Le Confesseur sauvage

Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)

Dans la ville de Tchernobourg, suite à une catastrophe nucléaire, une partie de la population se retrouve transformée en d'effroyables mutants.


Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Glénat One-shots, le best-of

Dans la ville de Tchernobourg, suite à une catastrophe nucléaire, une partie de la population se retrouve transformée en d'effroyables mutants. Résultat : des limaces géantes, hommes-araignées et toutes autres sortes de monstruosités côtoient à présent les citoyens lambda. L'un de ces mutants, un poulpe empathique, remarque un fait étrange : lorsqu'il s'assoit près de quelqu'un, l'un de ses tentacules se met inéluctablement à venir tapoter amicalement l'épaule de son voisin qui se met aussitôt à se confesser. C'est ainsi que notre ami poulpe va s'improviser prêtre et venir à la rencontre des habitants de Tchernobourg recueillir des témoignages tous plus délirants les uns que les autres. A travers une succession d'histoires courtes monstrueusement loufoques, Philippe Foerster nous décrit un univers à nul autre pareil, entre Kafka et Topor, où l'humour noir se teinte d'absurde ! Savourez cette suite des histoires macabres que l'auteur réalisait pour Fluide Glacial dans les années 1980 et qui viennent d'être magnifiquement rééditées sous le nom Certains l'aiment noir.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Mars 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Confesseur sauvage © Glénat 2015
Les notes
Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)
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08/03/2015 | Jetjet
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L'avatar du posteur Mac Arthur

Voilà un recueil de nouvelles agréable à lire. Les deux points forts sont à mes yeux : - Le dessin de Foerster, qui est vraiment superbe. Caricatural, riche et pourtant toujours lisible, il démontre la parfaite maîtrise du noir et blanc par son auteur. Aucune planche ne semble avoir été faite sans que Foerster l’ait pensée et repensée jusqu’à certains cadrages dont la subtilité n’apparaît qu’au second regard. C’est vraiment du grand œuvre pour qui aime ce genre de dessin ; - L’originalité des pathologies dont souffrent ces mutants. Foerster ne se contente pas de nous livrer quelques gentilles histoires de mutants. Il cherche réellement à surprendre, à nous sortir de nos habitudes. Même les gros lecteurs trouveront ici des idées qu’ils n’avaient encore jamais vues ailleurs (j’ai particulièrement été séduit par le concept de la dernière nouvelle). Par ailleurs, l’auteur use d’un humour noir discret qui, s’il ne rend pas ses récits réellement hilarants, apporte à l’occasion le sourire au lecteur (je pense notamment à la tragiquement drôle histoire de la limace). Enfin, contrairement aux autres récits du même genre que j’avais pu lire de Foerster, l’auteur dispose ici d’un espace plus large pour développer ses nouvelles (15 à 20 pages au lieu des 6-7 habituelles) et je trouve que ce format lui convient bien. Il peut ainsi créer une progression plus lente vers ses trouvailles absurdes. Seul bémol : le côté verbeux de l’auteur qui alourdit parfois inutilement la lecture. Et c’est un bémol mineur… A lire, et même à posséder si on aime le genre.

26/07/2018 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Je suis plutôt amateur de ce que fait Foerster, que ce soit au niveau graphique ou au niveau des histoires plus ou moins noires qu’il concocte généralement à merveille. Cet album confirme tout son talent. Le visuel d’abord, vraiment réussi. J’aime toujours autant ce dessin, à la fois classique et « arrondi », en tout cas très lisible. Il travaille ici avec une sorte de bichromie, chacune des histoires ayant son habillage, avec une couleur dominante, même si l’ensemble reste cohérent, très sombre, nocturne, jouant sur les ombres et les non-dits, voire les « non montrés » : en cela on est proche d’une esthétique expressionniste, telle qu’elle s’est épanouie dans le cinéma allemand des années 1930. Pour ce qui est de l’ambiance générale de ces histoires, on n’est plus exactement dans l’horreur qui pouvait parfois dominer davantage dans les histoires de la période « Fluide » (voir la belle intégrale parue récemment), même si Foerster ne l’a pas complètement effacée et que je fais peut-être un distingo trop prononcé. Il y a ici plus de fantastique pur, voire de poésie noire, avec par contre toujours une bonne pincée d’atmosphère « dérangeante » comme peut le faire Blanquet – dans un autre registre il est vrai – (je pense à cette fille/limace par exemple). Pour ce qui est de l’histoire proprement dite, Foerster l’a découpée en cinq chapitres plus ou moins indépendants : suite à une catastrophe et à la destruction d’une centrale nucléaire près de la ville de Tchernobourg (sic), un personnage a le pouvoir de déclencher la confession de ceux qu’il touche. Chaque confession est le point de départ d’une histoire où le bien et le mal ne sont pas clairement identifiés. C’est clairement un album que je vous encourage à découvrir !

21/05/2016 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Foerster est vraiment un des plus grands en matière de contes macabres. Ici, il invente une ville où s'est produite une catastrophe et maintenant il y a des mutants. À travers le personnage d'un mutant qui a le pouvoir de faire confesser les gens, l'auteur nous raconte 5 histoires différentes. On retrouve le Foerster de Fluide Glacial qui racontait des trucs macabres avec un peu d'humour noir et parfois de la satire sociale (que je trouve très présente dans cet album). Il a plus de pages pour développer ses histoires que dans Fluide Glacial et je ne vais pas me plaindre car les différents récits sont excellents. Il y a pas de longueurs et j'avais toujours envie de lire ce qu'il allait se produire sur la page suivante. J'aime beaucoup comment ses histoires sont cohérentes entre elles quoique le point fort de l'ouvrage est le dessin en noir et blanc que Foerster que je trouve parfait pour ce genre d'histoire. C'est un style un peu malsain qui ne me dérange pas du tout. C'est à lire pour les fans de l'auteur !

14/10/2015 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Depuis l’époque où je l’ai découvert dans Fluide glacial, Foerster a toujours tenu pour moi une place à part parmi les auteurs du « journal d’humour et de bandessinées ». Ses petites histoires morbides avaient quelque chose d’incongru qui tranchait avec l’ « esprit Fluide » général. Même si l’auteur recourait au trash propre aux années 80, il restait toujours ce petit côté hors du temps, à la fois vieillot et poétique, une sorte de version européenne d’un Creepshow conçu dans les années 50. Et ses cauchemars « en cases » où le quotidien le plus banal rencontrait le fantastique (et souvent l’horreur) exerçaient sur moi une fascination particulière. Des cauchemars souvent peuplés de créatures difformes et dans lesquels des humains on ne peut plus ordinaires voire insignifiants se retrouvaient inéluctablement pris au piège d’un mauvais génie sadique au rictus grimaçant. Chaque semaine, Fluide me procurait ma dose hebdomadaire de Foerster, me plongeant dans un état de douce terreur que venait à peine alléger un humour noir grinçant à souhait. Avec ce « Confesseur sauvage », j’ai retrouvé les mêmes sensations. Car l’auteur belge semble être resté le même, fidèle à lui-même et à son univers unique, prenant un plaisir quasi enfantin à nous narrer ces mini-contes cruels où il s’autorise les délires les plus fous, faisant comme bon lui semble, intégrant du bout des doigts un vernis pseudo-scientifique, se fichant d’un quelconque réalisme psychologique comme de l’an 40, parce que sinon, ça serait forcément moins drôle ! Comme si les pires cauchemars étaient préférables à un quotidien suintant l’ennui, comme si un rire sardonique valait mieux qu’un spleen fataliste face à un monde insensé. Nul doute que certains lui reprocheront de faire toujours la même chose, y compris pour ce qui est du style graphique. Mais son dessin est tellement indissociable des ces récits à l’atmosphère unique qu’on ne l’imaginerait pas autrement, à tel point que même une mise en couleur serait déplacée. Foerster suit la voie qu’il s’est tracé, il n’explore pas, ne se cherche pas, prend son pied et nous avec, tout simplement, où est le mal ? Immeubles et objets semblent animés d’une vie intérieure, forcément lugubre, tandis que les personnages, plus ou moins difformes, ont l’air de lutter pour rester debout, en proie à des tourments indicibles. De son cerveau malade, Foerster injecte avec brio sa poésie à la fois lunaire et grand-guignolesque dans ces contes délirants pour enfants et vieux enfants, probables exutoires à ses propres névroses. Ainsi, à vous qui lisez ces lignes, je ne saurais trop vous conseiller de mieux faire connaissance avec ce confesseur. Et puis vous avez forcément quelque chose à vous reprocher, non ?

29/08/2015 (modifier)
L'avatar du posteur eric2vzoul

Foerster invente une cité, “Tchernobourg” (tout un programme), en partie détruite par un improbable cataclysme, dans laquelle grouillent d'horribles mutants qui vivent au milieu d'humains normaux. Enfin, “normaux”, c'est à voir… Disons sans trop déflorer le suspense que les pires monstres ne sont pas toujours ceux qui présentent l'apparence la plus rebutante. Quand il nous parle de l'humanité, Foerster sait appuyer là où ça fait mal. Au-delà des contes invraisemblables, de la monstruosité grotesque et des délires outranciers, il pratique un humour noir qui fait rire jaune. Son monde n'est que le miroir du notre avec ses tares et ses excès, pointés avec une acuité aussi cynique que tendre. Il n'y a que lui pour suivre les pas d'une limace qui postule à une émission de téléréalité, un autiste explosif, ou un employé de bureau minable aux mains venimeuses… Graphiquement, son univers tourmenté est identifiable du premier coup d'œil. Foerster, c'est un peu Jérôme Bosch qui mettrait en image le Cabinet du docteur Caligari : un cauchemar, mais que l'on aime prolonger. D'autant plus que dans cet album, le noir et blanc est rehaussé de touches de lavis colorés (une couleur pour chaque histoire) du meilleur effet. En somme, l'auteur revient – avec un talent intact – aux courtes histoires d'horreur qui ont forgé son style lorsqu'ils publiait dans Fluide Glacial, et que l'on peut redécouvrir dans un beau volume paru l'an dernier (Certains l'aiment noir (2014)). Peut-être pas neuf, mais virtuose dans un style unique.

03/05/2015 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Jetjet

Enfin du matériel inédit de la part de Foerster dans son domaine de prédilection : les contes malsains et dérangeants à nul égal. Cette fois, il s'agit d'une histoire "à sketches" dans une ville au nom évocateur de Tchernobourg. La lune s'est effritée en partie sur la centrale nucléaire de la métropole, ce qui a eu pour conséquences des pluies acides qui ont par après donné lieu à des mutations sur l'espèce humaine, la faune et les plantes. Du coup, tout le monde cohabite entre mutants et êtres "normaux". Notre confesseur, un prêtre improvisé dont les jambes sont remplacées par des tentacules, a également comme pouvoir de lire les pensées les plus intimes des gens qu'il croise dans la ville ou dans son confessionnal. Il s'agit de chacune de leurs histoires (soit 5) qui sont narrées sous le trait féroce de Foerster qui m'a toujours autant attiré que écœuré. On n'échappe pas ici à la règle, ceux qui n'aiment pas cet auteur ne lui trouverons pas plus de charme mais pour tout amateur de ces petites histoires bien cradingues que je lisais ado dans Fluide Glacial, c'est un vrai régal... Il y a des dessins admirables avec ces longs corps filiformes aux protubérances répugnantes (amis arachnophobes, ne lisez pas la seconde histoire !) et des cadrages majestueux rendant bien compte de la folie et ici surtout du désespoir de l'ensemble des êtres vivants croisés. Car la mélancolie qui plane est bien présente, bien plus que l'horreur, c'est l'amour et l'espoir d'une vie meilleure qui prédominent. Mais les histoires de Foerster sont tragiques et la fin est toujours cruelle. C'est même incroyable de voir comme l'ensemble se tient. C'est véritablement passionnant à lire. Cet univers est improbable mais complètement cohérent simplement par 3 pages d'introduction nous rendant crédible une ville où tout n'est que noirceur, horreur et chagrin. Chaque histoire est dessinée en bichromie noir et blanc plus une dominante (jaune, bleue, gris, vert) dans un joli bouquin bien classieux ainsi qu'un dessin de garde joliment mis en couleurs dans un style "gouache". Sans trop en dévoiler, la troisième histoire se permet même un pied de nez subtil à certains partis d’extrême droite, une jolie métaphore sur les différences et les conséquences de l'intolérance sur le ton du "tel qui est pris..." La fin reste ouverte et peut décevoir par sa brièveté mais après réflexion, il s'agit d'un véritable constat de la part de notre discret confesseur, témoin d'un monde en pleine déliquescence. Un petit bijou, rehaussé par une palette subtile de couleurs prouvant que Foerster n'a rien perdu de son talent dans son monde macabre si particulier. Les amateurs devraient se rue dessus, les autres n'en seront pas davantage convaincus mais il s'agit surement de sa plus belle œuvre.

08/03/2015 (modifier)