Un album dont la lecture est relativement rapide, mais agréable.
Le style graphique de Tronchet est assez particulier. Je le trouve personnellement plus adapté aux nombreuses séries humoristiques qu’il a produites. Mais, disant ça, ses séries plus « réalistes » ne m’ont jamais réellement avoir pâti de son style, c’est très lisible.
Tronchet adapte ici un roman d’Anne Sibran, avec laquelle il avait parcouru une partie de l’Amérique du sud. Au travers de la destiné d’un personnage, dans les années 1950-1960, Tronchet dénonce l’exploitation des mines d’Argent (mot à prendre dans toutes ses acceptations d'ailleurs), qui ont englouti depuis la conquête espagnole des centaines de milliers de pauvres – les flash-backs sur les périodes antérieures s’imbriquent bien dans la trame principale. C’est aussi le cas de la petite touche de fantastique, développée juste ce qu’il faut (autour du diable et/ou de la princesse libérée des glaces).
Un récit un peu truculent, souvent noir, que je vous encourage à découvrir, à l’occasion.
A force d'entendre parler de ce manga et de ses séries dérivées, je me suis lancé dans la série et je suis allé jusqu'au tome 20 avant de saturer. Par saturation, je parle de lassitude pour le moment mais ça ne veut pas dire que je ne lirai pas la suite un jour si la motivation me reprend.
Sachez d'ailleurs que sans l'indiquer clairement, la série présente des cycles et que le premier gros cycle se termine au tome 13, avec même un paragraphe sous forme d'épilogue qui aurait pu laisser penser que l'histoire allait s'arrêter pour de bon là. Mais le chapitre suivant relance la sauce, avec quelques retournements de situations assez peu crédibles d'ailleurs, et c'est reparti pour un nouveau long cycle jusqu'au tome 27, puis un troisième et dernier cycle jusqu'au tome 41.
Si le décor de cette série fait de multiples références au mythe Arthurien, ce n'est finalement pas grand chose de plus qu'une réutilisation de quelques noms bien connus et d'un concept de chevaliers au service de leurs royaumes. L'univers de Seven Deadly Sins, malgré sa carte en forme d'Angleterre, est totalement fictif et similaire à celui de beaucoup de shonen d'heroic-fantasy qui mélange un peu toutes les mythologies.
Le personnage principal, Melodias, est présenté initialement comme un étrange tenancier d'auberge qui fait soudain la preuve de ses formidables capacités guerrières quand il rencontre une princesse en péril. Décidant de rejoindre la cause de cette dernière, il va révéler être le chef des Seven Deadly Sins, un ancien groupe de formidables combattants qui a été accusé de trahison et qui fut démantelé une dizaine d'années auparavant. Ensemble, ils vont partir à la recherche des 6 autres membres du groupe pour regrouper suffisamment de puissance pour combattre la menace des Chevaliers Sacrés qui semblent vouloir renverser le pouvoir du royaume.
J'ai eu du mal au départ à apprécier ce concept de Chevaliers sacrés aux pouvoirs démentiels sans réel raison autre que "c'est ma magie !". Concrètement, il y a les humains normaux, les chevaliers de base, et il y a ces dizaines de Chevaliers sacrés qui sont capables de couper en deux une colline d'un simple coup d'épée ou de maîtriser le tonnerre. Et rien ne vient réellement expliquer pourquoi ils sont tellement puissants. Pas plus au départ qu'on ne comprend comment ça se fait que les Seven Deadly Sins sont encore plus puissants. Heureusement, pour le cas de ces derniers, au fil des tomes, on finit par comprendre d'où leur vient leurs divers pouvoirs, mais ça reste quand même très artificiel et il faut accepter le concept avant de pouvoir apprécier la série.
Celle-ci prend un peu de temps avant d'accrocher vraiment le lecteur mais elle se révèle au final divertissante, pleine d'action et de rebondissements, comme un shonen nekketsu assez classique. J'ai trouvé intéressant qu'on n'y découvre chaque nouveau Deadly Sins qu'au bout de longues périodes, puisque ce n'est finalement qu'au tome 19 que le 7e d'entre eux sera enfin rencontré. Et j'ai trouvé aussi assez originales leurs natures et origines radicalement différentes de chacun d'entre eux qui donnent lieu à quelques interactions pertinentes.
A l'inverse, j'ai trouvé que le développement de l'intrigue manquait de structure. Les péripéties s'enchainent parfois de manière chaotique et quand on a lu quelques tomes, on se retrouve à avoir du mal à pouvoir se rappeler clairement et résumer ce qu'il s'est passé ne serait-ce que deux ou trois tomes plus tôt. On est très loin d'une structure claire et parfaitement linéaire à la Dragon Ball. Cela crée des problèmes de rythme, avec quelquefois un sens de l'action et du suspense prenant, et d'autres fois des séquences plus plates et moins palpitantes. On notera d'ailleurs beaucoup de digressions dans la narration quand on sent que l'auteur veut davantage développer le background d'un personnage ou d'un autre et se perd parfois dans des sous-intrigues assez dispensables. De même, autant le graphisme est de bonne qualité, avec d'ailleurs une petite dose de fan service pour adolescents mâles ça et là, autant les scènes de combat sont parfois confuses, avec des pouvoirs magiques dont on devine parfois après coup l'action plutôt que sur le moment.
Tout cela résulte en un shonen divertissant doté d'une poignée de bons personnages mais dont l'intrigue peine parfois à captiver pour de bon le lecteur.
Initialement conçue pour son fils, cette bande dessinée, comme le précise lui-même son auteur, a été remaniée dans une version destinée « à un plus large public ». Ayant reçu un accueil favorable de La Boîte à bulles, cet enseignant en arts appliqués publie ainsi son premier roman graphique. De manière très sobre et très factuelle, Anthony Bertrand décrit comment il a réussi à encaisser tant bien que mal les révélations douloureuses sur les circonstances de son adoption et comment il a surmonté ses appréhensions liées à sa décision de vivre avec un homme. Mais surtout, il raconte ce désir prégnant d’avoir un enfant biologique, lui qui ne connut presque rien de ses parents naturels. Un choix rendu plus délicat par son orientation sexuelle, mais qui trouvera une issue via la coparentalité, la solution la plus simple en apparence mais qui n’est pas « un long fleuve tranquille pour autant »…
Anthony Bertrand a su trouver le ton juste pour narrer son histoire. Loin des clichés sur le milieu gay vers lequel ce dernier lui-même aime souvent à projeter sa propre caricature, l’auteur expose sa quête de façon pudique et sensible, sans aucune acrimonie vis-à-vis des obstacles rencontrés et des blessures du passé. Il nous montre sans ostentation le quotidien ordinaire de son couple avec les mêmes aspirations que n’importe quel couple « hétéro ».
Si la narration bénéficie d’une fluidité agréable, le dessin s’accorde parfaitement avec le propos. Très graphique et aux influences vaguement manga, la ligne claire sage et un brin distanciée n’en révèle pas moins une certaine sensibilité chez son auteur et une élégance que viennent renforcer les couleurs délicates d’une palette restreinte.
« Fils & Pères » constitue par excellence la lecture idéale à mettre entre toutes les mains, dans la mesure où, loin des polémiques, elle contribue à dédramatiser de façon respectueuse et apaisée un sujet de société hautement inflammable pour les défenseurs apeurés d’un monde « préservé de la décadence cosmopolite et dégenrée ».
Ce qu'en dit le fils de l'auteur, quelques années après sa naissance : « Mon papa, quand il était tout petit, il avait pas de parents, alors que moi, j’en ai quatre ! Et je compte pas mes papis et mamies ! A l’école quand mes copains me posent des questions, je leur dis que j’ai deux mamans et deux papas, alors ils disent que c’est pas possible mais moi, je leur dis que si ! Des fois, on les croise au parc et ils voient bien que c’est vrai. Après, ils s’en fichent, on n’en parle pas… »
On a là un album qui se lit vite, plutôt agréablement, mais qui ne me laisse pas non plus un souvenir extraordinaire.
L’idée de départ est assez simple. Une femme se retrouve sur un banc à Paris, a complètement perdu la mémoire, ne sait plus du tout qui elle est, pourquoi elle était sur ce lieu. Elle va essayer de reconstituer son histoire (identité, domicile, goûts, amis, collègues, travail), apprendre à se (re)connaître, en échafaudant plusieurs hypothèses successives. Ces digressions sont l’occasion de passages plus dynamiques, plus ou moins survoltés et/ou humoristiques. comme est assez drôle le passage dans la librairie, avec les questions des acheteurs !
Le dessin (pas forcément mon truc au départ) et la narration sont assez simples et fluides. Mais j’avoue avoir eu au bout d’un moment autant envie que l’héroïne de découvrir un indice clair, précis, définitif, tant certains passages sont un peu longs.
D’autant que, comme tous les lecteurs dans ce genre d’intrigue, j’attends de savoir comment le scénariste va retomber sur ses pattes.
Si la fin n’est pour le coup pas abracadabrantesque, elle entraine forcément une certaine frustration. La page restée blanche est tournée, on passe à autre chose comme l’héroïne.
Étrange aventure que celle-ci. Qui relate l’odyssée de 6 types (originaires de Russie et de Pologne) abandonnés sur la banquise par un navire russe (on ne saura jamais vraiment pourquoi – même si leur comportement ultérieur peut nous donner des idées), dans une sorte de grand nord canadien.
Ces six bonhommes se révèlent rapidement être des psychopathes - en tout cas être très dérangés (à l’exception d’un déserteur, éphémère souffre-douleur et défouloir de ce groupe), qui errent, cherchant un terrain de chasse, tout en étant poursuivis par une chaman et ses sorts.
Avec un membre de plus dans l’équipée sauvage, l’album aurait pu s’inscrire dans la collection Sept de Delcourt (vu le contexte j’aurais bien titré « Sept givrés » !). L’histoire se laisse lire, entre folie (plus ou moins furieuse), aventure et fantastique. A noter qu’au milieu d’une histoire très glauque, assez sèche, un trait d’humour fuse, lorsque Pavlov, le déserteur souffre-douleur est poursuivi, et se voit asséner par son bourreau cette phrase : « tu manques de réflexe Pavlov ».
Le dessin moderne (tendance Blain) est lisible, relativement agréable, et comme il n’y a pas beaucoup de dialogues, c’est assez vite lu. Je regrette juste que les passages en russe ne soient pas traduits (je ne vois pas l’intérêt de passer à plusieurs reprises à cette langue !)
Je comble mes lacunes petit à petit sur l’univers de Gotham.
Ma lecture de Joker ne m’a pas été désagréable mais je ne l’ai pas trouvé exceptionnelle, je trouve que ça aurait pu être plus marquant avec un tel personnage. Ici une histoire finalement assez simpliste et réaliste, guerre de gangs au programme.
A peine sorti de prison le Joker réclame son dû auprès de ses anciens lieutenants qui se sont partagés la ville. On croise du beau monde Croc, Double face, le Sphinx … la bonne idée du scénariste est de placer en narrateur un homme de main, Jonny Frost, malfrat anonyme qui sera témoin de la folie du personnage, ça rend le tout très fluide même si on se doute de la conclusion et d’une certaine apparition.
La mise en page a de la gueule, une couverture réussie, le dessinateur amène bien le côté glauque, pas subjugué mais ça fait bien le taf, ça se lit tranquille.
Puis arrive les bonus en fin d’album avec quelques planches en noir & blanc, et là c’est la claque !!
En vrai les couleurs ne font pas du bien à l’œuvre, j’aurais sans doute bien plus accroché sans.
Premier avis sur BDThèque ! Depuis le temps que je consultais le site, il fallait bien que je m'inscrive un jour !
Patrick Prugne nous remmène en Amérique du Nord après Tomahawk paru en 2020. Il nous raconte ici la véritable histoire de Pocahontas, fille du chef d'une tribu indienne qui va rencontrer les premiers explorateurs britanniques débarqués près de la baie de Chesapeake. La trame de l'histoire se déroule ainsi : Les colons britanniques viendront construire un fort près de la James River. Si le contact ne se fait pas de suite avec les locaux (par contact j'entends une rencontre courtoise et non des tirs de flèches) on sent bien une méfiance de ces derniers pour les Anglais. Oliver Pitt, le narrateur de l'histoire sera fait prisonnier par les Indiens et va tisser un lien fort avec Pocahontas, mais devra compter sur la perfidie de son supérieur hiérarchique, une vraie petite ordure comme on les aime.
Si c'est toujours un réel plaisir de pouvoir admirer les dessins à l'aquarelle de Patrick Prugne, on notera cependant que les paysages choisis sont souvent les mêmes par rapport aux précédents albums, même chose pour les visages des personnages. D'un album à l'autre, on pourrait reconnaître un même personnage dans trois autres. On a droit aussi à toute une partie de l'histoire qui se déroule en hiver, ce qui n'est pas pour me déplaire, j'aime beaucoup les dessins de la forêt enneigée. Les grandes cases nous permettent de bien nous mettre dans l'ambiance des forêts nord-américaines et on a évidemment droit à de magnifiques plans de forêt, d'animaux en tout genre ou d'Indiens en communion avec la nature. Si d'habitude je n'aime pas beaucoup les BD dont les pages s'enchaînent en quelques secondes faute de dialogue, ici le fait d'en avoir peu dans les parties où les protagonistes se trouvent dans une forêt, près d'une rivière etc nous permet d'admirer la case dans sa globalité. Enfin, on a droit à un cahier graphique d'une bonne quinzaine de pages qui recèlent de très beaux dessins en double page !
Côté scénario, la lecture et fluide, même si ce n'est pas non plus excellent. Disons que c'est le genre d'histoire qu'il faut relire au moins une ou deux fois pour bien s'en souvenir. Mais ça reste agréable, et de tout façon je ne lis pas du Prugne pour le scénario mais bien pour le dessin !
Bref, une bonne petite BD qui ravira les amateurs de Prugne mais dont il ne faudra pas attendre non plus grand chose côté scénario !
"Witch Watch" nous propose de suivre le quotidien de Morihito Otogi, un jeune lycéen à la force indécente (qui est en fait un ogre) et de sa nouvelle colocataire, Nico, une jeune sorcière. Il est en fait chargé de la protéger, car une prophétie faite par sa mère lui prédit un funeste destin... Mais cette mission va rapidement tourner au cocasse et au casse-tête pour Morihito, car notre jeune sorcière semble être la fille cachée de Pierre Richard, et ses interventions (souvent à base de magie) tournent systématiquement à la catastrophe...
Soyons clair, cette série n'est foncièrement pas destinée au lecteur que je suis (bon, après chacun ses goûts), mais devrait tout de même trouver son public. Si la trame de fond reste des plus classique (un duo de personnages que tout semble opposer réunis plus ou moins malgré eux), certains points donnent à ce premier tome un intérêt certain en oscillant entre le fantastique et la romance.
Le dessin tout d'abord m'a beaucoup plu. Kenta Shinohara a un trait fin et racé qui donne à ses planches une très grande lisibilité et une certaine élégance. Ensuite, malgré le côté "déjà vu" du récit, Kenta Shinohara réussit à trouver quelques péripéties originales avec les sortilèges foireux que lance Nico.
*** Tome 2 ***
Dans ce deuxième volume, Nico continue de fantasmer sur Morihito, qui lui, a toujours pour mission de la protéger. Rentre alors en scène un nouveau personnage : un tengu dénommé Kanshi Kazamatsuri. Fini le duo improbable, l'apparition de ce nouveau trublion qui se tape l'incrust' va pimenter de façon inattendue le quotidien de nos deux compères...
Ce troisième personnage un peu foufou amène une nouvelle énergie à la série en pimentant la relation de nos protagonistes initiaux en donnant lieu à quelques scènes assez cocasses. J'ai par contre moins aimé les sous-intrigues qui s'insèrent dans la trame principale, notamment celle où Nico vient en aide avec sa magie à un camarade de classe terrorisé par l'idée de devoir aller aux toilettes... Bon, les gags pipi/caca, c'est pas mon truc et en plus je trouve que cela n'apporte pas grand chose à l'intrigue tout en brisant le rythme narratif.
Sorti de cette remarque, le dessin reste très bon et efficace pour le plus grand plaisir du lecteur.
Une série à suivre pour les amateurs du genre.
Je suis mitigé sur la série complète, qui me semble à l'heure actuelle (j'ai lu jusqu'au tome 25) avoir déjà un peu trop vrillé sur elle-même, tant au niveau de l'histoire que du message.
Les tomes sont très disparates, les premiers retraçant l'histoire d'une bande de mercenaires danois qui viennent dans l'Angleterre de ces années-là, rongée par une guerre sur fond de changement de royauté. Les premiers volumes sont franchement très bon, avec un sens de l'implication dans des évènements historiques plutôt bien trouvé, sans faire de débordements sur l'Histoire principale mais sans non plus faire de l'ombre à l'Histoire principale, de vengeance et de combats.
Et la deuxième partie arrive, quelques années après, l'histoire changeant brutalement d'axe (ce qui est compréhensible au niveau du scénario) d'une manière justifiée mais qui a quelque chose d'assez étrange. Les questionnements et les réflexions de cette deuxième partie, très orientée sur des questions de la nécessité de la guerre, de se battre ou de la violence. J'aime bien les discours qui s'y trouvent, notamment sur la question de la violence légitime ou du monopole de la violence par l'état, le tout dans une utopie d'un monde sans violence, assez anachronique (quoique) mais qui correspond assez bien aux idées présentées dans le manga.
Le hic, c'est que cette deuxième partie verse aussi, et malheureusement bien trop, dans la caricature de manga que je n'apprécie pas, délaissant une certaine reconstitution historique (pas réaliste mais précise) pour du n'importe quoi dans les combats, à base d'armes improbables pour cette époque et de combats qui font typiquement shonen. J'ai malheureusement perdu la motivation à suivre l'histoire dans les multiples rebondissements qui s'ensuivaient à base de personnes voulant combattre le héros à cause de son aura de légende. Et c'est dommage, ces incursions viennent casser une dynamique qui réapparait plusieurs fois, lorsque des personnages non-essentiels se posent des questions sur leur propre mort, par exemple. Plusieurs arcs narratifs font très remplissage à mes yeux, et d'autres passent trop vite, comme le voyage jusqu'à Constantinople. Je comprends la volonté de rester dans une optique de représentation de la mer du nord, la baltique et l'Atlantique, mais j'aurais préféré moins de combats chorégraphiés et plus de voyages ou de questionnements sur la violence.
Je passe quelques personnages un peu clichés, comme le gros bourrin qui veut toujours se battre (mais a quelques scènes qui laissent envisager un intérêt futur), puisque dans l'ensemble je trouve qu'on échappe tout de même à pas mal d’exagération.
En fin de compte, je me dis que les qualités de ce manga sont malheureusement éclipsé, à mes yeux, par des longueurs de la narration et des choix parfois malheureux à mes yeux. Je suis intéressé par une suite mais je n'y mettrai pas mon argent, c'est à voir comment l'auteur veut le finir, pas dans trop longtemps j'espère. Pour l'instant c'est bon, pas excellent.
L’intrigue se déroule dans un cadre assez rarement abordé en BD, à savoir la guerre de Crimée (qui n’a laissé dans les mémoires que quelques noms de stations de métro ou de boulevard – à Paris en tout cas), et qui n’a même pas été trop rappelée dans les médias à propos du récent conflit entre Russes et Ukrainiens. Mais, de toute façon, la guerre en question, une fois passée la première dizaine de planches, n’est plus qu’un décor, puisque l’on se focalise sur Bertenev (déserteur russe, qui va peu à peu se lier d’amitié avec un officier britannique, son attitude déclenchant à l’inverse la haine d’un officier russe).
Du coup, si le début est rythmé, c’est beaucoup moins le cas par la suite, on est alors davantage dans un roman graphique assez psychologique, les dialogues prennent le dessus sur l’action proprement dite. Il y a ainsi quelques longueurs.
Mais la lecture n’est pas désagréable, Bertenev, alternant les passages où il incarne le couard (face à ses compatriotes prisonniers haïssant en lui le déserteur et le traitre bien traité par les Anglais) et le professeur (enseignant aux soldats anglais mais donnant aussi des « leçons » à son ami officier anglais dans le domaine amoureux), est un personnage assez riche, ambivalent. Balloté par les événements, il finit par maîtriser sa trajectoire.
Une petite lecture intéressante.
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Le Monde du dessous
Un album dont la lecture est relativement rapide, mais agréable. Le style graphique de Tronchet est assez particulier. Je le trouve personnellement plus adapté aux nombreuses séries humoristiques qu’il a produites. Mais, disant ça, ses séries plus « réalistes » ne m’ont jamais réellement avoir pâti de son style, c’est très lisible. Tronchet adapte ici un roman d’Anne Sibran, avec laquelle il avait parcouru une partie de l’Amérique du sud. Au travers de la destiné d’un personnage, dans les années 1950-1960, Tronchet dénonce l’exploitation des mines d’Argent (mot à prendre dans toutes ses acceptations d'ailleurs), qui ont englouti depuis la conquête espagnole des centaines de milliers de pauvres – les flash-backs sur les périodes antérieures s’imbriquent bien dans la trame principale. C’est aussi le cas de la petite touche de fantastique, développée juste ce qu’il faut (autour du diable et/ou de la princesse libérée des glaces). Un récit un peu truculent, souvent noir, que je vous encourage à découvrir, à l’occasion.
Seven Deadly Sins
A force d'entendre parler de ce manga et de ses séries dérivées, je me suis lancé dans la série et je suis allé jusqu'au tome 20 avant de saturer. Par saturation, je parle de lassitude pour le moment mais ça ne veut pas dire que je ne lirai pas la suite un jour si la motivation me reprend. Sachez d'ailleurs que sans l'indiquer clairement, la série présente des cycles et que le premier gros cycle se termine au tome 13, avec même un paragraphe sous forme d'épilogue qui aurait pu laisser penser que l'histoire allait s'arrêter pour de bon là. Mais le chapitre suivant relance la sauce, avec quelques retournements de situations assez peu crédibles d'ailleurs, et c'est reparti pour un nouveau long cycle jusqu'au tome 27, puis un troisième et dernier cycle jusqu'au tome 41. Si le décor de cette série fait de multiples références au mythe Arthurien, ce n'est finalement pas grand chose de plus qu'une réutilisation de quelques noms bien connus et d'un concept de chevaliers au service de leurs royaumes. L'univers de Seven Deadly Sins, malgré sa carte en forme d'Angleterre, est totalement fictif et similaire à celui de beaucoup de shonen d'heroic-fantasy qui mélange un peu toutes les mythologies. Le personnage principal, Melodias, est présenté initialement comme un étrange tenancier d'auberge qui fait soudain la preuve de ses formidables capacités guerrières quand il rencontre une princesse en péril. Décidant de rejoindre la cause de cette dernière, il va révéler être le chef des Seven Deadly Sins, un ancien groupe de formidables combattants qui a été accusé de trahison et qui fut démantelé une dizaine d'années auparavant. Ensemble, ils vont partir à la recherche des 6 autres membres du groupe pour regrouper suffisamment de puissance pour combattre la menace des Chevaliers Sacrés qui semblent vouloir renverser le pouvoir du royaume. J'ai eu du mal au départ à apprécier ce concept de Chevaliers sacrés aux pouvoirs démentiels sans réel raison autre que "c'est ma magie !". Concrètement, il y a les humains normaux, les chevaliers de base, et il y a ces dizaines de Chevaliers sacrés qui sont capables de couper en deux une colline d'un simple coup d'épée ou de maîtriser le tonnerre. Et rien ne vient réellement expliquer pourquoi ils sont tellement puissants. Pas plus au départ qu'on ne comprend comment ça se fait que les Seven Deadly Sins sont encore plus puissants. Heureusement, pour le cas de ces derniers, au fil des tomes, on finit par comprendre d'où leur vient leurs divers pouvoirs, mais ça reste quand même très artificiel et il faut accepter le concept avant de pouvoir apprécier la série. Celle-ci prend un peu de temps avant d'accrocher vraiment le lecteur mais elle se révèle au final divertissante, pleine d'action et de rebondissements, comme un shonen nekketsu assez classique. J'ai trouvé intéressant qu'on n'y découvre chaque nouveau Deadly Sins qu'au bout de longues périodes, puisque ce n'est finalement qu'au tome 19 que le 7e d'entre eux sera enfin rencontré. Et j'ai trouvé aussi assez originales leurs natures et origines radicalement différentes de chacun d'entre eux qui donnent lieu à quelques interactions pertinentes. A l'inverse, j'ai trouvé que le développement de l'intrigue manquait de structure. Les péripéties s'enchainent parfois de manière chaotique et quand on a lu quelques tomes, on se retrouve à avoir du mal à pouvoir se rappeler clairement et résumer ce qu'il s'est passé ne serait-ce que deux ou trois tomes plus tôt. On est très loin d'une structure claire et parfaitement linéaire à la Dragon Ball. Cela crée des problèmes de rythme, avec quelquefois un sens de l'action et du suspense prenant, et d'autres fois des séquences plus plates et moins palpitantes. On notera d'ailleurs beaucoup de digressions dans la narration quand on sent que l'auteur veut davantage développer le background d'un personnage ou d'un autre et se perd parfois dans des sous-intrigues assez dispensables. De même, autant le graphisme est de bonne qualité, avec d'ailleurs une petite dose de fan service pour adolescents mâles ça et là, autant les scènes de combat sont parfois confuses, avec des pouvoirs magiques dont on devine parfois après coup l'action plutôt que sur le moment. Tout cela résulte en un shonen divertissant doté d'une poignée de bons personnages mais dont l'intrigue peine parfois à captiver pour de bon le lecteur.
Fils & pères
Initialement conçue pour son fils, cette bande dessinée, comme le précise lui-même son auteur, a été remaniée dans une version destinée « à un plus large public ». Ayant reçu un accueil favorable de La Boîte à bulles, cet enseignant en arts appliqués publie ainsi son premier roman graphique. De manière très sobre et très factuelle, Anthony Bertrand décrit comment il a réussi à encaisser tant bien que mal les révélations douloureuses sur les circonstances de son adoption et comment il a surmonté ses appréhensions liées à sa décision de vivre avec un homme. Mais surtout, il raconte ce désir prégnant d’avoir un enfant biologique, lui qui ne connut presque rien de ses parents naturels. Un choix rendu plus délicat par son orientation sexuelle, mais qui trouvera une issue via la coparentalité, la solution la plus simple en apparence mais qui n’est pas « un long fleuve tranquille pour autant »… Anthony Bertrand a su trouver le ton juste pour narrer son histoire. Loin des clichés sur le milieu gay vers lequel ce dernier lui-même aime souvent à projeter sa propre caricature, l’auteur expose sa quête de façon pudique et sensible, sans aucune acrimonie vis-à-vis des obstacles rencontrés et des blessures du passé. Il nous montre sans ostentation le quotidien ordinaire de son couple avec les mêmes aspirations que n’importe quel couple « hétéro ». Si la narration bénéficie d’une fluidité agréable, le dessin s’accorde parfaitement avec le propos. Très graphique et aux influences vaguement manga, la ligne claire sage et un brin distanciée n’en révèle pas moins une certaine sensibilité chez son auteur et une élégance que viennent renforcer les couleurs délicates d’une palette restreinte. « Fils & Pères » constitue par excellence la lecture idéale à mettre entre toutes les mains, dans la mesure où, loin des polémiques, elle contribue à dédramatiser de façon respectueuse et apaisée un sujet de société hautement inflammable pour les défenseurs apeurés d’un monde « préservé de la décadence cosmopolite et dégenrée ». Ce qu'en dit le fils de l'auteur, quelques années après sa naissance : « Mon papa, quand il était tout petit, il avait pas de parents, alors que moi, j’en ai quatre ! Et je compte pas mes papis et mamies ! A l’école quand mes copains me posent des questions, je leur dis que j’ai deux mamans et deux papas, alors ils disent que c’est pas possible mais moi, je leur dis que si ! Des fois, on les croise au parc et ils voient bien que c’est vrai. Après, ils s’en fichent, on n’en parle pas… »
La Page blanche
On a là un album qui se lit vite, plutôt agréablement, mais qui ne me laisse pas non plus un souvenir extraordinaire. L’idée de départ est assez simple. Une femme se retrouve sur un banc à Paris, a complètement perdu la mémoire, ne sait plus du tout qui elle est, pourquoi elle était sur ce lieu. Elle va essayer de reconstituer son histoire (identité, domicile, goûts, amis, collègues, travail), apprendre à se (re)connaître, en échafaudant plusieurs hypothèses successives. Ces digressions sont l’occasion de passages plus dynamiques, plus ou moins survoltés et/ou humoristiques. comme est assez drôle le passage dans la librairie, avec les questions des acheteurs ! Le dessin (pas forcément mon truc au départ) et la narration sont assez simples et fluides. Mais j’avoue avoir eu au bout d’un moment autant envie que l’héroïne de découvrir un indice clair, précis, définitif, tant certains passages sont un peu longs. D’autant que, comme tous les lecteurs dans ce genre d’intrigue, j’attends de savoir comment le scénariste va retomber sur ses pattes. Si la fin n’est pour le coup pas abracadabrantesque, elle entraine forcément une certaine frustration. La page restée blanche est tournée, on passe à autre chose comme l’héroïne.
Banquise
Étrange aventure que celle-ci. Qui relate l’odyssée de 6 types (originaires de Russie et de Pologne) abandonnés sur la banquise par un navire russe (on ne saura jamais vraiment pourquoi – même si leur comportement ultérieur peut nous donner des idées), dans une sorte de grand nord canadien. Ces six bonhommes se révèlent rapidement être des psychopathes - en tout cas être très dérangés (à l’exception d’un déserteur, éphémère souffre-douleur et défouloir de ce groupe), qui errent, cherchant un terrain de chasse, tout en étant poursuivis par une chaman et ses sorts. Avec un membre de plus dans l’équipée sauvage, l’album aurait pu s’inscrire dans la collection Sept de Delcourt (vu le contexte j’aurais bien titré « Sept givrés » !). L’histoire se laisse lire, entre folie (plus ou moins furieuse), aventure et fantastique. A noter qu’au milieu d’une histoire très glauque, assez sèche, un trait d’humour fuse, lorsque Pavlov, le déserteur souffre-douleur est poursuivi, et se voit asséner par son bourreau cette phrase : « tu manques de réflexe Pavlov ». Le dessin moderne (tendance Blain) est lisible, relativement agréable, et comme il n’y a pas beaucoup de dialogues, c’est assez vite lu. Je regrette juste que les passages en russe ne soient pas traduits (je ne vois pas l’intérêt de passer à plusieurs reprises à cette langue !)
Joker
Je comble mes lacunes petit à petit sur l’univers de Gotham. Ma lecture de Joker ne m’a pas été désagréable mais je ne l’ai pas trouvé exceptionnelle, je trouve que ça aurait pu être plus marquant avec un tel personnage. Ici une histoire finalement assez simpliste et réaliste, guerre de gangs au programme. A peine sorti de prison le Joker réclame son dû auprès de ses anciens lieutenants qui se sont partagés la ville. On croise du beau monde Croc, Double face, le Sphinx … la bonne idée du scénariste est de placer en narrateur un homme de main, Jonny Frost, malfrat anonyme qui sera témoin de la folie du personnage, ça rend le tout très fluide même si on se doute de la conclusion et d’une certaine apparition. La mise en page a de la gueule, une couverture réussie, le dessinateur amène bien le côté glauque, pas subjugué mais ça fait bien le taf, ça se lit tranquille. Puis arrive les bonus en fin d’album avec quelques planches en noir & blanc, et là c’est la claque !! En vrai les couleurs ne font pas du bien à l’œuvre, j’aurais sans doute bien plus accroché sans.
Pocahontas (Patrick Prugne)
Premier avis sur BDThèque ! Depuis le temps que je consultais le site, il fallait bien que je m'inscrive un jour ! Patrick Prugne nous remmène en Amérique du Nord après Tomahawk paru en 2020. Il nous raconte ici la véritable histoire de Pocahontas, fille du chef d'une tribu indienne qui va rencontrer les premiers explorateurs britanniques débarqués près de la baie de Chesapeake. La trame de l'histoire se déroule ainsi : Les colons britanniques viendront construire un fort près de la James River. Si le contact ne se fait pas de suite avec les locaux (par contact j'entends une rencontre courtoise et non des tirs de flèches) on sent bien une méfiance de ces derniers pour les Anglais. Oliver Pitt, le narrateur de l'histoire sera fait prisonnier par les Indiens et va tisser un lien fort avec Pocahontas, mais devra compter sur la perfidie de son supérieur hiérarchique, une vraie petite ordure comme on les aime. Si c'est toujours un réel plaisir de pouvoir admirer les dessins à l'aquarelle de Patrick Prugne, on notera cependant que les paysages choisis sont souvent les mêmes par rapport aux précédents albums, même chose pour les visages des personnages. D'un album à l'autre, on pourrait reconnaître un même personnage dans trois autres. On a droit aussi à toute une partie de l'histoire qui se déroule en hiver, ce qui n'est pas pour me déplaire, j'aime beaucoup les dessins de la forêt enneigée. Les grandes cases nous permettent de bien nous mettre dans l'ambiance des forêts nord-américaines et on a évidemment droit à de magnifiques plans de forêt, d'animaux en tout genre ou d'Indiens en communion avec la nature. Si d'habitude je n'aime pas beaucoup les BD dont les pages s'enchaînent en quelques secondes faute de dialogue, ici le fait d'en avoir peu dans les parties où les protagonistes se trouvent dans une forêt, près d'une rivière etc nous permet d'admirer la case dans sa globalité. Enfin, on a droit à un cahier graphique d'une bonne quinzaine de pages qui recèlent de très beaux dessins en double page ! Côté scénario, la lecture et fluide, même si ce n'est pas non plus excellent. Disons que c'est le genre d'histoire qu'il faut relire au moins une ou deux fois pour bien s'en souvenir. Mais ça reste agréable, et de tout façon je ne lis pas du Prugne pour le scénario mais bien pour le dessin ! Bref, une bonne petite BD qui ravira les amateurs de Prugne mais dont il ne faudra pas attendre non plus grand chose côté scénario !
Witch Watch
"Witch Watch" nous propose de suivre le quotidien de Morihito Otogi, un jeune lycéen à la force indécente (qui est en fait un ogre) et de sa nouvelle colocataire, Nico, une jeune sorcière. Il est en fait chargé de la protéger, car une prophétie faite par sa mère lui prédit un funeste destin... Mais cette mission va rapidement tourner au cocasse et au casse-tête pour Morihito, car notre jeune sorcière semble être la fille cachée de Pierre Richard, et ses interventions (souvent à base de magie) tournent systématiquement à la catastrophe... Soyons clair, cette série n'est foncièrement pas destinée au lecteur que je suis (bon, après chacun ses goûts), mais devrait tout de même trouver son public. Si la trame de fond reste des plus classique (un duo de personnages que tout semble opposer réunis plus ou moins malgré eux), certains points donnent à ce premier tome un intérêt certain en oscillant entre le fantastique et la romance. Le dessin tout d'abord m'a beaucoup plu. Kenta Shinohara a un trait fin et racé qui donne à ses planches une très grande lisibilité et une certaine élégance. Ensuite, malgré le côté "déjà vu" du récit, Kenta Shinohara réussit à trouver quelques péripéties originales avec les sortilèges foireux que lance Nico. *** Tome 2 *** Dans ce deuxième volume, Nico continue de fantasmer sur Morihito, qui lui, a toujours pour mission de la protéger. Rentre alors en scène un nouveau personnage : un tengu dénommé Kanshi Kazamatsuri. Fini le duo improbable, l'apparition de ce nouveau trublion qui se tape l'incrust' va pimenter de façon inattendue le quotidien de nos deux compères... Ce troisième personnage un peu foufou amène une nouvelle énergie à la série en pimentant la relation de nos protagonistes initiaux en donnant lieu à quelques scènes assez cocasses. J'ai par contre moins aimé les sous-intrigues qui s'insèrent dans la trame principale, notamment celle où Nico vient en aide avec sa magie à un camarade de classe terrorisé par l'idée de devoir aller aux toilettes... Bon, les gags pipi/caca, c'est pas mon truc et en plus je trouve que cela n'apporte pas grand chose à l'intrigue tout en brisant le rythme narratif. Sorti de cette remarque, le dessin reste très bon et efficace pour le plus grand plaisir du lecteur. Une série à suivre pour les amateurs du genre.
Vinland Saga
Je suis mitigé sur la série complète, qui me semble à l'heure actuelle (j'ai lu jusqu'au tome 25) avoir déjà un peu trop vrillé sur elle-même, tant au niveau de l'histoire que du message. Les tomes sont très disparates, les premiers retraçant l'histoire d'une bande de mercenaires danois qui viennent dans l'Angleterre de ces années-là, rongée par une guerre sur fond de changement de royauté. Les premiers volumes sont franchement très bon, avec un sens de l'implication dans des évènements historiques plutôt bien trouvé, sans faire de débordements sur l'Histoire principale mais sans non plus faire de l'ombre à l'Histoire principale, de vengeance et de combats. Et la deuxième partie arrive, quelques années après, l'histoire changeant brutalement d'axe (ce qui est compréhensible au niveau du scénario) d'une manière justifiée mais qui a quelque chose d'assez étrange. Les questionnements et les réflexions de cette deuxième partie, très orientée sur des questions de la nécessité de la guerre, de se battre ou de la violence. J'aime bien les discours qui s'y trouvent, notamment sur la question de la violence légitime ou du monopole de la violence par l'état, le tout dans une utopie d'un monde sans violence, assez anachronique (quoique) mais qui correspond assez bien aux idées présentées dans le manga. Le hic, c'est que cette deuxième partie verse aussi, et malheureusement bien trop, dans la caricature de manga que je n'apprécie pas, délaissant une certaine reconstitution historique (pas réaliste mais précise) pour du n'importe quoi dans les combats, à base d'armes improbables pour cette époque et de combats qui font typiquement shonen. J'ai malheureusement perdu la motivation à suivre l'histoire dans les multiples rebondissements qui s'ensuivaient à base de personnes voulant combattre le héros à cause de son aura de légende. Et c'est dommage, ces incursions viennent casser une dynamique qui réapparait plusieurs fois, lorsque des personnages non-essentiels se posent des questions sur leur propre mort, par exemple. Plusieurs arcs narratifs font très remplissage à mes yeux, et d'autres passent trop vite, comme le voyage jusqu'à Constantinople. Je comprends la volonté de rester dans une optique de représentation de la mer du nord, la baltique et l'Atlantique, mais j'aurais préféré moins de combats chorégraphiés et plus de voyages ou de questionnements sur la violence. Je passe quelques personnages un peu clichés, comme le gros bourrin qui veut toujours se battre (mais a quelques scènes qui laissent envisager un intérêt futur), puisque dans l'ensemble je trouve qu'on échappe tout de même à pas mal d’exagération. En fin de compte, je me dis que les qualités de ce manga sont malheureusement éclipsé, à mes yeux, par des longueurs de la narration et des choix parfois malheureux à mes yeux. Je suis intéressé par une suite mais je n'y mettrai pas mon argent, c'est à voir comment l'auteur veut le finir, pas dans trop longtemps j'espère. Pour l'instant c'est bon, pas excellent.
La Guerre du Professeur Bertenev
L’intrigue se déroule dans un cadre assez rarement abordé en BD, à savoir la guerre de Crimée (qui n’a laissé dans les mémoires que quelques noms de stations de métro ou de boulevard – à Paris en tout cas), et qui n’a même pas été trop rappelée dans les médias à propos du récent conflit entre Russes et Ukrainiens. Mais, de toute façon, la guerre en question, une fois passée la première dizaine de planches, n’est plus qu’un décor, puisque l’on se focalise sur Bertenev (déserteur russe, qui va peu à peu se lier d’amitié avec un officier britannique, son attitude déclenchant à l’inverse la haine d’un officier russe). Du coup, si le début est rythmé, c’est beaucoup moins le cas par la suite, on est alors davantage dans un roman graphique assez psychologique, les dialogues prennent le dessus sur l’action proprement dite. Il y a ainsi quelques longueurs. Mais la lecture n’est pas désagréable, Bertenev, alternant les passages où il incarne le couard (face à ses compatriotes prisonniers haïssant en lui le déserteur et le traitre bien traité par les Anglais) et le professeur (enseignant aux soldats anglais mais donnant aussi des « leçons » à son ami officier anglais dans le domaine amoureux), est un personnage assez riche, ambivalent. Balloté par les événements, il finit par maîtriser sa trajectoire. Une petite lecture intéressante.