Une narration quelque peu déconcertante constituée de courts chapitres et surmontée d'une voix off. Dommage car ce récit de Lionel Tran bien illustré par Ivan Brun dans un style réaliste avait de bonnes idées. On pense être dans un récit d'anticipation à une époque indéfinie. La France est en grève à cause de réformes sur le chômage ou les retraites, ce qui reste tristement d'actualité. De même on y évoque une certaine vacuité de l'existence dans une planète où le climat se dégrade. Un discours de plus de 20 ans on ne peut plus vrai en 2025.
Un couple de japonais débarque à Paris dans une espèce de squat. On comprend qu'ils font des sortes de performance artistique, tout en jouant en ligne à un jeu prenant muni de lunettes de réalité virtuelle (encore une fois c'est devenu réalité). Lui n'a pas de "vrai" travail, quant à elle seulement un petit emploi alimentaire. Dans cette auberge espagnole, plusieurs dialogues sont en anglais et non traduits. Je n'ai pas très bien capté la finalité de tout ça.
Un petit 3.
Ici pas de shérif véreux à la solde de propriétaires terriens, pas de saloon avec des outlaws à la gâchette facile. On a droit à plusieurs protagonistes des tenanciers d'un relais, un petit convoi de migrants, des Amérindiens (Comanches, Hutes, Navajos) sans oublier quelques bandits qui seront le grain de sable dans cette trame, ce qui donne un bon petit western sans grande prétention mais tout de même efficace malgré ses 54 planches ; il y a aussi un petit clin d'oeil à Blueberry en fin d'album qui fait sourire.
Certains passages peuvent paraître téléphonés, mais cela ne m'a aucunement gêné dans ma lecture, c'était peu pour bouder mon plaisir.
Le dessin de Daniel Brecht est d'une grande simplicité, un dessin pas très fouillé, mais je lui trouve un certain charme, il est simple mais très efficace.
Les Justes propose de retracer, à raison d'un album par volume, l'histoire de grandes figures ayant risqué leur vie pour sauver des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Si le scénario est confié à Sébastien Le Naour, chaque tome bénéficie du regard graphique d'un dessinateur différent.
Le premier volume met en lumière le couple Emilie et Oskar Schindler, rappelant à juste titre que ce n'est pas seulement l'industriel popularisé par La Liste de Schindler qui a œuvré pour le Bien. À travers le récit qu'Emilie livre en Argentine puis en Europe à deux journalistes venus l'interviewer, se dessine un portrait sans complaisance : celui d'un homme complexe, égoïste et volage dans sa vie intime, mais capable d'un engagement total dès qu'il prend conscience du sort tragique réservé aux Juifs. Le contraste entre ses faiblesses personnelles et sa force d'action donne une dimension très humaine au récit, renforcée par la mise en scène des initiatives d'Emilie elle-même. Le dessin expressif de Christelle Galland, avec son encrage épais et moderne, accentue l'intensité dramatique de certaines scènes et confère parfois au récit une énergie presque romanesque, faite de tension et de suspens.
Le second tome, consacré au diplomate suisse Carl Lutz, adopte un ton plus sobre et une mise en forme proche du documentaire. L'action s'y déploie de 1935 jusqu'à la fin de la guerre, dans une narration plus factuelle que romanesque. Le dessin, précis et austère, soutient ce parti pris, mais au détriment d'une certaine vitalité. Lutz agit surtout par la voie administrative et bénéficie d'une relative protection diplomatique, ce qui rend son parcours moins palpitant que celui de Schindler. Cela n'enlève rien à son courage ni à l'ampleur de ses actes, mais la lecture se révèle moins immersive. L'album garde néanmoins une vraie valeur historique et pédagogique, en rappelant que l'héroïsme peut aussi s'incarner dans la patience, la ruse bureaucratique et la ténacité face à la machine nazie.
Un avis très court pour une BD qui ne l'est pas moins. Disons clairement les mots, c'est assez dispensable et peu étayé, mais l'auteur ne cherche pas à faire une dissertation sur le sujet. En même temps, Joe Sacco a déjà traité la question dans deux BD distinctes (Palestine et Gaza 1956), cette BD peut être vue comme un ajout postérieur sur la question des attentats du 7 octobre.
Disons que c'est assez vite lu et expédié et que la BD se concentre surtout sur deux choses : la façon dont les USA se sont mêlées de la situation et ont aggravés les choses notamment en fournissant abondamment des armes à Israël, en inventant des mensonges justifiant les massacres, le tout en précisant que sous Biden -et ça ne s'est surement pas arrangé avec Trump- la démocratie américaine a pris du plomb dans l'aile. La BD est rapidement lue, claire et nette sur son propos.
Sans être indispensable, je pense qu'elle apporte un petit éclairage (à sa modeste échelle) sur ce qui se joue actuellement en Israël, ou un génocide est couvert par tout l'occident sous prétexte de morale...
(la note est difficile à mettre, le 3* est le bon compromis entre la rapidité de lecture, le peu d'informations et la facilité de lecture)
2.5
Une série fantastique correcte sans plus. On retrouve le schéma classique d'un duo de héros qui combat les menaces fantastiques (principalement des sorcières, mais pas que), l'un est un homme mystérieux avec de l'expérience et l'autre est une femme qui veut se venger des sorcières qui ont détruit sa vie lorsqu'elle était jeune.
On a donc droit à des arcs où les héros affrontent des méchants et j'ai souvent eu l'impression de retrouver des éléments de scénarios ou des scènes que j'avais déjà vus avant. Cela me dérangerait moins si j'avais trouvé les scénarios captivants, mais au mieux je trouvais que c'était sympa sans plus. Rien n'a vraiment retenu mon attention et j'ai lu une dizaine de tomes sans grande passion. Il faut dire que le scénario est parfois un peu confus, à moins que ça soit moi qui étais tellement peu passionné que j'oubliais facilement des détails. Le dessin est bon, mais comme c'est souvent le cas avec les mangas, les scènes de combats sont parfois un peu dures à suivre.
Un autre manga fantastique avec des scènes de bastons qui ne renouvelle pas le genre.
Je me suis essayée à la lecture de cet album car, d'une part j'ai beaucoup d'affection pour les récits jeunesse et prend plaisir à en lire de temps en temps, et d'autre part car le style m'avait semblé être au premier abord dans la veine de Benjamin Renner (dont j'apprécie énormément le travail tant en bande dessinée qu'en animation).
Bon, malheureusement, la comparaison avec les albums de Benjamin Renner ne va pas faire briller cet album-ci…
Ce n'est pas mauvais, j'ai retrouvé dans cette histoire une prémisse intéressante, des idées fantaisistes et quelques répliques et tournures de phrases qui, normalement, auraient dû me plaire. Pourtant, j'avoue être restée… circonspecte, tout le long de ma lecture.
En fait, selon moi, le problème vient surtout de l'humour. Qu'il s'agisse du rythme ne laissant pas toujours les moments comiques respirer ou pleinement s'installer, les expressions bien trop souvent neutre des personnages qui n'appuient pas les phrases et réactions comiques, ou même d'un mélange des deux, je ne sais pas. En tout cas, bien que je comprenais ou se trouvait la blague, je n'ai jamais vraiment ris ou souris, rien n'a réussi à accrocher pleinement mon attention.
Peut-être suis-je trop dure ? Sans doute que je ne suis critique avec cet album que parce que je le compare avec tant d'autres passés avant lui et ayant réussi avec plus de talent et de prises de risques. En tout cas je n'ai pas cessé de me dire qu'il y a du bon là-dedans, que même si les gags n'ont pas fait mouche sur moi j'ai tout de même trouvé qu'il y avait deux/trois tournures de phrases bien trouvées, qu'il y avait de bonnes idées de péripéties loufoques aussi. Je déplore seulement le fait que le résultat soit, finalement, passable.
Mais bon, comme dit au début, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux œuvres de Renner dès l'ouverture de cet album et l'histoire ici présente souffre la comparaison. C'est trop mou, trop convenu, les moments comiques ou émotions ne sont pas assez appuyés, … Bref, je n'ai pas retrouvé la fantaisie et l'énergie auxquelles je m'attendais. Une bonne base ne fait pas tout, malheureusement.
J'ai peur d'être trop sévère avec l'album. Je me suis ennuyée à la lecture, le rythme m'a semblé imparfait mais je reconnais que le fond reste bon.
Bon, on va dire que je lui mets la moyenne.
Peut-être l'histoire saura toucher davantage d'autres lecteur-ice-s.
(Note réelle 2,5)
Une courte série en deux tomes basée sur un pitch un peu convenu, mais qui surprend quand même par son traitement qui prend à rebrousse poil le lecteur en proposant un développement inattendu.
En effet, la population apprend de bon matin par courrier qu'une météorite se dirige vers la Terre et qu'elle va éradiquer toute la planète de façon inéluctable. Là on s'attend au virage post apo à suivre, mais au contraire c'est à travers plusieurs personnages développés au fil des deux tomes qu'on va découvrir des personnes cherchant à "positiver" et "faire le bien" dans cette année singulière qu'ils vont traverser.
Les travers de l'humanité ne sont pas évincés, loin de là, mais pour autant, ce qui fait aussi sa singularité et ses bons côtés sont mis en exergue pour une fois.
Le dessin hyper réaliste est bon (réalisé d'après photos ?) et nous immerge pleinement dans cette ambiance surréaliste de fin du monde programmée.
Rojava est une jeune tireuse d'élite kurde qui s'est engagée dans les brigades féminines YPJ pour lutter contre Daesh. Bien malgré elle, son talent et sa beauté attirent l'attention des médias, la propulsant au rang d'icône sur les réseaux sociaux alors qu'elle n'aspire qu'à combattre aux côtés des siennes pour défendre son pays et son peuple. Envoyée sur le front au sein d'une petite escouade, elle découvre la dure réalité du terrain : l'affrontement direct avec l'ennemi, mais aussi une lutte intérieure pour canaliser son ardeur juvénile et affirmer son engagement en faveur de l'émancipation des femmes.
Malgré la gravité de son sujet, cette BD séduit par son graphisme et par la vitalité de ses personnages. Le dessin de Sébastien Morice est chaleureux, porté par un trait souple et dynamique, avec des visages expressifs qui rappellent parfois le comics ou l'animation. Les décors, qu'ils soient désertiques ou faits de villes en ruine, sont sublimés par un travail sur la lumière et la couleur qui leur donne vie, tout autant qu'aux personnages. Seule une certaine ressemblance entre les protagonistes, forcément toutes femmes kurdes brunes en uniforme, peut parfois nuire à la clarté du visuel.
L'intrigue repose sur la rencontre d'un petit groupe de combattantes aux personnalités marquées : l'héroïne douée mais encore immature, la commandante autoritaire mais bienveillante, la blagueuse, la figure maternelle et cuisinière, ou encore la fillette rebelle et souriante qui déborde d'énergie. Leurs interactions et leur coordination au combat constituent le cœur du récit, tout en mettant en avant la thématique incontournable de l'émancipation des femmes, entre un ennemi qui les réduit en esclavage et des traditions kurdes encore fortement conservatrices.
La dimension militaire est également prenante, entre exploration du terrain et description des affrontements. Sur ce point, difficile cependant de juger de la crédibilité : voir trois ou quatre combattantes tenir tête à des dizaines de djihadistes fait parfois penser à un film hollywoodien où seules les balles des héros atteignent leur cible. C'est presque une ode au combat, comme des enfants qui jouent à la guerre des gentils contre les méchants. Et d'ailleurs la présence de la fillette, aussi attachante soit-elle, surprend dans ce contexte violent... mais je n'en dirai pas plus sur la conclusion du premier tome.
En définitive, ce mélange entre volonté de réalisme sur la condition des femmes et mise en scène spectaculaire d'une guerre où une poignée de justes triomphent d'une horde de méchants laisse une impression mitigée même si globalement positive. J'ai beaucoup apprécié le graphisme et les personnages, et l'action m'a happé, mais je reste dubitatif quant au réalisme global et au message de fond. Il me faudra lire le second tome pour affiner mon jugement.
Simon Hureau est un auteur qui m’intéresse et a déjà produit pas mal d’albums qui m’ont plu, assez originaux, tout en restant finalement assez simples. Cet album, qui reprend des choses que l’auteur avait publié en auto-édition. C’est donc quelque chose de relativement ancien.
C’est un recueil d’histoire courtes, sans gaufrier, avec un personnage qui monopolise quasiment toutes les images, et dont les monologues – rares sont les échanges avec d’autres protagonistes – envahissent l’espace. C’est en effet parfois très bavard, comme notre vieillard, qui semble avoir encore une petite réserve d’énergie à dépenser.
Il le fait en vociférant, en râlant, en invectivant passants ou même l’humanité. Notre vieillard peut s’avérer retors, faisant un croque-en-jambe à un passant, mais aussi attendrissant. Mais c’est quand même sa misanthropie qui domine.
Le dessin est simple, mais agréable. Sans prétention, cet album est sympathique, même si Hureau a fait plus captivant ailleurs.
Du Ito classique, dans sa bonne moyenne, ce qui devrait plaire à ses lecteurs habituels. La récente rééditions – chez Mangetsu, mais pas seulement – de l’œuvre de ce mangaka permet aussi à de nouveaux lecteurs de découvrir cet auteur, dont pas mal d’albums étaient épuisés, même si parfois certaines histoires sont reprises d’un recueil à l’autre suivant les éditeurs.
On retrouve donc ici quelques fondamentaux d’Ito. D’abord son dessin, avec un trait fin et précis, qui pourrait être sensuel, mais qu’il utilise essentiellement pour créer un contraste entre des personnages parfois presque « mignons » et des situations qui le sont nettement moins.
Car c’est avant tout ça Ito, un créateur d’ambiances où le malaise s’immisce progressivement, où l’étrange s’invite et sature peu à peu l’espace, avec du fantastique plus ou moins noir et dérangeant. Qui vire même parfois au gore, au glauque. Je pense ici à l’histoire intitulée « Lipidémie », avec cette graisse et ces pustules qui éclatent, mais d’autres histoires dans ce recueil – dont la dernière, la plus récente, « Stratophobie » – relèvent d’une horreur gore.
Si Ito arrive très bien à faire monter le malaise et l’horreur, il peine toutefois à l’entretenir sur la durée, et ses histoires, malgré leur taille relativement réduite (même si pas tant que ça finalement) souffrent parfois de longueurs, et les chutes sont aussi parfois brutales, comme si Ito se débarrassait d’un sujet pour en attaquer un autre.
Je commence maintenant à avoir lu beaucoup d’histoires d’Ito, et je suis quand même admiratif de son imagination. Car, s’il reste dans un style reconnaissable, il renouvèle quand même ses sujets.
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Otaku
Une narration quelque peu déconcertante constituée de courts chapitres et surmontée d'une voix off. Dommage car ce récit de Lionel Tran bien illustré par Ivan Brun dans un style réaliste avait de bonnes idées. On pense être dans un récit d'anticipation à une époque indéfinie. La France est en grève à cause de réformes sur le chômage ou les retraites, ce qui reste tristement d'actualité. De même on y évoque une certaine vacuité de l'existence dans une planète où le climat se dégrade. Un discours de plus de 20 ans on ne peut plus vrai en 2025. Un couple de japonais débarque à Paris dans une espèce de squat. On comprend qu'ils font des sortes de performance artistique, tout en jouant en ligne à un jeu prenant muni de lunettes de réalité virtuelle (encore une fois c'est devenu réalité). Lui n'a pas de "vrai" travail, quant à elle seulement un petit emploi alimentaire. Dans cette auberge espagnole, plusieurs dialogues sont en anglais et non traduits. Je n'ai pas très bien capté la finalité de tout ça. Un petit 3.
Stagecoach Inn - Le Relais des Miraculés
Ici pas de shérif véreux à la solde de propriétaires terriens, pas de saloon avec des outlaws à la gâchette facile. On a droit à plusieurs protagonistes des tenanciers d'un relais, un petit convoi de migrants, des Amérindiens (Comanches, Hutes, Navajos) sans oublier quelques bandits qui seront le grain de sable dans cette trame, ce qui donne un bon petit western sans grande prétention mais tout de même efficace malgré ses 54 planches ; il y a aussi un petit clin d'oeil à Blueberry en fin d'album qui fait sourire. Certains passages peuvent paraître téléphonés, mais cela ne m'a aucunement gêné dans ma lecture, c'était peu pour bouder mon plaisir. Le dessin de Daniel Brecht est d'une grande simplicité, un dessin pas très fouillé, mais je lui trouve un certain charme, il est simple mais très efficace.
Les Justes
Les Justes propose de retracer, à raison d'un album par volume, l'histoire de grandes figures ayant risqué leur vie pour sauver des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Si le scénario est confié à Sébastien Le Naour, chaque tome bénéficie du regard graphique d'un dessinateur différent. Le premier volume met en lumière le couple Emilie et Oskar Schindler, rappelant à juste titre que ce n'est pas seulement l'industriel popularisé par La Liste de Schindler qui a œuvré pour le Bien. À travers le récit qu'Emilie livre en Argentine puis en Europe à deux journalistes venus l'interviewer, se dessine un portrait sans complaisance : celui d'un homme complexe, égoïste et volage dans sa vie intime, mais capable d'un engagement total dès qu'il prend conscience du sort tragique réservé aux Juifs. Le contraste entre ses faiblesses personnelles et sa force d'action donne une dimension très humaine au récit, renforcée par la mise en scène des initiatives d'Emilie elle-même. Le dessin expressif de Christelle Galland, avec son encrage épais et moderne, accentue l'intensité dramatique de certaines scènes et confère parfois au récit une énergie presque romanesque, faite de tension et de suspens. Le second tome, consacré au diplomate suisse Carl Lutz, adopte un ton plus sobre et une mise en forme proche du documentaire. L'action s'y déploie de 1935 jusqu'à la fin de la guerre, dans une narration plus factuelle que romanesque. Le dessin, précis et austère, soutient ce parti pris, mais au détriment d'une certaine vitalité. Lutz agit surtout par la voie administrative et bénéficie d'une relative protection diplomatique, ce qui rend son parcours moins palpitant que celui de Schindler. Cela n'enlève rien à son courage ni à l'ampleur de ses actes, mais la lecture se révèle moins immersive. L'album garde néanmoins une vraie valeur historique et pédagogique, en rappelant que l'héroïsme peut aussi s'incarner dans la patience, la ruse bureaucratique et la ténacité face à la machine nazie.
Guerre à Gaza
Un avis très court pour une BD qui ne l'est pas moins. Disons clairement les mots, c'est assez dispensable et peu étayé, mais l'auteur ne cherche pas à faire une dissertation sur le sujet. En même temps, Joe Sacco a déjà traité la question dans deux BD distinctes (Palestine et Gaza 1956), cette BD peut être vue comme un ajout postérieur sur la question des attentats du 7 octobre. Disons que c'est assez vite lu et expédié et que la BD se concentre surtout sur deux choses : la façon dont les USA se sont mêlées de la situation et ont aggravés les choses notamment en fournissant abondamment des armes à Israël, en inventant des mensonges justifiant les massacres, le tout en précisant que sous Biden -et ça ne s'est surement pas arrangé avec Trump- la démocratie américaine a pris du plomb dans l'aile. La BD est rapidement lue, claire et nette sur son propos. Sans être indispensable, je pense qu'elle apporte un petit éclairage (à sa modeste échelle) sur ce qui se joue actuellement en Israël, ou un génocide est couvert par tout l'occident sous prétexte de morale... (la note est difficile à mettre, le 3* est le bon compromis entre la rapidité de lecture, le peu d'informations et la facilité de lecture)
The Witch and the Beast
2.5 Une série fantastique correcte sans plus. On retrouve le schéma classique d'un duo de héros qui combat les menaces fantastiques (principalement des sorcières, mais pas que), l'un est un homme mystérieux avec de l'expérience et l'autre est une femme qui veut se venger des sorcières qui ont détruit sa vie lorsqu'elle était jeune. On a donc droit à des arcs où les héros affrontent des méchants et j'ai souvent eu l'impression de retrouver des éléments de scénarios ou des scènes que j'avais déjà vus avant. Cela me dérangerait moins si j'avais trouvé les scénarios captivants, mais au mieux je trouvais que c'était sympa sans plus. Rien n'a vraiment retenu mon attention et j'ai lu une dizaine de tomes sans grande passion. Il faut dire que le scénario est parfois un peu confus, à moins que ça soit moi qui étais tellement peu passionné que j'oubliais facilement des détails. Le dessin est bon, mais comme c'est souvent le cas avec les mangas, les scènes de combats sont parfois un peu dures à suivre. Un autre manga fantastique avec des scènes de bastons qui ne renouvelle pas le genre.
Betty et Polo
Je me suis essayée à la lecture de cet album car, d'une part j'ai beaucoup d'affection pour les récits jeunesse et prend plaisir à en lire de temps en temps, et d'autre part car le style m'avait semblé être au premier abord dans la veine de Benjamin Renner (dont j'apprécie énormément le travail tant en bande dessinée qu'en animation). Bon, malheureusement, la comparaison avec les albums de Benjamin Renner ne va pas faire briller cet album-ci… Ce n'est pas mauvais, j'ai retrouvé dans cette histoire une prémisse intéressante, des idées fantaisistes et quelques répliques et tournures de phrases qui, normalement, auraient dû me plaire. Pourtant, j'avoue être restée… circonspecte, tout le long de ma lecture. En fait, selon moi, le problème vient surtout de l'humour. Qu'il s'agisse du rythme ne laissant pas toujours les moments comiques respirer ou pleinement s'installer, les expressions bien trop souvent neutre des personnages qui n'appuient pas les phrases et réactions comiques, ou même d'un mélange des deux, je ne sais pas. En tout cas, bien que je comprenais ou se trouvait la blague, je n'ai jamais vraiment ris ou souris, rien n'a réussi à accrocher pleinement mon attention. Peut-être suis-je trop dure ? Sans doute que je ne suis critique avec cet album que parce que je le compare avec tant d'autres passés avant lui et ayant réussi avec plus de talent et de prises de risques. En tout cas je n'ai pas cessé de me dire qu'il y a du bon là-dedans, que même si les gags n'ont pas fait mouche sur moi j'ai tout de même trouvé qu'il y avait deux/trois tournures de phrases bien trouvées, qu'il y avait de bonnes idées de péripéties loufoques aussi. Je déplore seulement le fait que le résultat soit, finalement, passable. Mais bon, comme dit au début, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux œuvres de Renner dès l'ouverture de cet album et l'histoire ici présente souffre la comparaison. C'est trop mou, trop convenu, les moments comiques ou émotions ne sont pas assez appuyés, … Bref, je n'ai pas retrouvé la fantaisie et l'énergie auxquelles je m'attendais. Une bonne base ne fait pas tout, malheureusement. J'ai peur d'être trop sévère avec l'album. Je me suis ennuyée à la lecture, le rythme m'a semblé imparfait mais je reconnais que le fond reste bon. Bon, on va dire que je lui mets la moyenne. Peut-être l'histoire saura toucher davantage d'autres lecteur-ice-s. (Note réelle 2,5)
Le Dernier Écho de notre existence
Une courte série en deux tomes basée sur un pitch un peu convenu, mais qui surprend quand même par son traitement qui prend à rebrousse poil le lecteur en proposant un développement inattendu. En effet, la population apprend de bon matin par courrier qu'une météorite se dirige vers la Terre et qu'elle va éradiquer toute la planète de façon inéluctable. Là on s'attend au virage post apo à suivre, mais au contraire c'est à travers plusieurs personnages développés au fil des deux tomes qu'on va découvrir des personnes cherchant à "positiver" et "faire le bien" dans cette année singulière qu'ils vont traverser. Les travers de l'humanité ne sont pas évincés, loin de là, mais pour autant, ce qui fait aussi sa singularité et ses bons côtés sont mis en exergue pour une fois. Le dessin hyper réaliste est bon (réalisé d'après photos ?) et nous immerge pleinement dans cette ambiance surréaliste de fin du monde programmée.
Rojava
Rojava est une jeune tireuse d'élite kurde qui s'est engagée dans les brigades féminines YPJ pour lutter contre Daesh. Bien malgré elle, son talent et sa beauté attirent l'attention des médias, la propulsant au rang d'icône sur les réseaux sociaux alors qu'elle n'aspire qu'à combattre aux côtés des siennes pour défendre son pays et son peuple. Envoyée sur le front au sein d'une petite escouade, elle découvre la dure réalité du terrain : l'affrontement direct avec l'ennemi, mais aussi une lutte intérieure pour canaliser son ardeur juvénile et affirmer son engagement en faveur de l'émancipation des femmes. Malgré la gravité de son sujet, cette BD séduit par son graphisme et par la vitalité de ses personnages. Le dessin de Sébastien Morice est chaleureux, porté par un trait souple et dynamique, avec des visages expressifs qui rappellent parfois le comics ou l'animation. Les décors, qu'ils soient désertiques ou faits de villes en ruine, sont sublimés par un travail sur la lumière et la couleur qui leur donne vie, tout autant qu'aux personnages. Seule une certaine ressemblance entre les protagonistes, forcément toutes femmes kurdes brunes en uniforme, peut parfois nuire à la clarté du visuel. L'intrigue repose sur la rencontre d'un petit groupe de combattantes aux personnalités marquées : l'héroïne douée mais encore immature, la commandante autoritaire mais bienveillante, la blagueuse, la figure maternelle et cuisinière, ou encore la fillette rebelle et souriante qui déborde d'énergie. Leurs interactions et leur coordination au combat constituent le cœur du récit, tout en mettant en avant la thématique incontournable de l'émancipation des femmes, entre un ennemi qui les réduit en esclavage et des traditions kurdes encore fortement conservatrices. La dimension militaire est également prenante, entre exploration du terrain et description des affrontements. Sur ce point, difficile cependant de juger de la crédibilité : voir trois ou quatre combattantes tenir tête à des dizaines de djihadistes fait parfois penser à un film hollywoodien où seules les balles des héros atteignent leur cible. C'est presque une ode au combat, comme des enfants qui jouent à la guerre des gentils contre les méchants. Et d'ailleurs la présence de la fillette, aussi attachante soit-elle, surprend dans ce contexte violent... mais je n'en dirai pas plus sur la conclusion du premier tome. En définitive, ce mélange entre volonté de réalisme sur la condition des femmes et mise en scène spectaculaire d'une guerre où une poignée de justes triomphent d'une horde de méchants laisse une impression mitigée même si globalement positive. J'ai beaucoup apprécié le graphisme et les personnages, et l'action m'a happé, mais je reste dubitatif quant au réalisme global et au message de fond. Il me faudra lire le second tome pour affiner mon jugement.
Filandreux
Simon Hureau est un auteur qui m’intéresse et a déjà produit pas mal d’albums qui m’ont plu, assez originaux, tout en restant finalement assez simples. Cet album, qui reprend des choses que l’auteur avait publié en auto-édition. C’est donc quelque chose de relativement ancien. C’est un recueil d’histoire courtes, sans gaufrier, avec un personnage qui monopolise quasiment toutes les images, et dont les monologues – rares sont les échanges avec d’autres protagonistes – envahissent l’espace. C’est en effet parfois très bavard, comme notre vieillard, qui semble avoir encore une petite réserve d’énergie à dépenser. Il le fait en vociférant, en râlant, en invectivant passants ou même l’humanité. Notre vieillard peut s’avérer retors, faisant un croque-en-jambe à un passant, mais aussi attendrissant. Mais c’est quand même sa misanthropie qui domine. Le dessin est simple, mais agréable. Sans prétention, cet album est sympathique, même si Hureau a fait plus captivant ailleurs.
Carnage
Du Ito classique, dans sa bonne moyenne, ce qui devrait plaire à ses lecteurs habituels. La récente rééditions – chez Mangetsu, mais pas seulement – de l’œuvre de ce mangaka permet aussi à de nouveaux lecteurs de découvrir cet auteur, dont pas mal d’albums étaient épuisés, même si parfois certaines histoires sont reprises d’un recueil à l’autre suivant les éditeurs. On retrouve donc ici quelques fondamentaux d’Ito. D’abord son dessin, avec un trait fin et précis, qui pourrait être sensuel, mais qu’il utilise essentiellement pour créer un contraste entre des personnages parfois presque « mignons » et des situations qui le sont nettement moins. Car c’est avant tout ça Ito, un créateur d’ambiances où le malaise s’immisce progressivement, où l’étrange s’invite et sature peu à peu l’espace, avec du fantastique plus ou moins noir et dérangeant. Qui vire même parfois au gore, au glauque. Je pense ici à l’histoire intitulée « Lipidémie », avec cette graisse et ces pustules qui éclatent, mais d’autres histoires dans ce recueil – dont la dernière, la plus récente, « Stratophobie » – relèvent d’une horreur gore. Si Ito arrive très bien à faire monter le malaise et l’horreur, il peine toutefois à l’entretenir sur la durée, et ses histoires, malgré leur taille relativement réduite (même si pas tant que ça finalement) souffrent parfois de longueurs, et les chutes sont aussi parfois brutales, comme si Ito se débarrassait d’un sujet pour en attaquer un autre. Je commence maintenant à avoir lu beaucoup d’histoires d’Ito, et je suis quand même admiratif de son imagination. Car, s’il reste dans un style reconnaissable, il renouvèle quand même ses sujets.