Un avis mitigé pour cet album, qui regroupe deux histoires totalement différentes, de ton, de genre – et en partie aussi au niveau du dessin.
Dessin que j’ai trouvé intéressant sur la première histoire (un petit dégradé de gris donne une belle patine au trait par ailleurs classique), même si je l’ai trouvé trop avare de détails pour les décors, presque escamotés. La seconde histoire est inégale dans ce domaine. Toujours peu de décors, et un trait plus manga classique – et donc moins dans mes goûts, même s’il n’y a pas là accumulation d’actions décomposées et émotions surjouées comme trop souvent dans ce type de production. Même si les deux histoires sont très lisibles, j’ai a priori préféré le dessin de la première.
Concernant les histoires, on a du roman graphique sympathique mais sans gros potentiel dans la première, et une adaptation SF d’Asimov dans la seconde. Je dirais que j’attendais beaucoup plus de la seconde, mais j’ai trouvé cette adaptation un peu trop molle, gentille. La première histoire exploite à fond un potentiel très moyen, tandis que la seconde le fait mal d’un potentiel plus important, je suis resté sur ma faim.
Un ensemble hétéroclite et inégal, à emprunter à l’occasion.
Note réelle 2,5/5.
Christophe de Ponfilly s’inspire de son expérience de terrain, en tant que grand reporter en Afghanistan pour cet album, dont l’action se déroule au temps de l’occupation soviétique.
Je pensais au départ suivre une sorte de biopic sur le commandant Massoud mais, même s’il apparait au détour d’une case, il n’en est rien. Nous suivons juste quelques semaines de la vie d’un soldat russe, plutôt réfractaire à la base, et qui est fait prisonnier par un groupe de Moudjahidines, groupe que suit de Ponfilly.
Si la lecture n’est pas désagréable ni inintéressante, j’en attendais davantage. En particulier le contexte aurait pu être davantage creusé, et « l’intrigue » elle-même, puisque ce n’est pas un documentaire, manque de densité.
Le dessin de Follet est globalement bon, très classique. J’émettrais plus de réserve concernant la colorisation, un peu trop baveuse, pas toujours à mon goût.
Note réelle 2,5/5.
C'est en lisant le Persée de Musquera/Brouyère que j'ai voulu comparer avec la version "La sagesse des Mythes", une collection que j'apprécie.
Clotilde Bruneau vise un public d'ados ce que je ressens à travers ses choix du scénario et la peinture psychologique de ses personnages.
En effet je trouve les principaux personnages assez ternes par rapport à leurs personnalités supposées. Persée, le premier, est censé être fils de Zeus et dans la BD je le vois comme un ado assez mou.
Le scénario de Bruneau suit fidèlement le mythe mais je trouve que certains choix enlèvent de la cohérence et de la force au récit.
Le graphisme de Giovanni Lorusso est agréable mais reste dans une vision trop hollywoodienne pour me faire plus vibrer.
La mise en couleur reste dans les standards de la collection et apporte une belle luminosité à l'histoire.
J'ai préféré la version Musquera plus adulte et plus puissante mais cette version reste une bonne introduction au mythe de Persée pour un collégien.
Même si l’autrice est canadienne, elle est d’origine japonaise, et son dessin et une bonne partie de l’histoire fleurent bon une certaine culture nipponne. Il y a quelques petites choses de Miyazaki dans le dessin, dans l’apparition de ces petites bestioles (annonçant la mort), dans la « douceur » de certaines scènes – quand bien même le sujet est douloureux, ici la mort d’une vieille femme.
Le sujet est assez simple. Nous accompagnons une vieille dame très indépendante, qui refuse la sollicitude envahissante de ses filles intrusives et trop « protectrices », qui souhaite rester chez elle et pas dans un hôpital ou une maison de retraite, alors que sa santé décline et que certains signes indiquent que la « fin » approche.
La mort lui apparait par divers signes, petits personnages, taches sur son corps ou par terre qui la suivent et dont elle cherche à s’éloigner.
Le rythme est assez lent, ceci étant accentué par le grand nombre de cases quasi muettes. Sans être transcendante, la lecture est néanmoins agréable, et peut s’adresser à un public assez large (autre point commun avec Miyazaki).
Un roman graphique teinté d’un peu de fantastique, petit pavé qui se lit rapidement et relativement agréablement.
Les amateurs de Christophe Bec seront sans aucun doute sensibles à cette histoire, dans laquelle on retrouve pas mal de choses souvent utilisées dans ses séries.
Un arrière-plan très sombre, pas mal d’énigmes qui s’accumulent (en particulier mathématiques, sur un ilot perdu entre Alaska et Russie), des morts qui réapparaissent 40 ans plus tard, des monstres marins (grand classique du genre !), on a là de quoi faire monter la tension, avec une histoire qui bascule de plus en plus dans l’horreur.
Bien évidemment on ajoute le représentant d’une multinationale qui ne dit pas tout de ses intentions – qu’on imagine aisément spéculatives.
Beaucoup d’ingrédients assez classiques donc (pas mal du film « The Thing », avec ces bestioles qui sortent de certains corps, le personnage principal nommé Carpenter, un autre Russel, mais aussi sur la fin une influence Lovecraftienne), mais qui sont bien mis en œuvre, la lecture est fluide. Avec une accélération continue, on ne s’ennuie pas.
Quant au dessin, il est lui aussi efficace, sans être trop original. La colorisation, forcément très sombre, est parfaitement adapté au sujet et au ton utilisé pour le développer.
Comédie dramatique en trois actes, les Fusibles aborde l'ambiguïté du rapport à ses origines quand on a coupé les ponts pour laisser derrière soi un pays en plein chaos et offrir une vie meilleure à ses enfants. Ce pays, il n'est pas nommé ici mais on reconnait très vite le Liban. Et ces interrogations, ce sont celles du père de l'auteur qu'il a choisi de romancer pour la raconter plus librement.
On commence par découvrir l'enfance des deux héros, Abel et Georges, deux ados gentils mais turbulents qui errent dans les rues d'une Beyrouth des années 80 sous tension et plombée par des coupures d'électricité à répétition. Sur l'impulsion de la jolie Sarah dont ils sont tous deux amoureux, ils vont s'investir pour leur ville en allant rebrancher eux-mêmes les fusibles de leurs voisins de quartier lors des coupures pour redonner de l'espoir à leurs concitoyens.
Puis sans transition, et on comprendra plus tard pourquoi, on retrouve Abel une trentaine d'années plus tard alors qu'il a refait sa vie dans un pays occidental, probablement la France, et que Georges vient lui rendre visite et essaie de le convaincre de faire découvrir son pays natal à sa fille qui est déjà une jeune adulte. Outre le retour aux sources, il y a une autre raison derrière cette demande : le père d'Abel, qu'il n'a pas vu depuis des années, devient de plus en plus malade et Georges aimerait que son ami le voit peut-être pour une dernière fois.
Et le troisième acte sera précisément celui où Abel et sa fille reviendront au pays, le temps d'un séjour qui ne se passera pas vraiment comme ils l'auraient souhaité.
Il s'agit d'un récit intime où Joseph Safieddine raconte de manière détournée son propre parcours et celui de sa famille. Ce père qui a coupé les ponts avec le Liban, c'est son père, et cette jeune adulte dessinatrice qui ne connaissait pas son pays d'origine et n'en parlait même pas la langue, c'est l'alter ego du scénariste lui-même.
Cyril Doisneau les met en image avec un style graphique léger qui rappelle celui de Dupuy et Berberian. Cela permet de garder une distance avec l'atmosphère désespérante que peut produire un pays en proie au chaos et au conflit interne. Ce dessin fait ressortir l'insouciance des deux gamins des années 80, la camaraderie des deux adultes qui profitent d'un pays occidental tranquille, et ce sont ceux là qu'on retrouve ensuite dans la situation plus compliquée du dernier acte.
On notera également que la majorité des planches sont en teintes de gris, afin de mieux faire ressortir les quelques cases en couleurs qui se déroulent dans un monde virtuel, qu'il s'agisse des simulations en réalité virtuelle que crée le héros devenu adulte ou des situations fantasmées qu'il aurait justement aimé vivre. Le procédé est plutôt pas mal.
Beaucoup de bonnes choses donc, mais une narration légèrement décousue. La rupture entre le premier et le deuxième acte est assez abrupte et il faut attendre la fin de l'album pour en comprendre la raison. Cela décontenance le lecteur qui a l'impression d'avoir laissé une situation en plan pour partir bien des années plus tard dans un contexte très différent. Quant au troisième acte, il rappelle l'intrigue de Yallah Bye du même scénariste, que j'avais beaucoup apprécié, mais dans une version plus étouffante, presque en huis-clos, et aussi plus confuse en termes de dialogues et d'intentions. Malgré la sincérité et la justesse de son message, mon attention a décroché dans ce dernier tiers de l'album qui n'a pas le même rythme que les précédents. Et même l'épilogue, en forme de parenthèse expliquant le passé, n'a pas su me toucher autant qu'elle aurait pu.
Cette BD aborde de fait des thématiques intéressantes et sincères, mais sa mise en scène, notamment celle de son dernier acte, ne m'a qu'en partie convaincu. Même si les thèmes n'y étaient pas exactement les mêmes, j'avais davantage été transporté par Yallah Bye.
Dans la veine des RPG Manga, ces séries se déroulant dans un univers d'heroic-fantasy très inspiré des jeux vidéos et jeux de rôles, the Dark Saint a un petit côté Isekai sans en être un. Son héros est en effet bien originaire du monde dans lequel il va évoluer mais il se voit doté du jour au lendemain de ce qui ressemble à un cheat code.
Le jour où la Déesse lui confie un rôle comme à tous ceux de son âge, Russell se voit attribué la classe exceptionnelle de Saint, à savoir une forme évoluée de Prêtre capable de prodiguer de puissants sorts de soin. Hélas il voit cela comme une vraie malchance car ce rôle est incompatible avec ses ambitions de devenir un héros guerrier. A tel point que son ancien groupe d'amis d'enfance l'exclut de leur bande d'aventuriers car ils voient en lui un handicap pour eux qui peuvent se guérir eux-mêmes alors que lui ne peut pas se battre. Déçu et trahi, il fait quelque temps plus tard la rencontre d'une jeune femme qui perçoit son potentiel et découvre surtout qu'il dispose d'une source de mana illimitée. Grâce à cela et aux pouvoirs offensifs auxquels elle lui donne accès, Russell va pouvoir développer une formidable puissance combinant sorts de défense et d'attaque sans jamais risquer d'épuiser ses forces.
C'est un manga de fantasy assez sympa et divertissant. Comme ceux de son genre, on a hâte de voir le héros grimper à toutes vitesses les échelons et rabrouer tous les puissants du Mal et du Bien de son monde grâce à ses pouvoirs au-dessus de la normale, avec la satisfaction de pouvoir se venger de ceux qui vous ont déçu ou pris de haut.
Le dessin est de bonne qualité pour ce qui est du trait, personnages, costumes et visages. Par contre, il est parfois confus au niveau de la mise en scène et de la narration, avec quelques pages qui amènent le lecteur à se demander dans quel ordre se passent les évènements.
De même, certains dialogues sont très décousus et donnent l'impression d'être mélangés ou hachés. Cette confusion réduit la qualité de ce manga mais n'est pas bloquante pour passer un bon moment de lecture.
Seuls deux tomes sont parus à ce jour, en France comme au Japon, et on en est encore à se demander où les auteurs vont nous mener, avec un voile de mystère qu'il reste à lever sur les motivations de Sybilla, la déesse du crépuscule, ou encore de la mystérieuse Katie qui accompagne les anciens amis du héros, ainsi que sur les réelles capacités de Russell lui-même et jusqu'où elles lui permettront d'évoluer. S'agissant de l'adaptation d'une light novel, nul doute que la suite a déjà été écrite et bien pensée. La curiosité ne manquera pas de me donner envie de lire la suite.
La série a fort bien démarré : c'était frais, agréable, coloré, amusant, doux, généreux... Comme un Lapinot, l'humour en moins exubérant.
Elle n'a malheureusement pas tenu ce beau rythme sur la durée. Le tome 9 lu hier soir dégage une tendre sympathie, mais moins la bonne humeur d'antan.
Une lecture toujours agréable, mais fort oubliable désormais.
Si je reprends la construction du tome 9, on constate que la plupart des gags se contentent d'une pirouette finale, d'un bon mot sur lequel réside l'essentiel du gag. Plus moderne en ce sens, façon stand-up, moins construit du coup. On s'éloigne malheureusement de la "morale de la tarte à la crème", d'un Gaston, d'un Schtroumpf... C'est plus direct, de l'ordre de l'anecdote.
Si un de nos parents est un grand bandit ou un criminel, on doit avoir une drôle d'enfance... Mais quand votre père est le plus grand trafiquant de cocaïne de toute la planète, qu'il est recherché par toutes les polices, quelle peut bien être la vie de cet enfant ? Quand on y pense, quelle vie de dingue !
Voilà le propos de cet album, dont le co scénariste n'est autre que Juan Pablo Escobar, fils de. Il livre quelques confessions sur son enfance. C'est à la fois romancé, atténué gentiment avec la vision d'un gamin de 10 ans, mais pour autant le fond est bien là. Ce gosse a grandi entouré de gardes du corps (gentiment appelés nounous), il a reçu en cadeau d'anniversaire des armes à feu, il a assisté de plus ou moins loin à des règlements comptes. Les enfants on un chien ou un chat à la maison, lui il a 170 hippopotames dans le jardin... La violence et la démesure font partie intégrante de son quotidien.
Cet album apporte un éclairage sur quelle peut être l'enfance d'un fils de criminel. Le gamin n'est évidemment pour rien dans les actes de son père, mais forcement sa vie est très directement impactée. Le dessin plutôt jovial atténue bien la dureté (la folie) de certaines anecdotes. Le propos est bien adouci, et surtout, tout est raconté par le prisme d'un enfant, avec sa naïveté de l'époque. Ce contraste volontaire est plutôt bien réussi et apporte un peu de douceur dans ce monde de brute. Au final c'est un album original sur un sujet qu'on a pas l'habitude de voir traiter dans les différents médium.
2.5
J'ai hésité entre deux et trois étoiles et finalement je mets la moyenne parce qu'il y a tout de même des passages intéressants.
Ce one-shot retrace la relation entre Marylin Monroe et son psychanalyste. C'est basé sur un roman que j'ai pas lu et je n'ai aucune idée à quel point on respecte la vérité historique. Le point central est que Monroe avait des problèmes malgré la gloire et que c'était une personne torturée et beaucoup plus complexe que l'image qu'elle projetait dans ses films. Cela donne de bonnes scènes, mais globalement ce n'est pas captivant à lire.
Essentiellement, c’est la faute au dessin. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est moche. Disons juste qu'il ne me plait pas du tout. Je n'aime pas trop la mise en scène. C'est un peu trop théâtral par moment et je n'aime pas ça. J'avais l'impression de voir deux acteurs un peu blasés réciter leur texte et du coup des dialogues pourtant bien écrits sonnaient faux. Je n'ai jamais réussi à totalement rentrer dans le récit à cause de ça.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
L'Envol
Un avis mitigé pour cet album, qui regroupe deux histoires totalement différentes, de ton, de genre – et en partie aussi au niveau du dessin. Dessin que j’ai trouvé intéressant sur la première histoire (un petit dégradé de gris donne une belle patine au trait par ailleurs classique), même si je l’ai trouvé trop avare de détails pour les décors, presque escamotés. La seconde histoire est inégale dans ce domaine. Toujours peu de décors, et un trait plus manga classique – et donc moins dans mes goûts, même s’il n’y a pas là accumulation d’actions décomposées et émotions surjouées comme trop souvent dans ce type de production. Même si les deux histoires sont très lisibles, j’ai a priori préféré le dessin de la première. Concernant les histoires, on a du roman graphique sympathique mais sans gros potentiel dans la première, et une adaptation SF d’Asimov dans la seconde. Je dirais que j’attendais beaucoup plus de la seconde, mais j’ai trouvé cette adaptation un peu trop molle, gentille. La première histoire exploite à fond un potentiel très moyen, tandis que la seconde le fait mal d’un potentiel plus important, je suis resté sur ma faim. Un ensemble hétéroclite et inégal, à emprunter à l’occasion. Note réelle 2,5/5.
L'Etoile du soldat
Christophe de Ponfilly s’inspire de son expérience de terrain, en tant que grand reporter en Afghanistan pour cet album, dont l’action se déroule au temps de l’occupation soviétique. Je pensais au départ suivre une sorte de biopic sur le commandant Massoud mais, même s’il apparait au détour d’une case, il n’en est rien. Nous suivons juste quelques semaines de la vie d’un soldat russe, plutôt réfractaire à la base, et qui est fait prisonnier par un groupe de Moudjahidines, groupe que suit de Ponfilly. Si la lecture n’est pas désagréable ni inintéressante, j’en attendais davantage. En particulier le contexte aurait pu être davantage creusé, et « l’intrigue » elle-même, puisque ce n’est pas un documentaire, manque de densité. Le dessin de Follet est globalement bon, très classique. J’émettrais plus de réserve concernant la colorisation, un peu trop baveuse, pas toujours à mon goût. Note réelle 2,5/5.
Persée et la Gorgone Méduse
C'est en lisant le Persée de Musquera/Brouyère que j'ai voulu comparer avec la version "La sagesse des Mythes", une collection que j'apprécie. Clotilde Bruneau vise un public d'ados ce que je ressens à travers ses choix du scénario et la peinture psychologique de ses personnages. En effet je trouve les principaux personnages assez ternes par rapport à leurs personnalités supposées. Persée, le premier, est censé être fils de Zeus et dans la BD je le vois comme un ado assez mou. Le scénario de Bruneau suit fidèlement le mythe mais je trouve que certains choix enlèvent de la cohérence et de la force au récit. Le graphisme de Giovanni Lorusso est agréable mais reste dans une vision trop hollywoodienne pour me faire plus vibrer. La mise en couleur reste dans les standards de la collection et apporte une belle luminosité à l'histoire. J'ai préféré la version Musquera plus adulte et plus puissante mais cette version reste une bonne introduction au mythe de Persée pour un collégien.
Shadow Life
Même si l’autrice est canadienne, elle est d’origine japonaise, et son dessin et une bonne partie de l’histoire fleurent bon une certaine culture nipponne. Il y a quelques petites choses de Miyazaki dans le dessin, dans l’apparition de ces petites bestioles (annonçant la mort), dans la « douceur » de certaines scènes – quand bien même le sujet est douloureux, ici la mort d’une vieille femme. Le sujet est assez simple. Nous accompagnons une vieille dame très indépendante, qui refuse la sollicitude envahissante de ses filles intrusives et trop « protectrices », qui souhaite rester chez elle et pas dans un hôpital ou une maison de retraite, alors que sa santé décline et que certains signes indiquent que la « fin » approche. La mort lui apparait par divers signes, petits personnages, taches sur son corps ou par terre qui la suivent et dont elle cherche à s’éloigner. Le rythme est assez lent, ceci étant accentué par le grand nombre de cases quasi muettes. Sans être transcendante, la lecture est néanmoins agréable, et peut s’adresser à un public assez large (autre point commun avec Miyazaki). Un roman graphique teinté d’un peu de fantastique, petit pavé qui se lit rapidement et relativement agréablement.
Plunge
Les amateurs de Christophe Bec seront sans aucun doute sensibles à cette histoire, dans laquelle on retrouve pas mal de choses souvent utilisées dans ses séries. Un arrière-plan très sombre, pas mal d’énigmes qui s’accumulent (en particulier mathématiques, sur un ilot perdu entre Alaska et Russie), des morts qui réapparaissent 40 ans plus tard, des monstres marins (grand classique du genre !), on a là de quoi faire monter la tension, avec une histoire qui bascule de plus en plus dans l’horreur. Bien évidemment on ajoute le représentant d’une multinationale qui ne dit pas tout de ses intentions – qu’on imagine aisément spéculatives. Beaucoup d’ingrédients assez classiques donc (pas mal du film « The Thing », avec ces bestioles qui sortent de certains corps, le personnage principal nommé Carpenter, un autre Russel, mais aussi sur la fin une influence Lovecraftienne), mais qui sont bien mis en œuvre, la lecture est fluide. Avec une accélération continue, on ne s’ennuie pas. Quant au dessin, il est lui aussi efficace, sans être trop original. La colorisation, forcément très sombre, est parfaitement adapté au sujet et au ton utilisé pour le développer.
Les Fusibles
Comédie dramatique en trois actes, les Fusibles aborde l'ambiguïté du rapport à ses origines quand on a coupé les ponts pour laisser derrière soi un pays en plein chaos et offrir une vie meilleure à ses enfants. Ce pays, il n'est pas nommé ici mais on reconnait très vite le Liban. Et ces interrogations, ce sont celles du père de l'auteur qu'il a choisi de romancer pour la raconter plus librement. On commence par découvrir l'enfance des deux héros, Abel et Georges, deux ados gentils mais turbulents qui errent dans les rues d'une Beyrouth des années 80 sous tension et plombée par des coupures d'électricité à répétition. Sur l'impulsion de la jolie Sarah dont ils sont tous deux amoureux, ils vont s'investir pour leur ville en allant rebrancher eux-mêmes les fusibles de leurs voisins de quartier lors des coupures pour redonner de l'espoir à leurs concitoyens. Puis sans transition, et on comprendra plus tard pourquoi, on retrouve Abel une trentaine d'années plus tard alors qu'il a refait sa vie dans un pays occidental, probablement la France, et que Georges vient lui rendre visite et essaie de le convaincre de faire découvrir son pays natal à sa fille qui est déjà une jeune adulte. Outre le retour aux sources, il y a une autre raison derrière cette demande : le père d'Abel, qu'il n'a pas vu depuis des années, devient de plus en plus malade et Georges aimerait que son ami le voit peut-être pour une dernière fois. Et le troisième acte sera précisément celui où Abel et sa fille reviendront au pays, le temps d'un séjour qui ne se passera pas vraiment comme ils l'auraient souhaité. Il s'agit d'un récit intime où Joseph Safieddine raconte de manière détournée son propre parcours et celui de sa famille. Ce père qui a coupé les ponts avec le Liban, c'est son père, et cette jeune adulte dessinatrice qui ne connaissait pas son pays d'origine et n'en parlait même pas la langue, c'est l'alter ego du scénariste lui-même. Cyril Doisneau les met en image avec un style graphique léger qui rappelle celui de Dupuy et Berberian. Cela permet de garder une distance avec l'atmosphère désespérante que peut produire un pays en proie au chaos et au conflit interne. Ce dessin fait ressortir l'insouciance des deux gamins des années 80, la camaraderie des deux adultes qui profitent d'un pays occidental tranquille, et ce sont ceux là qu'on retrouve ensuite dans la situation plus compliquée du dernier acte. On notera également que la majorité des planches sont en teintes de gris, afin de mieux faire ressortir les quelques cases en couleurs qui se déroulent dans un monde virtuel, qu'il s'agisse des simulations en réalité virtuelle que crée le héros devenu adulte ou des situations fantasmées qu'il aurait justement aimé vivre. Le procédé est plutôt pas mal. Beaucoup de bonnes choses donc, mais une narration légèrement décousue. La rupture entre le premier et le deuxième acte est assez abrupte et il faut attendre la fin de l'album pour en comprendre la raison. Cela décontenance le lecteur qui a l'impression d'avoir laissé une situation en plan pour partir bien des années plus tard dans un contexte très différent. Quant au troisième acte, il rappelle l'intrigue de Yallah Bye du même scénariste, que j'avais beaucoup apprécié, mais dans une version plus étouffante, presque en huis-clos, et aussi plus confuse en termes de dialogues et d'intentions. Malgré la sincérité et la justesse de son message, mon attention a décroché dans ce dernier tiers de l'album qui n'a pas le même rythme que les précédents. Et même l'épilogue, en forme de parenthèse expliquant le passé, n'a pas su me toucher autant qu'elle aurait pu. Cette BD aborde de fait des thématiques intéressantes et sincères, mais sa mise en scène, notamment celle de son dernier acte, ne m'a qu'en partie convaincu. Même si les thèmes n'y étaient pas exactement les mêmes, j'avais davantage été transporté par Yallah Bye.
The Dark Saint
Dans la veine des RPG Manga, ces séries se déroulant dans un univers d'heroic-fantasy très inspiré des jeux vidéos et jeux de rôles, the Dark Saint a un petit côté Isekai sans en être un. Son héros est en effet bien originaire du monde dans lequel il va évoluer mais il se voit doté du jour au lendemain de ce qui ressemble à un cheat code. Le jour où la Déesse lui confie un rôle comme à tous ceux de son âge, Russell se voit attribué la classe exceptionnelle de Saint, à savoir une forme évoluée de Prêtre capable de prodiguer de puissants sorts de soin. Hélas il voit cela comme une vraie malchance car ce rôle est incompatible avec ses ambitions de devenir un héros guerrier. A tel point que son ancien groupe d'amis d'enfance l'exclut de leur bande d'aventuriers car ils voient en lui un handicap pour eux qui peuvent se guérir eux-mêmes alors que lui ne peut pas se battre. Déçu et trahi, il fait quelque temps plus tard la rencontre d'une jeune femme qui perçoit son potentiel et découvre surtout qu'il dispose d'une source de mana illimitée. Grâce à cela et aux pouvoirs offensifs auxquels elle lui donne accès, Russell va pouvoir développer une formidable puissance combinant sorts de défense et d'attaque sans jamais risquer d'épuiser ses forces. C'est un manga de fantasy assez sympa et divertissant. Comme ceux de son genre, on a hâte de voir le héros grimper à toutes vitesses les échelons et rabrouer tous les puissants du Mal et du Bien de son monde grâce à ses pouvoirs au-dessus de la normale, avec la satisfaction de pouvoir se venger de ceux qui vous ont déçu ou pris de haut. Le dessin est de bonne qualité pour ce qui est du trait, personnages, costumes et visages. Par contre, il est parfois confus au niveau de la mise en scène et de la narration, avec quelques pages qui amènent le lecteur à se demander dans quel ordre se passent les évènements. De même, certains dialogues sont très décousus et donnent l'impression d'être mélangés ou hachés. Cette confusion réduit la qualité de ce manga mais n'est pas bloquante pour passer un bon moment de lecture. Seuls deux tomes sont parus à ce jour, en France comme au Japon, et on en est encore à se demander où les auteurs vont nous mener, avec un voile de mystère qu'il reste à lever sur les motivations de Sybilla, la déesse du crépuscule, ou encore de la mystérieuse Katie qui accompagne les anciens amis du héros, ainsi que sur les réelles capacités de Russell lui-même et jusqu'où elles lui permettront d'évoluer. S'agissant de l'adaptation d'une light novel, nul doute que la suite a déjà été écrite et bien pensée. La curiosité ne manquera pas de me donner envie de lire la suite.
Dad
La série a fort bien démarré : c'était frais, agréable, coloré, amusant, doux, généreux... Comme un Lapinot, l'humour en moins exubérant. Elle n'a malheureusement pas tenu ce beau rythme sur la durée. Le tome 9 lu hier soir dégage une tendre sympathie, mais moins la bonne humeur d'antan. Une lecture toujours agréable, mais fort oubliable désormais. Si je reprends la construction du tome 9, on constate que la plupart des gags se contentent d'une pirouette finale, d'un bon mot sur lequel réside l'essentiel du gag. Plus moderne en ce sens, façon stand-up, moins construit du coup. On s'éloigne malheureusement de la "morale de la tarte à la crème", d'un Gaston, d'un Schtroumpf... C'est plus direct, de l'ordre de l'anecdote.
Escobar - Une éducation criminelle
Si un de nos parents est un grand bandit ou un criminel, on doit avoir une drôle d'enfance... Mais quand votre père est le plus grand trafiquant de cocaïne de toute la planète, qu'il est recherché par toutes les polices, quelle peut bien être la vie de cet enfant ? Quand on y pense, quelle vie de dingue ! Voilà le propos de cet album, dont le co scénariste n'est autre que Juan Pablo Escobar, fils de. Il livre quelques confessions sur son enfance. C'est à la fois romancé, atténué gentiment avec la vision d'un gamin de 10 ans, mais pour autant le fond est bien là. Ce gosse a grandi entouré de gardes du corps (gentiment appelés nounous), il a reçu en cadeau d'anniversaire des armes à feu, il a assisté de plus ou moins loin à des règlements comptes. Les enfants on un chien ou un chat à la maison, lui il a 170 hippopotames dans le jardin... La violence et la démesure font partie intégrante de son quotidien. Cet album apporte un éclairage sur quelle peut être l'enfance d'un fils de criminel. Le gamin n'est évidemment pour rien dans les actes de son père, mais forcement sa vie est très directement impactée. Le dessin plutôt jovial atténue bien la dureté (la folie) de certaines anecdotes. Le propos est bien adouci, et surtout, tout est raconté par le prisme d'un enfant, avec sa naïveté de l'époque. Ce contraste volontaire est plutôt bien réussi et apporte un peu de douceur dans ce monde de brute. Au final c'est un album original sur un sujet qu'on a pas l'habitude de voir traiter dans les différents médium.
Marilyn - Dernières séances
2.5 J'ai hésité entre deux et trois étoiles et finalement je mets la moyenne parce qu'il y a tout de même des passages intéressants. Ce one-shot retrace la relation entre Marylin Monroe et son psychanalyste. C'est basé sur un roman que j'ai pas lu et je n'ai aucune idée à quel point on respecte la vérité historique. Le point central est que Monroe avait des problèmes malgré la gloire et que c'était une personne torturée et beaucoup plus complexe que l'image qu'elle projetait dans ses films. Cela donne de bonnes scènes, mais globalement ce n'est pas captivant à lire. Essentiellement, c’est la faute au dessin. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est moche. Disons juste qu'il ne me plait pas du tout. Je n'aime pas trop la mise en scène. C'est un peu trop théâtral par moment et je n'aime pas ça. J'avais l'impression de voir deux acteurs un peu blasés réciter leur texte et du coup des dialogues pourtant bien écrits sonnaient faux. Je n'ai jamais réussi à totalement rentrer dans le récit à cause de ça.