Drago

Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)

Dans une Argentine fantasmée de l'immédiat-après-guerre, les aventures d'un ranchero intrépide...


Argentine BDs oubliées Les petits éditeurs indépendants

Drago est le fils du riche propriétaire Don Rodrigo. Honnête, fier et courageux, il ne partage cependant pas les valeurs de son père. En effet, l'arrivée d'une jolie jeune femme et d'une mystérieuse idole au domaine de del Ombu vont révéler les appétits voraces et destructeurs de Don Rodrigo. N'écoutant que son courage, et avec l'aide de Tabasco, sorte de Sancho Pança rigouillard, il va tenter de sauver la jeune fille, voire la planète ! Redécouvrez ce classique de l'un des maîtres de la BD, qui a fait fureur en 1947.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1973
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Drago © Serg 1973
Les notes
Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

27/05/2005 | Spooky
Modifier


Par L'Ymagier
Note: 4/5

C'est tout bon !... Nous sommes en 1945... Burne Hogarth s'essaie au changement de style. Harold Foster lui a passé le flambeau de Tarzan dont il s'occupe maintenant. Mais Burne veur aussi "sa" série. Ainsi va naître Drago. Distribué par le New York Post Syndicate, il paraît dans divers quotidiens dès le 4 Novembre 1945. Pourtant, la série sera courte et prend fin le 10 Novembre 1946. Drago ?.. Un héros normal, je dirais même banal. Mais ici, Hogarth laisse libre cours à des audaces graphiques non encore vues dans la BD américaine. Finies les cases standardisées, classiques, du "code" de l'époque... Hogarth brise le carcan des cases étroites... Et ça, j'aime !... Les cases ?... Des carrés, des rectangles, des cercles aussi qui souvent s'imbriquent les uns dans les autres, forment un nouveau style de lecture, de mise en page. Décontenancé de prime abord, le lectorat va pourtant très vite apprécier cette nouvelle manière de "lire" une BD, ce nouveau style un peu plus "flamboyant". C'est vrai que j'aime aussi. Tout comme Philippe Druillet a fait éclater la SF française fin des années 60 avec Lone Sloane. Série fort imaginative dans sa narration, dans sa construction graphique, Drago est pour ainsi dire unique. En France ?... "Il" paraîtra dans l'hebdo "Coq Hardi" de 1947 à 1948, ce dans une version un peu censurée ; certaines planches ayant été supprimées car jugées un peu trop tendancieuses à l'époque (je me d'ailleurs toujours pourquoi !). Héros bien oublié, Drago fera -heureusement- l'objet d'une édition non expurgée en 1971 cher SERG. C'est vrai que ça fait longtemps... mais ça a existé. Et c'est vraiment du "tout bon" Burne Hogarth. Et un petit coup de "revival" ne lui fera pas de tort...

12/11/2006 (modifier)
Par PatrikGC
Note: 5/5
L'avatar du posteur PatrikGC

Avoir au moins lu Drago une fois dans sa vie. Oui, ça a vieilli, oui, c'est plein de clichés, mais c'est diablement efficace, aussi bien pour le dessin que la narration. Certains "auteurs" dit modernes auraient mieux fait de lire cette BD avant d'asséner leurs "oeuvres" au public... Pour amateurs de l'âge d'or.

27/05/2005 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

De nouveau un monument sur le site marron. Il s'agit cette fois de Drago, une oeuvre très importante de Burne (c'est son vrai prénom, arrêtez de vous marrer) Hogarth, le créateur -entre autres- de Tarzan. L'ouvrage présenté ici est une intégrale à l'histoire un peu miraculeuse. En 1947 paraît le magazine "Coq hardi", destiné à un public de jeunes garçons et adolescents. Une série hebdomadaire publiée dans ce magazine fera fureur, tant que dura sa diffusion, du 24 avril 1947 au 18 mars 1948. Le succès fut tel que la rédaction du journal imagina un épisode supplémentaire réalisé avec des dessins découpés dans les deux premiers... L'auteur n'en sut jamais rien, jusqu'en 1967, où il tomba par hasard sur cet épisode chez un fan dont je reparlerai plus loin. Alors, pourquoi fut-ce un succès, si sa diffusion s'arrêta au bout d'un an ? Parce qu'à l'époque, chez Syndicate Press, le distributeur américain de Drago, il y avait une autre série se déroulant en Argentine. Leur politique était de ne pas avoir deux séries ayant le même cadre. Il fallut donc trancher... L'action de Drago est sensée se dérouler en Argentine... Mais cela y ressemble bien peu, puisque Hogart n'y a jamais mis les pieds, et a encore moins travaillé d'après de la documentation. Du coup, c'est son imagination qui lui permet de dessiner des décors, des costumes, certes somptueux, mais plutôt fantaisistes. En 1970, un des éditeurs de chez SERG revient d'un voyage avec des clichés des planches originales retrouvées miraculeusement par Hogarth lui-même, alors qu'il les croyait perdues pour toujours. Commence un long travail d'adaptation, de traduction, de retouche parfois, car on notera qu'à l'époque de "Coq hardi", certains dessins avaient été retouchés ou carrément supprimés car jugés "trop érotiques". Au vu du final, il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat (sans mauvais jeu de mots... quoique). Vous en avez un aperçu dans la galerie. C'est Claude Moliterni, le fan dont je parlais auparavant, également auteur de BD, qui se chargera de ce long travail de remise à neuf. Le résultat n'est pas toujours parfait (certaines planches nous montrent un encrage trop épais), mais l'ensemble est quand même très intéressant. De nombreux auteurs, comme son contemporain Milton Caniff, les Européens Jean Giraud, Jijé et Jacobs, ont été grandement inspirés par cette oeuvre. On retrouve dans cette série des thèmes déjà entrevus dans Tarzan : dignité de l'homme, désintégration de mondes corrompus, répulsion inspirée par le nazisme... Rappelons que Hogarth a réalisé sa série en 1946-47... Du coup, on a affaire à un jeune homme à l'esprit chevaleresque, au courage sans limites, à la musculature très développée (mais pas surdéveloppée), qui craque lorsqu'un joli minois est dans le besoin. Alors bien sûr, ce type d'histoires "héroïque" suppose un certain nombre de passages obligés, de raccourcis scénaristiques, et ils sont tous présents dans Drago. Mais il y a aussi des choses intéressantes à prendre au niveau narratif et graphique : la contrainte de la page hebdomadaire oblige l'auteur à faire un très bref résumé en haut de chaque planche, mais il évite assez habilement les redites (ou alors le traducteur a réécrit intelligemment). Pour montrer l'habileté technique de Hogarth, je citerai quelques exemples : la scène où l'idole passe entre les mains des six principaux personnages nous permet de voir leurs pensées respectives... en une seule case, par un jeu d'incrustation ! Hogarth, pour nous montrer la vitesse d'un cheval au galop, allonge sensiblement sa silhouette, et ce n'est pas toujours réussi (notamment sur les croupes des coursiers), mais l'effet est là. Drago est confronté à un super méchant, le baron Zodiac, incarnation de tout ce que Hogarth abhorre, et qui a très certainement inspiré Edgar P. Jacobs pour sa "Marque Jaune"... Autre point intéressant : Hogarth avait une connaissance parfaite de l'anatomie humaine, était capable de reproduire n'importe quelle attitude sans modèle, jusqu'à l'excès parfois. Bon, ok, il y a des choses qui font sourire, comme cette grotte aménagée avec tout le confort moderne par Drago, à l'insu de son père... l'évasion du Baron Zodiac est extrêmement théâtrale, et trouvera des échos dans l'oeuvre de Jacobs (décidément). Et puis bon, les attitudes des personnages sont assez théâtrales : les filles prennent des poses lascives, les méchants gesticulent et le héros passe beaucoup de temps torse nu. Cependant, et malgré une accumulation apparente de poncifs, c'est un récit qui ne veut pas si naïf, et qui saura inspirer plus tard de nombreux auteurs. En résumé, Drago est une oeuvre qui a beaucoup apporté à la bande dessinée réaliste, essentielle pour un paléobédéphile, mais qui a forcément vieilli sur pas mal de points.

27/05/2005 (modifier)