Ozymandias revient sur l'un des personnages clés les plus complexes de Watchmen. Prévenons de suite les éventuels curieux qui se risqueraient d'ailleurs à lire ce récit sans connaître la trame principale de l'oeuvre d'Alan Moore : plus que tout autre opus des "Before Watchmen", ils seraient vite perdus dans les méandres de la trame principale tant son dernier tiers y fait référence. C'est d'ailleurs la partie la moins intéressante de l'histoire tant elle se plait à relier les éléments communs : le redoutable et machiavélique plan de l'homme le plus intelligent du monde pour sauver l'humanité.
Heureusement l'ensemble de cette histoire ne se borne pas uniquement à cela mais bien à nous raconter l'évolution d'Adrian Veidt, être androgyne complexe et dont les facultés intellectuelles le désocialisent de son entourage.
Sur une voix off solennelle, vous apprendrez tout du passé de ce Gardien, de sa jeunesse et de sa formation tel un Bruce Wayne insensible sur base de soif de connaissance et d'apprentissage des arts martiaux au travers de ses périples sur le globe.
Grand fan d'Alexandre le Grand et de Ramses II dont il reprend le patronyme grec, Veidt aspire à rendre une justice froide et déshumanisée. Grand calculateur et fin stratège, il développe des aptitudes uniques et précises pour devenir une machine à tuer parfaite tel un Terminator.
Le dessin de Jae Lee est juste somptueux pour illustrer ces propos. Dans un style figé digne de l'imagerie d’Épinal, les poses sont savamment choisies et le découpage des nombreuses scènes d'action atypiques. Cercles et demi-cercles cassent fréquemment les formes rectangulaires classiques et offrent un regard spartiate presque inconscient. D'autres Watchmen comme le Comédien interviennent en caméo, un système d'ombres chinoises permet de découper une séquence façon Bullet Time Matrix. La mise en scène du dessinateur coréen est effectivement le point fort et on regrette beaucoup le choix de couverture de l'édition française qui reprend un de ses moins jolis croquis.
Effectivement et une fois de plus, cette lecture n'apportera rien de plus à l'oeuvre somme de Gibbons et Moore tout comme tous les autres (à l'exception notable de Before Watchmen - Minutemen qui restera de loin la meilleure surprise de ces "story origins") mais c'est probablement l'un des plus agréables.
3.5
Je suis tombé par hasard sur le premier tome de cette série et le style rétro du dessin a attiré mon attention parce que ça me fait penser à du Mitsuru Adachi, un mangaka que j'aime bien.
Comme le titre l'indique, c'est un manga qui parle de sake et cela me fait penser à tous ces mangas et bandes dessinées qui parlent de vins qui sortent de nos jours, sauf que cette série date de la fin des années 80. L'éditeur a choisi de publier une édition double qui compte deux tomes dans un donc c'est plus long qu'un manga ordinaire (plus de 400 pages dans ce premier tome !) et je pense que c'est une bonne idée car le rythme de l'histoire est un peu lent. Ainsi, cela va prendre plusieurs chapitres avant que l’héroïne retourne définitivement chez elle. Ce rythme ne m'a pas trop dérangé car il permet de bien développer les personnages et l'intrigue. Vu que les personnages sont des adultes, le ton est un peu plus mature que dans un manga destiné aux ados et le ton de la série m'a un peu fait penser à ''Maison Ikkoku''. L’héroïne est attachante. Le côté documentaire de la série n'est pas chiant et j'ai bien aimé en apprendre plus sur le sake alors que je ne suis pas du tout fan de ce breuvage et j'ai bien vu que je n'y connaissais absolument rien. Le manga est aussi un peu avant-gardiste parce qu'on parle un peu de culture biologique, ce qui ne devait pas être courant dans ces années-là.
J'ai passé un bon moment de lecture même si ce manga tombe dans les clichés du genre. Ainsi l’héroïne a un but qui semble impossible à atteindre et qui demandera beaucoup d'effort pour y parvenir. Il y a combien de mangas où le héros a un rêve impossible ? Bon au moins ce n'est pas 'je veux devenir le meilleur combattant/chef cuisinier/pirate/posteur sur BDthèque au monde'. Il y aussi son côté un peu naïve qui risque peut-être d'énerver certains lecteurs (ah la pauvre héroïne qui doit garder sa confiance face au méchant monde mensonger de la publicité). En tout cas, moi j'ai bien aimé et si vous appréciez toutes ces séries sur le vin, je pense que celle-ci qui va vous plaire. Ah oui il faut aussi aimer le contemplatif parce que plusieurs chapitres montrent la vie quotidienne des personnages.
Ca, c'est de la bd d'humour comme je l'aime : absurde, gags gros comme une maison, un peu irrévérencieux, et personnages hauts en couleur. Les trois protagonistes de cette bd, qui font partie du fameux commanda Torquemada de la Sainte Inquisition, sont très réussis.
Soeur Sarah, qui fait office de chef, est le cerveau du groupe. Elle tente souvent de réfréner ses deux coéquipiers un peu plus directs qu'elle. Pourtant, elle est du genre à torturer des types en les pendant par les pieds dans l'eau, à coucher avec une bonne soeur chanteuse et à voler des pénis de statues du clergé. C'est vous dire le niveau des deux autres. Mc Gowan sort son flingue à chaque fois qu'il entend un chant religieux (embêtant pour un catholique) et Frère Malachie passe son temps à empoisonner tout ce qui lui passe sous la main et est fasciné par tout type de drogues et de plantes cheloues. Les autres personnages sont bien réussis également. Ils sont tous hyper caricaturaux et faux jetons. Je pense notamment au pape et à Albuferque, qu'on retrouve dans tous les albums, mais aussi aux personnages secondaires de chaque récit, comme Soeur Dominique ou le prêtre africain du tome 1.
Bref, à la lecture de "Commando Torquemada", on se marre. Les personnages sont cools, les dialogues incisifs et drôles, l'humour est débile et mordant. Le seul défaut, à mon sens, ce sont les histoires. Elles ne m'ont pas totalement convaincues, c'est presque un peu trop. En fait, chaque planche me fait marrer grâce à tout ce que je viens de dire, mais l'ensemble est moins convaincant, et parait un peu tiré par les cheveux. En particulier, l'histoire du vélo dans le tome 1 et de Jésus et Judas dans le tome 3 ne m'ont pas convaincu plus que ça.
Mais j'ai quand même apprécié ces albums, parce que c'est vraiment drôle. Entre Malachie qui intoxique la moitié d'un couvent, la mission de "recoller les sexes des statues", Mc Gowan et Malachie qui testent des produits sur des passants en leur tirant dessus, ou encore Sarah qui embrasse le mec le plus moche qu'elle croise avant de lui coller une baffe, et qui est assez excessive dans son rapport à la religion, il y a vraiment trop de trucs qui m'ont fait marrer, et j'ai réellement apprécié cette lecture. Un petit coup de coeur pour Feargal, sorte de badass dandy à lunettes noires qui ne rêve que de sortir son flingue.
J'ai aussi bien aimé le dessin. Dommage que les visages soient un peu changeants selon les cases, mais j'aime bien ce style, avec ces visages un peu carrés, anguleux. Les expressions sont bien rendues, et l'ensemble est fluide et agréable à l'oeil pour une bd d'humour.
Si le surf lui sert de fil rouge, « In Waves » est d’abord le livre d’un deuil. Comme le précise l’auteur en postface, ll n’est pas « expert en matière de surf », se définissant plutôt comme « amateur enthousiaste, que les grandes figures du surf inspirent ». Et d’évoquer cette obsession en commun « de chevaucher les vagues, ce profond respect pour l’océan, et le cœur brisé. » Un cœur brisé par la mort de sa petite amie.
Il n’est donc nullement nécessaire de s’intéresser au surf pour apprécier ce très beau roman (autobio-)graphique, qui du coup nous fait voir cette discipline sous un jour nouveau, loin des clichés faciles sur les beaux gosses un peu benêts passant leur journée à se faire admirer par des meutes de filles éperdues. Nous sommes ici dans un registre très différent, beaucoup plus grave, plus mélancolique aussi. Aj Dungo évoque ici la maladie de sa petite amie Kristen, disparue bien trop tôt après des années de lutte pour rester en vie.
Quel rapport entre le surf et la maladie me direz-vous ? On le comprend dès le début du livre, où tous les amis de Kristen se sont réunis sur la côte à l’occasion de son anniversaire pour la voir surfer, alors que celle-ci apparaît déjà passablement affaiblie. L’auteur, qui ne l’avait jamais vue sur une planche, connaissait sa passion pour ce sport qu’elle ne pratiquait presque plus depuis que son cancer avait été diagnostiqué. Aj Dungo va ainsi utiliser la passion de la jeune fille pour construire un récit alternant l’histoire du surf et la descente aux enfers de Kristen. Et contre toute attente, ce parti pris fonctionne formidablement bien, avec un code couleur bichromique pour chaque versant du récit, vert pour raconter l’intimiste, sepia pour évoquer le sport et ses figures. Et les deux narrations, en s’entrecoupant de la sorte, finissent par produire une alchimie inattendue, un rythme harmonieux, régulier et apaisant comme peuvent l’être le bruit des vagues… ce qui contribue sans nul doute à alléger un récit au thème pas forcément très joyeux. L’auteur nous épargne tout pathos inutile, se contentant de nous livrer sa propre expérience, celle d’un amour pur, avec pudeur et sensibilité.
Très graphique, le dessin est d’une sobriété exemplaire, avec une ligne épurée où chaque trait est à sa place, sans surcharge, comme une évidence. Un peu comme si la mer avait guidé le crayon d’Aj Dungo, d’une fluidité et d’une douceur infinie, même si l’on peut imaginer la tempête qui a précédé… Et quand arrivent les dernières pages, on se dit que l’auteur n’a pu concevoir cette œuvre tout seul, et que la personne qui l’a aidé vit forcément en lui… comme une évidence.
« In Waves » parvient ainsi à nous toucher au plus profond de nous-mêmes. L’histoire de Kristen, cette jeune fille profondément amoureuse de la vie, frappée injustement par une maladie qui « se jouait d’elle », nous brise le cœur à nous aussi. Elle constitue un exemple admirable de courage pour chacun et une leçon pour tous les bien-portants grognons centrés sur leur petite personne. Loin d’être une vague bluette, « In Waves » nous submerge telle une vague émotionnelle puissante, nous rendant à la fois plus humble et plus fort, plus proche de l’essentiel.
Ne vous fiez pas à la couverture du premier tome pour lire cette BD, personnellement je trouve le dessin un peu raide mais une fois entamée la lecture ce sentiment s'estompe rapidement. J'avais également un peu peur d'être largué dans ces affrontements entre factions en Écosse au XVIII ème siècle, au final et merci à l'auteur les choses ne sont pas si alambiquées que j'aurais pu le penser.
En fait nous sommes en présence d'un roman de cape et d'épée à la sauce des Highlands, d’où le titre me direz vous, mais c'est très plaisant, la BD alternant habilement entre passages plus lents qui permettent de replacer l'action dans le contexte politique de l'époque et des passages qui font la part belle à l'action. Les décors sont extrêmement fouillés (quelques belles planches dans l'atelier du peintre) et la psychologie des personnages n'est pas en reste.
Au final un diptyque fort divertissant, original par le traitement de son sujet, donc à lire forcément.
Je note un cran plus haut que mes deux camarades précédents car j'ai pris énormément de plaisir à lire ce conte pour la jeunesse. D'aucun pourrait dire que je ne suis pas dans la cible, mais au même titre qu'un adulte peut aimer l’œuvre de Miyazaki dont j'ai retrouvé ici l'influence, cette belle histoire teintée d'écologie ne pourra que ravir les plus jeunes mais aussi leur parents.
L'histoire est simple au possible, il s'agit d'une quête pour reverdir une vallée au cours de laquelle les héros devront affronter des dangers pas trop perturbants toutefois.
Le dessin, s'il manque parfois d'un peu de maturité, conviendra tout de même aux plus jeunes, chaque protagoniste ayant son caractère propre et facilement discernable.
Une belle histoire bien illustrée capable de séduire l'imaginaire des plus jeunes.
Enfin, le manga presque parfait. Il me faut lire plus de 800 titres de mangas différents pour tomber sur la perle rare. Comme dit, il ne faut jamais désespérer. La réalité est que l'on peut perdre patience car il s'agit de trouver LE manga parmi la diversité et la médiocrité.
« Muséum » est un thriller du même acabit que le film Seven qui avait tant marqué les années 90 avec Brad Pitt, Morgan Freeman et surtout Kevin Spacey plus terrifiant que jamais.
D'emblée, on entre dans une enquête à frisson avec d'horribles meurtres qui sont perpétrés avec une violence absolue. L'atmosphère devient vite pesante avec cette pluie qui n'arrête pas de tomber. Crazy Frog (un tueur à masque de grenouille) traîne dans les rues pour achever son œuvre malsaine. Âmes sensibles, s'abstenir.
Le graphisme est impeccable : c'est une vraie claque visuelle. La réalisation du mangaka Tomoé Ryôsuke semble maîtrisée du tout au tout même si on ne s'en aperçoit pas forcément à la lecture du premier tome. Le méchant est charismatique dans sa folie. Le final sera aussi cruel que dérangeant. Bref, c'est très efficace mais comme dit, c'est du déjà-vu.
Un manga sombre et captivant qui frise le chef d’œuvre en matière de polar. En conclusion, « Muséum » est un thriller que je vous conseille absolument. Il s'agit d'un des meilleurs mangas qui existent sur le marché.
A noter qu'il existe une réédition spéciale en grand format et en deux volumes de ce manga. Je l'ai acquise après avoir lu la version classique composée de trois tomes. Cela apporte un plus dans la mesure où cela met en valeur l'excellent graphisme. Par ailleurs, on aura même droit à un bonus spécial tout à la fin avec le préquel de cette terrifiante histoire en une vingtaine de pages. On tient là l'un des plus grands polars de toutes ces dernières années.
C'est agréable de lire de temps en temps des histoires toutes simples. Davodeau est un très bon raconteur de la normalité, du moins jusqu'à un certain point. Nous avons là un scénario qui tient parfaitement la route, ou plutôt le rail, avec un fond de polar mais sans que cet aspect soit trop prégnant. J'aime beaucoup chez cet auteur le manière qu'il a de croquer ses personnages par des petites touches subtiles qui font que, même si dans le cas présent la BD n'est pas inoubliable, il y a un je ne sais quoi qui fait que l'on s'attache.
Le dessin est très plaisant et la gare de Davodeau donne envie de s'y arrêter. A lire et à faire lire pour l'humanisme qui s'en dégage.
En voilà une bonne surprise ! Voilà longtemps qu’un album de fantasy ne m’avait pas autant enthousiasmé. Car ce premier tome scénarisé par Jean-Luc Istin et dessiné par Sébastien Grenier est plus que prometteur pour la suite de la série.
Tout d’abord, mention spéciale au dessin qui m’a fait penser à un doux mélange entre Civiello et Gimenez. Un coup de patte très réaliste mais aussi très pictural qui donne toute sa patine à l’album et colle parfaitement au récit proposé. Ajoutez des couleurs très contrastées marquant parfaitement les différentes ambiances des décors variés que nos protagonistes vont traverser et nous sommes bons pour en prendre plein les yeux ! Chaque casse fourmille de détails, que ce soit dans l’architecture, les paysages ou encore les costumes, nous immergeant rapidement dans cet univers particulier. On a envie de voir les originaux pour en apprécier vraiment le travail et les textures.
Car si ce premier tome n’est qu’introductif, nous en apprenons déjà beaucoup sur ce monde coupé en deux par cette faille gigantesque. Certains rêvent de réunifier les deux empires qui la bordent, mais leurs motivations divergent, même s’il est forcément question de pouvoir… Et c’est au milieu de cet écheveau que vont évoluer tant bien que mal nos deux personnages principaux. D’un côté Lorien, jeune orpheline devenue Templier (pourtant un ordre guerrier réservé aux hommes) et Pier de la Vita, le maître d’œuvre de la grande cathédrale censée permettre la réunification des deux royaumes. Bien évidemment, pour eux rien ne se passera comme prévu…
Un très bon début de série que les amateurs de fantasy ne pourront qu’apprécier !
*** Tomes 2 & 3 ***
Wow wow wow ! Et bien les aminches, ça décoiffe cette série ! Voilà de la Dark Fantasy comme je l'aime ! L'univers que nous propose notre brochette d'auteurs se lâche et nous sort le grand jeu !
On y retrouve tout le côté classique de la fantasy et de ses personnages fétiches (mages, elfes, nains, assassins & co ) et tout un panel de créatures fantastiques qui viennent élargir le spectre "vivant" de ce belles contrées. Tout ce beau petit monde évolue au gré d'une intrigue finement ficelée et pleine de rebondissements où l'on en apprend toujours un peu plus, même si c'est au compte goutte, sur le parcours de nos personnages principaux.
Et quand tout cela nous est servi par le dessin remarquable de Sébastien Grenier, on ne peut qu'applaudir ! Ces planches mes amis ! Je serai très curieux d'avoir la chance de voir les originaux ! Car certaines double pages sont juste majestueuses ! Que ce soit les paysages, l'architecture démesurée de certaines villes ou bâtisses, ou encore certaines scènes de batailles, on en prend plein les yeux !
Alors vite, la suite ! Car le problème de ce genre de pépite, c'est que quand on est plongé dedans, le sevrage est difficile !!!
Voilà une série annoncée en deux tomes qui commence plutôt bien !
C'est avec plaisir que je retrouve le travail de Lionel Richerand que j'avais apprécié avec l'album jeunesse Les Nouveaux pirates et un autre album sorti dans la même collection Dans la forêt. Il s'adjoint cette fois-ci au scénariste Bertrand Santini pour nous concocter cet album aux relents romantiques de la fin XIXe.
Vieilles bâtisses anglaises, écrivain maudit, créatures fantastiques et pacte avec un être surnaturel, tous les ingrédients sont là pour nous plonger dans une atmosphère parfaite pour cette collection !
Après le décès de sa mère, le jeune écrivain Lewis Pharamond qui peine à se remettre, hérite de la vieille maison de famille où il a passé son enfance. Il décide malgré l'hiver de s'y rendre pour trouver l'inspiration qui lui fait défaut pour y écrire son premier roman. Mais l'inspiration n'est pas quelque chose qui se commande, et c'est finalement après qu'il fasse la rencontre de Sarah, le fantôme d'une belle femme pour que tout change...
Le dessin de Lionel Richerand trouve avec cette histoire toute la matière nécessaire pour donner libre cours à son talent graphique tourné vers le fantastique. Car c'est quand le fantastique s'invite dans ses cases que son savoir faire fait des merveilles et donne une toute autre dimension à cet album ! On retrouve les influences de Burton et Myazaki qui effleuraient déjà dans Dans la forêt, mais avec une toute autre dimension au travers de scénario imaginé par Bertrand Santini.
Voilà donc un premier tome très réussi, qui prend le temps de s’installer tranquillement pour basculer juste comme il faut en fin d'album pour nous donner envie de découvrir la suite de cette série qui se conclura dans le second tome. A suivre donc !
*** Tome 2 ***
Ahhhh !!! Enfin la suite et fin !!!
Et quel régal ! Moi qui avais déjà trouvé beaucoup de charme au premier tome de cette courte série, je sors ravi de ce second !
D'emblée le caractère quasi expressionniste des personnages du "grand Londres" de la fin XIXe m'a scotché ; j'avais l'impression de retrouver du James Ensor version BD. Toute cette hypocrisie de "la haute" couchée sur le papier est juste magnifique, on s'y croirait ! Le dessin de Lionel Richerand fourmille d'expressivité dans ses moindre détails composant sur le caneva proposé par son comparse Bertrand Santini une fresque romantique, au sens premier du terme. Ajoutez à cela du fantastique et un soupçon d'enquête et vous obtenez cette petite merveille toujours aussi bien servi par la collection Métamorphose de chez Soleil pour qui l'objet livre est tout un art.
Bref, je me suis régalé, tant grâce à l'histoire que par ce graphisme original et talentueux qui donne toute sa force et sa cohésion au récit !
A lire !
(je passe ma note à 4)
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Before Watchmen - Ozymandias
Ozymandias revient sur l'un des personnages clés les plus complexes de Watchmen. Prévenons de suite les éventuels curieux qui se risqueraient d'ailleurs à lire ce récit sans connaître la trame principale de l'oeuvre d'Alan Moore : plus que tout autre opus des "Before Watchmen", ils seraient vite perdus dans les méandres de la trame principale tant son dernier tiers y fait référence. C'est d'ailleurs la partie la moins intéressante de l'histoire tant elle se plait à relier les éléments communs : le redoutable et machiavélique plan de l'homme le plus intelligent du monde pour sauver l'humanité. Heureusement l'ensemble de cette histoire ne se borne pas uniquement à cela mais bien à nous raconter l'évolution d'Adrian Veidt, être androgyne complexe et dont les facultés intellectuelles le désocialisent de son entourage. Sur une voix off solennelle, vous apprendrez tout du passé de ce Gardien, de sa jeunesse et de sa formation tel un Bruce Wayne insensible sur base de soif de connaissance et d'apprentissage des arts martiaux au travers de ses périples sur le globe. Grand fan d'Alexandre le Grand et de Ramses II dont il reprend le patronyme grec, Veidt aspire à rendre une justice froide et déshumanisée. Grand calculateur et fin stratège, il développe des aptitudes uniques et précises pour devenir une machine à tuer parfaite tel un Terminator. Le dessin de Jae Lee est juste somptueux pour illustrer ces propos. Dans un style figé digne de l'imagerie d’Épinal, les poses sont savamment choisies et le découpage des nombreuses scènes d'action atypiques. Cercles et demi-cercles cassent fréquemment les formes rectangulaires classiques et offrent un regard spartiate presque inconscient. D'autres Watchmen comme le Comédien interviennent en caméo, un système d'ombres chinoises permet de découper une séquence façon Bullet Time Matrix. La mise en scène du dessinateur coréen est effectivement le point fort et on regrette beaucoup le choix de couverture de l'édition française qui reprend un de ses moins jolis croquis. Effectivement et une fois de plus, cette lecture n'apportera rien de plus à l'oeuvre somme de Gibbons et Moore tout comme tous les autres (à l'exception notable de Before Watchmen - Minutemen qui restera de loin la meilleure surprise de ces "story origins") mais c'est probablement l'un des plus agréables.
Natsuko No Sake
3.5 Je suis tombé par hasard sur le premier tome de cette série et le style rétro du dessin a attiré mon attention parce que ça me fait penser à du Mitsuru Adachi, un mangaka que j'aime bien. Comme le titre l'indique, c'est un manga qui parle de sake et cela me fait penser à tous ces mangas et bandes dessinées qui parlent de vins qui sortent de nos jours, sauf que cette série date de la fin des années 80. L'éditeur a choisi de publier une édition double qui compte deux tomes dans un donc c'est plus long qu'un manga ordinaire (plus de 400 pages dans ce premier tome !) et je pense que c'est une bonne idée car le rythme de l'histoire est un peu lent. Ainsi, cela va prendre plusieurs chapitres avant que l’héroïne retourne définitivement chez elle. Ce rythme ne m'a pas trop dérangé car il permet de bien développer les personnages et l'intrigue. Vu que les personnages sont des adultes, le ton est un peu plus mature que dans un manga destiné aux ados et le ton de la série m'a un peu fait penser à ''Maison Ikkoku''. L’héroïne est attachante. Le côté documentaire de la série n'est pas chiant et j'ai bien aimé en apprendre plus sur le sake alors que je ne suis pas du tout fan de ce breuvage et j'ai bien vu que je n'y connaissais absolument rien. Le manga est aussi un peu avant-gardiste parce qu'on parle un peu de culture biologique, ce qui ne devait pas être courant dans ces années-là. J'ai passé un bon moment de lecture même si ce manga tombe dans les clichés du genre. Ainsi l’héroïne a un but qui semble impossible à atteindre et qui demandera beaucoup d'effort pour y parvenir. Il y a combien de mangas où le héros a un rêve impossible ? Bon au moins ce n'est pas 'je veux devenir le meilleur combattant/chef cuisinier/pirate/posteur sur BDthèque au monde'. Il y aussi son côté un peu naïve qui risque peut-être d'énerver certains lecteurs (ah la pauvre héroïne qui doit garder sa confiance face au méchant monde mensonger de la publicité). En tout cas, moi j'ai bien aimé et si vous appréciez toutes ces séries sur le vin, je pense que celle-ci qui va vous plaire. Ah oui il faut aussi aimer le contemplatif parce que plusieurs chapitres montrent la vie quotidienne des personnages.
Commando Torquemada
Ca, c'est de la bd d'humour comme je l'aime : absurde, gags gros comme une maison, un peu irrévérencieux, et personnages hauts en couleur. Les trois protagonistes de cette bd, qui font partie du fameux commanda Torquemada de la Sainte Inquisition, sont très réussis. Soeur Sarah, qui fait office de chef, est le cerveau du groupe. Elle tente souvent de réfréner ses deux coéquipiers un peu plus directs qu'elle. Pourtant, elle est du genre à torturer des types en les pendant par les pieds dans l'eau, à coucher avec une bonne soeur chanteuse et à voler des pénis de statues du clergé. C'est vous dire le niveau des deux autres. Mc Gowan sort son flingue à chaque fois qu'il entend un chant religieux (embêtant pour un catholique) et Frère Malachie passe son temps à empoisonner tout ce qui lui passe sous la main et est fasciné par tout type de drogues et de plantes cheloues. Les autres personnages sont bien réussis également. Ils sont tous hyper caricaturaux et faux jetons. Je pense notamment au pape et à Albuferque, qu'on retrouve dans tous les albums, mais aussi aux personnages secondaires de chaque récit, comme Soeur Dominique ou le prêtre africain du tome 1. Bref, à la lecture de "Commando Torquemada", on se marre. Les personnages sont cools, les dialogues incisifs et drôles, l'humour est débile et mordant. Le seul défaut, à mon sens, ce sont les histoires. Elles ne m'ont pas totalement convaincues, c'est presque un peu trop. En fait, chaque planche me fait marrer grâce à tout ce que je viens de dire, mais l'ensemble est moins convaincant, et parait un peu tiré par les cheveux. En particulier, l'histoire du vélo dans le tome 1 et de Jésus et Judas dans le tome 3 ne m'ont pas convaincu plus que ça. Mais j'ai quand même apprécié ces albums, parce que c'est vraiment drôle. Entre Malachie qui intoxique la moitié d'un couvent, la mission de "recoller les sexes des statues", Mc Gowan et Malachie qui testent des produits sur des passants en leur tirant dessus, ou encore Sarah qui embrasse le mec le plus moche qu'elle croise avant de lui coller une baffe, et qui est assez excessive dans son rapport à la religion, il y a vraiment trop de trucs qui m'ont fait marrer, et j'ai réellement apprécié cette lecture. Un petit coup de coeur pour Feargal, sorte de badass dandy à lunettes noires qui ne rêve que de sortir son flingue. J'ai aussi bien aimé le dessin. Dommage que les visages soient un peu changeants selon les cases, mais j'aime bien ce style, avec ces visages un peu carrés, anguleux. Les expressions sont bien rendues, et l'ensemble est fluide et agréable à l'oeil pour une bd d'humour.
In Waves
Si le surf lui sert de fil rouge, « In Waves » est d’abord le livre d’un deuil. Comme le précise l’auteur en postface, ll n’est pas « expert en matière de surf », se définissant plutôt comme « amateur enthousiaste, que les grandes figures du surf inspirent ». Et d’évoquer cette obsession en commun « de chevaucher les vagues, ce profond respect pour l’océan, et le cœur brisé. » Un cœur brisé par la mort de sa petite amie. Il n’est donc nullement nécessaire de s’intéresser au surf pour apprécier ce très beau roman (autobio-)graphique, qui du coup nous fait voir cette discipline sous un jour nouveau, loin des clichés faciles sur les beaux gosses un peu benêts passant leur journée à se faire admirer par des meutes de filles éperdues. Nous sommes ici dans un registre très différent, beaucoup plus grave, plus mélancolique aussi. Aj Dungo évoque ici la maladie de sa petite amie Kristen, disparue bien trop tôt après des années de lutte pour rester en vie. Quel rapport entre le surf et la maladie me direz-vous ? On le comprend dès le début du livre, où tous les amis de Kristen se sont réunis sur la côte à l’occasion de son anniversaire pour la voir surfer, alors que celle-ci apparaît déjà passablement affaiblie. L’auteur, qui ne l’avait jamais vue sur une planche, connaissait sa passion pour ce sport qu’elle ne pratiquait presque plus depuis que son cancer avait été diagnostiqué. Aj Dungo va ainsi utiliser la passion de la jeune fille pour construire un récit alternant l’histoire du surf et la descente aux enfers de Kristen. Et contre toute attente, ce parti pris fonctionne formidablement bien, avec un code couleur bichromique pour chaque versant du récit, vert pour raconter l’intimiste, sepia pour évoquer le sport et ses figures. Et les deux narrations, en s’entrecoupant de la sorte, finissent par produire une alchimie inattendue, un rythme harmonieux, régulier et apaisant comme peuvent l’être le bruit des vagues… ce qui contribue sans nul doute à alléger un récit au thème pas forcément très joyeux. L’auteur nous épargne tout pathos inutile, se contentant de nous livrer sa propre expérience, celle d’un amour pur, avec pudeur et sensibilité. Très graphique, le dessin est d’une sobriété exemplaire, avec une ligne épurée où chaque trait est à sa place, sans surcharge, comme une évidence. Un peu comme si la mer avait guidé le crayon d’Aj Dungo, d’une fluidité et d’une douceur infinie, même si l’on peut imaginer la tempête qui a précédé… Et quand arrivent les dernières pages, on se dit que l’auteur n’a pu concevoir cette œuvre tout seul, et que la personne qui l’a aidé vit forcément en lui… comme une évidence. « In Waves » parvient ainsi à nous toucher au plus profond de nous-mêmes. L’histoire de Kristen, cette jeune fille profondément amoureuse de la vie, frappée injustement par une maladie qui « se jouait d’elle », nous brise le cœur à nous aussi. Elle constitue un exemple admirable de courage pour chacun et une leçon pour tous les bien-portants grognons centrés sur leur petite personne. Loin d’être une vague bluette, « In Waves » nous submerge telle une vague émotionnelle puissante, nous rendant à la fois plus humble et plus fort, plus proche de l’essentiel.
Highlands
Ne vous fiez pas à la couverture du premier tome pour lire cette BD, personnellement je trouve le dessin un peu raide mais une fois entamée la lecture ce sentiment s'estompe rapidement. J'avais également un peu peur d'être largué dans ces affrontements entre factions en Écosse au XVIII ème siècle, au final et merci à l'auteur les choses ne sont pas si alambiquées que j'aurais pu le penser. En fait nous sommes en présence d'un roman de cape et d'épée à la sauce des Highlands, d’où le titre me direz vous, mais c'est très plaisant, la BD alternant habilement entre passages plus lents qui permettent de replacer l'action dans le contexte politique de l'époque et des passages qui font la part belle à l'action. Les décors sont extrêmement fouillés (quelques belles planches dans l'atelier du peintre) et la psychologie des personnages n'est pas en reste. Au final un diptyque fort divertissant, original par le traitement de son sujet, donc à lire forcément.
Fleur de bambou
Je note un cran plus haut que mes deux camarades précédents car j'ai pris énormément de plaisir à lire ce conte pour la jeunesse. D'aucun pourrait dire que je ne suis pas dans la cible, mais au même titre qu'un adulte peut aimer l’œuvre de Miyazaki dont j'ai retrouvé ici l'influence, cette belle histoire teintée d'écologie ne pourra que ravir les plus jeunes mais aussi leur parents. L'histoire est simple au possible, il s'agit d'une quête pour reverdir une vallée au cours de laquelle les héros devront affronter des dangers pas trop perturbants toutefois. Le dessin, s'il manque parfois d'un peu de maturité, conviendra tout de même aux plus jeunes, chaque protagoniste ayant son caractère propre et facilement discernable. Une belle histoire bien illustrée capable de séduire l'imaginaire des plus jeunes.
Museum - Killing in the rain
Enfin, le manga presque parfait. Il me faut lire plus de 800 titres de mangas différents pour tomber sur la perle rare. Comme dit, il ne faut jamais désespérer. La réalité est que l'on peut perdre patience car il s'agit de trouver LE manga parmi la diversité et la médiocrité. « Muséum » est un thriller du même acabit que le film Seven qui avait tant marqué les années 90 avec Brad Pitt, Morgan Freeman et surtout Kevin Spacey plus terrifiant que jamais. D'emblée, on entre dans une enquête à frisson avec d'horribles meurtres qui sont perpétrés avec une violence absolue. L'atmosphère devient vite pesante avec cette pluie qui n'arrête pas de tomber. Crazy Frog (un tueur à masque de grenouille) traîne dans les rues pour achever son œuvre malsaine. Âmes sensibles, s'abstenir. Le graphisme est impeccable : c'est une vraie claque visuelle. La réalisation du mangaka Tomoé Ryôsuke semble maîtrisée du tout au tout même si on ne s'en aperçoit pas forcément à la lecture du premier tome. Le méchant est charismatique dans sa folie. Le final sera aussi cruel que dérangeant. Bref, c'est très efficace mais comme dit, c'est du déjà-vu. Un manga sombre et captivant qui frise le chef d’œuvre en matière de polar. En conclusion, « Muséum » est un thriller que je vous conseille absolument. Il s'agit d'un des meilleurs mangas qui existent sur le marché. A noter qu'il existe une réédition spéciale en grand format et en deux volumes de ce manga. Je l'ai acquise après avoir lu la version classique composée de trois tomes. Cela apporte un plus dans la mesure où cela met en valeur l'excellent graphisme. Par ailleurs, on aura même droit à un bonus spécial tout à la fin avec le préquel de cette terrifiante histoire en une vingtaine de pages. On tient là l'un des plus grands polars de toutes ces dernières années.
Le Réflexe de survie
C'est agréable de lire de temps en temps des histoires toutes simples. Davodeau est un très bon raconteur de la normalité, du moins jusqu'à un certain point. Nous avons là un scénario qui tient parfaitement la route, ou plutôt le rail, avec un fond de polar mais sans que cet aspect soit trop prégnant. J'aime beaucoup chez cet auteur le manière qu'il a de croquer ses personnages par des petites touches subtiles qui font que, même si dans le cas présent la BD n'est pas inoubliable, il y a un je ne sais quoi qui fait que l'on s'attache. Le dessin est très plaisant et la gare de Davodeau donne envie de s'y arrêter. A lire et à faire lire pour l'humanisme qui s'en dégage.
La Cathédrale des Abymes
En voilà une bonne surprise ! Voilà longtemps qu’un album de fantasy ne m’avait pas autant enthousiasmé. Car ce premier tome scénarisé par Jean-Luc Istin et dessiné par Sébastien Grenier est plus que prometteur pour la suite de la série. Tout d’abord, mention spéciale au dessin qui m’a fait penser à un doux mélange entre Civiello et Gimenez. Un coup de patte très réaliste mais aussi très pictural qui donne toute sa patine à l’album et colle parfaitement au récit proposé. Ajoutez des couleurs très contrastées marquant parfaitement les différentes ambiances des décors variés que nos protagonistes vont traverser et nous sommes bons pour en prendre plein les yeux ! Chaque casse fourmille de détails, que ce soit dans l’architecture, les paysages ou encore les costumes, nous immergeant rapidement dans cet univers particulier. On a envie de voir les originaux pour en apprécier vraiment le travail et les textures. Car si ce premier tome n’est qu’introductif, nous en apprenons déjà beaucoup sur ce monde coupé en deux par cette faille gigantesque. Certains rêvent de réunifier les deux empires qui la bordent, mais leurs motivations divergent, même s’il est forcément question de pouvoir… Et c’est au milieu de cet écheveau que vont évoluer tant bien que mal nos deux personnages principaux. D’un côté Lorien, jeune orpheline devenue Templier (pourtant un ordre guerrier réservé aux hommes) et Pier de la Vita, le maître d’œuvre de la grande cathédrale censée permettre la réunification des deux royaumes. Bien évidemment, pour eux rien ne se passera comme prévu… Un très bon début de série que les amateurs de fantasy ne pourront qu’apprécier ! *** Tomes 2 & 3 *** Wow wow wow ! Et bien les aminches, ça décoiffe cette série ! Voilà de la Dark Fantasy comme je l'aime ! L'univers que nous propose notre brochette d'auteurs se lâche et nous sort le grand jeu ! On y retrouve tout le côté classique de la fantasy et de ses personnages fétiches (mages, elfes, nains, assassins & co ) et tout un panel de créatures fantastiques qui viennent élargir le spectre "vivant" de ce belles contrées. Tout ce beau petit monde évolue au gré d'une intrigue finement ficelée et pleine de rebondissements où l'on en apprend toujours un peu plus, même si c'est au compte goutte, sur le parcours de nos personnages principaux. Et quand tout cela nous est servi par le dessin remarquable de Sébastien Grenier, on ne peut qu'applaudir ! Ces planches mes amis ! Je serai très curieux d'avoir la chance de voir les originaux ! Car certaines double pages sont juste majestueuses ! Que ce soit les paysages, l'architecture démesurée de certaines villes ou bâtisses, ou encore certaines scènes de batailles, on en prend plein les yeux ! Alors vite, la suite ! Car le problème de ce genre de pépite, c'est que quand on est plongé dedans, le sevrage est difficile !!!
L'Esprit de Lewis
Voilà une série annoncée en deux tomes qui commence plutôt bien ! C'est avec plaisir que je retrouve le travail de Lionel Richerand que j'avais apprécié avec l'album jeunesse Les Nouveaux pirates et un autre album sorti dans la même collection Dans la forêt. Il s'adjoint cette fois-ci au scénariste Bertrand Santini pour nous concocter cet album aux relents romantiques de la fin XIXe. Vieilles bâtisses anglaises, écrivain maudit, créatures fantastiques et pacte avec un être surnaturel, tous les ingrédients sont là pour nous plonger dans une atmosphère parfaite pour cette collection ! Après le décès de sa mère, le jeune écrivain Lewis Pharamond qui peine à se remettre, hérite de la vieille maison de famille où il a passé son enfance. Il décide malgré l'hiver de s'y rendre pour trouver l'inspiration qui lui fait défaut pour y écrire son premier roman. Mais l'inspiration n'est pas quelque chose qui se commande, et c'est finalement après qu'il fasse la rencontre de Sarah, le fantôme d'une belle femme pour que tout change... Le dessin de Lionel Richerand trouve avec cette histoire toute la matière nécessaire pour donner libre cours à son talent graphique tourné vers le fantastique. Car c'est quand le fantastique s'invite dans ses cases que son savoir faire fait des merveilles et donne une toute autre dimension à cet album ! On retrouve les influences de Burton et Myazaki qui effleuraient déjà dans Dans la forêt, mais avec une toute autre dimension au travers de scénario imaginé par Bertrand Santini. Voilà donc un premier tome très réussi, qui prend le temps de s’installer tranquillement pour basculer juste comme il faut en fin d'album pour nous donner envie de découvrir la suite de cette série qui se conclura dans le second tome. A suivre donc ! *** Tome 2 *** Ahhhh !!! Enfin la suite et fin !!! Et quel régal ! Moi qui avais déjà trouvé beaucoup de charme au premier tome de cette courte série, je sors ravi de ce second ! D'emblée le caractère quasi expressionniste des personnages du "grand Londres" de la fin XIXe m'a scotché ; j'avais l'impression de retrouver du James Ensor version BD. Toute cette hypocrisie de "la haute" couchée sur le papier est juste magnifique, on s'y croirait ! Le dessin de Lionel Richerand fourmille d'expressivité dans ses moindre détails composant sur le caneva proposé par son comparse Bertrand Santini une fresque romantique, au sens premier du terme. Ajoutez à cela du fantastique et un soupçon d'enquête et vous obtenez cette petite merveille toujours aussi bien servi par la collection Métamorphose de chez Soleil pour qui l'objet livre est tout un art. Bref, je me suis régalé, tant grâce à l'histoire que par ce graphisme original et talentueux qui donne toute sa force et sa cohésion au récit ! A lire ! (je passe ma note à 4)