2.5
Je continue mon exploration de vieux auteurs italiens un peu oubliés avec Bonvi.
J'ai tout de suite aimé son dessin et la manière dont il représente ce monde post-apocalyptique. L'auteur fait preuve d'un humour noir que j'aime bien, quoique j'ai plus souri que rigolé. L'ennui avec cette série est qu'au bout d'un moment je me suis rendu compte que la moitié des gags tournaient autour d'un même sujet: les gens ont faim et mangent n'importe quoi. Et disons que si c'est surprenant de voir un personnage pratiquer le cannibalisme, cela le devient moins quand c'est la dixième fois et certaines chutes finissent par se deviner facilement.
Heureusement que ça se lit vite vu que les cases sont grandes et il y a pas beaucoup de textes.
J’avais découvert Ed Brisson au scénario sur Sheltered - Un récit pré-apocalyptique, publié chez le même éditeur. Je retrouve ici sa maîtrise du rythme, qui est clairement le point fort de cet album, dans lequel on entre pour ne plus en sortir, tant les temps morts en sont absents.
C’est de la SF qui ne surjoue aucun effet, même s’il y a bien des combats de vaisseaux spatiaux, une aventure qui se déroule sur une planète lointaine. Planète prison où sont envoyés des condamnés à de lourdes peines, qui peuvent voir un peu réduite leur peine en s’enrôlant dans l’armée luttant contre la résistance des indigènes à la colonisation terrienne (idée pas complètement dingue, voir ce que Wagner propose en ce moment aux détenus russes pour s’enrôler dans la guerre en Ukraine, là aussi pour servir de chair à canon.
Une inévitable multinationale terrestre mène la danse, même si le cœur de l’intrigue se déroule sur cette planète lointaine, en voie d’être terra-formée : un combat entre la résistance et les affidés de la multinationale et de la Terre, avec un personnage grain de sable (détenue évadée, prise en otage, en plus fille d’un haut dignitaire terrien).
Bref, pas forcément hyper original, mais ça se laisse lire très facilement, c’est très rythmé comme je l’ai déjà écrit.
Dessin et colorisation sont typique des comics modernes. Pas forcément mon truc, mais ça fait très bien le job, sans fioriture (quelques petits problèmes de visibilité parfois, mais rien de rédhibitoire).
C’est je crois le dernier album de cet auteur qu’il me restait à aviser. Je m’étonne qu’il n’ait pas déclenché davantage de curiosité vu le peu d’avis que ses séries recueillent, et ne peux que vous encourager à jeter un œil sur une œuvre des plus originales.
Bref, toujours est-il que j’attendais avec beaucoup d’impatience la sortie en Français de cet album, tant l’auteur m’intéresse, et tant son sujet (Bosch a réalisé certaines des images les plus fortes qui soient) me captive a priori. Paul Kirchner, autre auteur atypique, s’était fendu il y a peu d’un album sur le sujet, mais dans une optique bien moins réaliste et plus franchement humoristique et décalée avec son Jheronimus & Bosch.
Ruijters se retrouve en terrain connu, lui qui ne publie que des choses dans un univers médiéval affirmé, avec forte prégnance religieuse. Il a mis plus de quatre ans à réaliser cet album, et s’est énormément documenté. On retrouve le fruit de son travail tout au long de l’album, mais aussi dans le dossier final.
Quel bilan dresser de la rencontre de ces deux créateurs ? Eh bien, aussi paradoxal que cela paraisse, j’en suis sorti un chouia (tout petit chouia) déçu. En effet, j’ai trouvé que Ruijters était resté trop respectueux de ses sources, comme intimidé par son sujet. Premier homme au cœur de ses albums (d’habitude ce sont des femmes qui officient en tant que personnages principaux – y compris dans sa relecture de l’œuvre majeure de Dante), on sent l’admiration de Ruijters pour l’homme et l’artiste. Mais du coup il n’y a pas – ou pas assez – les petits à-côtés des autres albums, les petites touches de folie et d’humour noir qui les parsemaient. Voilà le regret.
Pour le reste, la lecture est très fluide (j’aime bien son trait semi caricatural) et cette biographie parfaitement documentée permet de pénétrer dans le processus de création (Ruijters a bien sûr dû combler certaines lacunes, et prendre parfois parti quand l’imagination seule restait à décider – mais jamais cela ne trahit la vraisemblance).
La société des Pays-Bas de l’époque est bien rendue, avec les tensions entre catégories sociales (et entre corporations), les tensions religieuses (la réforme est en fermentation). Mais aussi la misère et la violence qui dominent (et qui vont abondamment inspirer les oeuvres de Bosch). Les gibets ne sont jamais vides d'hommes et animaux (Ruijters montre un cochon condamné – ce qui est très représentatif de la société de l’époque, plusieurs procès d’animaux et en particulier de cochon étant documentés).
Bref, une lecture intéressante, instructive, mais qui m’a un peu perturbé, j’en attendais sans doute, si ce n’est plus, tout du moins autre chose de la part de Ruijters. Mais ce choix d’auteur n’enlève rien à la bonne facture de l’ouvrage.
Note réelle 3,5/5.
Les amateurs de blockbusters américains avec complot dans les hautes sphères, actions survitaminée et violente, misant bien plus sur le rythme que sur une quelconque psychologie des personnages ou une totale crédibilité des péripéties, seront sans doute ravis. Arnoux navigue aussi pas mal dans les eaux de XIII (surtout dans les deux derniers tomes).
Si je n’ai pas trouvé la lecture trop désagréable – même si finalement du « bien fait quelconque » dans un genre déjà bien balisé – il y a quand même quelques détails qui m’ont davantage fait tiquer. La secrétaire de direction qui rejoint notre héroïne, mitraillée et quasiment laissée pour morte, qui se relève ensuite et, quelques cases plus tard sous la douche semble non seulement en bonne santé, mais sans une égratignure par exemple. D’autres grossières facilités scénaristiques doivent être acceptées pour ne pas rejeter cette histoire qui, une fois acceptés ces écueils, se révèle divertissante.
Concernant le dessin, je dois dire que n’aime pas du tout le changement de dessinateur en cours de série, d’autant plus qu’ici les styles sont très différents – au point que parfois j’ai eu du mal à reconnaitre certains protagonistes lors de leur première apparition sous leurs nouveaux traits.
J’ai trouvé correct le dessin du premier tome, n’ai pas aimé le suivant. C’est le dessin de Queireix sur les deux derniers tomes qui m’a le plus plu. Hélas la colorisation change là encore de mains, et sur le dernier tome, j’ai moins aimé que sur le précédent.
Bref, pas mal de déjà vu, des grosses ficelles et une intrigue misant tout sur le rythme. Mais un récit dynamique qui accroche (les cliffhangers en fin de chaque album jouent eux-aussi les gros effets !).
C'est le deuxième opus du duo Filippi/Camboni dans cette collection de Mickey chez Glénat. Personnellement j'avais préféré Mickey et l'océan perdu à cette terre des anciens.
En effet je trouve le scénario bien moins inventif ici. Les deux atmosphères se ressemblent assez dans un monde fluide à la gravité incertaine, ce qui autorise le déplacement dans les trois dimensions.
Cela permet à Camboni de donner un énorme volume à ses dessins. Les immenses cases se succèdent pour le plaisir des yeux avec une foule de détails très précis et des jeux de lumières vraiment plaisants.
Malheureusement je trouve que le graphisme a pris trop d'importance par rapport à la narration. C'est déséquilibré à mon goût. Les adversaires du trio sont insignifiants. Nos trois héros se tirent des situations embarrassantes bien trop facilement sauf à viser un public vraiment très jeune.
Cela reste un ouvrage agréable pour un très large public qui reconnaitra Mickey dans un rôle d'artisan très conforme au personnage original. C'est moins vrai pour le personnage de Minnie peinte en Résistante active.
Voici un manga qui débute assez bien : ce manga SF sur la différence mélange certes des figures imposées comme la vie sociale de l'ado au collège et les habituelles scènes d'action-bagarre, mais s'y mêlent une intrigue policière teintée d'espionnage sur fond de SF, ainsi que l'intéressant contre-point des parents.
Malheureusement, le militantisme et l'enquête sont abordés grossièrement, avec des archétypes psychologiques trop manichéens et des ressorts dramatiques qui laissent le lecteur sur sa faim, mais la conduite de l'ensemble est agréable, avec une bonne gestion du rythme malgré l'alternance des points de vue et des genres invoqués (tranche de vie, espionnage, action...).
Prometteur et agréable tome 1.
L’univers des comics américains est un monde de requins où les éditeurs abusent des auteurs et rien ne l'illustre plus que le destin du pauvre Bill Finger qui a co-créé Batman et aussi plusieurs éléments importants de l'univers de la chauve-souris, mais qui ne se verra jamais crédité pour son travail, Bob Kane s'attirant toute la gloire et ne créditant pas ses collaborateurs. Finger va finir par mourir à 59 ans oublié et dans la pauvreté, ce n'est que récemment qu'on a vraiment mis en avant sa contribution à Batman.
En plus de raconter la vie de Finger, on suit aussi le parcours de l'auteur Marc Tyler Nobleman qui a fait une vraie enquête pour tout connaitre sur le co-créateur de Batman. Je dois dire que mes parties préférées étaient lorsque Nobleman interviewait des vieux auteurs qui avaient bien connu Finger. Leurs propos sont très intéressants. En revanche, voir Nobleman se promener dans les anciennes résidences de Finger n'est pas très passionnant même si je comprends que c'est un élément important du récit, montrer toutes les démarches de l'auteur pour tout savoir sur ce scénariste de l'ombre. La partie biographie reprend les grands moments de la vie de Finger. C'est triste de lire son destin tragique et on voit vraiment à quel point Bob Kane était une ordure.
Un album à lire pour les fans de Batman qui voudraient voir l'envers du décor.
Dans son préambule Jean-Luc Istin dit : « Vous l’avez voulu ? Vous l’avez ! Ce crossover est pour vous ! » Oh ça oui on l’a désiré, depuis des années et la fin de la saison 2 de Nains j’en parle, que ce serait bien que tous ces personnages se rencontrent enfin pour le grand soir. Pour éviter la redondance des histoires, pour éviter la lassitude du lecteur, il fallait que les Terres d’Arran aient leur Endgame où la crème des héros s’allient pour enfin botter le cul des raclures qui dirigent le monde. Il en aura fallu du temps, mieux vaut tard que jamais, les choses sérieuses peuvent enfin débuter…
Un nouveau cycle très particulier celui-ci puisque, même si le tome 1 peut se lire tout seul, franchement, en tout honnêteté, il s’adresse surtout aux lecteurs les plus assidus du Monde d’Aquilon. Cette fois, pas d’albums pouvant se lire indépendamment, mais une série traditionnelle avec une seule histoire en continue. Vraiment je ne la recommanderai pas aux néophytes, bien que je sois loin d’avoir tout lu (me suis arrêté au tome 4 d’Elfes par exemple), j’ai pas mal arpenté l’univers de la série et si vous n’avez pas lu tel ou tel album (pour ce tome 1), c’est quand même un peu dommage sous peine de passer à côté de pas mal d’éléments clés. Je conseille en particulier de se remémorer : Mages T3 Altherat, Orcs T10 Dunnrak, Nains T15 Oboron. Entre autres…
J’ai plutôt apprécié cette mise en bouche. C’est bien écrit avec une intrigue intelligemment montée proposant une montée en gamme, du cliffhanger, des émotions fortes. Je trépigne de lire la suite et dé découvrir quelles nouvelles têtes vont rejoindre la guerre de libération des anciennes races. Après une grosse intrigue centrée sur la guerre des goules, beaucoup redoutait l’après, et ce que la série pourrait avoir à offrir. Nous sommes encore dans une guerre de type apocalyptique, mais là on sent qu’on n'est plus dans les petites histoires indépendantes et que c’est la grande Histoire qui est en train de s’écrire.
J’ai parcouru le dessin de Brice Cossu sans déplaisir. Même si ce n’est pas ce que je préfère son dessin est lisible, et vu l’ambition du récit il y a à boire et à manger. Hâte également de le relire dans sa version noir et blanc que j’apprécierai davantage je pense.
Le coup de cœur est là pour encourager la série et remercier à ma façon, parce que vraiment ce crossover j’y croyais plus du tout !
Tome 2 Dal'Darrum
Dans une première lecture on pourrait s'arrêter à une compréhension géographique et humoristique de ces six histoires courtes.
Pourtant j'ai trouvé le scénario de Christophe Cassiau-Haurie bien plus subtil que cela. Une lecture plus réfléchie montre dans chaque histoire une influence encore forte du passé colonial pas encore évacué.
Cela donne une belle cohérence à la série derrière un effet en trompe-l'oeil. Car si le graphisme nous entraîne sur les chemins de l'humour et de la caricature, le coeur de chaque histoire renvoie à une réalité plus sombre : tracé des frontières au bon vouloir des pays colonisateurs, image d'Epinal véhiculée sur l'Afrique, explorateurs peu scrupuleux sur la dignité des populations rencontrées ou mépris des interdits locaux pour satisfaire ses envies de plaisirs.
Les scénarii mêlent le passé et le présent dans une sorte de continuité historique des mentalités. C'est très subtil mais je trouve cela très intelligent.
Le graphisme est pluriel passant d'un humour caricatural à un réalisme qui laisse deviner la froideur des personnages.
Une série qui n'a l'air de rien mais pas mal du tout.
Cette BD fait beaucoup penser au Monde sans fin. Et pour cause, elle en reprend en grande partie les mêmes explications et cite d'ailleurs Jancovici dans la bibliographie en fin d'album. On retrouve même une idée graphique similaire avec la repésentation anthropomorphique du PIB sous la forme d'un robot qui boit du pétrole, rappelant l'Iron-Man de la BD de Blain. Mais elle a un objectif légèrement différent, celui de montrer que l'idée de Croissance Verte n'est pas la solution pour sauver la planète.
De quoi parlons-nous ? La Croissance Verte, c'est l'idée que pour échapper au réchauffement climatique et à l'épuisement des ressources mondiales, il faut remplacer les sources d'énergie par des énergies renouvelables (éoliennes et autres panneaux solaires), remplacer les industries et moteurs par des innovations technologiques moins énergivores et moins productrices de CO2 et qu'en arrivant ainsi à un bon équilibre écologique, la croissance pourra continuer à alimenter l'économie mondiale sans détruire la planète, ou en tout cas l'humanité. Sauf que comme le montrait également Jancovici, les solutions d'énergies renouvelables ne sont pas efficaces et nécessitent trop de ressources et d'espace pour être une solution. Et les innovations technologiques propres restent encore à bâtir. Et tant que l'humanité verra la croissance économique comme seul objectif, elle ne peut qu'aller dans le mur. D'où le fait que la Croissance Verte soit un mirage.
Sauf que cela, je ne l'ai pas trouvé très bien expliqué dans cet album. Les éléments techniques sont là mais ils sont présentés de manière confuse, l'information s'ajoutant à l'information en perdant assez facilement le lecteur. L'album manque de structure narrative, d'une progression claire pour une lecture fluide et parlant efficacement au lecteur. C'était l'énorme force du Monde sans fin et je ne l'ai pas trouvée ici. Concrètement, j'ai eu bien du mal à comprendre où l'auteur voulait en venir, et malgré mon résumé ci-dessus, je serai bien en peine d'exprimer clairement son message final. De même, le graphisme est certes plaisant mais loin de la maîtrise technique et narrative de Christophe Blain.
L'album est pas mal, ses informations sont justes et il y a un vrai message aux lecteurs... sauf que celui-ci est difficile à capter. Et surtout, Le Monde sans fin est paru à peine quelques mois plus tôt et la comparaison est assez rude.
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Après la Bombe
2.5 Je continue mon exploration de vieux auteurs italiens un peu oubliés avec Bonvi. J'ai tout de suite aimé son dessin et la manière dont il représente ce monde post-apocalyptique. L'auteur fait preuve d'un humour noir que j'aime bien, quoique j'ai plus souri que rigolé. L'ennui avec cette série est qu'au bout d'un moment je me suis rendu compte que la moitié des gags tournaient autour d'un même sujet: les gens ont faim et mangent n'importe quoi. Et disons que si c'est surprenant de voir un personnage pratiquer le cannibalisme, cela le devient moins quand c'est la dixième fois et certaines chutes finissent par se deviner facilement. Heureusement que ça se lit vite vu que les cases sont grandes et il y a pas beaucoup de textes.
Cluster
J’avais découvert Ed Brisson au scénario sur Sheltered - Un récit pré-apocalyptique, publié chez le même éditeur. Je retrouve ici sa maîtrise du rythme, qui est clairement le point fort de cet album, dans lequel on entre pour ne plus en sortir, tant les temps morts en sont absents. C’est de la SF qui ne surjoue aucun effet, même s’il y a bien des combats de vaisseaux spatiaux, une aventure qui se déroule sur une planète lointaine. Planète prison où sont envoyés des condamnés à de lourdes peines, qui peuvent voir un peu réduite leur peine en s’enrôlant dans l’armée luttant contre la résistance des indigènes à la colonisation terrienne (idée pas complètement dingue, voir ce que Wagner propose en ce moment aux détenus russes pour s’enrôler dans la guerre en Ukraine, là aussi pour servir de chair à canon. Une inévitable multinationale terrestre mène la danse, même si le cœur de l’intrigue se déroule sur cette planète lointaine, en voie d’être terra-formée : un combat entre la résistance et les affidés de la multinationale et de la Terre, avec un personnage grain de sable (détenue évadée, prise en otage, en plus fille d’un haut dignitaire terrien). Bref, pas forcément hyper original, mais ça se laisse lire très facilement, c’est très rythmé comme je l’ai déjà écrit. Dessin et colorisation sont typique des comics modernes. Pas forcément mon truc, mais ça fait très bien le job, sans fioriture (quelques petits problèmes de visibilité parfois, mais rien de rédhibitoire).
Jheronimus Bosch
C’est je crois le dernier album de cet auteur qu’il me restait à aviser. Je m’étonne qu’il n’ait pas déclenché davantage de curiosité vu le peu d’avis que ses séries recueillent, et ne peux que vous encourager à jeter un œil sur une œuvre des plus originales. Bref, toujours est-il que j’attendais avec beaucoup d’impatience la sortie en Français de cet album, tant l’auteur m’intéresse, et tant son sujet (Bosch a réalisé certaines des images les plus fortes qui soient) me captive a priori. Paul Kirchner, autre auteur atypique, s’était fendu il y a peu d’un album sur le sujet, mais dans une optique bien moins réaliste et plus franchement humoristique et décalée avec son Jheronimus & Bosch. Ruijters se retrouve en terrain connu, lui qui ne publie que des choses dans un univers médiéval affirmé, avec forte prégnance religieuse. Il a mis plus de quatre ans à réaliser cet album, et s’est énormément documenté. On retrouve le fruit de son travail tout au long de l’album, mais aussi dans le dossier final. Quel bilan dresser de la rencontre de ces deux créateurs ? Eh bien, aussi paradoxal que cela paraisse, j’en suis sorti un chouia (tout petit chouia) déçu. En effet, j’ai trouvé que Ruijters était resté trop respectueux de ses sources, comme intimidé par son sujet. Premier homme au cœur de ses albums (d’habitude ce sont des femmes qui officient en tant que personnages principaux – y compris dans sa relecture de l’œuvre majeure de Dante), on sent l’admiration de Ruijters pour l’homme et l’artiste. Mais du coup il n’y a pas – ou pas assez – les petits à-côtés des autres albums, les petites touches de folie et d’humour noir qui les parsemaient. Voilà le regret. Pour le reste, la lecture est très fluide (j’aime bien son trait semi caricatural) et cette biographie parfaitement documentée permet de pénétrer dans le processus de création (Ruijters a bien sûr dû combler certaines lacunes, et prendre parfois parti quand l’imagination seule restait à décider – mais jamais cela ne trahit la vraisemblance). La société des Pays-Bas de l’époque est bien rendue, avec les tensions entre catégories sociales (et entre corporations), les tensions religieuses (la réforme est en fermentation). Mais aussi la misère et la violence qui dominent (et qui vont abondamment inspirer les oeuvres de Bosch). Les gibets ne sont jamais vides d'hommes et animaux (Ruijters montre un cochon condamné – ce qui est très représentatif de la société de l’époque, plusieurs procès d’animaux et en particulier de cochon étant documentés). Bref, une lecture intéressante, instructive, mais qui m’a un peu perturbé, j’en attendais sans doute, si ce n’est plus, tout du moins autre chose de la part de Ruijters. Mais ce choix d’auteur n’enlève rien à la bonne facture de l’ouvrage. Note réelle 3,5/5.
Celadon run
Les amateurs de blockbusters américains avec complot dans les hautes sphères, actions survitaminée et violente, misant bien plus sur le rythme que sur une quelconque psychologie des personnages ou une totale crédibilité des péripéties, seront sans doute ravis. Arnoux navigue aussi pas mal dans les eaux de XIII (surtout dans les deux derniers tomes). Si je n’ai pas trouvé la lecture trop désagréable – même si finalement du « bien fait quelconque » dans un genre déjà bien balisé – il y a quand même quelques détails qui m’ont davantage fait tiquer. La secrétaire de direction qui rejoint notre héroïne, mitraillée et quasiment laissée pour morte, qui se relève ensuite et, quelques cases plus tard sous la douche semble non seulement en bonne santé, mais sans une égratignure par exemple. D’autres grossières facilités scénaristiques doivent être acceptées pour ne pas rejeter cette histoire qui, une fois acceptés ces écueils, se révèle divertissante. Concernant le dessin, je dois dire que n’aime pas du tout le changement de dessinateur en cours de série, d’autant plus qu’ici les styles sont très différents – au point que parfois j’ai eu du mal à reconnaitre certains protagonistes lors de leur première apparition sous leurs nouveaux traits. J’ai trouvé correct le dessin du premier tome, n’ai pas aimé le suivant. C’est le dessin de Queireix sur les deux derniers tomes qui m’a le plus plu. Hélas la colorisation change là encore de mains, et sur le dernier tome, j’ai moins aimé que sur le précédent. Bref, pas mal de déjà vu, des grosses ficelles et une intrigue misant tout sur le rythme. Mais un récit dynamique qui accroche (les cliffhangers en fin de chaque album jouent eux-aussi les gros effets !).
Mickey et la Terre des anciens
C'est le deuxième opus du duo Filippi/Camboni dans cette collection de Mickey chez Glénat. Personnellement j'avais préféré Mickey et l'océan perdu à cette terre des anciens. En effet je trouve le scénario bien moins inventif ici. Les deux atmosphères se ressemblent assez dans un monde fluide à la gravité incertaine, ce qui autorise le déplacement dans les trois dimensions. Cela permet à Camboni de donner un énorme volume à ses dessins. Les immenses cases se succèdent pour le plaisir des yeux avec une foule de détails très précis et des jeux de lumières vraiment plaisants. Malheureusement je trouve que le graphisme a pris trop d'importance par rapport à la narration. C'est déséquilibré à mon goût. Les adversaires du trio sont insignifiants. Nos trois héros se tirent des situations embarrassantes bien trop facilement sauf à viser un public vraiment très jeune. Cela reste un ouvrage agréable pour un très large public qui reconnaitra Mickey dans un rôle d'artisan très conforme au personnage original. C'est moins vrai pour le personnage de Minnie peinte en Résistante active.
Darwin's Incident
Voici un manga qui débute assez bien : ce manga SF sur la différence mélange certes des figures imposées comme la vie sociale de l'ado au collège et les habituelles scènes d'action-bagarre, mais s'y mêlent une intrigue policière teintée d'espionnage sur fond de SF, ainsi que l'intéressant contre-point des parents. Malheureusement, le militantisme et l'enquête sont abordés grossièrement, avec des archétypes psychologiques trop manichéens et des ressorts dramatiques qui laissent le lecteur sur sa faim, mais la conduite de l'ensemble est agréable, avec une bonne gestion du rythme malgré l'alternance des points de vue et des genres invoqués (tranche de vie, espionnage, action...). Prometteur et agréable tome 1.
Bill Finger - Dans l'ombre du mythe
L’univers des comics américains est un monde de requins où les éditeurs abusent des auteurs et rien ne l'illustre plus que le destin du pauvre Bill Finger qui a co-créé Batman et aussi plusieurs éléments importants de l'univers de la chauve-souris, mais qui ne se verra jamais crédité pour son travail, Bob Kane s'attirant toute la gloire et ne créditant pas ses collaborateurs. Finger va finir par mourir à 59 ans oublié et dans la pauvreté, ce n'est que récemment qu'on a vraiment mis en avant sa contribution à Batman. En plus de raconter la vie de Finger, on suit aussi le parcours de l'auteur Marc Tyler Nobleman qui a fait une vraie enquête pour tout connaitre sur le co-créateur de Batman. Je dois dire que mes parties préférées étaient lorsque Nobleman interviewait des vieux auteurs qui avaient bien connu Finger. Leurs propos sont très intéressants. En revanche, voir Nobleman se promener dans les anciennes résidences de Finger n'est pas très passionnant même si je comprends que c'est un élément important du récit, montrer toutes les démarches de l'auteur pour tout savoir sur ce scénariste de l'ombre. La partie biographie reprend les grands moments de la vie de Finger. C'est triste de lire son destin tragique et on voit vraiment à quel point Bob Kane était une ordure. Un album à lire pour les fans de Batman qui voudraient voir l'envers du décor.
Guerres d'Arran
Dans son préambule Jean-Luc Istin dit : « Vous l’avez voulu ? Vous l’avez ! Ce crossover est pour vous ! » Oh ça oui on l’a désiré, depuis des années et la fin de la saison 2 de Nains j’en parle, que ce serait bien que tous ces personnages se rencontrent enfin pour le grand soir. Pour éviter la redondance des histoires, pour éviter la lassitude du lecteur, il fallait que les Terres d’Arran aient leur Endgame où la crème des héros s’allient pour enfin botter le cul des raclures qui dirigent le monde. Il en aura fallu du temps, mieux vaut tard que jamais, les choses sérieuses peuvent enfin débuter… Un nouveau cycle très particulier celui-ci puisque, même si le tome 1 peut se lire tout seul, franchement, en tout honnêteté, il s’adresse surtout aux lecteurs les plus assidus du Monde d’Aquilon. Cette fois, pas d’albums pouvant se lire indépendamment, mais une série traditionnelle avec une seule histoire en continue. Vraiment je ne la recommanderai pas aux néophytes, bien que je sois loin d’avoir tout lu (me suis arrêté au tome 4 d’Elfes par exemple), j’ai pas mal arpenté l’univers de la série et si vous n’avez pas lu tel ou tel album (pour ce tome 1), c’est quand même un peu dommage sous peine de passer à côté de pas mal d’éléments clés. Je conseille en particulier de se remémorer : Mages T3 Altherat, Orcs T10 Dunnrak, Nains T15 Oboron. Entre autres… J’ai plutôt apprécié cette mise en bouche. C’est bien écrit avec une intrigue intelligemment montée proposant une montée en gamme, du cliffhanger, des émotions fortes. Je trépigne de lire la suite et dé découvrir quelles nouvelles têtes vont rejoindre la guerre de libération des anciennes races. Après une grosse intrigue centrée sur la guerre des goules, beaucoup redoutait l’après, et ce que la série pourrait avoir à offrir. Nous sommes encore dans une guerre de type apocalyptique, mais là on sent qu’on n'est plus dans les petites histoires indépendantes et que c’est la grande Histoire qui est en train de s’écrire. J’ai parcouru le dessin de Brice Cossu sans déplaisir. Même si ce n’est pas ce que je préfère son dessin est lisible, et vu l’ambition du récit il y a à boire et à manger. Hâte également de le relire dans sa version noir et blanc que j’apprécierai davantage je pense. Le coup de cœur est là pour encourager la série et remercier à ma façon, parce que vraiment ce crossover j’y croyais plus du tout ! Tome 2 Dal'Darrum
Sommets d'Afrique
Dans une première lecture on pourrait s'arrêter à une compréhension géographique et humoristique de ces six histoires courtes. Pourtant j'ai trouvé le scénario de Christophe Cassiau-Haurie bien plus subtil que cela. Une lecture plus réfléchie montre dans chaque histoire une influence encore forte du passé colonial pas encore évacué. Cela donne une belle cohérence à la série derrière un effet en trompe-l'oeil. Car si le graphisme nous entraîne sur les chemins de l'humour et de la caricature, le coeur de chaque histoire renvoie à une réalité plus sombre : tracé des frontières au bon vouloir des pays colonisateurs, image d'Epinal véhiculée sur l'Afrique, explorateurs peu scrupuleux sur la dignité des populations rencontrées ou mépris des interdits locaux pour satisfaire ses envies de plaisirs. Les scénarii mêlent le passé et le présent dans une sorte de continuité historique des mentalités. C'est très subtil mais je trouve cela très intelligent. Le graphisme est pluriel passant d'un humour caricatural à un réalisme qui laisse deviner la froideur des personnages. Une série qui n'a l'air de rien mais pas mal du tout.
Le Mirage de la croissance verte
Cette BD fait beaucoup penser au Monde sans fin. Et pour cause, elle en reprend en grande partie les mêmes explications et cite d'ailleurs Jancovici dans la bibliographie en fin d'album. On retrouve même une idée graphique similaire avec la repésentation anthropomorphique du PIB sous la forme d'un robot qui boit du pétrole, rappelant l'Iron-Man de la BD de Blain. Mais elle a un objectif légèrement différent, celui de montrer que l'idée de Croissance Verte n'est pas la solution pour sauver la planète. De quoi parlons-nous ? La Croissance Verte, c'est l'idée que pour échapper au réchauffement climatique et à l'épuisement des ressources mondiales, il faut remplacer les sources d'énergie par des énergies renouvelables (éoliennes et autres panneaux solaires), remplacer les industries et moteurs par des innovations technologiques moins énergivores et moins productrices de CO2 et qu'en arrivant ainsi à un bon équilibre écologique, la croissance pourra continuer à alimenter l'économie mondiale sans détruire la planète, ou en tout cas l'humanité. Sauf que comme le montrait également Jancovici, les solutions d'énergies renouvelables ne sont pas efficaces et nécessitent trop de ressources et d'espace pour être une solution. Et les innovations technologiques propres restent encore à bâtir. Et tant que l'humanité verra la croissance économique comme seul objectif, elle ne peut qu'aller dans le mur. D'où le fait que la Croissance Verte soit un mirage. Sauf que cela, je ne l'ai pas trouvé très bien expliqué dans cet album. Les éléments techniques sont là mais ils sont présentés de manière confuse, l'information s'ajoutant à l'information en perdant assez facilement le lecteur. L'album manque de structure narrative, d'une progression claire pour une lecture fluide et parlant efficacement au lecteur. C'était l'énorme force du Monde sans fin et je ne l'ai pas trouvée ici. Concrètement, j'ai eu bien du mal à comprendre où l'auteur voulait en venir, et malgré mon résumé ci-dessus, je serai bien en peine d'exprimer clairement son message final. De même, le graphisme est certes plaisant mais loin de la maîtrise technique et narrative de Christophe Blain. L'album est pas mal, ses informations sont justes et il y a un vrai message aux lecteurs... sauf que celui-ci est difficile à capter. Et surtout, Le Monde sans fin est paru à peine quelques mois plus tôt et la comparaison est assez rude.