Un style graphique à nul autre pareil au service d'un polar violent et sombre.
Les couleurs improbables et ultra contrastées (noir profond, vert radioactif, violet percutant...) impressionnent autant qu'elles interrogent : est-ce une indéniable réussite ou d'un mauvais goût un peu trop assumé ? Le sens du cadrage est lui toujours là, la violence aussi !
Le polar sombre et violent servant d'exutoire à ce style impayable, comme souvent chez Lehman, est au service d'une intrigue exagérément et volontairement alambiquée : fuir la clarté pour mettre en avant une ambiance. Des cinéastes comme Howard Hawks avec "Le Grand sommeil", David Lynch avec "Mulholland Drive", Wong Kar-Waï avec "In the mood for love"... ont usé de ce procédé et en ont conçu des chefs-d’œuvre. Ce n'est malheureusement pas le cas ici, la réussite est imparfaite, incomplète.
Les mêmes ressorts avaient été mieux employés sur L'Homme gribouillé, le fantastique rendant la dramaturgie énigmatique plus pertinente.
Dieu est Amour.
Jésus a bien fait rentrer ce mantra dans le crâne du Père Guillaume, sorte de Don Camillo muté dans une bourgade où les femmes sont délaissées par leurs rudes maris. Alors faut bien faire charité en offrant de la chaleur humaine.
Ce tome de la série BDcul est un indispensable pour ceux voulant dans leur bibliothèque un livre à portée de main, lu rapidement et garantissant un bon fou-rire. Et rien de honteux à le faire découvrir, il est potache et nullement vulgaire. Un goût de Aimé Lacapelle et d'éro-comédies d'Edwige Fenech.
Tiens, ça aurait fait un joli cadeau pour la St-Valentin hier.
Découvert lors de mon passage à Angoulême cette année, cet album au titre intrigant révèle le potentiel d'un auteur à suivre dans les années qui viennent.
C'est admiratif des dédicaces qu'il réalisait directement à la gouache, sans même un crayonné, que je me suis donc laissé tenter. Ses planches réalisées à la couleur directe sont de vrais petits bijoux. Que ce soit la trogne de ses personnages hauts en couleurs des forêts sibériennes ou justement ces magnifiques paysages enneigés qui campent les décors de ce récit d'aventure m'ont envouté.
Certes, le scénario reste assez classique, mais ce petit côté "conte philosophique" qui s'en dégage est plaisant pour qui saura se laisser porter par ces ambiances et ces personnages.
A découvrir.
Je suis étonné de voir ce genre de truc publié par Casterman, qui plus est dans un petit format. Ça détonne un peu dans leur catalogue. Mais après tout…
J’en suis ressorti un peu sur ma faim.
C’est très rythmé, on ne s’embarrasse ni de psychologie, ni d’une intrigue trop fouillée – et je pense que ça s’adresse surtout à un lectorat adolescent (le dessin – pas trop ma came – lui correspond sans doute aussi davantage).
Quelques petits passages amusants, du cynisme à tout va (mais on ne tombe jamais dans le trash ou le « trop noir ») pimentent le récit, qui use de fantastique et de SF pour dynamiser une histoire un chouia déjantée qui ressemble à un gros défouloir de l’auteur.
Note réelle 2,5/5.
Le Ferry c'est l'histoire de Max, bassiste dans son groupe de potes, qui rêve en grand de musique, de concerts et de studios londoniens. Un jour il franchit le pas et laisse tout derrière lui, notamment Rose sa copine...
Le choix de l'époque, les années 80, et de la bande son de cet album sont parfaits pour cette histoire. Sur fond de rock et de punk, sur fond de Clash et de Sex Pistols, la jeunesse de l'époque se rebelle et veut vivre ses rêves. Max est l'illustration parfaite de tout ça. Sans aller jusqu'à s'identifier au personnage, il y a quand même pas mal d'éléments qui permettent de rentrer facilement et avec plaisir dans cette histoire. La post adolescence, les années fac, le groupe de pote, la musique... L'ambiance est réussie, ça rappelle pas mal de choses de cette période (films, musiques, souvenirs perso...). Ce petit flashback est plaisant à lire, il y a un petit brin de nostalgie pas désagréable du tout.
Les péripéties autour du départ de Max, la façon dont il a laissé sa copine, son silence depuis... que sait il exactement de la situation actuelle ? Les différents chapitres épaississent d'abord le mystère avant d'y répondre peu à peu. Ça fonctionne et, bercé par la bande son, on suit tranquillement cette histoire au rythme des révélations.
Cet album offre un petit voyage au coeur d'une époque qui parlera à toute une génération de gens, on retrouve avec plaisir quelques marqueurs emblématiques de l'époque.
Lire ces récits courts me ramène en arrière, à une époque où je lisais encore assez régulièrement Pilote malgré son changement de formule et les différentes vicissitudes subies par ce journal de BD. Ces récits sont parus essentiellement dans Pilote, à partir de 1974 et ce, jusqu'en 1978, je n'ai aucun souvenir d'en avoir vu dans Métal Hurlant, Bilal réservant à ce journal des récits plus longs comme Exterminateur 17.
Etant peu attiré par la SF, je lisais quand même certains récits, mais c'est clairement le genre où j'étais le moins à l'aise, et ici justement, ce que propose Bilal est un peu l'exception qui confirme la règle car il aborde des thèmes classiques du genre, variés et bien vus, et surtout amusants, avec pas mal d'originalités et de bonnes idées. Cet humour surprend un peu dans cette science-fiction qui habituellement s'y prête peu, c'est ce qui m'a emballé dans cet album. Quant au dessin de Bilal, il est parfait, je crois qu'il a atteint dans ces récits sa période de maturité, son style est déja bien installé ; à cette période, il dessinait Le Vaisseau de Pierre et allait enchaîner avec La Trilogie Nikopol et Partie de chasse, autant dire qu'on est en plein style Bilal au dessin si caractéristique qu'on lui connaît, avec ces gueules un peu figées, son aspect clinique et cette sorte de déshumanisation qui habite ses Bd.
Je ne peux pas dire que c'est une bonne surprise vu que j'avais lu ces récits il y a une quarantaine d'années, à une époque où j'étais très jeune, disons que je les ai abordé avec un oeil différent, plus mature, c'est donc une bonne replongée dans l'univers d'un auteur de grand talent, et je n'ai pas de préférence particulière, pour moi, ces 8 récits sont d'un niveau égal en qualité.
Un polar chez les All Blacks.
Sur fond de campagne électorale, la fille d'un des candidats, le député Maori Witkaire, est retrouvée morte sur une plage.
Jack Kenu, Maori et officier de police, est chargé de l'affaire. A qui profite le crime ?
Caryl Férey, romancier à succès, nous pond une intrigue qui s'immisce dans les magouilles politiciennes et le désœuvrement d'une jeunesse sans avenir.
La vision économique des deux candidats au poste de premier ministre est très différente, l'une est capitaliste et l'autre mise sur l'humain et en particulier sur les Maoris, la population autochtone de Nouvelle-Zélande. Une population qui a subit le joug des blancs.
L'intrigue policière n'est pas des plus innovante, on en devine les tenants et les aboutissants assez rapidement, ce qui enlève une part de mystère.
Les personnages ne sortent pas des standards du genre, mais ils sont bien campés et la narration alerte rend la lecture agréable.
Un dessin qui fait le job, sans être transcendant, les personnages ont des gueules, les décors sont soignés et la colorisation aide à s'immerger dans cette enquête sordide et dépaysante. Du bon boulot.
Une lecture sympathique.
Après Déogratias, Stassen revient, sous une autre forme, sur le génocide rwandais.
Si « Deogratias » était uniquement une bande dessinée, celle-ci n’est ici que minoritaire, puisqu’il y a beaucoup de texte à lire, parfois accompagné d’illustrations, plus rarement entrecoupé de BD. L'aspect documentaire domine.
Autre différence, si Deogratias traitait du sujet « par la bande », c’est ici bien plus frontal.
Au travers de plusieurs chapitres plus ou moins courts, qui nous présentent quelques anecdotes, quelques personnages, dans un ensemble qui tient autant du documentaire que du récit, Stassen essaye de nous faire appréhender certaines réalités. S’étant immergé dans la région quelques temps, il nous livre dans ces chroniques pointillistes quelques clés de compréhension d’un drame qui n’avait rien d’imprévisible, et dont les cicatrices sont loin d’être refermées.
Le problème avec ce genre d’album, c’est que la partie « BD » n’est pas assez importante, et que le reste est moins captivant et/ou pointu que les écrits de certains chercheurs, voire les articles du Monde diplomatique. J’en suis sorti quelque peu frustré.
Note réelle 2,5/5.
Ce duo d’auteurs est assez prolifique, avec une production très inégale. Cette « Liberty » se situe dans la moyenne. Ça se laisse lire, mais j’en suis sorti quelque peu frustré.
L’histoire brasse plusieurs thèmes qui à eux seuls auraient mérité d’être davantage développés, voire d’être au cœur de l’intrigue : le combat du siècle entre Mohamed Ali et Foreman à Kinshasa, l’action des Black Panthers et leur persécution par le FBI. Cela ne reste qu’en arrière-plan, et ces sujets sont assez brutalement escamotés.
Nous suivons Tshilanda et sa fille (mais Tshilanda est la véritable héroïne de l’histoire !), de Kinshasa à New-York. Les auteurs cherchent à nous présenter une Tshilanda battante, traversant les bourrasques de l’Histoire et les aléas de la vie avec courage et obstination. Certes. Mais je n’ai pas réussi à m’attacher à son personnage, bien trop artificiel selon moi, tant elle semble bénéficier de l’aide d’anges bienveillants, un Français finançant sa vie et un afro-américain servant de père de substitution à Liberty. Du coup ces deux personnages féminins me sont apparus bien trop fades et, même si ça se laisse lire, je suis resté sur ma faim.
Une histoire qui vaut surtout pour l'ambiance qu'elle dégage.
En effet, j'ai bien aimé comment les auteurs mettaient en scène l'Alzheimer de leur personnage principal, en montrant ce qu'il se rappelle du passé et à quel point il est perdu dans sa tête. C'est bien fait et pas confus même s'il manque des pièces au casse-tête pour bien comprendre la vie de ce type, mais je pense qu'on peut imaginer les trous sans problèmes.
Malheureusement, le récit en lui-même n'est pas mémorable et au final c'est sans surprise. J'avais l'impression d'avoir déjà vu plusieurs scènes dans d'autres récits traitant de la maladie et de la vieillesse. En plus, le vieil homme a des problèmes avec son unique enfant, je pense pas qu'on peut faire plus cliché que ça pour ce type de récit. La mise en scène est bonne, mais le dessin n'est pas exceptionnel.
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Saint-Elme
Un style graphique à nul autre pareil au service d'un polar violent et sombre. Les couleurs improbables et ultra contrastées (noir profond, vert radioactif, violet percutant...) impressionnent autant qu'elles interrogent : est-ce une indéniable réussite ou d'un mauvais goût un peu trop assumé ? Le sens du cadrage est lui toujours là, la violence aussi ! Le polar sombre et violent servant d'exutoire à ce style impayable, comme souvent chez Lehman, est au service d'une intrigue exagérément et volontairement alambiquée : fuir la clarté pour mettre en avant une ambiance. Des cinéastes comme Howard Hawks avec "Le Grand sommeil", David Lynch avec "Mulholland Drive", Wong Kar-Waï avec "In the mood for love"... ont usé de ce procédé et en ont conçu des chefs-d’œuvre. Ce n'est malheureusement pas le cas ici, la réussite est imparfaite, incomplète. Les mêmes ressorts avaient été mieux employés sur L'Homme gribouillé, le fantastique rendant la dramaturgie énigmatique plus pertinente.
La Bibite à Bon Dieu
Dieu est Amour. Jésus a bien fait rentrer ce mantra dans le crâne du Père Guillaume, sorte de Don Camillo muté dans une bourgade où les femmes sont délaissées par leurs rudes maris. Alors faut bien faire charité en offrant de la chaleur humaine. Ce tome de la série BDcul est un indispensable pour ceux voulant dans leur bibliothèque un livre à portée de main, lu rapidement et garantissant un bon fou-rire. Et rien de honteux à le faire découvrir, il est potache et nullement vulgaire. Un goût de Aimé Lacapelle et d'éro-comédies d'Edwige Fenech. Tiens, ça aurait fait un joli cadeau pour la St-Valentin hier.
La Demi-double Femme
Découvert lors de mon passage à Angoulême cette année, cet album au titre intrigant révèle le potentiel d'un auteur à suivre dans les années qui viennent. C'est admiratif des dédicaces qu'il réalisait directement à la gouache, sans même un crayonné, que je me suis donc laissé tenter. Ses planches réalisées à la couleur directe sont de vrais petits bijoux. Que ce soit la trogne de ses personnages hauts en couleurs des forêts sibériennes ou justement ces magnifiques paysages enneigés qui campent les décors de ce récit d'aventure m'ont envouté. Certes, le scénario reste assez classique, mais ce petit côté "conte philosophique" qui s'en dégage est plaisant pour qui saura se laisser porter par ces ambiances et ces personnages. A découvrir.
Captain Death
Je suis étonné de voir ce genre de truc publié par Casterman, qui plus est dans un petit format. Ça détonne un peu dans leur catalogue. Mais après tout… J’en suis ressorti un peu sur ma faim. C’est très rythmé, on ne s’embarrasse ni de psychologie, ni d’une intrigue trop fouillée – et je pense que ça s’adresse surtout à un lectorat adolescent (le dessin – pas trop ma came – lui correspond sans doute aussi davantage). Quelques petits passages amusants, du cynisme à tout va (mais on ne tombe jamais dans le trash ou le « trop noir ») pimentent le récit, qui use de fantastique et de SF pour dynamiser une histoire un chouia déjantée qui ressemble à un gros défouloir de l’auteur. Note réelle 2,5/5.
Le Ferry
Le Ferry c'est l'histoire de Max, bassiste dans son groupe de potes, qui rêve en grand de musique, de concerts et de studios londoniens. Un jour il franchit le pas et laisse tout derrière lui, notamment Rose sa copine... Le choix de l'époque, les années 80, et de la bande son de cet album sont parfaits pour cette histoire. Sur fond de rock et de punk, sur fond de Clash et de Sex Pistols, la jeunesse de l'époque se rebelle et veut vivre ses rêves. Max est l'illustration parfaite de tout ça. Sans aller jusqu'à s'identifier au personnage, il y a quand même pas mal d'éléments qui permettent de rentrer facilement et avec plaisir dans cette histoire. La post adolescence, les années fac, le groupe de pote, la musique... L'ambiance est réussie, ça rappelle pas mal de choses de cette période (films, musiques, souvenirs perso...). Ce petit flashback est plaisant à lire, il y a un petit brin de nostalgie pas désagréable du tout. Les péripéties autour du départ de Max, la façon dont il a laissé sa copine, son silence depuis... que sait il exactement de la situation actuelle ? Les différents chapitres épaississent d'abord le mystère avant d'y répondre peu à peu. Ça fonctionne et, bercé par la bande son, on suit tranquillement cette histoire au rythme des révélations. Cet album offre un petit voyage au coeur d'une époque qui parlera à toute une génération de gens, on retrouve avec plaisir quelques marqueurs emblématiques de l'époque.
Mémoires d'outre-espace
Lire ces récits courts me ramène en arrière, à une époque où je lisais encore assez régulièrement Pilote malgré son changement de formule et les différentes vicissitudes subies par ce journal de BD. Ces récits sont parus essentiellement dans Pilote, à partir de 1974 et ce, jusqu'en 1978, je n'ai aucun souvenir d'en avoir vu dans Métal Hurlant, Bilal réservant à ce journal des récits plus longs comme Exterminateur 17. Etant peu attiré par la SF, je lisais quand même certains récits, mais c'est clairement le genre où j'étais le moins à l'aise, et ici justement, ce que propose Bilal est un peu l'exception qui confirme la règle car il aborde des thèmes classiques du genre, variés et bien vus, et surtout amusants, avec pas mal d'originalités et de bonnes idées. Cet humour surprend un peu dans cette science-fiction qui habituellement s'y prête peu, c'est ce qui m'a emballé dans cet album. Quant au dessin de Bilal, il est parfait, je crois qu'il a atteint dans ces récits sa période de maturité, son style est déja bien installé ; à cette période, il dessinait Le Vaisseau de Pierre et allait enchaîner avec La Trilogie Nikopol et Partie de chasse, autant dire qu'on est en plein style Bilal au dessin si caractéristique qu'on lui connaît, avec ces gueules un peu figées, son aspect clinique et cette sorte de déshumanisation qui habite ses Bd. Je ne peux pas dire que c'est une bonne surprise vu que j'avais lu ces récits il y a une quarantaine d'années, à une époque où j'étais très jeune, disons que je les ai abordé avec un oeil différent, plus mature, c'est donc une bonne replongée dans l'univers d'un auteur de grand talent, et je n'ai pas de préférence particulière, pour moi, ces 8 récits sont d'un niveau égal en qualité.
Maori
Un polar chez les All Blacks. Sur fond de campagne électorale, la fille d'un des candidats, le député Maori Witkaire, est retrouvée morte sur une plage. Jack Kenu, Maori et officier de police, est chargé de l'affaire. A qui profite le crime ? Caryl Férey, romancier à succès, nous pond une intrigue qui s'immisce dans les magouilles politiciennes et le désœuvrement d'une jeunesse sans avenir. La vision économique des deux candidats au poste de premier ministre est très différente, l'une est capitaliste et l'autre mise sur l'humain et en particulier sur les Maoris, la population autochtone de Nouvelle-Zélande. Une population qui a subit le joug des blancs. L'intrigue policière n'est pas des plus innovante, on en devine les tenants et les aboutissants assez rapidement, ce qui enlève une part de mystère. Les personnages ne sortent pas des standards du genre, mais ils sont bien campés et la narration alerte rend la lecture agréable. Un dessin qui fait le job, sans être transcendant, les personnages ont des gueules, les décors sont soignés et la colorisation aide à s'immerger dans cette enquête sordide et dépaysante. Du bon boulot. Une lecture sympathique.
Pawa
Après Déogratias, Stassen revient, sous une autre forme, sur le génocide rwandais. Si « Deogratias » était uniquement une bande dessinée, celle-ci n’est ici que minoritaire, puisqu’il y a beaucoup de texte à lire, parfois accompagné d’illustrations, plus rarement entrecoupé de BD. L'aspect documentaire domine. Autre différence, si Deogratias traitait du sujet « par la bande », c’est ici bien plus frontal. Au travers de plusieurs chapitres plus ou moins courts, qui nous présentent quelques anecdotes, quelques personnages, dans un ensemble qui tient autant du documentaire que du récit, Stassen essaye de nous faire appréhender certaines réalités. S’étant immergé dans la région quelques temps, il nous livre dans ces chroniques pointillistes quelques clés de compréhension d’un drame qui n’avait rien d’imprévisible, et dont les cicatrices sont loin d’être refermées. Le problème avec ce genre d’album, c’est que la partie « BD » n’est pas assez importante, et que le reste est moins captivant et/ou pointu que les écrits de certains chercheurs, voire les articles du Monde diplomatique. J’en suis sorti quelque peu frustré. Note réelle 2,5/5.
Liberty
Ce duo d’auteurs est assez prolifique, avec une production très inégale. Cette « Liberty » se situe dans la moyenne. Ça se laisse lire, mais j’en suis sorti quelque peu frustré. L’histoire brasse plusieurs thèmes qui à eux seuls auraient mérité d’être davantage développés, voire d’être au cœur de l’intrigue : le combat du siècle entre Mohamed Ali et Foreman à Kinshasa, l’action des Black Panthers et leur persécution par le FBI. Cela ne reste qu’en arrière-plan, et ces sujets sont assez brutalement escamotés. Nous suivons Tshilanda et sa fille (mais Tshilanda est la véritable héroïne de l’histoire !), de Kinshasa à New-York. Les auteurs cherchent à nous présenter une Tshilanda battante, traversant les bourrasques de l’Histoire et les aléas de la vie avec courage et obstination. Certes. Mais je n’ai pas réussi à m’attacher à son personnage, bien trop artificiel selon moi, tant elle semble bénéficier de l’aide d’anges bienveillants, un Français finançant sa vie et un afro-américain servant de père de substitution à Liberty. Du coup ces deux personnages féminins me sont apparus bien trop fades et, même si ça se laisse lire, je suis resté sur ma faim.
Ceux qui me restent
Une histoire qui vaut surtout pour l'ambiance qu'elle dégage. En effet, j'ai bien aimé comment les auteurs mettaient en scène l'Alzheimer de leur personnage principal, en montrant ce qu'il se rappelle du passé et à quel point il est perdu dans sa tête. C'est bien fait et pas confus même s'il manque des pièces au casse-tête pour bien comprendre la vie de ce type, mais je pense qu'on peut imaginer les trous sans problèmes. Malheureusement, le récit en lui-même n'est pas mémorable et au final c'est sans surprise. J'avais l'impression d'avoir déjà vu plusieurs scènes dans d'autres récits traitant de la maladie et de la vieillesse. En plus, le vieil homme a des problèmes avec son unique enfant, je pense pas qu'on peut faire plus cliché que ça pour ce type de récit. La mise en scène est bonne, mais le dessin n'est pas exceptionnel.