Les derniers avis (39394 avis)

Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série En Mer
En Mer

Je rejoins les avis enthousiastes en m'étonnant moi-même, mais je suis encore sous le coup de cette Bd et du charme indéniable qui s'en dégage. Il est difficile d'en parler sans en dire trop, tant elle est courte et rapidement lue, mais c'est le genre de BD à l'ambiance et au charme difficiles à expliquer. Le format m'a beaucoup surpris, le fait d'avoir une seule case par page (certes, la page est petite) et l'absence ou presque de dialogues tout du long, donne une lecture rapide, fluide et pourtant plaisante. J'ai eu l'impression de naviguer avec le personnage sur les mers, et de découvrir la raison de cette phrase, au final diablement vraie pour un marin : découvrir qu'il aurait pu vivre sans jamais connaître cette joie d'être en mer. C'est bien amené, et pour une lecture aussi courte c'est saisissant de voir à quel point il a su insuffler une ambiance jusqu'à ce final, caractériser un personnage pourtant presque muet et livrer une histoire qui laisse de telles impressions. Une part de sérénité, de calme, de douceur. En aussi peu de choses, c'est du talent !

08/11/2019 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Dieu en personne
Dieu en personne

Marc-Antoine Matthieu est un auteur qui a été plusieurs fois célébré sur BDthèque pour son originalité et son style. Et n'ayant pas encore découvert celui-ci, je me suis penché sur son Dieu en personne avant d'attaquer les fameux Julius Corentin Acquefacques. Et j'ai beaucoup aimé ! L'ouvrage se veut une sorte de synthèse philosophique de l'idée de Dieu, en dehors de toute considération religieuse, mais également une critique bien sentie de l'humain et de notre société occidentale moderne. Dieu revient sur Terre, et immédiatement se pose la question des procès, de l'argent qu'on peut en tirer et de l'image de marque. Une image peu reluisante de l'être humain mais sans doute bien trop vraie ! Et puis toutes les considérations autour du concept de Dieu, de la vision qu'on peut avoir d'une entité créatrice du monde. Entre la science, la philosophie, la théologie et la logique humaine, il y en a des choses à dire. La BD est verbeuse, mais tout ce texte est nécessaire pour avoir une pleine vision de la situation, et c'est sur ces dialogues que tout repose : l'absurde de cette situation confronté à la logique humaine et la rationalisation de l'irréel. Rien que l'idée centrale du procès est géniale : peut-on juger Dieu ? Sur quels critères et comment ? J'avais vu, à la lecture des autres avis sur les œuvres de l'auteur, qu'il aime le style Kafkaïens tant au niveau de ses histoires que de ses dessins, et je confirme dans ce cas précis. Le dessin en noir et blanc réussit à merveille à rendre une ambiance d'oppression systémique, de méandres administratifs et d'organisations labyrinthiques dans laquelle tout le monde se perd. Les gueules sévères, les cadrages et les décors grandioses accentuent encore ce côté, et donnent une véritable image de monde d'horreur. J'ai beaucoup aimé les circonvolutions de cette BD qui évolue dans plein de sens, jusqu'à un final des plus intéressants. C'est une porte ouverte à toutes les interprétations, de la plus cynique à la plus fantaisiste, avec les indices que l'on veut voir. Marc Antoine Matthieu réussit son propos, sans jamais donner aucune interprétation au-dessus des autres et laissant le choix au lecteur d'en tirer les conclusions qui s'imposent sur Dieu. Quant au monde qu'il nous présente, malheureusement bien trop ressemblant au notre, il ne laisse pas vraiment de doutes possibles sur sa propre stupidité. Une vision très peu optimiste du monde, et de ce qu'on voit jour après jour je ne pense même pas que ce soit si exagéré ... En tout cas je suis ravi de découvrir l'auteur et j'ai hâte de voir les autres séries qu'il propose.

08/11/2019 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Un océan d'amour
Un océan d'amour

En voilà un bel album original, poétique, qui donne le sourire. Pourtant, ce dont parle Lupano ici n'a rien de réjouissant. La pollution, la surpêche, la violence sur les mers... Mais c'est fait avec tant de douceur qu'on ne peut pas ne pas sourire. On suit les aventures d'un marin pêcheur breton, qui prend le large plein de boites de sardines à l'huile à bord (généreusement données par sa bien aimée), et à qui il va arriver tout un tas de péripéties. Il s'échouera, se trouvera perdu en pleine mer, arrêté, sauvé par des pirates sanguinaires, etc. Et tout ça sans texte, dans une bd totalement muette. On prend donc le temps de s'attarder sur les dessins, sur les personnages ultra expressifs de Grégory Panaccione, sur la différence entre le tout petit bateau du héros et les énormes rafiots pollueurs ou pécheurs intensifs. Et surtout, on prend le temps de s'attarder sur la mer, cette grande mer tantôt déchainée, tantôt reconnaissante, tantôt ingrate et tantôt souillée, dévastée par l'Homme. Car si il n'y a pas de texte, Lupano fait bel et bien passer son message. La mer est grande, la mer est belle, la mer est l'aventure, mais la mer est aussi en danger. La mer est aussi pleine de plastique, pleine de pétrole et pleine de carcasses de poissons. On sort donc de cette bd avec l'envie de préserver la mer, mais aussi de prendre le large, de partir à l'aventure. Car "Un Océan d'amour" est un grand récit d'aventure. L'aventure de notre petit pécheur breton, puis celle, encore plus rocambolesque, de sa femme, bretonne à la coiffe bigoudène, qui devient une star mondiale, après être partie à la recherche de son mari disparu, sur les conseils d'une voyante. J'ai un peu moins accroché avec cette partie du récit, même si c'est quand même assez rigolo. Et puis Panaccione se régale à dessiner cette grosse bretonne joufflue et pleine de vie et ce petit marin chétif et grognon, ça se voit. C'est un coup de cœur pour moi, et la deuxième bd sans texte que j'apprécie grandement après Betty Boop. Pas la dernière, j'espère.

07/11/2019 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5
Couverture de la série La Venin
La Venin

J'aime les westerns, et celui-ci remplit son office haut la main. Nous suivons donc Emily, en quête de vengeance et qui n'a pas froid aux yeux. Elle use de tous les stratagèmes et charmes pour arriver à son but. Et la demoiselle n'a rien à envier aux plus durs à cuire des héros de l'ouest. Histoire douloureuse, habileté aux armes, sang froid, bref, obstination. Bref, Emily est un très bon héros de western, au point qu'elle en est presque un stéréotype. Car effectivement, je rejoins les avis précédents, il n'y a rien de très original, ni dans l'histoire en elle même ni dans son déroulé, mis à part que le héros est une femme. Mais, ma foi, pour l'instant, cela suffit. Le fait que l'on ait une héroïne et pas un héros me suffit pour différencier cette bd d'autres du même genre que je juge moins abouties. Il faut dire que toute l'histoire tient la route, les personnages secondaires sont très complets et très intéressants, je pense notamment aux détectives de Pinkerton, qui sont exactement ce qu'on peut attendre d'eux pour l'instant : sûrs de leur fait, arrogants, classes et impressionnants. A noter que comme dans Face au mur, du même Laurent Astier, on a droit à une petite documentation en fin de livre, avec des articles de journaux, des commentaires d'Astier lui même. Je trouve ça assez intéressant car d'une part on peut encore mieux se plonger dans le récit, et d'autre part ça montre que Astier s'est vraiment documenté et a pris le temps de nous écrire une histoire intéressante et qui soit captivante. Ça se ressent quand on lit l'histoire. Un western classique oui, mais un western de qualité. Et le trait d'Astier ne vient rien gâcher, au contraire. Le dessin se prête parfaitement au récit, le visage d'Emily change un peu selon qu'elle est en colère ou en train de séduire, mais ce n'est pas bien grave. Au moins, on ressent bien les émotions des personnages. Les décors sont très corrects, l'atmosphère du grand ouest est parfaitement retranscrite. Pour l'instant, c'est du tout bon, en attendant la suite, et en espérant que celle-ci restera dans la même veine.

07/11/2019 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5
Couverture de la série Infinity 8
Infinity 8

Dans le jargon musical, un "Supergroupe" ou "All-Stars Band" désigne un ensemble de musiciens déjà renommés pour une formation parfois éphémère de tous leurs talents réunis. Les exemples sont plutôt nombreux (Cream ou Prophets of Rage etc..) et le résultat est souvent réussi voire jubilatoire. Pourquoi cette intro musicale estampillée Wikipedia me direz-vous ? C'est que le principe existe également dans la bande dessinée et notamment dans ce projet alléchant sur le papier et mené par le productif Lewis Trondheim : réunir autant de scénaristes que de dessinateurs de renom pour une série estampillée Space Opera de 8 tomes dont il se fait le garant de la continuité. Grosso modo, le pitch est franchement attractif : l'Infinity 8 est un croiseur spatial immense similaire à une gigantesque arche de Noé extra-terrestre effectuant un voyage vers Andromède avec à son bord une population conséquente de toutes espèces. Le trajet est interrompu par de nombreux déchets macabres : mausolées, cimetières, bouts de planète sortis de nulle part... Le capitaine, un "Tonn Shär" capable de rebooter 8 fois sur 8 heures une boucle temporelle décide d'envoyer des agents enquêter sur ce phénomène afin de collecter des infos et d'effacer les événements irréversibles qui peuvent en émerger.... L'idée est saisissante.... Grosso modo on va avoir droit sur 8 tomes à 8 reboots de la même histoire comme "Une journée sans fin" et en conserver l'expérience.. Trondheim applique méticuleusement dans chacun de ses tomes ce mécanisme digne d'un jeu vidéo. Et comme on aime évoluer dans un univers pulp, pop et Z, autant se lâcher avec des agents aux formes de pin-up, des robots kitschouille et une bonne dose d'humour Z. De nombreux clins d'oeil sont également parsemés sur l'ensemble de la série avec ce lieutenant bedonnant pervers calqué sur Olivier Vatine ou les jeux de mots caractéristiques de Trondheim. Mais pas seulement. Le style est de toute beauté quelque soit l'album. On peut reprocher un côté redondant assez pénible (on radote pour chaque début la même histoire et mission) puis ça part dans le grand n'importe quoi : monstres nécrophages, zombies, nazis ou communauté flower pop ! Il y a à boire et à manger pour chaque versant d'Infinity 8 ce qui rend l'entreprise fragile... d'autant plus que certains récits nous perdent dans d'abracadabrantes explications parfois sans queue ni tête... Mais c'est hautement rafraîchissant et divertissant pour peu qu'on se prête un minimum au jeu... Si les véritables explications arrivent bien tardivement dans les 2 derniers tomes, certains éléments se recroisent et commencent à avoir du sens. Il ne faut juste pas abandonner la lecture parfois laborieuse de l'ensemble. Par contre, chaque tome possède une patte qui l'honore, car oui, Infinity 8 c'est beau, c'est magnifique et quelque soit le tome. Le dépaysement est total et le voyage assez complet y compris dans l'utilisation propre de ses mécaniques internes (flotte, extra-terrestres, pouvoirs). Difficile d'en dire davantage sans en détacher le charme d'autant plus que l'exercice est réellement périlleux et risque de laisser pas mal de lecteurs sur le carreau. Mais quel bel écrin que tous ces artistes réunis de façon chorale (mention spéciale pour les albums de Boulet et de Killofer). C'est peut-être aussi cela le projet Infinity 8 : un melting pot copieux mais parfois indigeste. Note finale : 3,5 arrondi sur 4.

07/11/2019 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Graines de bandits
Graines de bandits

Yvon Roy continue dans l'auto-biographie et il raconte son enfance plus ou moins malheureuse. Cela se passe dans un village du Québec des années 70 et cela m'a fait un peu penser aux souvenirs d'enfance que m'a racontés ma mère. On est encore à une époque où sorti des villes comme Montréal, on tombe dans des endroits très ruraux où il n'y a presque rien, mais le développement arrive et on construit plein de maisons et on devine que les commerces vont arriver ensuite et que dans quelques années, les grands terrains vides vont disparaître. C'est aussi l'époque où les enfants passaient la majorité du temps dehors sans surveillance et du coup ils peuvent faire plein de bêtises. On suit donc l'auteur et son frère qui utilisent leur imagination pour s'amuser et aussi pour échapper à la violence de leur quotidien. Comme au début, c'est la figure du père qui est mise en avant (il est clairement un fondamentaliste catholique), je pensais que l'album allait montrer les enfants commencer à se poser des questions sur la religion et se rebeller contre lui, mais il s'efface au fil des pages et le vrai problème vient de la mère qui est frustrée et qui passe sa mauvaise humeur sur ses garçons. J'ai trouvé que l'auteur était courageux de montrer les problèmes qu'il y a eu durant sa jeunesse, surtout qu'il se montre souvent sur un jour peu flatteur. Le titre est bien trouvé parce que lui et son frère font des trucs illégaux comme voler des chantiers de construction. Il y a plusieurs thèmes abordés dans ce récit et s'ils sont peu originaux (par exemple, le fait que l'auteur commence à s'intéresser aux femmes lorsqu'il grandit alors qu'avant il se foutait bien des filles), cela reste tout de même une lecture prenante. Le dessin est pas mal.

07/11/2019 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Cigarettes - Le Dossier sans filtre
Cigarettes - Le Dossier sans filtre

Un excellent documentaire sur le fléau qu'est la cigarette. Bon, si on connait un peu le sujet il y a peu de surprises dans cet album. Je pense que maintenant la plupart des gens savent que la cigarette est mauvaise pour la santé et que les compagnies ont passé des décennies à nier ce fait. Cela reste que l'album est prenant et que c'est un excellent outil de vulgarisation pour ceux qui veulent en apprendre plus sur le sujet. Les auteurs parlent de plusieurs sujets reliés à la cigarette et j'ai appris plusieurs choses comme le fait que les compagnies de tabacs se sont emparées d'idées progressistes pour vendre leur merde (du genre fumer aide la libération de la femme !). Ce n'est jamais raconté de manière chiante et la narration est fluide. J'aurais toutefois aimé que les auteurs parlent un peu plus du reste du monde vu qu'on est surtout concentré sur les États-Unis. Il y aurait pu y avoir des trucs intéressants à dire juste avec ce que les compagnies américaines de cigarettes ont fait pour détourner les lois canadiennes. Enfin, je comprends que c'est un sujet vaste et qu'il fallait faire des choix pour qu'on ne se retrouve pas avec un album de 1000 pages. Le dessin est excellent et je l'ai vraiment adoré. C'est typiquement le genre de dessin comique un peu réaliste que j'aime. Bref, un documentaire à lire et offrir aux fumeurs de notre entourage.

07/11/2019 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Tyler Cross
Tyler Cross

Je n'ai lu que le premier tome pour l'instant, mais je suis étonné de le trouver bien meilleur que dans mes souvenirs. Une lecture espacée dans le temps, puisque la première remonte à quelques années, mais je garde une bien meilleure impression à ma deuxième. Dans mes souvenirs, je gardais un sentiment confus sur l'ensemble de l'histoire, avec l'idée d'une histoire bateau servie par un dessin que je n'aime pas. A la relecture, je me suis rendu compte que le dessin est d'un genre particulier, qu'il faut accepter sans forcément le trouver beau. Mais il rend très bien pour le récit, ajoutant un côté froid et monolithique à Tyler, mais également en jouant sur les couleurs notamment dans les paysages. Et pour l'histoire ... Ben oui, c'est bateau. Classique du genre, mafieux dans le Texas et trafic, désert, ville perdue et famille d'enfoirés. Des classiques du genre, déjà vus et éculés .... Mais qui marchent ! C'est assez fou, mais à la relecture je me rends compte que les poncifs du genre ne sont finalement pas usés jusqu'à la moelle. Tout est classique dans la facture, mais on s'y plonge quand même et j'ai eu le petit suspense lors de ma lecture. La preuve de son efficacité, c'est qu'il est lisible d'une traite sans se rendre compte de rien. En deuxième relecture, Tyler Cross est une BD de polar efficace à défaut d'être dans l'originalité la plus totale, mais qui me plait. Et alors que ma première lecture m'avait laissé sur un sentiment mitigé, je me rends compte que finalement je suis bien enclin à chercher la suite pour me replonger dans cette ambiance et ce décor. Une petite réussite !

06/11/2019 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Camp Poutine
Camp Poutine

Le cadre de cette série est assez fort et marquant. Le lecteur occidental sera forcément choqué par ce camp de vacances para-militaires où les enfants russes sont envoyés pour être entraînés dans une ambiance nationaliste et guerrière intensive au nom de la Mère Patrie, d'une Russie qui aurait toute autorité sur les nations voisines traîtresses et où chaque Russe doit être prêt à se battre et à mourir pour son pays... et où Poutine est une idole parfaite. Ça fait froid dans le dos et on croise les doigts pour que ce ne soit qu'une pure fiction. Heureusement, on se rend compte vers la fin du premier tome que le monde russe derrière cette façade militariste est heureusement bien plus humain et moins brutalement manichéen. Ce qui ne veut pas dire que les héros du récit s'en sortiront à si bon compte... Oui, je dois dire que le contexte de cette série est accrocheur. Il donne vraiment envie au lecteur d'en savoir plus et de voir où les auteurs vont nous mener, et si cet affreux camp de vacances a un vrai soupçon de crédibilité. Le graphisme est aussi très bon, avec un trait tranchant et dynamique. Les couleurs assez percutantes donnent un petit air de Lanfeust des Etoiles aux planches qui permet d'amener de la légèreté dans un récit qui, pris au pied de la lettre, serait finalement très sombre et angoissant. Heureusement d'ailleurs que les auteurs réussissent à maintenir cette ambiance assez irréelle de BD de divertissement pour ne pas sombrer dans un récit froid et pessimiste. La lecture du premier tome actuellement paru m'a réellement absorbé et je me suis vite attaché au contexte et aux personnages. Je suis très curieux de lire la suite, en espérant qu'elle ne tourne pas à la banale course-poursuite entre les héros et le reste du camp.

06/11/2019 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Porte-à-porte-malheur
Porte-à-porte-malheur

Si on fait abstraction du récent Le Confesseur sauvage, Philippe Foerster relie rarement ses histoires macabres entre elles par un fil rouge. C'est pourtant ce qu'il faisait avec cet album et ce personnage antipathique au nom imprononçable : Théodule Gouâtremou. En effet, ce brave quidam est un colporteur. Il représente une curieuse compagnie qui vend de tout comme son nom l'indique. Et il n'a pas son pareil pour dénicher des clients étranges et satisfaire (ou pas) leurs requêtes les plus folles. Théodule est le fil rouge de ces petites histoires, il est souvent en galère et se préoccupe essentiellement de conserver son boulot et d'en tirer profit financièrement quitte à mettre en galère sa clientèle au sort principalement funeste. C'est le petit plus de cet album qui conserve l'humour caustique de l'auteur tout en dressant un portrait social et atypique. On ne sait pas ce qui se passe chez les gens une fois leur porte fermée et c'est ce qui fait tout le sel de cette histoire abracadabrantesque. Encore un indispensable pour tout amateur de Foerster. Ces métaphores du malheur gardent quelque chose de hautement réjouissant par leur voyeurisme. Et toujours ce trait noir et blanc impeccable et reconnaissable entre mille.

06/11/2019 (modifier)