"Moche, pas drôle, bourré de fautes"
"29,95€ pour cette merde ?"
"C’est vraiment honteux de publier ça"
Je vous en remets encore ou on s'en tient à ces commentaires flatteurs ? Si on s'intéresse à Georges Clooney de Philippe Valette avec un S sur le prénom pour le différencier de l'acteur américain, voici un peu le genre de réactions piochées sur la toile. Forcément les illustrations associées peuvent choquer au premier abord avec ce style très enfantin réalisé aux feutres se moquant des perspectives, des décors brillant par leur absence ou simplement dessinés d'un trait noir à la main levée et des phylactères bourrés de fautes d'orthographe.
Issu du cinéma d'animation, l'auteur souhaitait griffonner sans prétentions les aventures d'un super héros à la ramasse pour faire marrer son entourage avant que Delcourt ne flaire le bon filon et édite ces quelques cases grossières issues de son webcomic et totalisant près de 400 pages par volume.
Phénomène de mode ou nouveau genre durable ? Il est encore bien trop tôt pour s'en faire une idée mais le principe d'une série trash cochant toutes les cases du mauvais goût y compris dans son traitement graphique est bien présent. Les amateurs d'un Frank Miller ou d'un Régis Loisel en seront pour leurs frais mais Georges Clooney pourrait être un OVNI culotté non dénué d'intérêt....
Super Héros doté de pouvoirs comme le vol et une force supérieure, ses seules préoccupations sont pour l'heure de retrouver le coupable à l'origine d'un étron laissé dans son salon (rappelant le délicieux pitch de Big Lebowski des frères Coen et son tapis de pisse), de s'empiffrer de double cheese et de reluquer le généreux décolleté d'une serveuse de fast food.
On y croise aussi un psychopathe déguisé en tortue ninja et une brigade de flics bien teubés, un singe se promenant les attributs à l'air le majeur bien tendu en permanence ainsi que le diable lui-même ici prénommé Daniel dans le corps d'une chèvre.
Si tout ceci ne vous aurait pas encore effrayé, il faut également en venir aux nombreuses agressions volontaires pratiquées sur notre langue française. On n'y parle pas uniquement façon "djeuns" mais avec un certain sens de la vulgarité saupoudré de deux belles fautes d'orthographe en moyenne sur trois mots, rien que cela.
C'est donc avec un certain courage ou masochisme que la lecture s'effectue en étant bien conscient que toutes ces tares ne seront jamais corrigées. La curiosité l'emporte finalement grâce à un certain sens du rythme lui conférant un aspect "serial" insoupçonné....
Car oui Georges Clooney arrive malgré tout à remporter l'adhésion. C'est bon, c'est même très bon pour un objet aussi mal fichu. L'oeil s'habitue étonnamment assez rapidement à ces crayonnés d'enfant pas très doué et le contraste des situations en fait un objet assez délirant. Il y a beaucoup de n'importe nawak dans cette galerie de personnages vulgaires et complètement hors de toute raison mais on finit rapidement par se laisser emporter et en rire de bon coeur. Pire, le second tome prolonge de façon bien plus travaillée tous les personnages déjà développés par quelques trouvailles graphiques de bien meilleure "qualitay". Ou comment une oeuvre joue de la culture geek en y mixant pèle mêle Dragon Ball, RoboCop ou les médias actuels (Google, crowdfunding).
La méthode n'est pas nouvelle et rappelle souvent la construction d'un gag façon Fabcaro ou Bastien Vives : la répétition de cases identiques en modifiant uniquement certains dialogues. Mais cela fonctionne parfaitement et les dessins semblent même animés par un sens du montage issu de l'animation probablement franchement percutants. Georges Clooney séduit curieusement sur le long terme...
Georges Clooney n'a pas la prétention de faire trembler ses nombreux détracteurs. La fin du tome 2 pourrait suggérer une suite qui n'arrivera peut-être jamais et ALORS ? On a si peu l'occasion de se marrer avec un truc aussi culotté qu'il faut laisser une chance à cette série d'exister et de se moquer d'elle-même. Effectivement les bouquins sont assez chers et on est loin d'un artbook sur Mezzo. Mais les amateurs d'humour noir scato bien débilos en auront pour leur pognon, il fallait juste oser. Et vous, oserez-vous lire Georges Clooney ?
Excellente BD que cet Appel qui ausculte de manière quasi médicale la radicalisation d'un jeune français qu'a priori rien ne prédisposait à partir soutenir les rangs de l’État islamique. Bien sûr en écrivant cela je me doute qu'il y aura toujours des gens pour mettre en avant des circonstances atténuantes ( absence de père, quartier difficile etc, etc...).
Et si la réponse n'était qu'un profond ennui couplé à l'avenir incertain. N'étant pas philosophe ou sociologue je n'irai pas sur ce terrain, je note cependant ce qui me semble dans ce récit être d'une grande justesse de ton. Et puis il est difficile de se mettre à la place de. Je ne sais pas si cette BD fait œuvre de salut public, mais il me semble tout de même que si elle peut faire qu'un dialogue se noue dans certaines familles alors elle aura fait son office.
Une BD importante de par son thème avec un dessin simple ( il aurait été malheureux d'en faire des caisses! ), mais efficace.
Excellent, voila un one shot de haute volée qui mine de rien grâce à quelques petits détails parvient à renouveler un peu le genre. Nous avons donc ce brave Stanley Dance, ancien boxeur qui revient dans la ville de ses premiers amours. Son ex vit ici, son fils mais surtout l'ami de toujours Les. Enfin ami c'est vite dit, l'ami en question lui a piqué sa femme et est devenu un des pontes de la ville.
La situation familiale de notre héros est plus que complexe quant à ses histoires de cœur là encore c'est plus compliqué. Arnaques, embrouilles, Stan va tout faire pour retrouver un peu de dignité en se remettant à la boxe, mais il a cinquante trois ans, fume deux paquets par jour et adore les tacos. C'est également sans compter que les spectateurs en ont un peu assez du noble art, maintenant les jeunes veulent du changement ils se mettent au full contact, à la boxe thai et au MMA .
L'auteur de ce récit nous conte l'histoire d'une revanche un peu dans le style "Ocean twelves" mais sans le côté un peu bling bling du film, son histoire sent la sueur des arrières salles de boxes, la noirceur et l’âpreté de Las Vegas, loin des images idylliques des dépliants publicitaires.
Petite réflexion également sur un monde qui change, les personnages semblent moins s'intéresser au bon vieux music hall pour se tourner vers la télé réalité.
Sans jeu de mots une bonne baffe dans la tronche que cette histoire qui tant au niveau du scénario que du dessin tient largement la route et la comparaison avec d'autres œuvres du même genre. A lire sûrement, voire même à acheter.
Depuis la fin précédente de la série des Donjon, je noyais ma tristesse dans la série Ralph Azham. Et maintenant que cette dernière est (à priori) terminée elle aussi, je retrouve une bouffée d'oxygène grâce à l'apparition de ces nouveaux albums de Donjon incluant donc deux nouvelles séries, Antipodes- et Antipodes+ se déroulant respectivement 10000 tomes (puisque la chronologie de Donjon se calcule en tomes) avant et 10000 tomes après Donjon Zenith.
Donjon Antipodes- se déroule donc des années et très probablement des siècles avant que soit posée la toute première pierre du Donjon. Le monde de Terra Amata d'alors ressemblait à celui des séries d'héroic-fantasy classiques, avec des guerres entre elfes et orques, et pas tous ces animaux antropomorphes qui font la spécificité de Donjon.
Et pour le premier tome, les héros ne sont autre que... deux chiens, de vrais chiens qui marchent à quatre pattes et aboient. Le premier d'entre eux est le chien de guerre d'un orque et j'ai bien aimé la manière dont la narration des trois premières pages laissent croire que le héros est l'orque lui-même avant de réaliser que c'était le chien qui nous racontait son histoire. Le second est le chien de compagnie d'un guerrier-mage elfe. Ennemis par principe, leurs caractères sont donc radicalement opposés, entre le chien orque puissant, violent mais aussi fondamentalement loyal à son maître, et le chien elfe beaucoup plus mijaurée, mesuré et avant tout loyal à son petit confort. Pourtant les circonstances vont les amener à vivre ensemble une aventure désespérées avant de nouer pour de bon des liens entre eux.
Quel rapport avec la série Donjon me direz-vous ?
Pour commencer, l'ambiance et le ton. On retrouve cette heroic-fantasy qui ne se prend pas au sérieux et pourtant raconte des choses graves avec le sourire et avec beaucoup de réflexions intelligentes.
Puis ensuite, les connaisseurs de la série noteront que cet album donne les bases de l'explication de pourquoi la Terra Amata que nous connaissons est peuplée de personnages animaliers et se détache des mondes d'heroic-fantasy banals.
La lecture est très agréable et la narration coule de source. J'ai apprécié la relation entre ces deux chiens et les nombreuses péripéties et rencontres qui vont se succéder, ainsi que le changement d'état d'esprit qu'elles vont provoquer dans la tête des deux héros dont la personnalité va s'affirmer.
Le dessin de Gregory Panaccione est bien agréable, à mi-chemin entre celui dont il fait preuve dans sa série phare Chronosquad et le style habituel des auteurs de Donjon.
Honnêtement, cet album pris indépendamment des autres est juste pas mal. C'est une lecture plaisante mais qui ne casse pas encore des briques. C'est uniquement pris dans le contexte de l'univers Donjon dans son ensemble et parce que je sais que ce n'est que le premier pas d'une nouvelle série qui s'entame que je l'estime franchement bien.
Je suis maintenant curieux de savoir si les tomes suivants d'Antipodes- reprendront les mêmes héros ou s'il s'agira de héros et de contextes différents à chaque fois. Dans tous les cas, je lirai la suite sans hésiter pour la profondeur qu'elle ajoute à l'univers de Donjon et simplement parce qu'ils me permettent d'en profiter encore un peu plus longtemps.
Je suis assez d'accord avec l'avis de Canarde dans lequel elle dit que bien souvent pour cet album les critiques s'arrêtent à la personnalité de monsieur alors que le personnage de la servante est tout autant sinon plus intéressant. Pour autant cet album est une réussite de par se description d'un certain monde de l'époque victorienne. Monsieur c'est Dorian Gray et la servante est quelque part le fameux tableau qui récupère toute la débauche, le lucre et le stupre de monsieur.
Je mettrais une mention spéciale au dessin que je trouve personnellement très beau dans un style faussement dépouillé qui se donne des airs Arts décos du meilleur effet.
Pour moi une belle réussite qu'il convient de ne pas ignorer même si la fin est un peu convenue, notons la présence en fin d'album d'un excellent cahier graphique qui replace bien cette histoire dans son contexte historique.
Sarbacane a bien fait les choses pour cet album, avec un papier et une couverture épais. L’album lui-même est relativement épais, mais il se laisse lire très vite finalement. Et ce pour plusieurs raisons.
D’abord parce qu’il n’y a pas beaucoup de dialogues, les cases, voire les pages muettes sont nombreuses – mais cela ne nuit pas à la densité de l’histoire.
Car c’est là que réside l’essentiel : cette histoire, dont le pitch pourrait tenir sur un bout de papier, se révèle captivante. En tout cas c’est un hymne aux grands espaces, à la liberté (et là le titre est on ne peut plus approprié !).
En effet, dans une ambiance western (même si l’intrigue se déroule dans les années d’après-guerre), nous suivons un homme épris de liberté, qui se joue des conventions, de la police et de l’armée. Un individualiste, anarchiste (tendance Stirner si l’on se fie aux informations distillées au compte-goutte sur sa personne). Un « cow-boy » solitaire, mais qui n’a pas de chez lui. Ou plutôt qui est partout chez lui, du moment qu’aucune entrave ne limite ses déplacements, ne contraint sa réflexion.
Inadapté à la société américaine du XXème siècle, son existence même, avec tout ce qu’il transporte avec lui de subversion, entraine une sorte de chasse à l’homme contre lui, les flics, l’armée, et quelques imbéciles se jetant à ses trousses (le shérif y participe, mais en retrait, désabusé et étant même l’un des personnages les plus sensés et intéressants du casting).
Le fugitif retrouve (je vous laisse découvrir comment) à la fin un type qui a traversé l’album sans que le lecteur ne sache ce qu’il venait y foutre – mais c’est le propre des scénarios intelligents de se ménager une conclusion improbable et de nous la rendre évidente.
Le dessin d’Hugo Piette, sans fioriture, usant de couleurs tranchées, convient tout à fait à cette histoire qui, sur un canevas assez simple, une narration elle aussi assez linéaire, réussit son pari de divertir et de mettre en avant des idées fortes.
C'est un album à découvrir, c’est certain !
L’originalité de ce récit d’anticipation est qu’il prend comme point de départ géographique les États-Unis sous la présidence Trump et nous fait basculer dans une réalité angoissante qui a vu le système s’écrouler, en proie aux catastrophes et au chaos social que le gouvernement tente de contenir par une répression féroce. Nous allons ainsi suivre l’échappée d’une jeune femme qui va tenter de rejoindre, avec sac à dos et couteau de survie, l’État du Yukon, où s’est établie une communauté rebelle. En traversant des étendues sauvages où elle devra se méfier autant des animaux que des rares humains, elle fera une rencontre extraordinaire qui transformera sa fuite en véritable quête initiatique…
Avec cette fiction bien menée qui fleure bon les grands espaces d’Amérique du Nord, Tom Tirabosco nous plonge dans un univers intemporel, tel une oasis où le temps semble s’être arrêté aux origines de l’humanité. Semblant surgir de la nuit des temps, cette « femme sauvage » aux dimensions hors-normes, sorte de chamane dont l’apparence évoque un croisement entre le yéti et Big Foot, va apporter une belle dimension fantastique à l’histoire. Silencieuse ou muette, ne s’exprimant que par gestes ou par grognement, elle ne dévoilera rien de ses origines, se contentant d’entourer notre jeune héroïne de son aura protectrice, lui permettant de s’inventer une nouvelle vie où la technologie a totalement disparu. Dans l’immense grotte qui leur sert d’habitat, ces deux femmes solitaires vont nouer une amitié solide où les mots sont devenus inutiles et seule la tendresse prévaut, ce qui donnera lieu à des scènes magnifiques, en particulier celle de l’accouchement.
Le dessin semi-réaliste au monotype de Tirabosco, tout à fait atypique, procure toujours autant de plaisir, par sa rondeur et cet aspect pictural et authentique. Le noir et blanc se suffit largement à lui-même, évacuant l’idée même d’une colorisation qui semblerait presque déplacée ici.
Derrière ce retour aux sources romancé et radical, « Femme sauvage » traite en filigrane, par la voix de la jeune rebelle en révolte et pourtant non dénuée de lucidité, d’un sujet de plus en plus brûlant et de moins en moins « science-fictionnesque » : l’effondrement de notre système, dont on commence à voir les premiers signes après avoir assisté à ses causes depuis quelques décennies déjà. L’auteur fait clairement référence au magnifique film de Sean Penn, « Into the Wild », lui-même inspiré des écrits d’Henry David Thoreau, par ailleurs cité dans le récit. Ce très beau one-shot semble être passé quelque peu inaperçu à sa sortie l’an dernier et c’est tout à fait regrettable, car cet artiste à part qu’est Tim Tirabosco mériterait vraiment une plus grande visibilité.
Je connaissais Alain Joannis illustrateur, le voici auteur de BD et c'est avec un véritable plaisir que j'ai lu "A la recherche de Thanh Perdue". L'intrigue est originale, bien menée et nous emmène dans plusieurs pays du sud est asiatique que nous découvrons page après page avec délectation. Cette enquête, cette quête d'un amour de jeunesse qui a disparu est bien ficelée, un véritable thriller aux accents asiatiques. Le style du dessin est une ligne claire électronique, hommage à la grande BD franco-belge mais propre à l'oeuvre de Joannis l'artiste. Parfois un peu raide, mais éblouissante de détails, de couleur. Pleine page à la Jacobs, grandes cases descriptives presque documentaires qui nous font découvrir les cités, la campagne, la vie de tous les jours au Laos, en Thaïlande et au Myanmar. On peut rester longtemps à contempler une image, la décrypter, en lire chaque détail, puis se laisser porter par l'histoire à la rencontre des personnages. Du bel ouvrage et une expérience enrichissante.
Récit d'un destin oh combien tragique que nous conte Renaud Pennelle. On ne peut être qu'horrifié par la vie que vécut Staartjie Baartman, autres temps autres mœurs. Forcée de se prostituer, de s'exhiber dans des foires ou petits théâtres campagnards, c'est dans l'alcool qu'elle trouvera un peu de réconfort. Ce que nous montre ce roman graphique, c'est qu'une fois arrivée en Europe, jamais au grand jamais elle ne trouvera une personne qui la considérera comme une personne humaine. Juste un intérêt pseudo scientifique aux relents bien puants.
Avec un dessin aux traits acérés, l'auteur saisit bien toute la détresse de cette femme. Un récit difficile mais salutaire, qui devrait être lu dans les écoles, à lire donc.
Voici la première série dérivée du tueur qui est l'une de mes bd préférées. Le tueur revient après plusieurs années d'absence. On nous prévient que les lieux et les enjeux changent. En effet, le tueur a été recruté par la DGSE pour des missions d'élimination. En effet, on sait depuis François Hollande, qui s'en est un peu vanté, qu'un président de la République dispose d'un droit de vie ou de mort sur certains individus peu recommandables. De tous temps, quelque soit le régime (dictature ou démocratie), on a éliminé des individus.
Le constat part sur le fait qu'on peut rendre la vie des autres bien pire que la mort qui apparaît alors comme une délivrance. Le tueur est toujours aussi implacable dans sa manière de penser afin de justifier son métier pas comme les autres. On aimerait ou pas l'avoir comme ami...
Le changement est radical car il travaille pour l’État. C'est clair que sa paye en a pris un coup. On sait presque tous que les forces de l'ordre ne sont pas très bien rémunérées dans notre pays. Par contre, son cœur d'activité n'a pas changé. Il s'agit de mettre hors d'état de nuire en raison de la sécurité du peuple avec pour préalable que les gens n'ont pas besoin de savoir. C'est mieux ainsi.
On apprendra par exemple que la CIA a dit que les assassinats de quelques scientifiques iraniens par les israéliens ont davantage fait dérailler le programme nucléaire d'armement iranien que toutes les sanctions internationales. En effet, si on identifie les individus clefs, ceux sans lesquelles la machine ne fonctionne plus , et qu'on les élimine, alors la machine s'arrête. Plus que jamais, c'est d'actualité.
J'adore cette nouvelle façon de penser qui donne également des vérités même si souvent, on essaye de se voiler la face. Cette narration est sans doute l'une des meilleures que j'ai pu lire jusqu'à présent. La notation série culte pourrait apparaître comme un brin exagérée mais elle correspond à ce que j'aime vraiment dans la bande dessinée. Le tueur est une série qui fait du bien.
Le départ est assez tonitruant et cela promet, car le tueur a désormais le droit de tuer. Il ne va pas se gêner.
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Georges Clooney
"Moche, pas drôle, bourré de fautes" "29,95€ pour cette merde ?" "C’est vraiment honteux de publier ça" Je vous en remets encore ou on s'en tient à ces commentaires flatteurs ? Si on s'intéresse à Georges Clooney de Philippe Valette avec un S sur le prénom pour le différencier de l'acteur américain, voici un peu le genre de réactions piochées sur la toile. Forcément les illustrations associées peuvent choquer au premier abord avec ce style très enfantin réalisé aux feutres se moquant des perspectives, des décors brillant par leur absence ou simplement dessinés d'un trait noir à la main levée et des phylactères bourrés de fautes d'orthographe. Issu du cinéma d'animation, l'auteur souhaitait griffonner sans prétentions les aventures d'un super héros à la ramasse pour faire marrer son entourage avant que Delcourt ne flaire le bon filon et édite ces quelques cases grossières issues de son webcomic et totalisant près de 400 pages par volume. Phénomène de mode ou nouveau genre durable ? Il est encore bien trop tôt pour s'en faire une idée mais le principe d'une série trash cochant toutes les cases du mauvais goût y compris dans son traitement graphique est bien présent. Les amateurs d'un Frank Miller ou d'un Régis Loisel en seront pour leurs frais mais Georges Clooney pourrait être un OVNI culotté non dénué d'intérêt.... Super Héros doté de pouvoirs comme le vol et une force supérieure, ses seules préoccupations sont pour l'heure de retrouver le coupable à l'origine d'un étron laissé dans son salon (rappelant le délicieux pitch de Big Lebowski des frères Coen et son tapis de pisse), de s'empiffrer de double cheese et de reluquer le généreux décolleté d'une serveuse de fast food. On y croise aussi un psychopathe déguisé en tortue ninja et une brigade de flics bien teubés, un singe se promenant les attributs à l'air le majeur bien tendu en permanence ainsi que le diable lui-même ici prénommé Daniel dans le corps d'une chèvre. Si tout ceci ne vous aurait pas encore effrayé, il faut également en venir aux nombreuses agressions volontaires pratiquées sur notre langue française. On n'y parle pas uniquement façon "djeuns" mais avec un certain sens de la vulgarité saupoudré de deux belles fautes d'orthographe en moyenne sur trois mots, rien que cela. C'est donc avec un certain courage ou masochisme que la lecture s'effectue en étant bien conscient que toutes ces tares ne seront jamais corrigées. La curiosité l'emporte finalement grâce à un certain sens du rythme lui conférant un aspect "serial" insoupçonné.... Car oui Georges Clooney arrive malgré tout à remporter l'adhésion. C'est bon, c'est même très bon pour un objet aussi mal fichu. L'oeil s'habitue étonnamment assez rapidement à ces crayonnés d'enfant pas très doué et le contraste des situations en fait un objet assez délirant. Il y a beaucoup de n'importe nawak dans cette galerie de personnages vulgaires et complètement hors de toute raison mais on finit rapidement par se laisser emporter et en rire de bon coeur. Pire, le second tome prolonge de façon bien plus travaillée tous les personnages déjà développés par quelques trouvailles graphiques de bien meilleure "qualitay". Ou comment une oeuvre joue de la culture geek en y mixant pèle mêle Dragon Ball, RoboCop ou les médias actuels (Google, crowdfunding). La méthode n'est pas nouvelle et rappelle souvent la construction d'un gag façon Fabcaro ou Bastien Vives : la répétition de cases identiques en modifiant uniquement certains dialogues. Mais cela fonctionne parfaitement et les dessins semblent même animés par un sens du montage issu de l'animation probablement franchement percutants. Georges Clooney séduit curieusement sur le long terme... Georges Clooney n'a pas la prétention de faire trembler ses nombreux détracteurs. La fin du tome 2 pourrait suggérer une suite qui n'arrivera peut-être jamais et ALORS ? On a si peu l'occasion de se marrer avec un truc aussi culotté qu'il faut laisser une chance à cette série d'exister et de se moquer d'elle-même. Effectivement les bouquins sont assez chers et on est loin d'un artbook sur Mezzo. Mais les amateurs d'humour noir scato bien débilos en auront pour leur pognon, il fallait juste oser. Et vous, oserez-vous lire Georges Clooney ?
L'Appel
Excellente BD que cet Appel qui ausculte de manière quasi médicale la radicalisation d'un jeune français qu'a priori rien ne prédisposait à partir soutenir les rangs de l’État islamique. Bien sûr en écrivant cela je me doute qu'il y aura toujours des gens pour mettre en avant des circonstances atténuantes ( absence de père, quartier difficile etc, etc...). Et si la réponse n'était qu'un profond ennui couplé à l'avenir incertain. N'étant pas philosophe ou sociologue je n'irai pas sur ce terrain, je note cependant ce qui me semble dans ce récit être d'une grande justesse de ton. Et puis il est difficile de se mettre à la place de. Je ne sais pas si cette BD fait œuvre de salut public, mais il me semble tout de même que si elle peut faire qu'un dialogue se noue dans certaines familles alors elle aura fait son office. Une BD importante de par son thème avec un dessin simple ( il aurait été malheureux d'en faire des caisses! ), mais efficace.
Slots
Excellent, voila un one shot de haute volée qui mine de rien grâce à quelques petits détails parvient à renouveler un peu le genre. Nous avons donc ce brave Stanley Dance, ancien boxeur qui revient dans la ville de ses premiers amours. Son ex vit ici, son fils mais surtout l'ami de toujours Les. Enfin ami c'est vite dit, l'ami en question lui a piqué sa femme et est devenu un des pontes de la ville. La situation familiale de notre héros est plus que complexe quant à ses histoires de cœur là encore c'est plus compliqué. Arnaques, embrouilles, Stan va tout faire pour retrouver un peu de dignité en se remettant à la boxe, mais il a cinquante trois ans, fume deux paquets par jour et adore les tacos. C'est également sans compter que les spectateurs en ont un peu assez du noble art, maintenant les jeunes veulent du changement ils se mettent au full contact, à la boxe thai et au MMA . L'auteur de ce récit nous conte l'histoire d'une revanche un peu dans le style "Ocean twelves" mais sans le côté un peu bling bling du film, son histoire sent la sueur des arrières salles de boxes, la noirceur et l’âpreté de Las Vegas, loin des images idylliques des dépliants publicitaires. Petite réflexion également sur un monde qui change, les personnages semblent moins s'intéresser au bon vieux music hall pour se tourner vers la télé réalité. Sans jeu de mots une bonne baffe dans la tronche que cette histoire qui tant au niveau du scénario que du dessin tient largement la route et la comparaison avec d'autres œuvres du même genre. A lire sûrement, voire même à acheter.
Donjon Antipodes -
Depuis la fin précédente de la série des Donjon, je noyais ma tristesse dans la série Ralph Azham. Et maintenant que cette dernière est (à priori) terminée elle aussi, je retrouve une bouffée d'oxygène grâce à l'apparition de ces nouveaux albums de Donjon incluant donc deux nouvelles séries, Antipodes- et Antipodes+ se déroulant respectivement 10000 tomes (puisque la chronologie de Donjon se calcule en tomes) avant et 10000 tomes après Donjon Zenith. Donjon Antipodes- se déroule donc des années et très probablement des siècles avant que soit posée la toute première pierre du Donjon. Le monde de Terra Amata d'alors ressemblait à celui des séries d'héroic-fantasy classiques, avec des guerres entre elfes et orques, et pas tous ces animaux antropomorphes qui font la spécificité de Donjon. Et pour le premier tome, les héros ne sont autre que... deux chiens, de vrais chiens qui marchent à quatre pattes et aboient. Le premier d'entre eux est le chien de guerre d'un orque et j'ai bien aimé la manière dont la narration des trois premières pages laissent croire que le héros est l'orque lui-même avant de réaliser que c'était le chien qui nous racontait son histoire. Le second est le chien de compagnie d'un guerrier-mage elfe. Ennemis par principe, leurs caractères sont donc radicalement opposés, entre le chien orque puissant, violent mais aussi fondamentalement loyal à son maître, et le chien elfe beaucoup plus mijaurée, mesuré et avant tout loyal à son petit confort. Pourtant les circonstances vont les amener à vivre ensemble une aventure désespérées avant de nouer pour de bon des liens entre eux. Quel rapport avec la série Donjon me direz-vous ? Pour commencer, l'ambiance et le ton. On retrouve cette heroic-fantasy qui ne se prend pas au sérieux et pourtant raconte des choses graves avec le sourire et avec beaucoup de réflexions intelligentes. Puis ensuite, les connaisseurs de la série noteront que cet album donne les bases de l'explication de pourquoi la Terra Amata que nous connaissons est peuplée de personnages animaliers et se détache des mondes d'heroic-fantasy banals. La lecture est très agréable et la narration coule de source. J'ai apprécié la relation entre ces deux chiens et les nombreuses péripéties et rencontres qui vont se succéder, ainsi que le changement d'état d'esprit qu'elles vont provoquer dans la tête des deux héros dont la personnalité va s'affirmer. Le dessin de Gregory Panaccione est bien agréable, à mi-chemin entre celui dont il fait preuve dans sa série phare Chronosquad et le style habituel des auteurs de Donjon. Honnêtement, cet album pris indépendamment des autres est juste pas mal. C'est une lecture plaisante mais qui ne casse pas encore des briques. C'est uniquement pris dans le contexte de l'univers Donjon dans son ensemble et parce que je sais que ce n'est que le premier pas d'une nouvelle série qui s'entame que je l'estime franchement bien. Je suis maintenant curieux de savoir si les tomes suivants d'Antipodes- reprendront les mêmes héros ou s'il s'agira de héros et de contextes différents à chaque fois. Dans tous les cas, je lirai la suite sans hésiter pour la profondeur qu'elle ajoute à l'univers de Donjon et simplement parce qu'ils me permettent d'en profiter encore un peu plus longtemps.
Monsieur désire ?
Je suis assez d'accord avec l'avis de Canarde dans lequel elle dit que bien souvent pour cet album les critiques s'arrêtent à la personnalité de monsieur alors que le personnage de la servante est tout autant sinon plus intéressant. Pour autant cet album est une réussite de par se description d'un certain monde de l'époque victorienne. Monsieur c'est Dorian Gray et la servante est quelque part le fameux tableau qui récupère toute la débauche, le lucre et le stupre de monsieur. Je mettrais une mention spéciale au dessin que je trouve personnellement très beau dans un style faussement dépouillé qui se donne des airs Arts décos du meilleur effet. Pour moi une belle réussite qu'il convient de ne pas ignorer même si la fin est un peu convenue, notons la présence en fin d'album d'un excellent cahier graphique qui replace bien cette histoire dans son contexte historique.
Seuls sont les indomptés
Sarbacane a bien fait les choses pour cet album, avec un papier et une couverture épais. L’album lui-même est relativement épais, mais il se laisse lire très vite finalement. Et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il n’y a pas beaucoup de dialogues, les cases, voire les pages muettes sont nombreuses – mais cela ne nuit pas à la densité de l’histoire. Car c’est là que réside l’essentiel : cette histoire, dont le pitch pourrait tenir sur un bout de papier, se révèle captivante. En tout cas c’est un hymne aux grands espaces, à la liberté (et là le titre est on ne peut plus approprié !). En effet, dans une ambiance western (même si l’intrigue se déroule dans les années d’après-guerre), nous suivons un homme épris de liberté, qui se joue des conventions, de la police et de l’armée. Un individualiste, anarchiste (tendance Stirner si l’on se fie aux informations distillées au compte-goutte sur sa personne). Un « cow-boy » solitaire, mais qui n’a pas de chez lui. Ou plutôt qui est partout chez lui, du moment qu’aucune entrave ne limite ses déplacements, ne contraint sa réflexion. Inadapté à la société américaine du XXème siècle, son existence même, avec tout ce qu’il transporte avec lui de subversion, entraine une sorte de chasse à l’homme contre lui, les flics, l’armée, et quelques imbéciles se jetant à ses trousses (le shérif y participe, mais en retrait, désabusé et étant même l’un des personnages les plus sensés et intéressants du casting). Le fugitif retrouve (je vous laisse découvrir comment) à la fin un type qui a traversé l’album sans que le lecteur ne sache ce qu’il venait y foutre – mais c’est le propre des scénarios intelligents de se ménager une conclusion improbable et de nous la rendre évidente. Le dessin d’Hugo Piette, sans fioriture, usant de couleurs tranchées, convient tout à fait à cette histoire qui, sur un canevas assez simple, une narration elle aussi assez linéaire, réussit son pari de divertir et de mettre en avant des idées fortes. C'est un album à découvrir, c’est certain !
Femme sauvage
L’originalité de ce récit d’anticipation est qu’il prend comme point de départ géographique les États-Unis sous la présidence Trump et nous fait basculer dans une réalité angoissante qui a vu le système s’écrouler, en proie aux catastrophes et au chaos social que le gouvernement tente de contenir par une répression féroce. Nous allons ainsi suivre l’échappée d’une jeune femme qui va tenter de rejoindre, avec sac à dos et couteau de survie, l’État du Yukon, où s’est établie une communauté rebelle. En traversant des étendues sauvages où elle devra se méfier autant des animaux que des rares humains, elle fera une rencontre extraordinaire qui transformera sa fuite en véritable quête initiatique… Avec cette fiction bien menée qui fleure bon les grands espaces d’Amérique du Nord, Tom Tirabosco nous plonge dans un univers intemporel, tel une oasis où le temps semble s’être arrêté aux origines de l’humanité. Semblant surgir de la nuit des temps, cette « femme sauvage » aux dimensions hors-normes, sorte de chamane dont l’apparence évoque un croisement entre le yéti et Big Foot, va apporter une belle dimension fantastique à l’histoire. Silencieuse ou muette, ne s’exprimant que par gestes ou par grognement, elle ne dévoilera rien de ses origines, se contentant d’entourer notre jeune héroïne de son aura protectrice, lui permettant de s’inventer une nouvelle vie où la technologie a totalement disparu. Dans l’immense grotte qui leur sert d’habitat, ces deux femmes solitaires vont nouer une amitié solide où les mots sont devenus inutiles et seule la tendresse prévaut, ce qui donnera lieu à des scènes magnifiques, en particulier celle de l’accouchement. Le dessin semi-réaliste au monotype de Tirabosco, tout à fait atypique, procure toujours autant de plaisir, par sa rondeur et cet aspect pictural et authentique. Le noir et blanc se suffit largement à lui-même, évacuant l’idée même d’une colorisation qui semblerait presque déplacée ici. Derrière ce retour aux sources romancé et radical, « Femme sauvage » traite en filigrane, par la voix de la jeune rebelle en révolte et pourtant non dénuée de lucidité, d’un sujet de plus en plus brûlant et de moins en moins « science-fictionnesque » : l’effondrement de notre système, dont on commence à voir les premiers signes après avoir assisté à ses causes depuis quelques décennies déjà. L’auteur fait clairement référence au magnifique film de Sean Penn, « Into the Wild », lui-même inspiré des écrits d’Henry David Thoreau, par ailleurs cité dans le récit. Ce très beau one-shot semble être passé quelque peu inaperçu à sa sortie l’an dernier et c’est tout à fait regrettable, car cet artiste à part qu’est Tim Tirabosco mériterait vraiment une plus grande visibilité.
A la recherche de Thanh perdue
Je connaissais Alain Joannis illustrateur, le voici auteur de BD et c'est avec un véritable plaisir que j'ai lu "A la recherche de Thanh Perdue". L'intrigue est originale, bien menée et nous emmène dans plusieurs pays du sud est asiatique que nous découvrons page après page avec délectation. Cette enquête, cette quête d'un amour de jeunesse qui a disparu est bien ficelée, un véritable thriller aux accents asiatiques. Le style du dessin est une ligne claire électronique, hommage à la grande BD franco-belge mais propre à l'oeuvre de Joannis l'artiste. Parfois un peu raide, mais éblouissante de détails, de couleur. Pleine page à la Jacobs, grandes cases descriptives presque documentaires qui nous font découvrir les cités, la campagne, la vie de tous les jours au Laos, en Thaïlande et au Myanmar. On peut rester longtemps à contempler une image, la décrypter, en lire chaque détail, puis se laisser porter par l'histoire à la rencontre des personnages. Du bel ouvrage et une expérience enrichissante.
Vénus noire
Récit d'un destin oh combien tragique que nous conte Renaud Pennelle. On ne peut être qu'horrifié par la vie que vécut Staartjie Baartman, autres temps autres mœurs. Forcée de se prostituer, de s'exhiber dans des foires ou petits théâtres campagnards, c'est dans l'alcool qu'elle trouvera un peu de réconfort. Ce que nous montre ce roman graphique, c'est qu'une fois arrivée en Europe, jamais au grand jamais elle ne trouvera une personne qui la considérera comme une personne humaine. Juste un intérêt pseudo scientifique aux relents bien puants. Avec un dessin aux traits acérés, l'auteur saisit bien toute la détresse de cette femme. Un récit difficile mais salutaire, qui devrait être lu dans les écoles, à lire donc.
Le Tueur - Affaires d'Etat
Voici la première série dérivée du tueur qui est l'une de mes bd préférées. Le tueur revient après plusieurs années d'absence. On nous prévient que les lieux et les enjeux changent. En effet, le tueur a été recruté par la DGSE pour des missions d'élimination. En effet, on sait depuis François Hollande, qui s'en est un peu vanté, qu'un président de la République dispose d'un droit de vie ou de mort sur certains individus peu recommandables. De tous temps, quelque soit le régime (dictature ou démocratie), on a éliminé des individus. Le constat part sur le fait qu'on peut rendre la vie des autres bien pire que la mort qui apparaît alors comme une délivrance. Le tueur est toujours aussi implacable dans sa manière de penser afin de justifier son métier pas comme les autres. On aimerait ou pas l'avoir comme ami... Le changement est radical car il travaille pour l’État. C'est clair que sa paye en a pris un coup. On sait presque tous que les forces de l'ordre ne sont pas très bien rémunérées dans notre pays. Par contre, son cœur d'activité n'a pas changé. Il s'agit de mettre hors d'état de nuire en raison de la sécurité du peuple avec pour préalable que les gens n'ont pas besoin de savoir. C'est mieux ainsi. On apprendra par exemple que la CIA a dit que les assassinats de quelques scientifiques iraniens par les israéliens ont davantage fait dérailler le programme nucléaire d'armement iranien que toutes les sanctions internationales. En effet, si on identifie les individus clefs, ceux sans lesquelles la machine ne fonctionne plus , et qu'on les élimine, alors la machine s'arrête. Plus que jamais, c'est d'actualité. J'adore cette nouvelle façon de penser qui donne également des vérités même si souvent, on essaye de se voiler la face. Cette narration est sans doute l'une des meilleures que j'ai pu lire jusqu'à présent. La notation série culte pourrait apparaître comme un brin exagérée mais elle correspond à ce que j'aime vraiment dans la bande dessinée. Le tueur est une série qui fait du bien. Le départ est assez tonitruant et cela promet, car le tueur a désormais le droit de tuer. Il ne va pas se gêner.