Une incursion de Keanu Reeves dans la bande dessinée, cela a de quoi surprendre et en même temps, les connaisseurs de l'acteur savent que ça correspond bien à son image passionnée et éclectique.
Les connaisseurs ne seront pas non plus étonnés par l'ultra-violence, qui ferait passer n'importe quel John Wick pour une agréable promenade de santé. De fait, les scénaristes s'amusent ici à multiplier les poussées de violence franchement sanglante, utilisant à merveille le format BD pour amplifier ce qu'on hésiterait à montrer tel quel à l'écran (ce qui se comprend). J'ai toujours eu un rapport ambivalent à cette ultra-violence, n'appréciant pas son côté gratuit. Et pourtant, sous la plume de Kindt et Reeves, il faut bien avouer que l'usage de la violence a ici un côté presque cartoonesque, qui le ferait lorgner plus du côté d'un Kingsman que d'un Tarantino, conférant un côté étonnamment cool à l'ensemble, suffisamment en tous cas pour me la faire apprécier.
Si je ne monte pas à 4 étoiles, malgré le côté spectaculaire indéniablement jouissif et la mise en scène cinématographique, c'est la faute à un dessin qui accomplit le taff mais se révèle tout de même un peu grossier, et surtout à un scénario qui manque encore trop d'originalité . En revanche, en fonction de son évolution dans les tomes suivants, il est très possible que je monte à 4 étoiles, car le potentiel du récit peut annoncer beaucoup d'excellentes choses.
On attend de voir, donc, et pour mieux patienter, on se régale de ce que le très généreux Keanu Reeves nous offre ici en espérant que le second tome passera à la vitesse supérieure.
Agréable BD, sur un périple en Norvège entre frères. L'occasion pour cette famille disloquée de retisser un lien, tout autant que de fuir pour l'aîné un drame familial.
Beaucoup de tendresse, le charme de l'aventure, d'intéressantes thématiques conviées (mythologie nordique, nature sauvage, solitude, sens de la vie...) et une réelle capacité à faire naître pudiquement de l'émotion : ce roman graphique de Cremers impose sa bonhomie jusque dans la tragédie.
On regrettera un trait moins à l'aise avec les personnages qu'avec les paysages, même si l'expressivité est très correctement rendue, et un lettrage / une typographie fastidieuse que l'éditeur aurait été inspiré de modifier.
J'ai été assez déçu par la lecture de cette série. Je trouve le titre un peu trompeur. Si le scénario se centre sur la rencontre de Berthe Morisot et de Manet, le court espace biographique choisi par Jaffredo nous plonge dans une relation sentimentale assez sage et loin d'une passion irréfléchie.
Ensuite je trouve le traitement des deux personnages très déséquilibré. Berthe Morisot est l'une des rares femmes qui est exposée et considérée à l'égal des grands maîtres de cette époque. Or Jaffredo ne rend pas du tout hommage à sa peinture. Je n'ai absolument pas compris qu'est ce que Morisot avait pu apporter à Manet dans sa peinture.
C'est pourtant l'un des axes forts qui fait agir Morisot dans le récit. Ici je l'ai vu comme un simple modèle un peu potiche et une conquête de plus dans le carnet d'adresses de Manet.
De plus je trouve que Jaffredo choisit une période un peu vide dans l'influence de Manet : "Le déjeuner sur l'herbe" et Olympia sont déjà créés et son influence sur les jeunes peintres impressionnistes pas encore d'actualité. Il en résulte des anecdotes intimistes plus ou moins intéressantes au regard de l'importance de son impact sur l'histoire de la peinture.
L'idée d'un axe directeur à partir d'une relation épistolaire entre les deux soeurs a aussi le défaut de privilégier le côté anecdotique. Par contre j'ai bien aimé le rendu de cette ambiance bourgeoise du second Empire dans laquelle se trouvait le couple Manet-Morisot.
Le graphisme est très académique et quelque peu figé à mon goût.
La surabondance des tons ocres, roux et bruns rend la mise en couleur assez uniforme et manquant de relief.
Une lecture un peu décevante pour deux artistes qui méritaient plus. 2.5
L’œuvre de Timothée Boucher (je crois qu’on peut commencer à parler d’œuvre) se révèle de plus en plus originale, tout en brassant souvent les mêmes thèmes (quête d’identité, estime/connaissance de soi, sexualité, genre). Mais il sait se renouveler.
Et cette nouvelle série (entamée par un opus de près de 380 pages !) confirme son talent. Graphique d’abord. Sa ligne claire et sa colorisation tranchée donne un rendu à la fois froid et sensuel. Deux choses qui accompagnent très bien l’ambiance développée dans cette histoire.
Le fantastique est très présent, mais passe très bien, on l’accepte facilement, avec cette métamorphe qui cherche par tous les moyens à séduire un jeune homme, qui, lui, est des plus rétifs (il en est même énervant à force d’être aussi asocial, mou et indécis). Il faut juste accepter quelques facilités (elle n’a pas beaucoup de temps à consacrer à son travail cette personne, qui surveille ou vit 24 heures sur 24 avec sa cible Ambroise, et en plus d’être métamorphe, elle a un sacré don d’ubiquité quand même !).
Mais bon, la lecture est agréable et le cliffhanger des dernières planches nous donne envie de connaître la réaction d’Amboise !
Deux éléments ont été décisifs dans mon envie de lire cet album. Le premier vient de son cadre, l’île de Skye en Ecosse, dont je garde encore aujourd’hui un souvenir émerveillé. Des décors à couper le souffle mêlent la beauté et la rudesse d’une nature encore préservée. Le second vient du nom de son autrice, Cécile Becq, que j’avais découverte sur « Ama - Le Souffle des femmes » et qui revient ici comme autrice complète.
Quant à l’histoire, je m’attendais à un mélo aux accents féminins, je l’espérais fin et sensible mais au vu du pitch je craignais quand même que ce soit trop sucré à mon goût.
La lecture a répondu à la plupart de mes attentes. L’ile de Skye est bien mise en valeur même si Cécile Becq n’a pas le trait le plus précis du monde. On retrouve cependant des décors qui allient rudesse et beauté et qui viennent intensifier notre perception du lien qui unit ces trois sœurs, car là aussi on retrouve rudesse et beauté.
L’histoire se centre principalement sur une des trois sœurs dont on va assister à la lente reconstruction après le décès de son époux. Comme je le craignais un peu, cet aspect du récit tombe parfois dans la comédie romantique facile (il n’est pas trop compliqué de deviner qu’une romance va naître entre elle et un habitant de l’île) mais le portrait demeure sensible et les personnages touchent par leur simplicité. Autre aspect essentiel dans ce scénario : les liens de sororité qui unissent ces trois sœurs, entre complicité et rancunes. Ce lien est bien rendu, l’autrice fait montre à ce niveau d’une belle maîtrise, profilant de prime abord chacune des sœurs d’une manière certes peu subtile (l’ainée la plus sérieuse et la plus sombre, la cadette la plus frivole et légère, et l’héroïne la plus sensible et romantique) mais profitant de l’avancement du scénario et de l’évolution des personnages pour nous en proposer des portraits finalement moins manichéens. Mais surtout les liens qui les unissent sont bien mis en avant et rythment le récit.
Au final, j’ai trouvé ce récit plaisant sans être exceptionnel. Pas mal, quoi, mais un peu trop sucré à mon goût pour que je monte ma note jusqu’à un 4/5.
Encore une fois, je trouve qu'une série de Dorison est juste sympathique à lire.
C'est bien fait, le scénario se laisse lire sans problème et j'ai bien aimé découvrir le début d'un naufrage qui va mal tourner. Je connaissais pas du tout ce fait historique. Le problème est que jusqu'à présent cela ressemble à n'importe quelle histoire maritime se passant au temps où le capitaine pouvait être cruel envers son équipage. Les personnages jouent leurs rôles et aucun ne m'a paru particulièrement attachant ce qui est pour moi un défaut parce que du coup je ne ressens aucune tension parce que je me fiche un peu s'ils meurent tous dans d'atroces souffrances.
Le dessin est du bon style réaliste même si personnellement ce n'est pas un style que j'affectionne particulièrement. Le premier tome a un rythme un peu lent pour bien planter le décor et les personnages. On devine dans les dernières pages que cela va barder dans la seconde partie, que je vais tout de même lire parce que je suis un peu curieux de savoir comment tout cela va finir.
En gros, je comprends que d'autres accrochent mieux que moi parce qu'il y a beaucoup de qualités, c'est juste que le traitement du récit ne me captive pas.
Un album étrange, qui m’a laissé quelque peu perplexe, n’ayant pas forcément tout saisi de ce que l’auteur voulait montrer.
Un tueur en série frappe au sein de la jeunesse absorbée par les fêtes de fin d’année scolaire, dans un coin paumé d’Amérique semble-t-il. On est dans un décor très classique (combien de films américains ont joué sur ce registre ?). Un peu de fantastique s’invite parfois, et on n’a pas à la fin de réponse totalement rationnelle aux questions posées par cette histoire.
Ce relatif brouillard est accentué par le dessin, au rendu terne jouant sur des dégradés de gris. C’est froid, comme l’est l’intrigue, assez minimaliste (peu de texte et de dialogues).
L’album vaut avant tout par l’ambiance développée, le malaise s’instillant, le lecteur restant aussi perdu, éperdu, que la plupart des adolescents de l’histoire.
A voir ce que fera ensuite cet auteur, qui débute avec cet album. Il y a de l’originalité dans le traitement d’un sujet assez rebattu.
2.5
Je rejoins l'avis de Cacal69 sur ce one-shot qui m'a un peu déçu.
C'est donc un récit qui se passe durant la ruée vers l'or dans le grand nord canadien. Cela rappelle un peu le travail de Jack London et d'ailleurs vu qu'il y a une citation de lui en quatrième de couverture et que les premières pages ont beaucoup de textes narratifs résumant la vie de l'héroïne, j'ai cru au début que c'était une adaptation d'une de ses nouvelles !
Le récit se laisse lire et il y a de bonnes scènes. Le problème est qu'au final il y a pas trop de surprise (surtout sur l'évolution psychologique de l'héroïne) et que c'est convenu comme récit. De plus, le comportement de l'héroïne et de son mari est trop caricatural durant une bonne partie du récit pour que cela soit crédible.
Il reste le dessin qui est certes magnifique, mais cela ne suffit pas pour rendre une bande dessinée intéressante et passionnante. Je l'ai lue une fois, je le regrette pas vraiment parce qu'au moins j'ai passé du temps sans m'ennuyer, mais rien ne me donne envie de relire l'album un jour.
Une adaptation moderne d'un conte qui est un classique en Amérique latine.
Même si je ne connaissais pas ce conte, j'étais tout de même en terrain connu parce que le conte reprend le schéma classique du héros qui pour vaincre le méchant de l'histoire, se fait aider par la fille de ce dernier. L'originalité de l'adaptation est que c'est la fille qui est mise au premier plan. En effet, si je me fie au dossier de l'album, l'histoire commence avec le prince qui rencontre au cours de son aventure la jeune fille alors qu'ici tout est centré sur elle.
Le récit est pas mal même si le déroulement de l'intrigue est au final un peu convenu pour un adulte qui a déjà lu plusieurs contes dans sa vie, cela je pense s'adresse aux enfants, notamment aux jeunes filles en quête d'héroïnes fortes. J'ai bien aimé comment la scénariste traite de thèmes féministes sans tomber dans un manichéen facile. Ainsi, la mère et les sœurs de l'héroïne sont aussi méchantes que le patriarche de la famille et le prince est un peu trop sûr de lui ,mais n'a aucun problème à reconnaitre les talents de la jeune fille.
Le dessin est plein d'énergie, dynamique et agréable à l'œil. Un conte divertissant pour les enfants et les adultes qui ont gardé leur cœur d'enfant.
Je viens de terminer la lecture de l'intégrale en noir et blanc de 2009. Et j'en ressors plutôt satisfait.
Stephano Raffaele nous propose notre monde dans une version post-apocalyptique où les zombies ont encore une conscience et où un couple de ces morts-vivants va vivre une histoire d'amour. Un pitch de départ plutôt intéressant puisqu'il casse les codes du genre. La première moitié du récit est bien construite et accrocheuse mais la seconde s'enlise un peu et glisse doucement vers une fin prévisible. Outre l'histoire d'amour, la transsexualité a une place importante dans ce récit où les zombies se battent pour survivre.
Des personnages bien campés mais un poil stéréotypés, qui cependant restent attachants.
Je connaissais déjà le travail de Stephano Raffaele et autant je n'avais pas été convaincu par son Pandemonium, autant je suis agréablement surpris par le rendu de son noir et blanc crasseux et expressif dans un style très comics. L'ambiance sombre qui se dégage de cette romance singulière doit beaucoup au dessin.
Pour découvrir les zombies sous un nouvel angle.
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Une incursion de Keanu Reeves dans la bande dessinée, cela a de quoi surprendre et en même temps, les connaisseurs de l'acteur savent que ça correspond bien à son image passionnée et éclectique. Les connaisseurs ne seront pas non plus étonnés par l'ultra-violence, qui ferait passer n'importe quel John Wick pour une agréable promenade de santé. De fait, les scénaristes s'amusent ici à multiplier les poussées de violence franchement sanglante, utilisant à merveille le format BD pour amplifier ce qu'on hésiterait à montrer tel quel à l'écran (ce qui se comprend). J'ai toujours eu un rapport ambivalent à cette ultra-violence, n'appréciant pas son côté gratuit. Et pourtant, sous la plume de Kindt et Reeves, il faut bien avouer que l'usage de la violence a ici un côté presque cartoonesque, qui le ferait lorgner plus du côté d'un Kingsman que d'un Tarantino, conférant un côté étonnamment cool à l'ensemble, suffisamment en tous cas pour me la faire apprécier. Si je ne monte pas à 4 étoiles, malgré le côté spectaculaire indéniablement jouissif et la mise en scène cinématographique, c'est la faute à un dessin qui accomplit le taff mais se révèle tout de même un peu grossier, et surtout à un scénario qui manque encore trop d'originalité . En revanche, en fonction de son évolution dans les tomes suivants, il est très possible que je monte à 4 étoiles, car le potentiel du récit peut annoncer beaucoup d'excellentes choses. On attend de voir, donc, et pour mieux patienter, on se régale de ce que le très généreux Keanu Reeves nous offre ici en espérant que le second tome passera à la vitesse supérieure.
Vague de froid
Agréable BD, sur un périple en Norvège entre frères. L'occasion pour cette famille disloquée de retisser un lien, tout autant que de fuir pour l'aîné un drame familial. Beaucoup de tendresse, le charme de l'aventure, d'intéressantes thématiques conviées (mythologie nordique, nature sauvage, solitude, sens de la vie...) et une réelle capacité à faire naître pudiquement de l'émotion : ce roman graphique de Cremers impose sa bonhomie jusque dans la tragédie. On regrettera un trait moins à l'aise avec les personnages qu'avec les paysages, même si l'expressivité est très correctement rendue, et un lettrage / une typographie fastidieuse que l'éditeur aurait été inspiré de modifier.
Edouard Manet et Berthe Morisot - Une passion impressionniste
J'ai été assez déçu par la lecture de cette série. Je trouve le titre un peu trompeur. Si le scénario se centre sur la rencontre de Berthe Morisot et de Manet, le court espace biographique choisi par Jaffredo nous plonge dans une relation sentimentale assez sage et loin d'une passion irréfléchie. Ensuite je trouve le traitement des deux personnages très déséquilibré. Berthe Morisot est l'une des rares femmes qui est exposée et considérée à l'égal des grands maîtres de cette époque. Or Jaffredo ne rend pas du tout hommage à sa peinture. Je n'ai absolument pas compris qu'est ce que Morisot avait pu apporter à Manet dans sa peinture. C'est pourtant l'un des axes forts qui fait agir Morisot dans le récit. Ici je l'ai vu comme un simple modèle un peu potiche et une conquête de plus dans le carnet d'adresses de Manet. De plus je trouve que Jaffredo choisit une période un peu vide dans l'influence de Manet : "Le déjeuner sur l'herbe" et Olympia sont déjà créés et son influence sur les jeunes peintres impressionnistes pas encore d'actualité. Il en résulte des anecdotes intimistes plus ou moins intéressantes au regard de l'importance de son impact sur l'histoire de la peinture. L'idée d'un axe directeur à partir d'une relation épistolaire entre les deux soeurs a aussi le défaut de privilégier le côté anecdotique. Par contre j'ai bien aimé le rendu de cette ambiance bourgeoise du second Empire dans laquelle se trouvait le couple Manet-Morisot. Le graphisme est très académique et quelque peu figé à mon goût. La surabondance des tons ocres, roux et bruns rend la mise en couleur assez uniforme et manquant de relief. Une lecture un peu décevante pour deux artistes qui méritaient plus. 2.5
47 Cordes
L’œuvre de Timothée Boucher (je crois qu’on peut commencer à parler d’œuvre) se révèle de plus en plus originale, tout en brassant souvent les mêmes thèmes (quête d’identité, estime/connaissance de soi, sexualité, genre). Mais il sait se renouveler. Et cette nouvelle série (entamée par un opus de près de 380 pages !) confirme son talent. Graphique d’abord. Sa ligne claire et sa colorisation tranchée donne un rendu à la fois froid et sensuel. Deux choses qui accompagnent très bien l’ambiance développée dans cette histoire. Le fantastique est très présent, mais passe très bien, on l’accepte facilement, avec cette métamorphe qui cherche par tous les moyens à séduire un jeune homme, qui, lui, est des plus rétifs (il en est même énervant à force d’être aussi asocial, mou et indécis). Il faut juste accepter quelques facilités (elle n’a pas beaucoup de temps à consacrer à son travail cette personne, qui surveille ou vit 24 heures sur 24 avec sa cible Ambroise, et en plus d’être métamorphe, elle a un sacré don d’ubiquité quand même !). Mais bon, la lecture est agréable et le cliffhanger des dernières planches nous donne envie de connaître la réaction d’Amboise !
Trois chardons
Deux éléments ont été décisifs dans mon envie de lire cet album. Le premier vient de son cadre, l’île de Skye en Ecosse, dont je garde encore aujourd’hui un souvenir émerveillé. Des décors à couper le souffle mêlent la beauté et la rudesse d’une nature encore préservée. Le second vient du nom de son autrice, Cécile Becq, que j’avais découverte sur « Ama - Le Souffle des femmes » et qui revient ici comme autrice complète. Quant à l’histoire, je m’attendais à un mélo aux accents féminins, je l’espérais fin et sensible mais au vu du pitch je craignais quand même que ce soit trop sucré à mon goût. La lecture a répondu à la plupart de mes attentes. L’ile de Skye est bien mise en valeur même si Cécile Becq n’a pas le trait le plus précis du monde. On retrouve cependant des décors qui allient rudesse et beauté et qui viennent intensifier notre perception du lien qui unit ces trois sœurs, car là aussi on retrouve rudesse et beauté. L’histoire se centre principalement sur une des trois sœurs dont on va assister à la lente reconstruction après le décès de son époux. Comme je le craignais un peu, cet aspect du récit tombe parfois dans la comédie romantique facile (il n’est pas trop compliqué de deviner qu’une romance va naître entre elle et un habitant de l’île) mais le portrait demeure sensible et les personnages touchent par leur simplicité. Autre aspect essentiel dans ce scénario : les liens de sororité qui unissent ces trois sœurs, entre complicité et rancunes. Ce lien est bien rendu, l’autrice fait montre à ce niveau d’une belle maîtrise, profilant de prime abord chacune des sœurs d’une manière certes peu subtile (l’ainée la plus sérieuse et la plus sombre, la cadette la plus frivole et légère, et l’héroïne la plus sensible et romantique) mais profitant de l’avancement du scénario et de l’évolution des personnages pour nous en proposer des portraits finalement moins manichéens. Mais surtout les liens qui les unissent sont bien mis en avant et rythment le récit. Au final, j’ai trouvé ce récit plaisant sans être exceptionnel. Pas mal, quoi, mais un peu trop sucré à mon goût pour que je monte ma note jusqu’à un 4/5.
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
Encore une fois, je trouve qu'une série de Dorison est juste sympathique à lire. C'est bien fait, le scénario se laisse lire sans problème et j'ai bien aimé découvrir le début d'un naufrage qui va mal tourner. Je connaissais pas du tout ce fait historique. Le problème est que jusqu'à présent cela ressemble à n'importe quelle histoire maritime se passant au temps où le capitaine pouvait être cruel envers son équipage. Les personnages jouent leurs rôles et aucun ne m'a paru particulièrement attachant ce qui est pour moi un défaut parce que du coup je ne ressens aucune tension parce que je me fiche un peu s'ils meurent tous dans d'atroces souffrances. Le dessin est du bon style réaliste même si personnellement ce n'est pas un style que j'affectionne particulièrement. Le premier tome a un rythme un peu lent pour bien planter le décor et les personnages. On devine dans les dernières pages que cela va barder dans la seconde partie, que je vais tout de même lire parce que je suis un peu curieux de savoir comment tout cela va finir. En gros, je comprends que d'autres accrochent mieux que moi parce qu'il y a beaucoup de qualités, c'est juste que le traitement du récit ne me captive pas.
L'Entaille
Un album étrange, qui m’a laissé quelque peu perplexe, n’ayant pas forcément tout saisi de ce que l’auteur voulait montrer. Un tueur en série frappe au sein de la jeunesse absorbée par les fêtes de fin d’année scolaire, dans un coin paumé d’Amérique semble-t-il. On est dans un décor très classique (combien de films américains ont joué sur ce registre ?). Un peu de fantastique s’invite parfois, et on n’a pas à la fin de réponse totalement rationnelle aux questions posées par cette histoire. Ce relatif brouillard est accentué par le dessin, au rendu terne jouant sur des dégradés de gris. C’est froid, comme l’est l’intrigue, assez minimaliste (peu de texte et de dialogues). L’album vaut avant tout par l’ambiance développée, le malaise s’instillant, le lecteur restant aussi perdu, éperdu, que la plupart des adolescents de l’histoire. A voir ce que fera ensuite cet auteur, qui débute avec cet album. Il y a de l’originalité dans le traitement d’un sujet assez rebattu.
Mortel Imprévu
2.5 Je rejoins l'avis de Cacal69 sur ce one-shot qui m'a un peu déçu. C'est donc un récit qui se passe durant la ruée vers l'or dans le grand nord canadien. Cela rappelle un peu le travail de Jack London et d'ailleurs vu qu'il y a une citation de lui en quatrième de couverture et que les premières pages ont beaucoup de textes narratifs résumant la vie de l'héroïne, j'ai cru au début que c'était une adaptation d'une de ses nouvelles ! Le récit se laisse lire et il y a de bonnes scènes. Le problème est qu'au final il y a pas trop de surprise (surtout sur l'évolution psychologique de l'héroïne) et que c'est convenu comme récit. De plus, le comportement de l'héroïne et de son mari est trop caricatural durant une bonne partie du récit pour que cela soit crédible. Il reste le dessin qui est certes magnifique, mais cela ne suffit pas pour rendre une bande dessinée intéressante et passionnante. Je l'ai lue une fois, je le regrette pas vraiment parce qu'au moins j'ai passé du temps sans m'ennuyer, mais rien ne me donne envie de relire l'album un jour.
Blancaflor - La Princesse aux pouvoirs secrets
Une adaptation moderne d'un conte qui est un classique en Amérique latine. Même si je ne connaissais pas ce conte, j'étais tout de même en terrain connu parce que le conte reprend le schéma classique du héros qui pour vaincre le méchant de l'histoire, se fait aider par la fille de ce dernier. L'originalité de l'adaptation est que c'est la fille qui est mise au premier plan. En effet, si je me fie au dossier de l'album, l'histoire commence avec le prince qui rencontre au cours de son aventure la jeune fille alors qu'ici tout est centré sur elle. Le récit est pas mal même si le déroulement de l'intrigue est au final un peu convenu pour un adulte qui a déjà lu plusieurs contes dans sa vie, cela je pense s'adresse aux enfants, notamment aux jeunes filles en quête d'héroïnes fortes. J'ai bien aimé comment la scénariste traite de thèmes féministes sans tomber dans un manichéen facile. Ainsi, la mère et les sœurs de l'héroïne sont aussi méchantes que le patriarche de la famille et le prince est un peu trop sûr de lui ,mais n'a aucun problème à reconnaitre les talents de la jeune fille. Le dessin est plein d'énergie, dynamique et agréable à l'œil. Un conte divertissant pour les enfants et les adultes qui ont gardé leur cœur d'enfant.
Loving Dead (Fragile)
Je viens de terminer la lecture de l'intégrale en noir et blanc de 2009. Et j'en ressors plutôt satisfait. Stephano Raffaele nous propose notre monde dans une version post-apocalyptique où les zombies ont encore une conscience et où un couple de ces morts-vivants va vivre une histoire d'amour. Un pitch de départ plutôt intéressant puisqu'il casse les codes du genre. La première moitié du récit est bien construite et accrocheuse mais la seconde s'enlise un peu et glisse doucement vers une fin prévisible. Outre l'histoire d'amour, la transsexualité a une place importante dans ce récit où les zombies se battent pour survivre. Des personnages bien campés mais un poil stéréotypés, qui cependant restent attachants. Je connaissais déjà le travail de Stephano Raffaele et autant je n'avais pas été convaincu par son Pandemonium, autant je suis agréablement surpris par le rendu de son noir et blanc crasseux et expressif dans un style très comics. L'ambiance sombre qui se dégage de cette romance singulière doit beaucoup au dessin. Pour découvrir les zombies sous un nouvel angle.