Les derniers avis (48018 avis)

Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série De pierre et d'os
De pierre et d'os

Cette adaptation me permet de découvrir Krassinsky. Le sujet est beau : le quotidien des Inuits, leur lutte pour la survie, leur organisation sociale et notamment la condition des femmes, leurs traditions et croyances, leur rapport à la nature et à la faune environnante. Le style graphique l'est également : de tendres couleurs à l'aquarelle, un trait rond assez expressif, une économie de mots pour magnifier les cases amples et la mise en page dynamique. Pour autant, la magie n'a pas opéré et la distance entre cette culture et la mienne est demeurée profonde. Le sujet du viol m'interpellait, mais je n'ai pu comprendre comment cet accommodement forcé de l'héroïne a pu dévier vers un banal refoulement (en 2025, il n'est plus possible pour le narrateur de prendre autant de distance avec cet événement, de s'en tenir aux agissements certes plausibles et vraisemblables de son héroïne-victime). Cette distance se retrouve également lors des chants chamaniques qui n'atteignent pas la poésie espérée. Une jolie saga, un sujet rare, mais un regard absent proposant du descriptif quand de la vie et des destins étaient espérés.

04/10/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Les Aventures de Lapinot
Les Aventures de Lapinot

Retour chez Dargaud pour Trondheim, engendrant l'arrêt des Nouvelles aventures de Lapinot et le lancement de cette "Aventure de Lapinot dans une situation pas possible". Aucune véritable rupture néanmoins hormis ce changement d'éditeur. Je ne sais si l'impulsion et l'inspiration s'étaient quelque peu taries dans les locaux de L'Association, je constate modestement que la qualité était moindre depuis que les aventures avaient perdu en formidable, davantage la faute selon moi à des scénarios souvent bien maigres, que l'auteur parvenait néanmoins à sublimer via des illustrations chaleureuses et sympathiques associées à un réel talent de dialoguiste. Le scénario de ce premier tome est totalement rocambolesque et eut pu être écrit par l'inénarrable personnage de Richard. Peut-être un moyen pour l'auteur de personnifier une liberté éditoriale retrouvée, pour un résultat que L'Association aurait néanmoins sans doute validé, tant il s'inscrit dans une continuité. C'est toujours très agréable à lire, un divertissement humaniste discourant sans véritable revendication ni accusation sur nos sociétés contemporaines. Mon point de vue sur les Nouvelles aventures est encore d'actualité pour cette aventure-ci, pas de baisse de régime selon moi (manque d'objectivité, horizon d'attente préparé par l'avis de Tomdelapampa ?).

04/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Putzi
Putzi

Le scénariste adapte son propre roman et disons que ça se voit que c'est un roman au vu des nombreux textes narratifs, ça peut prendre des pages avant qu'un des personnages parle ! On suit la vie d'Ernst Hanfstaengl, un des premiers compagnons d'Hitler qui est peu connu. Il faut dire que le dictateur l'a vite viré de son entourage une fois qu'il a obtenu le pouvoir. Il y a des bonnes anecdotes, mais on tombe dans les travers des biographies en BD : on a souvent un résumé de ce qui arrive à Hanfstaengl et on saute d'une époque à une autre rapidement. J'aurais préféré, par exemple, qu'on voit un peu plus en quoi celui qu'on surnommait Putzi a été important dans les premières années politiques d'Hitler. Il parait qu'il avait des contacts influents, mais on voit surtout qu'Hitler aimait sa femme et qu'il joue Wagner au piano. S'il y a des bons passages, cela devient un peu monotone à un moment vu que le type a l'habitude de manquer son rendez-vous avec l'histoire et à la fin il a l'air d'un gros loser. Enfin un loser qui a vécu libre plus longtemps que la plupart de ses compagnons d'armes, la vie de Putzi est à lire pour au moins découvrir à quel point la vie est ironique. Le dessin est correct, mais la mise en page manque de dynamique, ce qui accentue le fait que ce one-shot est pas mal, mais c'est surtout un album à emprunter parce que l'envie de relecture est tout de même un peu nulle.

04/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Vertiges de Quito
Vertiges de Quito

Tronchet est un auteur que j’aime bien, surtout lorsqu’il nous propose des histoires dominées par un humour un peu con, de l’humour noir et pas mal de cynisme, avec des anti-héros frôlant le pathétique. Même s’il a aussi publié des histoires plus classiques et intéressantes hors de ce cadre, c’est quand même dans cette veine humoristique que je l’attendais (ou l’espérais ?) ici. Il faut dire que le titre, allez savoir pourquoi, m’avais fait penser à l’album de Fabcaro Carnet du Pérou, ce qui avait renforcé mes attentes. Sauf que, contrairement à Fabcaro, Tronchet a bien mis les pieds dans le pays décrit – il y est même resté près de trois ans avec sa femme (Anne Sibran) et leur fils. Et qu’en plus ici on est plus proche du carnet de voyage classique que de la franche déconne. La lecture est plaisante, mais m’a un chouia laissé sur ma faim. Surtout la première partie, intéressante, avec quelques anecdotes amusantes ou plaisantes, mais qui n’égale pas les récits de Guy Delisle. La deuxième moitié de l’album m’a davantage intéressé. On quitte Quito pour aller à la rencontre d’Indigènes dans la forêt amazonienne, puis on traverse un immense lac de sel, pour finir par évoquer une mine d’argent (cette dernière visite inspirera probablement en partie Anne Sibran pour un roman, puis Tronchet pour son adaptation en BD dans Le Monde du dessous). Là il y a plus de réflexion, la partie documentaire et critique affleure davantage et rehausse l’intérêt de la lecture. Les parents n’ont pas hésité à laisser leur fils vivre un long séjour parmi les « Indigènes », et plus généralement des aventures exotiques et hors des sentiers battus – je ne sais pas si je l’aurais fait, même si on imagine les expériences et souvenirs extraordinaires que cela a pu lui procurer. Une petite lecture sympathique.

03/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Siegfried
Siegfried

Après lecture de ce triptyque, je suis un peu surpris d'autant de louanges sur cette série qui figure dans les immanquables de BDThèque... En effet, tout comme Bamiléké, j'ai trouvé la narration assez confuse entre passé et présent et avec des ficelles assez faciles pour introduire l'histoire. De plus, il ne se passe quand même pas grand chose dans le tome 1, qui se contente de planter le décor, ainsi que dans le tome 2 consacré au voyage de Siegfried avant l'affrontement final. Le tome 3 est un peu plus fouillé mais cela était malheureusement trop tard pour moi, n'ayant pas été sensible ni à la poésie qui devait se dégager de la série, ni aux personnages très lisses et classiques dans le genre. J'ai également été un peu gêné par le trait très "Disneyien" d'Alex Alice avec son héros au physique parfait, ses jolis loups gambadant dans la forêt et le personnages de Mime au visage plus enfantin, dont l'objectif est uniquement de faire sourire le lecteur avec ses running gag relatifs à son enclume. Il est vrai que je ne connais que très peu le mythe de l'anneau de Nibelung pour apprécier l'adaptation qu'en à faite Alex Alice et que j'ai peut-être trop lu de BD de ce type par le passé pour être surpris par cette série. J'ai ainsi préféré La Quête de l'Oiseau du Temps de Loisel dans le même genre. L'ensemble reste tout de même honnête pour ne pas descendre en dessous de 3/5. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 7/10 NOTE GLOBALE : 12/20

03/10/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Notre affaire - Une BD de combat et d'espoir
Notre affaire - Une BD de combat et d'espoir

BD importante s'il en est. Retour sur le procès Pelicot et sur les dramatiques questions sociétales que cette sordide affaire de viols par soumission chimique nous crache à la figure. Cette œuvre collective se propose via de multiples récits essentiellement documentaires, réalisés par des auteurs généralement différents, de rendre compte de l'importantissime procès des viols de Mazan. Après cette affaire, il n'est plus tenable de réfuter la réalité de la culture du viol dans nos sociétés patriarcales. Oui, cela choque, heurte bien des hommes, mais c'est une réalité idéologique et surtout sociologique. Cela n'équivaut pas à prétendre que tous les hommes sont des "crocodiles" violeurs en puissance, mais déclare simplement et tristement que de multiples pans de notre culture, que les lois de nos sociétés, etc. instaurent une norme comportementale empreinte de sexisme et de misogynie ayant de multiples conséquences, toutes minimisées et excusées, dont les plus dramatiques sont les féminicides et viols. Loin d'être indigeste, ce volumineux pavé se lit d'une traite le souffle coupé : cette affaire happe l'attention tant elle bouscule notre croyance en l'homme. Egalement parce que la BD, certes souvent dans la paraphrase ou "l'anecdotique", parvient à recréer le sentiment alors dominant chez les féministes s'étant emparées du sujet, que cette fois, la situation bougerait, que la honte changerait de camp ! Non, il ne s'agissait généralement pas de monstres : les coupables n'étaient que des hommes, de simples routiers, pompiers, ouvriers..., parfois de bons pères de famille, des conjoints aimant, de bons employés appréciés de leurs collègues et patrons, des hommes pour nombre d'entre soutenus durant le procès par leurs proches et notamment leur conjointe. Cette BD malheureusement met peu en perspective les choses, la faute aussi au projet initial, à ce souhait de construire une œuvre collective offrant modérément la possibilité de développer un point de vue, de synthétiser une pensée. Les brefs propos sur l'inceste et la culture du viol font entrevoir ce qu'aurait pu être cette BD, mais le projet ne souhaitait visiblement pas l'ampleur, plutôt dégager le sentiment d'une prise de conscience collective pouvant laisser espérer des jours meilleurs. Sur ce point, c'est réussi.

03/10/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
Couverture de la série Derrière la porte
Derrière la porte

J’ai acheté cet album de James Tynion IV (The Department of Truth, Something is Killing the Children) pour lire un soir d’Halloween (en 2022, en VO), aguiché par la superbe couverture aux tons horrifiques, et à ce titre je ressors déçu de ma lecture. On comprend en effet assez rapidement que les cauchemars de Jamie sont des manifestations de problèmes finalement assez terre-à-terre, à savoir les engueulades de ses parents. L’album propose certes une réflexion intéressante et pertinente sur les effets néfastes de nos comportements, nous parents, sur nos progénitures. Mais disons qu’il faut aussi s’enfiler des pages d’élucubrations d’un protagoniste un peu mou et pas toujours très attachant. La mise en image de Gavin Fullerton (inconnu au bataillon) est en tout cas réussie. Une lecture sympathique dans le genre roman graphique relationnel, mais passez votre chemin si vous êtes à la recherche d’une histoire horrifique. Je note que Urban fait aussi coïncider la sortie de l’album avec le mois d’Halloween… oui, je suis cynique.

03/10/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Rose
Rose

Cette série est étrange, et je ne dis pas ça seulement parce que c'est une série fantastique. C'est surtout qu'elle oscille en permanence entre diverses histoires principales qui se croisent, dans une histoire de fantômes. Difficile de décrire la série dans son ensemble, mais tout est articulé autour du personnage de Rose, jeune femme dont le père vient de mourir et qui peut sortir de son corps et parler aux fantômes. C'est assez lent dans le récit bien que les trois tomes embrassent une histoire assez touffue au final. Il y a des questions de famille, d'entreprises pharmaceutique méchante (référence à peine dissimulée du scandale du médiator), de sorcière, de lieux hantés... Mine de rien la densité des sujets est importante, même si je dois dire qu'au sortir du tome 2 je m'attendais à ce que toutes les résolutions ne soient pas satisfaisantes. Ce qui a effectivement été le cas, puisque l'enquête principale n'est pas le point final du récit, étrangement, avec une façon un peu molle de conclure cet arc narratif. Dans l'ensemble c'est une série qui exploite l'idée des fantômes d'une manière originale, en effet, mais pas forcément extraordinaire non plus. A mon goût, ça manque de développement au vu de tout ce qui est présent et des nombreuses thématiques non entièrement développées. Une bonne série mais étrange, vraiment étrange. Elle a une atmosphère unique et se tient, même si je ne la trouve pas formidablement bien.

03/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Lateef - Afghan chez les Cohen
Lateef - Afghan chez les Cohen

2.5 Un documentaire qui raconte la vraie histoire d'un réfugié afghan qui a fini ado à Paris dans une famille de juive venue de Tunisie. La première partie montre la vie quotidienne de Lateef dans son nouvel environnement et c'est pas très captivant de le voir faire la fête avec sa famille d'accueil et ses nouveaux copains, mais au moins c'est sympathique de voir qu'il est capable d'être heureux après tout ce qu'il a vécu. Ensuite, on va voir comment il est passé de l'Afghanistan à la France avec tous les dangers que cela comporte. Il ne faut pas s'attendre à un truc qui creuse le sujet en profondeur comme ''L'Odyssée d'Hakim''. Sur une page on voit les problèmes du voyage, la page suivant Lateef est dans un autre pays, la page d'après on voit un autre problème et ensuite deux-trois cases plus loin il est dans un autre pays, etc et etc....La partie la plus intéressante est lorsque notre pauvre Lateef doit se faire reconnaitre comme réfugié mineur et bonne chance pour faire ça rapidement devant l'administration française qui bien sur prends ses décisions de manière arbitraire. Au final, ça se laisse lire et le dessin est sympa, mais ayant déjà lu d'autres bandes dessinés sur le sujets des migrants, je n'ai pas appris grand chose en dehors de ce qui touche les mineurs, le documentaire portant pour une fois sur un ado et non un adulte. C'est un album intéressant si on veut un résumé rapide sur ce qui vit ses humains qui traversent des pays et des pays pour arriver à leur destination, mais si on n'a pas peur de grosses lectures, je conseil plus la lecture de L'Odyssée d'Hakim qui est vraiment la meilleur série sur le sujet.

02/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Mythe de l’ossuaire - Des milliers de plumes noires
Le Mythe de l’ossuaire - Des milliers de plumes noires

Je découvre en mettant cet avis que l’album fait partie d’un édifice plus vaste, dont il est la deuxième pierre. Je n’ai pas lu le précédent album, mais chacun semble pouvoir se lire indépendamment. Du moins, si j’en crois Mac Arthur le premier n’éclaire pas forcément l’intrigue de celui-ci. Car c’est un peu le reproche que je peux faire à cet album, si la lecture n’est jamais déplaisante ou ennuyeuse, j’en suis sorti en me demandant où Lemire voulait en venir. De la même façon – mais peut-être ne suis-je pas suffisamment connaisseur de l’auteur – je n’ai pas forcément retrouvé la patte de Lovecraft, pourtant visiblement revendiquée, si ce n’est une certaine ambiance morbide et angoissante, et la menace latente de « monstres » encore mal identifiés. Un fin mot de l’histoire obscur donc, ce qui entraine un peu de frustration (en particulier autour de la « disparition » de l’une des héroïnes). Mais cela dit la lecture n’est pas désagréable. Les différents lieux /époques (le passé durant l’enfance des deux héroïnes, le présent pas mal d’années plus tard, et un monde parallèle illustrant l’univers fantasy d’un livre que les deux adolescentes étaient en train d’inventer/écrire) s’imbriquent assez bien, les allers-retours entre ces moments ne hachent pas trop le récit. Mise en page et narration, mais aussi le dessin, sont aussi pour beaucoup dans le côté fluide de la lecture (qui est assez rapide, car il n’y a pas beaucoup de texte). Une lecture plaisante donc, très noire, mais qui laisse pas mal de choses en suspens.

02/10/2025 (modifier)