Revival continue sa politique de réédition du patrimoine BD oubliée par cette bande dessinée argentine qui n'avait jamais été publiée en français même si c'est fait par des gros noms (Trillo et Breccia père).
Le principe de ses histoires courtes est simple : Cornélius Dark est enfermé en prison pour on ne sait quelle raison (ça a été publié durant la dictature en argentine) et il s'évade en imaginant des récits et au fil du temps il ne sait même plus si ce qu'il imagine est vrai ou non. J'ai trouvé la qualité des scénarios un peu inégale, certaines sont tout de même un peu trop convenues, notamment celle qui se passe durant la Révolution française. Trillo était un scénariste débutant durant la conception de ses récits et disons que ça se voit un peu.
Le point fort vient du noir et blanc superbe de Breccia qui est totalement adapté pour ce genre de récits étranges. J'aime bien ce style même si quelques cases sont un peu illisibles. Il faut dire qu'avec lui, il faut prendre son temps pour bien regarder le dessin.
Je conseille cet album aux fans absolu du dessinateur.
Plutôt sympa comme lecture, je ne pousse pas aux 4* mais ça reste tout à fait recommandable.
L’histoire retrace le parcours de Léopold Von Sacher Masoch, un écrivain de la 2eme moitié du XIXème siècle. Malheureusement pour lui, l’histoire ne retiendra pas spécialement son œuvre, à l’exception de la Vénus à la fourrure qui le fera entrer dans la postérité non pas comme auteur mais comme symptôme - le masochisme, terme dérivé de son nom de famille.
Une lecture fluide et intéressante, j’ignorais tout de ce personnage, qui malgré lui et à l’instar d’un Sade, est rentré dans le langage courant. C’est la grande force de l’œuvre qui d’une certaine façon réhabilite cet auteur. Malgré le propos rien d’outrancier dans l’album, ça reste soft. J’ai particulièrement aimé le fait que l’auteur soit complètement étranger à cet analogisme, c’est bien rendu.
Niveau dessin, c’est simple mais efficace. Le trait me fait penser à du Matthias Lehmann mais sans la technique « carte à gratter ».
A la vue de la biographie en fin d’album, il y a quelques libertés sur l’histoire présentée mais ça n’enlève en rien au parcours malheureux de cet homme. Il découvrira même sa mort dans la presse ?!
Moynot a pondu quelques polars noirs, lancés par des titres à rallonge assez obscurs. En voilà donc un de plus. Même si, ici, le titre s’explique assez rapidement.
Quant à l’histoire, elle semble amener le héros dans une spirale négative, une déchéance contre lesquelles il ne semble pas vouloir ou pouvoir lutter. Son couple part en vrille, peintre prometteur il a abandonné les pinceaux, il se laisse entrainer dans des plans foireux, etc. Lui-même reconnait aller tout droit dans une impasse.
Mais finalement Moynot a choisi de ne pas lui faire toucher le fond, quelques lueurs d’espoir – de vie sociale et amoureuse – apparaissant, même si c’est sur courant alternatif. Pourquoi pas ? mais je n’ai par contre pas trop compris la dernière partie. En tout cas j’ai trouvé qu’il y avait une trop nette rupture de ton, et que la fin faisait un peu « pirouette pour conclure ». Une fin certes noire, mais pour le coup à contre-courant.
Enfin bref, ça se lit quand même facilement, agréablement. Le dessin de Moynot use bien des nuances de gris, du Noir et Blanc. Simple et sans fioriture, efficace. C’est une histoire polar globalement intéressante.
Étrange histoire, adaptée par Anne Sibran à partir de son roman, et qui semble parfois empiler les thèmes, sans qu’une ligne clairement identifiée ne se développe complètement. Ou alors faut-il chercher du côté d’une gamine, Elsa, qui fuit une réalité trop triste, trop médiocre, avec des parents peu aimants – et une violence vis-à-vis de sa sœur (une scène m’a d’ailleurs fait penser à un inceste).
Gamine qui cherche à voler réellement. Et qui va voir sa vie mêler réalité et rêves et cauchemars. C’est souvent noir, voire glauque, mais c’est à chaque fois sauvé par des jolis moments poétiques, et la personnalité certes naïve, mais aussi droite d’Elsa.
Le graphisme de Tronchet, toujours clivant, est égal à lui-même. En tout cas il adapte encore bien un bouquin de sa compagne, la lecture est agréable.
C’est une très honnête adaptation de Zola que nous proposent ici Eric Stalner et Cédric Simon.
Je n’ai jamais lu ce roman mais j’ai encore une fois été frappé par la férocité de Zola. Ses personnages sont souvent aussi humains qu’abjects et ce récit en est une nouvelle preuve. Zola dénonce ici les magouilles immobilières nées de la transformation de Paris du fait des travaux haussmanniens en s’attardant sur un personnage perverti au possible, prêt à laisser mourir sa femme dans un premier temps pour s’offrir un nouveau mariage plus lucratif, se moquant que sa nouvelle femme le trompe tant que cela lui procure un avantage financier, dupant, jouant de son influence dans le seul but de s’enrichir. Mais il n’est jamais qu’à l’image de tout ce petit monde décrit par Zola et rares sont les acteurs qui sortent indemnes de cette évocation.
L’adaptation souffre par moments du passage d’un média à un autre. J’ai senti que des coupures avaient été faites ici ou là alors que la progression semble parfois saccadée. Le dessin, par contre, est très agréable et le découpage est bon.
Pas mal quoi, mais il manque une patte plus personnelle pour que l’adaptation marque réellement. Là, c’est un bon moyen d’approcher l’œuvre de Zola sans devoir lire un roman.
Si ce western est très classique, voire un peu poussif, en ce qui concerne son scénario, il dispose par ailleurs de grandes qualités dans son soucis de plausibilité historique et dans son art de glisser quelques références cinématographiques qui ne pourront que plaire aux amateurs du genre.
L’aspect historique est encore accentué par les dossiers proposés dans les deux albums, des dossiers qui enrichissent vraiment la lecture sans plomber le lecteur. J’ai bien aimé le fait que ce soit instructif mais pas trop long.
Le dessin n’est pas désagréable. Le style est sec, les décors ne sont pas fignolés mais ils ne sont pas oubliés pour la cause. Les personnages sont bien typés et le risque de confusion est minime.
Le scénario est très classique et rassemble les éléments habituels du genre. C’est bien mené, agréable à lire mais peu surprenant et parfois redondant (la majeure partie du récit se résumant à une fuite en avant de hors-la-loi).
Pas mal, quoi, mais pas assez marquant pour que j’en recommande l’achat à un autre public que celui des grands amateurs de westerns.
Hotep, dont l'auteur Morales fut l'un des nombreux collaborateurs de Jacques Martin, est le futur grand prêtre d'Amon à Thèbes durant le règne de Ptolémée. Tout irait pour le mieux si le nouvel intendant du pharaon, envoyé de la lointaine Alexandrie n'était pas venu proférer son intolérance et prendre des mesures en conséquences à Thèbes. Il va si loin que les évènements se précipitent et le pauvre Hotep va se retrouver au milieu d'un complot visant à le faire taire définitivement. Les deux premières histoires se dérouleront en Egypte, la première étant donc celle où Hotep doit confondre l'intendant grec, la deuxième portera sur le vol d'un sarcophage d'une personne qu'on peut qualifier d'importante : Alexandre le Grand ;) La dernière, seulement disponible en intégrale, verra Hotep être envoyé au Liban pour rapporter des cèdres en vue de la reprise du chantier du grand temple de Karnak.
Ces différents cadres spatiaux permettent à Morales de dévoiler tout son talent pour dessiner les décors, que ce soit les paysages du Liban, les montagnes et déserts égyptiens, la magnifique Alexandrie ou l'imposant temple de Karnak. Tout est détaillé à la perfection, c'est vraiment magnifique. Si Morales avait déjà fait preuve d'un grand talent pour nous montrer Rome dans Roma, Roma... (Alix), il se surpasse carrément pour nous livrer de superbes représentations de l'Egypte antique, tout ça servi sur de grandes cases qui permettent de mieux apprécier le travail de Morales. Pour les personnages, c'est une autre histoire. Ils sont figés : en fait, ils ressemblent vraiment à des statues antiques, que ce soit dans leurs positions ou dans leurs visages (qui ne sont d'ailleurs pas très variés, surtout chez les Grecs) et ça ne va pas en s'améliorant pendant les scènes d'actions, c'est même moins bon et on a l'impression que les mouvements sont mécaniques.
Au niveau du scénario, on a vu largement mieux et les histoires deviendraient presque lassantes si les dessins n'étaient pas aussi bons. Même si elles s'enchaînent assez bien, elles sont franchement pas originales pour les deux premières et la troisième est à mon sens la moins intéressante en tentant de s'éoilgner du cadre de l'Egypte. Hotep n'est pas intéressant, il a parfois des intuitions venues de nulle part mais qui s'avèreront vraies, le fils de Ptolémée passe de méchant à gentil en un claquement de doigts quand il s'aperçoit qu'en fait Hotep est gentil et que Déméas (le méchant) est... méchant. Il y a d'autres personnages évidemment, mais ceux-ci resteront des clichés (le vieil homme généreux, le traître dont personne ne doutait (sauf le lecteur...) etc etc)
Enfin bref, si cette BD a des qualités graphiques indéniables, elles pèche surtout pas ses scénarios peu originaux ou intéressants. Elle a malgré cela le mérite de nous apprendre plusieurs aspects de l'Égypte antique ou de l'Histoire, je pense notamment aux Diadoques et aux rites funéraires. Si vous êtes prêts à ne pas attendre grand chose du scénario, la BD vaut le coup. Si vous cherchez d'autres BD de ce genre, je ne peux que vous conseiller de lire Keos, scénarisé par Martin et dessiné par Pleyers.
Sympathique mais pas vraiment révolutionnaire, ce récit, qui peut se lire comme un one-shot mais pourrait tout aussi bien connaître de nouveaux épisodes, s’appuie sur des personnages déjà vu quelques dizaines de fois. D’une part, un flic bourru à qui on ne la fait pas, d’autre part, la jeune femme charmante, moderne et déterminée.
L’intrigue s’articule autour de deux enquêtes dont une ne mène nulle part (une boule rouge venue du ciel et qui grossit à un rythme régulier) et l’autre pas bien loin (le meurtre d’un témoin provenant du milieu anarchiste).
L’époque est plaisante (les années folles), les personnages sont sympathiques, le suspense est bien dosé (même si la fin est frustrante à ce niveau), le dessin est agréable (bien lisible, expressif) et la colorisation dans laquelle seules les teintes rouges ressortent dans un ensemble dominé par les gris apporte une petite originalité à la « Sambre » (la force dramatique en moins).
Manifestement, Eric Stalner s’est fait plaisir avec ce récit policier léger mais bien maîtrisé et cela se ressent. Rien de révolutionnaire, donc, mais sympathique (comme je le disais en début d’avis).
J'aime la façon qu'a Nicolas Juncker d'aller fouiller des moments historiques bien précis, mal connus du grand public et pourtant particulièrement édifiants. Il m'avait déjà épaté avec Malet dans ce domaine. Ici il nous emmène à Berlin dans les jours qui ont précédé puis suivi l'arrivée des Russes à la toute fin de la guerre. Et tandis que nous assistons aux combines politiques minables du NKVD au service d'un Staline distant mais absurdement omniprésent, nous sommes aussi témoins des horreurs et de l'absurdité là encore de ce que subissent en parallèle les civils allemands et en particulier les femmes dont bien rares sont celles qui échapperont aux viols par les soldats russes. Pour ce faire, l'auteur choisit deux excellentes héroïnes : d'une part une femme-soldat au service du NKVD mais à l'esprit bien plus humain et ouvert que ses supérieurs, et de l'autre une bourgeoise allemande, femme de SS mais sans intérêt pour la politique, que les cruels évènements ont rendu amère et haineuse. Deux femmes que tout oppose mais qui se rapprochent par la force des choses et par le vertige des horreurs de la guerre.
Le dessin de Juncker est simple, pas forcément épatant, mais il fonctionne bien. Sa narration est juste, avec un léger manque de rythme toutefois, ou alors cela tient à l'histoire qui m'a certes intéressé mais pas complètement captivé. Les personnages sont intéressants eux aussi mais là encore je ne m'y suis que moyennement attaché. Et il y a la crudité et la cruauté des faits qui se déroulent qui est aussi désespérante même si parfaitement logique compte tenu de la haine accumulée depuis les exactions nazies de 1941 envers les Russes.
Je ressors plus instruit de ma lecture car elle m'a fait découvrir de l'intérieur des sujets que je connaissais déjà mais superficiellement. Pour autant je n'ai pris qu'un plaisir relatif à cette lecture et n'aurais pas particulièrement envie de la relire je pense.
Un honnête album et deux fois plus au regard de la collection qui aura été plus que versatile. Les 7 nains arrivent sur le tard mais ils étaient tout désignés à y entrer.
Lupano joue avec l’image que l’on connaît d’eux à travers Blanche-neige, il écorne gentiment ce petit monde, le ton y est plus caustique et un rien girond, il nous propose ainsi sa version de ce conte célèbre. Tout est revisité la reine, le miroir, la mort du roi et bien sûr le tempérament de nos personnages principaux.
Le graphisme est sympa mais aurait pu être plus appliqué par moment.
Une vision divertissante et amusante mais il m’a manqué un truc pour succomber pleinement, on reste un peu à la surface, ça aurait pu être encore plus drôle et marquant.
Lecture recommandable cependant, toujours compliqué de faire du neuf avec du vieux, les auteurs s’en sortent bien dans notre cas.
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Les Mystérieux Voyages de Cornelius Dark
Revival continue sa politique de réédition du patrimoine BD oubliée par cette bande dessinée argentine qui n'avait jamais été publiée en français même si c'est fait par des gros noms (Trillo et Breccia père). Le principe de ses histoires courtes est simple : Cornélius Dark est enfermé en prison pour on ne sait quelle raison (ça a été publié durant la dictature en argentine) et il s'évade en imaginant des récits et au fil du temps il ne sait même plus si ce qu'il imagine est vrai ou non. J'ai trouvé la qualité des scénarios un peu inégale, certaines sont tout de même un peu trop convenues, notamment celle qui se passe durant la Révolution française. Trillo était un scénariste débutant durant la conception de ses récits et disons que ça se voit un peu. Le point fort vient du noir et blanc superbe de Breccia qui est totalement adapté pour ce genre de récits étranges. J'aime bien ce style même si quelques cases sont un peu illisibles. Il faut dire qu'avec lui, il faut prendre son temps pour bien regarder le dessin. Je conseille cet album aux fans absolu du dessinateur.
L'Homme à la fourrure
Plutôt sympa comme lecture, je ne pousse pas aux 4* mais ça reste tout à fait recommandable. L’histoire retrace le parcours de Léopold Von Sacher Masoch, un écrivain de la 2eme moitié du XIXème siècle. Malheureusement pour lui, l’histoire ne retiendra pas spécialement son œuvre, à l’exception de la Vénus à la fourrure qui le fera entrer dans la postérité non pas comme auteur mais comme symptôme - le masochisme, terme dérivé de son nom de famille. Une lecture fluide et intéressante, j’ignorais tout de ce personnage, qui malgré lui et à l’instar d’un Sade, est rentré dans le langage courant. C’est la grande force de l’œuvre qui d’une certaine façon réhabilite cet auteur. Malgré le propos rien d’outrancier dans l’album, ça reste soft. J’ai particulièrement aimé le fait que l’auteur soit complètement étranger à cet analogisme, c’est bien rendu. Niveau dessin, c’est simple mais efficace. Le trait me fait penser à du Matthias Lehmann mais sans la technique « carte à gratter ». A la vue de la biographie en fin d’album, il y a quelques libertés sur l’histoire présentée mais ça n’enlève en rien au parcours malheureux de cet homme. Il découvrira même sa mort dans la presse ?!
Pendant que tu dors, mon amour
Moynot a pondu quelques polars noirs, lancés par des titres à rallonge assez obscurs. En voilà donc un de plus. Même si, ici, le titre s’explique assez rapidement. Quant à l’histoire, elle semble amener le héros dans une spirale négative, une déchéance contre lesquelles il ne semble pas vouloir ou pouvoir lutter. Son couple part en vrille, peintre prometteur il a abandonné les pinceaux, il se laisse entrainer dans des plans foireux, etc. Lui-même reconnait aller tout droit dans une impasse. Mais finalement Moynot a choisi de ne pas lui faire toucher le fond, quelques lueurs d’espoir – de vie sociale et amoureuse – apparaissant, même si c’est sur courant alternatif. Pourquoi pas ? mais je n’ai par contre pas trop compris la dernière partie. En tout cas j’ai trouvé qu’il y avait une trop nette rupture de ton, et que la fin faisait un peu « pirouette pour conclure ». Une fin certes noire, mais pour le coup à contre-courant. Enfin bref, ça se lit quand même facilement, agréablement. Le dessin de Moynot use bien des nuances de gris, du Noir et Blanc. Simple et sans fioriture, efficace. C’est une histoire polar globalement intéressante.
Ma Vie en l'air
Étrange histoire, adaptée par Anne Sibran à partir de son roman, et qui semble parfois empiler les thèmes, sans qu’une ligne clairement identifiée ne se développe complètement. Ou alors faut-il chercher du côté d’une gamine, Elsa, qui fuit une réalité trop triste, trop médiocre, avec des parents peu aimants – et une violence vis-à-vis de sa sœur (une scène m’a d’ailleurs fait penser à un inceste). Gamine qui cherche à voler réellement. Et qui va voir sa vie mêler réalité et rêves et cauchemars. C’est souvent noir, voire glauque, mais c’est à chaque fois sauvé par des jolis moments poétiques, et la personnalité certes naïve, mais aussi droite d’Elsa. Le graphisme de Tronchet, toujours clivant, est égal à lui-même. En tout cas il adapte encore bien un bouquin de sa compagne, la lecture est agréable.
La Curée
C’est une très honnête adaptation de Zola que nous proposent ici Eric Stalner et Cédric Simon. Je n’ai jamais lu ce roman mais j’ai encore une fois été frappé par la férocité de Zola. Ses personnages sont souvent aussi humains qu’abjects et ce récit en est une nouvelle preuve. Zola dénonce ici les magouilles immobilières nées de la transformation de Paris du fait des travaux haussmanniens en s’attardant sur un personnage perverti au possible, prêt à laisser mourir sa femme dans un premier temps pour s’offrir un nouveau mariage plus lucratif, se moquant que sa nouvelle femme le trompe tant que cela lui procure un avantage financier, dupant, jouant de son influence dans le seul but de s’enrichir. Mais il n’est jamais qu’à l’image de tout ce petit monde décrit par Zola et rares sont les acteurs qui sortent indemnes de cette évocation. L’adaptation souffre par moments du passage d’un média à un autre. J’ai senti que des coupures avaient été faites ici ou là alors que la progression semble parfois saccadée. Le dessin, par contre, est très agréable et le découpage est bon. Pas mal quoi, mais il manque une patte plus personnelle pour que l’adaptation marque réellement. Là, c’est un bon moyen d’approcher l’œuvre de Zola sans devoir lire un roman.
L'Or de Morrison
Si ce western est très classique, voire un peu poussif, en ce qui concerne son scénario, il dispose par ailleurs de grandes qualités dans son soucis de plausibilité historique et dans son art de glisser quelques références cinématographiques qui ne pourront que plaire aux amateurs du genre. L’aspect historique est encore accentué par les dossiers proposés dans les deux albums, des dossiers qui enrichissent vraiment la lecture sans plomber le lecteur. J’ai bien aimé le fait que ce soit instructif mais pas trop long. Le dessin n’est pas désagréable. Le style est sec, les décors ne sont pas fignolés mais ils ne sont pas oubliés pour la cause. Les personnages sont bien typés et le risque de confusion est minime. Le scénario est très classique et rassemble les éléments habituels du genre. C’est bien mené, agréable à lire mais peu surprenant et parfois redondant (la majeure partie du récit se résumant à une fuite en avant de hors-la-loi). Pas mal, quoi, mais pas assez marquant pour que j’en recommande l’achat à un autre public que celui des grands amateurs de westerns.
Les Pharaons d'Alexandrie (Hotep)
Hotep, dont l'auteur Morales fut l'un des nombreux collaborateurs de Jacques Martin, est le futur grand prêtre d'Amon à Thèbes durant le règne de Ptolémée. Tout irait pour le mieux si le nouvel intendant du pharaon, envoyé de la lointaine Alexandrie n'était pas venu proférer son intolérance et prendre des mesures en conséquences à Thèbes. Il va si loin que les évènements se précipitent et le pauvre Hotep va se retrouver au milieu d'un complot visant à le faire taire définitivement. Les deux premières histoires se dérouleront en Egypte, la première étant donc celle où Hotep doit confondre l'intendant grec, la deuxième portera sur le vol d'un sarcophage d'une personne qu'on peut qualifier d'importante : Alexandre le Grand ;) La dernière, seulement disponible en intégrale, verra Hotep être envoyé au Liban pour rapporter des cèdres en vue de la reprise du chantier du grand temple de Karnak. Ces différents cadres spatiaux permettent à Morales de dévoiler tout son talent pour dessiner les décors, que ce soit les paysages du Liban, les montagnes et déserts égyptiens, la magnifique Alexandrie ou l'imposant temple de Karnak. Tout est détaillé à la perfection, c'est vraiment magnifique. Si Morales avait déjà fait preuve d'un grand talent pour nous montrer Rome dans Roma, Roma... (Alix), il se surpasse carrément pour nous livrer de superbes représentations de l'Egypte antique, tout ça servi sur de grandes cases qui permettent de mieux apprécier le travail de Morales. Pour les personnages, c'est une autre histoire. Ils sont figés : en fait, ils ressemblent vraiment à des statues antiques, que ce soit dans leurs positions ou dans leurs visages (qui ne sont d'ailleurs pas très variés, surtout chez les Grecs) et ça ne va pas en s'améliorant pendant les scènes d'actions, c'est même moins bon et on a l'impression que les mouvements sont mécaniques. Au niveau du scénario, on a vu largement mieux et les histoires deviendraient presque lassantes si les dessins n'étaient pas aussi bons. Même si elles s'enchaînent assez bien, elles sont franchement pas originales pour les deux premières et la troisième est à mon sens la moins intéressante en tentant de s'éoilgner du cadre de l'Egypte. Hotep n'est pas intéressant, il a parfois des intuitions venues de nulle part mais qui s'avèreront vraies, le fils de Ptolémée passe de méchant à gentil en un claquement de doigts quand il s'aperçoit qu'en fait Hotep est gentil et que Déméas (le méchant) est... méchant. Il y a d'autres personnages évidemment, mais ceux-ci resteront des clichés (le vieil homme généreux, le traître dont personne ne doutait (sauf le lecteur...) etc etc) Enfin bref, si cette BD a des qualités graphiques indéniables, elles pèche surtout pas ses scénarios peu originaux ou intéressants. Elle a malgré cela le mérite de nous apprendre plusieurs aspects de l'Égypte antique ou de l'Histoire, je pense notamment aux Diadoques et aux rites funéraires. Si vous êtes prêts à ne pas attendre grand chose du scénario, la BD vaut le coup. Si vous cherchez d'autres BD de ce genre, je ne peux que vous conseiller de lire Keos, scénarisé par Martin et dessiné par Pleyers.
Bertille & Bertille
Sympathique mais pas vraiment révolutionnaire, ce récit, qui peut se lire comme un one-shot mais pourrait tout aussi bien connaître de nouveaux épisodes, s’appuie sur des personnages déjà vu quelques dizaines de fois. D’une part, un flic bourru à qui on ne la fait pas, d’autre part, la jeune femme charmante, moderne et déterminée. L’intrigue s’articule autour de deux enquêtes dont une ne mène nulle part (une boule rouge venue du ciel et qui grossit à un rythme régulier) et l’autre pas bien loin (le meurtre d’un témoin provenant du milieu anarchiste). L’époque est plaisante (les années folles), les personnages sont sympathiques, le suspense est bien dosé (même si la fin est frustrante à ce niveau), le dessin est agréable (bien lisible, expressif) et la colorisation dans laquelle seules les teintes rouges ressortent dans un ensemble dominé par les gris apporte une petite originalité à la « Sambre » (la force dramatique en moins). Manifestement, Eric Stalner s’est fait plaisir avec ce récit policier léger mais bien maîtrisé et cela se ressent. Rien de révolutionnaire, donc, mais sympathique (comme je le disais en début d’avis).
Seules à Berlin
J'aime la façon qu'a Nicolas Juncker d'aller fouiller des moments historiques bien précis, mal connus du grand public et pourtant particulièrement édifiants. Il m'avait déjà épaté avec Malet dans ce domaine. Ici il nous emmène à Berlin dans les jours qui ont précédé puis suivi l'arrivée des Russes à la toute fin de la guerre. Et tandis que nous assistons aux combines politiques minables du NKVD au service d'un Staline distant mais absurdement omniprésent, nous sommes aussi témoins des horreurs et de l'absurdité là encore de ce que subissent en parallèle les civils allemands et en particulier les femmes dont bien rares sont celles qui échapperont aux viols par les soldats russes. Pour ce faire, l'auteur choisit deux excellentes héroïnes : d'une part une femme-soldat au service du NKVD mais à l'esprit bien plus humain et ouvert que ses supérieurs, et de l'autre une bourgeoise allemande, femme de SS mais sans intérêt pour la politique, que les cruels évènements ont rendu amère et haineuse. Deux femmes que tout oppose mais qui se rapprochent par la force des choses et par le vertige des horreurs de la guerre. Le dessin de Juncker est simple, pas forcément épatant, mais il fonctionne bien. Sa narration est juste, avec un léger manque de rythme toutefois, ou alors cela tient à l'histoire qui m'a certes intéressé mais pas complètement captivé. Les personnages sont intéressants eux aussi mais là encore je ne m'y suis que moyennement attaché. Et il y a la crudité et la cruauté des faits qui se déroulent qui est aussi désespérante même si parfaitement logique compte tenu de la haine accumulée depuis les exactions nazies de 1941 envers les Russes. Je ressors plus instruit de ma lecture car elle m'a fait découvrir de l'intérieur des sujets que je connaissais déjà mais superficiellement. Pour autant je n'ai pris qu'un plaisir relatif à cette lecture et n'aurais pas particulièrement envie de la relire je pense.
Sept Nains
Un honnête album et deux fois plus au regard de la collection qui aura été plus que versatile. Les 7 nains arrivent sur le tard mais ils étaient tout désignés à y entrer. Lupano joue avec l’image que l’on connaît d’eux à travers Blanche-neige, il écorne gentiment ce petit monde, le ton y est plus caustique et un rien girond, il nous propose ainsi sa version de ce conte célèbre. Tout est revisité la reine, le miroir, la mort du roi et bien sûr le tempérament de nos personnages principaux. Le graphisme est sympa mais aurait pu être plus appliqué par moment. Une vision divertissante et amusante mais il m’a manqué un truc pour succomber pleinement, on reste un peu à la surface, ça aurait pu être encore plus drôle et marquant. Lecture recommandable cependant, toujours compliqué de faire du neuf avec du vieux, les auteurs s’en sortent bien dans notre cas.