J'apprécie énormément le travail de Mana Neyestani, dont les BD savent allier un dessin issu de la caricature et du dessin d'architecture (selon les propos de l'auteur en interview dont j'ai perdu les fichiers ...) avec un propos tenant de la politique, de la sociologie et de l'humour. Un mélange très bien dosé qui donne à ses BD un rythme et un ton unique. A chaque fois que je lis une de ses oeuvres, je suis surpris de la fluidité de l'écriture et de la narration, permettant une lecture fluide malgré les sujets abordés.
La BD présente ne déroge pas à la règle, et si l'humour est en grande partie absent du récit, il arrive à naviguer dans un ton bien différent, qui provoque presque le malaise tant le tout semble détaché de son propos. On parle de tueur en série avec une certaine raideur et une tonalité très documentaire. Mais pour autant, Mana Neyestani ne livre pas un documentaire détaché de son propos. Il arrive à glisser subtilement quelques petites touches d'humanité, entre la femme qui interviewe et dont on sent qu'elle est fortement en désaccord avec son interlocuteur, le passé d'une des victimes, les personnes interviewées en dehors de l'assassin ... L'ensemble donne un sentiment contrasté et nuancé de toute cette affaire. Je suis très intéressé par les propos du juge, notamment, qui sont révélateurs de toute la complexité des lois dans une république islamiste. Et l'ensemble de l'affaire a de quoi faire froid dans le dos. Le pire étant, à mon avis, le froid détachement que l'assassin porte sur ses crimes : il reste un bon père, un bon citoyen et un bon musulman. Que tant de gens le soutiennent dans sa démarche ne fait que renforcer ce sentiment de gêne qui frappe à la lecture. Et le propos est assez éclairant sur l'Iran d'aujourd'hui, pays qui m'intéresse de plus en plus de par son histoire récente, ouvroir de nombreux problèmes qui sont parvenus jusqu'à nous aujourd'hui.
Le dessin de Mana Neyestani est toujours aussi bon, avec un trait qui est expressif, dans des compositions marquées à la limite de la caricature ou du burlesque parfois. C'est un peu en décalage avec le propos, ce qui le renforce à mes yeux, tout en permettant parfois de mettre de façon assez inédite son propos en image. Il a un sens de la composition et de la mise en image qui allie souvent l'inventivité avec une constante lisibilité. L'utilisation de cases constantes est présent à côté de mise en scène de plongée/contre-plongée spectaculaire.
Bref, une nouvelle fois l'auteur sait nous pondre une petite merveille qui a de quoi réjouir : une lecture prenante et qui fait durement réfléchir, mais qui a également une atmosphère prenante et presque angoissante. Dans quel monde vivons-nous, tout de même ...
C'est avec cet album que je découvre tout le talent d'Alfred et toute la sensibilité qui s'en dégage.
Car avec cet album on sent que l'accent mis grâce à son titre sur la sensibilité, à la sensualité ou encore au ressenti (dans les deux sens du terme) a toute son importance. Si Alfred semble y avoir mis beaucoup de lui tout en extrapolant (je vous renvoie à la très bonne interview de l'auteur par Blue Boy que j'ai lue après ma lecture), j'ai tout de suite été conquis par l'ambiance qui se dégage au fil des pages.
Cette légèreté, cette nonchalance qui émane de Germano, sa maladresse également, vont petit à petit se fondre et se diluer dans ce parc immense qui jouxte la demeure où il réside et où se tient un mariage d'une vieille connaissance. Si le marié est tout l'opposé de notre Germano, ce sera l'excuse parfaite pour fuir ces festivités grâce à la rencontre impromptue d'Elena...
A partir de là le parc prend comme vie et va se révéler autant le témoin que le complice de notre couple d'un soir (seulement ?) et nous proposer un voyage immobile dans cet espace clos mais incommensurable. Chacun cherche sa place, un sens aussi à ce qui leur tombe dessus et en filigrane à sa propre existence.
Tout cela se fait en douceur, sans forcer le récit, plutôt comme quelque chose qu'on laisserait partir au gré d'un courant lent mais certain, en s’appuyant sur un dessin et une colorisation maitrisés. C'est envoutant et plaisant, tout en ambiances. C'est la magie d'une nuit unique qu'on ne vit qu'une fois dans sa vie mais qui semble durer une éternité...
Voilà un album qui aura réussi à me surprendre de bout en bout !
D'une, parce que je n'avais pas fait le lien avec l'oeuvre de Joseph Conrad en attaquant ma lecture ; d'autre part, par la force que dégage ce récit grâce à des ambiances uniques qui tiennent en partie au trait rêche, simple, mais très expressif de Benjamin Bachelier : il nous embarque complètement ! Ce côté charbonneux tout de noir et de gris impose l'attention, pour mieux nous péter à la gueule quand surgit la couleur au détour de quelques pages explosives.
Si le procédé n'est pas nouveau (on pensera forcément à l'excellentissime Blast de Larcenet), il n'en est pas moins rudement efficace.
Saluons aussi le travail de Jean-Pierre Pécau au scénario qui réussit là une transposition assez bluffante du roman de Conrad au temps des guerres de Vendée. Pour habiter dans la région, je connais donc un peu le sujet et les traces qui y subsistent, tant géographiquement que dans les esprits. Et c'est ce côté universel de la trame du récit qui enfonce le clou pour parfaire cet album. Pari audacieux mais pleinement réussi ! Il n'est du coup pas besoin de connaître son histoire des guerres de Vendée pour en apprécier la teneur, mais il suffit juste de se laisser bercer par la douce horreur distillée par toute guerre...
Un très bon album que je recommande.
J’ai beaucoup apprécié cette histoire d’un jeune Palestinien se retrouvant presque malgré lui entrainé dans une jeunesse d’activisme politique dans les territoires occupés. Le ton est naïf et enfantin au début (forcément), mais avec l’âge Mohamed se pose de plus en plus de questions sur ce qui l’entoure, et finit par trainer avec d’autres jeunes engagés… au grand désespoir de ses parents qui se font un sang d’encre.
L’album alterne les passages légers (quand il se prend pour James Bond par exemple, ou quand il rencontre sa copine) et les passages plus durs (la torture en prison), mais globalement la lecture est aisée. La narration est très fluide, les textes assez discrets, et la mise en image simple mais efficace.
L’histoire de Mohamed se termine bien (pas de spoiler – voir le résumé de l’éditeur), mais combien d’autres sont resté coincés en Cisjordanie ? Il est intéressant de suivre le parcours d’UN palestinien, d’avoir accès à un témoignage « vu de l’intérieur », un de plus.
J’ai retrouvé dans « L'Accessoiriste » tous les ingrédients qui m’avaient tant plu dans Perceforest, du même auteur (et toujours chez Mosquito).
L’histoire est remplie de mystère, et navigue entre rêve et réalité. La grande bâtisse aux couloirs et formes insondables est un personnage à part entière. Les évènements peuvent sembler abscons au premier abord, mais tout s’explique rapidement, jusqu’à un dénouement satisfaisant (mais un peu rapide). J’ai raté un détail graphique sur une des toutes dernières pages lors de ma première lecture, ce qui a affecté ma compréhension, mais une relecture des dites pages a tout remis en place.
J’aime beaucoup le graphisme de François Deflandre, ce style un peu anguleux et ces couleurs plutôt vives. Son style est reconnaissable entre mille, et puis je le trouve surtout très esthétique.
L’histoire contient de nombreuses références cinématographiques, mais je dois avouer que bons nombres me sont passées au-dessus de la tête (un manque de culture générale de ma part). Heureusement une petite liste en fin d’album clarifie tout ça.
Une histoire originale, superbement narrée et mise en image.
J’avais déjà vaguement entendu parler de cette dame (je ne sais plus trop à quelle occasion), mais je n’en avais pas gardé souvenir. Et c’est une erreur – aujourd’hui réparée, car c’est un personnage fort, atypique et intéressant.
Dès le départ on apprend qu’elle a été exécutée par des résistants en Normandie, au printemps 1944, qu’elle était une collaboratrice, responsable de la mort de bien des gens. Une personne hautement antipathique à priori.
Mais la suite – qui alterne flash-back depuis l’enfance de Violette et passages durant lesquelles une ancienne amie « enquête », pour découvrir les circonstances de sa mort – en font une personne moins monolithique.
Et en tout cas une personnalité originale, qui déclenche plutôt l’empathie. Car cette femme s’affirme haut et fort contre les préjugés (et les lois) de la première moitié du XXème siècle. En effet, elle qui a un look de garçon (look qu’elle cultive par goût et aussi par provocation) conduit une voiture, pratique le sport (athlétisme, mais aussi boxe !!! contre un homme) à haut niveau, affiche des goûts homosexuels. Surtout, elle revendique une liberté scandaleuse pour l'époque, que peu de femmes pouvaient oser espérer à ce moment.
Le premier tome se finit dans les années 1930, nous ne savons donc pas encore comment elle va évoluer vers cette collaboration qui va la pousser vers l’oubli et l’indignité. Mais on soupçonne fortement les auteurs (qui s’appuient sur le travail d’une historienne du féminisme), au travers de l’enquête menée par cette ex-amie de Violette, d’éclairer sous un jour différent ce personnage : son exécution et l’oubli qui l’a suivie ne doivent-ils pas aussi, surtout au fait qu’elle ait été une femme, qui plus est féministe avant l’heure ?
Le deuxième album ne livre pas encore toutes les clés du personnages. En effet, il balaye la même période chronologique, la période "collabo" de Violette n'arrivant qu'au tome suivant visiblement.
Si le personnage (on peut parler de personnage, tant l'originale sortait de l'ordinaire, se mettait en scène, mais aussi parce que les auteurs disent avoir pris quelques libertés avec la réalité) est toujours aussi haut en couleurs et atypique, la construction de ce tome ne cesse d'alterner les flash-back et les différentes périodes, des années 1920 et 1930 (avec quelques passages des années 1940, après la guerre), et la lecture et peut-être un chouia moins fluide.
Mais ça reste quand même une histoire intéressante.
C’est en tout cas une série que je vais continuer à suivre, pour mieux connaître un personnage hors norme.
Note réelle 3.5/5.
Le retour de Lone Sloane.
Par les dieux d'avant les dieux que c'est bon et beau.
N'ayons pas peur des mots ceci est l'évènement SF de la rentrée, attendu par les fans du maître à savoir le nouvel opus de la saga Lone Sloane. Pour la première fois ce récit s'affranchit de Philippe Druillet , mais gageons qu'il avait le regard perché sur l'épaule des deux auteurs de cette renaissance. Au dessin Dimitri Avramoglou et au scénario Xavier Cazau-Zago.
Lone Sloane, le chien aux yeux rouges est une série qui fut créée en 1966 chez l'éditeur Eric Losfeld. Elle met en scène les aventures d'un pirate interstellaire. Par la suite cette série fut à l'origine de l'inspiration de nombreux auteurs. En 1972 parait chez Dargaud "Les 6 voyages de Lone Sloane", puis la même année"Delirius", le diptyque Yragael et Vuzz. L'année 1976 marque un tournant dans la carrière de l'auteur qui suite au décès de sa femme l'année précédente publie un ouvrage très noir La Nuit. En 1980 il adapte Salammbô d'après le roman éponyme de Gustave Flaubert, œuvre magistrale, barbare et violente, oui, oui le même que "Mme Bovary". C'est Druillet qui le premier fit voler en éclats la bande dessinée dite classique avec un montage de planches totalement déstructuré, pleines pages, doubles pages, j'en passe la BD se réinventait. Son travail inspira de nombreux auteurs, même Georges Lucas avoue s'être inspiré de lui. En attendant une éventuelle adaptation de l'Enfer de Dante Alighieri savourons cet opus franchement fabuleux.
Dès les premières pages de cette nouvelle histoire le lecteur est en terrain connu, les deux auteurs adoptent un procédé tant scénaristique que graphique qui replonge le vieux lecteur dans un univers connu de paysages stellaires cyclopéens. On y retrouve sans conteste la patte d'un Druillet mais avec des fulgurances de modernité qui ne sont pas pour déplaire. Également présents dans cet ouvrage le lecteur retrouve avec bonheur les anciens compagnons de route de Sloane : Yearl le néo-martien de même que Vuzz, sans oublier le fameux vaisseau spatial du héros Ô Sidarta. A l'apparition de chacun d’entre eux une petite vignette rappelle leur passé et relations avec Sloane.
Il n'est pas nécessaire pour lire cet album d'être un fin connaisseur de l’œuvre de Druillet pour apprécier ce récit, on peut voir que le scénariste a bien intégré les bases de l'univers des autres albums mais il arrive à s'en défaire tout en rendant hommage sans servilité aucune. Le dessinateur D. Avramoglou fait bien plus que le job, certaines planches sont à tomber, regardez la double page au centre de l'album, elle est tout simplement jouissive.
Le scénario est comme je l'ai déjà dit fort intelligent, reprenant un des thèmes chers à Druillet, à savoir le temps. Seul petit bémol le récit avec une voix un peu incantatoire qui pourrait en rebuter certains. Et cette planète mémoire, planète bibliothèque de tous les savoirs de ce qui a été, de ce qui est et de ce qui sera est une belle et bonne idée. Un mot sur la colorisation de Stephane Paitreau qui est juste une tuerie.
Un dernier mot sur l'objet BD lui même qui possède une couverture acier du plus bel effet, notons qu’il possède une jaquette dont l'envers offre un joli poster. Cet album est un one shot mais au vu du talent des deux auteurs et comme le précise une fin ouverte (les choses ne sont qu'un éternel recommencement ) nul doute que d'autres aventures du loup des étoiles ne viennent ravir nos yeux.
Coup de cœur évidemment, z'avez vu mon pseudo ? A faire tourner.
Cet album traite d’un sujet encore et toujours – hélas ! – d’actualité, à savoir la violence conjugale. Il le fait de manière équilibrée, en évitant une surcharge de pathos, ou une vision caricaturale ou trop manichéenne.
Le titre déjà sous-tend, sous-entend tout ce qui va irriguer cette histoire. Un amour partagé, relativement sincère, un coup de foudre que la routine du couple va faire basculer, d’un amour fou, à la folie d’une relation saccadée, saccagée par les accès de violence du mari, et la volonté de la femme d’en minorer la folie.
Car Sylvain Ricard joue plutôt la finesse pour développer son sujet, avec une « mise en scène » intéressante : chacun des membres du couple donne sa version des faits, ce qui équilibre et nuance leur histoire. Le dessin de James, comme toujours sans trop de fioritures, avec ses habituels personnages animaliers, aide à la fluidité de la lecture, mais aussi la « dépassionnalisation » des faits (même si certains peuvent justement trouver ce procédé artificiel ou trop édulcorant).
L’histoire est complètement centrée sur ce couple quelque peu désuni par les liens du mariage, et les personnages secondaires (mère et copine de l’une, patron et collègue de l’autre) sont du coup un peu sacrifiés. Même si l’on nous montre bien la difficulté d’appréhender tous les aspects de ce drame de l’extérieur, et si la relative inertie du « système » policier/judiciaire est évoquée.
Au final, c’est un album qui, sur un sujet dur, a su éviter les facilités dommageables à toute crédibilité, tout en prenant le temps de construire une chronique de la violence ordinaire, et en en montrant les mécanisme, plus pernicieux et invisibles qu’on ne le croit.
C'est grâce à cette BD que j'ai découvert que je ne connaissais quasiment rien de Catherine de Médicis. A dire vrai, je la confondais même avec Marie de Médicis, la femme d'Henri IV. Je n'avais même pas réalisé en débutant cette série que c'était la même qu'on voit dans Charly 9. Difficile d'imaginer qu'elle soit devenue la régente intrigante déclenchant les Noces de Sang, coup d'envoi du massacre de la Saint-Barthélémy, quand on voit la jeune fille souriante et agréable qu'elle était dans sa prime jeunesse. Et pourtant, justement, les événements racontés dans le premier tome de la série vont nettement expliquer sa personnalité et l'état d'esprit de son règne et de sa régence.
Certes noble et certaine de son autorité, la jeune duchesse se fait aimer de ses serviteurs. Jusqu'au drame de 1527 quand le Pape Clément VII se rend à l'armée de Charles Quint et que les partisans de la République de Florence en profitent pour s'en prendre aux Médicis et la tenir prisonnière et humiliée. Une fois libérée, elle va retrouver de sa superbe mais gardera une attitude prudente et intelligente, marquée par son passé. Cette habileté et les circonstances feront d'elle une puissante reine de France puis une régente... avec pourtant une mauvaise réputation qui lui collera à la peau et bien sûr cette fameuse Sainte-Barthélémy...
Nous avons là une très bonne série historique.
Son dessin est d'une grande qualité, réaliste et très soigné, avec une bonne mise en scène. Si j'avais un regret à formuler, ce serait une propension à rendre les dents des personnages un peu trop visibles dès qu'ils crient ou montrent des émotions vives, mais pour le reste, c'est visuellement impeccable et détaillé.
La situation historique et politique de l'époque est très complexe, de même que la vie de Catherine de Médicis elle-même. Et pourtant les auteurs réussissent à la rendre ici claire et très compréhensible. C'est certes dense, il faut parfois s'accrocher un petit peu pour ne pas manquer une étape, mais pour peu qu'on lise en étant bien éveillé, la BD est très bien racontée et m'a permis d'apprendre beaucoup de choses sur une époque et des personnages que je ne connaissais quasiment pas du tout.
Du beau boulot, à mettre entre les mains de tous les amateurs d'Histoire !
Je n’ai jamais lu d’histoires de Lovecraft, mais j’avais déjà beaucoup aimé Markheim de Rodolphe et Marcelé (toujours chez Mosquito)… je me suis donc intéressé à cette nouvelle collaboration datant de 2018… et nouveau coup de cœur !
Mary et ses amis jouent à un jeu virtuel où l’on choisit une époque que l’on souhaiterait visiter… étudiante en littérature et grosse passionnée de H.P. Lovecraft, elle choisit la ville de Providence dans les années 30, en espérant y rencontrer son idole… Souhait réalisé, puisque elle s’y retrouve transportée (rêve ? voyage dans le temps ? peu importe finalement) et finit par se promener de nuit avec lui… ils parleront de la vie de Lovecraft, de son travail, de sa famille etc. Se faisant, ils visitent divers lieux lugubres et mystérieux, mais aussi certaines nouvelles de l’auteur, dont des extraits viennent s’intercaler dans le récit.
Le dessin sombre et charbonneux de Philippe Marcelé est superbe, et participe grandement à l’ambiance mystérieuse et terrifiante de cette promenade nocturne… je trouve les illustrations des extraits de nouvelles de Lovecraft particulièrement réussies.
J’ai englouti d’une traite les 80 pages de cet album, qui m’a donné envie de découvrir l’œuvre de H.P. Lovecraft… un coup de cœur !
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L'Araignée de Mashhad
J'apprécie énormément le travail de Mana Neyestani, dont les BD savent allier un dessin issu de la caricature et du dessin d'architecture (selon les propos de l'auteur en interview dont j'ai perdu les fichiers ...) avec un propos tenant de la politique, de la sociologie et de l'humour. Un mélange très bien dosé qui donne à ses BD un rythme et un ton unique. A chaque fois que je lis une de ses oeuvres, je suis surpris de la fluidité de l'écriture et de la narration, permettant une lecture fluide malgré les sujets abordés. La BD présente ne déroge pas à la règle, et si l'humour est en grande partie absent du récit, il arrive à naviguer dans un ton bien différent, qui provoque presque le malaise tant le tout semble détaché de son propos. On parle de tueur en série avec une certaine raideur et une tonalité très documentaire. Mais pour autant, Mana Neyestani ne livre pas un documentaire détaché de son propos. Il arrive à glisser subtilement quelques petites touches d'humanité, entre la femme qui interviewe et dont on sent qu'elle est fortement en désaccord avec son interlocuteur, le passé d'une des victimes, les personnes interviewées en dehors de l'assassin ... L'ensemble donne un sentiment contrasté et nuancé de toute cette affaire. Je suis très intéressé par les propos du juge, notamment, qui sont révélateurs de toute la complexité des lois dans une république islamiste. Et l'ensemble de l'affaire a de quoi faire froid dans le dos. Le pire étant, à mon avis, le froid détachement que l'assassin porte sur ses crimes : il reste un bon père, un bon citoyen et un bon musulman. Que tant de gens le soutiennent dans sa démarche ne fait que renforcer ce sentiment de gêne qui frappe à la lecture. Et le propos est assez éclairant sur l'Iran d'aujourd'hui, pays qui m'intéresse de plus en plus de par son histoire récente, ouvroir de nombreux problèmes qui sont parvenus jusqu'à nous aujourd'hui. Le dessin de Mana Neyestani est toujours aussi bon, avec un trait qui est expressif, dans des compositions marquées à la limite de la caricature ou du burlesque parfois. C'est un peu en décalage avec le propos, ce qui le renforce à mes yeux, tout en permettant parfois de mettre de façon assez inédite son propos en image. Il a un sens de la composition et de la mise en image qui allie souvent l'inventivité avec une constante lisibilité. L'utilisation de cases constantes est présent à côté de mise en scène de plongée/contre-plongée spectaculaire. Bref, une nouvelle fois l'auteur sait nous pondre une petite merveille qui a de quoi réjouir : une lecture prenante et qui fait durement réfléchir, mais qui a également une atmosphère prenante et presque angoissante. Dans quel monde vivons-nous, tout de même ...
Senso
C'est avec cet album que je découvre tout le talent d'Alfred et toute la sensibilité qui s'en dégage. Car avec cet album on sent que l'accent mis grâce à son titre sur la sensibilité, à la sensualité ou encore au ressenti (dans les deux sens du terme) a toute son importance. Si Alfred semble y avoir mis beaucoup de lui tout en extrapolant (je vous renvoie à la très bonne interview de l'auteur par Blue Boy que j'ai lue après ma lecture), j'ai tout de suite été conquis par l'ambiance qui se dégage au fil des pages. Cette légèreté, cette nonchalance qui émane de Germano, sa maladresse également, vont petit à petit se fondre et se diluer dans ce parc immense qui jouxte la demeure où il réside et où se tient un mariage d'une vieille connaissance. Si le marié est tout l'opposé de notre Germano, ce sera l'excuse parfaite pour fuir ces festivités grâce à la rencontre impromptue d'Elena... A partir de là le parc prend comme vie et va se révéler autant le témoin que le complice de notre couple d'un soir (seulement ?) et nous proposer un voyage immobile dans cet espace clos mais incommensurable. Chacun cherche sa place, un sens aussi à ce qui leur tombe dessus et en filigrane à sa propre existence. Tout cela se fait en douceur, sans forcer le récit, plutôt comme quelque chose qu'on laisserait partir au gré d'un courant lent mais certain, en s’appuyant sur un dessin et une colorisation maitrisés. C'est envoutant et plaisant, tout en ambiances. C'est la magie d'une nuit unique qu'on ne vit qu'une fois dans sa vie mais qui semble durer une éternité...
Coeur de Ténèbres (Delcourt)
Voilà un album qui aura réussi à me surprendre de bout en bout ! D'une, parce que je n'avais pas fait le lien avec l'oeuvre de Joseph Conrad en attaquant ma lecture ; d'autre part, par la force que dégage ce récit grâce à des ambiances uniques qui tiennent en partie au trait rêche, simple, mais très expressif de Benjamin Bachelier : il nous embarque complètement ! Ce côté charbonneux tout de noir et de gris impose l'attention, pour mieux nous péter à la gueule quand surgit la couleur au détour de quelques pages explosives. Si le procédé n'est pas nouveau (on pensera forcément à l'excellentissime Blast de Larcenet), il n'en est pas moins rudement efficace. Saluons aussi le travail de Jean-Pierre Pécau au scénario qui réussit là une transposition assez bluffante du roman de Conrad au temps des guerres de Vendée. Pour habiter dans la région, je connais donc un peu le sujet et les traces qui y subsistent, tant géographiquement que dans les esprits. Et c'est ce côté universel de la trame du récit qui enfonce le clou pour parfaire cet album. Pari audacieux mais pleinement réussi ! Il n'est du coup pas besoin de connaître son histoire des guerres de Vendée pour en apprécier la teneur, mais il suffit juste de se laisser bercer par la douce horreur distillée par toute guerre... Un très bon album que je recommande.
Moh - Palestinien mais presque
J’ai beaucoup apprécié cette histoire d’un jeune Palestinien se retrouvant presque malgré lui entrainé dans une jeunesse d’activisme politique dans les territoires occupés. Le ton est naïf et enfantin au début (forcément), mais avec l’âge Mohamed se pose de plus en plus de questions sur ce qui l’entoure, et finit par trainer avec d’autres jeunes engagés… au grand désespoir de ses parents qui se font un sang d’encre. L’album alterne les passages légers (quand il se prend pour James Bond par exemple, ou quand il rencontre sa copine) et les passages plus durs (la torture en prison), mais globalement la lecture est aisée. La narration est très fluide, les textes assez discrets, et la mise en image simple mais efficace. L’histoire de Mohamed se termine bien (pas de spoiler – voir le résumé de l’éditeur), mais combien d’autres sont resté coincés en Cisjordanie ? Il est intéressant de suivre le parcours d’UN palestinien, d’avoir accès à un témoignage « vu de l’intérieur », un de plus.
L'Accessoiriste
J’ai retrouvé dans « L'Accessoiriste » tous les ingrédients qui m’avaient tant plu dans Perceforest, du même auteur (et toujours chez Mosquito). L’histoire est remplie de mystère, et navigue entre rêve et réalité. La grande bâtisse aux couloirs et formes insondables est un personnage à part entière. Les évènements peuvent sembler abscons au premier abord, mais tout s’explique rapidement, jusqu’à un dénouement satisfaisant (mais un peu rapide). J’ai raté un détail graphique sur une des toutes dernières pages lors de ma première lecture, ce qui a affecté ma compréhension, mais une relecture des dites pages a tout remis en place. J’aime beaucoup le graphisme de François Deflandre, ce style un peu anguleux et ces couleurs plutôt vives. Son style est reconnaissable entre mille, et puis je le trouve surtout très esthétique. L’histoire contient de nombreuses références cinématographiques, mais je dois avouer que bons nombres me sont passées au-dessus de la tête (un manque de culture générale de ma part). Heureusement une petite liste en fin d’album clarifie tout ça. Une histoire originale, superbement narrée et mise en image.
Violette Morris
J’avais déjà vaguement entendu parler de cette dame (je ne sais plus trop à quelle occasion), mais je n’en avais pas gardé souvenir. Et c’est une erreur – aujourd’hui réparée, car c’est un personnage fort, atypique et intéressant. Dès le départ on apprend qu’elle a été exécutée par des résistants en Normandie, au printemps 1944, qu’elle était une collaboratrice, responsable de la mort de bien des gens. Une personne hautement antipathique à priori. Mais la suite – qui alterne flash-back depuis l’enfance de Violette et passages durant lesquelles une ancienne amie « enquête », pour découvrir les circonstances de sa mort – en font une personne moins monolithique. Et en tout cas une personnalité originale, qui déclenche plutôt l’empathie. Car cette femme s’affirme haut et fort contre les préjugés (et les lois) de la première moitié du XXème siècle. En effet, elle qui a un look de garçon (look qu’elle cultive par goût et aussi par provocation) conduit une voiture, pratique le sport (athlétisme, mais aussi boxe !!! contre un homme) à haut niveau, affiche des goûts homosexuels. Surtout, elle revendique une liberté scandaleuse pour l'époque, que peu de femmes pouvaient oser espérer à ce moment. Le premier tome se finit dans les années 1930, nous ne savons donc pas encore comment elle va évoluer vers cette collaboration qui va la pousser vers l’oubli et l’indignité. Mais on soupçonne fortement les auteurs (qui s’appuient sur le travail d’une historienne du féminisme), au travers de l’enquête menée par cette ex-amie de Violette, d’éclairer sous un jour différent ce personnage : son exécution et l’oubli qui l’a suivie ne doivent-ils pas aussi, surtout au fait qu’elle ait été une femme, qui plus est féministe avant l’heure ? Le deuxième album ne livre pas encore toutes les clés du personnages. En effet, il balaye la même période chronologique, la période "collabo" de Violette n'arrivant qu'au tome suivant visiblement. Si le personnage (on peut parler de personnage, tant l'originale sortait de l'ordinaire, se mettait en scène, mais aussi parce que les auteurs disent avoir pris quelques libertés avec la réalité) est toujours aussi haut en couleurs et atypique, la construction de ce tome ne cesse d'alterner les flash-back et les différentes périodes, des années 1920 et 1930 (avec quelques passages des années 1940, après la guerre), et la lecture et peut-être un chouia moins fluide. Mais ça reste quand même une histoire intéressante. C’est en tout cas une série que je vais continuer à suivre, pour mieux connaître un personnage hors norme. Note réelle 3.5/5.
Lone Sloane - Babel
Le retour de Lone Sloane. Par les dieux d'avant les dieux que c'est bon et beau. N'ayons pas peur des mots ceci est l'évènement SF de la rentrée, attendu par les fans du maître à savoir le nouvel opus de la saga Lone Sloane. Pour la première fois ce récit s'affranchit de Philippe Druillet , mais gageons qu'il avait le regard perché sur l'épaule des deux auteurs de cette renaissance. Au dessin Dimitri Avramoglou et au scénario Xavier Cazau-Zago. Lone Sloane, le chien aux yeux rouges est une série qui fut créée en 1966 chez l'éditeur Eric Losfeld. Elle met en scène les aventures d'un pirate interstellaire. Par la suite cette série fut à l'origine de l'inspiration de nombreux auteurs. En 1972 parait chez Dargaud "Les 6 voyages de Lone Sloane", puis la même année"Delirius", le diptyque Yragael et Vuzz. L'année 1976 marque un tournant dans la carrière de l'auteur qui suite au décès de sa femme l'année précédente publie un ouvrage très noir La Nuit. En 1980 il adapte Salammbô d'après le roman éponyme de Gustave Flaubert, œuvre magistrale, barbare et violente, oui, oui le même que "Mme Bovary". C'est Druillet qui le premier fit voler en éclats la bande dessinée dite classique avec un montage de planches totalement déstructuré, pleines pages, doubles pages, j'en passe la BD se réinventait. Son travail inspira de nombreux auteurs, même Georges Lucas avoue s'être inspiré de lui. En attendant une éventuelle adaptation de l'Enfer de Dante Alighieri savourons cet opus franchement fabuleux. Dès les premières pages de cette nouvelle histoire le lecteur est en terrain connu, les deux auteurs adoptent un procédé tant scénaristique que graphique qui replonge le vieux lecteur dans un univers connu de paysages stellaires cyclopéens. On y retrouve sans conteste la patte d'un Druillet mais avec des fulgurances de modernité qui ne sont pas pour déplaire. Également présents dans cet ouvrage le lecteur retrouve avec bonheur les anciens compagnons de route de Sloane : Yearl le néo-martien de même que Vuzz, sans oublier le fameux vaisseau spatial du héros Ô Sidarta. A l'apparition de chacun d’entre eux une petite vignette rappelle leur passé et relations avec Sloane. Il n'est pas nécessaire pour lire cet album d'être un fin connaisseur de l’œuvre de Druillet pour apprécier ce récit, on peut voir que le scénariste a bien intégré les bases de l'univers des autres albums mais il arrive à s'en défaire tout en rendant hommage sans servilité aucune. Le dessinateur D. Avramoglou fait bien plus que le job, certaines planches sont à tomber, regardez la double page au centre de l'album, elle est tout simplement jouissive. Le scénario est comme je l'ai déjà dit fort intelligent, reprenant un des thèmes chers à Druillet, à savoir le temps. Seul petit bémol le récit avec une voix un peu incantatoire qui pourrait en rebuter certains. Et cette planète mémoire, planète bibliothèque de tous les savoirs de ce qui a été, de ce qui est et de ce qui sera est une belle et bonne idée. Un mot sur la colorisation de Stephane Paitreau qui est juste une tuerie. Un dernier mot sur l'objet BD lui même qui possède une couverture acier du plus bel effet, notons qu’il possède une jaquette dont l'envers offre un joli poster. Cet album est un one shot mais au vu du talent des deux auteurs et comme le précise une fin ouverte (les choses ne sont qu'un éternel recommencement ) nul doute que d'autres aventures du loup des étoiles ne viennent ravir nos yeux. Coup de cœur évidemment, z'avez vu mon pseudo ? A faire tourner.
… à la folie
Cet album traite d’un sujet encore et toujours – hélas ! – d’actualité, à savoir la violence conjugale. Il le fait de manière équilibrée, en évitant une surcharge de pathos, ou une vision caricaturale ou trop manichéenne. Le titre déjà sous-tend, sous-entend tout ce qui va irriguer cette histoire. Un amour partagé, relativement sincère, un coup de foudre que la routine du couple va faire basculer, d’un amour fou, à la folie d’une relation saccadée, saccagée par les accès de violence du mari, et la volonté de la femme d’en minorer la folie. Car Sylvain Ricard joue plutôt la finesse pour développer son sujet, avec une « mise en scène » intéressante : chacun des membres du couple donne sa version des faits, ce qui équilibre et nuance leur histoire. Le dessin de James, comme toujours sans trop de fioritures, avec ses habituels personnages animaliers, aide à la fluidité de la lecture, mais aussi la « dépassionnalisation » des faits (même si certains peuvent justement trouver ce procédé artificiel ou trop édulcorant). L’histoire est complètement centrée sur ce couple quelque peu désuni par les liens du mariage, et les personnages secondaires (mère et copine de l’une, patron et collègue de l’autre) sont du coup un peu sacrifiés. Même si l’on nous montre bien la difficulté d’appréhender tous les aspects de ce drame de l’extérieur, et si la relative inertie du « système » policier/judiciaire est évoquée. Au final, c’est un album qui, sur un sujet dur, a su éviter les facilités dommageables à toute crédibilité, tout en prenant le temps de construire une chronique de la violence ordinaire, et en en montrant les mécanisme, plus pernicieux et invisibles qu’on ne le croit.
Catherine de Médicis - La Reine maudite
C'est grâce à cette BD que j'ai découvert que je ne connaissais quasiment rien de Catherine de Médicis. A dire vrai, je la confondais même avec Marie de Médicis, la femme d'Henri IV. Je n'avais même pas réalisé en débutant cette série que c'était la même qu'on voit dans Charly 9. Difficile d'imaginer qu'elle soit devenue la régente intrigante déclenchant les Noces de Sang, coup d'envoi du massacre de la Saint-Barthélémy, quand on voit la jeune fille souriante et agréable qu'elle était dans sa prime jeunesse. Et pourtant, justement, les événements racontés dans le premier tome de la série vont nettement expliquer sa personnalité et l'état d'esprit de son règne et de sa régence. Certes noble et certaine de son autorité, la jeune duchesse se fait aimer de ses serviteurs. Jusqu'au drame de 1527 quand le Pape Clément VII se rend à l'armée de Charles Quint et que les partisans de la République de Florence en profitent pour s'en prendre aux Médicis et la tenir prisonnière et humiliée. Une fois libérée, elle va retrouver de sa superbe mais gardera une attitude prudente et intelligente, marquée par son passé. Cette habileté et les circonstances feront d'elle une puissante reine de France puis une régente... avec pourtant une mauvaise réputation qui lui collera à la peau et bien sûr cette fameuse Sainte-Barthélémy... Nous avons là une très bonne série historique. Son dessin est d'une grande qualité, réaliste et très soigné, avec une bonne mise en scène. Si j'avais un regret à formuler, ce serait une propension à rendre les dents des personnages un peu trop visibles dès qu'ils crient ou montrent des émotions vives, mais pour le reste, c'est visuellement impeccable et détaillé. La situation historique et politique de l'époque est très complexe, de même que la vie de Catherine de Médicis elle-même. Et pourtant les auteurs réussissent à la rendre ici claire et très compréhensible. C'est certes dense, il faut parfois s'accrocher un petit peu pour ne pas manquer une étape, mais pour peu qu'on lise en étant bien éveillé, la BD est très bien racontée et m'a permis d'apprendre beaucoup de choses sur une époque et des personnages que je ne connaissais quasiment pas du tout. Du beau boulot, à mettre entre les mains de tous les amateurs d'Histoire !
Une nuit avec Lovecraft
Je n’ai jamais lu d’histoires de Lovecraft, mais j’avais déjà beaucoup aimé Markheim de Rodolphe et Marcelé (toujours chez Mosquito)… je me suis donc intéressé à cette nouvelle collaboration datant de 2018… et nouveau coup de cœur ! Mary et ses amis jouent à un jeu virtuel où l’on choisit une époque que l’on souhaiterait visiter… étudiante en littérature et grosse passionnée de H.P. Lovecraft, elle choisit la ville de Providence dans les années 30, en espérant y rencontrer son idole… Souhait réalisé, puisque elle s’y retrouve transportée (rêve ? voyage dans le temps ? peu importe finalement) et finit par se promener de nuit avec lui… ils parleront de la vie de Lovecraft, de son travail, de sa famille etc. Se faisant, ils visitent divers lieux lugubres et mystérieux, mais aussi certaines nouvelles de l’auteur, dont des extraits viennent s’intercaler dans le récit. Le dessin sombre et charbonneux de Philippe Marcelé est superbe, et participe grandement à l’ambiance mystérieuse et terrifiante de cette promenade nocturne… je trouve les illustrations des extraits de nouvelles de Lovecraft particulièrement réussies. J’ai englouti d’une traite les 80 pages de cet album, qui m’a donné envie de découvrir l’œuvre de H.P. Lovecraft… un coup de cœur !