et Claude) semblent être hétérosexuels mais c'est comme si l'auteur avait voulu inverser le rôle des genres. J'avoue ne pas avoir compris l'usage d'un tel artifice assez cocasse. Peut-être la recherche de l'originalité dans le récit ? Mais c'est un peu vain et je trouve que ça n'apporte pas grand chose à cette histoire qui n'est qu'une banale relation amoureuse compliquée entre un jeune homme (Noah) et une jeune femme (Alex) avec tout ce que cela comporte : les non-dits, l'influence toxique des réseaux sociaux, le désir de plaire à l'autre en jouant sur la transformation physique à travers des régimes amincissants et dépenses futiles en produits de beauté,.... Tout cela est pertinent et pour une première oeuvre, ça se lit bien même si je regrette certaines incompréhensions dans les dernières pages, notamment lorsque Noah se trouve face à la star Marley Johnson prêt à monter dans le bus et qui, physiquement, lui ressemble à l'identique.... L'échange sans dialogues entre Noah et Alex n'est pas clair pour moi non plus....Dommage. 2,5/5
Le Dessinateur, la colline et le cosmos
Je serais un peu moins sévère que mes prédécesseurs quant à mon appréciation sur cette série. Jérôme Anfré nous entraîne dans un monde à la limite de l'absurde pour interroger sur le processus de création. C'est un thème assez classique chez tous les artistes que cette pensée sur soi-même et sa force créatrice. Anfré questionne le rapport entre son esprit et sa main, fait part de son angoisse de perdre cette main droite qui le fait exister. C'est aussi un cheminement à travers la validité de l'univers créé et de sa légitimité face au public. Ces thèmes sont toujours intéressants même si ici c'est traité de façon assez confuse. Je trouve le graphisme plutôt bon avec un trait fin et précis. Cela part un peu dans tous les sens et l'auteur aurait pu faire l'économie de quelques planches pour condenser son récit. Une création assez originale mais pas assez aboutie. 2.5
Les Désirs de Vénus
Cet album se situe un cran en dessous de Chambre 179 et Mauvaises habitudes dans la même collection, que j’avais trouvés plus aboutis. Les histoires courtes recueillies ici jouent encore sur un érotisme torride, et pas mal de fétichisme : bas noirs, porte-jarretelles et escarpins à talons pour la femme à laquelle Casotto prête ses traits, et surtout une certaine obsession pour les pieds (elle le fait souvent, mais ici c’est systématique !). Les scènes de sexe sont très bien rendues, mêmes si finalement peu développées, basiques. A noter que dans ces scènes, qu’elles soient hétéro ou bisexuelles en trio, c’est toujours la femme qui domine – même si l’homme n’en est pas toujours conscient. Le dessin est globalement bon, mais un peu moins précis parfois qu’ailleurs. Les aplats de noir assez gras qui soulignent certains endroits renforcent parfois l’érotisme (comme peut le faire – en mieux je trouve – Xavier Duvet), mais c’est parfois maladroit. Mais le reste, l’utilisation du Noir et Blanc et de dégradés de gris, est plutôt réussi. Quant aux histoires, elles sont inégales. Casotto essaye encore de bâtir de vrais petits scénarios, avec une chute amusante, ironique, surprenante, c’est sa marque de fabrique. Mais je trouve que c’est ici moins réussi que dans les albums cités plus haut. Bon, ça reste quand même émoustillant. Note réelle 2,5/5.
Encre de Chine
Petit Patayo est une collection de petits albums souple au format à l'italienne fonctionnant sur le principe d'une case par page avec un texte narratif sous la case à l'image des BD du 19e siècle, si ce n'est qu'on est vraiment dans de la pure narration séquentielle et pas du tout du livre illustré. Encre de Chine est l'oeuvre d'une artiste chinoise et cet album s'apparente sur la forme aux bandes dessinées chinoises traditionnelles, avec un style graphique à l'encre de chine rappelant de belles illustrations asiatiques antiques auxquelles il se mêle ici une petite touche de ligne claire et des visages légèrement manga. C'est un style un petit peu raide mais très joli. D'autant que comme l'album est de belle qualité physique, on a le sentiment d'avoir un beau petit objet entre les mains. L'ouvrage se structure également en deux parties. D'un côté une histoire en français de 92 pages, et de l'autre côté, tête bêche, la même histoire en chinois. C'est donc un album bilingue. L'histoire est un conte moderne rendant hommage à la ville de Pékin. Suivant les pas d'une jeune dessinatrice qui fait la rencontre d'une statue de lion vivante, elle nous emmène à les accompagner tout au long des quartiers traditionnels et des points d'intérêt historiques et culturels de la capitale Chinoise. Alors certes je suppose qu'en réalité, ces mêmes lieux doivent être bondés et nettement moins charmants, mais cet album m'a donné bien envie de découvrir ses anciens quartiers et ses temples. C'est charmant, même si j'ai peur que ce soit probablement aussi trompeur que pour un asiatique à qui on prometterait uniquement la façade romantique et lumineuse de la belle ville de Paris. L'album ne contient évidemment pas qu'une visite touristique de Pékin, celle-ci n'est qu'un décor à la fable de cette jeune femme cherchant de quoi nourrir ce lion de pierre qui semble n'accepter aucune vraie nourriture. Ce conte est légèrement naïf quoique pas désagréable à suivre. Mais je retiens surtout le charme de cette visite de Pékin et du joli dessin qui la met en scène.
La Revanche des bibliothécaires
Les amateurs de cet auteur anglais se retrouvent ici en terrain connu. D’abord avec le très beau travail éditorial de 2024 (comme toujours avec ce "petit" éditeur !), avec une couverture épaisse, et un format à l’italienne idéal pour ce genre de strips. Ensuite avec le dessin très minimaliste et l’humour particulier de Gauld, très « british ». Un peu de non-sens – peut-être un peu moins ici qu’ailleurs, de l’absurde. Ne vous attendez pas à enchaîner les éclats de rire, on est plus ici dans un humour pince-sans-rire. Comme pour En cuisine avec Kafka chez le même éditeur, c’est un recueil de strips publiés dans un supplément littéraire du journal anglais The Guardian. L’ensemble regroupé ici est peut-être un peu plus inégal qu’à l’habitude, quelques strips sont quelconques je trouve. Mais la majorité sont bien vus, et on les apprécie d’autant plus que l’on a en tête les références littéraires sur lesquelles Gauld bâtit souvent ses « réflexions ». Lecture détente – mais pas que, en tout cas une nouvelle fois lecture recommandée. C’est un auteur que je vais continuer à suivre !
20 000 Siècles sous les mers
Cette réadaptation des héros de Jules Verne dans une optique fantastique de type steampunk tient à peu près ses promesses, l'idée est intéressante de mêler les 2 univers julesvernien et lovecraftien, avec le capitaine Nemo et un nouveau Nautilus, et le monstre mythique Cthullu. Nolane n'est pas dépourvu d'imagination, cette histoire lui permet de créer une extention au roman d'origine 20 000 lieues sous les mers. On constate en effet que Nemo n'est pas mort mais qu'il a vécu une étrange expérience qui pourrait le mettre en danger, il y a pas mal de changements qui replacent tout l'attirail de Nemo dans une utilisation plus moderne, l'intrigue est prenante, ça démarre bien, le progression est habile et on devine des perspectives surprenantes, le tout dans une ambiance à la Jules Verne respectée. L'ennui, c'est que j'ai trouvé le tome 2 un peu moins réussi, trop démesuré, les péripéties sont un peu trop rocambolesques et versent dans un mélange d'aventure, de mystère et de fantastique trop délirant, même si le fonctionnement de l'histoire n'est pas mauvais. En fait, il y a un net décalage entre les 2 tomes, mais après tout, peut-être que le sujet s'y prête et que l'option de cette fausse adaptation du roman de Jules Verne soit celle d'un récit complètement fou qui doit justement constituer l'originalité de ce diptyque, je vais donc le recevoir ainsi, même si je trouve aussi que la fin est un peu expédiée. Sur le plan graphique, Patrick Dumas a fait de sacrés progrès depuis Patrick Maudick et Les Dossiers secrets de Maître Berger, son dessin est devenu plus souple tout en gardant une petite raideur, il se fond dans la ligne graphique des dessinateurs de la collection 1800, j'aime bien ses décors et son ambiance steampunk très XIXème siècle. Voila donc un diptyque assez délirant, pas désagréable à la lecture et qui donne une autre approche de l'univers de Jules Verne, mais qui n'est pas ouvertement inoubliable ; disons que parmi les diptyques de cette collection 1800, il ne fait pas partie de mes préférés.
Les Mondes de Thorgal - La jeunesse de Thorgal
Le spin off de Thorgal le plus homogène, on retrouve à la barre le même duo que sur Louve. J’ai trouvé cette série un beau cran au dessus de sa consœur, une qualité graphique plus réussie à mes yeux. Malgré le jeune âge du héros, ce dernier a plus de charisme que sa fille. Yann lui crée une jeunesse bien mouvementée, dans des histoires respectueuses de la mythologie. L’utilisation du personnage de Slive m’a bien plu, entre autres références et clins d’œil. Pas indispensable mais bien fait et sympathique.
Carnet de voyage (Un américain en balade)
Rien d’inoubliable ou d’indispensable dans cet album (j’ai lu la réédition augmentée). Je dois même dire que je me suis souvent ennuyé durant les cinquante premières pages (passages en France et tourisme au Maghreb). Heureusement le dessin de Masson, simple, est plutôt agréable, j’ai donc passé outre cette entame décevante. Et la suite, justement, est plus captivante, en particulier les discussions avec et les réflexions à propos d’autres auteurs de BD, ce qui me fait arrondir aux trois étoiles. Ces « petits riens » étaient alors plus intéressants. Mais je suis sorti déçu de cette lecture, dont j’attendais sans doute davantage, ou autre chose, je ne sais pas trop quoi en fait.
La Bicyclette
Je suis toujours un peu circonspect avec les récits de "bons et sympathiques" soldats japonais pendant leur conquête de la Chine et du continent. Les occupations japonaises ont historiquement été d'une brutalité et d'une sauvagerie quasi générale. J'ai donc toujours comme premier réflexe de prendre ce type de récit comme une participation au déni longtemps entretenu par les autorités de l'archipel. L'anecdote du soldat Toshiro et du petit malais est sympathique et porte son lot d'émotions et de bons sentiments mais je ne suis pas convaincu par de nombreux points. Mais il est aussi juste de rappeler les bonnes actions faites au péril de leur vie par ceux qui avaient gardé une part d'humanité (comme cela est fait en fin d'ouvrage). La conquête de Singapour et de la péninsule en partie grâce aux vélos aurait mérité un développement plus approfondi dans lequel l'anecdote aurait pu prendre une place importante. Je trouve le graphisme assez rudimentaire, très figé dans les expressions et sans les extérieurs qui pourraient donner une ambiance à la ville et à cette époque. Une lecture très rapide avec un noyau central intéressant mais trop rapide à mon goût. 2.5