L’Arc-en-Cieliste nous propose une histoire assez originale qui n’a de cesse de rebondir. On démarre dans un esprit « livre d’enfant » avec un jeune héros bercé par les légendes celtiques de sa nanny pour enchainer sur un récit plus réaliste et marqué par les découvertes scientifiques de l’époque, puis bifurquer vers un récit historique et d’aventure lorsque le héros part en mission en France et enfin retomber dans une ambiance de contes et légendes avec l’apparition de la Pleuveuse, cette dernière apparition permettant de faire le lien entre le fantastique et le scientifique. C’est assez désarçonnant car, à la simple vue de la couverture, on s’attend à quelque chose de plus balisé, de « simplement » fantastique et les éléments historiques et scientifiques nous obligent à revoir notre jugement et à accepter de partir ailleurs que ce vers quoi on s’attendait… tout en y retournant en définitive.
A titre personnel, j’ai plutôt bien aimé. Le récit est porté par des personnages attachants aux caractères nuancés. Hayden Springworth, gamin turbulent au début du récit, grandit grâce à sa soif d’apprendre. Il n’est pas parfait, commet des erreurs, ment à l’occasion mais c’est le personnage type du jeune héros porté par un sens inné de ce qui est juste. A ses côté, la Pleuveuse apporte un souffle de sombre fantaisie. Elle symbolise notre rapport à la nature, et la part de magie mais aussi de cruauté de cette dernière. Et Hayden, l’enfant bercé par les légendes de sa nanny, l’adolescent instruit par les découvertes scientifiques d’Isaac Newton, deviendra adulte en parvenant à faire cohabiter en lui ces deux éléments, magie et science. Ce récit peut donc être vu comme un récit d’initiation marqué par l’aventure et la magie mais non dénué de bases historiques et scientifiques.
Le dessin est l’œuvre conjointe de Roberto Ricci, qui s’est occupé du storyboard, et de Laura Iori qui a eu pour charge le dessin en lui-même et la colorisation. Je l’ai bien aimé, appréciant entre autres, le choix radical d’opter pour une couleur dominante par chapitre. Cela apporte une certaine originalité visuelle à l’ensemble tout en étant parfaitement raccord avec la thématique du récit. Chaque chapitre porte le nom d’une couleur de l’arc-en-ciel et cette couleur devient la dominante du chapitre en question : quoi de plus logique ? Par ailleurs, la rondeur du trait, les variations apportées au découpage, l’expressivité des personnages et le dynamisme d’ensemble rendent ce dessin facile et agréable à lire.
Pour moi, c’est franchement pas mal du tout. Certes, ce récit a de quoi désarçonner et il m’est difficile de lui trouver un public type (pas vraiment une bande dessinée destinée uniquement aux jeunes lecteurs mais pas vraiment un récit tous publics avec différents niveaux de lecture non plus) mais il dispose de belles qualités et je me suis attaché aux personnages principaux.
Vlieger est un auteur sympathique, qui s’intéresse particulièrement aux décors urbains plutôt périphériques, aux endroits et aux gens déclassés.
Ici, c’est le monde des squats, puis celui de la délinquance de groupe qui est au cœur de l’action, avec une « anomalie », Mélodie, une petite vieille qui a coupé les ponts avec sa vie d’avant et se retrouve embarquée dans une histoire qui la dépasse, au cœur d’une meute dont le leader est violent et ne recule devant rien pour conserver son leadership.
La narration est fluide, agréable, simple comme le dessin. Le personnage de Mélodie (qui voit tout au travers de dictons), est intéressant et amusant. Mais il est aussi parfois improbable. Il faut faire abstraction de certaines facilités pour apprécier l’histoire (mais je l’ai globalement bien aimée).
Si on reconnait quand même quelques trucs habituels d’Arleston (une aventure vaguement fantasy avec pas mal d’action, de l’humour potache avec pas mal de jeux de mots plus ou moins vaseux, et une héroïne plutôt jolie ne laissant pas grand monde indifférent), il y a quelques petits détails qui rendent cet album un peu original.
D’abord le fait que l’essentiel de l’histoire se déroulent dans les enfers, dans un monde peuplé de morts.
A ce décor qui change un peu, Arleston a ajouté quelques personnages plus ou moins forts, comme le mari de l’héroïne, parvenu imbu de sa personne et dominateur, qui finit par révéler quelques faiblesses et une humanité surprenante : il finit même par voler la vedette à sa femme, héroïne qui se révèle au final un peu fade. Le personnage du diablotin lubrique et obsédé apporte quelques gags et bons mots – même si c’est un peu lourd au bout d’un moment.
L’univers de départ est vaguement japonisant, mais quelques touches de l’antiquité grecque s’y ajoutent (autour des enfers et de son gardien). Comme d’habitude, Arleston pioche un peu partout pour concocter son histoire. Qui se laisse lire, mais il ne faut pas en attendre des miracles non plus.
Note réelle 2,5/5.
Sympathique, gentil comme un feuilleton français diffusé sur France3, ce diptyque n’est pas déplaisant à lire mais il est tellement bourré de bons sentiments que c’en devient mièvre.
David Ratte y défend de nobles valeurs (tolérance, ouverture aux autres) dans un discours très manichéen. Les personnages sont volontairement caricaturaux (surtout les rôles secondaires) et les rebondissements sont assez attendus. En clair, c’est une lecture facile, confortable, qui met en avant de belles valeurs… mais qui manque de nuances et de profondeur.
Par ailleurs, il y a certains détails qui m’ont semblé peu crédibles (voire crétins) : des méduses qui remontent le cours de fleuves depuis la mer, c’est déjà fort, mais une montée des eaux qui impacte l’Espagne mais pas les autres pays, ça devient absurde. Ce sont des détails mais illustrer une sagrada familia (dont le sommet est situé environs 180 mètres au-dessus du niveau actuel de la mer) complètement immergée sans réaliser que dans ce cas de figure, Paris (dont l’altitude n’est jamais que de 35 mètres), Londres, Rome, Bruxelles et tant d’autres sont elles aussi sous eaux, c’est soit un raccourci trop facile, soit une erreur trop énorme pour être acceptable. Je sais que c’est la base même du récit de David Ratte (cette montée des eaux oblige les Espagnols à chercher refuge ailleurs) mais alors la logique eut voulu qu'ils cherchent refuge en montagne, comme une bonne partie des habitants de l'Europe entière. Pour rappel, d’après le GIEC, d’ici 2100, si le réchauffement climatique se maintient, les océans devraient voir leurs eaux monter de… 1 mètre. C’est certes grave mais ce n’est pas la montée des eaux qui provoquera une migration massive. J’aurais donc de loin préféré que David Ratte prennent l’augmentation des températures comme élément déclencheur, cela m’aurait semblé bien plus crédible (en toute logique, d'ici 2050, le bassin méditerranéen dans son ensemble devrait commencer à ressembler à un désert entourant une mer devenue stérile, on parle de pics de températures proches des 57° et d'une population de poissons qui aurait diminué de 50% à 80%) !
Donc voilà, gros bémol sur l’image que l’auteur donne des conséquences du réchauffement climatique (non, la France ne sera pas épargnée et non, l’élévation du niveau des océans ne sera pas le premier vecteur des migrations massives à venir), petit bémol sur le côté très gentil et très manichéen du scénario… mais ce diptyque est suffisamment sympathique et véhicule suffisamment de belles valeurs pour que je n’en regrette pas la lecture. Pas mal, quoi… mais pas plus !
J'ai lu le roman de Pennac il y a très longtemps, mais j'en ai gardé un souvenir émotionnel assez fort. A la lecture de l'adaptation de Grégory Panaccione j'ai été moins séduit que lors de ma première lecture.
Pourtant on ne peut pas reprocher à la série de s'éloigner ou de maltraiter l'oeuvre originale. C'est très fidèle mais je trouve qu'il manque une touche de tendresse et de poésie dans les tribulations de Le Chien.
Les personnages sont bien campés mais je trouve l'ambiance extérieure (la banlieue, le cimetière des chiens) un peu trop impersonnelle pour que je rentre totalement dans le récit. Evidemment ce sont des endroits qui ont bercé mon enfance banlieusarde donc mon ressenti avec le roman était bien plus puissant que la vision imposée par la BD.
Evidemment les thématiques sont respectées (abandon des animaux, respect et fidélité à un animal qui n'est pas un objet) mais je trouve que la BD passe un peu vite dessus alors que c'est le fondement du roman et ce qui a fait son succès.
Le graphisme de Panaccione est vraiment très recherché avec une multitude de détails dans les objets mais aussi dans les couleurs. J'ai trouvé que le graphisme s'adresse plus à un déchiffrage adulte qu'enfant. C'est vraiment très beau mais très travaillé alors qu'un peu plus de simplicité à l'adresse d'un jeune public m'aurait semblé préférable.
La lecture reste intéressante pour un large public même si je donnerais le roman à lire avant la série.
Une histoire intéressante. Qui ne révolutionne rien, mais qui se laisse lire agréablement.
L’auteur semble bien connaitre son sujet. En tout cas la vie d’une ville côtière de Guinée Conakry est bien rendue, les personnages sont simples et crédibles.
L’intrigue est à mi-chemin entre du roman graphique d’aventure et un petit arrière-plan vaguement polar. On ne s’ennuie pas, même si l’intrigue est peut-être un peu légère.
Disons que c’est un album assez frais, une lecture sympathique, avec des personnages attachants, comme Géant, qui ressemble à un phare dans cette ville, brillant par ses valeurs, et guidant ceux qui veulent s’en sortir.
Une bonne lecture d'emprunt je pense.
Publié en 2023 en France, Holyland date en réalité de 2001 au Japon et est sorti dans la même période que plusieurs autres mangas de baston sur un thème similaire, celui des guerres de gangs et de la révolte d'un opprimé qui va se rebeller contre le harcèlement des faibles par les plus forts, et se lancer à coeur perdu dans la baston. Il y a un peu de l'esprit de Coq de combat dans ce manga, en moins hard toutefois, mais on y retrouve aussi le même esprit que dans Worst ou dans Gewalt qui sont sortis après. C'est l'esprit de celui qui refuse la soumission, affronte sa peur et la dure loi de la rue et apprend à se défendre, aussi violent que puisse être le résultat.
Ayant souffert de phobie scolaire suite à du harcèlement, le jeune Yû Kamishiro s'est mis à apprendre la boxe en lisant des livres d'instruction et en réalisant tout seul chez lui de nombreux entrainements solitaires. Ca ne l'a pas guéri de sa peur mais il va réaliser, en sortant dans le quartier chaud dans lequel il n'osait plus se rendre, que sa rapidité à frapper va lui permettre de se défendre physiquement contre les racketteurs. Peu à peu, il va se faire une réputation et attirer à lui la haine des membres des gangs qui vont vouloir l'éliminer tant qu'il n'est pas encore assez fort pour se mesurer à eux pour de bon. Il sera pris sous l'aile d'un autre combattant qui va lui enseigner quelques techniques pour mieux se battre mais aussi mieux se protéger.
C'est un manga assez rude, bourré de testostérone. Les vrais mecs doivent savoir se battre sinon ce sont des lâches ou de bêtes suiveurs. L'esprit de la série n'est pas des plus pacifiques ou progressistes mais il a le mérite de montrer le refus de la soumission et comment réagir pour de bon dans des circonstances aussi dures. En effet, l'auteur indique avoir lui-même une expérience de la rue et des combats et prodigue dans ce récit des instructions assez claires et avisées sur comment se battre, quels sont les vrais dangers des combats de rue et comment il convient de procéder.
Ca sent un peu la sueur de mâle et les envies de bagarre mais le récit est tout de même assez mature et tient bien la route. On y accroche assez facilement.
Fortement inspiré de l'esprit des romans de Jules Verne puis plus tard des récits d'aventure et de pirates, ce manga met en scène des garçons dotés de livres fantastiques, issus d'une civilisation passée type Atlantide, qui leur offre des pouvoirs surnaturels, l'un sur des connaissances plus qu'encyclopédiques, l'autre sur la capacité à construire n'importe quel type de machine, et le troisième sur la capacité de manipuler la vie et la mort. Dans un décor de rivalité franco-anglaise au 18e siècle, ces jeunes protagonistes s'affrontent au quatre coins du monde : Pôle Nord, Inde, Amérique, Chine ou encore Afrique.
C'est une série d'aventure et d'action sur une base de fantastique.
Le graphisme de Ryôji Minagawa est très soigné et offre de beaux décors d'époque et exotiques. Il dessine également bien les personnages mais là, par contre, je dois dire que le choix des visages des jeunes héros me rebute, avec leurs grosses lèvres et leurs yeux pédants.
L'histoire présente quelques originalités, à commencer par ces livres qui offrent des capacités très puissantes aux héros tout en ayant leurs limitations et étant essentiellement basées sur l'information qu'ils délivrent. J'apprécie aussi la variété de ses décors et son sens du voyage et du dépaysement façon Jules Verne. D'autant que comme indiqué ci-dessus, le dessinateur ne ménage pas sa peine à ce sujet. On notera également le fait agréable que chaque tome de la série forme presque une histoire complète, changeant de cadre à chaque fois.
Par contre, il y a un peu trop de facilités pour me satisfaire, ainsi que beaucoup de clichés puérils du manga qui font parfois penser qu'on lit plus un shonen qu'un seinen. Et surtout, je dois dire que je trouve les deux protagonistes principaux peu attachants : ils ont des comportements trop supérieurs, limite arrogants, même pour le plus "gentil" des deux. Ce qui fait que je lis leurs aventures plus par curiosité et pour voir où ils vont se rendre plutôt que par attachement envers eux et leurs aventures.
Ce récit se révèle très sympathique, et finalement plus original que la première moitié de l’album ne le laissait paraitre.
Cela commence de façon assez « classique ». Un homme veut couper les ponts avec son ancienne vie, suite à un chagrin d’amour, et s’embarque sans autre idée sur le navire ravitaillant les Terres australes et antarctiques françaises, en particulier l’archipel des Kerguelen (dont l’île de la Désolation donc). Durant cette première partie, durant le voyage et après l’arrivée sur l’île de la Désolation, il fait la connaissance avec les scientifiques, mais aussi les autres « touristes », ceci donnant lieu à quelques dialogues plus ou moins amusants.
Mais, sans que l’on s’y attende, l’intrigue bascule vers quelque chose de moins balisé, de plus surprenant – même s’il faut accepter une crédibilité fluctuante. En tout cas cette seconde moitié donne du relief à l’ensemble, et dramatise le récit, avec une chute que je n’avais pas vu venir.
Une lecture sympathique.
Il y a un peu de Tintin dans cette aventure. Le dessin ligne claire de Tanquerelle d’abord. Mais aussi certains passages, certaines mimiques (lorsque Freuchen s’emporte lorsque ses bouteilles de whisky ont été détruites, je n’aurais pas été outre mesure étonné de le voir jurer comme le capitaine Haddock, et Kloster ressemble par certains traits à Tournesol, surtout lorsqu’il pète un câble). Le héros se fait d’ailleurs surnommer Tintin dans un dialogue.
Pour le reste, cette aventure arctique se laisse lire agréablement, la narration est fluide, et les personnages attachants. C’est comme un carnet de voyage un peu décalé, loin de ceux d’Emmanuel Lepage, avec plus de truculence, de petits passages amusants.
Une histoire simple – comme le dessin (qui, sans être hyper détaillé reste très agréable et fluide) : une lecture sympathique.
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L'Arc-en-Cieliste
L’Arc-en-Cieliste nous propose une histoire assez originale qui n’a de cesse de rebondir. On démarre dans un esprit « livre d’enfant » avec un jeune héros bercé par les légendes celtiques de sa nanny pour enchainer sur un récit plus réaliste et marqué par les découvertes scientifiques de l’époque, puis bifurquer vers un récit historique et d’aventure lorsque le héros part en mission en France et enfin retomber dans une ambiance de contes et légendes avec l’apparition de la Pleuveuse, cette dernière apparition permettant de faire le lien entre le fantastique et le scientifique. C’est assez désarçonnant car, à la simple vue de la couverture, on s’attend à quelque chose de plus balisé, de « simplement » fantastique et les éléments historiques et scientifiques nous obligent à revoir notre jugement et à accepter de partir ailleurs que ce vers quoi on s’attendait… tout en y retournant en définitive. A titre personnel, j’ai plutôt bien aimé. Le récit est porté par des personnages attachants aux caractères nuancés. Hayden Springworth, gamin turbulent au début du récit, grandit grâce à sa soif d’apprendre. Il n’est pas parfait, commet des erreurs, ment à l’occasion mais c’est le personnage type du jeune héros porté par un sens inné de ce qui est juste. A ses côté, la Pleuveuse apporte un souffle de sombre fantaisie. Elle symbolise notre rapport à la nature, et la part de magie mais aussi de cruauté de cette dernière. Et Hayden, l’enfant bercé par les légendes de sa nanny, l’adolescent instruit par les découvertes scientifiques d’Isaac Newton, deviendra adulte en parvenant à faire cohabiter en lui ces deux éléments, magie et science. Ce récit peut donc être vu comme un récit d’initiation marqué par l’aventure et la magie mais non dénué de bases historiques et scientifiques. Le dessin est l’œuvre conjointe de Roberto Ricci, qui s’est occupé du storyboard, et de Laura Iori qui a eu pour charge le dessin en lui-même et la colorisation. Je l’ai bien aimé, appréciant entre autres, le choix radical d’opter pour une couleur dominante par chapitre. Cela apporte une certaine originalité visuelle à l’ensemble tout en étant parfaitement raccord avec la thématique du récit. Chaque chapitre porte le nom d’une couleur de l’arc-en-ciel et cette couleur devient la dominante du chapitre en question : quoi de plus logique ? Par ailleurs, la rondeur du trait, les variations apportées au découpage, l’expressivité des personnages et le dynamisme d’ensemble rendent ce dessin facile et agréable à lire. Pour moi, c’est franchement pas mal du tout. Certes, ce récit a de quoi désarçonner et il m’est difficile de lui trouver un public type (pas vraiment une bande dessinée destinée uniquement aux jeunes lecteurs mais pas vraiment un récit tous publics avec différents niveaux de lecture non plus) mais il dispose de belles qualités et je me suis attaché aux personnages principaux.
Les Ames sombres
Vlieger est un auteur sympathique, qui s’intéresse particulièrement aux décors urbains plutôt périphériques, aux endroits et aux gens déclassés. Ici, c’est le monde des squats, puis celui de la délinquance de groupe qui est au cœur de l’action, avec une « anomalie », Mélodie, une petite vieille qui a coupé les ponts avec sa vie d’avant et se retrouve embarquée dans une histoire qui la dépasse, au cœur d’une meute dont le leader est violent et ne recule devant rien pour conserver son leadership. La narration est fluide, agréable, simple comme le dessin. Le personnage de Mélodie (qui voit tout au travers de dictons), est intéressant et amusant. Mais il est aussi parfois improbable. Il faut faire abstraction de certaines facilités pour apprécier l’histoire (mais je l’ai globalement bien aimée).
Voyage aux Ombres
Si on reconnait quand même quelques trucs habituels d’Arleston (une aventure vaguement fantasy avec pas mal d’action, de l’humour potache avec pas mal de jeux de mots plus ou moins vaseux, et une héroïne plutôt jolie ne laissant pas grand monde indifférent), il y a quelques petits détails qui rendent cet album un peu original. D’abord le fait que l’essentiel de l’histoire se déroulent dans les enfers, dans un monde peuplé de morts. A ce décor qui change un peu, Arleston a ajouté quelques personnages plus ou moins forts, comme le mari de l’héroïne, parvenu imbu de sa personne et dominateur, qui finit par révéler quelques faiblesses et une humanité surprenante : il finit même par voler la vedette à sa femme, héroïne qui se révèle au final un peu fade. Le personnage du diablotin lubrique et obsédé apporte quelques gags et bons mots – même si c’est un peu lourd au bout d’un moment. L’univers de départ est vaguement japonisant, mais quelques touches de l’antiquité grecque s’y ajoutent (autour des enfers et de son gardien). Comme d’habitude, Arleston pioche un peu partout pour concocter son histoire. Qui se laisse lire, mais il ne faut pas en attendre des miracles non plus. Note réelle 2,5/5.
Réfugiés climatiques & castagnettes
Sympathique, gentil comme un feuilleton français diffusé sur France3, ce diptyque n’est pas déplaisant à lire mais il est tellement bourré de bons sentiments que c’en devient mièvre. David Ratte y défend de nobles valeurs (tolérance, ouverture aux autres) dans un discours très manichéen. Les personnages sont volontairement caricaturaux (surtout les rôles secondaires) et les rebondissements sont assez attendus. En clair, c’est une lecture facile, confortable, qui met en avant de belles valeurs… mais qui manque de nuances et de profondeur. Par ailleurs, il y a certains détails qui m’ont semblé peu crédibles (voire crétins) : des méduses qui remontent le cours de fleuves depuis la mer, c’est déjà fort, mais une montée des eaux qui impacte l’Espagne mais pas les autres pays, ça devient absurde. Ce sont des détails mais illustrer une sagrada familia (dont le sommet est situé environs 180 mètres au-dessus du niveau actuel de la mer) complètement immergée sans réaliser que dans ce cas de figure, Paris (dont l’altitude n’est jamais que de 35 mètres), Londres, Rome, Bruxelles et tant d’autres sont elles aussi sous eaux, c’est soit un raccourci trop facile, soit une erreur trop énorme pour être acceptable. Je sais que c’est la base même du récit de David Ratte (cette montée des eaux oblige les Espagnols à chercher refuge ailleurs) mais alors la logique eut voulu qu'ils cherchent refuge en montagne, comme une bonne partie des habitants de l'Europe entière. Pour rappel, d’après le GIEC, d’ici 2100, si le réchauffement climatique se maintient, les océans devraient voir leurs eaux monter de… 1 mètre. C’est certes grave mais ce n’est pas la montée des eaux qui provoquera une migration massive. J’aurais donc de loin préféré que David Ratte prennent l’augmentation des températures comme élément déclencheur, cela m’aurait semblé bien plus crédible (en toute logique, d'ici 2050, le bassin méditerranéen dans son ensemble devrait commencer à ressembler à un désert entourant une mer devenue stérile, on parle de pics de températures proches des 57° et d'une population de poissons qui aurait diminué de 50% à 80%) ! Donc voilà, gros bémol sur l’image que l’auteur donne des conséquences du réchauffement climatique (non, la France ne sera pas épargnée et non, l’élévation du niveau des océans ne sera pas le premier vecteur des migrations massives à venir), petit bémol sur le côté très gentil et très manichéen du scénario… mais ce diptyque est suffisamment sympathique et véhicule suffisamment de belles valeurs pour que je n’en regrette pas la lecture. Pas mal, quoi… mais pas plus !
Cabot-Caboche
J'ai lu le roman de Pennac il y a très longtemps, mais j'en ai gardé un souvenir émotionnel assez fort. A la lecture de l'adaptation de Grégory Panaccione j'ai été moins séduit que lors de ma première lecture. Pourtant on ne peut pas reprocher à la série de s'éloigner ou de maltraiter l'oeuvre originale. C'est très fidèle mais je trouve qu'il manque une touche de tendresse et de poésie dans les tribulations de Le Chien. Les personnages sont bien campés mais je trouve l'ambiance extérieure (la banlieue, le cimetière des chiens) un peu trop impersonnelle pour que je rentre totalement dans le récit. Evidemment ce sont des endroits qui ont bercé mon enfance banlieusarde donc mon ressenti avec le roman était bien plus puissant que la vision imposée par la BD. Evidemment les thématiques sont respectées (abandon des animaux, respect et fidélité à un animal qui n'est pas un objet) mais je trouve que la BD passe un peu vite dessus alors que c'est le fondement du roman et ce qui a fait son succès. Le graphisme de Panaccione est vraiment très recherché avec une multitude de détails dans les objets mais aussi dans les couleurs. J'ai trouvé que le graphisme s'adresse plus à un déchiffrage adulte qu'enfant. C'est vraiment très beau mais très travaillé alors qu'un peu plus de simplicité à l'adresse d'un jeune public m'aurait semblé préférable. La lecture reste intéressante pour un large public même si je donnerais le roman à lire avant la série.
S'en fout la mort
Une histoire intéressante. Qui ne révolutionne rien, mais qui se laisse lire agréablement. L’auteur semble bien connaitre son sujet. En tout cas la vie d’une ville côtière de Guinée Conakry est bien rendue, les personnages sont simples et crédibles. L’intrigue est à mi-chemin entre du roman graphique d’aventure et un petit arrière-plan vaguement polar. On ne s’ennuie pas, même si l’intrigue est peut-être un peu légère. Disons que c’est un album assez frais, une lecture sympathique, avec des personnages attachants, comme Géant, qui ressemble à un phare dans cette ville, brillant par ses valeurs, et guidant ceux qui veulent s’en sortir. Une bonne lecture d'emprunt je pense.
Holyland
Publié en 2023 en France, Holyland date en réalité de 2001 au Japon et est sorti dans la même période que plusieurs autres mangas de baston sur un thème similaire, celui des guerres de gangs et de la révolte d'un opprimé qui va se rebeller contre le harcèlement des faibles par les plus forts, et se lancer à coeur perdu dans la baston. Il y a un peu de l'esprit de Coq de combat dans ce manga, en moins hard toutefois, mais on y retrouve aussi le même esprit que dans Worst ou dans Gewalt qui sont sortis après. C'est l'esprit de celui qui refuse la soumission, affronte sa peur et la dure loi de la rue et apprend à se défendre, aussi violent que puisse être le résultat. Ayant souffert de phobie scolaire suite à du harcèlement, le jeune Yû Kamishiro s'est mis à apprendre la boxe en lisant des livres d'instruction et en réalisant tout seul chez lui de nombreux entrainements solitaires. Ca ne l'a pas guéri de sa peur mais il va réaliser, en sortant dans le quartier chaud dans lequel il n'osait plus se rendre, que sa rapidité à frapper va lui permettre de se défendre physiquement contre les racketteurs. Peu à peu, il va se faire une réputation et attirer à lui la haine des membres des gangs qui vont vouloir l'éliminer tant qu'il n'est pas encore assez fort pour se mesurer à eux pour de bon. Il sera pris sous l'aile d'un autre combattant qui va lui enseigner quelques techniques pour mieux se battre mais aussi mieux se protéger. C'est un manga assez rude, bourré de testostérone. Les vrais mecs doivent savoir se battre sinon ce sont des lâches ou de bêtes suiveurs. L'esprit de la série n'est pas des plus pacifiques ou progressistes mais il a le mérite de montrer le refus de la soumission et comment réagir pour de bon dans des circonstances aussi dures. En effet, l'auteur indique avoir lui-même une expérience de la rue et des combats et prodigue dans ce récit des instructions assez claires et avisées sur comment se battre, quels sont les vrais dangers des combats de rue et comment il convient de procéder. Ca sent un peu la sueur de mâle et les envies de bagarre mais le récit est tout de même assez mature et tient bien la route. On y accroche assez facilement.
Kaioh Dante
Fortement inspiré de l'esprit des romans de Jules Verne puis plus tard des récits d'aventure et de pirates, ce manga met en scène des garçons dotés de livres fantastiques, issus d'une civilisation passée type Atlantide, qui leur offre des pouvoirs surnaturels, l'un sur des connaissances plus qu'encyclopédiques, l'autre sur la capacité à construire n'importe quel type de machine, et le troisième sur la capacité de manipuler la vie et la mort. Dans un décor de rivalité franco-anglaise au 18e siècle, ces jeunes protagonistes s'affrontent au quatre coins du monde : Pôle Nord, Inde, Amérique, Chine ou encore Afrique. C'est une série d'aventure et d'action sur une base de fantastique. Le graphisme de Ryôji Minagawa est très soigné et offre de beaux décors d'époque et exotiques. Il dessine également bien les personnages mais là, par contre, je dois dire que le choix des visages des jeunes héros me rebute, avec leurs grosses lèvres et leurs yeux pédants. L'histoire présente quelques originalités, à commencer par ces livres qui offrent des capacités très puissantes aux héros tout en ayant leurs limitations et étant essentiellement basées sur l'information qu'ils délivrent. J'apprécie aussi la variété de ses décors et son sens du voyage et du dépaysement façon Jules Verne. D'autant que comme indiqué ci-dessus, le dessinateur ne ménage pas sa peine à ce sujet. On notera également le fait agréable que chaque tome de la série forme presque une histoire complète, changeant de cadre à chaque fois. Par contre, il y a un peu trop de facilités pour me satisfaire, ainsi que beaucoup de clichés puérils du manga qui font parfois penser qu'on lit plus un shonen qu'un seinen. Et surtout, je dois dire que je trouve les deux protagonistes principaux peu attachants : ils ont des comportements trop supérieurs, limite arrogants, même pour le plus "gentil" des deux. Ce qui fait que je lis leurs aventures plus par curiosité et pour voir où ils vont se rendre plutôt que par attachement envers eux et leurs aventures.
La Désolation
Ce récit se révèle très sympathique, et finalement plus original que la première moitié de l’album ne le laissait paraitre. Cela commence de façon assez « classique ». Un homme veut couper les ponts avec son ancienne vie, suite à un chagrin d’amour, et s’embarque sans autre idée sur le navire ravitaillant les Terres australes et antarctiques françaises, en particulier l’archipel des Kerguelen (dont l’île de la Désolation donc). Durant cette première partie, durant le voyage et après l’arrivée sur l’île de la Désolation, il fait la connaissance avec les scientifiques, mais aussi les autres « touristes », ceci donnant lieu à quelques dialogues plus ou moins amusants. Mais, sans que l’on s’y attende, l’intrigue bascule vers quelque chose de moins balisé, de plus surprenant – même s’il faut accepter une crédibilité fluctuante. En tout cas cette seconde moitié donne du relief à l’ensemble, et dramatise le récit, avec une chute que je n’avais pas vu venir. Une lecture sympathique.
Groenland Vertigo
Il y a un peu de Tintin dans cette aventure. Le dessin ligne claire de Tanquerelle d’abord. Mais aussi certains passages, certaines mimiques (lorsque Freuchen s’emporte lorsque ses bouteilles de whisky ont été détruites, je n’aurais pas été outre mesure étonné de le voir jurer comme le capitaine Haddock, et Kloster ressemble par certains traits à Tournesol, surtout lorsqu’il pète un câble). Le héros se fait d’ailleurs surnommer Tintin dans un dialogue. Pour le reste, cette aventure arctique se laisse lire agréablement, la narration est fluide, et les personnages attachants. C’est comme un carnet de voyage un peu décalé, loin de ceux d’Emmanuel Lepage, avec plus de truculence, de petits passages amusants. Une histoire simple – comme le dessin (qui, sans être hyper détaillé reste très agréable et fluide) : une lecture sympathique.