Les Vieux Fourneaux

Note: 3.9/5
(3.9/5 pour 30 avis)

Angoulême 2015 : Prix du public Cultura 2014 : Prix des Libraires de bande dessinée Vous êtes la pire génération de l'histoire de l'humanité !


Angoulême : récapitulatif des séries primées Dargaud Il y a 10 ans... Les prix lecteurs BDTheque 2014 Prix des Libraires de Bande Dessinée Troisième âge

Pierrot, Mimile et Antoine, trois septuagénaires, amis d'enfance, ont bien compris que vieillir est le seul moyen connu de ne pas mourir. Une comédie sociale aux parfums de lutte des classes et de choc des générations, qui commence sur les chapeaux de roues par un road-movie vers la Toscane, au cours duquel Antoine va tenter de montrer qu'il n'y a pas d'âge pour commettre un crime passionnel.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Avril 2014
Statut histoire Série en cours 7 tomes parus
Dernière parution : Moins de 2 ans

Couverture de la série Les Vieux Fourneaux © Dargaud 2014
Les notes
Note: 3.9/5
(3.9/5 pour 30 avis)
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13/04/2014 | jurin
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L'avatar du posteur bamiléké

C'est avec amusement que j'ai découvert cette série devenue célèbre presque instantanément. J'y retrouve un petit air provoc de pieds nickelés contemporains avec leur carte vermeille sur une face et rouge sur l'autre. Lupano servi par l'excellent dessin caricatural de Cauuet propose tout un catalogue de ses indignations politiques, écologiques ou sociétales. C'est souvent très drôle même si j'ai certaines réserves sur certains passages un peu simplistes ou réducteurs à mon goût. Il faut reconnaitre l'originalité du parti pris scénaristique ce qui est déjà une réussite artistique. La difficulté de l'entreprise est de trouver une thématique nouvelle qui maintienne la cohérence de la série et la cohérence psy des personnages. C'est bien réussi sur les premiers opus (infidélité, Algérie, sauterelle ou migrants) mais j'ai senti un manque de renouvellement dans l'humour proposé. De plus je trouve que la vision proposée via les prises de positions de Pierrot est assez manichéenne (les méchantes entreprises pharma, un classique ! la méchante mondialisation encore un classique ainsi qu'une image terne de la police). Ce cher Pierrot qui se drape des couleurs de l'URSS pas forcément un grand modèle d'état de droit démocratique. Toutefois la construction et la mise en scène est si bonne qu'elle fait passer ce genre de réserves. (Enfin pas toujours, lol). Une mention au personnage de Sophie très touchante et qui fait le contrepoint apaisé des trois troublions. Le graphisme humoristique soutient parfaitement l'esprit du récit. C'est très dynamique et propose beaucoup de situations amusantes. Les ambiances spatiales et temporelles sont bien travaillées avec une mise en couleur agréable. Une série originale mais qui perd sur la durée.

02/02/2024 (modifier)
Par Philippe
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Le duo Wilfrid Lupano et Paul Cauuet nous offre un chef d'oeuvre à chaque nouveau "Vieux fourneaux". Des scénarios bien ficelés, des dialogues auquel il serait impensable d'enlever un mot, des personnages irrésistibles dont on aimerait se faire des amis et un dessin fabuleusement précis et inventif. J'attend toujours impatiemment le nouvel opus, mais hésite un peu à le lire car après il faut encore attendre. Mais surtout, ne changez rien, prenez votre temps et continuez à faire vivre vos héros du quotidien et à dénoncer la bêtise et les injustices de toutes sortes. A lire absolument ! ! !

13/02/2023 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
L'avatar du posteur Benjie

Fan des scénarios de Lupano, j’y suis allée en confiance… Son regard sur notre société, des histoires attachantes, des personnages au caractère ciselé, bref : je pars avec un a priori plus que favorable. Dès le premier tome, j’ai aimé. La série commence par une crémation. Mise en ambiance. Antoine vient de perdre sa femme et ces deux amis Mimile et Pierre ne vont pas le laisser tomber. Mais voilà qu’Antoine décide d’aller rendre visite à un ancien amant de sa femme en Sicile. N’arrivant pas à lui faire entendre raison, ses deux amis accompagnés de Sophie, la petite fille de la défunte, et enceinte de sept mois, se lancent à sa poursuite. Il faut dire qu’Antoine est parti avec son fusil… Commence alors un road trip au cours duquel la cohabitation entre Mimile, Pierrot et Sophie ne va pas être de tout repos. Sophie, jeune femme à la conscience citoyenne affirmée balance à ses ainés tout ce qu’elle a sur le cœur en matière de responsabilité de leur génération : "Vous êtes inconséquents, rétrogrades, bigots, vous avez sacrifié la planète, affamé le Tiers-Monde ! En 80 ans, vous avez fait disparaître la quasi-totalité des espèces vivantes, vous avez épuisé les ressources, bouffé tous les poissons ! ... » Et c’est très drôle ! Ces personnages touchants, aux caractères bien affirmés – Pierrot est un militant anar, Mimile ancien joueur de rugby ne veut pas admettre que les années ont passé et que physiquement, il en a pris un coup et Antoine, empêtré dans des histoires familiales compliquées et pour lesquelles qui ne veut pas admettre sa part de responsabilités – à la mauvaise fois évidente et aux répliques croustillantes, sont le sujet des albums. Le dessin de Cauet met super bien les personnages en valeur en accentuant à l’envi leurs expressions et leur humeur. Mon enthousiasme a un peu faibli en milieu de série, le dernier tome m’a redonné l’envie de continuer.

07/02/2021 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
L'avatar du posteur pol

Lupano est clairement devenu un de mes scénaristes préférés et il démontre ici une nouvelle fois tout son talent. L'histoire est bonne, les dialogues sont bons, l’humour est là et le dessin est au diapason, je ne vois pas quoi demander de plus. La force de cette série, c'est ses situations et ses dialogues percutants. Notre équipée de petits vieux est merveilleuse et leurs frasques font mouche à chaque fois. Il y a une multitude de détails, de jeux de mots, de mises en scène qui sont autant d'occasions de sourire voire même de rire franchement. Je me suis régalé dans le tome 2 avec toutes les actions menées par le fameux collectif "ni yeux ni maître". C'est vraiment drôle toutes les conneries que leur font faire les auteurs. Mamie Fanfan qui apprend le hacking moi ça me fait vraiment marrer ! Le dessin est hyper adapté à ce genre d'histoire et contribue terriblement bien à l'humour. Par exemple, la voiture de Pierrot, enfin le "bolide" de Pierrot a trop un bon look avec toutes ses fientes de pigeons sur le pare brise, et quand elle arrive dans un virage à vive allure, le dessin me fait rire à lui tout seul. Les personnages sont attachants et c'est avec plaisir qu'on achète chaque nouveau tome qui sort. Et malheureusement la série a dit tout ce qu'elle avait dire au 4e tome. Le 5e est lui assez décevant, mais que dire du 6e ? J'ai simplement trouvé ça mauvais. Je ne suis pas rentré dans l'histoire, impossible de croire une seconde à ce voyage en Amazonie (prétexte mal mis en scène pour parler déforestation et pollution), ou à cette pièce de théâtre invraisemblable. J'ai du rigoler 2 fois. Même les colères incessantes de Pierrot deviennent pénibles. C'est du déjà vu dans les premiers tomes, et ça n'a plus le charme des débuts, hélas. Je baisse ma note et je vais passer mon tour pour les tomes suivants.

08/11/2014 (MAJ le 13/12/2020) (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
L'avatar du posteur Yann135

Les vieux fourneaux débarquent innocemment en 2014. Le succès est immédiat. Et cela ne passe pas inaperçu ! Wilfrid Lupano et Paul Cauuet reçoivent un Fauve d'Angoulême prix du public Cultura 2015 ! Pas mal comme entrée en matière ! Le premier exemplaire de la série a dépassé le million d’exemplaires vendus ! Alors pourquoi un tel succès ? Tout d’abord des personnages avec des personnalités ciselées au couteau qui font merveilles. Wilfrid Lupano admet qu’il s’est inspiré pour les personnages d’Antoine, d’Emile et de Pierrot, de ceux des philosophes Edgar Morin et Michel Serres et du diplomate Stéphane Hessel. Les dialogues sont truculents, à la Michel Audiard ! On ne s’ennuie pas une seconde. Une lecture plaisir à l’état pur. La série s’adresse aux enfants comme aux adultes. Mais oui, vous pouvez refiler votre BD à vos gamins. Ils vont adorer ! Bien évidemment le cinéma s’est emparé de ce succès, pour sortir un film en 2018 sous la houlette de Christophe Duthuron avec Pierre Richard, Eddy Mitchell et Roland Giraud. Bien ça, que les spectateurs qui sont allés voir le film, passent d’abord par la case BD. La mort rôde et elle se glisse dans les différents albums. Pas sûr que nos trois petits vieux puissent perdurer encore pendant de nombreux albums. Malgré ce destin inévitable, longue vie aux vieux fourneaux. Rien à rajouter. Juste à lire, relire ou à découvrir. Cocktail réussi avec comme ingrédients beaucoup de sensibilité, et d’humour, une dose de sarcasme et un zest de personnages déjantées très attachants. Pas besoin de sortir un défibrillateur pour faire battre mon petit cœur … j’adore !

26/05/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Malolinolou

Tout a été dit dans les nombreux commentaires déjà publiés. Ceci est mon premier avis et il en sera de même pour les suivants, ce sera bref, je dirai si j'ai apprécié ou pas et pourquoi. Après chacun a une perception différente, j'entre dans l'âge des séniors ! A ceux qui pensent que les vieux sont décatis et ralentis, cette série est un formidable coup de poing ! Toujours vifs d'esprit et prêts au plus grosses "bêtises" tout en ayant un regard lucide sur le monde actuel, ces amis de toujours vont secouer vos idées reçues sur les anciens ! Derrière l'humour, il y a un très gros travail pour restituer cette ambiance de fraicheur dans le scénario et les textes (Lupano), les dessins surtout axés sur les attitudes des personnages et des situations (Cauuet) et les couleurs la plupart du temps claires, jamais agressives (Maffre). A lire ou à offrir mais surtout à partager !

07/01/2020 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Ju

Au départ, j'avoue que je n'étais pas spécialement attiré. Les dessins sont sympathiques mais pas exceptionnels, l'histoire ne me paraissait pas incroyablement originale, bref, je préférais m'orienter vers d'autres titres. Et puis, à force de voir les albums exposés partout, je me suis laissé tenter. Et j'ai eu bien raison. Les aventures de ces papys ronchons et désabusés sont étonnamment rafraîchissantes, et je me suis plusieurs fois franchement fendu la poire. Le premier tome est vraiment génial. Si l'histoire se concentre sur un personnage (Antoine), le développement des autres protagonistes n'est absolument pas bâclé, et tous sont incroyablement attachants. J'ai véritablement dévoré ce tome et me suis donc logiquement pressé pour lire les autres. Je n'ai pas été déçu non plus. Si le tome 1 reste, à mon goût, le meilleur, les tomes 2 et 3, qui se concentrent chacun sur un personnage différent (Antoine pour le tome 1, Pierre pour le tome 2 et Mimile pour le tome 3), utilisent la même recette, et ça marche : une bonne dose d'humour, teintée d'une critique de la société et d'aspects plus personnels de la vie de nos héros. J'appréhendais le tome 4 (le fait que la bd ne porte pas sur un des personnages principaux comme c'était le cas pour les albums précédents me laissait craindre un scénario moins prenant), et j'ai été agréablement surpris : l'esprit de la bd est intact, et j'ai encore passé un bon moment à la lire. Cet album ne se focalise pus sur un de nos trois héros, mas sur l’héroïne, Sophie, et le résultat est très appréciable. Enfin, le 5e tome change encore de type de narration et tente de donner aux quatre héros une couverture identique, alors même qu'ils ne sont pas ensemble. Ca marche à peu près, même si le résultat est que certains personnages ont la part belle (Antoine ou Mimile) quand d'autres sont plus anecdotiques, comme Sophie qui avait pourtant une place de choix dans les précédents opus. Mais l'essentiel reste là : on rigole, on sourit, on se prend d'affection pour tout ce joli monde. Encore un album réussi. J'avoue avoir préféré les tomes 1, 2 et 3 aux deux derniers, mais je ne dirais pas que la série se dégrade. Elle évolue et a su garder son identité et sa fraicheur intacts. Une série à lire.

04/02/2018 (MAJ le 04/12/2018) (modifier)
Par Erik
Note: 5/5
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C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures dit le dicton qui semble inspirer cette œuvre que sont les vieux fourneaux. Etre vieux, c’est devenu très in de nos jours, question maturité et compétence sur les choses de la vie. Le pire reste pour moi les jeunes avec des goûts de vieux dans une attitude purement suiviste mais bon, il faut de tout pour faire un monde. Bref, c’est vrai que tout ce qui est âgé provoque chez moi une petite aversion. Tome 1: Ceux qui restent J’ai beaucoup apprécié la jeune fille Sophie qui hurle, à la barbe de cette génération qui a tout gâché, les quatre vérités dures à entendre. C’est vrai qu’ils nous laissent un monde pourri : le chômage, la crise et ils partent faire la retraite à 60 ans en vivant le plus longtemps possible. Et il faudrait encore s’extasier devant eux ! Non, merci ! En tout cas, j’ai bien aimé la pensée profonde de l’auteur qui les aime quand même. Oui, on leur doit le respect tout de même. Cependant, les vieux estiment qu’on leur doit tout. Ils n’hésitent pas à prendre la place dans le bus en faisant se lever un enfant de moins de 5 ans ou une femme enceinte. On a droit à une histoire plutôt touchante qui commence avec un décès et une mystérieuse lettre qui sera le point de départ à un road-movie maison de retraite attitude. D’ailleurs, cela conduit très mal un vieux (à 50km sur l’autoroute ou à 160 selon les cas). Rien ne leur sera épargné pour notre plus grand plaisir. Rien n’est d’ailleurs pire qu’un vieux riche qui s’exhibe avec une femme à forte poitrine afin de montrer leur insolente réussite. Cette comédie sociale entre amitié et amour traite aussi du thème de la finance facile. Il y a des piques bien pensées ici et là. Les personnages sont réellement attachants. Oui, on les aime quand même ces vieux septuagénaires car ils sont parfois très drôles. Je regrette juste la calligraphie choisie un peu illisible. C’est dommage car les dialogues sont de haute volée avec des références assez amusantes. Lupano est devenu en ce qui me concerne le meilleur scénariste de sa génération. Après Ma révérence, c’est véritablement la consécration ! Tome 2: Bonny and Pierrot Le second tome fait même l'exploit de dépasser le premier qui était déjà une bonne surprise. C'est dire ! On a droit à une histoire totalement indépendante du premier volume bien qu'il y ait une transition et un fil conducteur. J'ai bien apprécié la critique sans détour des travers de notre société et plus généralement du mode de vie capitaliste. L'exemple de l'évolution de l'île de Nauru au sein du Pacifique est assez caractéristique notamment son histoire économique basée sur l'exploitation du phosphate. Les habitants sont devenus parmi les plus riches du monde avant de connaître la ruine avec l'épuisement des ressources ou la maladie pour avoir adopté un mode de vie occidental pas adapté. Le taux de chômage est actuellement l'un des plus élevés au monde avec 90%. Bref, outre cet exemple assez marquant, il y a dans cette bd de nombreuses références assez amusantes. L'esprit est franchement contestataire. Cela rend nos trois vieux absolument sympathiques. Tome 3: Celui qui part Qu'est-ce qu'on aimerait bien être comme eux au 3ème âge ! C'est presque idéalisé. On les retrouve pour notre plus grand bonheur pour de nouvelles aventures toujours aussi truculentes. Notre société de consommation en prendra encore pour son grade. Pour le reste, tout semble bien fonctionner dans cette comédie sociale. A noter la présence de flashback qui éclaire un peu le passé de nos protagonistes. Pour autant, l'effet de surprise des premiers tomes est passé. Il ne faudra pas essouffler le lectorat en multipliant les tomes à tout va. Tome 4: La magicienne Lorsque l'on va apprendre qui est la magicienne, nul doute qu'on aura un petit choc. Le ton reste toujours aussi écolo-bobo tout en se moquant également de cette tendance nombriliste. La série a connu un grand succès au point d'intéresser le cinéma. Le filon est loin de s'éteindre. On est parti pour une suite à la fin de ce quatrième chapitre qui semble faire du surplace. Pour autant, les thèmes abordés sont plutôt d'actualité. Il y a toujours le plaisir qui reste intact de lire les vieux fourneaux. J'ai beaucoup aimé certaines trouvailles comme le fantasme imagé de Sophie sur deux pages où il y a cette double lecture avec la réalité. Du grand art ! Tome 5: Bons pour l'asile Cette série m'a presque fait réconcilier avec le troisième âge. Il faut dire qu'autour de moi, les vieux ne sont pas du tout les êtres bons et généreux avec la main sur le coeur. Je n'observe pour ma part que la plupart sont racistes et conservateurs ce qui ne reflètent pas de bonnes valeurs. Peut-être que la bd projette une version idéalisée. On aimerait en tout cas que cela soit la réalité. J'ai beaucoup aimé l'introduction avec la démonstration devant l'ambassade de Suisse. C'est toujours aussi drôle sauf sans aucun doute la conclusion de ce tome qui nous rappelle que nous sommes juste de passage en ce monde. On pourra sans doute reprocher un parti pris pour un camp politique facilement devinable mais les auteurs s'assument. Il y a en effet toute une caricature des syndicalistes et autres contestataires. Sans doute, le tome le plus engagé. Tome 6: L'oreille bouchée La question qui fâche et qu'il faudrait éviter de poser pour ne pas lancer un pavé dans la marre : est-ce le tome de trop dans cette excellente collection ? Il est vrai que nous avons fait un peu le tour des aventures de nos trois vieux compères. Là, on va imaginer une probable aventure en Amazonie avec comme prétexte de parler de la pollution et de la déforestation. Il est vrai que l'intention est fort louable car on ne pense pas que quand on offre un bijou en or à sa compagne pour les fêtes de fin d’année, cela puisse avoir un réel impact sur la planète. Bientôt, on culpabilisera même de vivre. La lecture demeure toujours aussi agréable même si les ficelles ont déjà été tiré plusieurs fois. On connaît la pièce de théâtre sur Nauru. On connaît les incessantes jérémiades de Pierrot. Certes, on va découvrir un peu de leur jeunesse et leur occasion loupée à force de défendre une cause idéologique. Même si le charme des premiers albums n'y est plus à force de produire pour la consommation, cela reste une valeur sûre pour investir dans une lecture sympathique. En conclusion, nous avons là une des meilleures séries comiques de ces dernières années !

31/10/2014 (MAJ le 25/11/2018) (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur gruizzli

J'ai longuement hésité à acheter cette BD, apeuré par le syndrome de l'avis enthousiaste et l'engouement qu'avait provoqué le premier tome. J'ai donc patienté, et finalement, rappelé à l'ordre par les affiches du film sortant bientôt, j'ai été voir ce que valait cette série. Ce qui fait qu'au final, j'ai lu d'une traite les quatre tomes et j'ai eu beaucoup moins d'appréhension face aux tomes suivants. Ce fut une lecture d'une traite, et donc bien moins attentive sur les tomes suivants. Et j'ai été conquis. Oui, réellement, et sans aucune concession. Lupano, le fantastique conteur d'histoires, a encore une fois frappé juste. Il sait manier la plume pour faire des personnages profondément humains, des gens simples dans lesquels on croit et qui nous donnent envie de les aimer. Ce qui n'est pas sans risque lorsqu'on ne connait rien de leurs vies. L'humour ressort particulièrement bien de cette BD, et j'ai beaucoup ri à la lecture. Vraiment ri aux éclats, pas simplement souri. C'est déjà bon signe ! Les albums sont très différents les uns des autres, abordant tour à tour d'autres thématiques et mettant en avant d'autres aspects des personnages. Mais surtout, je crois bien qu'il s'agit de l'album de Lupano le plus engagé. L'auteur avait toujours un message social dans ses BDs, et souvent très engagé. Mais là, j'ai l'impression de lire un message bien plus politique et bien plus engagé. Avec des petites piques sur le monde de la politique, mais surtout sur l'engagement de chacun dans une société de tous. Et le dernier tome est particulièrement bien trouvé, sur une situation assez courante et peu manichéenne : agrandir une usine d'anti-dépresseur pour refaire des emplois dans une zone à sauvegarder, avec la possibilité d'un retour des jeunes et des magouilles politiques à la clé. Rien n'est blanc ou noir, c'est une situation qu'il n'est pas facile de juger. Et c'est là la force de ce récit, qui invite non pas à s'engager pour refaire le monde, mais qui semble inviter à s'en créer un nouveau. C'est un peu comme un souffle d'espoir qui passe dans cette BD, cette envie d'autre chose que ce qu'on a. C'est très orienté décroissance, nouvelle politique et engagement citoyen, mais ça fait du bien de voir comment cela se mêle avec des vieux combats, de vieilles idées et des vieilles aspirations. J'en ai peu parlé, mais le dessin est d'une très bonne efficacité. En vrai, je n'aurais pas grand chose à en dire, vu que je n'ai rien noté de particulier. Ça fonctionne parfaitement. Cette BD m'a beaucoup plu, et même si j'ai sans doute gardé une lecture très politique de l’œuvre, je trouve qu'elle mérite qu'on s'y attarde juste pour se faire plaisir. L'histoire reste très sympathique, on passe un agréable moment en compagnie de ce trio infernal de vieux. Je recommande la lecture de cette BD qui fait souffler un vent de fraicheur avec des aînés !

17/08/2018 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

t.1 : Ceux qui restent Dans cette comédie à la fois légère et subversive, Lupano, scénariste très en vue depuis plusieurs années, nous démontre avec jubilation que le troisième âge n’est pas l’antichambre de la mort, loin s’en faut, avec des personnages hauts en couleur. Tout d’abord, il y a Pierrot, le plus déjanté, vieil anar à l’esprit de révolte intact malgré sa vue défaillante, qui prend un malin plaisir à perturber les soirées branchées et autres cocktails mondains, de préférence en compagnie de son groupe d’action « Ni yeux ni maître ». « C’est ça ou moisir du bulbe. » explique-t-il en guise d’excuse. Puis Antoine, l’ancien syndicaliste déprimé par la mort de sa femme Lucette mais dont la hargne anti patronale va vite se révéler plus virulente que jamais lorsqu’il apprendra que cette dernière a flirté de son vivant avec le PDG de sa boîte… Le troisième compère se prénomme Mimile. Sous son air jovial et bon vivant, il cache un passé de baroudeur globe-trotter, « seul blanc à avoir joué première ligne de rugby aux Îles Samoa ». Il y a enfin la jeune et jolie Sophie, artiste altermondialiste et nièce d’Antoine, portrait craché de sa tante jeune. Malgré son statut de femme enceinte, elle ne se débinera pas lorsqu’il sera question d’accompagner les vieux potes de tonton pour empêcher ce dernier de commettre l’irréparable en voulant buter son ancien patron. Ces papys flingueurs n’ont pas leur langue dans leur poche, et ils auraient bien tort, avec des dialogues qui dynamitent et dispersent avec une telle pétulance – l’esprit d’Audiard n’est pas bien loin… Sur le thème de l’adultère posthume, le scénario, en plus d’être original, est assez bien ficelé pour ce premier épisode en guise de – très bonne – mise en bouche. Pour ce qui est du dessin, Cauuet s’inspire avec virtuosité d’une certaine BD franco-belge semi-réaliste orientée « comique » : postures dynamiques, bouilles expressives, jeunes femmes bien « bidochées », enceintes ou pas (on ne pouvait pas non plus mettre que des vieux en scène…), et ça fonctionne à merveille. Et l’air de rien, ils sont rafraîchissants ces anciens et pourraient en remontrer à bien des « d’jeuns » de notre époque formatée par le rêve marketé et illusoire d’un paradis high-tech. De manière significative, nos héros chenus feraient presque une déprime en constatant que le trésor caché à proximité de la cabane de leur enfance n’a toujours pas été découvert… drôle d’époque où les enfants naissent avec des tablettes dans les mains tout en croyant que les poissons sont carrés et les vaches des animaux exotiques. Pour autant, les auteurs ne tombent pas dans le piège du « c’était mieux avant » en procédant à un rééquilibrage par l’entremise de la jeune Sophie au tempérament sanguin. Car si elle les aime bien, ces vieux « flibustiers », elle en veut aux ainés dans leur ensemble de n’avoir pas su ou pas voulu prévenir les problèmes du monde actuel, refilant le fardeau aux jeunes générations avec une insouciance consternante. La scène de la rencontre avec le groupe de retraités sur l’aire d’autoroute est parlante, si comique soit-elle dans son exagération. En somme, sous les apparences d’une joyeuse farce, les auteurs utilisent leurs personnages pour mieux mettre en lumière et dénoncer les dérives de notre monde où les valeurs humaines semblent chaque jour céder un peu plus de terrain au profit d’un conformisme déshumanisant. Il reste que ces portraits plein de tendresse sont à la fois touchants et tonifiants, un peu dans le même esprit que Les Petits ruisseaux de Rabaté, petit bijou de la BD séniorisante. ---------------------- t.2 : Bonnie and Pierrot On notera une moindre truculence des dialogues par rapport au premier épisode, mais compensée par quelques scènes tout à fait savoureuses (si l’on peut dire, car la scène de « l’attentat gériatrique » au meeting de Jean-François Coppé peut donner des haut-le-cœur) et franchement hilarantes. Et désormais, vous ne réagirez peut-être plus tout à fait de la même manière quand vous demanderez une baguette à votre boulanger et qu’il vous proposera de choisir entre quinze sortes… Avec ce deuxième volet au titre en forme de clin d’œil aux gangsters Bonnie and Clyde, Lupano réussit parfaitement à pointer du doigt les travers de notre époque consumériste et individualiste, où le jeunisme TGV finit par contaminer tous les domaines de la société en poussant au talus les déambulateurs de nos anciens. Ces « vieux fourneaux » pourraient se contenter de venger leur génération à la manière d’une Tatie Danielle, mais dans leur élan aussi altruiste que rageur, englobent les exclus et les opprimés tous âges confondus. C’est également un plaisir de retrouver le très efficace trait « franco-belge » de Cauuet et ses tronches expressives. Si la vieillesse vous inquiète, et que cette inquiétude est accentuée par un sentiment de révolte vis-à-vis de ce monde de brutes, voyez la vie du bon côté et fourbissez vos armes avec ces « Vieux Fourneaux ». Une véritable mine d’or pour votre âme d’insoumis, laquelle pourra inspirer vos opérations commando d’aujourd’hui et plus particulièrement de demain, à un âge où on vous commencerez à passer pour inoffensif, où on vous considérera comme un débris incontinent, charge pour la société pour les uns ou vieil aigri anti-jeune incapable de changer le monde pour les autres. Le tout dans la joie et la bonne humeur, ce qui ne gâche rien. ------------------ t.3 : Celui qui part Dès l’introduction, on comprend vite que nos vieux briscards n’ont pas l’intention de rendre les armes de leurs jeunes années rebelles ! Ils seraient même là pour durer, et plutôt que de briser leur pipe, ils semblent bien déterminés à la fumer jusqu’au bout… Ce tome 3 commence avec l’interpellation de Pierrot, affublé d’un magnifique costume d’abeille, alors qu’il vient de commettre avec ses potes un « attentat au miel » contre les producteurs de pesticides… Pourtant, la roue tourne et nos vioques préférés, qui se plaisent souvent à donner des leçons, vont à leur tour en recevoir une de la nièce d’Antoine, et pas piquée des vers, en particulier ceux qui les attendent avec impatience au fond du trou pour une joyeuse ripaille… Et c’est d’une vieille voisine recluse et bougonne que viendra la tempête, un « ange de la vengeance » dénommée Berthe. Par la voix de la nièce qui a sympathisé avec cette dernière, on apprendra que les trois vieux copains sont loin d’être des enfants de chœur et n’ont pas toujours été héroïques comme pourrait le laisser penser la BD depuis le premier tome… Sophie, en marionnettiste de profession, va leur rafraîchir la mémoire en leur contant cet épisode peu glorieux du village dont ils furent les principaux protagonistes durant la seconde guerre mondiale… Pour ce troisième volet, c’est donc un sujet grave (les représailles post-collaboration) qui est abordé mais le ton humoristique reste le même, preuve que l’on peut discuter de tout sans imposer pour autant une chape de plomb comme le voudrait la bienséance. Et c’est entre autres sur ce point précis qu’on perçoit l’intelligence des auteurs, qui parviennent à inclure un sujet sérieux dans un cadre burlesque sans en retirer la portée morale. A ce titre, la scène finale est très parlante. ----------------------- t.4 : La Magicienne Le projet d’extension de la firme pharmaceutique Garan-Servier était pourtant bien parti, mais c’était sans compter sur un petit insecte menacé d’extinction au nom évocateur – et malicieux dans ce contexte : la Magicienne dentelée. Cette magicienne va à elle seule attirer un climat révolutionnaire dans le paisible village du Sud-ouest où réside Antoine, avec l’implantation d’une ZAD sous les fenêtres des bâtiments ultramodernes de la multinationale. Malgré son passé de syndicaliste, Antoine apparaît ici comme la voix discordante, car il se réjouit curieusement du projet pharaonique de Garan-Servier, arguant que cela créerait des emplois dans la région et pestant contre ces « rastaquouères » de zadistes. Un prétexte des auteurs pour ne pas faire ressembler leurs « Vieux Fourneaux » à un porte voix de l’extrême-gauche tendance écolo ? A moins que cela ne soit qu’un simple parti pris objectif permettant de prendre en compte toutes les opinions… car en fin de compte, Antoine est un naïf qui reste attachant, convaincu comme beaucoup d’autres pourraient l'être, par le discours démagogique d’une entreprise cynique. Et les faits lui donneront bien évidemment tort... Grâce au talent des deux auteurs, Cauuet pour le pinceau et Lupano pour la plume, le lecteur aura droit à quelques trouvailles, tant graphiques que scénaristiques. Comme toujours, l’histoire est émaillée de « punchlines » truculentes qui sont un peu la marque de fabrique de la série. Le trait franquinien reste toujours aussi alerte, à l’image de nos héros octos bouillonnants, dont le plus excentrique reste Pierrot, débarquant dans la ZAD telle un météore dans un vieil autobus bringuebalant, rempli de ses frères et sœurs d’armes, tous hauts en couleurs. Ce volet évoque immanquablement une bataille de longue haleine – celle qui, hasard du calendrier, vient de prendre fin à Notre Dame des Landes. Et c’est bien le point fort de cette série vibrionnante, centrée autour de vieux briscards du troisième âge mais en prise directe avec l’actualité, qu’elle soit politique, économique, sociale ou technologique. Une série de son temps, comme son nom ne l’indique pas. Et tout en subversion habile sous une tonalité burlesque et bon enfant.

18/06/2014 (MAJ le 03/03/2018) (modifier)