Walicho

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Walicho : En langue mapuche, être qui personnifie tous les maux et les malheurs. En créole et en espagnol, diable, Satan, force du mal. En argentin, maléfice ou sortilège réalisé par la magie noire ou apparentée.


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Traversant près de trois siècles d’Histoire de l’Argentine, entre 1740 et aujourd’hui, Walicho est un conte choral surprenant dans lequel différentes histoires a priori disparates - de la première, consacrée à trois sœurs étranges qui arrivent à Buenos Aires sur un navire colonial accompagnées d’un bouc décrépit à la fin du XVIIIe siècle, jusqu’au récit des mésaventures amoureuses d’une jeune argentine d’aujourd’hui - finissent par former, une fois rassemblées, une grande fresque mêlant horreur et comédie, animisme, pouvoirs féminins et sorcellerie. L’histoire de ce mystérieux trio qui traverse le temps sans vieillir, visiblement doté de pouvoirs magiques, et de leur famille d’enfants adoptés se dévoile au fil de ces récits où l’on voit les trois sorcières avoir directement ou indirectement un impact important sur la vie de nombreuses personnes.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 16 Août 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Walicho © Cà et Là 2024
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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21/09/2024 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 3/5
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Récompensée par le prix du public au festival d’Angoulême en 2023 pour Naphtaline, également publié chez ça et là, Sole Otero nous revient avec un projet très consistant : raconter sur près de 400 pages et en plusieurs histoires le parcours de trois sorcières à travers des époques différentes, du XVIIIe siècle à nos jours. Il est difficile de classer l’ouvrage dans une catégorie précise. Bien qu’il ait pour thème la sorcellerie, ce n’est pas tant un récit fantastique, qu’un récit avec des éléments de fantastique. Superstitieuse, Sole Otero ? Au sortir de ce pavé, on ne saura pas vraiment si elle croit aux rites de magie noire. Avec « Walicho », elle ne fait qu’évoquer à travers le canal de la fiction un thème millénaire et universel : la sorcellerie, une pratique qui a toujours fasciné les foules, souvent associée au diable (à tort ou à raison et selon qu’on croit ou non à son existence), plus effrayante quand elle est utilisée à mauvais escient, nommée différemment selon les zones géographiques : vaudou dans les caraïbes, maraboutisme en Afrique, chamanisme en Amazonie… et quasi disparue en Europe depuis l’Inquisition… On pourrait alors se dire que l’approche de Sole Otero est féministe, mais cela n’est pas du tout flagrant. L’autrice étant argentine, son pays n’a pas connu comme en Europe les chasses aux sorcières, celles-ci auraient d'ailleurs plutôt fui le Vieux continent pour se réfugier en Argentine, comme on peut d’ailleurs le voir dans le récit d’introduction. Ainsi, ses sorcières, qui sont sœurs et représentent le leitmotiv pour chacune des histoires, ne suscitent ni l’antipathie ni la sympathie. Elles apparaissent comme des figures un peu surnaturelles, un peu inquiétantes, mais jamais Otero ne prend vraiment parti, et conserve d’ailleurs une certaine neutralité pour l’ensemble des personnages, y compris ceux qui veulent la peau des sorcières. Quand je dis que « Walicho » est un projet consistant, ce n’est pas un vain mot. Il faut bien l’avouer, la lecture des ces huit histoires requiert une certaine concentration. Le texte est très présent et le propos assez touffu, avec peut-être le défaut de vouloir aborder trop de thèmes, parfois de manière anecdotique. Même si l’objet exerce une fascination incontestable sur le lecteur, on pourra toutefois rester sur sa faim. Peu fluide pour les raisons évoquées plus haut, la narration est un peu trop disloquée et souffre de l’absence d’éléments marquants ou tout simplement captivants. Alors c’est sûr, il y a bien une volonté de la part de Sole Otero de nous proposer quelque chose d’original et qui sort des sentiers battus, et c’est assurément le cas. Cela se vérifie également dans son approche graphique, le design des personnages à l’aspect volontairement disproportionné (de petites têtes sur des corps très vastes) ou la mise en page très libre et très morcelée. Le bémol serait plutôt lié à l’identification des visages, similaires dans leur rondeur et pas toujours expressifs, autre frein à la fluidité de la lecture. Cet album comporte certes des qualités, et toutes ces remarques ne remettent pas à cause l’intérêt que l'on peut porter à cette autrice, qui a réellement une approche novatrice, et le jury d’Angoulême ne s’y est pas trompé. Mais pour un meilleur équilibre, le successeur de Naphtaline y aurait à coup sûr gagné avec un allégement de la partition narrative.

21/09/2024 (modifier)