Les derniers avis (338 avis)

Couverture de la série Les dessous de Saint-Saturnin
Les dessous de Saint-Saturnin

Les Dessous de Saint-Saturnin est donc une chronique sociale présentant les vies (banales et tellement complexes) des habitants d'un petit village français. Si je n'ai pas (encore) lu les deux premiers tomes, « Le Bistrot d’Emile » et « Tiff’Annie » (un salon de coiffeur tenue par un personnage nommée Annie…), j'ai été happé par le troisième. En effet, avec "Le Garage de Gégé", Bruno Heitz nous propose de suivre le quotidien ordinaire et pourtant truculent des monsieur et madame tout le monde qui habite la petite commune. Le Garage de Gégé débute dans le cabinet du Docteur Blanchart, où le praticien conseille à la vielle madame Germaine de nager dans une rivière pour soigner ses articulations. Comme celle-ci ne sait pas nager, elle va emprunter une chambre à air au garagiste du coin, tout en se faisant aider par Annie, la coiffeuse aperçue dans les tomes précédents. Mais rapidement, l’histoire va prendre un faux air de polar, lorsqu’ Annie découvre que le garagiste a un comportement un peu louche. Elle va, bien malgré elle, mettre ses petits secrets à jour. Comme je l’ai dit, le Garage de Gégé est une chronique sociale humoristique et grinçante, dans laquelle évoluent des personnages truculents qui ont tous et une toutes une répartie bien cinglante. Bruno Heitz emprunte à la fois à des auteurs comme Georges Simenon (Maigret) et Daniel Pennac (Au Bonheur des Ogres). Côté dessin, le style est, en apparence, simple et épuré, tout en noir et blanc, et évoque à la fois les débuts d’Hergé sur Tintin et des séries comme... Tom Tom et Nana.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Le Grand Migrateur
Le Grand Migrateur

Le Grand Migrateur est une histoire jeunesse, scénarisée par Augustin Lebon et dessinée par Louise Joor, tous deux auteur et autrice complets (Augustin Lebon est le dessinateur de la série Le Révérend, Louise Joor est à l’origine des séries Kanopé et Neska du Clan du Lierre). C’est leur seconde collaboration après la série Résilience (pour laquelle ils avaient co-signé le scénario et le storyboard) et c’est un récit qui a pris le temps de germer dans leur tête pendant une dizaine d’années. L’histoire se déroule sur la planète O’Zhinn, un monde d’héroïc fantasy très original dans lequel se côtoient aussi bien les rois et les princesses, les dinosaures domestiques et les géants végétaux. Ces géants végétaux s’appellent les Grands Migrateurs et, autrefois, sur O’Zhinn, ces derniers sortaient de leur sommeil, tous les 200 ans pour marcher vers les mystérieuses steppes du Nord. Malheureusement, au plus les années passèrent, au plus les Grands Migrateurs furent chassés puis tous exterminés par les humains… tous sauf un, qui se réveille au début du récit. Pour entamer son voyage migrateur, ce dernier va se faire aider par la vielle Dame Odette, une princesse déchue, et son apprenti Childebert, un jeune garçon albinos froussard et mal dans sa peau. Dame Odette est en effet persuadée que si le géant parvient au terme de sa migration, cela fera reculer la mystérieuse glaire noire qui, depuis quelque temps, semble s’abattre sur toute la planète. Louise Joor et Augustin Lebon ont réussi, avec cette aventure, à créer un monde absolument unique et jamais vu, ainsi qu’une mythologie à la fois solide et complétement originale. L’une de leurs meilleures trouvailles étant, d’ailleurs de faire de Dame Odette, une vieille dame déterminée mais acariâtre, le personnage principal attachant d’une aventure jeunesse. On retrouve les thématiques environnementales chères aux deux auteurs et, le dessin de Louise Joor, dans lequel jusqu’ici, se ressentait, entre autre, les influences à Miyazaki, n’a jamais été aussi beau et affirmé.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Paranormalement
Paranormalement

Paranormalement, c’est un petit album, au format A5 de 142 pages. Il s’agit d’un récit autobiographique, en noir et blanc, réalisé par Fabrice Dèfontaines, en réalité l’auteur Fabrice Tarrin, un dessinateur bien connu des amatrices et amateurs de bd car il a dessiné, entre autre, des albums de Spirou et des livres illustrés d’Astérix. Il signe ce livre sous un autre nom et y raconte sa vie quotidienne, celle de son épouse Caro, et leurs deux jeunes enfants Ulysse et Lou. En ouvrant cette bd, on a l’impression qu’on va lire une petite chronique familiale, mignonne et drôle. Cette impression est renforcée par le dessin, différent du dessin habituel de l’auteur, et qui n’est pas sans rappeler ceux d’auteurs comme Sempé (Le Petit Nicolas) ou Geerts (Jojo). Pendant les 20 premières pages, on vit au rythme de cette petite famille et on s’amuse de l’attitude espiègle et des réflexions des enfants. Et puis, le récit se transforme petit à petit et l’auteur parle de son rapport à la mort et, surtout, de ses expériences personnelles avec le paranormal. En effet, depuis tout jeune, il a parfois des prémonitions ou des sortes de visions qu’il n’explique pas et dont il n’a jamais osé parler. Il décide alors de se renseigner sur ces phénomènes en consultant des médiums, en s’exerçant à la technique de sortie du corps, tout en (re)créant un lien entre sa grand-mère décédée et ses deux jeunes enfants. La thématique est très particulière mais l’auteur l’aborde de façon très pragmatique, sans sensationnalisme ni certitudes. Il nous offre juste son expérience personnelle et nous laisse le choix d’y croire ou non…

09/05/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Ils ont tué Leo Frank
Ils ont tué Leo Frank

Tiens, encore une histoire qui se passe dans les années où le lynchage était à la mode aux États-Unis, avec comme originalité que cette-fois la victime d'une justice biaisée est un juif et non un noir. J'aurais d'ailleurs aimé qu'on ne spoile pas dès le début l'issue du procès. Comme l'affaire Léo Frank est peu connu en francophonie et qu'en plus le principal 'témoin' est un homme noir qui est clairement le coupable, ça aurait été plus passionnant de voir qui entre le juif et le noir les notables remplis de préjugés vont finir par croire dans cette affaire incroyable (première fois de ma vie que je vois un afro-américain tuer une blanche et s'en tirer !). La BD se laisse lire, mais je comprends pas l'intérêt de tout raconter via un flashback. Le récit aurait très bien pu être raconté de manière chronologique et finir sur une scène se passant des décennies après l'affaire lorsque le narrateur fait sa grosse révélation finale. Ajoutons qu'en plus le dessin n'est pas terrible. En gros, un album à emprunter une fois à la bibliothèque et c'est tout.

08/05/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Global police - La Question policière dans le monde et l'histoire
Global police - La Question policière dans le monde et l'histoire

Un documentaire sur la police qui parle de plusieurs aspects de cette dernière et qui pose question sur ce qu'on veut vraiment comme type de police. J'ai trouvé que c'était une lecture intéressante et pas du tout aride même si les auteurs balancent un tas d'informations. Tout est bien expliqué et le scénario est bien divisé en plusieurs thèmes. J'ai notamment apprécié toute la partie historique sur la police et aussi les différentes situations à travers le monde et notamment dans des pays non-occidentaux. Il y a des réflexions intéressantes tout au long de l'album et le dessin va très bien pour ce type d'ouvrage. On peut regretter que des points ne sont que survolés, mais c'est une BD et pas un essai, et disons que c'est un bon point de départ si on veut en apprendre sur la police et ses dérives.

08/05/2024 (modifier)
Couverture de la série L'Escadron perdu
L'Escadron perdu

Un album totalement inconnu, acheté au hasard dans un Emmaüs, et dont la lecture se révèle au final intéressante, mais aussi frustrante. Le pitch de départ me faisait craindre une bouse, avec une dose trop forte et - surtout trop maladroite - de fantastique et de n’importe quoi dans des aventures militaires, au cœur de la seconde guerre mondiale. En fait non, ça reste dans certaines limites – idem pour l’aspect uchronique, finalement peu développé. On a donc droit à des super nazis, une troupe d’élite dirigée par des « mages », les simples soldats, souvent transformés en zombies, avec des armes hyper modernes (leur permettant de voler par exemple, ou des "chars/araignées"). Pour mener des missions périlleuses en territoire contrôlé par les Nazis (on est en 1942), une dizaine de super soldats américains, eux aussi dotés de certains pouvoirs psychiques. Si j’ai bien vu la référence aux « Douze salopards » évoquée dans la présentation, celle à « X Files » ne m’est pas apparu très évidente. Le point fort de l’album, c’est le dessin, qui use bien du Noir et Blanc, qui est dynamique et très lisible et agréable. Mais pour ce qui est de l'intrigue, je pense que le concept a été sous-utilisé et je ressors avec quelques frustrations. En effet, il manque quelques bons mots dans les dialogues, et quelques délires au niveau fantastique ou « uchronique » (tant qu’à y aller, autant le faire à fond). De même sur la fin ça tombe trop dans l’action/bagarre/combats, le bourrin prend trop le dessus à mon goût. Ça reste une petite lecture sans prétention, mais pas sans qualité, à lire à l’occasion.

08/05/2024 (modifier)
Par Spooky
Note: 2/5
Couverture de la série Star Naze
Star Naze

Et oui, encore une parodie de l'univers Star Wars. L'avantage c'est qu'au-delà des 11 films, l'univers s'étend avec une nouvelle série chaque année depuis cinq ans. Enfin c'est l'impression que j'ai, alors que j'ai renoncé à suivre cette expansion, me cantonnant aux films, et encore, pas tous. Mais même en n'ayant vu ni The Mandalorian et les autres séries centrées sur des personnages secondaires, voire quaternaires, je réussis à comprendre l'ensemble des gags. D'ailleurs, comme dans la plupart des parodies, ceux-ci sont assez inégaux, mais je leur reconnais une vraie qualité : Ced réussit à ne pas tourner en rond, à faire dans l'originalité, avec relativement peu de redites, ce qui n'est pas évident avec un univers qui doit être le plus pastiché de toute l'histoire du divertissement. Il y a même un soupçon de sexe, avec des sous-entendus et la Princessse Lei..., pardon, Léa qui dévoile par moments sa poitrine. Les différentes trilogies et séries sont parfois mêlées dans les gags, mais le scénariste respecte tout de même la mythologie et pousse même certaines situations jusqu'à l'absurde. Christo a un style de caricaturiste plutôt efficace. Si l'on aborde la parodie de l'univers créé par George Lucas par ce one shot, on passera un petit moment sympa. Si au contraire on en a déjà lu plein, on s'ennuiera assez vite.

08/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Bob Denard - Le dernier mercenaire
Bob Denard - Le dernier mercenaire

J'ai beaucoup apprécié la lecture de cette série. Il faut dire que les "exploits" de Bob Denard à travers la politique africaine de la France ont accompagné une grande partie de ma jeunesse. J'ai connu le terme "affreux" très vite. Je me souviens parfaitement des images abominables du Biaffra et comme j'ai vécu au Nigéria 15 ans plus tard j'ai vu les stigmates de cet horrible conflit. Le scénario d'Olivier Jouvray se lit comme la synthèse d'une page d'histoire contemporaine. Cela se lit très facilement si on connait un peu les événements relatés ainsi que la géographie et la chronologie évoquées. C'est ma réserve sur cet ouvrage qui peut ressembler à un bon essai facilement accessible pour les initiés mais plus difficile pour les jeunes générations. En effet en coulisse des faits décrits, il y a une politique plus générale conduite par des présidents successifs avec une continuité jamais désavouée. La politique africaine de la France est toujours restée la chasse gardée du Président de la République souvent une affaire familiale. L'ouvrage ne peut remonter à la source du côté français et reste au niveau du SDECE. La construction de la narration à deux voix , Denard et la Mort, permet à Jouvray une double analyse. Il se met dans la peau du mercenaire ( assez finement) et il donne une/son appréciation extérieure à ces agissements. Bien que tous ces épisodes soient condamnables et meurtriers, Jouvray ne tombe jamais dans le manichéisme ou la leçon de morale. En effet l'auteur arrive très bien à faire sentir à ses jeunes lecteurs-rices la complexité d'un monde à l'équilibre fragile issu de Yalta. Une politique guidée par l'idée dominante de puissance, idée qui réapparait aujourd'hui. Pour finir avec la narration écrite, Jouvray trouve même l'ingéniosité de saupoudrer son récit d'épisodes humoristiques et drôles. C'est bien sûr un humour noir tellement le contexte ne se prête pas à sourire. Le très beau graphisme de Lilas Cognet contourne avec brio une difficulté majeure du récit. Comment rendre acceptable l'évocation d'une multitude de crimes et massacres où la mort et la souffrance sont omniprésente. L'auteure utilise de façon très judicieuse un ensemble de métaphore qui rend la narration supportable voire plaisante pour une telle thématique. La très belle couverture nous immerge immédiatement dans l'esprit graphique de l'ouvrage. Un crayonné qui exprime sa puissance dans des pleines pages où l'art naïf emprunte à des peintures apocalyptiques comme le Triomphe de la mort de Brueghel l'Ancien. Cognet change de style avec bonheur pour nous proposer une narration visuelle originale et captivante. Une très belle lecture pour (re)découvrir les coulisses sombres de la politique internationale de la deuxième moitié du XXème siècle.

08/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Harmony
Harmony

J’ai enfin pu boucler ma lecture de cette série, je suis d’ailleurs un peu étonné du peu d’avis sur cette dernière. C’est clair que c’est pas la série indispensable mais ça reste sympa à lire. J’aime bien le coup de crayon de Reynes, lisible et dynamique. L’auteur propose de l’aventure plutôt axé ado, il met en scène des jeunes avec des pouvoirs, avec en fil rouge une lutte éternelle entre 2 clans. Le début est bien trouvé avec Harmony, alors jeune ado amnésique, qui se réveille chez un mec relativement suspect. Ça lorgne vers 10 Cloverfield Lane, j’aime bien cette ambiance, les enjeux n’étant pas encore posés. J’avoue que l’histoire, une fois mise en place, m’a moins passionné mais ça reste très facile à suivre. Moins marquant, ça aurait pu être plus court mais dans la même veine/style que Seul ou FRNCK niveau public.

08/05/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série Missak, Mélinée & le groupe Manouchian - Les Fusillés de l'Affiche Rouge
Missak, Mélinée & le groupe Manouchian - Les Fusillés de l'Affiche Rouge

Difficile de masquer un certain embarras à la lecture de cet ouvrage. La couverture, plutôt réussie, était pourtant prometteuse. Simplement, on reste un peu sur sa faim, alors qu’on attendait davantage d’une bande dessinée destinée à célébrer ces héros de la résistance, donnant cette impression lancinante et désagréable que l’on a affaire à un travail de commande. Tout vient en grande partie d’une narration un peu décousue, quand bien même elle remplit convenablement le cahier des charges en retraçant le parcours de Missak Manouchian et en relatant les faits d’armes de l’homme et de ses 22 camarades, si bien évoqués dans la chanson de Louis Aragon et Léo Ferré, « L’Affiche rouge ». Certes, le défi imposé par un tel hommage était immense : non seulement il fallait, dans un format relativement court (143 pages), retracer l’épopée de cette « armée de l’ombre » mais aussi accorder un espace mémoriel équitable à chacun des 23, si bien sûr on excepte Missak et son épouse panthéonisés. Pour ce faire, JD Morvan a choisi de consacrer le premier tiers à la jeunesse de Manouchian jusqu’à son arrivée en France, avec la rencontre de sa chère Mélinée. Jusqu’ici tout va à peu près bien, mais c’est avec l’apparition des autres personnages liés à la Résistance que la confusion s’installe. Dans une chronologie morcelée (et pour tout dire assez fastidieuse), le livre alterne plusieurs récits courts des actions de la Résistance avec les témoignages de Mélinée, des « images d’Epinal » des nombreux attentats commis contre l’envahisseur, ainsi que des portraits pleine page légendés des protagonistes, qui viendront ponctuer les deux cent pages du livre. Face à cet enchevêtrement narratif, c’est un sentiment de confusion qui domine, et je n’ai moi-même pu éviter de céder à l’ennui durant cette lecture, égaré par la multitude de personnages. Cela est fort regrettable et c’est d’autant plus dommage de la part du co-auteur de l’acclamé « Madeleine, résistante ». Ainsi, on ne peut s’empêcher de supposer que l’ouvrage a été conçu dans l’urgence, supposition corroborée par ce rectificatif à l’épisode où l’on voit Missak débarquer à Marseille avec son frère, précisant qu’ « une découverte, trop récente pour [l’]album, montre que Garabed serait arrivé en France un an avant Missak ». Même si bien sûr, on saura gré aux auteurs d’avoir ajouté cette mention… Quant au dessin, il a été confié à Thomas Tcherkezian, un jeune auteur au patronyme explicite et légitimant sa participation au projet, dont c’est ici la première bande dessinée. Une carte de visite de poids pour ce nouveau venu, qui s’acquitte plutôt bien de sa mission en révélant une certaine maîtrise du trait (bien qu’un brin vert), même si on reste dans l’académisme relatif à ce genre d’ouvrage, « lissitude » comprise. D’ailleurs, on peut regretter que celui-ci, soucieux de tout donner pour ce premier projet, ait cru bon de gommer à ce point les aspérités des personnages, en particulier dans les portraits pleine page en question. Loin d’apparaître comme des « métèques » « noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants », la plupart ressemblent à des gravures de mode, y compris Missak dont l’aspect buriné sur sa plus célèbre photo a totalement disparu. Malgré ces quelques critiques, on admettra toutefois volontiers que l’ouvrage conserve une valeur historique qui ne déshonorera pas ces « grands hommes » dont la République peut s’enorgueillir, a fortiori dans le contexte actuel de montée de l’extrême-droite. Il est toujours bon de le rappeler, comme Joséphine Baker admise au Panthéon quelques mois avant, les Manouchian et ses compagnons d’armes étaient tous d’origine étrangère et n’ont jamais obtenu la nationalité française, mais ils demeurent les aïeux, symboliques ou pas, de tous ceux qui constituent aujourd’hui cette fabuleuse mosaïque faisant peuple qu’est la France.

08/05/2024 (modifier)