3ème volume de mon colis de la maison d’Éditions Ici même : c'est une découverte un peu déconcertante pour moi. Je suis souvent confrontée, professionnellement, à des trentenaires occidental.e.s en recherche d'identité sexuelle. Et je fais bien attention à ne pas m'immiscer dans ces interrogations personnelles que j'ai du mal à saisir. Cette lecture était un peu une manière d'éclairer ma lanterne. J'avoue ne pas être beaucoup plus avancée en refermant l'album.
Je me demande si ce n'est pas plutôt un ouvrage d'astrologie sur le signe du cancer, (ça revient souvent tout au long du volume) qui est sensé rester dans l'indécision permanente plutôt que sur l'identité sexuelle... Ou alors, c'est la question de la sexualité qui devient un enjeu tel dans son milieu que Nicoz en est perturbée... L'époque est à l'identité, mais je suis de la vieille école où on cherchait plutôt à définir un projet.. Cela nous libérait de notre nombril.
En revanche je me suis retrouvée dans le dessin, la composition des pages, la couleur et la forme des écrits qui suivent les pensées de l'héroïne. Une pâte tonique qui passe de la petite tache du dessin de presse aquarellé, au portrait réaliste et hypnotisant, tout cela guidé par un bavardage en capitale majuscule colorée et irrégulière. On imagine le stylo fluide vert ou rouge qui glisse avec énergie sur le papier, on s'identifie en voyant les ratures.. cela montre le cheminement de la pensée et on peut préférer la partie raturée.. C'est parfois drôle, parfois agaçant.
Je suis comme Nicoz, je n'ai pas encore décidé...
Un témoignage semi-romancé sur l'expérience d'une grande adolescente sur un séjour réalisé dans un village sénégalais.
L'autrice Nuria Tamarit a également réalisé Géante que j'avais beaucoup aimé. Je ne sais pas quand elle a dessiné chacun de ces albums mais Toubab donne l'impression d'être un peu moins mature que Géante. C'est un ressenti subjectif que j'ai vis-à-vis de l'aspect un peu plus naïf et épuré du dessin mais aussi de l'état d'esprit de l'héroïne et de la narration qui l'accompagne.
En effet, j'ai légèrement tiqué devant les stéréotypes bobo avec lesquels la BD présente sa découverte du village et de la culture Wolof. Les villageois y sont catalogués comme une unique entité, comme on pourrait dire "ah, les Français, ils sont tous râleurs, avec leur béret et leur baguette sous le bras". Ici "ils" sont tous simples et sages, "ils" dansent tout le temps, "ils" sont gentils, "ils" savent s'accommoder de peu et vivre heureux malgré tout, etc... Je grimace un peu car ça ressemble à une vision du bon sauvage, alors que je suis persuadé que l'auteur ne voulait pas transmettre ce message. Ou alors le transmettre pour montrer la vision faussée que peut avoir une adolescente naïve, influencée par les réseaux sociaux et les reportages qu'elle a vus à la télévision, et qui fait des jugements hâtifs en cataloguant tout une population comme une entité unique et où chacun est plus ou moins identique.
Toutefois l'autrice laisse ici et là la parole aux villageois et montre un aspect plus mature et pertinent de la vision que le lecteur peut s'en faire. Et évidemment, dès le début, elle montre la superficialité de l'héroïne, accro à son téléphone et ses réseaux sociaux. Pour autant, on ne voit que peu celle-ci évoluer lors de son séjour. Ce n'est pas véritablement un récit initiatique : oui, elle a appris des choses durant son voyage, oui sa vision des choses a légèrement changé, mais elle repart relativement identique à la personne qu'elle était en arrivant.
Au-delà de ça, j'ai apprécié cette plongée dans la vie de cette petite famille expatriée dans un village sénégalais. J'ai aussi trouvé instructif d'y voir le travail de la mère de l'héroïne et du groupe d'humanitaires venu les aider. Et le graphisme plein de personnalité de l'autrice joue en faveur de ce dépaysement et de la beauté des décors et des personnages.
On ressort de cette lecture comme d'un agréable voyage à l'étranger, même si mon opinion sur l'héroïne et sur le message de l'autrice reste indécis.
Un Hugo Pratt mineur, mais il faut dire que je ne suis pas un inconditionnel de l'auteur.
J'ai bien aimé le dessin qui est épuré sans tomber dans les travers des dernières années de l'auteur. Le récit est du pur Pratt avec ce que j'aime et ce que je n'aime pas chez lui.
En gros, le coté aventure exotique m'a un peu divertit et cela se lit sans problème. Puis l'histoire bascule dans l'ésotérisme et j'ai moins accroché, surtout que je ne pense pas avoir tout bien compris. Le récit reste pas trop mal malgré tout.
C'est pas mauvais, mais je pense que cela s'adresse surtout aux fans inconditionnels de Pratt.
Belle histoire de gangster située à Sao Paulo dans les années 50. Dessin très stylisé dans une atmosphère douce et chaude , mais où les personnages peinent à trouver leur énergie vitale.
Le scénario navigue entre une situation mélodramatique : un accident de train, des enfants passionnés de cinéma, des messieurs par le football, un seule dame : à la cuisine, les immigrés ritals qui ont échappé à la seconde guerre mondiale et qui se font casser la gueule par des gangsters, qui par ailleurs dissimulent les saletés du grand patron et jouent les casseurs de grêve, un bel inspecteur incorruptible, ...
L'originalité de l'album vient lorsque les enfants fans de John Wayne, projettent leur héros dans une scène de la réalité, mais cela reste un peu en suspens.
Bref plein d'ingrédients intéressants, mais un manque de chaire dans le dessin des visages, peut-être aussi dans les dialogues, avec un scénario qui ne choisit pas parmi toutes ces pistes et un titre bien mal traduit... Un bon moment de lecture (on attend que cela décolle, bercé dans ce beau décors d'affiche) mais on reste un peu sur sa faim.
Avec l'inscription de la garantie de recours à l'IVG dans la Constitution, plusieurs albums relatifs aux grandes figures féministes françaises sont sortis ces derniers temps. Cette BD réalisée par deux autrices allemandes en fait partie, et propose une relecture alternative du mythe Beauvoir.
Il y a donc un aspect biographique, avec l'entretien qu'elle donne à Deirdre Bair, biographe de Samuel Beckett. Nous avons donc sa jeunesse, dans un cadre bourgeois paternaliste dont elle sent très tôt les limites et les contradictions, ses études parisiennes qui lui ouvrent l'esprit, notamment en rencontrant des gens comme Merleau-Ponty, Nizan et celui qui deviendra son compagnon, Jean-Paul Sartre. Une relation qui semble ne pas avoir été consommée, même si les autrices ne s'étendent pas là-dessus (et finalement, peu importe). Ses amours avec ses anciennes élèves sont également rapidement évoquées, ainsi que sa passion avec Nelson Algren (sur ce sujet je vous renvoie vers le très bon Les Matins doux). Il y a bien sûr la Simone de Beauvoir philosophe, égérie (un peu malgré elle) du féminisme naissant dans les années 1960-70 dans cet album.
L'ensemble est réalisé dans un style graphique assez classique, très ligne claire, on est dans une parenté avec ce que fait Floc'h, dans des ambiances bichromiques. Il y a juste ces nez entièrement dessinés qui m'ont un peu gêné à la lecture.
Un ouvrage plutôt utile si on veut comprendre la féministe, la philosophe, mais aussi et surtout la femme Simone de Beauvoir.
Etrangeté et mystère sont au rendez-vous de cette nouvelle série destinée aux jeunes lecteurs (entre 10 et 14 ans, dirais-je). L’autrice nous propose de suivre les aventures de jeunes adolescents (ou de grands enfants) en quête d’un monde parallèle.
Ce premier tome permet de découvrir les différents acteurs de cette aventure et donne le ton général. Le dessin raide et l’étrangeté de l’univers proposé singularisent cette série, qui ne ressemble à aucune autre de ma connaissance. Pourtant, de prime abord, la trame est classique (les enfants orphelins, le monde parallèle, les épreuves à passer) mais l’autrice parvient tout de même à créer quelque chose de différent.
Alors, je ne peux pas dire que je suis follement emballé mais j’ai lu ce tome sans déplaisir. J’ai vraiment apprécié certaines créations graphiques alors que la raideur du trait m’a dérangé à d’autres moments. De même j’ai bien aimé le développement de l’intrigue alors que certains détails (les rôts de Thomas, notamment) m’ont paru inutiles, voire dérangeants. Si je lirai sans doute le deuxième tome, je n’en fais donc pas une priorité mais, dans sa catégorie, ce premier tome a des arguments à faire valoir.
Un album sur le thème de l'inceste pédophile et sur son complexe impact sur l'ensemble familial.
Émilie, alter ego de la co-scénariste et actrice Héloïse Martin, rejoint une grande réunion de famille pour fêter les cinquante ans de mariage de ses grands-parents. Sauf qu'a également été invité le coupable de crimes pédophiles à son encontre quand elle était enfant. Pourquoi est-il là ? Parce que la majorité des participants souhaite une famille complète et soudée et pardonner à cet homme pourtant jugé coupable par la justice, quitte à occulter la souffrance d'Emilie voire même à lui reprocher de se présenter en victime.
Difficile sujet abordé avec délicatesse dans cette BD qui présente les faits mais pas forcément de solution.
Dessin et couleurs sont doux et agréable. Le récit de cette réunion familiale à la montagne est crédible et bien mené. La mise en scène du trouble de l'héroïne est bien transmise aux lecteur. Avec elle, on est outrée du comportement d'une grosse partie de sa famille et de comment une telle situation peut avoir lieu. C'est en effet la victime qui est rabrouée et le coupable pardonné sans ambages. On veut comprendre pourquoi, comment une telle chose est possible, et on est révolté par certaines paroles échangés entre membres d'une même famille.
C'est intéressant et cela ouvre beaucoup de questions. En tant que père et fils, je peux comprendre l'instinct de vouloir protéger son enfant ou son propre père, quitte à vouloir occulter des choses terribles, à essayer de les enfouir pour qu'elles disparaissent éventuellement et permettre ainsi de retrouver une vie familiale sereine. Mais en même temps, comment imaginer faire ça au détriment d'un autre membre de votre famille ? En cela, le comportement de la grand-mère est odieux, et celui de la mère décevant de passivité.
Toute la complexité de cette situation est bien mise en avant ici... mais certains choix narratifs me laissent un peu perplexe. Je n'ai notamment pas compris ce choix de laisser planer le doute jusqu'à tard dans l'album sur l'identité du coupable. C'est clairement voulu mais je n'ai pas vu ce que cela apportait si ce n'est une confusion chez le lecteur. D'autant que quand celui-ci est finalement désigné, il faut revenir en arrière dans les pages pour savoir qui il est et quel est son rapport avec l'héroïne et les autres membres de la famille. De même, la réalité de ce qu'il s'est passé autrefois n'est dévoilée que bribes par bribes, laissant là encore le lecteur dans l'inconnu pendant un bon moment. J'ai le sentiment que si le lecteur avait su plus rapidement qui était qui et ce qu'il s'était passé concrètement, il aurait pu mieux appréhender les réactions de chaque membre de la famille et ne pas être trop longtemps laissé de côté, comme un intrus dans une famille étrangère.
Cela a légèrement gâché le plaisir et l'intensité de ma lecture alors que l'album est bien fait et aborde avec sincérité et intérêt un sujet complexe et intime.
2.5
Un manga qui rappelle ''Lone Wolf & Cub'' et d'ailleurs c'est paru à la même époque.
Ce que j'ai surtout aimé c'est le dessin de Shotaro Ishinomori qui est beaucoup plus réaliste que ce qu'on retrouve dans ses autres mangas parus en français. Il y a de superbes planches. Sinon, le scénario se passe dans le Japon historique et même si j'aime bien l'histoire, plusieurs mangas qui se passent durant cette période ne m'ont pas intéressé et ici j'ai trouvé le résultat moyen.
Le héros est typiquement le genre de héros macho qui me laisse indifférent: il est surtout fort et réussit toujours à battre les méchants tout en restant stoïque. Heureusement, il devient un peu intéressant lorsque le scénario met en avant sa vengeance, surtout lorsqu'il va enfin exprimer des émotions comme un humain normal.
Le récit mélange des chapitres qui font avancer la trame principale et les récits épisodiques où le héros vit des aventures à chaque village où il se rend. Le résultat est inégal et mon intérêt variait selon les chapitres, certains étant bons et d'autres d'intérêt limité.
Au final, cela se laisse lire, mai ce n'est pas un album que je relirai un jour, surtout qu'il est lent.
Une jeune femme, Diane, espoir de la boxe, qualifiée aux J.O., abandonne brusquement sa carrière, et disparait des radars. Jusqu’à ce qu’elle entende parler à la télé de son entraineur de l’époque, et que revienne à la surface le viol dont elle a été victime de sa part. d’abord hésitante, elle va alors se lancer dans un pari fou pour faire éclater la vérité et surtout se venger publiquement, en le défiant dans un match de boxe, en se faisant passer pour un garçon !
Le sujet est des plus actuels – hélas ! – et dans la ligne des vagues « metoo », et Freaks y ajoute l’homosexualité dans le sport, et flirt avec le travestissement.
La narration est fluide et globalement agréable, comme la lecture. Et on ne peut que soutenir les idées véhiculées par Freaks, et incarnées par Diane, même si l’intrigue semble en grande partie romancée et ne s’inspirant pas directement d’une histoire vraie.
Mais je n’irai pas au-delà des trois étoiles, contrairement à Spooky.
D’abord parce que le dessin, pourtant très lisible, n’est pas très fouillé ou pas trop ma tasse de thé.
Ensuite parce que j’ai trouvé un peu improbable certains détails du scénario. La façon dont Diane réussit à masquer sa féminité au cours des différents combats, et j’ai du mal à croire qu’une femme puisse vaincre autant de boxeur masculins (aguerris), même si je n’y connais pas grand-chose en boxe.
Un sujet intéressant, traité de façon assez original. Il m’a toutefois manqué quelques petites choses pour davantage apprécier ma lecture.
Un album que j’ai trouvé au fin fond du rayon comics, l’objet m’a suffisamment titillé pour l’emprunt.
Je découvre l’éditeur et l’auteur pour l’occasion.
Une lecture curieuse mais qui ne restera pas spécialement dans ma mémoire. J’ai mis une trentaine de pages avant de vraiment pouvoir me plonger dans l’histoire. Cette dernière n’est pas désagréable mais fait franchement déjà vu, un futur divisé en 2 classes, le classique inférieurs vs supérieurs. Nous y suivrons Sp4rx, hacker surdoué qui survie comme il peut, avant d’embrasser la cause de la résistance contre la méchante corporation.
Vous l’aurez compris, pas de grande originalité pour le fond, par contre la forme possède quelques qualités.
Si le récit s’avère linéaire, j’ai bien aimé certains passages, comme les pages du JT qui donnent des clés de compréhension de façon ingénieuses sur pas mal de thématiques de ce monde pourri (pub, sport, débat, religion …), où les passages dans la « matrice » graphiquement réussis avec ce noir et blanc, une fin sympa …
Le dessin au style simple et enfantin n’a pas été un frein (dans la veine de Guillaume Long et Max de Radiguès), je n’ai tiqué que sur ses nez (il gommera ce reproche en cours de route).
L’auteur arrive à jouer avec ses qualités et défauts pour créer une certaine atmosphère et ambiance. Rien de fou ni novateur mais quand même pas mal.
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Play with fire
3ème volume de mon colis de la maison d’Éditions Ici même : c'est une découverte un peu déconcertante pour moi. Je suis souvent confrontée, professionnellement, à des trentenaires occidental.e.s en recherche d'identité sexuelle. Et je fais bien attention à ne pas m'immiscer dans ces interrogations personnelles que j'ai du mal à saisir. Cette lecture était un peu une manière d'éclairer ma lanterne. J'avoue ne pas être beaucoup plus avancée en refermant l'album. Je me demande si ce n'est pas plutôt un ouvrage d'astrologie sur le signe du cancer, (ça revient souvent tout au long du volume) qui est sensé rester dans l'indécision permanente plutôt que sur l'identité sexuelle... Ou alors, c'est la question de la sexualité qui devient un enjeu tel dans son milieu que Nicoz en est perturbée... L'époque est à l'identité, mais je suis de la vieille école où on cherchait plutôt à définir un projet.. Cela nous libérait de notre nombril. En revanche je me suis retrouvée dans le dessin, la composition des pages, la couleur et la forme des écrits qui suivent les pensées de l'héroïne. Une pâte tonique qui passe de la petite tache du dessin de presse aquarellé, au portrait réaliste et hypnotisant, tout cela guidé par un bavardage en capitale majuscule colorée et irrégulière. On imagine le stylo fluide vert ou rouge qui glisse avec énergie sur le papier, on s'identifie en voyant les ratures.. cela montre le cheminement de la pensée et on peut préférer la partie raturée.. C'est parfois drôle, parfois agaçant. Je suis comme Nicoz, je n'ai pas encore décidé...
Toubab
Un témoignage semi-romancé sur l'expérience d'une grande adolescente sur un séjour réalisé dans un village sénégalais. L'autrice Nuria Tamarit a également réalisé Géante que j'avais beaucoup aimé. Je ne sais pas quand elle a dessiné chacun de ces albums mais Toubab donne l'impression d'être un peu moins mature que Géante. C'est un ressenti subjectif que j'ai vis-à-vis de l'aspect un peu plus naïf et épuré du dessin mais aussi de l'état d'esprit de l'héroïne et de la narration qui l'accompagne. En effet, j'ai légèrement tiqué devant les stéréotypes bobo avec lesquels la BD présente sa découverte du village et de la culture Wolof. Les villageois y sont catalogués comme une unique entité, comme on pourrait dire "ah, les Français, ils sont tous râleurs, avec leur béret et leur baguette sous le bras". Ici "ils" sont tous simples et sages, "ils" dansent tout le temps, "ils" sont gentils, "ils" savent s'accommoder de peu et vivre heureux malgré tout, etc... Je grimace un peu car ça ressemble à une vision du bon sauvage, alors que je suis persuadé que l'auteur ne voulait pas transmettre ce message. Ou alors le transmettre pour montrer la vision faussée que peut avoir une adolescente naïve, influencée par les réseaux sociaux et les reportages qu'elle a vus à la télévision, et qui fait des jugements hâtifs en cataloguant tout une population comme une entité unique et où chacun est plus ou moins identique. Toutefois l'autrice laisse ici et là la parole aux villageois et montre un aspect plus mature et pertinent de la vision que le lecteur peut s'en faire. Et évidemment, dès le début, elle montre la superficialité de l'héroïne, accro à son téléphone et ses réseaux sociaux. Pour autant, on ne voit que peu celle-ci évoluer lors de son séjour. Ce n'est pas véritablement un récit initiatique : oui, elle a appris des choses durant son voyage, oui sa vision des choses a légèrement changé, mais elle repart relativement identique à la personne qu'elle était en arrivant. Au-delà de ça, j'ai apprécié cette plongée dans la vie de cette petite famille expatriée dans un village sénégalais. J'ai aussi trouvé instructif d'y voir le travail de la mère de l'héroïne et du groupe d'humanitaires venu les aider. Et le graphisme plein de personnalité de l'autrice joue en faveur de ce dépaysement et de la beauté des décors et des personnages. On ressort de cette lecture comme d'un agréable voyage à l'étranger, même si mon opinion sur l'héroïne et sur le message de l'autrice reste indécis.
A l'Ouest de l'Eden
Un Hugo Pratt mineur, mais il faut dire que je ne suis pas un inconditionnel de l'auteur. J'ai bien aimé le dessin qui est épuré sans tomber dans les travers des dernières années de l'auteur. Le récit est du pur Pratt avec ce que j'aime et ce que je n'aime pas chez lui. En gros, le coté aventure exotique m'a un peu divertit et cela se lit sans problème. Puis l'histoire bascule dans l'ésotérisme et j'ai moins accroché, surtout que je ne pense pas avoir tout bien compris. Le récit reste pas trop mal malgré tout. C'est pas mauvais, mais je pense que cela s'adresse surtout aux fans inconditionnels de Pratt.
Les Intrépides
Belle histoire de gangster située à Sao Paulo dans les années 50. Dessin très stylisé dans une atmosphère douce et chaude , mais où les personnages peinent à trouver leur énergie vitale. Le scénario navigue entre une situation mélodramatique : un accident de train, des enfants passionnés de cinéma, des messieurs par le football, un seule dame : à la cuisine, les immigrés ritals qui ont échappé à la seconde guerre mondiale et qui se font casser la gueule par des gangsters, qui par ailleurs dissimulent les saletés du grand patron et jouent les casseurs de grêve, un bel inspecteur incorruptible, ... L'originalité de l'album vient lorsque les enfants fans de John Wayne, projettent leur héros dans une scène de la réalité, mais cela reste un peu en suspens. Bref plein d'ingrédients intéressants, mais un manque de chaire dans le dessin des visages, peut-être aussi dans les dialogues, avec un scénario qui ne choisit pas parmi toutes ces pistes et un titre bien mal traduit... Un bon moment de lecture (on attend que cela décolle, bercé dans ce beau décors d'affiche) mais on reste un peu sur sa faim.
Simone de Beauvoir - Je veux tout de la vie
Avec l'inscription de la garantie de recours à l'IVG dans la Constitution, plusieurs albums relatifs aux grandes figures féministes françaises sont sortis ces derniers temps. Cette BD réalisée par deux autrices allemandes en fait partie, et propose une relecture alternative du mythe Beauvoir. Il y a donc un aspect biographique, avec l'entretien qu'elle donne à Deirdre Bair, biographe de Samuel Beckett. Nous avons donc sa jeunesse, dans un cadre bourgeois paternaliste dont elle sent très tôt les limites et les contradictions, ses études parisiennes qui lui ouvrent l'esprit, notamment en rencontrant des gens comme Merleau-Ponty, Nizan et celui qui deviendra son compagnon, Jean-Paul Sartre. Une relation qui semble ne pas avoir été consommée, même si les autrices ne s'étendent pas là-dessus (et finalement, peu importe). Ses amours avec ses anciennes élèves sont également rapidement évoquées, ainsi que sa passion avec Nelson Algren (sur ce sujet je vous renvoie vers le très bon Les Matins doux). Il y a bien sûr la Simone de Beauvoir philosophe, égérie (un peu malgré elle) du féminisme naissant dans les années 1960-70 dans cet album. L'ensemble est réalisé dans un style graphique assez classique, très ligne claire, on est dans une parenté avec ce que fait Floc'h, dans des ambiances bichromiques. Il y a juste ces nez entièrement dessinés qui m'ont un peu gêné à la lecture. Un ouvrage plutôt utile si on veut comprendre la féministe, la philosophe, mais aussi et surtout la femme Simone de Beauvoir.
Les Royaumes de Tiketone
Etrangeté et mystère sont au rendez-vous de cette nouvelle série destinée aux jeunes lecteurs (entre 10 et 14 ans, dirais-je). L’autrice nous propose de suivre les aventures de jeunes adolescents (ou de grands enfants) en quête d’un monde parallèle. Ce premier tome permet de découvrir les différents acteurs de cette aventure et donne le ton général. Le dessin raide et l’étrangeté de l’univers proposé singularisent cette série, qui ne ressemble à aucune autre de ma connaissance. Pourtant, de prime abord, la trame est classique (les enfants orphelins, le monde parallèle, les épreuves à passer) mais l’autrice parvient tout de même à créer quelque chose de différent. Alors, je ne peux pas dire que je suis follement emballé mais j’ai lu ce tome sans déplaisir. J’ai vraiment apprécié certaines créations graphiques alors que la raideur du trait m’a dérangé à d’autres moments. De même j’ai bien aimé le développement de l’intrigue alors que certains détails (les rôts de Thomas, notamment) m’ont paru inutiles, voire dérangeants. Si je lirai sans doute le deuxième tome, je n’en fais donc pas une priorité mais, dans sa catégorie, ce premier tome a des arguments à faire valoir.
Les Yeux fermés
Un album sur le thème de l'inceste pédophile et sur son complexe impact sur l'ensemble familial. Émilie, alter ego de la co-scénariste et actrice Héloïse Martin, rejoint une grande réunion de famille pour fêter les cinquante ans de mariage de ses grands-parents. Sauf qu'a également été invité le coupable de crimes pédophiles à son encontre quand elle était enfant. Pourquoi est-il là ? Parce que la majorité des participants souhaite une famille complète et soudée et pardonner à cet homme pourtant jugé coupable par la justice, quitte à occulter la souffrance d'Emilie voire même à lui reprocher de se présenter en victime. Difficile sujet abordé avec délicatesse dans cette BD qui présente les faits mais pas forcément de solution. Dessin et couleurs sont doux et agréable. Le récit de cette réunion familiale à la montagne est crédible et bien mené. La mise en scène du trouble de l'héroïne est bien transmise aux lecteur. Avec elle, on est outrée du comportement d'une grosse partie de sa famille et de comment une telle situation peut avoir lieu. C'est en effet la victime qui est rabrouée et le coupable pardonné sans ambages. On veut comprendre pourquoi, comment une telle chose est possible, et on est révolté par certaines paroles échangés entre membres d'une même famille. C'est intéressant et cela ouvre beaucoup de questions. En tant que père et fils, je peux comprendre l'instinct de vouloir protéger son enfant ou son propre père, quitte à vouloir occulter des choses terribles, à essayer de les enfouir pour qu'elles disparaissent éventuellement et permettre ainsi de retrouver une vie familiale sereine. Mais en même temps, comment imaginer faire ça au détriment d'un autre membre de votre famille ? En cela, le comportement de la grand-mère est odieux, et celui de la mère décevant de passivité. Toute la complexité de cette situation est bien mise en avant ici... mais certains choix narratifs me laissent un peu perplexe. Je n'ai notamment pas compris ce choix de laisser planer le doute jusqu'à tard dans l'album sur l'identité du coupable. C'est clairement voulu mais je n'ai pas vu ce que cela apportait si ce n'est une confusion chez le lecteur. D'autant que quand celui-ci est finalement désigné, il faut revenir en arrière dans les pages pour savoir qui il est et quel est son rapport avec l'héroïne et les autres membres de la famille. De même, la réalité de ce qu'il s'est passé autrefois n'est dévoilée que bribes par bribes, laissant là encore le lecteur dans l'inconnu pendant un bon moment. J'ai le sentiment que si le lecteur avait su plus rapidement qui était qui et ce qu'il s'était passé concrètement, il aurait pu mieux appréhender les réactions de chaque membre de la famille et ne pas être trop longtemps laissé de côté, comme un intrus dans une famille étrangère. Cela a légèrement gâché le plaisir et l'intensité de ma lecture alors que l'album est bien fait et aborde avec sincérité et intérêt un sujet complexe et intime.
Kuzuryu
2.5 Un manga qui rappelle ''Lone Wolf & Cub'' et d'ailleurs c'est paru à la même époque. Ce que j'ai surtout aimé c'est le dessin de Shotaro Ishinomori qui est beaucoup plus réaliste que ce qu'on retrouve dans ses autres mangas parus en français. Il y a de superbes planches. Sinon, le scénario se passe dans le Japon historique et même si j'aime bien l'histoire, plusieurs mangas qui se passent durant cette période ne m'ont pas intéressé et ici j'ai trouvé le résultat moyen. Le héros est typiquement le genre de héros macho qui me laisse indifférent: il est surtout fort et réussit toujours à battre les méchants tout en restant stoïque. Heureusement, il devient un peu intéressant lorsque le scénario met en avant sa vengeance, surtout lorsqu'il va enfin exprimer des émotions comme un humain normal. Le récit mélange des chapitres qui font avancer la trame principale et les récits épisodiques où le héros vit des aventures à chaque village où il se rend. Le résultat est inégal et mon intérêt variait selon les chapitres, certains étant bons et d'autres d'intérêt limité. Au final, cela se laisse lire, mai ce n'est pas un album que je relirai un jour, surtout qu'il est lent.
Sous la ceinture
Une jeune femme, Diane, espoir de la boxe, qualifiée aux J.O., abandonne brusquement sa carrière, et disparait des radars. Jusqu’à ce qu’elle entende parler à la télé de son entraineur de l’époque, et que revienne à la surface le viol dont elle a été victime de sa part. d’abord hésitante, elle va alors se lancer dans un pari fou pour faire éclater la vérité et surtout se venger publiquement, en le défiant dans un match de boxe, en se faisant passer pour un garçon ! Le sujet est des plus actuels – hélas ! – et dans la ligne des vagues « metoo », et Freaks y ajoute l’homosexualité dans le sport, et flirt avec le travestissement. La narration est fluide et globalement agréable, comme la lecture. Et on ne peut que soutenir les idées véhiculées par Freaks, et incarnées par Diane, même si l’intrigue semble en grande partie romancée et ne s’inspirant pas directement d’une histoire vraie. Mais je n’irai pas au-delà des trois étoiles, contrairement à Spooky. D’abord parce que le dessin, pourtant très lisible, n’est pas très fouillé ou pas trop ma tasse de thé. Ensuite parce que j’ai trouvé un peu improbable certains détails du scénario. La façon dont Diane réussit à masquer sa féminité au cours des différents combats, et j’ai du mal à croire qu’une femme puisse vaincre autant de boxeur masculins (aguerris), même si je n’y connais pas grand-chose en boxe. Un sujet intéressant, traité de façon assez original. Il m’a toutefois manqué quelques petites choses pour davantage apprécier ma lecture.
Sp4rx
Un album que j’ai trouvé au fin fond du rayon comics, l’objet m’a suffisamment titillé pour l’emprunt. Je découvre l’éditeur et l’auteur pour l’occasion. Une lecture curieuse mais qui ne restera pas spécialement dans ma mémoire. J’ai mis une trentaine de pages avant de vraiment pouvoir me plonger dans l’histoire. Cette dernière n’est pas désagréable mais fait franchement déjà vu, un futur divisé en 2 classes, le classique inférieurs vs supérieurs. Nous y suivrons Sp4rx, hacker surdoué qui survie comme il peut, avant d’embrasser la cause de la résistance contre la méchante corporation. Vous l’aurez compris, pas de grande originalité pour le fond, par contre la forme possède quelques qualités. Si le récit s’avère linéaire, j’ai bien aimé certains passages, comme les pages du JT qui donnent des clés de compréhension de façon ingénieuses sur pas mal de thématiques de ce monde pourri (pub, sport, débat, religion …), où les passages dans la « matrice » graphiquement réussis avec ce noir et blanc, une fin sympa … Le dessin au style simple et enfantin n’a pas été un frein (dans la veine de Guillaume Long et Max de Radiguès), je n’ai tiqué que sur ses nez (il gommera ce reproche en cours de route). L’auteur arrive à jouer avec ses qualités et défauts pour créer une certaine atmosphère et ambiance. Rien de fou ni novateur mais quand même pas mal.